Vélo à Hoi An

Moi, quand je voyage, j’ai absolument besoin de voir la campagne. Pour moi, c’est le gras d’un pays. C’est bien de voir des villes mais on ne peut réellement sentir la nature d’une culture si on ne s’est pas promené en dehors. Je décide donc de louer un vélo à Hoi An. Pourquoi pas une mobylette, me demanderiez-vous ? Parce que j’ai envie de pédaler et que Hoi An, et bien c’est plutôt plat.

Je me dirige donc un matin à l’accueil de mon hôtel pour louer un bicycle. Le prix est complètement dérisoire puisque de 30 kDongs par jour (soit même pas deux euros, c’est dingue). Côté paperasserie, c’est réduit au minimum, c’est à dire à rien du tout et côté sécurité idem. Même pas une caution ou un otage, que dalle. Je demande quand même s’il y a un antivol et on m’amène un cadenas souple rose et une clé. Vraiment, on ne s’emmerde pas trop avec la sécurité et l’administratif ici, et je dois dire que c’est drôlement plaisant, bizarrement. On me tend donc un vélo en état moyen avec un joli panier devant. Comme tout les vélos se ressemblent je note le numéro marqué sur une petite plaque sous la potence, le 27. Ça peut toujours servir.

DSC_5919_DxOJe part donc gaillardement le sourire aux lèvres sous un chaud soleil de début de journée. La journée promet d’être chaude, très chaude. Je m’économise donc pour limiter ma transpiration. Avec mon sens de l’orientation qui fait ma fierté, je me dirige au jugé vers la plage qui devrait se situer vaguement à l’est, en traversant la vieille ville puis en empruntant une très jolie route qui longe une petite rivière. Je traverse finalement un pont qui enjambe un cours d’eau plus important puis, après avoir parcouru une rue bordée de petits restaurants, tombe sur la plage. Je vous laisse juge de la qualité du sable.

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C’est à ce moment là que je me suis souvenu que je n’avais pas pris mon maillot de bain. En même temps, je n’étais pas plus motivé que ça de prendre l’eau. Avec mon vélo, on avait plutôt envie de partir à la découverte de la campagne. La plage attendra. Je décide donc, après un peu d’hésitation, à suivre la plage vers le sud pour trouver éventuellement un endroit un peu moins « courru ». En plein soleil, je pédale mollement en longeant des résidences hôtelières de luxe sur le front de mer puis quelques maisons un peu humbles côté terre.

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Je quitte ensuite les résidences de luxes en plein activité pour longer une petite digue. Plus loin j’aperçois des bâtiments en construction. Arrivé à leur hauteur je constate qu’il s’agit d’autres hôtels mais très probablement inachevés. Il n’y a plus aucune machine sur DSC_5900_DxOle chantier et les herbes commencent à envahir certains endroits. J’avais entendu parler de ces « resorts » ou complexes touristiques bâtis un peu partout par le gouvernement, parfois vides de touristes voir abandonnés comme celui-ci. Ce doit être le résultat d’une économie planifiée un peu trop ambitieuse, j’imagine.

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DSC_5897_DxOFinalement, je tombe sur un phare et un cul de sac au bout de ce qui est donc une péninsule et découvre un petit embarcadère proposant des visites sur les îles Cham, au large. Il n’y pas énormément d’activité hormis en revenant vers le phare, un groupe d’hommes jouant aux cartes et une femme vendant des canettes de boissons. ToutDSC_5892_DxO le monde est à l’abri sous les arbres. J’achète donc un Coca à la dame et m’assoit sur les petits tabourets en plastique, comme il se doit. Au total, je reste bien une heure à savourer ma boisson et à lire un peu, profitant du farniente et de la chaleur. Il est presque midi et j’ai un peu faim.

DSC_5928_DxOJe repart donc en sens inverse vers Hoi An et m’arrête dans un restaurant de rue pour manger. Comme d’habitude quoi. Pour l’après midi je décide d’aller visiter les rizières autour de la ville et emprunte la route de Da Nang pour m’éloigner. Il commence à faire maintenant sérieusement chaud et le moindre arrêt au soleil fait monter très rapidement la température. Des petits chemins de terre partent de temps en temps vers les rizières et je bifurque sur l’un d’eux, complètement au hasard. Après des méandres je tombe sur un groupe de maisons et emprunte un chemin à l’ombre des arbres. En contrebas, des buffles d’eau se vautrent dans une mare pour se refroidir.

DSC_5917_DxOJe passe comme cela une bonne partie de l’après midi à zigzaguer sur des petits chemins, traversant des groupes de maisons colorées, DSC_5915_DxOballade que j’interromps uniquement par une petite sieste au bord de l’eau à l’ombre de quelques palmiers. Il ne faut pas plaisanter avec cette chaleur. Sur le chemin du retour, je ne résiste pas au plaisir d’une bia hoi pris à l’ombre dans un petit café qu’on croirait improvisé au coin de la route. Au retour à l’hôtel, je pose le vélo et me jette dans la piscine. Je sais c’est complètement indécent de raconter ça.

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La soirée commençant, je reprends un vélo pour aller faire quelques photos au crépuscule dans Hoi An puis pour ensuite me restaurer. Je passe donc quelques heures à mitrailler pendant que le soleil se couche et, alors que la foule commence à remplir tout doucement les rues, je repart avec mon vélo vers le vieux pont japonais pour l’immortaliser en image. Mince, je constate que la rue y menant est interdite aux vélos. Dans Hoi An, la vieille ville est interdite aux voitures et, à certains endroits, aux deux roues. Je pose donc le vélo à l’entrée de la ruelle et met le cadenas, alors que discutent à côté ce qui ressemble à des policiers. Arrivé au pont je prends quelques photos pourries en jonglant avec les autres touristes qui passent puis repart vers mon vélo.

Vous devriez sentir que je parle beaucoup de mon vélo depuis un paragraphe. Il doit y avoir anguille sous roche. Arrivé à l’entrée de la ruelle, je constate l’absence de mon bicycle. Dans ces moments là (surtout moi qui suis incroyablement distrait pour ce qui est des objets) je passe les dix premières minutes à me dire que j’ai encore oublié où je l’avais laissé. Faut vraiment être nouille pour paumer un vélo en cinq minutes. Bon je vous rassure, je me doute bien qu’on me l’a piqué (mon précédent record est d’un vélo volé en dix minutes à Toulouse le temps de rentrer et de sortir de la Fnac) mais vu le nombre de touristes ayant des vélos semblables je me dis qu’il y a peut être eu méprise. Je demande à tout hasard aux deux policiers s’ils auraient pas vu un vélo, là, garé à même pas deux mètres d’eux, mais ils me font mine que non, sans vraiment s’intéresser à mon soucis. Bon, bon.

Je fais un rapide tour des environs, des fois que, et aperçoit vingt mètres plus loin, deux vélos gris semblables au mien attachés ensembles par un cadenas très similaire à celui que l’on m’a donné. Avec ma clé de cadenas, je m’approche et jette un œil au numéro de la plaque : 27. Ah ben te voilà, salopiaud ! Qui s’est qui t’as pris ? Je met donc la clé dans le cadenas et constate que cela ne marche pas. Mince. En m’approchant encore plus, je constate que le deuxième vélo porte également le numéro 27. Du coup, ça ne va pas être simple de le reconnaître, finalement.

Me rendant à l’évidence, je repart à pied à l’hôtel pour annoncer la terrible nouvelle à la dame de l’accueil. En attendant, je m’insulte copieusement pour ne pas avoir attaché le vélo à un arbre. Faut vraiment être naïf. C’est la faute aux vietnamiens à force de sourire bêtement à tout bout de champs, aussi. On se ramollit. J’arrive donc à mon hôtel et m’approche du comptoir avec un sourire navré et en montrant la clé du cadenas : « Je crois bien qu’on m’a volé mon vélo », dis-je

  • Ok, me répond-elle avec un sourire en prenant ma clé.
  • Non mais c’est tout ce qu’il reste du vélo. On me l’a volé.
  • Comment ça ?, me demande-elle soudainement inquiète
  • On m’a volé mon vélo dans Hoi An et pourtant je l’avais attaché avec le cadenas (la mauvaise foi, c’est pas très joli joli)
  • Ah ok. Merci.<silence>
  • Bon, bon. Bonne soirée.

Je m’esquive lâchement. Soit elle n’est pas très émotive, soit ça leur arrive tout le temps, soit, plus probablement, elle n’a pas comprit ce que je voulais lui dire. Toujours est-il que quelques jours plus tard, alors que je réglais ma note, je constatai une totale absence de montant ayant trait à la perte du vélo.

Ils sont vraiment trop gentils.

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