Mais pourquoi donc diable s’est-il rendu à Dong Hoi, vous demandez-vous ? La raison réside en la présence non loin de là du parc national de Phong Nha Ke Bang, fort réputé au Vietnam pour ses magnifiques grottes et encore peu visité par les touristes étrangers. Au passage, c’est aussi pour moi l’occasion de passer un peu de temps dans un environnement rural car j’ai choisi de rester trois nuits dans un hébergement, le Phong Nha Farm Stay (dont je vous parlerai dans un futur billet), situé à une petite demi-heure du parc, dans un village du nom de Cu Nam.
Malgré le retard de mon train, j’arrive à mon lieu d’hébergement en fin de matinée et après quelques heures pendant lesquelles je mange, m’installe puis travaille un peu (ne serait-ce que pour rédiger ce blog chronophage), je me dirige vers l’accueil pour louer un vélo et découvrir les alentours. Manque de pot et de vélo, je suis obligé de me rabattre sur une sortie à pied. La dame de l’accueil me rencarde sur une petite ballade à faire et je part d’un pas alerte, content de me dégourdir les jambes après toutes ces heures dans le train et derrière l’ordinateur.
Le temps est légèrement couvert et la température bien qu’encore élevée est tout à fait supportable. Je commence déjà par croiser une autre touriste (assez facilement reconnaissable à sa chevelure blonde) à qui je demande si elle vient de finir la ballade indiquée. Nous papotons un court moment car elle s’est manifestement trompée de chemin. Je repart donc en me concentrant sur les indications.
Le Farm Stay se situe en bordure de rizières et de champs, eux mêmes bordés plus loin par une rivière. De l’autre côté de celle-ci se trouve un autre village. Au loin, on aperçoit des collines et encore plus loin à l’ouest les montagnes du parc national de Phong Nha Ke Bang qui longent la frontière laotienne. Le Vietnam à cet endroit ne fait qu’environ 80km de large et nous sommes à une cinquantaine de kilomètres de la mer.
Dans le champs en face de l’hébergement paissent tranquillement des buffles d’eau, l’animal de trait typique du sud-est asiatique. Il a la particularité, comme l’indique son nom, d’adorer l’eau et de se vautrer dans la moindre mare dés qu’il a un peu chaud, tel un vulgaire cochon. Je longe la rizière puis comme prescrit, prends le deuxième chemin à gauche pour prendre la direction de la rivière. Aux rizières succèdent des champs de plantes portant des petits piments rouges. De temps en temps je croise des vélos ou mobylettes munis d’un ou deux vietnamiens. La plupart du temps, on se salue avec des « sin tchao » pour moi et parfois des « hello » pour eux. De la même manière des travailleurs dans les champs qui m’aperçoivent me saluent de la main et, s’ils ne sont pas trop éloignés, me lancent un « hello » sympathique.
Je fini par atteindre la rivière puis, après la traversée d’un petit pont, me retrouve dans un nouveau petit village légèrement à flanc de colline, comprenant une poignée de bâtiments. Les maisons sont relativement propres et je suis assez rapidement interpellé par des enfants qui me lancent des « Hello ! ». Je m’empresse de répondre également par un « Hello » ce qui provoque de nouveaux « Hello ! ». Décidément, les gens sont enthousiastes à la vue d’un touriste ici.
Je fais rapidement le tour du hameau et fait une petit boucle par un chemin qui traverse des rizières pour rejoindre celui qui longe la rivière. De l’autre côté des champs, à gauche, j’aperçois le Farm Stay. J’ai donc toujours le sens de l’orientation, parfait. Après quelques minutes de marche je croise deux personnes que je salut à la bonne distance. L’un d’eux me dit quelque chose que je ne comprends pas. Ça doit donc être du vietnamien. Je tente un timide (et sans trop illusion) « Speak english ? », mais il me réponds par la négative en riant. Du coup il passe au langage des signes (que je maîtrise dorénavant) et je reconnais le signe du vélo. Ah, non ! Moi pas à vélo, moi à pied, réponds-je en mimant un homme marchant avec mes deux doigts. Sur ce je leur dit au revoir (avec le sourire, toujours) puis repart du pas ferme du randonneur confirmé. Manifestement, les touristes à pied sont rares par ici.
Un peu plus tard, je croise un chemin partant à gauche que j’ignore superbement. Je suppose qu’il me ramène vers mon point de départ et j’ai à peine commencé ma ballade. Je continue donc en longeant la rivière. Ceci dit, un paysan dans un champs me fait signe d’emprunter ce chemin, pensant sans doute que je cherche à rentrer. Ils sont gentils mais faut quand même pas non plus me prendre pour un touriste, quand même ! Je fait donc un signe indiquant que je fais une graaaaande boucle. Ok, ok, me réponds-t-il d’un geste. Enfin, c’est ce que je comprends. Ça pourrait tout aussi bien vouloir dire :fait comme tu le sens, pauvre cloche.
Je continue donc et aperçoit au loin sur l’autre rive ce qui ressemble à une église. A ma gauche, dans un près, je remarque également un petit enclos délimité par un muret qui semble contenir des tombes. Dans une petite descente j’aperçois des jeunes femmes couvertes de la tête au pied et portant le chapeau conique s’affairant dans un champs. Encore d’autres saluts.
Finalement, je tourne pour entamer mon retour et ne tarde pas à rencontrer de nouveau des habitations. J’y croise quelques poules, parfois des jeunes chiens et bien entendu des enfants qui me jettent tous des « hello ! » enthousiastes à mon passage qui ne restent pas sans réponse, je vous rassure. De temps en temps, quelques enfants plus intrépides me lancent des « watt iz yor naime ? ». Ceux là doivent en être à la leçon numéro deux. Je vous rassure, je croise également quelques adultes y compris certains personnes un peu plus âgées dont un à vélo portant des vêtement vaguement kakis et un casque de l’armée viet cong. Je tente un « sin tchao/tcheu » pas très rassuré et il me fait un signe de tête avec un léger sourire.
J’entame alors la longue ligne droite sur une route en terre qui me ramène vers mon point de départ tout en essuyant à intervalles régulières des « hello ». Deux garçons arrivent notamment vers moi et après un « hello » et « watt iz you naime » me lancent un « moni ». Pardon ? Ai-je bien entendu ? Et puis quoi encore ? On n’est pas en Inde ici ! Tout en marchant, je leur réponds donc par la négative avec le sourire (encore et toujours) mais je commence à angoisser sérieusement, repensant à l’incident glauque à Hampi. Qu’est ce qu’ils vont me sortir ensuite ? Bon, ça va. Ils me demandent de les prendre en photo. Rien de plus simple. L’un des deux me dit « watère » en me faisant le signe de boire. Ouf. Il a juste soif, voilà qui est bénin. Depuis l’Inde où les gens que j’ai croisé (notamment à Gingee) font ça relativement spontanément, j’ai pour politique de toujours partager mon eau. Je m’arrête donc et sort ma bouteille d’un litre dont j’ai déjà bu la moitié et la lui tend pour qu’il puisse se désaltérer. On est pas loin de 17h mais il fait encore lourd. A peine avais-je lâcher la bouteille que les deux petits c**s se carapatent à toute vitesse avec ma bouteille, en rigolant comme des imbéciles. A ben super. Bon ceci dit, ça m’a fait un peu rigoler sur le moment. Voler une bouteille d’eau, mais quel manque d’ambition ! je devais être à peine à 300m de mon hébergement. Je n’allais donc pas me désaltérer d’ici là. Et en plus j’ai leur photo.
Je pensais en avoir fini avec les émotions quand une centaine de mètres plus loin j’aperçois un couple de touristes (encore une fois facilement reconnaissables à leur sac à dos) s’intéressant à un veau en bordure de champs. Je me porte à leur hauteur en les saluant. La femme, visiblement attendrie par le jeune bovin, est en train de lui caresser le haut du crâne. Tout à coup, j’entends un bruit de cavalcade venant de derrière le couple. Sur le chemin, une vache arrive d’un trot rapide mais déterminé vers nous. « Je crois que c’est la maman ! ». On s’écarte tout les trois et effectivement, le quadrupède s’interpose dans un meuglement ferme entre nous et son petit. Elles ne plaisantent pas les vaches en Asie.
Nous repartons donc en direction du Farm Stay en laissant la maman et son petit derrière nous pour tomber quelques dizaines de mètres plus loin sur une partie de football un peu chaotique sur un terrain défoncé. Elle oppose, pour autant que je puisse déterminer les équipes, une bande d’enfants du cru de tous âges contre une autre bande d’enfants locaux mélangé à cinq enfants touristes, dont deux filles (encore une fois complètement évidents du fait de leur chevelure blonde). Pour être gentil je dirait que l’enthousiasme avait pris le dessus sur la technique mais comme me le fait remarquer le garçon du couple qui m’accompagne : « ils ont des pieds, ils ont un ballon, on peut donc dire qu’ils jouent au football ». En tout cas, un joli exemple de mixité.
Finalement, nous rejoignons le Farm Stay au moment où le soleil commence à décliner. Et pour tout vous dire, je suis plutôt content de ma petite ballade. Mais par contre, j’ai un peu soif.