Un porte conteneur c’est avant tout un truc qui flotte sur l’eau avec des tas de conteneurs dedans / dessus. Et puis, parce qu’il faut quand même bien que tout ça flotte dans une direction particulière, on y laisse un peu de place pour que quelques être humains puissent y vivre et surtout conduire cette immense savonnette de plusieurs milliers de tonnes.
Notre beau bateau le Columba, construit par les chantiers Hyundai (cha ch’est du bon achier coréen, cha !!! Hummm), est plus ou moins une grosse coquille vide où on a planté un immeuble de 10 étages au deux tiers arrière. Comme vous le subodorez, cette immeuble est réservé à l’équipage et aux surnuméraires. On peut s’amuser à se balader entre les quelques travées séparant les montagnes de containers mais premièrement ça nécessite qu’on s’équipe d’un casque de chantier et deuxio, je n’en vois pas tellement l’intérêt.
Cette immeuble respectable est couronné par la passerelle, dit « Zeuh bridgeuh » en anglais, langue officiel de travail à bord de ce bateau. Dés fois que vous oublieriez ce petit détail, une feuille scotché au mur vous le rappel. La passerelle ou le pont, car j’avoue avoir un doute sur le terme exacte en français, abrite les commandes de gouvernail et de vitesse, bien entendu sans quoi nous ne pourrions pas effectuer ces incroyables créneaux au ralenti dans les ports, mais également tout les appareils nécessaires à la navigation tels que radars, GPS et cartes maritimes. Là haut, c’est un peu le saint des saints et il y règne à tout instant une atmosphère calme et studieuse, uniquement ponctué de quelques bips et autres crépitement d’imprimante matricielle (j’y reviendrai). Seul l’élite du personnel à bord y est autorisé mais également les quelques surnuméraires… comme moi. A condition, bien entendu, de ne pas venir taper la causette au capitaine une main sur son épaule et une tasse de café dans l’autre, bien entendu. Il y en a qui bossent ici.
A chaque étage de cette tour d’habitation et de travail, on trouve une coursive. Chaque étage est relié par un escalier et par un unique ascenseur pour les plus fainéants. Bien entendu l’étage directement en dessous de la passerelle abrite les chambres et bureaux du capitaine et de ses officiers supérieurs. Directement en dessous, au pont F, vous trouverez les cabines des passagers. Comme quoi, on n’est pas non plus totalement méprisés. Comme vous l’aurez deviné, plus on descend d’un étage plus on s’enfonce vers la médiocrité. D’ailleurs, le mess et la cuisine des officiers se situe au pont B, c’est vous dire la qualité de la restauration à bord (mais j’y reviendrai car il faut toujours qu’il y ait un billet bouffe, sans quoi…).
Côté distraction, vous trouverez au pont C un petit gymnase à tribord (portside en anglais) et une piscine de 4m sur 4m à babord (starboard en anglais). Notez que la piscine n’était toujours pas rempli pendant mon séjour ce qui en ôte sérieusement de son intérêt. Comme de bien
entendu dans cette micro-société de caste, chaque catégorie – officier, équipage et surnuméraire – bénéficie en plus d’une petite pièce commune. Dans la notre il y avait une télévision sans antenne branchée à un lecteur DVD défaillant mais la pièce était quand même pourvu d’une machine à café, d’une bouilloire électrique, café instantané, tisanes et thé ainsi qu’un assortiment de livres en anglais et en français laissé par de précédents passagers.
On m’avais prévenu : mieux vaut prévoir de quoi lire.