Je vous ai déjà dit que la façon dont on juge un endroit dépend de la façon dont on le visite, n’est-ce pas ? Et bien, en ce qui concerne Wellington, je crois bien être passé légèrement à côté. A vrai dire, je crois avoir littéralement omis de visiter le centre ville, ce qui est généralement rédhibitoire lorsqu’il s’agit de se faire un avis. Faut-il vraiment que je sois aveugle pour passer à côté ? Et bien, plusieurs facteurs peuvent expliquer cela.
Tout d’abord, j’ai totalement omis d’acheter un guide touristique genre Lonely Planet pour la Nouvelle Zélande. Je m’appuie uniquement sur des sites web du genre de Trip Advisor. Sans vouloir être dans le dénigrement perpétuel et les jugements hâtifs (bien que je sois imprégné de culture française, tout de même), c’est un peu de la crotte ce site pour avoir une vue d’ensemble d’un lieu. En tout cas ça ne remplace pas un bon guide touristique. Si on cherche des trucs à faire, ça va à peu près mais ensuite, c’est assez limité et foutraque. Ou alors, autre hypothèse que je me dois d’envisager même si cela me coûte, je suis une grosse buse et je ne sais pas m’en servir. Allez, mettons que les torts sont partagés.
Ensuite, deuxième facteur pouvant expliquer mon rendez-vous manqué avec la capitale, la météo. Quand il fait frisquet et gris, ça ne motive pas d’aller se balader toute la journée, surtout lorsqu’en sortant de son hostel, on croit être en centre ville et qu’on trouve ça moche et inintéressant alors que le cœur est véritablement un kilomètre plus loin. Si seulement j’avais eu un peu plus la motivation, je serai tombé dessus par hasard. En même temps, sans vouloir rejeter la faute sur l’équipe municipale, quand je visite un quartier avec des immeubles un peu hauts (mais pas trop, on n’est pas à Manhattan non plus), des bars, des théâtres, des cinémas, des maisons closes (oui, car c’est légal en Nouvelle Zélande) ainsi qu’un joli front de baie avec des marinas et le musée national, je me dis que c’est ici que ça se passe et je ne vais pas chercher plus loin. Et puis faut pas déconner, Wellington, c’est pas non plus une mégalopole. A tout casser, c’est grand comme Saint Étienne ou Grenoble.
Le dernier facteur que je vois est purement physique. Je me suis fait mal aux pieds le jour où je suis allé visiter les studios Weta. Le quartier Miramar est à un bout de la ville et pour revenir au centre, il y a un peu de marche dans le vent et la fraîcheur, pour finir par un franchissement de colline. J’étais moyennement motivé le jour suivant pour enchaîner sur un nouveau marathon, même si, à posteriori, il suffisait que je marche dix minutes pour tomber sur des quartiers un peu plus commerçants et de grands bâtiments gouvernementaux à l’aspect néo-classiques. Mais qu’est-ce que j’en sait qu’ils sont néo-classiques ces bâtiments si je ne suis pas allé en centre ville, alors, devriez-vous vous interroger ? J’ai traversé le quartier en quittant Wellington au volant de ma voiture de location. Quelle ne fut pas ma surprise. Bon, attention, ce n’est pas non plus Florence et la ville ne se résume pas qu’à son (petit) centre ville. Je n’ai pas un regret infini d’avoir raté ça. Mais bon, c’est injuste envers les Wellingtonien et Wellingtoniennes (et inversement).
Mais alors, qu’est-ce qu’il y a à voir ici, hormis un magasin bien achalandé en épées et armures médiévales fantastiques à l’autre bout de la ville, même s’il est gardé par deux trolls aussi stoïques que des queen’s guards britanniques ? Aaaaah, la, la, mais plein de choses mes amis ! Plein de choses, bien sur, enfin, j’veux dire, c’est quand même la capitale administrative du pays, non ? Vous pensez bien. Lalalala, qu’ils sont bêtes.
Voilà.
Maintenant que j’ai gagné du temps avec des phrases creuses qui m’ont permis de réfléchir, il y a au moins quatre choses que j’ai noté. C’est reparti pour une énumération. Ce blog ressemble à une liste de courses.
Déjà, à Wellington, et c’est d’ailleurs quelque chose que les habitants ne cachent pas, il vente. Il vente même très souvent. J’y étais deux jours et il a venté fortement au moins une journée, soit 50% de jours venteux. C’est assez amusant car sur une petite colline à l’entrée du fameux quartier de Miramar, de grandes lettres proclamant « Wellington » à la façon du symbole « Hollywood » se terminent avec les lettres O et N de travers, comme emportées par le vent. Au moins, les habitants ont le sens de l’auto-dérision. Entre cette colline et le Mont Victoria, grande colline qui borde l’est du centre ville, une bande de terre abrite l’aéroport. La route qui longe cette bande arbore une série d’œuvres d’arts ayant toutes pour thème le vent. Si même les artistes l’ont remarqué…
Ce qui m’amène à la deuxième chose que j’ai jugé d’intérêt dans cette ville, je veux parler du Mont Victoria. La région de Wellington est assez montagneuse. Il s’agit de très jolies moyennes montagnes, penchant vers des collines, se jetant dans l’eau. Ils ont tout compris, chose dont devrait s’inspirer certaines municipalités qui persistent à vouloir rester plates et dans les terres. Tristes. Pour comprendre la géographie de la ville, vous pouvez consulter une carte, une image valant mille discours. Néanmoins, pour la beauté de l’exercice je vais tenter de vous la décrire avec des mots. Imaginez une baie tournée vers le sud et entourée de moyennes montagnes. Une baie, c’est semi-circulaire. Imaginez ensuite une bande de terre fermant quasiment cette baie au sud. C’est Wellington. Sur cette bande de terre, pour faire joli, placez une grosse colline au milieu et des petites collines au bout. Mettez l’aéroport entre ceux-ci, Miramar tout au bout et le centre ville de l’autre-côté de tout cela. La grosse colline adroitement placée au centre, c’est le fameux Mont Victoria. Autant vous dire qu’il est stratégiquement placé pour avoir une vue magnifique sur tout les environs et comme je vous l’ai déjà avoué dans un précédent billet, j’aime les villes qui se laissent admirer d’en haut.
C’est donc un soir que je suis monté tout en faut avec ma petite voiture. Parfois, je suis fainéant, surtout lorsqu’il fait aux alentours de 12°C la nuit ce qui est beaucoup trop froid. Le côté de cette colline faisant face au centre ville est d’ailleurs, sans doute, le quartier le plus huppé de Wellington, même si, tel Sydney, la ville abonde en petites baies et collines où les gens fortunés, qui ont souvent du goût ou des gens payés pour l’avoir, peuvent s’installer. Au moins, dans ce quartier-ci, sont-ils proches des maisons closes et autres commerces de première nécessité, ce qui est loin d’être le cas ailleurs. Les photographies parleront d’elles-même, je l’espère, mais la vue là haut est magnifique, encore plus au couché de soleil, cela va sans dire. On peut dire que la région n’est pas répugnante, encore plus qu’à San Francisco, pourtant fort bien doté de ce côté-ci.
La colline est également une sorte de poumon vert pour Wellington et de nombreux fous sur-entraînés s’amusent à la gravir en courant ou en pédalant malgré des pentes qui se grimpent en seconde avec ma petite voiture coréenne. Détail amusant glané sur l’internet, quelques scènes du Seigneur des Anneaux ont été tournés sur les flancs de la colline, parmi les arbres, sans doutes à quelques centaines de mètres d’une rue congestionné de voitures.
Au sommet on profite d’une plate-forme d’observation panoramique ouvert à tous les vents, qui sont nombreux, je vous le rappel. En soirée, c’est le rendez-vous des esthètes ou des touristes (le « ou » n’étant pas exclusif, bien entendu) interrompus épisodiquement par des femmes et des hommes athlétiques qui montent, font demi-tour puis redescendent en soufflant comme des locomotives. Il va sans dire que je parle de locomotives à vapeur sinon l’image n’a absolument aucune pertinence. La configuration de la ville est limpide. Un tout petit centre ville d’un côté et des quartiers résidentiels essentiellement au dessus et à l’est. Après avoir traversé ceux-ci, cela ne m’a franchement pas emballé. Ils sont mornes, tristes et sans vie, d’où mon enthousiasme très tempéré pour cette ville.
La dernière chose notable à visiter à Wellington est le quartier des marinas situé entre le Mont Victoria et le centre ville, côté baie, donc au nord. C’était le quartier le plus proche de mon hostel. Un bord d’eau, c’est toujours sympathique, d’autant plus quand ils sont piétons ou cyclistes comme c’est le cas présentement. De plus on y trouve le magnifique et passionnant (je pèse mes mots) musée national, Te Papa. Ce nom n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait croire, d’origine créole mais Maori et, d’après ce que j’ai noté, se traduit par « Notre Trésor » (rien à voir avec la « Folie des Grandeurs »). Dans un bâtiment tout en angle à l’architecture moderne, sur cinq niveaux, ont trouve des expositions temporaires et permanentes notamment sur l’histoire du pays, sa faune ainsi que la culture Maori. C’est extrêmement intéressant et c’est sans doute l’endroit où j’ai le plus saisi certains aspects du pays, notamment sa culture et son ancrage profondément polynésien. Mais de tout ceci, j’en parlerai dans un prochain billet.
Pour conclure sur Wellington, je pourrai ajouté qu’il y a une chouette salle de cinéma, à l’ancienne à l’aspect de théâtre avec un des plus beaux écrans que j’ai jamais vu. Ou alors je venais de laver mes lunettes, ce que je ne peux exclure. En plus, pour faire dans la culture local, j’y ai vu Elysium, film à gros budget avec Matt Damon, dont les effets spéciaux ont été réalisés quelques kilomètres plus loin, dans des studios gardés par des trolls paralytiques.