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Wilsons Promontory

Ce matin, frais, dispo et reposé par une nuit dans un lit double king size, je reprend la route vers le sud pour aller visiter le Wilsons Promontory National Park (notez l’utilisation massive de majuscules témoignant du caractère officielle de la dénomination. Vous pouvez donc être confiant si vous souhaitez en parler demain à la pause café). Manque de pot ou contrariété divine, le temps est gris.

J’arrive donc après une heure de route devant l’entrée du parc et m’arrête au niveau d’un panneau d’information. Dans l’enceinte du parc, il n’y a pas d’essence, pas de camping, pas de logement. Rien. Quand je voit la taille de celui-ci sur ma carte, je vérifie mon niveau d’essence. Ce devrait être bon. Je vais déjà essayer d’aller voir ce qu’il y a à visiter et on verra ensuite pour le logement ce soir. De toute façon, je peux très bien dormir dans la voiture. Mon seul doute concerne la météo car de lourds nuages semblent couvrir toute la zone de la péninsule.

DSC_7345_DxOJe repart sur la route et après quelques minutes, la pluie commence à tomber. Un vent violent et des nuages gris et bas rendent le paysage encore plus tourmenté. C’est vraiment frustrant, car la côte est effectivement très sauvage et l’intérieur des terres également montagneux. En plissant un peu les yeux et un brin d’imagination (ce qui est mon cas), on se croirait en Ecosse. Après un rapide arrêt au centre d’information où je tente d’avoir des DSC_7350_DxOinformations sur la météo, malheureusement pessimistes, je rejoint le point de départ d’une ballade, grâce aux conseils d’une employée. Le circuit se fait sous les arbres et permet donc un abri relatif.

Je mange rapidement un sandwich, espérant toujours que la météo se calme. Finalement, je décide de sortir et attaque le chemin sous une pluie battante. Au court de cette ballade, fort agréable et sans véritable difficulté, la pluie s’interrompt puis reprend. Le clou du circuit est une DSC_7340_DxOpetit zone de forêt primaire ancienne encore préservée. Ca ne vaut pas une joli vue, mais on fera avec. De retour à la voiture, je tente un dernier va tout et part en direction d’un col pour tenter d’apercevoir le panorama. Peine perdu, arrivé au sommet, balayé par les vents je pénètre dans le nuage. Un peu dégouté, j’abandonne ici tout espoir de profiter du parc national. Demain en fin de matinée, je dois être à Melbourne pour rendre la voiture.

Je repart donc en rebroussant chemin, toujours sous une météo maussade et déprimante. Je me retrouve vite seul sur des routes sauvages, en route vers la sortie du parc. Sur le bord de la route, de temps en temps, je repère une carcasse d’animal mort. Fort heureusement, avant de quitter le Wilsons Promontory, j’aurai quand même l’occasion de croiser quelques spécimens vivants de kangourous, émeus et même un wombat qui ont décidé de quitter les taillis pour jeter un œil à la route. La plupart fuient à mon approche, sauf un marsupial particulièrement concentré sur son déjeuner. Je m’approche tout doucement au ralenti avec la voiture, comme un psychopathe à l’affut et le mitraille à travers le pare-brise.

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A défaut de paysages, j’aurai au moins vu quelques animaux.

Une pause au motel

Que ceux qui souhaitent me jeter une première pierre se préparent. J’ai fauté. J’ai eu un moment de faiblesse. Alors que j’avais loué ma camping voiture pour onze jours avec dans l’idée de camper dix nuits, faisant ainsi de substantielles économies de logement, j’ai craqué. Que les pierres pleuvent.

Il fait quand même un peu froid dans ce foutu pays, même à la fin de l’hiver. Disons qu’il fait une température automnale, et moi, en automne, je campe rarement plus d’une nuit. Après les trombes d’eau que je me suis pris sur la Great Ocean Road et les nuits frisquettes autour des Grampians, j’ai décidé que ce soir, je m’offrais un logement en dur.

Depuis les Grampians, j’ai retraversé le Victoria vers l’est, traversé péniblement Melbourne en essayant d’éviter les autoroutes à péage (ce qui est une idée particulièrement imbécile, je le reconnais volontiers, rétrospectivement), tout ça dans le but de rejoindre une péninsule sauvage au sud-est de la grande ville afin d’y faire un peu de découverte et de marche à pied. Le Wilsons Promontory est un parc national au relief marqué qui est également la pointe la plus méridionale du continent australien, Tasmanie exclue, bien entendu. Je ne voyage que pour visiter des points d’exception mais je me rend compte que c’est particulièrement idiot, finalement, de se focaliser sur ce genre de particularité. A t’on déjà vu quelqu’un aller visiter le point le plus au sud-est d’un pays, ou au plus nord-nord-est ? Non. Pourtant, ça le mériterait tout autant.

Tout ça pour dire, qu’après une longue journée de route, rendu particulièrement pénible, ennuyeuse et stressante par la traversée (encore une fois débile) de l’immense banlieue résidentielle de Melbourne, j’étais en manque de confort. C’est bien simple, cette ville est vaste et uniquement occupée, hormis son centre aux gratte ciels que j’aperçois de loin, par des villas entourés de coquets jardins, parcs de criquet le tout bien propret avec des panneaux « Neighborhood Watch » qui ont le don de me foutre les j’tons dés que je les voie.

Postérité, je m’excuse donc d’avance, mais j’ai pris une chambre à 90$ dans un motel trois étoiles dans la ville de Warragul, où j’étais d’ailleurs un des rares clients. Pour arrondir le tout à 100$, je suis aller bouffer (y a pas d’autre mot) un demi-poulet frites dans un des rares fast foods ouvert le soir dans cette contrée, le tout en roulant de nuit avec ma voiture de location. Ce sera la nuit de tout les excès et interdits.

Promis, je me rattraperai en dormant à même le sol, une autre fois.

Grampians

 

SILENCE !

Bien. Sur une feuille quadrillée format A4 orientée en paysage, dessinez une carte de l’Australie. Placez un point A ainsi qu’un point B respectivement aux emplacements de la ville d’Adélaïde, capitale de l’Australie Méridionale (et non l’Australie du Sud, comme je l’écrivais précédemment de manière fort naïve), et de Melbourne, capitale de l’état du Victoria (en hommage à la reine du même nom). Puis, tracez une ligne reliant le point A au point B. A l’aide de votre compas, déterminez le point C, milieu du segment AB. Au stylo vert, légendez : « Grampians National Park ». Parfait. Zoom avant.

Les Grampians, c’est fort joli. Voilà. Point. Fin du billet.

Non, non, non, rassurez vous, il y a des choses à dire et d’autres choses à montrer (même que, parfois, c’est les même choses). Les Grampians sont un massif montagneux dont l’origine m’est absolument inconnue. Par contre, d’aspect, cela pourrait évoquer, de loin, le Vercors ou le Dévoluy, c’est à dire des falaises d’un côté et une douce pente de l’autre. Ces montagnes ne sont pas très hautes, le point le plus haut étant juste en dessous de 1200m, mais comme me l’a répété si souvent monsieur Yves R., de Grenoble (anciennement de Chambéry, anciennement de Chalon, anciennement de Paris, anciennement de Peypin en Provence), ce n’est pas la hauteur qui compte, paraphrasant plus ou moins en cela un dicton populaire sur un tout autre sujet. Car, en effet, ce massif est posé, encore une fois, au milieu d’un vaste terrain plat à une altitude proche du niveau de la mer. Ce continent est un vaste terrain vague où les dieux s’amusent, je vous dit.

C’est d’ailleurs assez étonnant de constater que, contrairement à certains massifs de ma connaissance où de petites ondulations de terrain de plus en plus prononcées annoncent les reliefs principaux, ici ce sont de grosses collines, isolées au milieu de la plaine, qui s’en chargent. A l’est, l’une de ces montagnettes porte le nom pompeux de mont Ararat. Dans le futur, j’y monterai un jour d’orage. Sait-on jamais, j’y redescendrai peut être avec un nouveau code des impôts dicté par une déité. En tout cas, on y a une belle vue de la plaine tout autour et, si je n’avais pas ce foutu soleil dans les yeux, des fameux Grampians.

Revenons en, à ces Grampians. Le massif s’étend essentiellement du nord au sud (et vice versa) sur quasiment environ 70km et sur une largeur de 30 en son centre. Je part du principe que je m’adresse potentiellement à des fétichistes de la métrologie. Un petit village du nom de Hall’s Gap concentre la plupart des logements et centres d’informations du parc. Encore une fois, le manque d’ambition de certaines personnes me sidère. J’aurai personnellement appelé ce bled Hell’s Gap afin d’ajouter un peu de mystère et de dramaturgie à un lieu qui n’en a, par ailleurs, ni l’un ni l’autre.

DSC_7277_DxOMais cessons là les critiques car il y a en ce bourg quelque chose de vraiment charmant, où alors je ne m’y connais pas en choses qui sont meugnonnes. Les kangourous y sont foisonnants et fort sociables. C’est bien simple, ils ont pris la place des pigeons et broutent paisiblement l’herbe rase du camping à porté de coup de pied au derrière (ce que je ne tente pas, bien entendu). Il m’est avis qu’ils ne sont plus vraiment sauvages. En tout cas, c’est l’occasion d’observer leur démarche à deux vitesses, ridicule ou bondissante, et leur mignonne petite bouille quand ils veulent bien s’arrêter de bouffer cinq minutes. Voilà. Merci.

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En parlant de ridicule, je découvre dans ce camping de Hall’s Gap une nouvelle limite à l’étendue du glamping en Australie : trois familles en camping avec enfants qui installent la nuit un cinéma d’extérieur avec écran déroulant et lecteur DVD. Bon, certes, ce n’est pas plus ridicule que la télévision dans le camping car. C’est même vachement plus sociable. Mais enfin, c’est bien la première fois que je vois ça. Quand on dit que les voyages ouvrent l’esprit, en voici bien la preuve indéniable.

Détournons donc le regard de la vallée et prenons de la hauteur. De nombreuses randonnées sont facilement accessibles et indiquées. D’ailleurs, je suis toujours étonné de constater à quel point de nombreux pays (pour le moment j’appui cette théorie par quelques expériences en Ecosse, Québec et en Californie) aménagent leurs sentiers de randonnées grand publics. Ce sont quasiment des boulevards avec des escaliers bien ciselées en présence de la moindre difficulté. C’en est presque frustrant. Heureusement, le chemin est assez original, commençant par un chemin montant dans une forêt d’eucalyptus (pour changer), passant ensuite dans d’étroits défilés rocheux, canyons ou bien traversant des dalles de pierre.

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Dans ces défilés, l’eau coule à flot. J’en veux pour preuve, sceptiques, cet enregistrement:

En tout cas, une fois arrivé au point le plus haut, la vue est grandiose et dégagée (ce qui va souvent de pair. Je connais peu de vues grandioses et bouchées), comme vous pouvez le constater. Si, si, j’insiste, constatez par vous même.

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Si vous êtes fainéants (moi même, je le suis assidument) ou bien juste un peu fatigués, quelques points de vues magnifiques, grandioses et dégagés sont également accessibles en voiture et vous épargne un long dénivelé à pied. Je vous le dit parce que je vous apprécie, bien que je ne sois pas partisan d’encourager la médiocrité. Pourtant, il faut bien admettre que tard le soir ou tôt le matin, la vue est de classe mondiale.

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Si ensuite, vous redescendez dans la plaine et décidez de vous en jeter un dans un bar, choisissez au moins un de ceux qui sont ouverts et surtout dont le patron a au moins un niveau minimum en orthographe. Pas comme celui-ci :

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Attention, cette devinette-ci est particulièrement ardue et s’adresse aux anglophones.

Peut-être même, d’ailleurs, est-ce moi qui pinaille.

Nuit au bord d’un chemin

Avec une bagnole et une carte bleue, on est libre (jusqu’à concurrence de votre capacité de crédit). La liberté, c’est la capacité de choisir ce que l’on veut faire. Je suis sans but. Uluru ? Fait. La Great Ocean Road ? Fait. Quoi voir maintenant ? J’ai encore trois jours de location. Au nord du Victoria, j’hésite à aller voir les Snowy Mountains, le massif montagneux le plus haut du continent, enneigé en cette saison. Deux facteurs m’en dissuadent : la distance et cette détestation de la moindre fraicheur attrapé depuis l’Inde. Il fait déjà suffisamment froid par ici, inutile d’aller se geler les miches plus haut.

Je compulse donc mon Lonely Planet pirate acheté au Vietnam (celui fait avec des pages quasiment aussi épaisses que du papier toilette) pour trouver une idée. Fort heureusement, j’avais croisé sur la route un panneau indiquant « Grampian Range » et lis le descriptif. Pourquoi pas, ce sera l’occasion de marcher plutôt que de rouler tout les jours comme un débile.

A ce propos, on est au milieu de l’après midi. Il faut donc que je trace. Je repart donc plein ouest en m’éloignant de Melbourne en essayant de me rapprocher le plus possible avant la nuit. Vers 16h30 je bascule en mode recherche de camping. Je roule, sans apercevoir de panneaux dans les rares petites villes que je croise. A 17h30, je commence à me dire que ce pourrait être amusant de tenter le camping sauvage. Je n’ai pas vraiment réussi à trancher si c’était illégal ou pas dans ce pays mais les deux vieux en 4×4 m’avaient affirmé qu’ils le faisait régulièrement sans que personne n’y trouve rien à redire.

Je prend donc une route à gauche au hasard, quittant la route principale, à la recherche d’un champs ou d’un endroit sympathique. Après deux ou trois changements de cap à l’intuition, je me retrouve dans une longue ligne droite sur un chemin non asphalté. Je planque mon contrat de location sous un tas de vêtements pour qu’il ne le voit pas. D’un côté il y a de vastes champs clôturés et de l’autre une forêt de pinèdes. De toute façon il fait presque nuit et au moins, il y a la place de se garer sans se retrouver dans un fossé. Je m’arrête.

Alors que je fait cuir un steak sur mon réchaud à gaz, un vieux pickup arrive à ma hauteur. Le vieux monsieur au volant me demande si tout va bien. Je le rassure en lui expliquant que mon contrat a peur du noir. Après cela, je ne croiserai personne de race humaine.

Je vais sans doute balancer des vérités vrais estampillées Lapalice mais il y a quelque chose de vraiment dépaysant et d’étrange à se retrouver tout seul au milieu de nul part dans une nuit profonde. C’est quelque chose de totalement étranger pour les citadins que nous sommes et par moment légèrement angoissant. Inutile de dire que le moindre petit mouvement de branche ou de feuille est intensément analysée du coin de l’oeil (où se situent les cellules photoréceptrices les plus sensibles à la lumière, figurez-vous). Ami ? Ennemi ? Psychopathe priapique ?

Le silence est total, uniquement troublé par de petites brises intempestives et ma déglutition. Le ciel est partiellement couvert et m’empêche de contempler un champs étoilé qui doit être magnifique. L’air est encore humide et le froid commence à se faire sentir. Je me repli donc dans la voiture.

A l’intérieur, les sons sont plus sourds et cloisonnés. A la lumière du plafonnier, l’extérieur devient noir total. C’est encore plus angoissant. Quelqu’un peut me voir et moi je ne vois rien. J’éteins donc la lumière et me glisse dans mon duvet.

Le lendemain matin, transi par un froid humide, je m’arrache de mon couchage et m’habille rapidement pour soulager un besoin unanimement qualifié de naturel. Je souffle un petit nuage de vapeur d’eau sous un ciel encore presque noir, avec une unique lueur à un bout du chemin. En contre jour, deux formes lapines, taille XL. Deux kangourous me regardent à vingt mètres en plein milieu du chemin. Je ne bouge pas pendant quelques secondes puis, tout doucement, tente d’attraper mon appareil photo. Instantanément ils partent dans d’impressionnants bonds élastiques et d’un bond exceptionnel, sautent par dessus la clôture et pénètrent dans le champs. Ils me regardent de l’autre côté et alors que je tente une nouvelle fois de m’approcher pour cadrer, ils détalent encore plus loin.

Je patiente alors en attendant que le soleil se lève. Nous, les citadins, on ne se rend plus compte du moment privilégié et unique que représente un levé de soleil. Le moment est encore plus fort lorsqu’on est seul, au milieu de nul part. Rien que pour cela, je ne regrette pas ma nuit frigorifique au bord d’un chemin.

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Papotages en soirée

Le seul problème lorsqu’on traverse un pays en voiture personnelle est que l’on ne croise pas grand monde. C’est d’autant plus rare car j’y suis également légèrement hors saison. Ici, c’est la fin de l’hiver austral, je vous le rappel. Néanmoins j’ai eu l’occasion de papoter avec un petit nombre de personnes pendant ce périple automobile. Rien d’extravagant mais c’est toujours amusant de constater que le fait de dire que l’on vient d’un pays étranger éveille la curiosité. Il est vrai également que la plupart des gens rencontré sont plutôt sociables.

Tenez, par exemple, puisqu’on parle d’australien, j’ai été abordé lors de ma soirée de camping au sud de Port Augusta (ce qui remonte déjà à deux ou trois jours) par un néo-zélandais d’âge moyen. C’est fou, quelle idée de venir passer ses vacances ici alors qu’on habite en Terre du Milieu ? Encore plus dingue, il se déplaçait ici en moto avec sa femme. Pour encore plus de folie, je précise qu’ils n’en avait qu’une seule, de moto. Ce n’était d’ailleurs pas leur première expérience du genre puisqu’ils avaient déjà parcouru la côte ouest. C’est des fanas d’Australie mais à moto, ça ne doit pas rigoler tout les jours.

Si ça vous tente, je vais partager avec vous quelques aspects pratique que j’ai pu glaner avec lui. Non, parce que moi aussi, ça m’intéresse. Surtout, d’où sort cette moto ? Ils l’ont amené en bateau ? Point du tout, ils l’ont acheté sur place, d’occasion. C’est d’ailleurs une solution retenue par de nombreuses personnes, comme je vous le démontrerai de manière empirique par un second exemple relaté plus loin. Comme nous vivons dans un monde de profit, l’idée est bien entendu de la revendre en repartant, de préférence sans décote.

Quelques jours plus tard, à Mount Gambier, j’ai donc l’occasion de papoter longuement avec mes deux vieux australiens à 4×4, originaire de Nouvelle Galle du Sud. D’ailleurs, maintenant que j’y pense, j’ai surtout papoté avec l’un deux, le deuxième étant beaucoup plus taiseux. Nous avons donc mené une discussion sur tout, passant de douces transitions en douces transitions vers des sujets divers, particulièrement au sujet de l’Australie. C’est d’ailleurs eux qui m’ont parlé de la mission des Royal Flying Doctors notamment car ils se déplacent dans un gros 4×4 suréquipé pour la survie en milieu hostile avec téléphone satellite, jerrican d’essence et tout le bazar. Ils étaient actuellement en vadrouille et avec eux, ça ne plaisante pas côté logistique.

En parlant de la situation économique du pays (ce qui est un de mes lancements favoris lorsqu’il y a un blanc), ils ont enchainé spontanément vers la fin du boom minier et de l’immigration illégale par voie maritime. Ce sont des sujets qui reviendront assez souvent dans les discussions que j’aurai avec des australiens, peut être parce que nous sommes en pleine campagne pour l’élection du premier ministre.

Le lendemain matin, alors que je redescendais de ma petite ballade sur la crête du cratère de Mount Schank, j’ai repéré un vieux break bleu appartenant à un jeune couple. Après nous avoir salué poliment, je suis reparti pour poursuivre mon chemin. Toute la journée, de look out point en look out point, je n’arrêterai pas de les repérer de loin et eux de même. Le soir arrivé au camping de Peterborough, je pénètre dans le bâtiment commun abritant la cuisine et, devinez quoi, je rencontre de nouveau le jeune couple. Nous étions destinés à nous parler. A vrai dire, étant peu physionomiste, ce sont plutôt eux qui m’ont reconnu. Seuls pensionnaires du camping, nous avons donc devisé tranquillement pendant qu’ils finissaient leur maigre repas et que je confectionnait le miens, également maigre. Ce soir là, c’était des pâtes, postérité.

Ils sont allemands ce qui est d’une vulgaire banalité. Je n’arrête pas d’en croiser en Australie. Rappelez-vous, ce sont eux qui se font le plus bouffer par les crocodiles et malgré cela, on en croise partout. Si mes souvenirs sont bons, ils étaient également sous visa touriste-travail mais, manque de chance ou retournement économique, ils n’avaient pas réussi à trouver de boulot. Ayant mis cela en second plan, ils se consacrent donc au voyage, au volant de leur vieux break aménagé, acheté également d’occasion. D’ailleurs, ils m’ont proposé de le racheter car ils sont très proche de la fin de leur séjour. J’ai bien entendu décliné. Moi, propriétaire d’un break, et puis quoi encore ?