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Road to Mt. Shasta

Pour vous remettre dans le contexte, je vous rappelle que je viens de proposer à une petite suissesse légèrement baba-cool de l’amener du côté de Mount Shasta pour qu’elle puisse rejoindre sa bande d’ami dans un Rainbow Gathering, une sorte de communauté hippie improvisée. De toute façon, c’est sur mon chemin car, moi, j’y vais à Mount Shasta. Nous nous mettons donc d’accord pour se retrouver au Redwood Lily guesthouse juste après midi. Chacun part vaquer à ses occupations en attendant, notamment moi qui fait le tour du marché et du CoOp d’Arcata pour acheter de quoi manger.

DSC_8495_DxOEn vacance, pas de violence. N’empêche que parfois, on se tape sur les doigts de ne pas s’appliquer une rigueur organisationnelle quasiment indispensable lorsqu’il s’agit de coordonner plus d’une personne. Je reviens donc à la guesthouse peut après midi et part à la recherche de Sabita. Elle n’est pas là mais, pas de panique, l’heure de rendez vous est assez lâche. Je me pose donc dans un des confortables fauteuils pour reprendre les aventures de Dick Bolitho, quelque part en méditerranée en pleine guerre napoléonienne. Une heure plus tard, je commence un peu à trouver le temps long, mais sans m’agacer pour autant.

C’est finalement peu après 14h que la jeune suissesse retourne à la guesthouse. Entre temps, Christine, la new yorkaise croisée au petit-déjeuner, avait parvenu à la joindre sur son portable pour s’enquérir en mon nom de son retard. Malgré cela, je ne parviens pas à être énervé ou en colère. Après tout, on est dans une atmosphère peace & love, ici, sans parler de mon manque de précision dans les consignes : after noon (après midi), c’est un peu vague et peut tout aussi bien dire juste après 12h que quelque part vers 14h-15h. Ça m’apprendra à ne pas être ferme.

J’attends encore un peu que Sabita rassemble ses multiples sacs, ses affaires ayant depuis longtemps débordés de son sac à dos d’origine, puis finalement, nous chargeons la voiture et quittons Arcata. Le temps frais et gris ne fait rien pour nous retenir.

La route pour Mount Shasta fait environ 350km mais c’est sans compter sur les limitations de vitesses américaines. En même temps, nous ne sommes pas vraiment pressé et la seule limite que je me donne est d’arriver à Mount Shasta avant la tombée de la nuit. D’ailleurs, de manière assez comique, ce motel se trouve dans la petite bourgade de Weed, au nord du volcan. On est en plein dans l’esprit flower power. Cette route commence par tracer complètement à l’est par dessus la chaine de montagne côtière pour rejoindre la ville de Redding, avant de repiquer au nord pour le dernier tiers du parcours.

DSC_8493_DxOCette première portion traverse donc la chaine de moyenne montagne qui borde toute la Californie. De manière assez spectaculaire, une fois passé un col, nous quittons les nuages pour plonger dans le soleil. En se retournant, une longue et basse langue nuageuse se déverse mollement du côté Pacifique vers la vallée ensoleillée. La température est à l’avenant, estivale avec un vent chaud surprenant mais bienvenu. On finira le restant de la route jusqu’à Redding les fenêtres entrouvertes profitant de cet air sec et chaud.

Inutile de préciser que tout ce trajet est l’occasion de papoter avec Sabita, rouquine aux cheveux longs dans un accoutrement baba-cool, et de discuter de voyages. A l’origine venant de Zurich elle a déjà pas mal voyagé malgré ses 25 ans, environ, toujours en mode routard mais souvent avec des amis, parfois en faisant du stop. Elle n’est pas totalement inconsciente mais, encore une fois, les angoisses des uns ne sont pas forcément celles des autres. Deux européens aux Etats-Unis, on partage le même sentiment de vide lorsqu’on traverse les petites bourgades sans charme le long de la route.

Autre point commun, il s’avère que Sabita a passé quelques mois à Auroville, la communauté utopique à proximité de Pondichéry, en tant que visiteur extérieur. Contrairement à moi, elle a pu côtoyer la communauté et surtout, pénétrer dans le saint des saints, le Matrimandir (coup de tonnerre). Souvenez-vous, le Matrimandir (tataaaaa!) c’est le gros bâtiment en forme de boule au milieu du village qui contient une salle de méditation. Je m’en étais fait tout un mystère avant que Sabita m’annonce avec nonchalance y avoir effectué une séance de méditation, elle la non-initiée. Finalement, on y rentre comme dans un moulin. Bravo le mystère! Ceci dit, elle avoue que bien que l’ambiance soit très internationale et agréable il y a une légère séparation entre les gens de la communauté et ceux de l’extérieur. Aaaah, c’est quand même un peu mystérieux alors.

DSC_8496_DxOC’est finalement vers les 18h que nous pénétrons dans la ville de Mount Shasta, au pied du volcan. Sabita tente de me guider vers son point de rendez-vous en suivant les indications laissées par ses amis. Nous roulons pendant une demi-heure en s’éloignant de la ville, en longeant un lac bordé d’une forêt de pins. On s’arrête et la suissesse part interroger les rares personnes rencontrés. La Rainbow Gathering est encore plus loin, encore plus isolée au milieu de la forêt. J’avoue être à la fois curieux de connaître ça mais à la fois pressé de me poser au motel après quatre heures de route.

Finalement, nous repérons un bus délabré garé sur le côté au milieu d’un endroit dégagé. Quelques personnes à l’aspect débraillé et dreadlocks sont assises sur le toit. Sabita descend et part à leur rencontre. C’est confirmé, c’est bien ici. Le campement est encore plus loin à pied dans la forêt. Elle me propose de venir boire une bière avec ses amis. J’hésite. Ce n’est pas tout les jours que l’on peut assister à une fête hippie au 21ème siècle. Lâchement et de manière un peu casanière, je décide de décliner en laissant la porte ouverte pour passer une autre fois. Je compte rester deux jours dans les parages pour randonner et aurait donc le temps.

Finalement, je ne reviendrai jamais, faute de motivation. Avec la fête de village en Inde, je suis sur que ce sera quelque chose que je regretterai plus tard.

En remontant vers le nord

En remontant vers le nord vers Auckland, je décide de faire une étape à Taupo, sur les bords du grand lac au centre de l’île. Je donne une seconde chance à la météo locale pour me dégager les nuages autour des grands volcans du parc national Tongariro. Pendant ce petit périple, le paysage change trois fois.

DSC_8078_DxOAu nord de Wellington, on traverse la région de moyenne montage aperçue du haut du Mont Victoria. La route numéro 1 qui relie les deux villes majeures de l’île longe la mer de Tasmanie. En ce matin, le ciel est de nouveau bas sur les terres mais dégagé sur l’océan.

Encore plus au nord, on s’éloigne des côtes et la route emprunte les lignes de crêtes et les vallons d’un massif volcanique. Les sommets sont quasiment tous dénudés et remplacés par des pentes herbeuses occupées par des moutons. Seuls quelques lambeaux de forêts persistent, malgré les siècles de déforestation.

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DSC_8096_DxOUn peu plus tard, on retrouve le haut plateau de Tongariro, couvert d’une austère végétation brune. Cette fois-ci je le remonte côté ouest. De nouveau, la météo est pluvieuse mais je tente malgré tout ma chance en empruntant la route vers le sommet du volcan Ruapehu. Au pied, le Château Tongariro, un hôtel du début du vingtième siècle marque le début de la montée. Dans les nuages, je découvre les flancs du volcan, noir et rocailleux avec ces fameuses plantes brunes, de plus en plus clairsemées au fur et à mesure de l’ascension. Tout doucement, la DSC_8099_DxOvégétation disparaît et des plaques de neiges apparaissent. Une dizaine de kilomètres plus loin, je rejoint la station de ski, entièrement noyée dans la brume. Des voitures garées en épi le long de la montée, quelques personnes en chaussures rigides portant des skis, il n’y a ici rien d’exceptionnel. Tant pis, je rebrousse chemin.

DSC_8101_DxOFinalement, je rejoint les rives du lac sur le côté opposé à l’aller mais toujours sur un temps maussade et gris. Aux alentours de la ville quelques buttes bien coniques trahissent la nature volcanique du terrain. Pour ce qui est de la ville de Taupo, il n’y vraiment rien à dire. Des rues perpendiculaires légèrement en pentes, plongeant vers le lac, des bâtiments bas sans charme. Classique. Contrairement à l’Australie, les petites villes d’ici n’ont vraiment aucun intérêt.

DSC_8102_DxOJe pose mes affaires dans une austère chambre individuelle d’auberge et part à la recherche d’un endroit où manger, n’importe quoi. L’endroit est quasi désert et, sous une fine bruine, je me réfugie dans un Hell’s Pizza, sorte de Pizza Hut kiwi à la thématique infernale où les pizzas sont affublées du nom des sept péchés capitaux. J’en prend une à emporter (sans doute la Gloutonnerie) et la mange sur le chemin du retour. Pour la gastronomie, ce sera pour une autre fois.

Je crois bien que c’est à se moment là qu’il me tarde de quitter ce pays pour la suite de mon périple.

En route vers Wellington

Il faut vraiment que vous compreniez quelque chose d’essentielle à propos de la Nouvelle Zélande. Ce pays est petit. Je dirais même minuscule et surtout l’île du Nord (que je persiste à honorer d’un N majuscule). C’est bien simple, on peut la traverser d’Auckland à Wellington en une bonne journée de route. C’est ridicule, hahaha, j’en ris tellement ça l’est, riquiqui. En plus, lors de cette traversée, on est perturbé par des changements de paysages complètement incongrus et malvenus, à mon sens, car chacun sait qu’un vrai paysage, il est homogène sur 500km ou ça devient de l’hystérie géologique.

Non, l’Australie, en voilà un pays à la bonne échelle. On prend une photo par jour et on a résumé son trajet. Pas besoin de s’arrêter toutes les dix minutes dans le froid et le vent pour tenter de croquer un ressenti. C’est un coup à choper une maladie grave où un ennui mécanique.

Hors donc, je décide de descendre au sud du nord pour aller visiter la capitale du pays, Wellington, posée dans une baie juste en face de l’autre île, séparée par un mince détroit d’une quinzaine de kilomètres de large. Présentement, je suis en train de regarder une carte des environs et, faut-il vraiment manquer d’imagination, je constate que ce détroit s’appelle le détroit de Cook. Cook par ci, Cook par là, ça devient de la vénération à force. Mais je m’égare.

Cette traversée de Rotorua à Wellington en voiture permet de traverser le cœur de l’île où se trouve l’immense lac Taupo, la ville du même nom sur sa rive nord mais beaucoup moins immense mais également l’immense pour de vrai plateau volcanique du parc national de Tongariro, au sud du lac, où dominent quatre grands volcans, en plein milieu du Mordor, pour ceux qui cherchent à se débarrasser de leurs bijoux. Je vous en parlerai une autre fois car aujourd’hui, je file vers Wellington. Je visiterai un peu plus longuement au retour.

DSC_7959_DxOIl n’y a pas à dire, l’hiver c’est nul. Même si on est vers la fin. Il fait un petit temps frisquet et gris. Je quitte donc Rotorua le matin très tôt après une petite séance photo devant le lac couvert de brume. Au sud, je traverse un paysage de collines vertes et quasiment dénudées où paissent des moutons blancs (pour changer) et rejoint assez rapidement Taupo. La route longe l’immense lac, mais avec ce temps, tout est gris est morne.

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DSC_7998_DxOLa route s’élève tout doucement pour rejoindre le plateau de Tongariro. La température prend le chemin inverse. Un vent frais souffle là haut et la végétation change d’aspect. On quitte les prairies vertes et ondulantes pour un paysage plus plat couvert de plantes brunes ou beiges à l’aspect rustique. Au loin, des collines marrons rappellent l’Ecosse. Alors que je roule, je tente désespérément d’apercevoir ces satanés volcans à droite qui s’obstinent à se cacher dans les nuages. Peine perdu, la météo n’est pas avec moi. Peut être au retour aurai-je plus de chance.

DSC_8002_DxOEn tout cas, le paysage est un peu désolé et hormis une base militaire je ne croise aucune ville ou village. C’est finalement alors que je m’apprête à redescendre du plateau et que le paysage redevient un peu plus vert que j’aperçois la base du Mont Ruapehu, le plus méridionale des quatre volcans. Fichtre qu’il fait froid. J’ai définitivement perdu mes capacités d’acclimatation sous 20°C. Quelques kilomètres plus loin, je m’arrête dans la petite ville de Taihape pour quelques courses de survie : de la nourriture et un petit bonnet bleu élastique en laine mérinos 100% néo-zélandaise made in China. On s’étonne après qu’ils aient des problèmes économiques. En tout cas, les vendeuses sont sympas. Par contre, ces petites villes n’ont décidément aucun charme.

Finalement, la route longe plus ou moins la mer pendant plusieurs kilomètres sous un temps légèrement pluvieux. La prochaine fois, je vient en été. C’est bien la peine de visiter un pays réputé pour ses paysages sous ce temps. Ou alors autant aller en Ecosse. A l’approche de Wellington, l’urbanisation se densifie, la route s’agrandit d’une voie et le trafic augmente notablement. Surtout, sans prévenir, ce qui était une autoroute se transforme en rue et je me retrouve projeté dans le centre ville de Wellington avant de comprendre ce qui m’arrive. En même temps, ça tombe bien, mon hostel s’y trouve. Au passage, je retrouve avec joie et délectation la joie masochiste qui consiste à trouver son hôtel en automobile et se garer dans une ville moderne. Au moins, l’auberge est bien située.

Première impression de Wellington ? Mmmmh, c’est pas très joli et un brin endormi.

La vallée volcanique de Waimangu

Je ne voudrais pas que vous croyiez que je suis tout le temps négatif alors je vais tout de suite énumérer les choses à faire autour de Rotorua. Si vous êtes venu pour visiter uniquement la ville, vous vous êtes planté. Non, ici, tout est une question de nature.

Autour de la ville, vous pouvez visiter un petit village Maori recréé au milieu de la forêt et y assister à des cérémonies traditionnelles, faire une ballade en bateau sur le lac, emprunter les circuits VTT des environs ou quelques chemins de randonnée notamment l’ascension des quelques petits volcans autour du lac, sauter à l’élastique (et puis quoi encore?) et bien entendu, visiter quelques sources géothermiques. Lorsqu’il fait un temps pourri digne d’un mois de novembre en Bourgogne, les options se resserrent, surtout que maintenant, je tente désespérément de retrouver 100% de mes capacités respiratoires donc il est hors de question, par exemple, de rester assis une demi-heure dans le froid et la pluie à se faire terroriser par de grands polynésiens aux yeux exhorbités effectuant un haka à l’allure belliqueuse (même si on me certifie que c’est une cérémonie de bienvenue et qu’il ne faut pas prendre toute décapitation au pied de la lettre).

A quelques kilomètres au sud de Rotorua se trouve la vallée volcanique de Waimangu. Comme son nom l’indique, même si parfois les choses peuvent être trompeuses, il s’agit d’une vallée riche en activité volcanique de toutes sortes, explosion violente et coulée de lave destructrice exclus. C’est tout de même un site pour touristes et bien qu’ils fassent payer à l’entrée, il s’agit que le flot de clients ne se tarisse pas. Je part donc un après midi pour y aller faire une petite randonnée.

La pluie fine qui tombait sur la ville s’est transformée en trombes d’eau et après m’être jeté dans le centre des visiteurs à l’entrée de la vallée, je désespère. A l’accueil, une dame me conseille un peu penaude de tenter malgré tout le chemin principal qui mène au lac et qui relie les principales curiosités. D’autres personnes viennent de partir tenter l’excursion et elle peut même me fournir gratuitement un parapluie. C’est ça ou rentrer à l’auberge de jeunesse me remettre à travailler.

Quelques minutes plus tard, plus léger de quelques dollars, je marche à l’abri de mon parapluie multicolore géant le long d’un chemin légèrement descendant. La végétation est luxuriante, ce qui n’a rien d’étonnant, même si je me doute qu’elle n’a pas poussée dans la journée grâce à cette satanée pluie. Ce n’est pas une végétation tropicale mais on dirait une sorte de forêt primaire. Rapidement, je me réchauffe en marchant et je ne tarde pas à arriver au premier point de vue au dessus d’un petit lac au fond d’un creux de terrain, d’un bleu vif éclatant. Des minces volutes de vapeur remontent à sens inverse des gouttes d’eau.

Un peu plus loin et un peu plus tard, je longe un petit ruisseau bouillonnant surgit d’une crevasse à flanc de terrain. De la même façon, des volutes de vapeur en émergent, donnant une idée approximative de sa température, entre un thé bien chaud et une douche brûlante. Bien que l’idée de me baigner dans ses eaux fumantes m’est venu, je me la suit instinctivement déconseillée à la vue des dépôts colorées vert, bleu et orange aux aspects de pollution industrielle que l’on trouve le long du ruisseau.

A un autre endroit, ce sont des petites sources d’eau à la température létale qui bouillonnent alors que les gouttes de pluie viennent s’exploser dans un bruit de friture à leurs contact. Autour de ces sources, des croutes de silicates aux trainées multicolores éloignent la végétation à distance respectueuse. N’empêche que certaines plantes n’ont pas l’air d’être particulièrement dérangées d’être irriguée par cette eau chaude et chargée de minéraux que je soupçonne de ne pas être essentiels. D’ailleurs, maintenant que j’y pense, les maoris du coin, non plus, n’avaient pas l’air d’être dérangés par cette eau. Ils se servaient de ces sources comme de fours en y plongeant des paniers fait d’une herbe très dure endémique (flax). Bien entendu, les paniers étaient remplis de mets à cuire, comme du poisson ou une pizza surgelée, sinon ça n’a pas de sens. Mes sources (encore un autre jeu de mot, tient) ne m’indiquent pas s’ils ressortaient couverts d’une appétissante croute bleue de sulfate de cuivre ou assaisonnés au souffre.

Cette activité se concentre au fond d’un vallon où coule le fameux ruisseau bouillonnant, que je suit à pied alors que la pluie commence progressivement à s’adoucir. De temps en temps, indiqué par des panneaux, des trous ou des crevasses dans les flancs du terrain laissent s’échapper de la vapeur. Au dessus, les collines sont couvertes d’une riche et dense végétation se perdant dans les nuages bas.

Finalement, je rejoint après une petite heure de marche une famille, quasiment au bout du chemin qui se termine sur les rives d’un lac où se jette le ruisseau, maintenant à température suffisante pour y plonger un doigt sans hurler de douleur. Ce que je ne fais pas. Le plafond bas et la fine pluie empêche toute visibilité. Fort heureusement, un bus faisant la navette nous récupère et nous remonte vers le centre d’accueil, rebroussant chemin plus ou moins le long du vallon.

Mais de tout cela, vous êtes obligé de me croire sur parole. Vous ne pensez pas que j’allai embarquer mon appareil photo alors qu’il tombait des cordes ?

Rotorua

Il y a plusieurs façon de voyager. Tenez, par exemple, on peut potasser son Lonely Planet ou Guide du Routard (selon ses préférences) trois mois à l’avance, lire au moins quatre livres d’histoire du pays, deux romans, un film et organiser un voyage au plus serré pour ne rien rater. Jusqu’ici, ce n’est pas ce que j’ai fait. Du coup, je n’arrête pas d’être surpris pas la Nouvelle-Zélande car, hormis certains paysages, je n’ai aucune idée de ce qui m’attend. L’inconvénient de cette technique c’est qu’il est fort possible que je passe à côté de certains lieux totalement incontournables que j’aurai inconsciemment contourné.

Je ment un peu d’ailleurs en affirmant n’avoir rien préparé pour ce pays. J’ai tout de même eu une discussion avec Jane, la nouvelle-zélandaise croisée à Darwin avec son mari Nick, qui m’a donné deux trois idées de choses à faire jugées vraiment chouettes dans l’île du nord. Ce que j’ai retenu c’est que la partie centrale de l’île est particulièrement volcanique.

Rotorua n’est pas au centre de l’île mais n’empêche que c’est particulièrement volcanique dans les environs. D’ailleurs, un soupçon d’odeur de souffre plane dans les rues de la ville émanant des nombreuses sources géothermiques. Ça ne fait rien pour augmenter l’attrait de cette petite bourgade qui suit un classique plan en grille que bordent des bâtiments et magasins de plein pied. C’est une sorte de Matamata en plus grand, si vous voyez ce que je veux dire. Si vous ne le voyez pas, vous êtes quand même bien capable de l’imaginer : ce n’est pas spécialement dynamique, surtout les nuits de fin d’hiver. Il doit bien y avoir un ou deux bars sympathiques mais à l’heure où je feint de vous écrire par l’emploi du présent narratif, je suis au Youth Hostel Association de Rotorua, légèrement en retrait du CBD.

Après mon après midi dans le Comté, je suis arrivé en début de soirée en ville et une fois récupéré mon lit dans une chambrée de quatre surchauffée par une centrale géothermique, part à la recherche de quoi me restaurer. Je n’y passe pas non plus des heures car je dois vous avouer quelque chose : ça fait bien cinq jours que j’ai des petits soucis de santé. Jusqu’ici tout était parfait mais je soupçonne les fraiches soirées de Melbourne et notamment ce fameux match assez venteux au sommet du MCG d’avoir entamé ma santé. Les choses se sont doucement dégradées depuis mes premières nuits à Sydney et je passe maintenant mon temps à déglutir des lames de rasoir ou du verre pilé, selon l’éloignement de ma dernière succion de pastilles Strepsils extra-fortes aux anesthésiants. La nuit, je bascule en mode survie en tentant de respirer à travers une trachée obstruée par des substances dont je suis quasiment certain produire moi même mais sans en avoir donné l’ordre. Ce doit être mon système immunitaire qui tente des choses mais sans en mesurer les conséquences sur mon alimentation en oxygène. Tout ça pour dire que ça commence à bien faire les températures en dessous de 20°C.

Dans un élan d’auto-médicamentation, je décide donc de m’arrêter à un restaurant « cuisines sud-américaines » et commande une tequilla brute en apéritif suivi d’enchiladas extra-fortes. La serveuse m’apporte la boisson en m’avouant que ce n’est pas commun. Ce n’est non plus pas très efficace et hormis une douce chaleur qui m’envahit et un goût vraiment moyen dans la bouche, je ne le recommande pas. J’avale donc mes enchiladas, moyennement épicées et repart pour une nouvelle nuit en apnée.

Avec tout ça, le lendemain, je décide de prendre des mesures drastiques. Je veux bien attendre trois autres jours que ça se soigne tout seul mais ça va sérieusement me gâcher le voyage. C’est donc dans un cabinet de médecin que je me retrouve en mâtinée à attendre mon tour. C’est d’ailleurs finalement une bonne idée car ça me permet d’avoir un aperçu d’un système de santé étranger. On devrait tous tomber malade pendant nos voyages.

Déjà, le cabinet que j’ai choisi, un peu par hasard, regroupe plusieurs médecins de différentes spécialités. Une pharmacie est attenante à la salle d’attente et les prix affichés au dessus des bureaux des secrétaires. On me demande mon assurance santé internationale, ce qui est une bonne chose car la consultation est facturée 150$ en tant que non résident, soit environ 90€. Pour les résidents, ma mémoire faibli mais je crois bien que c’était autour de 20$. Si jamais le médecin m’annonce que c’est un bête rhume, ça fera cher le rhume.

Heureusement, une fois la consultation effectuée par un médecin sympathique avec qui je parle voyage, forcément, il me prescrit des antibiotiques. Ce n’est sans doute pas systématique mais dans un soucis d’efficacité, je n’en attendais pas moins. De toute façon, avec moi, c’est toujours efficace vu que j’en prend rarement. Si je me permet un petit saut dans le temps, au bout de 24h, ça allait déjà beaucoup mieux et le jour suivant, c’était réglé.

Au moment de réglé au secrétariat, encore une fois, ma carte bleue refuse la transaction et je repart dans le froid retirer de l’argent liquide. Depuis un semaine, en tâche de fond, je tente de joindre mon banquier par e-mail pour lui demander des explications. Cet abruti ainsi que son remplaçant car il est en vacances, ne savent manifestement pas utiliser ce moyen de communication car je n’ai aucune nouvelle. C’est donc toujours avec angoisse que règle mes factures.

Mais Rotorua, ce n’est pas qu’une ville où on peut se faire soigner efficacement des petits maux. En vérité c’est même une ville où on peut se faire soigner des grands. Enfin, ça l’était. Et encore. On n’est pas particulièrement sur du taux de réussite, finalement, même si, à l’époque, les gens y accourait. DSC_7955_DxOMais de quoi parle-je ? Tout simplement de l’industrie thermale de la ville qui est d’ailleurs la source (si je puis m’exprimer z’ainsi par un jeu de mot facile) de son développement avec le tourisme. De cette époque ne restent que quelques bâtiments à l’architecture originale, l’office du tourisme et le musée. Ce dernier est abrité dans les anciennes thermes de la ville et je suis allé y effectuer une petite visite sous la conduite d’un guide bénévole d’une soixantaine d’année fort sympathique, en compagnie d’un couple de néo-zélandais. Un peu comme Steve, je le trouve fort agréable, chaleureux et gentil. Pour le moment, les nouveaux-zélandais (pour changer) sont sympathiques. D’ailleurs il nous apprend que sa femme est maori. Pourquoi je vous dis ça ? Et bien parce qu’une section du musée est dédié à la culture Maori des environs. Mais je vous en parlerai une autre fois.

C’est un endroit qui craint un peu côté volcanisme vu que c’est pas mal actif. Hier ou à peine, en 1886, il y a eu une explosion du Mont Tarawera (vous n’êtes pas obligé de retenir le nom, ce ne sera pas à l’examen) qui a tué 150 personnes et entièrement détruit deux magnifiques cascades de terrasses de silicates blanches et roses, célèbres jusqu’en Angleterre qui s’avéraient être le clou touristique de la région. Dans les années 50, c’est une coulée de lave qui a enseveli une ligne de chemin de fer et provoqué un accident. Si je m’échappe d’ici avec juste mon mal de gorge, je signe.

DSC_7960_DxOBien que la ville ne soit pas exceptionnelle ou même mignonne (si, ne nous voilons pas la face), elle borde néanmoins un grand lac (le deuxième par la taille de l’île du Nord) avec un volcan en face se reflétant dans ses eaux tranquilles. Autour, sur la rive, des volutes de vapeur et de sulfures hydrogénés s’échappent de crevasses menant directement aux boyaux terrestres. C’est sublime et un tantinet diabolique, surtout cette subtile essence d’oeuf pourri. Enfin. C’est ce qu’on m’a dit. Moi j’ai rien vu car, hormis une micro-parenthèse ensoleillée, il faisait un temps de chien pourri et galeux ou, au mieux, le jour de mon départ le surlendemain, brumeux. Ceci dit, je préfère la brume car au moins, elle est photogénique surtout lorsqu’il y a plein de mouettes à la moue dubitative ou des cignes au port de cou d’aristocrates en fin de race. La pluie, c’est nul.

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