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Au nord d’Adelaïde

DSC_6867_DxOOn dira ce qu’on voudra mais quand on a pas l’habitude, l’immensité monotone du bush, moi, je trouve ça un peu emm… euh ennuyeux. Je ne vous cacherait donc pas que j’étais bien ému de retrouver les paysages verdoyants de la côte. C’est d’ailleurs très amusant de voir à quel point la transition est rapide. On descend un plateau et « bing ! » on se retrouve entre la mer à gauche et les montagnes du massif des Flinders au loin à droite. Entre les deux, des pâturages et des moutons, la plupart du temps les deuxièmes étant situé dans les premiers. Bon sang, j’ai presque l’impression d’être en Écosse au sud d’Aberdeen.

DSC_6861_DxOLa Stuart Highway, qui traverse donc l’Australie du nord au sud, se termine à son extrémité méridionale à la ville de Port Augusta qui par une incroyable coïncidence sémantique se trouve être situé à l’embouchure d’un fleuve. Comme c’est la première véritable petite ville que je croise depuis plus de deux jours, je décide d’aller y jeter un coup d’œil.

Figurez vous que j’ai trouvé ça charmant. J’en suis le premier surpris. Le petit centre ville est bourré de bâtiments anciens au style colonial, dotés de balcons en fer forgé, l’ensemble datant parfois du 18ème siècle. C’est complètement incroyable. Je me sens revivre et je me rend compte à quel point j’ai besoin d’avoir un quota de vieilles choses autour de moi.

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D’un point de vue civilisation anglo-saxonne, cette traversée dans le sens de la hauteur du continent est également un voyage dans le temps. Arrivé au sud, sur la bande côtière, on atteint des zones du pays occupés depuis plus de deux cent ans par les colons britanniques. Le paysage a été transformé pour céder la place à l’agriculture et l’élevage.

DSC_6871_DxOL’arrière pays est relativement montagneux ce qui m’est également extrêmement agréable. Quand à la côte, elle est relativement douce et bordée de quelques marais. Tout cette eau, ça fait un choc. Bien entendu, pourquoi n’en ai-je pas parler plus tôt, les routes sont de nouveaux biscornues et munis de courbes et virages. C’est super dangereux. For heureusement, la bande radio est également de nouveau peuplé de musique et autres talk shows, notamment en DSC_6872_DxOprovenance d’ABC, l’Australian Broadcasting Corporation, l’équivalent de la BBC ici.

Tout ceci est bien beau mais avec le retour à la civilisation revient les emmerdements. Je vous explique. Alors que je me gare dans Port Augusta pour aller manger un bout dans un très joli parc peuplé de peu farouches gros pigeons à crête (la faune de ce pays à le don pour se rendre intéressant), je heurte un peu violemment, je dois bien l’admettre, le trottoir. Je jette un œil au pneu et ne constate rien de particulier.

Je part donc l’esprit tranquille me restaurer et parcourir cette charmante petite ville. Une bonne heure plus tard, me voilà de retour à la voiture. Je reprend la direction d’Adélaïde mais mon ouïe, sans mal, détecte un bruit répétitif et suspect du côté avant gauche du véhicule. Je me gare et tout en jurant intérieurement, constate une profonde coupure dans la gomme et l’aspect dégonflé du pneu. Certes, il vaut mieux cela maintenant qu’en plein milieu du bush mais j’aurai trouvé cela plus épique de détruire un pneu en tentant d’éviter un kangourou bondissant.

Un rapide survol de mon contrat de location me confirme que c’est pour ma pomme. Je repart donc tout doucement à la recherche d’un garage dans un ridicule « cloc, cloc, cloc ». L’australien étant d’un naturel sympathique, deux ou trois personnes me montrent mon pneu en épelant « tire ». Merci, je suis au courant. Je fini par m’arrêter pour demander à une vieille dame le vendeur de pneu le plus proche.

Une demi-heure plus tard, après avoir visité deux garages ne disposant pas de la taille de pneu adéquate (du 195 R 15, c’est quand même pas des pneus d’extra-terrestres, bon sang!), je fini par en trouver un qui en a un en stock. Fort heureusement, au premier garage rencontré, le garagiste avait eu l’amabilité de me remplacer le pneu crevé par le pneu de secours, le tout gratuitement.

Alors que je patiente dans la boutique, j’ai tout loisir pour observer les deux patrons de l’atelier, un père et son fils, tout les deux obèses. Lorsque je dis obèse, je veux bien entendu parler d’obésité à l’américaine. C’est d’ailleurs amusant car le père, barbu, parle très lentement avec un accent australien que j’ai du mal à comprendre. Le fils, lui, a un petit air de Coluche, en plus gros.

D’autres client partent et reviennent dont un vieux monsieur qui vient avec un gros tube en plastique qui ressemble à un snorkel pour son 4×4. D’autres lieux, d’autres types de soucis mécaniques. Encore plus étrange, la plupart du temps, le père s’assoit tranquillement sur une chaise, le regard vide, fixant le mur en face de lui, comme s’il essayait de reprendre son souffle. Pourtant, je ne peux pas affirmer que son travail soit intensif.

Une bonne heure plus tard vient l’heure de payer. L’addition est à hauteur de ce que j’attendais, environ 190$. C’est donc non un certain tremblement inquiet que je tend ma carte bleue au garagiste. Depuis deux jours, elle fait des siennes. Encore raté, transaction refusée. Avec un sourire qui se veut rassurant je demande donc s’il y a un distributeur de billets à proximité. D’une voix douce et nonchalante le père me propose de m’amener en voiture à la station essence à 500m.

Je monte donc dans un gros van, le propriétaire toujours aussi obèse arrivant tout doucement après moi. Deux minutes plus tard, je descend, repère le distributeur à l’intérieur et avec une boule au ventre tente de retirer 200$. Si j’atteins mon plafond de retrait maintenant, c’est les emmerdes assurés. Je vais finir immolé un pneu embrasé autour du cou. J’ai vu ça à la télévision, c’est une mort atroce. Ça passe. Avec l’insolente assurance du gars bourré de cash, je remonte dans le van en lançant une vanne sur la faillibilité de ces cartes de crédit. Il acquiesce poliment mais je ne le sens pas spécialement amusé.

Finalement, tout rentre dans l’ordre et je repart avec un pneu tout neuf en direction d’Adélaïde. Avec tout ça, je n’y serai pas pour la nuit, mais peu importe. Je me pose donc dans un camping quasiment désert en bord de marais. De toute façon, j’aime bien les anecdotes, tant qu’elles ne me tuent pas.

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