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Bord du Saint Laurent

Depuis mon départ de Saïgon (Ho Chi Minh Ville pour les adhérents au parti communiste), je suis légèrement à la diète pour ce qui est de quartiers anciens. Bon, certes, le quartier des Rocks à Sydney date légèrement du 19ème siècle par endroit et en plissant les yeux, de même que certains bâtiments oubliés par mégarde à San Francisco. Hormis cela, côté culture historique, ce n’est pas du niveau européen. Arrivé à Montréal, je me fais donc une joie d’aller me plonger dans la vieille ville histoire de retrouver un terrain familier.

DSC_8627_DxOJe ne me crois pas si bien dire. Le vieux Montréal se situe sur les rives du Saint-Laurent, en face de l’île Notre-Dame où se coure bêtement le grand prix de formule 1, je vous le rappel. En commençant par la place devant la cathédrale jusqu’au grand bâtiment du marché Bonsecours (au magnifique dôme en fer blanc), on emprunte des petites ruelles pavées bordées de bâtiments en pierres grises qui nous téléportent instantanément en Bretagne ou en Normandie. Je me sens quasiment à la maison. C’est bien entendu le quartier des bars et restaurants touristiques. Le marché Bonsecours est également le lieu pour s’acheter des produits d’artisanat ou de design, manger dans des restaurants semi-chic ou assister à des expositions bien que l’attrait principal du lieu, à mon avis, réside dans son architecture extérieure. Mais je ne veux rien imposer.

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Côté choses à faire, hormis flâner le nez en l’air en retenant des larmes d’émotions, il y a l’ancienne maison du gouverneur de la Nouvelle-France à visiter. Ce n’est pas non plus la visite du siècle mais c’est toujours intéressant de se plonger dans l’ambiance du Québec de cette époque. En plus on n’est jamais à l’abri d’y repartir avec une étonnante idée de tournebroche automatique.

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La vieille ville arpentée, vous pouvez revenir dans l’autre sens vers le canal Lachine (toujours pas de contre-pétrie) en longeant les rives du Saint-Laurent. C’est calme et c’est arboré. Au canal, à moins d’être aveugle, il est impossible de ne pas remarquer l’immense bâtiment industriel abandonné qui devait contenir à l’époque les matières premières déversés par les cargos venant de l’Atlantique. Moi, j’adore les bâtiments industriels abandonnés.

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Centre ville

Aujourd’hui, partons faire un petit tour dans le centre ville de Montréal. Le quartier se situe au sud du Mont Royal, entre la colline et le Saint-Laurent. A la sortie du métro, rien de bien fascinant : on pourrait se croire dans n’importe quel downtown d’une grande ville américaine ou un d’un CBD majeur australien. Tout se passe en hauteur, à hauteur de gratte-ciels. Seules les indications en français nous rappellent que nous sommes au Québec.

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Il s’y trouve néanmoins deux particularités vantés dans les guides touristiques. Premièrement, on y trouve la fameuse « ville souterraine », havre de chaleur en temps de grand froid. Je vais être bref à ce sujet car je la trouve particulièrement décevante, cette ville troglodyte. Il s’agit, à mon sens, plus d’un réseau de couloirs souterrains reliants stations de métro, gare et centre commerciaux qu’une véritable ville. A l’intérieur, on a la même impression étouffante que dans n’importe quelle galerie marchande Carrefour, Auchan ou Leclerc (pour ne pas faire de jaloux). Si je suis un tantinet plus neutre, je dois bien avouer qu’on y trouve malgré tout quelques petits artisans (genre des cordonniers) et pas que des grandes enseignes d’habillement.

Alors, effectivement, si votre quotidien consiste à prendre le métro pour rallier votre open space au quatorzième étage d’une des tours du centre ville, puis d’aller manger un sandwich le midi, reprendre le travail à une heure pour ensuite repartir par le même métro à cinq, vous pouvez effectivement effectuer ce manège sans jamais mettre le nez dehors (hormis une fois de retour chez vous). La « ville souterraine » relie en effet la plupart des grands immeubles du centre ville.

DSC_8615_DxOPeut être suis-je plus attiré par l’extérieur (c’est même sur), mais si vous sortez le nez dehors et vous dirigez vers le Mont-Royal, vous ne manquerez pas de tomber sur le cœur de la ville, le campus de l’université McGill. Celui-ci se situe juste au pied, voir à flanc de colline. L’université McGill, c’est un peu l’université d’élite du Québec. Pour vous dire, c’est même la seule que je connais de réputation internationale. Fondée en 1821, elle a notamment comme anciens élèves (d’après Wikipédia), d’illustres inconnus tel que Leonard Cohen, Hubert Reeves et Zbigniew Brzezinski. Pour ce dernier, non seulement j’ai vérifié trois fois l’orthographe de son nom, mais surtout je conçois qu’il ne parle pas à beaucoup de monde. Pour info, c’était l’un des conseillers politique de Jimmy Carter. C’était ça ou Céline Galipeau, au nom bien québécois (et accessoirement, vendéen, comme je l’expliquerai une autre fois), chef d’antenne au téléjournal de Radio-Canada (à prononcer radio-canadza, pour faire local).

L’université McGill est anglophone et c’est son seul défaut dans cet univers québécois. A vrai dire, tout le quartier autour de McGill, soit le centre ville, est au mieux (ou au pire, selon vos penchants) 50% anglophone. Montréal n’est pas une ville totalement québecoise et ça se ressent ici. La plupart des étudiants croisés dans le parc ou les rues avoisinantes parlent anglois (avec un accent américain qui est en réalité également l’accent canadien). Je vous l’ai déjà dit, j’adore les ambiances de campus et celui-ci ne déroge pas à la règle.

DSC_8613_DxOEn remontant les pentes du Mont-Royal le long des chemins forestiers où l’on croise touristes et joggeurs aux visages balayant tout le spectre de cramoisis, on atteint un grand chalet derrière une vaste esplanade dominant le centre ville. A vrai dire, quasiment toute la colline est un parc arboré, poumon vert de la ville, selon l’expression cliché mais consacrée. Quand j’y étais, initiative sympathique de la municipalité, un piano droit était à disposition du public DSC_8618_DxOpour s’exprimer (bien que habillement enchainé). Je croiserai un ou deux autres pianos « gratuits » comme celui-ci à la sortie de stations de métro. Encore plus intéressant, quelques confortables chaises longues sont à disposition, provocant d’immanquables regards jaloux et conspirateurs de la part des touristes debouts. Hors saison, c’est à dire dans un mois, vous pouvez vous réfugier dans le chalet, immense espace vide où se trouve une tout petite cafétéria.

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Bonjour Montréal

Histoire de se débarrasser au plus vite du sujet de l’accent, je vous invite à lancer la petite bande son ci-dessous. Vous serez instantanément transportés dans un petit fast food portugais du plateau Mont-Royal. Considérez que le billet qui suit vous est narré avec un verre de café américain, une bande de jeunes québécois de descendance lusitanienne dans votre dos. Pour une meilleure immersion, un minimum de culture footbalistique est nécessaire.

Qu’il est bon de rentrer chez soi. Finalement, sans m’en rendre compte, je viens de passer quasiment quatre months immergé dans un monde plutôt anglophone, except par intermittence avec de fellow french travellers. Tenez, j’en perd mon vocabulaire. C’est donc avec un grand plaisir que je me retrouve dans l’aéroport Trudeau de Montréal (la tête encore un peu lourde de la dernière soirée californienne) à lire avidement les panneaux en français.

Je souhaiterai que ce blog soit plein d’originalité et totalement dépourvu de clichés mais, c’est indéniable, arriver au Québec provoque un sentiment de retrouvailles avec de lointains et sympathiques cousins que l’on aurait perdu de vue. Passé la première joie consistant à entamer une véritable discussion en français avec une préposée à l’accueil touristique afin de déterminer le meilleur mode de transport pour rejoindre le plateau Mont-Royal (où habite le copain Maxime et sa copine qui m’hébergent pour deux nuits), je dois bien vous avouer qu’on se fait très très rapidement à l’accent local. A vrai dire, je n’ai quasiment pas eu de temps d’adaptation, là faute sans doute aux nombreux artistes québécois immigrés en France et à internet. Tout ceci est finalement très familier et pas plus extrême que d’entendre quelqu’un parler avec l’accent alsacien, picard ou corse. J’ai même plus de difficultés à comprendre les vieux paysans du Tarn.

Le dépaysement n’est pas extrême et surtout pas dans la langue finalement mais peut être plus dans l’attitude. Les gens que je croise sont relativement souriants (même si on n’atteint pas des niveaux américains) et le tutoiement quasi immédiat, notamment dans les café / restaurants où les serveurs / serveuses tutoient sans hésitation. La combinaison des deux donne une impression de convivialité et de détente que j’apprécie énormément.

Mais introduisons un petit peu Montréal, en tout cas, ce que j’en ai retenu. La ville est construite sur les bords du fleuve Saint-Laurent et pas à n’importe quel endroit. Non, les fondateurs ont choisi l’endroit où le fleuve devient innavigable du fait de la présence de rapides. En aval, on rejoint l’Atlantique et en amont, et bien, il faut marcher les amis. C’est un peu ballot, d’autant plus que sans ces foutus rapides, un bateau pourrait rejoindre sans encombre les grands lacs et le cœur du continent américain. On s’est donc retroussé les manches et un petit canal de contournement fut creusé à une époque lointaine mais pas tant que ça puisqu’il faut achevé en 1825 après quatre années de labeur. Rassurez-vous, aucun français ne fut blessé, d’une part parce que le Québec n’était plus français depuis une bonne cinquantaine d’années, mais surtout parce qu’on employa majoritairement des irlandais. Merci le mildiou. Avec tout ça, la ville, à l’origine capitale de la Nouvelle-France, devint le port principal de l’Amérique du Nord (avant d’être supplanter quelques années plus tard par New York).

A cet emplacement, les abords du Saint-Laurent sont totalement plats. S’en est même totalement triste, hormis une petite colline au plat sommet, 200m au dessus du fleuve, à un petit kilomètre des rives que l’on s’empressa de baptiser « Mont Royal » (par l’explorateur Jacques Cartier, peut imaginatif) ce qui, vous l’aurez compris si vous êtes un tantinet attentif, donna son nom à la ville, Montréal. D’ailleurs, ma mémoire me joue des tours mais Wikipédia est là pour y remédier, la ville d’origine fut nommée « Ville-Marie » avant que tout le monde emploi le vocable « Montréal », beaucoup plus classieux. Du haut de cette colline, on y voit loin mais bizarrement, la ville se développa malgré tout sur les rives et surtout, aucune fortification digne de ce nom n’y fut construit malgré le belliqueux voisin anglois au sud.

Pour l’anecdote, et elle n’est pas anodine, à l’emplacement de la ville actuelle au pied du Mont Royal existait un village indien du nom d’Hochelaga. C’était d’ailleurs plus qu’un village car l’explorateur de l’époque (Jacques Cartier, toujours lui, même si j’aurai un billet plus perfide à son sujet plus tard) rapporte environ mille habitants. Il est intéressant de noter que ces indiens étaient sédentaires et alliés des français, dans un ordre totalement aléatoire d’importance. Oui, car dans toutes les guerres opposant les français aux anglais pour le contrôle du territoire canadien (anciennement Nouvelle-France), les tribus indiennes étaient majoritairement alliées aux français, les pauvres.

Mais, nous nous éloignons du sujet qui est, présentement, Montréal. Je reprend. Nous avons un fleuve au sud, une colline au nord et une ville entre les deux. De nos jours, la ville a grandie tout en restant majoritairement circonscrite à l’île de Montréal. Mince, je l’avais complètement oublié cette île, dites moi. Effectivement, le fleuve avec ses multiples bras délimite quelques îles à cet endroit, notamment l’île Montréal (au milieu duquel trône le Mont), la plus grande, et l’île Notre-Dame au sud qui, elle, est totalement artificielle, puisque construite avec la terre excavée lors de la construction du métro. Pourquoi pas. Accessoirement, cette île abrite un parc et un circuit de Formule 1 qui est, avec Monaco, le seul circuit de course intra-muros. Je me demande s’il faut en être fier ?

Tout ça pour dire que c’est en fin d’après midi que je marche le long des rues perpendiculaires et tranquille du Plateau, après un court trajet en bus puis en métro. Arrivé au niveau de l’adresse fourni par Maxime, je les découvre, son amie et lui, en train de fumer tranquillement sur la toute petite terrasse devant leur appartement, profitant des derniers instants de relative douceur du court automne québécois. Mais pour ce qui est de la météo locale, ce sera pour une autre fois.

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San Fran by Night

C’est toujours un plaisir de parcourir une ville à partir du crépuscule. A San Francisco, la remontée de Columbus Avenue permet de traverser des quartiers progressivement festifs au pied de Telegraph Hill. La nuit, clubs, café, restaurants et boites de jazz ou de strip, s’y animent. Au coin d’une rue, un vieille immeuble en fer à repasser se découpe sur l’arrière plan moderne du downtown. Au rez-de-chaussé, le Café Zoetrope. Pour les cinéphiles, Francis Ford Copolla n’est pas loin.

De l’autre côté de la baie, c’est l’occasion de profiter de magnifiques couchés de soleil face au Golden Gate, à l’autre bout du Bay Bridge ou du reflet lunaire sur les marinas endormies d’Emeryville, non loin des studios Pixar.

Mais chuuuut, place aux images.

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Sonoma

Le lendemain matin, je me lève tôt et quitte mon motel moisi de Vallejo vers les 8h30 après un minuscule petit déjeuner gratuit offert dans le bureau de l’accueil. Que me vaut ce réveil matinal hormis l’insupportable odeur de déodorant bas de gamme qui sature la chambre ? Aujourd’hui j’ai cassé la tirelire en m’offrant une visite guidée des vignobles de la Sonoma valley… à vélo.

Ça fait bien longtemps que je n’ai pas effectué une ballade à vélo (enfin, pas tant que ça, puisque la dernière ballade remonte à Rarontonga). Je voudrais donc faire de même ici mais vu mon échec patent à trouver en voiture des chemins sympathiques dans la Napa valley, je me suis dit qu’il valait mieux assurer un minimum en effectuant cela avec une personne du cru. Pédaler toute la journée à se casser le nez devant des clôtures, ça va bien cinq minutes. Une recherche internet plus tard (c’est vachement pratique ce truc, il n’y a pas à dire), j’envoi un mail pour réserver un tour guidé en VTT le lendemain matin auprès d’un magasin spécialisé de Sonoma. Sonoma, c’est, comme son nom l’indique, le chef lieu de la vallée.

DSC_8577_DxOD’ailleurs, un petit point géographique s’impose vu ma façon apparemment très légère de parler alternativement de la vallée de Sonoma et de Napa. Les deux sont voisines, tellement voisines que parfois, on se demande où fini l’une et commence l’autre. Elles s’étirent toutes les deux du nord au sud en baignant les rives de la baie de San Pablo, au nord de San Francisco.

Ce petit tour à vélo coûte un bras. Pour le coup, c’est presque 200$ la journée, location de vélo, dégustations et déjeuner compris. Décidément, il est loin le Vietnam et sa location de vélo à 1 euros la journée. Mais fini les grommellement. On est ici pour profiter à la fois de ce que la région a à offrir et de l’impeccable météo du jour.

DSC_8558_DxOJ’arrive donc vers les 9h15 dans la ville de Sonoma, un peu en avance. Voilà une petite ville qui a du charme, tenez. Contrairement à sa cousine, Napa, bourgeoise, Sonoma a une atmosphère un peu plus nonchalante. L’endroit est également moins étendu et le centre ville se concentre plus ou moins autour d’un petit parc arboré et le long de Broadway, la grande rue qui part vers le sud. Tout autour l’architecture est un mélange entre far-west et hispanique très sympathique, certains bâtiments étant incroyablement anciens pour DSC_8557_DxOle pays. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant, la ville de Sonoma ayant été bâtie autour de la mission espagnole du même nom, encore debout et que l’on peut visiter. Quelques petits cafés avec terrasse et des restaurants achèvent de donner une ambiance tranquillement « bon vivant » à la ville.

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DSC_8569_DxOJe pénètre donc un peu en avance dans le magasin de cycles de Broadway et suis accueilli par deux jeunes femmes dynamiques en short et haut cycliste, une petite brune et une blonde qui, comme souvent aux Etats-Unis, se fendent d’un grand sourire et d’un « hi » enthousiaste. A l’annonce de mon nom, le sourire se crispe un peu. Le tour que j’avais réservé est annulé, faute de participants mais, avant que je puisse protester, elles me proposent de me raccrocher au tour de la vallée de Napa, un peu moins dur physiquement, mais plus long. Allez, après tout, l’important est de pédaler dans les vignobles et de gouter du vin, sans parler du prix qui est plus avantageux. A mon acquiescement, les grands sourires reviennent et quelques « cool » leur échappe. A tout les coup, elles s’imaginaient devoir affronter un client difficile. On passe donc le quart d’heure d’attente avant le départ à papoter. Alors que nous parlons voyages, j’en viens à fournir à la blonde les références du Phong Nha Farm Stay au Vietnam au cas ou elle souhaiterai postuler en tant que guide à vélo.

Nous sommes rejoint finalement par notre guide, Jerry, un grand cinquantenaire athlétique aux cheveux gris coupés court et à la voix calme et mesurée saupoudré de juste ce qu’il faut d’humour. Les quatre autres clients sont un couple d’américains de l’Oregon et un couple de mexicains de la Ciudad de Mexico. Nous montons tous dans un van avec les vélos et après un petit quart d’heure de route, sommes prêts, casques sur la tête (on n’est plus au tiers monde, ici) et vélos entre les jambes. Sans surprise, Jerry nous sert un petit discours sécuritaire sur le mode « faites attention aux voitures », bien loin de mes expériences en deux roues indo-vietnamiennes.

Ce petit groupe s’avère idéal pour ce genre de ballade. Chacun profite des explications de Jerry et peut l’interroger sans devoir s’imposer. Physiquement, c’est un rythme de ballade et cette partie de la vallée, au sud, s’avère peu vallonnée. Sous un franc soleil nous profitons donc agréablement de petites routes tranquilles et des larges chemins entre les vignes.

Je ne manque pas de noter quelques petites différences entre les vignobles de Bourgogne et ceux-ci. Les vignes y sont plus hautes, notamment. Il y a également de nombreux appareils et DSC_8551_DxOstratagèmes pour éloigner les oiseaux, la plaie de la région semble t’il. Néanmoins, je retrouve au fil des explications de notre guide la même ambiance et les mêmes rythmes saisonnier de toutes régions viticole. D’ailleurs, la région commence tout doucement à attaquer les vendanges, moment parfait pour effectuer la visite.

La vallée de Napa contient plusieurs terroirs du nord au sud. La haute vallée au nord possède le plus de relief alors que la basse vallée où nous sommes et assez sablonneuse. Au sommet DSC_8555_DxOd’une petite butte au milieu d’une parcelle, Jerry nous fait un rapide descriptif du panorama bordant la baie de San Pablo. Les rives sont marécageuses et abritent des oiseaux alors qu’à l’ouest elle est bordée par les montagnes côtières et notamment le mont Tamalpais, dans le comté de Marin, au nord du Golden Gate, où, selon la légende, les premiers VTT furent inventés et utilisés dans les années ’70.

DSC_8552_DxOEntre ces moment de pédalages, nous effectuons des arrêts dans des domaines, chacun avec une petite spécificité. Le premier, Bouchaine, est un grand domaine de la région (sans être un méga domaine propriété de grands groupes agro-alimentaires). Le deuxième, McKenzie-Mueller est beaucoup plus modeste et familiale alors que le dernier, Ceja, symbole de la réussite américaine, a été fondé il y a moins de quinze ans par une famille d’immigrés mexicains, venus à Napa comme de nombreux autres pour récolter le raisin.

A chacun des arrêts nous sommes accueillis avec le sourire et profitons de la dégustation d’une poignée de vins, blancs et rouges, chardonnay, merlot, pinot ou cabernet-sauvignon. D’ailleurs, je ne manque pas de faire remarquer, profitant d’une dégustation particulièrement chaleureuse et sans chi-chis avec la fille du domaine de McKenzie-Muller, cette particularité de nommer les vins en fonction du cépage. Chaque domaine propose son « merlot », son « cabernet-sauvignon » (ou « cab’ » comme ils disent ici) ou son « pinot » et c’est le cépage qui est mis en avant plutôt que le terroir, contrairement à la France ou l’Italie. Chaque domaine cherche à proposer une offre très large de vins rouges, blancs, sucrés ou secs. On est très loin des mono-cépages exclusifs bourguignons.

Ce qui fait chaud au cœur, et ces domaines n’ont sans doute pas été choisis au hasard, c’est de constater la passion qui anime ces viticulteurs. Vendange oblige, bien que la plupart entament une période de travail intense, ils ont quand même du plaisir à nous faire gouter leur vin (et à y gouter également). Entre la sympathique fille McKenzie-Mueller avec qui on rigole de son accent français (Cabeurnay sovïnionne) et qui nous fait visiter les pressoirs (avec une dégustation du délicieux premier jus) ou la fille d’Armando et Amélia Céja, les deux fondateurs, qui ne peut pas s’empêcher de boire avec nous chaque vin qu’elle nous sert, je dois dire que l’on ressort de là avec une belle image des gens de la région, beaucoup plus positive que les premières impressions industrielles glanées lors de ma reconnaissance en voiture.

En tout cas, bien que n’étant pas un fin spécialiste de la chose vinicole, je dois dire que ces vins de la Napa que l’on nous propose sont loin d’être désagréables. Ils sont même pour la plupart particulièrement bons. Je ne vous surprendrait pas en vous annonçant qu’ils sont également particulièrement chers, une bouteille se vendant rapidement entre 20 et 40 dollars. L’alcool aidant, je craque et achète une ou deux bouteilles de rouge pour Sam et Claire ainsi qu’un blanc particulièrement doux, à la limite du sirupeux pour les amis de Montréal.

Inutile de préciser qu’avec tout ce vin et cette convivialité, le déjeuner en plein soleil est l’occasion de discuter et de découvrir mes comparses. Jerry nous offre une salade composée et des wraps, le tout d’une bonne facture, que l’on déguste tranquillement en discutant. C’est avec une grande ouverture beaucoup moins réservée que lors de mes tours en Australie que chacun parle de son parcourt.

Commençons d’abord par notre guide qui nous énumère son parcourt de vie assez varié avec notamment un passage dans l’armée. Actuellement, en plus de faire des visites guidées à vélo il est également consultant indépendant dans le domaine de la formation, travaillant de chez lui. La belle vie en somme. Il habite une région agréable et alterne le travail en intérieur avec de jolis moment à l’extérieur au contact de gens variés.

Le couple de l’Oregon quand à eux, travaillent dans le milieu du vin dans la région de Willamette, au sud de Portland. Je découvre grâce à eux cette région qui semble t’il est également un terroir de qualité, bien que moins connu qu’ici. Paul, le mari, s’occupe de logistique dans le domaine.

Quand aux deux chilangos, Annah et Miguel, bien que plus réservés à l’origine, ils ne tardent pas à s’ouvrir un peu. Annah, avocate, et Miguel, écrivain, sont ici en vacances. Avec eux je ne tarde pas à parler un peu de Mexico et de cette affreuse coutume locale qui consiste à boire une bière accompagné d’un verre de mescal.

L’après midi s’achève tranquillement et nous retrouvons notre mini-bus pour nous ramener à Sonoma. C’est au cours du trajet que je discute avec Kayla, la petite brune du matin. Nous avons abandonné Jerry et je me retrouve dans le siège passager. A l’unanimité nous acceptons la proposition de notre chauffeur de rentrer par les petites routes. Elle nous fait découvrir l’aspect un peu moins joyeux de la région, ce prix astronomique de l’immobilier qui pousse les travailleurs modestes de la région a habiter loin où à se loger dans des appartements minuscules et de mauvaise qualité. Sous la pression combinée de l’industrie viticole qui achète des parcelles cultivables à prix d’or et les riches employés des industries high tech de la baie, une maison se négocie à partir d’un million de dollars. Sans surprise, de nombreux habitants de Sonoma et de Napa sont obligés de prendre deux emplois pour s’en sortir.

Avec tout ça, je fini l’après midi sous une lumière orangée en déambulant dans Sonoma. Histoire de cuver un peu.