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Lower East Side

S’il y a bien une chose auquel j’ai pris goût pendant ce voyage, c’est les visites avec un guide, de préférence en petit comité et à pied ou à vélo. Du coup, pour se faire plaisir je décide de réserver par internet pour une visite guidée du Lower East Side, la pointe sud de Manhattan, l’endroit le plus ancien de la ville.

DSC_9201_DxORendez-vous est donc donné le lendemain matin à la sortie de la station de métro « Bowling Green », devant le bâtiment appelé « Customs House ». Après quelques minutes à chercher sans succès, je décide d’interroger un policier pour trouver mon chemin. C’est dans ces moments là qu’on se dit que l’immigration à New York est vraiment galopante et que les trois quarts des habitants ne sont pas d’ici, y compris les policiers. La preuve, avec son accent hispanique il m’avoue dépité ne pas connaître le bâtiment. Ça me semble fort ça qu’une société touristique donne rendez-vous devant un bâtiment inconnu. Je continu donc à tourner en rond autour de la station de métro avant de finalement, en levant la tête, découvrir gravé sur le fronton d’un majestueux bâtiment néo-classique l’inscription « U.S. Customs House », quasiment impossible à rater. J’avais oublié que cette ville est verticale. Pour excuser le policier, c’est dorénavant le lieu du National Museum of the American-Indian.

J’attend donc un petit moment avant que diverses autres personnes viennent timidement s’agglutiner autour des marches du bâtiment. Finalement, un gros gaillard noir, trentenaire à l’aspect poupin, portant lunettes et barbe fine s’approche de nous un petit fascicule sous le coude en se présentant, Lebel Porter, notre guide et accessoirement professeur d’histoire. Le gars est sympathique et avec une voix calme et agréable nous explique le parcours.

DSC_9214_DxOLe Lower East Side c’est le lieu de la Nouvelle Amsterdam, la colonie hollandaise qui précéda New-York. On y trouve encore quelques rares bâtisses typiques de l’architecture amsteldamoise (pas peu fier de connaître cet adjectif, moi) mais la plupart ont disparu dans un grand incendie. C’est également l’endroit de la ville ou la numérotation des rues et leur perpendicularité vole en éclat. Ici on est dans un schéma de vieille ville bien que l’endroit regorge de gigantesques buildings. Le plus ancien bâtiment de la ville, Fraunces Tavern, si trouve, datant plus ou moins du 18ème siècle. Ce manque flagrant de précision est du à la relative inauthenticité du bâtiment qui a été tellement rénové qu’il ne contient que très peu d’éléments d’époque.

Récemment la mairie de la ville a décidé de préserver quelques bâtiments plus anciens ce qui est assez exceptionnel ici, notamment quand on pense à la formidable pression immobilière autour. Le Lower East Side, c’est un des endroits les plus chers au monde, notamment car il héberge la finance mondiale (je me sens sale rien qu’à l’écrire). Le nouveau World Trade Center s’y trouve ainsi que Wall Street un peu plus à l’est. Je vous ai épargné la photo. J’avais trop peur de me faire arrêter par les flics, la rue étant sérieusement surveillée. D’ailleurs son accès est toujours interdit à la circulation.

DSC_9232_DxOLe Lower East Side, c’est pas mal, mais ça pue le trader et le fric gagné facilement. Fort heureusement, un peu plus à l’est, on trouve le pont de Brooklyn qui permet de traverser l’East River et surtout de bénéficier d’une petite vue sur les grattes ciels du district financier.

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Comme souvent à New-York, les frontières ne sont pas très nettes et au nord du district on trouve quatre bâtiments de types « projects » en briques rouges maronnasses si tristes par jour couvert. Ce doit être très bizarre d’être habitant là bas et d’avoir une vue quotidienne sur les immenses tours de verres des grandes firmes de la finance.

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Le Met

Le Metropolitan Museum of Art, ou le « Met » pour les intimes, c’est un des musées géants du monde, de l’acabit du Louvre même si, cri du coq oblige, il ne lui arrive pas à la cheville gauche. L’auguste bâtiment néo-classique se situe au milieu de Central Park, côté est. Oui, tout à fait, en plein Upper East Side. Vous avez bien retenu votre leçon.

DSC_9180_DxOPour commencer, sachez que l’entrée est gratuite mais qu’une donation d’une vingtaine de dollars est fortement appréciée. Ne soyons pas chiches, d’autant plus qu’aujourd’hui, c’est nocturne. Huit heures plus tard, j’y étais encore, tellement c’est riche.

Les galeries contiennent des collections de peintures, statues (qu’est-ce qu’ils étaient fortiches les grecs et les romains), bijoux, instruments de musiques, armures, armes, parchemins de différentes époques, classées par thèmes et civilisations. On trouve aussi quelques pièces plutôt moderne dont un étrange et fascinant (bien que morbide) cadavre de cerf recouvert de boules de verre.

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Pour couronner le tout, aujourd’hui également, à certains endroits des animateurs sont chargés de faire vivre tout cela sous la forme de contes, musiques ou danses. J’assiste donc à la narration de quelques contes porto-ricains. Tout ceci donne vie à la visite, même si c’est parfois un peu agaçant d’être rameuté par l’animatrice du musée alors qu’on a juste envie de déambuler tranquillement.

DSC_9180_DxOLe point original du musée, et dans une certaine mesure plutôt américain dans la démarche (tout dans la démesure), est de contenir des reconstitutions de bâtiments de différentes époques voir des éléments d’origines amenés à New-York de leur pays d’origine. Le plus célèbre est bien entendu le temple égyptien abrité sous une immense verrière et entouré d’eau. Mais on trouve également à l’intérieur une façade d’immeuble du 18ème siècle, des reconstitutions d’intérieurs de différentes époques (notamment le 18ème français) dont ma préférée est le salon d’une des maisons les plus célèbres de l’architecte Frank Lloyd Wright.

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Pour ceux qui ne connaissent pas, Frank Lloyd Wright est un des architectes majeures surtout de l’entre deux guerres, en plein art déco. Moi, je suis fan, et encore plus après avoir vu cet intérieur, incroyablement moderne, je trouve, et indémodable même quasiment un siècle plus tard. En plus, il n’y a aucun petits nœuds chichiteux ou coussins à fanfreluches ridicules. C’est tout en classieuse sobriété.

DSC_9189_DxOEncore plus extrême dans la reconstitution, le Met détient également un cloitre moyenâgeux français entier, installé sur le bord de l’Hudson, d’origine bien entendu pour que ce soit encore plus dans la démesure. Je ne l’ai pas visité. Les cloitres, depuis Cluny, je crois en avoir fait le tour.

Central Park

Tout le monde connait Central Park. Enfin, quand même ? Il suffit de regarder quelques films hollywoodiens ou une poignée de série télé pour en entendre parler. Il est plutôt immense bien que plutôt long que large. A part ça, c’est un parc urbain entouré de hauts buildings donc il ne faut pas trop espérer avoir l’illusion de se retrouver à la campagne.

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DSC_9149_DxOL’américain moyen dans une grande ville urbaine est sportif ou peut être bien que le fait que la grande majorité des new yorkais sportifs viennent exercer leur sport dans le grand parc central. Ceci donne l’illusion que tout le monde court. Dans les allées (qui ressemblent plus à des routes pour les plus grandes) c’est un flot continu de joggers, marcheurs et cyclistes que l’on croise, chacun exerçant son activité avec le plus grand sérieux.

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Hormis d’immenses plans d’eau, le parc contient également des terrains de tennis et de football, tous également remplis. On est samedi. Autour des terrains de foot une ribambelle d’équipes de gamins s’entrainent sous le regard d’une horde de « soccer moms ». Pour le coup, voici une activité du samedi semblable à de nombreux autres endroits des Etats-Unis.

DSC_9158_DxOJe prend un chemin forestier pour quitter légèrement la foule. Dans les bosquets, un autre groupe de gamins et leurs parents pratiquent la course d’orientation. Un peu plus loin, un grand bassin abrite des petites régates de voiliers téléguidés. Encore plus loin, un étang artificiel au milieu de rochers est surplombé par un bâtiment néo-ancien à l’allure romantique.

Je trouve tout ceci fort sympathique mais pas franchement emballant. Ça manque de montagnes à pertes de vues et de falaises à couper le souffle. Les urbains se contentent vraiment de peu…

Vivre à NYC

Christine V. est d’origine porto-ricaine. A New York, c’est plutôt commun. Née ici, élevée ici, étudiée ici, travaillant ici. C’est une pure New Yorkaise. Exactement, comme Woody Allen, Martin Scorcese, Robert de Niro ou encore dix millions d’autres habitants de la grosse pomme.

DSC_9198_DxOElle loue un petit F2 de 30m2 dans un immeuble à loyer modéré sur la 100ème rue est, quasiment au coin de Lexington avenue (si vous avez lu le précédent billet vous devriez avoir poussé un petit «je vois» doublé d’un léger hochement de tête). Par loyer modéré, j’entend un loyer autour de 1000$ par mois ce qui, à l’échelle de l’immobilier local, est honteusement bon marché. Et oui, aux Etats-Unis, pays de l’ultra-libéralisme pour beaucoup de gens, il y a également des logements « sociaux ». D’ailleurs, à NYC (afin de m’éviter de pénibles hésitations, à savoir s’il faut écrire New-York avec ou sans tiret, je vais dorénavant utiliser cette pratique petite abréviation), ils portent le doux nom de « projects ». Habiter dans un « project » c’est signe de pauvreté ou de déclassement social. C’est en tout point synonyme de HLM en France.

Christine n’habite pas dans un « project » mais le loyer de son appartement est néanmoins contrôlé. Trois immeubles de « projects » occupent un terrain un bloc plus bas (vous aurez tout de suite compris que par « plus bas », il s’entend plus proche du downtown, donc, au sud) et le quartier est populaire. Pour rappel, un bloc est le rectangle de terrain délimité par deux rues et deux avenues. En face de son immeuble se trouve un dépôt de bus de la MTA, à droite, au bout de la rue un bloc plus loin se trouve en hauteur la ligne de chemin de fer remontant au nord. La voie matérialise une frontière physique, hormis pour quelques passages, avec l’Upper East Side, beaucoup plus classe. Ici, le cœur et la vie du quartier sont le long de Lexington Avenue. Au delà de la 110ème, au nord, comme le veut la chanson de Bobby Womack, c’est Harlem notamment de ce côté-ci, East Harlem, plutôt hispanique.

Dans les années 2000, NYC c’est pacifiée, certain diront de force, sous la coupelle du maire Rudolph Giulianni. Harlem et le Bronx ont vu leur taux de criminalité ramené à un niveau normal. Maintenant, tout est paisible et si une grande partie de la population défavorisée y réside encore, la lente gentrification remonte doucement vers le nord.

DSC_9139_DxOChristine habite au sud de la 110ème. Le quartier, sympathique, mélange blacks, blancs et latinos, tout ce monde oscillant entre très modestes employés et bobo à poussettes. Des cafés, bars, superettes, laveries automatiques et autres petits commerces procurent l’indispensable le long de l’avenue, le tout noyé dans l’incessant bruit de fond de la ville, véritable signature sonore de NYC : hululement de sirènes de police ou d’ambulances, klaxons, bruits de trafic et de climatisation.

Christine habite au cinquième étage de son immeuble. La porte de son appartement, comme la dizaine d’autres de son étage, donne au fond d’un couloir blanc jauni miteux dénué de toute humanité. Comme souvent constaté aux US, la qualité de fabrication n’est vraiment pas au top mais vu que c’est un immeuble à loyer modéré, tout ceci n’est pas surprenant. Simple vitrage, climatisation hors d’âge peinant à repousser la chaleur poisseuse de cet été indien et murs fins attestent de la qualité de l’ouvrage. Le bruit de fond est permanent quand ce n’est pas la voisine hyper-expansive qui se met à hurler « Tooooouuuuchdowwn, yeaaaah ! » en plein après-midi comme si elle était assise dans la même pièce que vous. Vu son accent et son coffre, j’imagine sans peine une grosse black assise devant un match de football américain. A travers le conduit central d’aération parviennent également quelques éclats de voix espagnols.

L’immeuble de Christine est froid et sans âme, les parties communes anonymes et décrépies. On y rentre par une rampe, l’entrée étant légèrement en sous-sol. Les gens croisés sourient peu. Heureusement, son appartement est un peu plus joyeux, mais modeste. De toute façon, ici, il faut aimer la promiscuité et le quartier n’est pas désagréable. D’ailleurs, le quartier est marron. A vrai dire, quasiment tout NYC est marron, tirant vers le rouge, encore plus les quartiers populaires où les « projects » sont construits avec ces grosses briques marrons que l’on retrouve quasiment partout.

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Malgré ces conditions de vies modestes, comme beaucoup de new-yorkais, Christine s’accroche et rêve de réussir. Ici, d’après elle, les gens s’épuisent à tenter de percer jusqu’à ce que, las, ils abandonnent leur ambition et quittent la ville pour trouver quelque chose de plus modeste dans un environnement plus accessible financièrement. « If I can make it their, I’ll make it anywhere », chante Lisa Minelli. Christine a essayé de percer dans la mode mais ça n’a pas beaucoup fonctionné. Elle est à deux doigts de lâcher l’affaire et entre temps elle vie de deux boulots à temps partiels dans l’organisation d’évènements. Elle ne veut pas quitter son appartement car il sera impossible de trouver moins cher. Et puis elle aime bien son quartier, pas trop loin de sa grand-mère porto-ricaine qui l’héberge pendant qu’elle me loue son appartement, autre moyen pas trop officiel pour faire rentrer de l’argent. Surtout, New-York, on y devient vite accroc, sensation d’être au cœur du monde, même si, faute de moyens, on n’en profite pas tant que ça.

Tout ceci étant dit, je m’en vais aller faire ma lessive au laundromat sur Lexington. Ta ta tadadaaa, ta ta tadadaaa, pom pom pom.

Tadoussac

Les propriétaires de leurs maison d’hôte où je suis hébergé à La Malbaie sont sympathiques. Mais, ça, il me semble bien vous l’avoir déjà dit. En plus du parc national des Hautes-Gorges de la Malbaie (majuscules placées de manière non contractuelle), à mon arrivé, on me demanda si je souhaitais aller voir les baleines. Des baleines ? Quelles baleines ? Après une courte réflexion (un peu comme les éléphants, les baleines, c’est pas tout les jours que l’on croise ça en France), je répond que, oui, je veux voir les baleines mais que voyez-vous, je ne suis toujours pas motorisé.

Quel rapport y a t’il entre des baleines et une voiture me demanderiez-vous ? Le centre touristique de tout ce qui touche aux baleines se trouve plus haut, en aval du Saint-Laurent, au village de Tadoussac. Le village se situe à l’embouchure du fjord de la Saguenay où les eaux douces de la Saguenay et du Saint-Laurent rencontrent les eaux salées de l’Atlantique, formant un environnement attrayant pour toutes sortes de cétacés qui viennent ici pour se reproduire.

Toujours aussi sympathique, on me propose de réserver une place sur un bateau et me promet de m’emmener à voiture le jour dit. Pour voir ces fameuses baleines (à bosse, blanche ou bleue, tout est encore mystérieux), j’ai le choix entre emprunter un zodiac ou un petit yacht. Parce qu’on est ici pour s’en prendre plein la chôle (pour toi, public jurassien), j’opte pour le zodiac. Avec un peu de chance, on pourra jouer aux Moby Dicks avec des harpons émoussés.

Deux jours plus tard, après un copieux petit-déjeuner (mais je détaillerai tout cela dans un billet qui immine drôlement, à force), je monte dans le 4×4 familial conduit par la propriétaire et nous empruntons la route côtière ver l’aval du fleuve. A vrai dire la route est mi-côtière, mi-forestière DSC_8902_DxOmais en cette fraîche matinée, toujours aussi ensoleillée, la journée commence bien. Une heure de route plus tard (pour vous dire à quelle point elle est bien sympathique cette propriétaire), à la faveur d’un virage à gauche en descente, nous atteignons les rives sud de l’embouchure du fjord de la Saguenay.

La route, en cul de sac, mène au quai du traversier (en français de France, un traversier est un ferry-barge, note du traducteur). La propriétaire me quitte alors, avec comme convenu une récupération vers les 18h au même endroit. Je me retrouve alors avec trois autres piétons à DSC_8912_DxOembarquer après qu’une poignée de voitures et de gros trucks nord-américains aient vidé le pont. Ceux-ci sont rapidement remplacés par un nombre approximativement équivalent de leurs congénères. Manifestement, il n’y a aucun pont sur la Saguenay sur de nombreux kilomètres. Dans des claquements métalliques et des vrombissements de gros diesels, nous entamons la traversée, alors que je me poste sur le toit. Tenez, mettez vous dans l’ambiance, ça ne fait jamais de mal.

DSC_8906_DxOLe fjord de la Saguenay n’est pas aussi impressionnant que ses cousins norvégiens. Ne le dites pas à un québecois, ça risquerait de le vexer. Il m’est avis qu’il a obtenu sa dénomination de fjord par la présence d’eaux salées de l’Atlantique et non pas pour de vertigineuses montagnes encadrant son cour. Ceci étant dit, le spectacle est néanmoins très joli (largement au dessus des rives de la Loire par exemple, histoire d’être provocant), surtout dans DSC_8911_DxOcette matinale lumière automnale et le relief des rives légèrement plus prononcé qu’à La Malbaie. Nous nous dirigeons sur la rive d’en face où on aperçoit quelques bâtiments et petites maisons constituant les avant-postes de Tadoussac. Je trouve d’ailleurs ces rives vraiment charmantes avec de grandes dalles de granit roux polies plongeant dans l’eau alors que la forêt timidement multicolore couvre tout les reliefs.

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Après une petite traversée de cinq minutes le traversier accoste sur le quai dans les remous de l’inversion des hélices. Piétons, je suis libéré de suite et remonte la route pour atteindre le cœur du village. La route quand à elle continue encore plus au nord-est et les semi-remorques, pâles cousins des road-trains australiens, poursuivent leur chemin. 

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DSC_8915_DxOJe vais être bref, pour une fois. Tadoussac, c’est chouette. C’est vraiment très chouette. Je vous rappel qu’il fait toujours ce temps paradisiaque et celui-ci n’est certainement pas étranger à ce sentiment. Hormis cela, ne soyons pas fine bouche, ces petites maisons en bois colorés ont un cachet indéniable. On sent néanmoins une présence touristique accrue dans un périmètre beaucoup plus restreint qu’à La Malbaie, le premier étant vraiment DSC_8914_DxOminuscule. Je dis ça mais n’allez pas imaginer une situation hystérique à la Saint-Raphaël au mois d’août. C’est calme, avec une grosse proportion de retraités. Un grand hôtel du début du 20ème siècle et une petite église en bois blanc font face à l’anse qui abrite le petit port sur le Saint-Laurent. La plage invite à la sieste. Je résiste.

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Mon embarcation au sein du zodiac n’étant pas avant 13h30, j’ai largement le temps de déambuler et de visiter rapidement le petit musée dédié aux cétacés tenu bénévolement par les chercheurs du centre de recherche local. C’est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les espèces fréquentant les environs, notamment les belugas, ces petites baleines blanches au visage souriant. En sortant, j’aperçois un zodiac rempli de touristes harnachés dans de gros cirés et pantalons oranges accoster. Voilà ce qui m’attend.

A l’heure prévu, je rejoint les bureaux de la compagnie en charge de ma « croisière » et après avoir signé une décharge (super, l’angoisse) je m’habille de ces pantalons et cirés imperméables DSC_8955_DxOet chauds pour rejoindre une poignée d’autres touristes sur notre zodiac attitré. Chacun est assis serré les uns en face des autres, de part et d’autre de l’embarcation. Seule notre capitaine, est debout dans sa cabine de pilotage, à l’abri du vent derrière un parse brise. Et oui, notre capitaine est une capitaine, de son prénom Janice, rigolote et sportive jeune québécoise qui exceptionnellement reprend du service aujourd’hui. Elle son truc, d’habitude, c’est plutôt les chiens de traineaux sous deux mètres de neige. Il y a des femmes précieuses, fragiles ou capricieuses et il y en a d’autres comme Janice, sures d’elles, drôles et charmantes. A notre retour, elle c’est même amusée à balancer une vanne aux quatre sauveteurs en mer en train d’effectuer un exercice de chavirage dans le port. En même temps, nous vous ai-je pas dit que les femmes québécoises été libérées ?

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En ce qui concerne cette sortie en mer proprement dite, je pourrait vous la narrer en quasi temps-réel, mais ça n’aura que peu d’intérêt. En résumé, sachez que ce fut un mélange de vent, d’embrun, de mouvement oscillant du puissant zodiac sur un fleuve d’huile, d’arrêts ou ralentis à la DSC_8971_DxOrecherche d’un fanal qui dépasse, de touristes indisciplinés qui se lèvent à la moindre queue d’un cétacé pour un espoir de photo raté (et bouchant par la même occasion la vue à leurs congénères de l’autre bord), le tout agrémenté de l’humour moqueur de Janice. A vrai dire, j’étais surtout à admirer le paysage et notre capitaine. Les baleines, c’était juste un prétexte. D’ailleurs, permettez moi d’écarter de suite ce sujet.

DSC_8968_DxOOui, j’ai vu des bouts de baleines, surtout des dos et quelques queues. C’était d’ailleurs des baleines bleues, mastodontes des mers, notamment la baleine Blanche Neige nommée ainsi par la tâche d’une couleur qui devrait être évidente au bout de sa queue. La plupart des baleines revenant régulièrement en ces lieux, les chercheurs ont eu le loisir de les identifier et de les nommer. Après, il faut quand même dire que ces baleines passent la grande majorité de leur temps sous le niveau de l’eau ce qui pose d’énorme soucis pour les observer lorsqu’on est de l’autre côté, au dessus. Pour rendre la chose encore DSC_8958_DxOplus difficile, interdiction est faite, en toute logique, aux bateaux touristiques de s’approcher à moins de 50m des animaux. Reste quand même l’excitation du repérage, légèrement facilité par la présence de deux autres bateaux de compagnies concurrentes faisant des ronds dans l’eau sur le fleuve. Il m’est avis que les vrais, les purs, vont à la quête de la baleine en kayak des mers.

DSC_8957_DxOHors donc, moi, mon plaisir c’est de me brûler les yeux sur le vaste dôme de ciel pur parsemé de quelques grands nuages blancs qui surplombe les eaux incroyablement calmes et lisses du Saint-Laurent, immense comme une mer. Janice elle même m’avoue que ce temps est vraiment incroyable. Parce qu’elle est particulièrement taquine, alors que je cherche à la piéger en lui demandant le nom du village dont on voit très au loin dans la brume sur la rive sud le clocher qui dépasse, elle me reprend : « J’sais pas, c’est un sous-marin allemand ». Mais là où elle me fait vraiment sourire, c’est quand elle se met à parler anglais. On critique les français qui n’ont aucun talent de prononciation, mais je dois avouer qu’une québécoise manifestement peu motivéDSC_8954_DxOe, c’est encore plus terrible. Non seulement elle ne fait aucun effort mais en plus ses connaissances de la langue sont de manière surprenante, très approximatives. Résultat, j’ai la joie incroyable de pouvoir assister à quelques savoureux passages dignes d’un sketch des « Têtes à Claque », façon vol « ouane seurti tou ».

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Avec tout ça, une bonne journée sous le soleil, en mer et en bonne compagnie, ça fait une journée bien remplie. Accessoirement, ça donne envie d’aller s’installer à Tadoussac en compagnie de québécoises à l’humour fin et caustique.

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Quoi, « et les baleines » ?