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Mahalaxmi

Mahalaxmi (prononcez Mahalakshmi. Ce sera mieux pour tout le monde et surtout pour l’employé de chemin de fer qui cherchera à comprendre de quelle station vous parlez) est un arrêt de train mais également un quartier de Mumbai. C’est aussi le nom de la déesse de la fortune dans le panthéon hindou (qu’on appelle à la fois Lakshmi ou Mahalakshmi). C’est aussi le prénom de Lakshmi Mittal, le richissime industriel indien. Mais dans le cas présent qui m’intéresse, Mahalaxmi c’est la gare de train où, à proximité, se trouve le Dobhi Ghat, le quartier où habitent et travaillent les lingers / lingères de Mumbai. Dixit Lonely Planet: « si vous faites nettoyez vos vêtements dans votre hôtel, ils passeront forcément par Mahalaxmi ». La déesse de la fortune c’est plutôt pour l’autre côté de la gare où se trouve les champs de courses. A ne pas confondre.

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Churchgate

Churchgate c’est une gare de train. Churchgate c’est un quartier. Churchgate c’est dans un quartier « ancien » de Mumbai, datant de l’époque coloniale. Autour des Maidens, ces deux grands parcs tout en longueur où on y joue du cricket, sport national, se trouvent des bâtiments grandioses datant de l’époque du Raj britannique: université de Mumbai et Haute Cour de Justice.

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Les petits boulots

Excusez-moi si j’enfonce des portes ouvertes sur des choses archi-connues, mais je constate qu’il y a beaucoup plus de petits boulots en Inde qu’en Europe.

Par exemple, quand je rentre dans un magasin juste légèrement cossu, mais pas forcément luxueux (mettons, le Sri Krishna Sweets de l’autre côté de ma rue à Pondy et qui font des pâtisseries à se taper le coccyx par terre), invariablement il y a un monsieur derrière la porte vitrée qui me guette pour me l’ouvrir quand je m’approche à moins d’un mètre. Là je vous parle d’un portier chanceux qui est autorisé à profiter de la climatisation. Le moins chanceux se poste à l’extérieur. Imaginez un portier posté à longueur de journée devant (ou dedans) la FNAC ou même votre Monoprix de quartier pour avoir l’équivalent.

On peut également citer les balayeurs et qui sont le plus souvent des balayeuses. Bien qu’ayant l’équivalent en France, les fameux techniciens de surface, j’ai quand même nettement l’impression que le boulot est encore plus petit ici. Tout d’abord ils n’ont parfois aucun uniforme. Donc, méfiez vous. Si une vieille dame toute courbée en sari fané vous engueule en hindi pour que vous dégagiez de votre siège, ce doit être très certainement une responsable balayage. Mais surtout, côté matériel, ne pensez pas la voir équipé d’un magnifique chariot à roulette avec poubelle et accroche seau ainsi qu’un balaie multi-fonction à tête flexible voir d’une pince attrape papiers. Ca, c’est dans le futur ou alors dans les films, et les meilleurs. Non, la vieille en sari elle se démerde à récupérer un tas de brins de paille qu’elle noue ensemble avec une ficelle et elle se penche pour balayer avec ça, la vioque ! Autant dire que la médecine du travail hurlerait au désespoir en voyant ces pauvres dames le buste penché en avant toute la matinée pour compenser l’absence de manche. Et quand je pense que j’en vois parfois à Pondicherry avec un uniforme (ah, un petit point positif) avec leur balai improvisé (ah, un gros point négatif) en train de balayer la poussière de la rue, dans la chaleur, je frémi. Déjà je trouve ça particulièrement désespérant de demander à quelqu’un de balayer la poussière d’une rue. C’est un peu comme vouloir balayer le sable d’une plage. Mais ce qui me fait dire que ce boulot est vraiment particulièrement petit, c’est que j’ai la très nette impression qu’on leur demande de balayer mais pas de nettoyer. Ma petite vieille en sari fané, je l’ai vu balayer un hall de gare pendant que des gens jetaient des papiers (qu’elle balayait, donc, tel Sisyphe) et crachaient par terre. Le sol était parfaitement dépoussiéré mais tout autant dégueulasse.

Dans le genre petit boulot désespérant, il y a également le rickshaw à vélo. A chaque fois que j’en vois un j’ai envie de le prendre fermement par les épaules et, en le regardant fixement dans les yeux, de lui dire : « Arrête ! Mais arrête donc ! Tu vois bien qu’il y a une armée de rickshaws motorisés tout autour de toi ? Tu les entends pas klaxonner comme des connards ou quoi ? Plus personne ne va utiliser un porteur à vélo alors qu’ils peuvent avoir l’ivresse du son et du danger pour à peine 60, 70, 80 bon aller 90 roupies ! » Ensuite, je le secourrai un peu pour que mon anglais passe mieux dans son hindi (ou son tamoul) mais surtout pour me défouler sur un être plus frêle que moi car, il faut bien l’avouer, ces conducteurs de rickshaws à vélo son souvent de pauvres hères maigres et dépenaillés. Ha! La preuve que la clientèle les fuit, incapables de se nourrir correctement qu’ils sont!

DSC_5446_DxOLe travail de manœuvre est également une valeur sûre côté petit boulot et je suis toujours abasourdi de voir des femmes (encore, décidément) dont le travail consiste à remplir des paniers de sable muni d’une petite pioche large et de les porter au chantier d’immeuble à côté, le panier sur la tête. Bien entendu, je peux vous assurer qu’aucune n’effectue une flexion des genoux pour se préserver le dos. Mais bon dieu, ils n’ont pas des pelles et des brouettes ?! De manière similaire, j’ai vu une vielle dame dont son boulot consistait à tamiser le sable à la main avec un vieux tamis réformé du Klondike. Il faut croire que l’on manque de bons outils ou tout simplement qu’une journée de bras coûte moins cher qu’une pelle et une brouette chez Casto.

Un peu moins exotique, et en vrac, il subsiste encore le métier de remplisseur de sac de course (je ne pense pas que ce soit le terme officiel) aux (rares) supermarchés. Dans les bus, on y retrouve également notre bon vieux composteur, toujours vaillant avec son sifflet pour avertir son collègue conducteur quand quelqu’un veut descendre et quand il est bien descendu. Dans la restauration, grand pourvoyeur de petits boulot, on constate environ le triple de serveurs que nécessaire (même s’il est vrai que c’est la basse saison). Et en plus ils sont frêles, mais ça je crois que je l’ai déjà dit.

Bref, si vous êtes étudiants et que vous cherchez un petit boulot plus exotique que caissier à McDo, l’Inde offre un vaste panel d’opportunités. Et en plus on peut dormir dans la rue. Il ne fait pas froid et on dort rarement seul.

Gateway of India

En 1911, George V, roi des Royaumes Unis, des Dominions et Empereur des Indes se rendit compte qu’il y avait « Indes » dans un de ses titres.
« Mais qu’est ce donc? » Demanda t’il à ses conseillers qui lui sortirent une carte et pressèrent leurs nobles indexes sur le sous-continent indien.
– C’est cela, votre Majesté.
– Mais c’est fou, se rendit compte George. Et quelqu’un de ma famille sait que l’on a ça?
– Je l’espère bien, votre Majesté, mais il est vrai que personne de votre auguste lignée n’y a jamais foutu les pieds. D’où peut être votre étonnement.

Derechef, George décide donc d’aller y faire un tour pour voir un peu ce bout de terrain légué par sa mémé, Victoria, en n’oubliant pas d’y emmener sa femme ainsi que toute la tripotée de conseillers et autres parasites constituant son entourage. Pour se souvenir de cette date et de l’événement y attenant, la mémoire jouant parfois des tours, on décida de construire un monument à l’emplacement du débarquement du cortège royal (et impérial). Ce « on » était décidément affligé d’une mémoire terriblement défaillante.

Quelques années plus tard, de nos jours, le Gateway of India est devenu le lieu de ballades familliales et le point de départ pour des navettes maritimes vers les îles proches de Mumbai ou les gens se prélassent au doux son du clapoti des vagues abondamment couvertes par le cri des vendeurs ambulants, tintement de cloches des bateaux et autres klaxo-pétaradements du trafic tout proche. Bref, toute le monde a complètement oublié George. Ils auraient mieux fait de faire un noeud à une corde.

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Les animaux citadins

Il faut absolument que je vous parle des animaux. Je trouve qu’il est toujours intéressant d’observer la façon dont une société traite les animaux. Ca n’en dis pas plus sur la façon dont les humains se traitent au sein de la société mais c’est souvent un élément de différenciation entre les cultures, ça et la nourriture, le paiement des impôts, le comportement envers les personnes âgées et la conduite en véhicule à moteur.

En tout bien tout honneur, commençons par la vache. Je ne vais pas vous ressortir le tableau mais oui, effectivement, il y beaucoup de vaches citadines à Mumbai (ainsi qu’à Hampi et Pondicherry). Alors bien entendu ce n’est pas à franchement parler des vaches de compétition élevées aux hormones et elles ressemblent plus à des petits buffles efflanqués qu’à des Holsteins pisseuses de lait. Mais néanmoins il y a toujours un côté amusant à voir une vache en ville, chose qui ne risque pas d’arriver en France à moins qu’on soit à la foire ou au salon de l’agriculture. Donc je vous confirme lecteurs impatients que, oui, la vache jouit d’un certain respect de la part de ses compatriotes humains. On peut dire qu’on lui fout royalement la paix à moins bien sur qu’elle vienne brouter les cannes à sucre d’un vendeur de jus de canne. Dans ce cas ledit vendeur(euse) va gentiment mais fermement la repousser (car aussi efflanquée soit elle, elle doit quand même approcher les 300kg), parfois accompagné d’un cri sensé effrayer la bête mais qui souvent a pour effet collatéral d’effrayer le touriste français masculin d’âge moyen passant par là.

Mais la chose la plus étonnante pour moi ne réside pas dans le comportement de l’humain vis à vis de la vache, mais plutôt du comportement de la vache vis à vis de l’humain. Une vache mumbaiki (ou de Hampi ou de Pondicherry) est d’une placidité à toute épreuve. Déjà, elle survit sans crise de nerfs dans un environnement auditif relativement stressant (si, si, moi j’en peux plus) sans que ça ne l’émeuve outre mesure, mais en plus elle se fait frôler en permanence par une meute de rickshaws, motos, mobylettes et voitures au klaxon bloqué et se fait mettre la main à l’arrière train par des centaines de passants inconnus sans que cela ne DSC_5434_DxOtransparaisse sur sa face bovine. C’est tout bonnement stupéfiant. Devant cette nonchalance et cette désinvolture, je me suis parfois imaginé, en croisant une vache à pied, l’entendre me marmonner un « ‘alut » tout droit sorti de l’année 68 sans toutefois qu’elle me brandisse le signe « Peace & love » car c’est tout de même un quadrupède. Il suffit d’aller se promener dans un champs français équipé de son quota de vaches pour se rendre compte que la vache française, elle, devrait être puissamment droguée aux anxiolytiques pour espérer survivre plus de deux minutes à Santa Cruz (East) à 10h du matin sans partir en cacahuètes en meuglant et courant comme une bête terrorisée. Merveille de l’adaptation animale. Pousses z’en l’air pour Darwin.

Notre deuxième compagnon d’étude est le chien. Je parle ici du chien errant, fier, sauvage et indépendant et non pas du bon vieux gentil toutou des familles. J’ai du apercevoir quelques chiens de compagnie mais c’est quand même relativement rare. Non, ici notre sujet de conversation est le chien des rues : lupus domesticus via (si mon inexistant latin est encore bon). Tout d’abord son nombre est important et l’espèce se porte bien merci. Enfin, disons qu’elle n’est pas en extinction. Le bon vieux bâtard est, chose toujours surprenante pour moi, complètement toléré par l’homo erectus. De la même façon que personne ne s’émeut de la présence d’une vache dans la rue (même si elle est sacrément sacrée), de ce que j’ai vu, tout le monde applique le bon vieux « vivre et laisser vivre » aux chiens errants. Il faut néanmoins bien avouer que, comme les vaches, ils sont dotés d’une prodigieuse placidité inculqué dés leur plus jeune âge, j’imagine. Ici pas de chiens errants babines moussantes grognant à l’approche d’un humain mais plutôt le tranquille bâtard à poil ras et rêche, côtes saillantes qui vous croise en vous lançant un « ‘lut » amical quand il n’est pas en train de ronfler sur le flanc sur le trottoir juste au pied d’une aération (oui car il fait toujours autant chaud dans ce pays, nomdedjieu). Après ils sont sans doute plus houspillés car plus intrusifs que des vaches et sans doutes plus abîmés car moins visibles qu’une vache. Oui il m’est arrivé de voir plusieurs chiens à trois pattes mais aucun à cinq. Bref le chien des rues indien vis tout intégré dans la société. Je me demande d’ailleurs si pour lui aussi, la vache est sacrée, tiens.

L’autre animal emblématique de l’Inde que je peux évoquer dans ce billet est l’éléphant, d’asie bien entendu sinon c’est de la contrefaçon. J’en ai vu deux et ils s’appelaient tous les deux Lakshmi. Le premier (Lakshmi) c’était à Hampi dans le temple Sri Virupaksha (que je présenterai une autre fois) où je l’ai aperçu à l’ombre des passages latéraux. Il était accompagné par deux de ces cornacs et visiblement au travail. Je me sentais donc mal à l’aise de le déranger mais il avait l’air de bien aller, merci pour lui. Le second (Lakshmi), je l’ai croisé à Pondicherry à une intersection dans la vieille ville française déserte. Il marchait tranquillement avec un cornac sur le dos et un autre le tenant par la corde, avec un joli motif blanc sur le front. Il avait également trois touristes au cul qui lui mitraillaient le postérieur au téléphone portable (environ trois raisons de les envoyer valdinguer à mon sens). Je sentais bien qu’il était concentré car manifestement en route vers son boulot au temple de Marrakula Vinayakar (tous les noms de temple ne sont absolument pas cités de mémoire). Je me suis donc mis à l’arrêt à dix mètres car il faut bien avouer que je n’ai pas l’habitude de rencontrer un éléphant en pleine rue. J’essayais plutôt de me rappeler la nature et l’heure d’ingestion de mes dernières boissons puis ensuite de profiter du spectacle saisissant d’un éléphant marchant tranquillement de ses grosses pattes plates. Et donc je confirme, l’éléphant d’asie a de plus petites oreilles.

Pour faire encore plus dans l’exotisme et en continuant sur notre lancée des animaux citadins, pas plus tard qu’il y a trois jours, à Pondicherry, dans ma guest house (oui car je ne dors pas à l’hôtel mais dans des guest houses), alors que je descendais ce matin là, j’aperçois sur le mur peint en blanc de l’escalier un magnifique bas relief blanc en forme de lézard, tout à fait charmant. Du coup, esthète, je met mes lorgnons et je m’approche de ce superbe travail, dont l’artisan devait être particulièrement fier, pour me régaler du moindre de ses petits détails : une queue recourbée d’une exquise finesse, des petites écailles magnifiquement rendues par je ne sais quelle technique et des yeux globuleux qui se disent mutuellement merde car chacun fixant une direction propre. Su-perbe.

C’est à se moment là que l’animal a cligné des yeux. Surpris, j’ai laissé échapper un petit cri de chaton (que j’ai vite repris en redescendant ma voix de deux octaves). Il est brusquement parti se planquer derrière un tableau de Parvati, la meuf de Vishnu (je vous parlerai une autre fois de mes connaissances en hindouimse), en marmonnant un discret « fait sssssier ». Ce petit lézard, je mettrai ma main dans du curry extra fort que c’était un caméléon. J’aurai bien aimé qu’il se mette sur une surface d’une autre teinte pour en avoir le cœur net mais il a préféré se planquer DERRIERE le tableau. Ceci dit, c’est tout à fait compréhensible de sa part au vue des dorures et couleurs pétantes composant le sus-mentionné tableau. Moi même j’en ai les yeux qui pleurent.

Notre dernier sujet d’étude animal est bien entendu, le chat. Notez que j’en parle pour éveiller un peu d’empathie chez une potentielle catégorie de lecteur savoyard de ma connaissance car il n’y a malheureusement pas énormément de choses à dire à son sujet. Soit la population de chats en Inde est très faible, soit ils sont particulièrement discrets. Je dois n’en croiser qu’un tout les deux jours, quand je claque la bise aux chiens environ quatre fois par jour. Pour être honnête avec vous (et je souhaite drôlement l’être) quand je dis croiser je dis ça pour l’effet de style car la vérité est que je fais fuir un chat environ tout les deux jours. Comme les chiens, ici je ne parle pas du matou bourgeois et installé mais du chat de gouttière dans toute sa magnifique splendeur racée et fière. Ce qui est encore une fois une belle figure de style car en réalité il s’agit de petits chats maigrelets au regard craintif. Alors eux, la placidité, il faudrait la leur administrer de force. Pourtant je n’ai pas perçu de signes d’agressivité particuliers des indiens vis à vis des quatre chats que j’ai croisé. Il y a peut être une raison religieuse, un dieux à la tête de chat qui se serait bêtement moqué du troisième œil de Vishnu (Vi-shnou il a un troisième oeiiillleux, na na nère), qui expliquerait un rejet du chat dans la culture hindou. Ou bien tout simplement la raison réside dans la nature pathologiquement angoissée du chat qui ne parviens pas à s’adapter aux 90dB et aux véhicules métalliques lancés à vitesse respectable sur les voies goudronnées.

Bref tout ça pour dire que j’ai été particulièrement frappé par la tranquille coexistence entre humain et animaux à Mumbai (et Hampi et Pondicherry). Une autre fois je vous parlerai de singes, écureuils et autres lézards (mais pas des caméléons).