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Matinées et soirées Pondichériennes

Imaginez. Vous dormez dans une chambre climatisée à 24°C et malgré ce froid sibérien, votre sommeil est profond. Progressivement, la réalité trouve son chemin dans votre subconscient qui a son tour alerte votre conscience (pour ceux qui en ont, sinon sautez cette étape). Vous ouvrez un œil, puis l’autre, puis le dernier (si vous êtes Vishnu, mais que vous refermez tout de suite pour éviter la fin du monde). Tout doucement le son arrive à votre cerveau. Il est entre 6h30 et 7h00 et vous venez de vous réveiller au bruit matinal de Mission Street, Pondichéry, Tamil Nadu, Inde:

Le mantra répété inlassablement et provenant du temple hindou cinquante mètres plus bas peine à lutter contre les klaxons mais parvient quand même à vous réveiller complètement. Après un bâillement, un frottement des deux yeux (ne touchez surtout pas à votre troisième oeil, nomdedjieu!) et un étirement du dos, vous sortez du lit pour vous préparer à petit déjeuner.

Une demi-heure plus tard vous voici attablé à l’ombre du « Le Café », seul café situé sur le bord de mer, attendant qu’on vous serve un maigre petit déjeuner facturé 150 roupies. Mais comme tout ceci est dans votre imagination, vous vous en foutez royalement. La vue est sympathique et la ville est encore relativement calme. Tout comme les serveurs qui en profitent pour papoter. Vous êtes le seul client.

Calme dans une ville indienne n’exclu pas quelques klaxons. Non mais vous vous croyez où?

Quelques heures plus tard, après une chaude journée vous profitez de l’absence du soleil pour aller faire un petit salut à votre pote Lakshmi qui fini ses dernières tâches quotidiennes.

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Puis vous papotez ensembles pendant  quelques pâtés de maison en prenant bien soin de dégager les quelques touristes, qui tels des mouches lui collent au jarret, avant de le quitter pour poursuivre vos déambulations. Il est 20h15.

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Au détour d’une rue du quartier français (vraisemblablement rue Suffren ou rue Dumas, non loin du Lycée Français et de l’Alliance Française) vous vous arrêtez pour profiter du silence, luxe incroyable dans tout contexte urbain en Inde.

Si vous êtes attentifs, vous pouvez même entendre l’auto-rickshaw ralentir puis ré-accélérer quand il comprend que vous êtes en pleine contemplation. Vous repartez tranquillement vers votre guest house en profitant du calme.

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Vous avez à peine le temps de vous mettre à l’abri au pied de l’escalier en lançant un « Vanakaam » souriant au portier de nuit qui vous réponds d’un sourire et d’une brève courbette les mains jointes, avant qu’une pluie de mousson vienne s’abattre sur la ville qui se couche.

DSC_5335_DxOVous vous couchez au doux bruit de la pluie en pensant déjà au lendemain et aux multiples surprises qui le ponctuera. Vous pouvez maintenant cesser d’imaginer.

Les affiches en Tamoul

Avant de partir, un ami à moi que je ne nommerai pas parce que sinon il va avoir une tête comme un melon, m’a demandé si j’avais prévu un thème pour mon voyage. Malheureusement, je n’avais effectivement pas vraiment réfléchi au problème et cela m’a torturé l’esprit pendant des semaines. Non, c’est faux. En vérité j’avais complètement oublié cette histoire de thème. Fort heureusement, je crois avoir trouvé ma marotte, mon moteur, ma motivation, ma thèse, bref ma raison de voyager. Malheureusement, ça ne me permettra pas d’aller plus loin que Chennaï, car je peux vous le dévoiler maintenant, je suis tombé raide dingue des affiches en tamoul placardées partout à Pondichéry. Je les trouvent d’autant plus fascinantes que je ne lis ni ne parle la langue. Elles resteront à toujours pour moi un mystère et c’est parfait ainsi. Si vous parlez le tamoul, ne me crevez pas ma bulle. Pas tout de suite.

Il faut que vous compreniez que malgré tout mes efforts, je ne parviens pas à distinguer les affiches politiques, des affiches de spectacles ou des affiches que je subodore porter des messages à motifs personnels. Toutes arborent plus ou moins la même charte graphique et les mêmes mise en page. Nous allons donc jouer à un petit jeu avec cette sélection d’affiches glanées à travers Pondy. Pour chacune nous essaierons de déterminer le message associé. Ce sera également l’occasion pour vous d’admirer l’admirable travail graphique de chacune de ces œuvres. Car j’affirme qu’elles ne dépareilleraient pas dans votre living à côté de vos photos N&B en tirage limité ou des croûtes achetées les matins de fièvre acheteuse au marché d’art de votre localité. Je les classerai dans cette catégorie d’œuvres « à deux doigts du mauvais goût » que j’affectionne tant. Mais assez parler histoire de l’art. Place aux affiches et que l’esthétisme parle de lui même.

Commençons par une facile. Qu’est ce que raconte cette affiche?DSC_5287_DxO

Bien évidemment, on devine qu’il s’agit d’un film avec un héros plutôt moustachu et doté d’une belle et dense chevelure. Accessoirement il tentera à un moment du film d’étrangler une femme en sari jaune et il passera par un instant de grosse colère un peu plus tard. Notez au passage la ressemblance assez sidérante d’avec José Garcia, période Nulle Part Ailleurs.

Toujours pour s’échauffer en voici une sympathique:
DSC_5279_DxOVous ne trouvez pas? Bon ce n’est qu’une théorie mais je pense qu’il s’agit d’un parti politique qui souhaite un anniversaire. Oui je suis d’accord le « King Maker of Parliament » est un peu troublant.

On attaque maintenant l’ambigu. Tous ceux qui trouvent la bonne réponse gagnent mon estime (j’en ai pas beaucoup donc elle vaut cher).

DSC_5288_DxOOui celle-ci est particulièrement dérangeante. J’hésite entre une affiche politique et l’annonce d’une fête familiale. On est particulièrement déstabilisé par la présence de la vieille en sari à gauche (vous notez comme elle ne sourit pas?), du bonhomme jovial complètement à droite et du psychopathe tout droit sorti d’un film de James Bond en plein centre. Et je ne parle même pas du portrait en N&B en médaillon en haut à droite. Les signaux sont contradictoires.

Hop, on enchaîne.

DSC_5291_DxOHa la la, celle là c’est du niveau professionnel. J’ai envie de dire que sans la pierre de Rosette elle est difficile à déchiffrer. Ma dernière théorie que je vous livre (avec votre permission), est qu’il s’agit d’une bande de malfaiteurs aux égos surdimensionnés qui revendiquent le kidnapping d’une petite fillette déguisée en plumeau ramasse poussière (ce qui est plus flippant pour les parents qu’une phalange). On note que le chef manifeste de la bande arbore une large masse capillaire à la mâchoire, signe évident de sa virilité, et des lunettes de soleil pour rester discret malgré tout. En dessous se trouvent les trois frêles indiens qui ne sont que des sous fifres et en arrière plan, le second du chef, véritable cerveau machiavélique de l’affaire qui s’est fait piégé dans ce plan foireux.

Paf, pas le temps de s’arrêter. C’est qu’il y en a d’autres:

DSC_5417_DxOFacile me diriez vous? Et bien oui moi aussi je penche pour une annonce de premier anniversaire d’un (ou deux?) charmants bambins. On devine aux coins, les quatre grands parents, les parents et les tueurs professionnels qui se chargeront de vous démolir les ligaments croisés si vous empêchez le gamin d’atteindre son deuxième anniversaire. Admettez que c’est quand même plus classe qu’annoncer ça sur Facebook ou en envoyant des faire parts?

Une autre, en deux parties cette fois-ci (le client est roi, après tout):

DSC_5438_DxOQuel beau spécimen que celle-ci. On est troublé par l’apparente jovialité voir hilarité du personnage principal (on note également que son dentiste est une quiche) alors que les deux autres sont très manifestement en train de subir une purge: « Venez passer une grande fête à l’anniversaire de Ravesh avec ses deux frères hypers motivés, hein les frangins? ooooooooouuuuuuuuuaaaaaaiiih. » Bande de crevards. Quand on pense qu’ils vont bouffer gratis ils pourraient quand même se démonter la gueule pour sourire!

Aller et pour finir je vous balance en vrac une belle sélection pour les DSC_5277_DxO DSC_5280_DxO DSC_5289_DxO-DSC_5290_DxO DSC_5439_DxO Untitled-1gourmets que vous êtes devenus, j’en suis certain (au passage on constate qu’il vaut mieux être costaud, barbu et / ou moustachu pour être quelqu’un d’important dans le Tamil Nadu).

Au fait, si vous avez des explications ou des histoires à raconter sur celles-ci, faites m’en part. Je ne m’en lasse pas.

Pondichéry la blanche, Pondichéry la moins blanche

Muni de votre nouvellement acquise toile de fond historique (j’espère que vous n’êtes pas allé vérifier sur Wikipédia, traîtres), place maintenant à une présentation contemporaine de Pondy (oui, je suis intime maintenant).

Sa géographie est relativement simple : entre le bord de mer et l’ancien canal se trouve la ville française historique alors que tout autour pousse la ville tamoule. Techniquement, la ville est bien entendu tamoule partout mais par soucis de clarté, on désigne la partie ancienne sous la dénomination de « quartier français ». La ville compte environ deux millions d’habitants (c’est plus que Lyon, c’est fou) mais le vieux quartier français se concentre sur une bande minuscule de un ou deux kilomètres de large sur trois ou cinq (à la louche) de long. C’est totalement accessible à pied, ce dont les conducteurs d’auto-rickshaws semblent totalement ignorer. Mais il faut vraiment que j’arrête avec ceux là.

DSC_5292_DxOLa différence entre les deux pDSC_5318_DxOarties de la ville est notable. Côté « tamoul » Pondichéry ressemble à toutes les villes indiennes : une concentration humaine élevée, un trafic sonore et dense, des marchands et des magasins partout ainsi qu’un sentiment général de décrépitude et de saleté. DSC_5294_DxOBref, c’est très vivant. J’ai d’ailleurs envie d’introduire DSC_5285_DxOun néologisme personnel : c’est sur-vivant. Néanmoins, on y trouve aucun gratte ciel et les habitations ne dépassent que rarement six étages.

Côté « français », on se téléporte au 18ème siècle dans une ville issue des principes rationnels des lumières : rues larges et perpendiculaires autour d’un parc central (le parc Bharati) qui rejoint lDSC_5259_DxOe front de mer et l’ancien phare. Une grande rue longe la plage minuscule elle même encombrée par de larges blocs brises lames. L’architecture est colDSC_5268_DxOorée, de couleurs pastels soulignés de blanc et les habitations basses (pas plus d’un ou deux étages). Des arbres sont régulièrement plantés pour apporter une ombre bienfaisante en journée. L’ambiance y est également plus calme (similaire à Chalon-sur-Saône un samedi en journée, pour vous DSC_5276_DxOsituer le tableau) voir endormie le soir (similaire à Chalon-sur-Saône un samedi en soirée, pour vous re-situer l’autre tableau), hormis le front de mer (l’avenue Goubert) qui rassemble une faune familiale et touristique, mollement déambulante sous une brise tiède et océanique. Notez queDSC_5301_DxO cette architecture empiète un peu côté tamoul donc vous pouvez éventuellement panacher si vous vous sentez mal à l’aise à Chalon-sur-Saône. Particularité notable dans cette partie de la ville, la propreté relativement élevée DSC_5297_DxOpour une ville française. Euh pardon, indienne. Quel labsus. Le gouvernement de Pondichéry doit tenir à son tourisme.

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Il y a une très claire atmosphère dans le vieux Pondy, qui doit beaucoup parler aux français. Les noms de rues sont la plupart du temps françaises (rue Dumas, rue Suffren, rue Mahé de la Bourdonnais, cette saloperie de rueDSC_5248_DxO que je n’arrive jamais à retrouver), sous-titrées en tamoul, et sentent l’époque des Lumières. On y croise le consulat de France (la seule antenne diplomatique de Pondy), l’Alliance Française, le Lycée Français ainsi que des DSC_5240_DxOéléments de la vie quotidienne qui nous arracherait presque un petit sourire de tendresse : des policiers au képi cousins des anciens képis de gendarmerie, des anciens jouant à la pétanque devant l’église et une gastronomie touristique DSC_5257_DxO(comprendre, dans des restaurants haut de gamme) franco-tamoule. Et tout ça est parcouru par des dames en saris, des indiens en mobylettes, motos ou vélos avec un très léger saupoudrage de touristes.

DSC_5300_DxOMoi, j’avais grand plaisir à y marcher tranquillement à la tombée de la nuit (même si je l’ai fait aussi avec le soleil au zénith, comme un con de touriste, que je suis), sous le grésillement des insectes et des conversations feutrées en tamoul. Il faut dire (et je vous le rappel) que je suis en train de me plonger dans une série de romans situées au 18ème portant sur la marine royale anglaise dont une partie des aventures se situe dans l’océan indien entre Madras et l’Indonésie. DSC_5249_DxOJe n’arrêtais pas, à la tombée de la nuit, de longer les murs un sabre à la main (en vérité mon trépied photo replié) pour me précipiter vers des vieilles tamoules, les yeux enfiévrés, en hurlant « A l’abordage ! Abaisse ton pavillon, saloperie de grenouille !! ».

Hampi, de jour

Pour ceux qui ont perdu le fil de l’histoire à cause de mon précédent billet, je suis à Hampi, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, situé dans l’état du Karnataka (plus ou moins au sud-est de Mumbai).

Le site classé englobe Hampi Bazaar (le village) ainsi que plusieurs autres villages dont les noms m’échappent comme la plupart des noms de villes indiennes de plus de deux syllabes. J’en suis navré mais je n’ai absolument pas la mémoire des noms. Je pourrai regarder sur une carte, mais, à l’instant où je vous écrit, vous avez sans doute plus d’internet que moi. DSC_5185_DxOCar ce qui est réellement important, c’est que le site englobe dans une vaste surface de 26km2 un nombre élevé de temples, en divers états de conservation, ainsi que des ruines d’un palais royal. Plus important encore, cette ancienne cité (maintenant réduit à quelques villages) est cité dans le Ramayana. Ce qui est d’au… Hein ? Comment ça vous ne connaissez pas le Ramayana ? Ramayana, enfin ? The Story of Rama, quoi ! Je disais donc que c’est d’autant plus incr… Quoi en-core ? Vous connaissez pas Rama ? Dis donc lecteur ignare va falloir songer à se renseigner un peu ! Sans rentrer dans les détails car j’ai prévu d’écrire un billet tout en profondeur abyssal là dessus, Rama c’est une des incarnations de Vishnu sur terre. Voilà. Ok ? C’est bon ? On peut continuer ?

DSC_5111_DxODonc, Hampi est, d’après les spécialistes, l’antique cité de Vijayanâgara où habitait Hanuaman, le dieu singe, que Rama est venu rencontrer pour demander son aide afin de pouvoir récupérer sa femme, Sita, lâchement kidnappée par Ravana. Un incroyable imbroglio vaudevillesque avec un dieu à la tête de singe dedans. En clair Hampi, ça doit résonner comme Bethléem pour les Juifs ou les Chrétiens, un truc qu’on a lu dans un vieux bouquin et qui remonte à des millénaires. Fort heureusement, il n’y a pas à Hampi de ferveur religieuse particulière. Ni plus, ni moins. Ah si. L’alcool y est interdit.

DSC_5155_DxOMais Hampi, c’était aussi la capitale d’une dynastie de rois dravidiens (attention, mot nouveau tout à fait apte à impressionner le quidam à ta prochaine soirée. Note, note) dont le grand Krishnadeva Raya. Si tu ne le connais pas c’est que ton inculture est au moins aussi grande que la méconnaissance du sujet par l’auteur de ces lignes. Et il n’y a vraiment pas de quoi être fier.

En clair, Hampi c’est du concentré de grands H : Histoire et Hindouisme.

Et pour faire bonne mesure, le cadre géographique est assez sympathique aussi. Au milieu coule une rivière, classique, et tout autour se trouve des petites collines de gros blocs granitiques rose beige. Entre tout cela, on trouve des plantations de bananiers et une végétation relativement importante. DSC_5217_DxOQuelques un des temples sont posés DSC_5226_DxOsur de grandes dalles de granite et des petites tours d’observations sont posées de temps en temps au sommet d’un gros bloc. Le site est donc un curieux mélange de minéral et de végétal. Pour les géologues, je précise que la région fut le siège d’une intense activité en la présence d’un gigantesque volcan. D’où les blocs granitiques.

Après ce rappel factuel, il doit vous cuire de savoir ce que j’en ai pensé de ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO (au même titre que le Vieux Lyon, pour situer ce classement un peu bizarre). En tant que français ayant le compliment mesuré, je dirai : « ouaih, c’est pas mal. C’est même pas mal du tout ». Mais laissez moi vous narrer les deux étapes de ma découverte de Hampi, patrimoine de l’humanité tout entière tel que l’a frappé l’UNESCO de son auguste sceau.

DSC_5113_DxOPremière phase, une première journée découverte patrimoniale en compagnie d’un guide officiel permettant d’avoir un aperçu des principaux sites avec le « background » historique et théologique adéquat. Accessoirement pour se la péter en société à mon retour à condition d’avoir pris des notes. Ce que je n’ai pas fait. Mais qu’ai-je vu, qu’ai-je entendu, qu’ai-je senti lors de cette journée ? J’ai pas mal senti le genou droit de mon guide, Veeresh, dans l’auto-rickshaw qui nous trimbalait de site en site. J’ai pas mal entendu le doux vent dans les arbres à côté des écuries d’éléphants (ça fait rêver ça, hein?). DSC_5140_DxOJ’ai pas mal vu de temples aux colonnes sculptées représentant des passages du Ramayana, le petit palais de la reine ou encore sa baignoire de la taille d’une piscine. Côté site archéologique c’était assez plaisant et varié, d’autant plus qu’ils étaient agrémentés des commentaires et explications de Veeresh, malheureusement dans un anglais légèrement approximatif. C’est d’ailleurs grâce à lui que j’ai appris que l’Inde allait rencontrer le Pakistan dans un match de cricket décisif lors de l’International Cricket Competition le 15 juin. On était en plein dans la thématique Ramayana.

DSC_5143_DxOLe moment le plus plaisant de la journée fut l’ascension d’une immense plate-forme surplombant les ruines du palais du roi. Quelques instants auparavant, le guide m’expliquait qu’ici le roi recevez la visite et les doléances de ses sujets sous une immense toile tendue. Il ne m’en fallait pas plus pour, une fois arriver en haut, laissez mon imagination s’envoler. J’imaginai une vaste foule de sujets à mes pieds, aux drapés blancs, safrans ou à moitié nus et, les dominant, assis sur un fauteuil en rotin aux motifs intriqués direct de chez Pier-Import, un maharadja à l’allure noble et altière, à la fine barbe ciselée, vêtu d’un habit couleur perle souligné d’or se reposant à l’ombre tamisée d’une vaste toile de lin qu’une chaude brise des terres viendrait faire onduler. C’est beau et c’est long comme du Le Clezio. Et c’est pas fini. Des serviteurs pieds nus aux torses musclés et aux moustaches en guidon de Harley viendraient éventer leur seigneur et maître avec d’amples feuilles de bananiers achetés 30 roupies à la vieille en sari sale (et donc non souriante) au coin du bazaar, au son hypnotisant de ragas envoûtants joués par un ensemble tablas, sitars et flûtes pendant qu’une troupe de vingt danseuses à la divine souplesse et aux articulations non-contraintes s’emploieraient à distraire leur roi de ses tracas du boulot.DSC_5145_DxO Autour du royal personnage, des éléphants, lascivement assis sur leurs vastes popotins et répondant aux noms de Lakshmi, Lakshmi et Lakshmi viendraient parfaire ce somptueux tableau exotique pendant que les reines en saris multicolores et aux délicates chevilles parées de bijoux d’or sertis de pierres précieuses de lointaines contrées du nord, tenteraient vainement d’apercevoir la scène au travers des corpulents corps sacrés des pachydermes en effectuant de curieux mouvements oscillants de tête d’avec leur cou gracile. Et ensuite j’ai eu trop chaud donc je suis redescendu de la plate-forme. Comme quoi quelques Indiana Jones et films de Bollywood suffisent à se construire un imaginaire. Le voyage est sublime quand la réalité se mélange à la fiction, voilà ce que je dis.

DSC_5218_DxODonc, la deuxième phase de ma découverte de Hampi a eu lieu le lendemain. Je décide de ne pas prendre de guide et surtout pas d’auto-rickshaw mais plutôt de partir à pied randonner autour de Hampi Bazaar. Je supporte pas trop mal la chaleur maintenant (c’est à dire que j’arrive à marcher plus d’une heure sans que cela ne provoque une abrasion de l’intérieur des cuisses). C’est donc parfaitement jouable avec trois litres d’eau. Magnifique idée que j’ai eu. J’ai commencé la ballade par une montée sur Mathunga Hill, une des collines de blocs granitiques surplombant le village. Arrivé là haut je découvre un temple en ruine isolé, un petit vent frais et délicieux ainsi qu’une vue panoramique sur tout le site de Hampi. Il n’y a rien de mieux pour appréhender un endroit. En contrebas j’aperçois le vieux bazaar tout en ligne menant au temple encore en activité qui est le cœur du village de Hampi Bazaar. De l’autre côté je vois DSC_5223_DxOle temple de Vitthalya, en ruine mais dont la structure est pleinement visible de cette hauteur. J’en profite pour rester quelque temps à profiter de l’air frais, du calme et de la splendide vue. Je ne suis interrompu que par deux femmes en sari qui viennent de grimper la colline en claquettes. Encore plus amusant, je les voie redescendre les marches de l’autre côté les fesses par terre. Ça n’a pas l’air d’être très pratique le sari pour ce genre d’activité. Je fini la journée par un circuit longeant la rivière et revenant vers le village, le tout en croisant quelques autres temples en ruine et en lâchant quelques litrons de sueur.

DSC_5200_DxOVoilà, c’est tout pour aujourd’hui. Hari Krishna. Même si je ne sais pas ce que ça veut dire.

En prime, un frêle indien sympathique devant une grosse statue du gros Ganesh (dont je vous narrerai l’histoire bientôt). Le contraste est saisissant, comme le veut le cliché.

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Mumbai, en vrac

Mumbai, c’est aussi les taxis jaunes et noires. C’est aussi les immeubles ultra modernes. C’est aussi de magnifiques vieux immeubles pourrissant dans l’humidité tropicale. C’est aussi de tranquilles maisons du début du XXème siècle entourées d’arbres. C’est aussi la plage de Girgaon Chowpatty où tout les ans on vient immerger une statue géante de Ganesh. C’est aussi la mer dégueulasse qui sert de dépotoir. Tout ça, c’est Mumbai.

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