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Melbourne

Melbourne, Melbourne, Melbourne. Aaaah, une bien jolie ville. Mais pourquoi devriez-vous me croire, après tout, moi qui vient de dire il y a peu qu’Adélaïde était fort agréable pour ensuite me contredire en statuant que si j’y avais été après Melbourne, j’aurai trouvé ça moyen ? J’attends. Pourquoi ?

DSC_7554_DxOPremièrement, la ville est magnifiquement située sur les rives de la Yarra River. De manière surprenante, j’aurais juré qu’il s’agissait de la rivière Flinders. Tiens, pour une fois. Une ville avec une rivière qui coule au milieu, c’est tout de suite beaucoup plus classe, surtout la nuit. Ensuite, à deux pas, mais vraiment tout à côté, se trouve un port. Attention, on parle d’un port naturel de classe mondiale. Regardez moi ça, vu du ciel, s’il n’est pas exceptionnel. Melbourne est au nord de la baie de Port Philippe (ce qui paraît redondant comme dénomination), une magnifique baie naturelle entièrement abritée de la houle marine par une unique petite ouverture au sud. Quand les premiers explorateurs à bord de leurs voiliers majestueux (mais capricieux) sont tombés dessus, ils ont du se frotter les yeux d’émerveillement en poussant des « Oooh » et des « Aaah » d’égal émerveillement, car à l’époque on usait peu des superlatifs et on savait garder son flegme.

J’en convient, ce n’est pas commun d’être sensible à ce point à la configuration maritime d’une ville. J’y peux rien, depuis que je dévore les aventures de Richard Bolitho (maintenant commodore, c’est pour vous dire comme il travaille bien malgré tout ces braves marins qu’il envoi au casse pipe), je suis extrêmement au fait des choses de la mer et je peux vous dire qu’un havre correct pour abriter sa frégate, ce n’est pas de la tarte à trouver.

Comme je ne vous sent toujours pas convaincu, sachez que Melbourne est réputé en Australie pour être la capitale culturelle et artistique du pays. En écrivant cela, je ne voudrais pas qu’il y ai de malentendu. L’Australie n’est certes pas réputée pour être d’un grand bouillonnement culturel mais je vous ferai dire que c’est malgré tout une nation qui a beaucoup donnée pour la musique pop rock : Nick Cave, les Bee Gees, Midnight Oil, Men at Work (célèbres surtout pour leur tube des années 80 « Land down under ». En tout cas, c’est le premier 45 tour que j’ai acheté. Ah non, en fait le premier c’est « Too shy, shy » de Kajagoogoo, mais je m’en vante moins), Kylie Minogue et AC/DC. Oui, oui, tout ça est vraiment hétéroclite et je sens que certaines références peuvent même desservir.

De l’extérieur, on croit souvent que Sydney est le phare culturel du continent rouge mais il n’en est rien. Sa rivale, Melbourne, abrite un grand nombre d’artistes, de galeries, d’institutions et de DSC_7505_DxO-DSC_7507_DxOmusées, certains subventionnés par l’état du Victoria ou par la municipalité. Au coeur de la ville, en face de la gare de Flinders Street se trouve Federation Square, une sorte de grande place publique autour duquel sont installés un grand centre d’information touristique ainsi que divers musées dont l’Australian Center for the Moving Image. Cet institut abrite des expositions autour du cinéma, de la télévision ou des jeux vidéo fort intéressants mais propose également des projections de film.

DSC_7538_DxOPlus intéressant encore, cette activité culturelle et artistique semble ne pas être uniquement le fait d’une volonté politique venant d’en haut. Une grande part de cette vie est issue de la rue sous la forme de graffitis somptueux (plus ou moins encouragés par la ville), de groupes musicaux undergrounds ou de petites galeries et designers dans le quartier hipster de Fitzroy. Pour être honnête avec vous (je n’arrête pas de le dire, mais c’est vrai, je le souhaite), cette part-ci de l’activité culturelle n’est pas forcément visible au premier abord, surtout dans le CBD, dominé à première vue par les hauts immeubles des grandes entreprises internationales. Mais je vous en dirait plus à ce sujet dans les billets suivants.

En se baladant dans le CBD, on remarque également de grands théâtres, un opéra, une salle de concert mais également de nombreux petits cafés à l’européenne dans quelques rues piétonnes. Comme je vous l’expliquerez prochainement, à première vue, le centre ville DSC_7562_DxOn’abrite que des lieux plutôt moyen / haut de gamme mais, lorsque l’on connait un peu mieux l’endroit (où qu’on y a été introduit) il recèle de nombreux lieux plus undergrounds et originaux.

Pour ceux qui ne suivraient pas l’actualité sportive, sachez que Melbourne héberge chaque année un des quatre tournois du grand-chelem de tennis, l’Open d’Australie. C’est d’ailleurs une ville hautement sportive, comme partout ailleurs en Australie, finalement. On y croise, par exemple, de nombreux cyclistes. Surtout, elle abrite, en plus des installations de l’Open DSC_7563_DxOd’Australie, trois stades de plus de 30000 places. D’après ce que j’ai compris en discutant avec des locaux, ils sont rarement vides.

Mais comment se fait il que dans cette métropole il y ai autant de richesses ? Je lit dans vos pensées. Vous êtes comme un livre ouvert. La réponse est, comme souvent à chercher dans l’histoire. Elle fut notamment capitale du pays au tout début du vingtième siècle, époque où elle surpassait Sydney par la taille et par sa population. Mais c’est surtout au 19ème, siècle des révolutions et des ruptures de paradigme, s’il en est un, qu’elle gagna en puissance. On découvrit de l’or (Au, numéro atomique 79) dans l’arrière pays du Victoria. Une ruée similaire à ce qui eu lieu en Californie se produisit, avec Melbourne dans le rôle de San Francisco. Port d’entrée des prospecteurs et port de sortie du métal précieux, la ville s’enrichit considérablement. La légende raconte qu’au pic de l’activité, il se buvait plus de bouteilles de champagne dans la capitale du Victoria qu’à Paris. DSC_7546_DxOJ’adore ce genre de statistiques inutiles. Je serai ravi, par exemple, de connaître la quantité de caviar ingurgité ainsi que le tonnage de foie gras. Soyons exhaustifs. Un grand nombre de vieux bâtiments, notamment la gare, ont été construits dans cette période. Depuis, la ville prospère toujours, notamment grâce au tertiaire. Signe indéniable, on constate de nombreuses grues dans le centre ville.

Par contre, dés qu’on s’éloigne du CBD et du cœur de la ville, elle redevient complètement inintéressante. Ce n’est que banlieues résidentielles aux pelouses entretenues et habitants biens comme il faut. Là bas, c’est beaucoup moins AC/DC.

Oui, car vous ne le saviez peut être pas, mais ce célèbre groupe de hard rock auteur du pseudo-diabolique « Highway to Hell » (alors qu’ils n’ont jamais décapité de rongeurs sur scène, que je sache), dont les mauvaises langues (dont je fais parti) affirment qu’ils ne connaissent que trois accords, ont commencé leur carrière à Melbourne.

Ta, ta, taaaaa, ta, ta, tataaaaah, ta, ta, taaaaa, ta, ta, tata.

Maintenant, vous me croyez qu’elle est chouette cette ville ?

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En revenant vers Melbourne

Ce chemin du retour vers Melbourne, je le fait en tentant de coller au plus près de l’océan. Plus ça va, plus je crois que j’aime la mer. De plus, histoire de me narguer, maintenant que je m’éloigne de Wilsons Promontory, le temps est de nouveau clément et le ciel dégagé, bien que de lourds nuages de pluie flottent au dessus de l’eau.

Qu’est ce que je pourrais bien vous raconter de cette dernière portion d’aventure routière, pour mes dernières 24h au volant de ma fière petite Toyota Corolla ? Je pourrais vous dire que les images parlent d’elles même mais finalement, force est de constater que je me trouve à apprécier cette partie de l’Australie. Sans doute est-ce parce qu’elle est relativement verte et européenne par son échelle. Le moindre petit village côtier, à défaut d’une architecture exceptionnelle, possède également un charme, un art de vivre que je trouve agréable, même si j’ai du mal à vous expliquer pourquoi. En l’absence de photo, ma cause est d’ailleurs totalement perdu.

Un début d’explication pourrait être que la proximité de Melbourne implique qu’un certain nombre de ces bourgs abritent des résidences secondaires de citadins plus ou moins fortunés, havres pour des weekends hors de la ville. En tout cas, à part quelques exceptions, j’ai l’impression de communautés encore vivantes et dynamiques, contrairement à certains villages côtiers en France que je découvre tout les hivers, morts et apathiques (ce qui va souvent de paire, je le concède).

Ce soir là, je campe d’ailleurs au village d’Inverloch, au nom bien écossais. Il n’y a pas de mystère, les immigrants de ce pays ont été nombreux au dix neuvième siècle. Et bien, pour le coup, c’est un trou paumé totalement mort et apathique, hormis le pub local. Je suis en pleine contradiction d’avec moi même.

Tenez, pour finir, et puisque les images en disent plus long que mille mots (surtout si ce sont majoritairement des adverbes et des digressions), voici quelques photos prises sur cette côte entre Wilsons Promontory et la banlieue sud-est de Melbourne. Puisque je vous sait avides d’anecdotes afin d’enrichir vos conversations au bureau, sachez qu’il existe un petit village côtier à l’entrée de l’île nommé Phillip Island qui porte le nom de San Remo. Je crois qu’on peut en conclure sans trop d’hésitation que s’il y a bien quelque chose en commun entre tout ces immigrants, c’est bien leur très faible imagination lorsqu’il s’agit de nommer des lieux, à égalité avec une infinie nostalgie.

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Wilsons Promontory

Ce matin, frais, dispo et reposé par une nuit dans un lit double king size, je reprend la route vers le sud pour aller visiter le Wilsons Promontory National Park (notez l’utilisation massive de majuscules témoignant du caractère officielle de la dénomination. Vous pouvez donc être confiant si vous souhaitez en parler demain à la pause café). Manque de pot ou contrariété divine, le temps est gris.

J’arrive donc après une heure de route devant l’entrée du parc et m’arrête au niveau d’un panneau d’information. Dans l’enceinte du parc, il n’y a pas d’essence, pas de camping, pas de logement. Rien. Quand je voit la taille de celui-ci sur ma carte, je vérifie mon niveau d’essence. Ce devrait être bon. Je vais déjà essayer d’aller voir ce qu’il y a à visiter et on verra ensuite pour le logement ce soir. De toute façon, je peux très bien dormir dans la voiture. Mon seul doute concerne la météo car de lourds nuages semblent couvrir toute la zone de la péninsule.

DSC_7345_DxOJe repart sur la route et après quelques minutes, la pluie commence à tomber. Un vent violent et des nuages gris et bas rendent le paysage encore plus tourmenté. C’est vraiment frustrant, car la côte est effectivement très sauvage et l’intérieur des terres également montagneux. En plissant un peu les yeux et un brin d’imagination (ce qui est mon cas), on se croirait en Ecosse. Après un rapide arrêt au centre d’information où je tente d’avoir des DSC_7350_DxOinformations sur la météo, malheureusement pessimistes, je rejoint le point de départ d’une ballade, grâce aux conseils d’une employée. Le circuit se fait sous les arbres et permet donc un abri relatif.

Je mange rapidement un sandwich, espérant toujours que la météo se calme. Finalement, je décide de sortir et attaque le chemin sous une pluie battante. Au court de cette ballade, fort agréable et sans véritable difficulté, la pluie s’interrompt puis reprend. Le clou du circuit est une DSC_7340_DxOpetit zone de forêt primaire ancienne encore préservée. Ca ne vaut pas une joli vue, mais on fera avec. De retour à la voiture, je tente un dernier va tout et part en direction d’un col pour tenter d’apercevoir le panorama. Peine perdu, arrivé au sommet, balayé par les vents je pénètre dans le nuage. Un peu dégouté, j’abandonne ici tout espoir de profiter du parc national. Demain en fin de matinée, je dois être à Melbourne pour rendre la voiture.

Je repart donc en rebroussant chemin, toujours sous une météo maussade et déprimante. Je me retrouve vite seul sur des routes sauvages, en route vers la sortie du parc. Sur le bord de la route, de temps en temps, je repère une carcasse d’animal mort. Fort heureusement, avant de quitter le Wilsons Promontory, j’aurai quand même l’occasion de croiser quelques spécimens vivants de kangourous, émeus et même un wombat qui ont décidé de quitter les taillis pour jeter un œil à la route. La plupart fuient à mon approche, sauf un marsupial particulièrement concentré sur son déjeuner. Je m’approche tout doucement au ralenti avec la voiture, comme un psychopathe à l’affut et le mitraille à travers le pare-brise.

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A défaut de paysages, j’aurai au moins vu quelques animaux.

Grampians

 

SILENCE !

Bien. Sur une feuille quadrillée format A4 orientée en paysage, dessinez une carte de l’Australie. Placez un point A ainsi qu’un point B respectivement aux emplacements de la ville d’Adélaïde, capitale de l’Australie Méridionale (et non l’Australie du Sud, comme je l’écrivais précédemment de manière fort naïve), et de Melbourne, capitale de l’état du Victoria (en hommage à la reine du même nom). Puis, tracez une ligne reliant le point A au point B. A l’aide de votre compas, déterminez le point C, milieu du segment AB. Au stylo vert, légendez : « Grampians National Park ». Parfait. Zoom avant.

Les Grampians, c’est fort joli. Voilà. Point. Fin du billet.

Non, non, non, rassurez vous, il y a des choses à dire et d’autres choses à montrer (même que, parfois, c’est les même choses). Les Grampians sont un massif montagneux dont l’origine m’est absolument inconnue. Par contre, d’aspect, cela pourrait évoquer, de loin, le Vercors ou le Dévoluy, c’est à dire des falaises d’un côté et une douce pente de l’autre. Ces montagnes ne sont pas très hautes, le point le plus haut étant juste en dessous de 1200m, mais comme me l’a répété si souvent monsieur Yves R., de Grenoble (anciennement de Chambéry, anciennement de Chalon, anciennement de Paris, anciennement de Peypin en Provence), ce n’est pas la hauteur qui compte, paraphrasant plus ou moins en cela un dicton populaire sur un tout autre sujet. Car, en effet, ce massif est posé, encore une fois, au milieu d’un vaste terrain plat à une altitude proche du niveau de la mer. Ce continent est un vaste terrain vague où les dieux s’amusent, je vous dit.

C’est d’ailleurs assez étonnant de constater que, contrairement à certains massifs de ma connaissance où de petites ondulations de terrain de plus en plus prononcées annoncent les reliefs principaux, ici ce sont de grosses collines, isolées au milieu de la plaine, qui s’en chargent. A l’est, l’une de ces montagnettes porte le nom pompeux de mont Ararat. Dans le futur, j’y monterai un jour d’orage. Sait-on jamais, j’y redescendrai peut être avec un nouveau code des impôts dicté par une déité. En tout cas, on y a une belle vue de la plaine tout autour et, si je n’avais pas ce foutu soleil dans les yeux, des fameux Grampians.

Revenons en, à ces Grampians. Le massif s’étend essentiellement du nord au sud (et vice versa) sur quasiment environ 70km et sur une largeur de 30 en son centre. Je part du principe que je m’adresse potentiellement à des fétichistes de la métrologie. Un petit village du nom de Hall’s Gap concentre la plupart des logements et centres d’informations du parc. Encore une fois, le manque d’ambition de certaines personnes me sidère. J’aurai personnellement appelé ce bled Hell’s Gap afin d’ajouter un peu de mystère et de dramaturgie à un lieu qui n’en a, par ailleurs, ni l’un ni l’autre.

DSC_7277_DxOMais cessons là les critiques car il y a en ce bourg quelque chose de vraiment charmant, où alors je ne m’y connais pas en choses qui sont meugnonnes. Les kangourous y sont foisonnants et fort sociables. C’est bien simple, ils ont pris la place des pigeons et broutent paisiblement l’herbe rase du camping à porté de coup de pied au derrière (ce que je ne tente pas, bien entendu). Il m’est avis qu’ils ne sont plus vraiment sauvages. En tout cas, c’est l’occasion d’observer leur démarche à deux vitesses, ridicule ou bondissante, et leur mignonne petite bouille quand ils veulent bien s’arrêter de bouffer cinq minutes. Voilà. Merci.

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En parlant de ridicule, je découvre dans ce camping de Hall’s Gap une nouvelle limite à l’étendue du glamping en Australie : trois familles en camping avec enfants qui installent la nuit un cinéma d’extérieur avec écran déroulant et lecteur DVD. Bon, certes, ce n’est pas plus ridicule que la télévision dans le camping car. C’est même vachement plus sociable. Mais enfin, c’est bien la première fois que je vois ça. Quand on dit que les voyages ouvrent l’esprit, en voici bien la preuve indéniable.

Détournons donc le regard de la vallée et prenons de la hauteur. De nombreuses randonnées sont facilement accessibles et indiquées. D’ailleurs, je suis toujours étonné de constater à quel point de nombreux pays (pour le moment j’appui cette théorie par quelques expériences en Ecosse, Québec et en Californie) aménagent leurs sentiers de randonnées grand publics. Ce sont quasiment des boulevards avec des escaliers bien ciselées en présence de la moindre difficulté. C’en est presque frustrant. Heureusement, le chemin est assez original, commençant par un chemin montant dans une forêt d’eucalyptus (pour changer), passant ensuite dans d’étroits défilés rocheux, canyons ou bien traversant des dalles de pierre.

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Dans ces défilés, l’eau coule à flot. J’en veux pour preuve, sceptiques, cet enregistrement:

En tout cas, une fois arrivé au point le plus haut, la vue est grandiose et dégagée (ce qui va souvent de pair. Je connais peu de vues grandioses et bouchées), comme vous pouvez le constater. Si, si, j’insiste, constatez par vous même.

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Si vous êtes fainéants (moi même, je le suis assidument) ou bien juste un peu fatigués, quelques points de vues magnifiques, grandioses et dégagés sont également accessibles en voiture et vous épargne un long dénivelé à pied. Je vous le dit parce que je vous apprécie, bien que je ne sois pas partisan d’encourager la médiocrité. Pourtant, il faut bien admettre que tard le soir ou tôt le matin, la vue est de classe mondiale.

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Si ensuite, vous redescendez dans la plaine et décidez de vous en jeter un dans un bar, choisissez au moins un de ceux qui sont ouverts et surtout dont le patron a au moins un niveau minimum en orthographe. Pas comme celui-ci :

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Attention, cette devinette-ci est particulièrement ardue et s’adresse aux anglophones.

Peut-être même, d’ailleurs, est-ce moi qui pinaille.

Nuit au bord d’un chemin

Avec une bagnole et une carte bleue, on est libre (jusqu’à concurrence de votre capacité de crédit). La liberté, c’est la capacité de choisir ce que l’on veut faire. Je suis sans but. Uluru ? Fait. La Great Ocean Road ? Fait. Quoi voir maintenant ? J’ai encore trois jours de location. Au nord du Victoria, j’hésite à aller voir les Snowy Mountains, le massif montagneux le plus haut du continent, enneigé en cette saison. Deux facteurs m’en dissuadent : la distance et cette détestation de la moindre fraicheur attrapé depuis l’Inde. Il fait déjà suffisamment froid par ici, inutile d’aller se geler les miches plus haut.

Je compulse donc mon Lonely Planet pirate acheté au Vietnam (celui fait avec des pages quasiment aussi épaisses que du papier toilette) pour trouver une idée. Fort heureusement, j’avais croisé sur la route un panneau indiquant « Grampian Range » et lis le descriptif. Pourquoi pas, ce sera l’occasion de marcher plutôt que de rouler tout les jours comme un débile.

A ce propos, on est au milieu de l’après midi. Il faut donc que je trace. Je repart donc plein ouest en m’éloignant de Melbourne en essayant de me rapprocher le plus possible avant la nuit. Vers 16h30 je bascule en mode recherche de camping. Je roule, sans apercevoir de panneaux dans les rares petites villes que je croise. A 17h30, je commence à me dire que ce pourrait être amusant de tenter le camping sauvage. Je n’ai pas vraiment réussi à trancher si c’était illégal ou pas dans ce pays mais les deux vieux en 4×4 m’avaient affirmé qu’ils le faisait régulièrement sans que personne n’y trouve rien à redire.

Je prend donc une route à gauche au hasard, quittant la route principale, à la recherche d’un champs ou d’un endroit sympathique. Après deux ou trois changements de cap à l’intuition, je me retrouve dans une longue ligne droite sur un chemin non asphalté. Je planque mon contrat de location sous un tas de vêtements pour qu’il ne le voit pas. D’un côté il y a de vastes champs clôturés et de l’autre une forêt de pinèdes. De toute façon il fait presque nuit et au moins, il y a la place de se garer sans se retrouver dans un fossé. Je m’arrête.

Alors que je fait cuir un steak sur mon réchaud à gaz, un vieux pickup arrive à ma hauteur. Le vieux monsieur au volant me demande si tout va bien. Je le rassure en lui expliquant que mon contrat a peur du noir. Après cela, je ne croiserai personne de race humaine.

Je vais sans doute balancer des vérités vrais estampillées Lapalice mais il y a quelque chose de vraiment dépaysant et d’étrange à se retrouver tout seul au milieu de nul part dans une nuit profonde. C’est quelque chose de totalement étranger pour les citadins que nous sommes et par moment légèrement angoissant. Inutile de dire que le moindre petit mouvement de branche ou de feuille est intensément analysée du coin de l’oeil (où se situent les cellules photoréceptrices les plus sensibles à la lumière, figurez-vous). Ami ? Ennemi ? Psychopathe priapique ?

Le silence est total, uniquement troublé par de petites brises intempestives et ma déglutition. Le ciel est partiellement couvert et m’empêche de contempler un champs étoilé qui doit être magnifique. L’air est encore humide et le froid commence à se faire sentir. Je me repli donc dans la voiture.

A l’intérieur, les sons sont plus sourds et cloisonnés. A la lumière du plafonnier, l’extérieur devient noir total. C’est encore plus angoissant. Quelqu’un peut me voir et moi je ne vois rien. J’éteins donc la lumière et me glisse dans mon duvet.

Le lendemain matin, transi par un froid humide, je m’arrache de mon couchage et m’habille rapidement pour soulager un besoin unanimement qualifié de naturel. Je souffle un petit nuage de vapeur d’eau sous un ciel encore presque noir, avec une unique lueur à un bout du chemin. En contre jour, deux formes lapines, taille XL. Deux kangourous me regardent à vingt mètres en plein milieu du chemin. Je ne bouge pas pendant quelques secondes puis, tout doucement, tente d’attraper mon appareil photo. Instantanément ils partent dans d’impressionnants bonds élastiques et d’un bond exceptionnel, sautent par dessus la clôture et pénètrent dans le champs. Ils me regardent de l’autre côté et alors que je tente une nouvelle fois de m’approcher pour cadrer, ils détalent encore plus loin.

Je patiente alors en attendant que le soleil se lève. Nous, les citadins, on ne se rend plus compte du moment privilégié et unique que représente un levé de soleil. Le moment est encore plus fort lorsqu’on est seul, au milieu de nul part. Rien que pour cela, je ne regrette pas ma nuit frigorifique au bord d’un chemin.

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