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La maison à Opéra

Non, sans déconner, c’est vrai. Ben si, ça l’est, et même drôlement. Et puis, ne faites pas semblant d’être d’une inculture crasse, enfin. Ça va finir par être crédible. Il est indéniable que l’Opéra de Sydney est un des monuments modernes les plus reconnaissables au monde. Elle est complètement dans le top 10 avec la Tour Eiffel, la Statue de la Liberté et Big Ben. Lorsqu’on la voit, admettez que l’on est de suite convaincu de ne pas être à Strasbourg, Dunkerque ou Montastruc-la-Conseillère. Si en plus, dans la perspective, vous apercevez un grand pont métallique à l’allure de demi-cercle, les indices sont forts et convergents pour que vous soyez à Sydney.

DSC_7607_DxOPour mes retrouvailles avec la dame en forme de coquilles blanches, j’ai de la chance, il fait un grand soleil, plutôt bas sur l’horizon, et de plus, on est samedi. Il y a donc un peu de monde, mais rien de déraisonnable, sur la promenade. Bien évidemment, je me souviens très bien du lieu, même trois décennies plus tard.

Allez, hop ! Un peu d’anecdotes que, vous pensez bien, je n’ai pas sorti de ma mémoire. Ce bâtiment que je trouve, personnellement, fort joli, c’est construit dans la douleur. Dans les années 50, après un appel d’offre, on choisit le projet d’un architecte suédois, porteur du projet actuel. Pour le moment, ce n’est pas une cause de douleur, rassurez-vous. On avait choisi le lieu, situé au bout d’une petite péninsule comme il y en a de nombreuses dans la baie, entre Sydney Cove où se situe les terminaux de ferry et Farm Cove qui borde Botany Park. Il est important que vous vous représentiez les lieux. Bon, en fait, non. On s’en tape. La douleur fut la facture. A l’origine prévu à 7 millions de dollars australiens, la douloureuse s’éleva à plus de 100. Ça refroidit.

Je n’ai pas les détails du pourquoi et du comment de cette crevaison de budget, mais sachez que l’architecte d’origine (suédois, rappelez vous) quitta le projet avant la fin, suite à un différent avec le gouverneur de la Nouvelle Galle du Sud. Ça n’a pas du aider. Un groupe d’architectes locaux finit donc la construction qui dura plus de 10 ans. A sa complétion, le résultat fut décrié, mais franchement, malgré tout ces déboires, je pense que personne ne regrette. Rien de tel qu’un monument à la forme unique pour mettre une ville sur la carte. Ah, j’oubliai. Accessoirement, il y a des concerts et des opéras dedans. Ce n’est pas qu’une coquille vide pour faire joli.

Ce qui a de plaisant lorsqu’on se ballade autour de l’opéra, c’est cette vue exceptionnelle sur la baie, le pont et le CBD. Rien de tel qu’un grand espace dégagé rempli d’eau pour donner du cachet. Un peu de verticalité à un bout avec une masse de gratte ciel, un treillis métallique se découpant en ombre chinoise face au soleil sous la forme d’un pont et le cri des mouettes. Vous y êtes. Parce que, ce qui est vraiment classe avec cette opéra, c’est son intégration dans le décor. Je ne suis pas sur qu’elle aurait eu le même impact si elle avait été construite en pleine ville. La même chose peut être dite du pont, le Harbour Bridge, d’ailleurs, maintenant que j’y réfléchi. Bref, ce qui est magnifique c’est l’alliance de ces éléments : la mer, l’Opéra, le pont, les gratte ciels du CBD. Pris séparément, ils sont certes jolis mais pas exceptionnels. D’ailleurs, on passe plus de temps à tourner le dos au bâtiment en profitant du panorama.

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Moi, c’est bien simple, j’ai envie d’acheter un appartement au 8ème étage d’un immeuble donnant sur Sydney Cove, au pied de l’Opéra avec vue sur le pont, le CBD et le terminal de ferries. En DSC_7619_DxOplus, étant plutôt attentif à ce genre de détail, lorsqu’on contourne l’Opéra (je persiste à mettre une majuscule) on note plusieurs bars branchouilles au pied de l’eau, avec DJ ou groupe musical le samedi ainsi qu’un cinéma plutôt art et essais à l’excitante programmation mais également un glacier. En somme, la base de la vie. Mais comme je ne suis pas foutu d’avoir des goûts différents des autres, il y a environ un million d’autres péquins qui ont la même envie que moi et qui font sottement grimper les prix jusqu’à rendre mon légitime souhait totalement inabordable.

Notez tout de même qu’il y a des villes, comme ça, je n’en citerai pas pour ne point vexer, qui ne DSC_7631_DxOprovoquent en moi aucun fantasme comme décrit juste au-dessus. Bon allez, si, je cite. Prenons Vierzon, par exemple et pour changer de Chalon-sur-Saône. J’y suis pourtant passé de nombreuses fois, notamment autour de la gare, chaque weekend pendant mon service militaire. Pendant tout ce temps, jamais je ne me suis dit « Té ! J’aimerai bien vivre là, dans cette magnifique maison de ville donnant sur l’église ». Pendant que j’y suis, Adélaïde non plus ne m’a pas inspiré de telles pensées, même si je confirme qu’elle est agréable et sympathique. Il faut autre chose du domaine du déraisonnable pour qu’une ville me fasse rêver, comme exploser un budget sur un opéra aux tuiles auto-nettoyantes posée comme une proue dans une baie.

Je peut donc vous le dire, si jamais vous avez de l’argent à perdre : passer quelques mois de l’année sur Sydney Cove, je ne dis pas non.

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Retour à Sydney

Le temps file, finalement. J’arrive dans un pays et j’ai un mois devant moi. Je peine à trouver des idées pour occuper ces jours, hésitant entre maximiser les choses à découvrir et prendre son temps, et puis tout à coup, un matin on se retrouve avec plus qu’une petite semaine de jours dans le pays. C’est assez écoeurant de dire ça lorsque la plupart des gens n’ont, justement, qu’une seule petite semaine de vacances en un endroit mais je suis dans un autre rythme.

Pour ma dernière étape australienne, j’ai gardé quelque chose de spécial pour la fin. Je retourne à Sydney, plus de trente ans après. Oui, car pour ceux qui ne connaissent pas mon background, j’ai eu la chance d’habiter deux ans et demi, petit enfant, dans la capitale de la Nouvelle Galle du Sud au tout début des années 80. Autant dire que je vais redécouvrir la ville, re-parcourir des lieux déjà vu mais dont je ne me souviendrai pas ou bien retrouver (ou pas) des sensations oubliées.

Autre particularité de mon séjour à Sydney, je vais également revoir l’ami Romain, un ancien étudiant que j’ai eu à Chalon-sur-Saône, immigré ici depuis quelques années. Ce sera parfait pour faire un point comparatif avec lui de ce que j’ai ressenti dans le pays.

Je quitte donc Melbourne un samedi matin très tôt et, par voie aérienne parce que, parfois, il y en a marre d’être terrien, atterri de nouveau à Sydney. Pour le moment, aucun déjà vu. Un aéroport est un aéroport. Après avoir récupéré mon gros sac à dos, je prend le train pour le centre ville. A travers la vitre, rien de spécial ne déclenche un souvenir. Heureusement, il fait beau et doux.

DSC_7777_DxOJe descend à la gare centrale et me met en route le long d’Elizabeth street à la recherche de mon auberge de jeunesse. Je suis devenu complètement accroc à ce mode d’hébergement. Enfin, disons que moi et mon portefeuille on s’est mis d’accord pour trouver ça chouette. Au loin, à quelques centaines de mètres, de grands immeubles en verre signalent le CBD. Toujours rien de familier. Je récupère les clés de la chambre, pénètre dans un dortoir sombre de trois lits superposés où un type est encore en train de dormir en fin de matinée.

Je prend cinq minutes pour appeler Romain au téléphone et on se met d’accord pour se rappeler plus tard afin de se synchroniser pour se retrouver ce soir en ville boire un coup et manger. Depuis le téléphone portable, on note un pic de procrastination en ce qui concerne la prise de rendez vous. Je repart aussitôt à la recherche d’un coiffeur recommandé par la fille de l’accueil. Quelques rues plus loin je repère la petite échoppe de barbier tenu par deux types d’origine moyen oriental. Je suis le seul client et l’un d’eux pose son magasine pour s’occuper de moi. En dix minutes, il règle mon affaire et pour 15$, je repart avec la nuque fraiche. Ca tombe bien, le temps est printanier. Ceci dit, je n’ai toujours pas reconnu quelque chose de familier.

Je part ensuite faire quelques courses de base (brosse à dent et dentifrice, preuve que je me soucis encore de mon hygiène) et après avoir passé sous les voies de chemin de fer, me retrouve aux portes de Chinatown. L’endroit est vivant et riche en magasins mais je n’ai toujours aucun souvenir de l’endroit. Pourtant, Chinatown, ça devrait DSC_7566_DxOmarquer. Le truc c’est que j’ai des images précises de choses mais tant que je ne tomberai pas dessus, il n’y a aucune chance que je sache où elles sont.

Je revient à l’auberge déposer mes achats puis repart faire une première véritable ballade touristique en direction du CBD. En remontant Elizabeth street, assez rapidement les immeubles deviennent plus imposant et je me retrouve soudain au pied de grands bâtiments en verre.

Je longe un parc avec un monument en son centre. Je m’approche pour voir si ça ne déclencherai pas un flash. Rien. Par contre, j’aperçois plus loin,DSC_7570_DxO longeant le parc, un grand bâtiment à l’allure néo-classique. Première émotion. Ce pourrait-il que ce soit ce musée où, enfant, j’avais effectué une sortie scolaire pour y voir une exposition géologique et surtout un gigantesque squelette de baleine suspendu en l’air ? C’est bien lui, l’Australian Museum, sauf qu’il a sérieusement rapetissé par rapport à mes souvenirs. Me voilà rassuré. Je ne me suis pas trompé de ville.

Je poursuit mon chemin jusqu’à la cathédrale qui ne m’inspire rien. C’est une cathédrale vaguement gothique comme il en existe de nombreuses. Deux ou trois couples en habits de mariés et à la face bienheureuse se font mitrailler par des photographes accompagnés de leur assistants luttant contre l’ennui en tenant d’un air détaché un DSC_7578_DxOréflecteur dans la main. Les gens n’ont donc aucune imagination. C’est d’un triste de faire un demi tour de la planète pour constater les mêmes clichés.

Sur le parvis, j’aperçois de l’autre côté du parc deux immeubles qui me disent vaguement quelque chose. L’un d’eux ressemble à une tour radio gigantesque et l’autre possède une forme octogonale. J’ai un souvenir de diner pris dans un restaurant panoramique rotatif, au sommet d’une tour comme celle-ci. Rassurez-vous, ce n’est pas moi qui payait.

Je continu en passant derrière la cathédrale et rejoint le coin d’un nouveau parc. Un bâtiment à l’aspect curieux titille quelque chose en moi. C’est le conservatoire de musique. Allez savoir, peut être y suis-je déjà DSC_7594_DxOaller. Par contre, si je ne suis pas complètement abruti, je ne devrai pas être loin de Botany Park, le parc jouxtant le CBD et l’Opéra (avec un « o » majuscule car il s’agit de l’Opéra de Sydney, pas n’importe quelle vulgaire salle d’opérette) et abritant un jardin botanique. Ça, je m’en souviens car il faisait parti du circuit touristique classique lors de la venue de membres de la famille venu d’Europe. Aucune chance que je me souvienne du nom des arbres et des essences qui s’y trouvent, par contre.

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J’emprunte les sentiers du parc et observe les nombreuses personnes posées sur les pelouses, profitant de ce chaud et agréable soleil de fin d’hiver. La température doit avoisiner les 22°C. Irrésistiblement, je suis attiré vers l’eau. S’il y a bien quelque chose qui m’a marqué à Sydney, c’est l’omniprésence de la baie. Elle était partout, à chaque coin de rue, pleine de recoins et d’activité, de ferrys et de voiliers, obstacle coupant la ville en deux mais également voie de transport. Je m’approche du muret et profite quelques instants de ces retrouvailles. Moi, l’eau, je crois que ça m’apaise.

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Je suis le chemin qui longe la rive, sachant pertinemment que chaque pas me rapproche de la reine des lieux, le co-emblème de la ville et un des monuments mondiaux les plus reconnaissables entre tous. De l’Opéra et du Pont, je garde un souvenir très vif. Et puis d’abord, c’est simple, tout le monde s’y dirige.

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Le CBD

Jeudi matin à 10h, c’est la visite guidée gratuite du CBD de Melbourne et il me semble bien vous en avoir parlé alors, s’il vous plait, ne faites pas les surpris. J’ai coché mon nom sur ma liste et à l’heure dite, on se retrouve une bonne dizaine autour de notre guide, un jeune sympathique joufflu à la barbe rase, employé du Greenhouse Backpackers. Pour ne rien changer à mes habitudes, je ne me souviens absolument pas de son nom. Parfois je prend des notes, mais souvent, j’oubli.

Pour que ce soit encore plus sympathique et coller à l’éthique écolo de l’hostel, ce petit tour se fait à pied. Nous partons donc en bande et plutôt que de vous narrer la chose chronologiquement, ce qui serait extrêmement difficile car tout ceci est un peu flou, nous allons aborder ça de manière thématique.

Pour commencer, plantons le décor culturel. Melbourne et l’état du Victoria encouragent beaucoup les arts. On croise donc en ville quelques statues ou « oeuvres » posées sur les trottoirs, DSC_7534_DxOdirectement accessibles par les passants. Au nombre de celles-ci, non loin de l’auberge de jeunesse, se trouve trois statues de bronzes d’hommes aux yeux exorbités tenant des valises, façon voyageur de commerce, posées au coin d’un des trottoirs les plus passants. Preuve que l’art n’est absolument pas guindé dans cette ville, de nombreux passants prennent un malin plaisir à insérer des cigarettes allumées dans la bouche notablement ronde des statues. Pour vous éviter une recherche pénible, j’ai déniché le nom de l’oeuvre, « Three Businessmen Who Brought Their Own Lunch », et d’après ce que j’ai compris ils représentent les trois fondateurs de la ville, revenus au temps présent, figés dans une posture de surprise alors qu’ils la redécouvrent dans son état actuel. L’un des fondateurs s’appelle d’ailleurs John Batman, aucun lien de parenté avec Bruce Wayne.

Une autre œuvre que nous a montré notre guide est une fontaine d’un aspect original. En vérité il s’agit plus d’un mur sur lequel un film d’eau coule. Le mur étant creusé de petites rigoles horizontales et irrégulières, ce film d’eau coule en créant de petites vaguelettes. Mais le plus fascinant dans cette fontaine est qu’encore une fois, les gens se la sont appropriée, peut être d’une façon non prévue par l’artiste. Si l’on place une feuille morte sur le mur, du fait de ce film d’eau et de la surface du mur irrégulière, celle-ci reste collée tout bloquant l’eau qui coule autour, dégageant une forme en dessous. En plaçant plusieurs feuilles à divers endroits, on parvient a créer des formes plus complexes. C’est complètement indescriptible mais c’est extrêmement amusant. Ne me demandez pas ce que cela doit représenter.

Mais une des œuvres d’art les plus connus de Melbourne, et soit disant la plus photographiée (autant dire que de nombreuses personnes de mon groupe se sont senties obligé de le faire), est un gros portefeuille de femme en granite et acier poli de la taille d’un petit canapé, posé par terre sur le flanc, fermé. Du nom de « The Purse », cette œuvre sert également de banc public. Si vous cherchez à faire une photo « cliché » de Melbourne, faites vous photographier en train d’essayer de l’ouvrir. Sinon, contentez vous d’observer les autres le faire, un sourire narquois aux lèvres.

DSC_7514_DxOToujours dans le domaine de l’art, la ville encourage les grafitis. Enfin, disons qu’elle le fait, à condition que l’artiste fasse une demande de permission, ce qui trahi quelque peu la démarche d’origine de la discipline. Plutôt situées dans les allées obscures et ruelles cradingues, la plupart sont vraiment magnifiques voir grandioses. On en trouve également pas mal du côté de Fitzroy, à ce propos. Fait cocasse (vous allez voir, vous allez vous tordre), alors que notre groupe se baladait au font d’une ruelle obscure aux odeurs d’urines, DSC_7533_DxOnous vîmes arriver un groupe de collégiens en uniforme accompagné d’un grand barbu hirsutes aux avant bras tatoués coiffé d’un bonnet. Ils eurent droit à un cours particulier de graffiti avec explication de texte de leur guide, celui-ci s’attardant particulièrement sur l’oeuvre d’un graffeur français (cocorico), dont j’ai oublié le nom, à la finesse d’exécution totalement « mind blowing ». Je le cite. Le graf est totalement rentré dans la norme.

Puisque nous sommes dans les allées obscures et odorantes, parlons de boisson et de bars. De l’avis même de notre guide, citoyen de cette ville depuis dix ans, connaître les lieux sympathiques demande un peu d’effort de bouche à oreille. La plupart n’ont pas pignon sur les rues les plus passantes mais dans des allées ou ruelles glauques. C’est parfait, nous y sommes. On trouve notamment dans celle où nous sommes présentement le Croft Institute. Ce bar de nuit accessible par une porte anodine en métal au fond d’une longue allée biscornue, après les poubelles, situé dans un ancien labo pharmaceutique, en a conservé son décor. Je ne vous en dis pas plus, car il se trouve que j’y suis passé lors du pub crawl.

DSC_7540_DxODans une autre ruelle au nom tout indiqué se trouve le Cherry Rock Bar, institution à Melbourne pour tout ce qui touche à la scène rock. L’anecdote voudrait, d’après notre guide, que Lady Gaga (cette sorte de Madonna version 2), après son concert et lors de sa tournée australienne, aurait téléphoné au propriétaire pour réserver sa soirée privée. Celui-ci, puriste ayant dédié son lieu au lancement de jeunes groupes locaux, aurait tout simplement refusé. A ce propos, la ruelle où se trouve ce bar se nomme AC/DC Lane, comme de bien entendu.

Pour finir sur le chapitre des bars, un autre exemple de concept original concerne le Section 8 Bar. Il a été construit en 24h sur l’emplacement d’un parking à l’aide de palettes de bois. Un container abrite le bar alors que les palettes entassées servent à s’assoir. Ce bar d’extérieur se spécialise, d’après notre guide, dans la musique hip hop. A l’heure où nous y étions, il était désert.

DSC_7532_DxOL’alcool c’est bien, mais le café c’est pas mal non plus. Melbourne se targue d’avoir une certaine culture du café. Notre guide, par exemple, en est particulièrement fier et nous a demandé de poser devant l’unique Starbucks croisé afin de nous prendre en photo en train de pointer le pouce vers le bas. D’ailleurs, si vous êtes motivés, cette photo est visible sur la page Facebook du Greenhouse Backpacker autour du 15 aout. Vous pourrez m’y voir avec mon chapeau, depuis disparu. En contrepoint, il nous a amené au plus petit café de la ville, à peine plus grand qu’un gros placard. Il se situe dans un couloir donnant sur le hall d’un très joli immeuble art déco. A l’origine, l’endroit contenait le central téléphonique de l’immeuble, d’ou son nom, le Switchboard Café. Le comble, c’est que leur expresso est également très bon et peu cher, un dollar (mais sans doute est-ce parce que nous y sommes allé avec un groupe). Encore une fois, vous pourrez nous y voir en photo (un peu plus serrés) en train de lever le pouce en l’air.

Maintenant que l’on a bu, il est temps de manger. Fort heureusement, le tour gratuit comprend un repas à prix réduit dans un restaurant chinois de Chinatown. De manière assez surprenante, notre guide nous affirme que celui de Melbourne est le plus grand du monde, y compris devant celui de San Francisco. J’avoue être encore dubitatif. Nous montant donc à l’étage et piochons dans des plats amenés au fur et à mesure. C’est effectivement très peu cher (il me semble bien que c’état quelque chose comme 7$) même si cela était peu copieux.

DSC_7535_DxOLe reste du trajet se passe à explorer des galeries marchandes couvertes de l’époque victorienne aux superbes vitraux. De petits magasins originaux s’y pressent, aussi bien que des artisans de toutes sortes, y compris la plus célèbre chocolaterie de Melbourne, Haigh’s. Nous y attaquons la parade des magasins, où chacun à la possibilité d’acheter des biens. Le tour est gratuit, c’est donc de bonne guerre, j’imagine. Heureusement, on sent malgré tout que notre guide a plaisir à nous montrer certains artisans particuliers notamment un fabricant de bonbons qui nous offre à chacun de gouter gratuitement ou bien des diseuses de bonne aventure qui, chacun notre tour, nous font tirer un billet prémonitoire d’une machine. Je peux vous dire qu’il avait complètement faux puisqu’il m’annonçait de grandes choses pour ce jour là. Ou alors je suis difficile.

Nous finissons ensuite par une galerie d’art spécialisé dans le pop art et l’art populaire, extrêmement sympathique. Si je croisais plus d’art de ce type, je crois que j’en achèterai régulièrement. Notre guide m’annonce que c’est sa galerie préférée car ils sont légèrement anti-conformistes et un peu outranciers. Je lève la tête à la devanture pour noter le nom de la galerie et suis surpris d’y lire un mot en français : « outré ». Le plus amusant, c’est que notre guide ne connaissais pas sa signification.

Ainsi s’achève ce tour gratuit hyper intéressant, agréable et sympathique. Fort heureusement, en plus des lieux visités et des anecdotes notés, c’est également l’occasion de papoter avec les autres guidés. Comme je collectionne toutes les nationalités, je discute avec un italien de Bologne, encore une canadienne, deux anglais ainsi qu’un pauvre indien démoralisé. Après avoir immigré de Bangalore, il a trouvé du travail en informatique à Adélaïde. Malheureusement pour lui, les villes australiennes sont loin d’avoir le tumulte indien, Adélaïde n’étant pas la plus tumultueuse des villes australiennes. Résultat, il déprime totalement, seul, loin de la foule grouillante dont il est habitué. Quelque part, je le comprend.

Sur ce, je vais me reposer un peu car ce soir, c’est Pub Crawl.

Fitzroy

DSC_7530_DxOA Melbourne, non loin du CBD se trouve une longue rue du nom de Fitzroy Street. Cette rue, ainsi que quelques rues parallèles, notamment l’artère centrale de Brunswick Street, forment le quartier de Fitzroy. Si vous êtes hébergés dans le CBD, comme c’est le cas pour moi, y aller est d’une simplicité extrême. Soit vous marchez, soit vous empruntez le tramway gratuit qui fait tout le tour du CBD. Quelle sympathique petite ville, dites moi, de proposer un transport gratuit vers les principaux sites touristiques. Vous descendez au coin nord-est du parcours et il vous reste ensuite une petite marche de DSC_7519_DxOquelques minutes vers le haut de Brunswick Street. Au passage vous pouvez admirer quelles vieilles maisons au style légèrement colonial avec ces ferronneries que je vois partout depuis Port Augusta.

Maintenant que vous y êtes, il serait temps de se demander l’intérêt qu’il y a à y aller. Et bien, tout dépend. Si vous aimez les quartiers vivants, un peu bohèmes, légèrement arty (voir farty pour les plus récalcitrants) à forte tendance hipster, le tout parmi des bâtiments en cours de rénovation mais où le cradingue et le décrépi tiennent encore leur rang, vous allez aimer.

DSC_7511_DxOLe haut de la rue est encore un peu dans son état d’origine. On y trouve des immeubles de type HLM et des bâtiments défraichis. Plus on descend la rue, plus on croise des galeries d’arts, magasins de vêtements vintage ou de designers locaux ainsi que des petits bistrots / cafés / restaurants chaleureux occupé par une poignée de clients sirotant un café ou un thé le nez dans leurs écrans de portable, ou lisant un bouquin. Le tout est parfois agrémenté de quelques graffitis, certains carrément magnifiques sur des bâtiments de pas plus de 4-5 étages, souvent moins.

Moi j’aime bien cette ambiance où DSC_7509_DxOtout le monde est dans la recherche du nouveau et de l’original, sans trop de prétention mais beaucoup d’ambition, où chaque magasin est une tentative individuelle de proposer une nouvelle approche ou vision. Bien entendu, si vous êtes allergiques aux vélos sans dérailleurs ni roues libres (les fameux fixies), aux grands gaillards barbus bien coiffés aux chemises à carreau de bucheron portant pantalons courts et étroits, où tout le monde semble vouloir faire de l’art et manger de la nourriture « organique », je vous le dit sans ambages, vous aurez envie d’y foutre le feu à ce quartier.

N’empêche que c’est toujours agréable de pouvoir se planquer à l’abri d’un temps gris et maussade dans un café appartenant à de jeunes gens dynamiques qui proposent de bonnes pâtisseries bio et de grands cafés americano que l’on peut siroter pendant des heures tout en lisant des aventures maritimes. Ensuite, quel plaisir de descendre la rue un midi et de s’arrêter tout les vingt mètres devant un restaurant DSC_7517_DxOou petit bistrot proposant un plat du jour original à 10$ (soit à peu prêt 7€ hors service, ce qui ne se fait quasiment plus en France), ne sachant lequel choisir. Personnellement, j’ai craqué sur un restaurant à la cuisine vietnamienne moderne, tenu par de jeunes vietnamiens, qui proposait un plat délicieux à 10€ avec le café.

Il ne faut pas s’étonner avec ça que Melbourne a la réputation de plaire beaucoup aux européens. Forcément, on y retrouve beaucoup du mode de vie du vieux continent. Et puis moi, j’aime bien les trucs arty pas prise de tête fais sérieusement mais avec humour.

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Melbourne de nuit

DSC_7501_DxOCôté nuit, Melbourne s’illumine. Je vous épargne toute allusion à Richard Borhinger mais indéniablement, le soir, le centre de la ville prend un nouvel aspect. Je n’ai pas poussé ma curiosité jusqu’à aller inspecter les quartiers résidentiels à la tombée de la nuit. J’ai beaucoup trop peur de me faire molester physiquement par des voisins regroupés en commandos paramilitaires, les fameux « neighbourhood watch ».

DSC_7485_DxOLe soir, c’est le moment où les habitants, telle des insectes photophiles, se ruent vers les lieux de lumières que sont les théâtres, salles de spectacles, restaurants et bars. Le CBD étant finalement vraiment minuscule, à peine sept blocs sur quatre, ont peu aisément naviguer à pied. On partage alors le trafic avec les tramways, les quelques cyclistes et les rares voitures.

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C’est également le moment où l’on peut admirer les différentes architectures gothiques, mises en valeur par de flatteurs éclairages. Le lieu le plus agréable reste sans aucun doute, en ce qui me concerne, personnellement, et d’après moi, les abords de la rivière Yarra qui, malgré sa faible largeur, reflète avec classe les immeubles de verres piquetés de lumières jaunes. Signe d’une municipalité moderne préoccupée par la qualité de vie, de nombreuses promenades et passerelles piétonnes permettent de déambuler mollement (comme il se doit souvent le soir) autour du cour d’eau. On profite alors de la fascinante agitation de ses semblables au dessus d’un miroitement hypnotisant entretenu par un petit vent nocturne.

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Finalement, la nuit, les villes deviennent dorées. Les éclairages au sodium ou tungstène nimbent les bâtiments de lueurs jaunes ou oranges. Au ras du sol, les néons et lumières fluorescentes baignent les piétons dans une blafarde teinte verte. Les bleus et rouges sont uniquement réservés pour souligner certains lieux exceptionnels ou logos gigantesques. La nuit, c’est un long instant de poésie multicolore.

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Parmi leurs pendants modernes, des bâtiments plus anciens, témoins de la période de gloire de Melbourne ou humbles lieux de savoir ou de culte, attirent le regard par leur incongruité. Le contraste est un moyen terriblement efficace pour marquer les esprits.

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Je me suis rendu compte il y a quelque années que j’aime les villes qui permettent qu’on les admire, qui vous offre un lieu où l’on peut prendre le recul physique des les contempler, de les appréhender dans leur ensemble. Les villes qui ont des collines, ou les villes qui sont tout en hauteur sont de celles-là. Celles qui sont plates, ramassées me frustrent. On est enthousiaste à voir New York d’en face. On est heureux de contempler Lyon d’en haut. A Lisbonne, on est ému à chaque point de vue d’une de ses collines. Bizarrement, à Melbourne je retrouve cette sensation en marchant autour de la Yarra River, sans doute car on peut s’arrêter en son centre, au milieu d’une passerelle et contempler les murs d’immeubles illuminés sur chaque rive. Non loin de là, un des plus haut gratte-ciel propose une vue panoramique.

Je n’y suis pas allé, sinon j’aurai carrément écrit ce billet en alexandrins.

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