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First night in kiwi land

Je commence ce tout premier billet Néo-Zélandais par un coup de gueule. Rhhaaaaaa !!!! Merde !!!! Con !!! Chié !!! Voilà. Il est destiné aux hôtesses et hôtes de l’air d’Air New Zealand qui ne font que me déranger dans mon vol. Encore un problème de riche me diriez vous. Certes. Je paye pour un vol d’avion qui, en l’occurrence, dure trois heures. Oui, il faut trois heures pour rallier Auckland de Sydney en jet. Là n’est pas le problème. Dans ce laps de temps, j’ai environ 2h30 pour profiter un maximum de l’ « on-board entertainment », que je traduirais en français par « divertissement à bord » qui depuis quelques années est individuel sur les longs courriers. On a un petit écran en face de nous dans le dossier de notre voisin de devant avec un petit joypad tout pourri qui nous permet de naviguer péniblement dans une arborescence de films, émissions de télévision et musiques. Donc pendant ces 2h30, j’ai de quoi caser un film et une poignée de « Big Bang Theory ».

Et bien on est constamment dérangé dans son film par des annonces ridicules du personnel naviguant. Turbulences, vente d’alcool, consignes de sécurité, annonce de l’approche d’Auckland, température et météo à destination, tout y passe. Ce sont de véritables pipelettes. C’est pire que les publicités car parfois ça survient en plein milieu d’un dialogue clé. Tout à coup l’image se fige, un « dong » en La 4 retentit et une voix inconnue du scénario nous fait alors remarquer que des rafraichissements seront bientôt servis avec un choix de poulet ou de bœuf pour les classes économiques. Quelques secondes plus tard, la vidéo reprend ainsi que le son mais non sans avoir oublié les deux derniers mots : « Luke, je suis ton… Nous voudrions vous rappelez qu’il est interdit de fumer dans les toilettes. Merci… Noon, nnooon, ce n’est pas vrai. C’est impossible. Noooooonn !!!! ». Ben pourquoi il gueule, l’autre blondinet ?

Voilà, c’est dit. C’est dommage parce qu’à part cela, ils sont extrêmement sympathiques chez Air New Zealand. Tenez, pour les consignes de sécurité ils nous diffusent une vidéo extrêmement drolatique avec dans le premier rôle, le héros de « Man vs. Wild ». Ils ne sont pas à leur coup d’essai dans leur domaine car ils avaient précédemment utilisé une autre vidéo ayant pour thème le Hobbit ou encore celle-ci, beaucoup plus disco . Bref, tout ça donne un bon à priori des habitants de la Nouvelle Zélande.

La bonne nouvelle, c’est que cela s’est confirmé une fois arrivé à Auckland. Pour une fois, à l’immigration, l’officier m’a souris en me souhaitant la bienvenue. Il va se calmer cet hystérique, dis donc. Ensuite, j’ai loué une voiture pour ma semaine de séjour. C’est court donc je veux être mobile même si je trouve ça finalement assez dommage d’être tout seul dans son véhicule. On ne peut pas tout avoir. A l’aéroport, donc, après quelque instants de surprise, ne voyant pas de guichet au nom de mon agence de location, je suis aimablement dirigé vers un téléphone interne où une personne me rassure en m’annonçant que quelqu’un vient me chercher en mini-bus pour m’amener au dépôt. Quelques minutes plus tard, un monsieur d’une soixantaine d’année se gare devant moi et me fait monter à l’arrière. Immédiatement il entame la conversation en me demandant se que je viens faire ici et où je compte aller. Dans les cinq minutes du trajet il m’explique gentiment comment rejoindre la route vers la péninsule de Coromandel, où je compte passer ma première nuit. Comme c’est agréable.

C’est finalement peu avant 17h que je quitte la zone aéroportuaire aux commandes d’une petite coréenne blanche à boite manuelle. Je me surprend moi même à m’adapter extrêmement rapidement aux nouvelles conditions de trafic. Ceci dit, j’ai beau avoir changé de pays, les indications et le code de la route est similaire voir identique à l’Australie. Ce ne sera pas la première chose que trouverai identique des deux côtés de la mer de Tasmanie.

La monnaie, par exemple, hormis le nom, dollar, même les pièces sont quasiment identiques en taille et colorie. La seule différence, et je me permet d’affirmer que c’est particulièrement agaçant, est que la pièce de 2$ néo-z est plus grosse que la pièce de 1$ alors qu’en Australie, c’est l’inverse, ce qui est totalement illogique.

Je m’engage donc sur la highway 1 qui, bien qu’autoroute aux abords d’Auckland se transforme très rapidement en route. Une demi-heure plus tard, je prend l’embranchement pour la 2, direction Coromandels. Le soleil est déjà très bas sur l’horizon mais je constate des changements rapides de paysage dont j’avais perdu l’habitude en Australie. Globalement, tout est vert et ondoyant. Je poursuit toujours dans la direction Coromandel (c’est vraiment très bien indiqué, bien que j’ai acheté une carte de l’île du nord). Une heure plus tard, je suis déjà à l’entrée de la péninsule et ses paysages de petites montagnes escarpées. C’est fou comme tout va plus vite ! J’ai l’impression que le monde s’est reconstruit à l’échelle 1/10ème.

Le soleil se couche et je m’engage de nuit dans une petite route de montagne. Pendant une petite heure ce n’est que méandres, virages et montées dans le noir. Dommage pour le paysage. Je bascule finalement à un sommet et redescend de la même façon à la lumière des phares. Un embranchement à gauche direction Tairua puis quelques derniers kilomètres de routes et j’arrive à destination, le Blue Motel de Tairua, petite bourgade au bord de l’eau. Il est environ 20h et suis rejoint à l’accueil désert par la patronne, souriante, qui me souhaite la bienvenue. Je range mes affaires dans ma chambre puis part à pied à la recherche du pub restaurant recommandé par mon hôte.

Déjà, il fait un peu frisquet ici et je traverse d’un pas vif un pont afin de rejoindre le coin des commerces, ne croisant personne en chemin. Je devine juste en vague silhouette le paysage d’une baie à demi entourée de reliefs. Sans difficulté je trouve le lieu dit et rentre dans un pub, croisement entre un saloon et un bar PMU. On est très loin de la chaleur d’un bar irlandais. Des gars à l’aspect rude jouent au billard, trois autres personnes sont au bar et deux femmes s’affairent devant le jukebox placé sous un écran plat de télévision diffusant un match de rugby. Aaaah, la voilà la vrai Nouvelle Zélande ! Grâces aux préposées au jukebox, un enchainement de classiques du rock donne une touche finale à l’ambiance. Fait notable, l’une des deux femmes à des traits d’allures maori. Par rapport à la discrétion aborigène constatée en Australie, cela mérite d’être relevé. Attendons la fin de notre séjour pour conclure.

Je m’approche tranquillement du bar et note un panneau marqué « Tonight’s special – Beef Strogonoff ». Voilà qui est tentant. Le barman se penche vers moi avec un air de concentration et, d’une voix que je veux pleine d’assurance, je commande le plat du jour avec une bière. Sans un sourire il prend note et je me pose à une table haute face au jukebox et au match. Pendant quelques secondes je ne reconnais pas les règles avant de comprendre qu’il s’agit de rugby à 13. Déjà, il n’y a aucune mêlée ni ruck. C’est d’un triste.

Une femme vient m’amener ma bière et quelques minutes plus tard, mon bœuf strogonoff qui n’a de strogonoff que le nom. Des émincés de bœuf, du riz et une vague sauce à la crème, voilà en quoi il consiste. Vu le décor, je ne suis pas non plus particulièrement surpris. Je me contente donc de manger tranquillement, siroter avec calme la bière en tentant de me passionner pour un match entre deux équipes inconnues ou de saisir les conversations bruyantes de certains habitués.

Pendant ce temps, la musique rock persiste. Et dire que hier j’étais à Sydney. C’est vraiment marrant ces changements brutaux d’ambiances.

Romain et Veronika

J’étais arrivé à Sydney un samedi après midi. Le samedi soir je retrouvais Romain et sa femme, Veronika, que je ne connais pas, à l’intersection d’Oxford street et de Crown street. Depuis mon départ, ce sera la première fois que je croise quelqu’un que je connais.

Pour bien situer le personnage, j’ai croisé Romain lors de ma période chalonesque. J’étais ingénieur de recherche et vaguement donneur de cours. Il était étudiant en stage puis au mastère. Après plusieurs années à Paris et Marseille à se faire licencier par des boites d’effets spéciaux en difficultés financières, il accepte un poste à Sydney dans une grande société du domaine. Ça doit faire maintenant plus de cinq ans qu’il y est. Pour vous dire à quel point c’est parti pour être du temporaire qui dure, il s’y est marié.

C’est donc à la nuit tombée, assis au coin de la rue, que je vois arriver le Romain, toujours portant bouc, et orné d’une superbe casquette et veste en cuir digne des pionniers de l’automobile. A ses côtés, souriante, Veronika, petit bout de femme indonésienne d’origine chinoise. On se serre la main et se fait la bise, chaleureusement. Ça fait bien plaisir de le revoir après toutes ces années d’expérience hors de France. Après quelques minutes de marche, on se pose dans un bar pour boire un verre et entamer sérieusement les retrouvailles.

C’est toujours amusant de voir comment de jeunes étudiants innocents, quelques années plus tard, se retrouvent plein d’assurance, les idées un peu plus arrêtés sur certains points voir un poil plus cynique. C’est d’autant plus le cas que Romain avait à l’époque de son passage à Chalon-sur-Saône un enthousiasme et une certaine naïveté qui faisait plaisir à voir.

Nous poursuivons dans un restaurant thaïlandais et c’est l’occasion de faire un peu plus connaissance avec Veronika. J’apprend notamment que la population indonésienne est constituée d’une minorité d’origine chinoise, souvent propriétaire d’entreprises ou de commerces. Régulièrement, des vagues de xénophobie à leur encontre provoquent des tensions voir escaladent en de véritables pogroms. C’est à l’occasion d’un de ces pics de violence que les parents de Veronika décidèrent d’envoyer leur deux filles et leur fils poursuivre leurs scolarités en internat à Hong-Kong, puis plus tard, leurs études à Sydney alors qu’eux restent en Indonésie. Du coup, Veronika parle un anglais parfait mais également le cantonais et, pour être encore plus polyglotte, c’est mis au français, avec un résultat étonnant. Elle insiste d’ailleurs pour que nous discutions en français pour la faire travailler. Résultat, nous mélangeons allègrement la langue de Shakespeare et de Molière.

Ce qui est très intéressant c’est de confronter les points de vues de Romain et Veronika sur la situation particulière en Indonésie. Alors que Veronika a une vision très négative des indonésiens, les considérants presque dans leur majorité comme fainéants, Romain a une attitude très classique pour un français qui consiste à tempérer et à chercher des excuses / explications sur la situation. Quand à moi, je m’abstiens de tout jugement, ne connaissant absolument pas le dossier. Néanmoins, sans surprise j’apprend que l’Indonésie est gangrénée par la corruption.

A la fin de la soirée, nous nous quittons en nous donnant rendez vous pour le lendemain, pour ce qui est de Romain. Rappelez-vous, c’est le dimanche à Bondi. Le lundi, je dois retrouver le couple chez eux pour y être gentiment hébergé jusqu’à mon départ le vendredi. Bien qu’il faisait plutôt doux et chaud dans la journée, la nuit, il fait presque frais. J’en profite donc pour commencer tout doucement à attraper froid.

Le lundi, alors que je me ballade du côté de Rose bay, je m’arrête à un marchand de vins, histoire de venir avec quelque chose à partager chez mes hôtes du soir. Je profite de la présence d’un vendeur pour demander un Gewurtztraminer. D’une part, j’aime bien mon Gewurtz, mais en plus, Romain étant alsacien, je prévois de lui arracher une larme de nostalgie. Contrairement à ce que j’imaginais, le vendeur ne se démonte pas et, ouvrant une armoire climatisée, me tend une bouteille. Allons bon, c’est quoi ces histoires ? Il est australien votre gewurtz, monsieur ! Oui, oui, on en fait ici, également. Je ne suis pas un grand spécialiste mais je suis tout même bien étonné qu’ils emploient la même dénomination. Curieux, j’accepte la bouteille et l’amène avec moi pour le soir.

DSC_7836_DxOAprès un trajet en bus de la gare centrale, je descends à Maroubra Junction, non loin de l’appartement de mes hôtes. Le quartier est assez excentré du centre ville mais possède néanmoins une grande quantité de commerces. Ici, les immeubles sont plutôt bas, pas plus de trois ou quatre étages. Un bon deux kilomètres vers l’est se trouve Maroubra beach, une grande plage nettement moins couru que Bondi surtout DSC_7834_DxOlorsqu’on y va au milieu de la semaine.

Après quelques hésitations, je trouve l’adresse et est accueilli par Veronika. J’avais été prévenu, l’appartement est encombré de cartons, . D’ici quelques semaines, ils déménageront dans leur maison qu’ils ont acheté il y a quelque temps plus à l’ouest. D’ailleurs, histoire de rester en famille, l’appartement qu’ils louent appartient au frère de Veronika. Un peu plus tard Romain rentre et je sort la bouteille. On rigole et Romain part à la recherche d’un tire-bouchon. On se verse des verres. On goutte.

Bon. Moi j’ai une idée très précise de ce que doit être un Gewurtztraminer que je conçois plutôt comme un vin demi-sec penchant vers le doux qui se boit en traitre comme du jus de fruit. Ici, nous avons plutôt affaire à un vin sec, tendance bourgogne aligoté. Rien à voir. Après, ce n’est pas mauvais non plus. Ce n’est pas aujourd’hui que j’arracherai une larme de nostalgie à mon alsacien.

Je resterai donc quatre nuits chez Veronika et Romain, partageant le soir leur repas souvent concoctés par la première qui prend un grand plaisir à découvrir la cuisine française. Pour faire bonne mesure, l’avant dernier soir, je me colle aux fourneaux et leur bricole un seau de lasagne de mon cru. Pour finir, la veille de mon départ, ils m’amènent à un petit restaurant populaire indonésien, histoire de me faire découvrir cette cuisine. Pas mal.

Au rayon culinaire, c’est d’ailleurs chez Veronika et Romain que je goute pour la première fois au fruit à la plus effroyable réputation, le durian. Pour ceux qui ne connaissent pas la-dite réputation de ce met, sachet qu’il est autant haï qu’il est adoré. Certains ne jurent que par lui, sa saveur et son odeur unique alors que les autres ne ressentent que répugnance et dégoût pour le fruit. Soyons franc, c’est extrêmement difficile d’en décrire le goût si ce n’est que c’est justement, indescriptiblement, à la limite du dégueulasse. On s’attend à quelque chose de doux et sucré. Ce n’est certainement pas sucré mais en ne peut pas nier qu’il y ait une certaine douceur, à la manière d’une « vache qui rit » pourrissante. Si vous vous ôtez de la tête que c’est un fruit, que vous parvenez à faire le vide au prix d’un effort mental de bonze tibétain, l’expérience passe nettement mieux. Sinon, attendez vous à des réflexes nauséeux. Etant particulièrement doué pour faire le vide dans ma tête, je suis parvenu à en manger deux morceaux tout en y prenant un certain intérêt la deuxième fois. La troisième par contre eu été de trop. Bien entendu, Veronika gobait cela comme si c’était des moitiés d’abricot avec de grands « mmmmh » alors que Romain soutenait que c’était super bon, tout en avouant, l’hypocrite, que, certes, l’apprentissage est difficile. Pour vous dire à quel point ce fruit est étrange, il est interdit d’en amener dans certains lieux publics en Asie, de peur d’indisposer certaines personnes.

En tout cas mon séjour chez ces deux exilés fut fort intéressant notamment grâce aux discussions que nous avons eu avec Veronika. Indéniablement, sa culture chinoise amène à des façons d’envisager certaines choses de manière notablement différente. Voilà qui est bien vague, vous dites-vous. Je le conçois. Pour avoir discuter du rôle et de la place de la famille avec elle, par exemple, je retrouve certains points communs avec la culture vietnamienne. Je retrouve également cette importance et ce respect fondamental pour les études, non pas comme un moyen d’épanouissement intellectuel ou comme voie menant vers un métier qui nous passionne mais comme un moyen pragmatique d’ascension social et de confort financier. En cela, c’est sans doute moi qui me fait des illusions, étant habitué à travailler dans des milieux de passionnés. D’ailleurs, ces frères et sœurs ont tous fait des études supérieures pragmatiques, elle étant experte comptable. Ce n’est pas dans ces familles d’origine chinoise ou vietnamienne qu’on verra des musiciens ou des poètes, ça j’vous l’dit ! Tas de fainéants, prenez exemple !

Pour changer de sujet, avec ces rafraichissements le soir, je crois bien que j’ai attrapé un mal de gorge carabiné.

Dernière nuit au Vietnam

Elle est arrivée. Elle est arrivée cette dernière nuit tonkinoise. Il fallait bien que cela arrive, la flèche du temps ne laissant que peu d’espoirs. J’aurai pu prolonger mon séjour, certes, mais les sirènes de l’aventure sonnaient déjà par delà la mer du Timor, là bas, de l’autre côté, en Australie. Que faire pour célébrer cela ? Une soirée en boîte de nuit hyper-sélecte en compagnie de quelques célébrités des médias ? Je n’en connais pas et en plus, je n’ai pas le dress code adéquate. La tournée des bars avec verticales d’alcools de riz pour tout le monde ? C’est risqué. Il y a moyen de rater l’avion le lendemain. Faisons simple : explosons nous la panse dans un des meilleurs restaurants de la ville.

Je sort donc mon Lonely Planet (électronique) et extrait deux restaurants potentiels. L’un semble plus gastronomique que l’autre. Je choisit donc celui-ci. Je mémorise le trajet à pied qui m’amènera de l’autre côté d’un canal dans le district 4. Ça ne paraît pas très compliqué sur le plan restreint fourni par l’hôtel bien que la dernière portion du trajet se situe en dehors des limites. Ce sera également la soirée photographie de nuit et j’amène mon appareil photo ainsi que mon trépied.

DSC_6315_DxOL’itinéraire commence tranquillement par la fameuse traversée du canal où je quitte le district 1. De l’autre côté l’ambiance est un poil plus populaire. Après avoir suivi une grande rue, je continue tout droit dans une voie un peu plus petite. L’animation y devient également un peu plus importante ce que je trouve toujours aussi vivant. Malheureusement, ce n’est pas exactement ce à quoi je m’attendais ayant choisi un itinéraire DSC_6319_DxOempruntant les grandes rues pour minimiser les risques de se tromper. Je continue malgré tout et après un moment emprunte une rue à gauche suivant mes prévisions. Un peu rassuré, je débouche un peu plus tard dans une large avenue qui continue vers le sud. Il n’y a, maintenant, plus qu’à la suivre pour tomber sur ce restaurant incroyable qui finira mon séjour en feu d’artifice.

Une demi-heure plus tard, je décide de faire demi-tour. Soit ce n’est pas la bonne avenue, soit je n’ai pas noté le bon numéro. Je rentre dans un petit hôtel pour demander mon chemin. Un peu gêné j’aperçois l’équipe attablée au grand complet pour le repas du soir. Une fille se lève précipitamment et se place derrière le comptoir avec un grand sourire.

« Sin tchao, je cherche cette rue ?, lui dis-je en anglais tout en pointant du doigt l’adresse hâtivement notée sur le dos de mon plan.

  • Ah non, ce n’est pas ici. Ici hôtel <mettez ce que vous voulez comme nom, ça n’a pas d’importance>.
  • Euh oui, hahaha, je me doute bien que ce n’est pas ici, elle est mignonne, pense-je très fort. Je voudrais aller à cette adresse.
  • Euh, non, pardon. Désolé.

DSC_6321_DxOSelon toute probabilité, son anglais est atroce. Je la quitte donc en la remerciant et ressort dans la rue. J’ai faim. Je poursuit un peu plus haut mes recherches en remontant l’avenue vers le canal mais il faut bien que je me rende à l’évidence, je me suis trompé quelque part. Il me reste encore l’autre restaurant comme solution de repli mais celui-ci est dans le district 1, de l’autre côté de l’hôtel. Je soupire un bon coup et me remet donc en marche.

Après quelques zig zags, je retombe sur les berges du canal et le longe pour rejoindre le pont. La nuit est tombé depuis bien longtemps et les lumières de la ville se reflètent dessus. Des couples s’enlacent et se bécotent à intervalles régulières, profitant d’un éclairage discret. Bien entendu, chacun d’entre eux sont assis sur leurs mobylettes, accessoire indispensable pour la drague. A proximité d’un canal, on pourrait même dire que c’est un jeu de mot. Toujours est-il qu’un des couples m’interpelle avec un signe de la main : « Hello ! ». Je fait de même avec le sourire mais continue mon chemin jusqu’au pont où je m’arrête pour prendre des photos.

DSC_6325_DxOLe trépied sortie, je commence à mitrailler les buildings éclairées et les reflets sur l’eau. Quelques minutes plus tard, alors que je commence à replier le trépied, une mobylette s’arrête à côté. « Hello ! », me font à nouveau le même couple m’ayant interpellé. De plus près, sous un éclairage plus conséquent, je vois qu’ils sont relativement jeunes. Comme de bien entendu, le gars pilote et la fille est assise derrière dans une robe légère.

  • Hello, leur réponds-je, souriant
  • Vous faites quoi ?, me demande le garçon
  • Je photographie les lumières dans l’eau.
  • Aaaaaah. Vous aimez ?
  • Oui, c’est très joli la nuit.
  • Aaaaah, font-ils tout les deux ensemble.

A cet instant il me faut basculer en version originale pour être le plus impartial possible. Le garçon se tourne vers sa copine et me dit : « She says you are very handsome ! ». Ma modéstie m’oblige à vous le traduire en français approximatif en : « Elle dit que vous êtes très élégant ».

  • Yes, confirme-t-elle avec le sourire.

Moi franchement, je n’avais rien fait de particulier pourtant qu’enfiler un t-shirt noir et un pantalon de randonnée. Il faut croire que j’ai un charme incroyable de nuit. Pas sur que ce soit très rassurant. Mais cette fois-ci, la fille me paraît être un peu plus âgée que la lycéenne de Gingee et surtout, accompagnée. Un peu confus je leur lance alors : « Et vous, vous êtes un très joli couple ». Là dessus, ils partent dans un pétaradement en me faisant un dernier au revoir de la main. Ils sont vraiment pas croyables ces vietnamiens. Je vous ai dit qu’ils étaient très francs, au fait ?

Complètement regonflé à bloc et ayant limite les larmes aux yeux par tant de franchise et de sens de l’esthétisme, je traverse le pont de toute mon élégance naturelle. Dans un soucis de prévoyance, j’avais fort heureusement choisi de noter l’adresse du deuxième restaurant.

Un peu plus tard, je me retrouve donc de l’autre côté de l’hôtel dans le parc encadré par les rue Le Lai et Pham Ngu Lao, en plein cœur du district 1. Le restaurant n’est pas très loin mais je décide de ne pas me hâter en observant les jeunes pratiquer le roller ou ce curieux mélange de football et de badminton. Une dame, accompagnée d’un jeune garçon et d’une fillette, m’interpelle en anglais : « Bonjour, est-ce que vous auriez du temps pour parler anglais avec le garçon ?

  • Euh… oui, pourquoi pas mais pas trop longtemps
  • Ah c’est très gentil à vous. Il apprend l’anglais à l’école mais il n’est pas très bon.

Le pauvre garçon se tient timidement à côté d’elle, à peine onze ans, rondouillard avec de grosses lunettes sur le nez. Inversement, la fillette de sept-huit ans est le modèle type de l’extravertie. Le contraste ne peut être plus complet. Nous nous asseyons donc sur un banc, moi à côté du jeune garçon avec mon plus chaleureux sourire pour le détendre.

  • Allez ! Vas-y ! Parle anglais au monsieur, fait la dame en le secouant légèrement par l’épaule.
  • Euh… Comment vous appelle ?, essaie-t-il
  • Non !!! Appellez-vous ! Comment vous appellez vous !, le corrige la dame.

On ne peut pas dire qu’elle le mette vraiment en confiance le pauvre bonhomme. Je décide donc de répondre comme si j’avais compris.

  • Je m’appelle Olivier.
  • On hiva ?
  • Euh, non. O-li-vi-é

Je n’insiste pas. En rentrant je changerai mon prénom pour « Tom », ce sera plus simple pour tout le monde. Pendant un quart d’heure j’essaie de lui faire la conversation malgré sa timidité et la pression incroyable que lui met sa tante. Car malgré la barrière linguistique, j’apprends que la dame est sa tante et la petite fille sa cousine. Au rayon des sujets de discussion nous avons mon origine française, les chats et mon plat vietnamien préféré. Nous conversons un petit peu sur ses goûts et il parvient à me faire comprendre qu’il voudrait devenir ingénieur en génie civil. C’est y pas meugnon ! Il voudrait construire des ponts et des routes pour aider au développement de son pays ! Bon, ça c’est moi qui le rajoute. Ça se trouve il veut faire ce métier pour toucher des pots-de-vins plus important, le salopiot. Entre les interventions hésitantes du neveu, sa tante m’explique qu’il parle très mal anglais car ils ne font pas du tout d’oral à l’école. Voilà qui est donc confirmé après ma discussion avec le jeune homme à Quan Lanh mais la petite cousine s’en sort malgré tout presque mieux que lui. En tout cas il est très touchant ce petit gars et même si sa tante est fort sympathique et dynamique, je le plaint un peu de subir tout ce harcèlement alors qu’il est manifestement d’un tempérament plus doux. Finalement, je les quitte après un gros quart d’heure sous les remerciements et les au revoir réciproques pour reprendre mon chemin vers mon restaurant.

Je me retrouve donc dans une petite ruelle non loin du marché Ben Thanh, en plein cœur du district 1. Ce restaurant, nommé « Cyclo Resto » (ce qui, il faut bien l’avouer, est complètement nul comme nom), est d’après le guide un peu particulier. Il se situe dans une pièce au décor inexistant au premier étage d’un immeuble quelconque. En clair, tout l’intérêt se porte sur le contenu des assiettes. Pour y entrer, je repère un petit panneau et monte un escalier. Il doit maintenant être près de neuf heures et je prie pour qu’il y ait de la place. Une grande pièce tout en longueur aux murs blancs abrite une immense tablée d’une quinzaine de convives, visiblement un groupe de touristes occidentaux. Sur le petit balcon s’ouvrant sur la pièce et surplombant la ruelle, deux petites tables aux chaises vides me laissent un espoir. Un jeune homme se dirige vers moi avec un sourire alors que d’autres sont affairés dans la cuisine ou au service du groupe.

« Vous êtes seul ?

  • Oui.
  • Vous nous avez trouvé par Trip Advisor ?
  • Non, par Lonely Planet.
  • Aah. Ici il n’y a qu’un seul menu de cinq plats. Ça vous va ?
  • Mais complètement !

Au moins, je n’aurai pas à m’embêter à choisir des plats dont je n’ai aucune idée de leur contenu. Je commande une bière, et attend le début des festivités. Mais pour ne pas vous faire attendre plus longtemps voici le menu en question, dans cet ordre :

  1. Spring rolls (rouleaux de printemps)
  2. French bean stir fry with lean pork (haricots sautés et porc maigre)
  3. Green melon soup with shrimps (soupe de melon vert et crevettes)
  4. Fried chicken with lemon grass (poulet frit à la citronnelle)
  5. Stewed snakehead fish in clay pot (un poisson cuit dans un pot en terre cuite)

Pourquoi est-ce que je vous donne les plats en anglais et comment se fait-il que je m’en souvienne si bien, d’abord, me demanderiez-vous ? Et bien tout simplement car il se trouve que le serveur, à l’issu du repas, m’a donné les recettes en anglais, sur une feuille A4 que je transporte précieusement depuis. Il n’y a rien d’étonnant à cela car une partie de l’activité du restaurant consiste en des cours de cuisine (Je peux transmettre les recettes à la demande). Pour tout vous dire, j’ai beaucoup apprécié ce repas. Chaque plat était complètement différent du précédent et souvent surprenant. Je pense notamment à la soupe de melon vert qui était d’une extrême subtilité. Je ne serai pas surpris que certaines personnes estiment qu’elle n’a aucun goût. Mais si vous avez les papilles un peu fines, c’est d’une finesse et d’une fraîcheur assez étonnante.

Je quitte donc ce petit restaurant par le lieu mais grand par la qualité (et pour un prix totalement abordable, en plus) et commence une lente déambulation dans la chaleur et la clameur de la ville. J’ai encore envie de prolonger ces derniers instants vietnamiens surtout après qu’on m’ait complimenté sur ma tenu et nourri de si belle façon. Assez rapidement, je me retrouve une nouvelle fois dans le parc encadré par les rues Le Lai et Pham Ngu Lai.

Des chants attirent mon oreille et j’infléchi ma trajectoire pour m’en approcher. Trois jeunes gars assis sur un banc, l’un à la guitare et les deux autres au chant, interprètent une chanson en anglais. Aucun spectateur ne traîne autour d’eux. Ils sont manifestement là uniquement pour se faire plaisir. Je m’approche et les écoute un petit peu, encore une fois surpris comme à Hué par le caractère spontané de la chose. Entre chaque morceau ils se parlent entre eux comme pour décider de la prochaine chanson. Je me permet alors de les interrompre et leur demande en anglais : « Vous permettez que je vous enregistre ?

  • Mais avec plaisir ! Ce sera même un grand honneur !, me répondent-ils avec de grands sourires et des manières un peu efféminées.
  • Je vous le dit tout de suite, je ne suis pas producteur donc il n’y aura aucun espoir de disque.
  • Ce n’est pas grave. On chante pour le plaisir, avec notre cœur.

Mais qu’est ce qu’ils sont gentiiiiiiiills. C’est pas croyable, j’vous jure. Ils vont se faire bouffer tout cru. J’enclenche donc mon enregistreur numérique pendant qu’ils entament une nouvelle chanson de Roland Kittin, Kitting euh Keatin. Enfin bref.

Pas mal ! En tout cas ils y mettent effectivement du cœur et du vibrato. On discute un petit peu d’où je viens et spontanément avec de grands sourires me souhaitent la bienvenue au Vietnam. Forcément ils enchaînent avec des références musicales françaises à milles lieux de mes goûts : Lara Fabian, Céline Dion et d’autres trucs de variété que je connais sans connaître. Moi curieux, je les interroge sur leur style musical malheureusement plutôt orienté Maria Carey, Céline Dion et toutes ces hurleuses à gros poumons et vibratos chevrotants. Mince. On ne peut pas tout avoir. A mon tour je leur avoue que j’écoute plutôt de la musique électronique ou de la soul. « J’adore la musique soul et noire américaine », me fait un des chanteurs, l’un des plus bavards. Une image amusante d’un jeune vietnamien efféminé à l’accent imparfait chantant du Barry White ou du Marvin Gaye me vient à l’esprit.

Toujours curieux des goûts musicaux au Vietnam je les interroge sur ce qui a du succès chez eux. Sans surprise ils me parlent de pop vietnamienne et de K-pop coréenne. Donc sans plus tarder, sous mon insistance, voici un petit morceau de pop locale chantée par notre duo de Saigon. Les gars, c’est à vous :

J’espère que vous avez applaudi bande d’insatisfaits ? V’la un trio de jeunes gars spontanés et innocents alors respectez cela ! Vous n’en feriez pas le quart, en plus.

En tout cas, on peut dire que les vietnamiens m’ont encore une fois démontré toute leur gentillesse et leur spontanéité ce soir. Haaa lala, ça va pas être facile des les quitter. Ces p’tits bichons.

Bilan gastronomique

Je crois qu’il est grand temps de reparler nourriture. En plus ça tombe bien, à l’heure où je vous écris, j’ai l’estomac plombé par une pizza vraiment pas exceptionnelle. Si je me permet un petit saut temporel complètement révélateur de la vitesse à laquelle je rempli ce blog, ce n’est pas la peine d’aller se déplacer jusqu’à Rotorua en Nouvelle Zélande pour manger une pizza au poulet. Mais oubliez vite ce que je viens de dire. Ne vous laissez pas distraire.

Hors donc, la cuisine de rue étant toujours mon alimentation de base (et ma digestion s’en porte très bien, c’est vous dire) j’ai néanmoins décidé en quelques occasions de tenter un véritable restaurant avec des tables à l’intérieur et de serviles employés chargés de prévenir mes moindres désirs, du moment qu’ils sont à la carte.

Pour commencer, à Hué (et hop, flashback), j’ai réussi à extraire de mon Lonely Planet version électronique, après un gros effort de manipulation, l’adresse d’un restaurant de cuisine vietnamienne de grande classe nommé Anh Binh. Les rédacteurs du guide sont dithyrambiques : explosion de papilles, syncope gustative, tout le vocabulaire permettant de décrire des chocs émotionnels y passe. En plus, c’est vraiment un signe d’une quelconque déité Hindou, il se trouve dans une ruelle parallèle à mon hôtel. Je m’habille donc sur mon 31 en fouillant dans ma garde robe. Que vais-je bien mettre. Rhaaa, j’hésite. Après deux secondes d’hésitation je met mon polo blanc « made in Pondichéry » et mon pantalon de randonnée le moins sale. Avec les claquettes pour faire couleur locale, j’espère bien ne pas me faire jeter.

Je me retrouve devant un bâtiment standard tout en hauteur avec le restaurant sur trois étages. Une charmante serveuse en habit traditionnel vert (ce magnifique habit qui dévoile deux triangles de peau, un sur chaque hanche) me guide au premier étage. L’ambiance est un peu plus guindée que dans mes gargotes de rue mais ça reste acceptable. Je commande une soupe en entrée et un plat principal. Ma mémoire me fait défaut quand à la nature exacte de ces plats. Ce dont je me souviens c’est d’avoir été un peu déçu. Attention, ne nous trompons pas, c’était bon mais je dois dire que la qualité ne m’a pas estomaqué par rapport à ce que l’on peut commander dans des petites échoppes. Le prix lui, est assez différent puisque un repas coûte environ le double, mais rien d’étonnant vu le service.

Je retente donc l’expérience à Hoi An car c’est manifestement le lieu. De nombreux chefs étrangers se sont installés dans la ville, profitant de l’affluence, et proposent des cuisines d’influence vietnamienne. Je note donc un restaurant, son adresse, et part à l’aventure dans la vieille ville. Après une grosse demi-heure de déambulation, j’arrive devant un restaurant dans une grande maison ancienne, comme de nombreux autres d’ailleurs, mais fait rapidement demi-tour lorsqu’on m’annonce qu’il n’y a plus de places avant deux heures. En plus, un rapide coup d’œil à la carte m’apprend qu’ils ont sérieusement gonflés les prix depuis la publication de mon guide.

Je repart donc et tente ma chance au hasard dans un restaurant / bar à vin. La carte à l’air sympathique et originale. Le prix est raisonnable pour un repas de qualité. On me propose donc une table à l’étage dans cet étroit restaurant à la décoration classe situé lui aussi dans une maison ancienne. Les fenêtres grandes ouvertes permettent de profiter de l’ambiance nocturne de la rue et une petite musique branchouillette nous transporte presque dans un quelconque lieu un peu trendy d’une grande ville internationale. Je repère un superbe menu dégustation à cinq plats pour un prix raisonnable (genre 300 Kdongs, soit environ 15€). Manque de bol ou complot à tendance socio-politique, on ne le sert qu’à partir de deux personnes. Je me rabats donc vers trois plats, car le choix est vraiment trop tentant : une salade et un plat principal. Pour arroser le tout, une bonne vielle bia fraîche.

Je vais être clair, ça a commencé très très fort. Une petite salade servie dans trois petits ramequins où sont posés trois morceaux de porcs grillés et relevés. On a donc quasiment cinq bouchées d’un délicieux cocktail de saveurs entre la salade faite d’un mélange croquant de légumes râpés (je crois reconnaître d’ailleurs un cœur d’ananas râpé complètement génial en salade) plutôt doux et la viande superbement relevée et presque croustillante. J’ai pris mon temps tellement c’était bon. Ou alors j’étais sérieusement bourré avec la bière.

Arrive ensuite le plat principal, de nouveau du porc servi avec un légume exotique que je n’ai jamais mangé. Pour vous dire à quel point ma mémoire est défaillante, je ne me souviens plus du nom de ce légume. J’en ai comme un morceau sur le bout de la langue, pourtant. Comme souvent, du riz cuit à la vapeur accompagne le plat. Je me prends donc un premier morceaux de ce fameux légume. Malgré la cuisson, cela reste relativement croquant et frais. Je goutte donc à la viande. Et merdeuuuuh. C’est piquant. Quel est le sagouin qui s’est senti obligé de mettre du piment là dedans? Il se croit en Inde, peut être ? Résultat, même si ce plat n’était absolument pas mauvais, il m’a été gâché par le piquant qui tranchait avec la subtilité du premier plats. Il faut dire aussi que j’avais été un peu ambitieux côté appétit et la fin du repas s’est terminé au ralenti. La facture bien que somptueuse à l’échelle vietnamienne reste complètement raisonnable en euros, de l’ordre de 14-15.

A Da Lat, sous la pluie, j’avais besoin de réconfort. Je me suis donc dirigé vers un autre restaurant, dont je ne me souviens plus du nom, mais si vous voulez, je peux vous indiquer où c’était. Je me rends compte à quel point c’est pathétique cette façon de raconter mes aventures en oubliant les trois quarts de noms. En tout cas, j’y choisi un plat au hasard : du bœuf La Lot. On me l’apporte : du bœuf cuit dans des feuilles d’une plante dont je ne me souviens pas du nom, pour changer. De la même manière que précédemment, six exemplaires sont disposés en cercle. Les feuilles enrobent la viande à la manière de petits nems aplatis et sont cuites ensembles. Je me saisis du premier avec mes baguettes et y goutte. C’est encore une fois positivement agréable. La viande à l’intérieure est tendre et surtout juteuse avec un nouvel assaisonnement subtile mais délicieux. Il faut toute ma concentration pour ralentir ma dégustation et ne pas me jeter sur les cinq autres morceaux. Pour vous dire, j’en ressent encore le goût dans ma bouche.

Un midi à Ho Chi Minh Ville, complètement à l’intuition et au hasard (ce qui est parfois la même chose), je rentre dans un petit restaurant inconnu, un endroit tout en longueur propret mais sans chichi tenu par une bande de jeunes souriants. D’autres clients déjà présents mangent des choses posées sur de grandes feuilles de bananiers dans un plat métallique circulaire. Je commande la même chose et on m’apporte mon plat rempli de feuilles aromatiques ainsi que des mets : des petites tranches de porcs cuites, des boulettes de noddles, des morceaux d’omelette et des petits cubes de ce qui est avéré être du soja fumé. Bien entendu, le tout est accompagné d’une portion de riz cuit à la vapeur et disposé sur les susmentionnées feuilles de bananiers. C’était extraordinairement surprenant et délicieux. Chaque plante, légèrement anisée, mentholée ou citronnée mélangée avec un met produisait des sensations différentes. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, je suis tombé fou dingue de ces petits cubes de soja fumé à la consistance d’un flanc crémeux et au goût puissant.

Pour finir, et pendant que vous salivez salement en pensant à un gros cube de soja fumé bien mou (mais si, ça vous fait saliver, laissez vous aller), voici une petite ambiance sonore que vous pourrez vous passer en boucle la prochaine fois que vous mangerez un plat de nouilles instantanées. Dites vous que c’est du pho (fa) et imaginez vous assis sur une minuscule chaise de plastique bleue. Mieux, achetez en une (se trouve communément au rayon jouets pour enfants). Munissez vous de quelques accessoires indispensables tel qu’une bouteille de bière et des baguettes. Fermez les yeux. Vous êtes au Vietnam.

Green tea

Dans le genre « qu’est ce qu’on boit quand il fait chaud ? » la plupart du temps on répondrait « d’la bière » d’une part parce que c’est rafraîchissant et d’autre part pour faire genre. Sauf qu’il y a des fois où la bière on en veut pas parce que quand il fait chaud, elle monte vite à la tête.

J’ai donc testé pour vous une boisson qu’on trouve partout au Vietnam, le thé vert au citron légèrement sucré vendu en bouteille sous la marque « Khong Do », je crois, ou alors c’est le nom du produit, allez savoir. En tout cas voici à quoi ça ressemble :

khongdo

Plutôt sympa je trouve. Une très jolie harmonie de verts et de jaunes qui inspire le dynamisme et rappel plutôt pas subtilement le côté vert du thé. Mais vous devez vous moquer complètement de l’aspect visuel et vous demander ce qu’il en est en bouche. Et bien moi, j’aime. J’aime même beaucoup. C’est frais (enfin, surtout si c’est un peu mis au réfrigérateur avant, bien entendu), c’est très légèrement sucré, à peine citronné, et il doit avoir un additif dedans car quand j’en fini un, j’ai tout de suite envie d’un deuxième. Le seul problème c’est que je ne sais toujours pas comment ça se prononce et j’ai un mal de chien à le commander dans les restaurants ou les échoppes. Quand j’ai de la chance, il y a une bouteille quelque part en vitrine et il me suffit de la pointer du doigt. Sinon je galère comme pas possible et parfois, frustré, je me repli sur du Pepsi.