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Mount Shasta

La région de Mount Shasta ne regorge pas de centres urbains mais les quelques qui trainent sont d’un intérêt pour le moins, limité. Mais commençons par un petit contexte géographique. Le mont Shasta est un volcan situé au nord de la Californie, à une petite centaine de kilomètres de la frontière avec l’Oregon. Il fait partie d’une chaine volcanique, la chaine des Cascades, qui part de la frontière canadienne de l’état du Washington jusqu’à une centaine de kilomètres au sud du mont Shasta où se trouve les deux derniers volcans, hauts de 2500m.

Le mont Shasta est un des plus haut volcan de cette chaine puisqu’il tape juste au dessus de 4300m d’altitude. Ce n’est pas rien. Je vous rappelle qu’il n’y a aucun somment de 4000m dans les Pyrénées. De plus, le dénivelé par rapport au terrain aux alentours est de 3000m. Vous pensez bien qu’il est donc particulièrement aisé de le repérer surtout qu’il est le seul dans les environs, de cette taille-ci. D’ailleurs, vous ne manquerez pas de remarquer qu’il n’est pas parfaitement conique, à ma grande déception. Il y a plutôt deux cônes, le mont Shasta, le plus haut et Shastina, un cône légèrement au nord-ouest du premier, 600m plus bas. De profil, venant de l’ouest, ça ruine tout.

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Il y a donc le volcan, quelques hautes collines couvertes de forêts de pins aux alentours vers l’ouest et une plaine vers le sud-est. Au pied de la montagne à l’ouest se trouve la ville du même nom, ce qui est bien son seul intérêt. Non franchement, passez votre chemin ou servez vous en comme base arrière pour faire des DSC_8504_DxOrandonnées. De plus, comme elle est très proche (on ne peut pas faire plus), les logements sont relativements rares. Plus au nord vous avez la bourgade de Weed (toujours aussi amusant comme nom), également pourvu en motels déprimants, dont l’intérêt autre que le logement est lui, par contre, absolument nul. Ni allez surtout pas pour faire des visites culturelles. C’est… nul.

Alors qu’est ce qu’il y a à faire dans la région ? Et bien je ne vous cache pas qu’il faut être plutôt branché nature, ballades, VTT ou kayak. Il est possible de monter jusqu’au sommet avec un peu d’équipement, mais 4000m, ce n’est pas anodin. D’ailleurs, il semblerait que ce soit un volcan sous surveillance. On le suspecte de faire semblant de dormir.

DSC_8510_DxOComme dans tous les parcs que j’ai visité aux USA, les chemins de randonnées sont très bien indiqués. Ça en devient même presque frustrant. Je me suis donc contenté d’une petite marche au sommet de Gray Butte, un des petits dômes sur la pente sud, qui avec 200 petits mètres de dénivelés permet d’avoir une vue panoramique sur le volcan, le tout sous un ciel immaculé, un franc soleil et, malgré les 2400m d’altitude, une agréable température printanière. DSC_8538_DxORésultat ? Ça vaut le détour et j’y suis même resté un bon moment à contempler, lire et faire la sieste, jusqu’au soleil déclinant. De toute façon, il n’y a rien d’autre à faire.

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Road to Mt. Shasta

Pour vous remettre dans le contexte, je vous rappelle que je viens de proposer à une petite suissesse légèrement baba-cool de l’amener du côté de Mount Shasta pour qu’elle puisse rejoindre sa bande d’ami dans un Rainbow Gathering, une sorte de communauté hippie improvisée. De toute façon, c’est sur mon chemin car, moi, j’y vais à Mount Shasta. Nous nous mettons donc d’accord pour se retrouver au Redwood Lily guesthouse juste après midi. Chacun part vaquer à ses occupations en attendant, notamment moi qui fait le tour du marché et du CoOp d’Arcata pour acheter de quoi manger.

DSC_8495_DxOEn vacance, pas de violence. N’empêche que parfois, on se tape sur les doigts de ne pas s’appliquer une rigueur organisationnelle quasiment indispensable lorsqu’il s’agit de coordonner plus d’une personne. Je reviens donc à la guesthouse peut après midi et part à la recherche de Sabita. Elle n’est pas là mais, pas de panique, l’heure de rendez vous est assez lâche. Je me pose donc dans un des confortables fauteuils pour reprendre les aventures de Dick Bolitho, quelque part en méditerranée en pleine guerre napoléonienne. Une heure plus tard, je commence un peu à trouver le temps long, mais sans m’agacer pour autant.

C’est finalement peu après 14h que la jeune suissesse retourne à la guesthouse. Entre temps, Christine, la new yorkaise croisée au petit-déjeuner, avait parvenu à la joindre sur son portable pour s’enquérir en mon nom de son retard. Malgré cela, je ne parviens pas à être énervé ou en colère. Après tout, on est dans une atmosphère peace & love, ici, sans parler de mon manque de précision dans les consignes : after noon (après midi), c’est un peu vague et peut tout aussi bien dire juste après 12h que quelque part vers 14h-15h. Ça m’apprendra à ne pas être ferme.

J’attends encore un peu que Sabita rassemble ses multiples sacs, ses affaires ayant depuis longtemps débordés de son sac à dos d’origine, puis finalement, nous chargeons la voiture et quittons Arcata. Le temps frais et gris ne fait rien pour nous retenir.

La route pour Mount Shasta fait environ 350km mais c’est sans compter sur les limitations de vitesses américaines. En même temps, nous ne sommes pas vraiment pressé et la seule limite que je me donne est d’arriver à Mount Shasta avant la tombée de la nuit. D’ailleurs, de manière assez comique, ce motel se trouve dans la petite bourgade de Weed, au nord du volcan. On est en plein dans l’esprit flower power. Cette route commence par tracer complètement à l’est par dessus la chaine de montagne côtière pour rejoindre la ville de Redding, avant de repiquer au nord pour le dernier tiers du parcours.

DSC_8493_DxOCette première portion traverse donc la chaine de moyenne montagne qui borde toute la Californie. De manière assez spectaculaire, une fois passé un col, nous quittons les nuages pour plonger dans le soleil. En se retournant, une longue et basse langue nuageuse se déverse mollement du côté Pacifique vers la vallée ensoleillée. La température est à l’avenant, estivale avec un vent chaud surprenant mais bienvenu. On finira le restant de la route jusqu’à Redding les fenêtres entrouvertes profitant de cet air sec et chaud.

Inutile de préciser que tout ce trajet est l’occasion de papoter avec Sabita, rouquine aux cheveux longs dans un accoutrement baba-cool, et de discuter de voyages. A l’origine venant de Zurich elle a déjà pas mal voyagé malgré ses 25 ans, environ, toujours en mode routard mais souvent avec des amis, parfois en faisant du stop. Elle n’est pas totalement inconsciente mais, encore une fois, les angoisses des uns ne sont pas forcément celles des autres. Deux européens aux Etats-Unis, on partage le même sentiment de vide lorsqu’on traverse les petites bourgades sans charme le long de la route.

Autre point commun, il s’avère que Sabita a passé quelques mois à Auroville, la communauté utopique à proximité de Pondichéry, en tant que visiteur extérieur. Contrairement à moi, elle a pu côtoyer la communauté et surtout, pénétrer dans le saint des saints, le Matrimandir (coup de tonnerre). Souvenez-vous, le Matrimandir (tataaaaa!) c’est le gros bâtiment en forme de boule au milieu du village qui contient une salle de méditation. Je m’en étais fait tout un mystère avant que Sabita m’annonce avec nonchalance y avoir effectué une séance de méditation, elle la non-initiée. Finalement, on y rentre comme dans un moulin. Bravo le mystère! Ceci dit, elle avoue que bien que l’ambiance soit très internationale et agréable il y a une légère séparation entre les gens de la communauté et ceux de l’extérieur. Aaaah, c’est quand même un peu mystérieux alors.

DSC_8496_DxOC’est finalement vers les 18h que nous pénétrons dans la ville de Mount Shasta, au pied du volcan. Sabita tente de me guider vers son point de rendez-vous en suivant les indications laissées par ses amis. Nous roulons pendant une demi-heure en s’éloignant de la ville, en longeant un lac bordé d’une forêt de pins. On s’arrête et la suissesse part interroger les rares personnes rencontrés. La Rainbow Gathering est encore plus loin, encore plus isolée au milieu de la forêt. J’avoue être à la fois curieux de connaître ça mais à la fois pressé de me poser au motel après quatre heures de route.

Finalement, nous repérons un bus délabré garé sur le côté au milieu d’un endroit dégagé. Quelques personnes à l’aspect débraillé et dreadlocks sont assises sur le toit. Sabita descend et part à leur rencontre. C’est confirmé, c’est bien ici. Le campement est encore plus loin à pied dans la forêt. Elle me propose de venir boire une bière avec ses amis. J’hésite. Ce n’est pas tout les jours que l’on peut assister à une fête hippie au 21ème siècle. Lâchement et de manière un peu casanière, je décide de décliner en laissant la porte ouverte pour passer une autre fois. Je compte rester deux jours dans les parages pour randonner et aurait donc le temps.

Finalement, je ne reviendrai jamais, faute de motivation. Avec la fête de village en Inde, je suis sur que ce sera quelque chose que je regretterai plus tard.