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Encore du transport

Là, rapidement avant que j’oublie parce que j’ai une mémoire hyper sélective, rappelez moi de vous parler de transport. Je vous en avais parlé dans un billet précédent, en plus. Maintenant, je me sens drôlement obligé. Bon en même temps, ça va être extrêmement bref.

Je pourrai vous parler du métro montréalais mais en fin de compte il n’y a pas grand chose de particulier à évoquer à son sujet. Il est efficace, spacieux et surchauffé. A bien voilà, effectivement, il est particulièrement surchauffé et hormis les annonces au délicieux accent québécois, il n’y a rien d’autre à ajouter.

Pour transiter de Montréal à Québec puis au-delà vers La Malbaie, j’ai eu le plaisir d’utiliser le bus. Je parle de plaisir car hormis un prix raisonnable il propose d’office un accès WiFi gratuit (bien qu’erratique) ainsi que des prises électriques. L’avantage est qu’il est possible de travailler. Le désavantage est qu’on garde le nez devant son ordinateur alors que le paysage extérieur est superbe. A vrai dire, entre Montréal et Québec, le paysage est loin de l’être. Entre Québec et La Malbaie, ça commence à être un peu plus intéressant.

Pour ce qui est du train, les choses sont beaucoup moins évidentes. Il existe un train qui remonte le Sain-Laurent au départ de Québec en s’arrêtant régulièrement (notamment à La Malbaie) mais, comme le Great Khan Railway en Australie, son but est essentiellement touristique voir luxueux, façon Orient-Express. Les billets y sont d’ailleurs beaucoup plus onéreux que le bus.

La gare routière de Montréal (arrêt de métro Berry-UQAM) est donc le nœud central des transports régionaux. Différentes compagnies, notamment Greyhound, proposent des liaisons vers les villes voisines canadiennes et américaines. Je prend donc un billet pour New-York départ 11h arrivée 20h. Oui, on ne dirait pas mais il faut bien ses 9h de route pour rejoindre la grosse pomme en prenant les voies les plus rapides. Fort heureusement, et il semblerait que ce soit la norme Amérique du Nord, le WiFi est également en accès gratuit (mais toujours aussi erratique) et des prises électriques disponibles à chaque siège.

Prendre le Greyhound pour New York au départ de Montréal, c’est un peu un choc culturel. Attention, je m’apprête à partir d’une unique expérience (enfin… quoique, peut être deux) à généraliser. C’est moche. Alors que la quasi-totalité des montréalais croisés étaient souriants (même timidement) et d’un abord agréable, la conductrice de notre bus arbore la face neutre et sans émotion de la new-yorkaise à qui on ne la fait plus. On n’est pas ici pour se fendre la poire. Imaginez une Whoopee Goldberg en surcharge pondérale (nouvelle indice que nous nous apprêtons à refouler le sol américain) effectuant ses annonces en gueulant comme une gardienne de prison, sans l’aide de la sonorisation interne prévue à cette effet. Elle va vite nous faire regretter la douceur canadienne.

Le trajet commence par un court tronçon jusqu’au poste frontière où nous descendons tous du bus et effectuons un passage devant le service d’immigration. C’est sans doute dans ma tête mais je trouve qu’il y a quelque chose de nettement plus sombre et déprimant aux États-Unis. Une demi-heure plus tard, notre chef de prison nous gueule dessus et nous remontons dans le bus comme des taulards, tout ça, bien entendu sans un soupçon d’ombre de sourire.

A partir de là, la route traverse les douces collines du Vermont, légèrement colorées. Le temps est maussade et ajoute au caractère froid et sans saveur de ce trajet. Nous suivons l’autoroute et rapidement, j’alterne sommeil, lecture et rédaction de ce même blog. Une seule fois nous effectuons un autre arrêt dans une zone insipide pour que notre matrone se repose. Nous repartons. Le jour décline puis à la tombée de la nuit, entrons dans une zone nettement plus urbaine. Des néons des grandes enseignes commerciales parsèment le paysage. Les panneaux indiquant les sorties se multiplient. Des noms deviennent de plus en plus familiers, New Rochelle, Pelham. Pas de doute, nous approchons de notre destination.

Finalement le bus s’engage sur un pont et chacun peut admirer la skyline inimitable de New-York, parée de ses guirlandes nocturnes qui se mirent sur l’Hudson (la poésie, c’est gratuit aujourd’hui). Un début d’excitation se fait ressentir. Après quelques méandres dans Manhattan, notre véhicule pénètre dans un sous-terrain et vient se garer à côté d’autres bus estampillés Greyhound. « New-York Citttyyyy, New-York Citttyyy final stop. Everybody must get OUT. » Toujours aussi agréable cette conductrice. Bienvenue.

Une fois mes sacs-à-dos récupérés je pénètre dans la gare routière du Port Authority de New York. Ma mission consiste à rejoindre l’intersection de Lexington Avenue et de la 100ème rue en métro, où Christine, la new-yorkaise croisée à Arcata, me sous-louera son appartement pour quelques jours. Quelques moments de flottements plus tard où j’essaye de comprendre le système de ticket de la MTA (Metropolitan Transport Authority), je m’engouffre à la suite d’autres commuters dans les tunnels moites vers la plateforme de mon premier métro. Je retrouve cette ambiance anonyme, frénétique, presque agressive de grande ville blasée. New-York début octobre est chaude et humide, encore plus dans ses boyaux. Je me retrouve rapidement en sueur parmi les habitués en T-Shirts ce qui provoque le sourire d’une usager. Finalement, après une correspondance à Grand Central Station, et une longue remontée vers le nord dans les sous-sols cahotants et grinçants de Manhattan, j’émerge dehors, dans une douce soirée au sud de East Harlem.

Venus à la Fourrure

Après la nourriture du corps, laissez moi évoquer la nourriture de l’âme. Je m’étais laissé dire (je ne sais plus par qui ou par quoi) que Montréal était extrêmement dynamique culturellement. Ce n’est pas forcément en quelques jours hors de toute période festivalière que l’on peut véritablement confirmer ou infirmer ceci. Néanmoins, voici deux anecdotes qui me permettent, d’une moue plutôt conciliante, de ne pas contredire cela.

Commençons par l’incident le plus mineur. Lors de mon séjour montréalais, j’ai pu découvrir en deux occasions des pianos laissés gratuitement à la disposition des passants en des lieux de passage (qui sont généralement considérés comme les lieux de prédilection pour les passants). Permettez moi de balayer de suite toutes les petites remarques mesquino-cyniques de certains d’entre vous concernant l’impossibilité de voler un piano. Certes, néanmoins ils étaient attachés. On a beau être en général plus souriant qu’un français, un québecois n’est après tout qu’un homme et lui aussi peut être tenter de s’embarquer un piano, gratuitement pour chez lui. Devant cette démonstration de tant de confiance en son prochain, je n’ai pu m’empêcher de demander à la première passante croisée la raison de ces pianos publics. Il se trouve, que cette passante était une policière et au lieu de me regarder de haut en me répondant de manière glacée (comme on peut être habitué lorsque l’on vient d’hexagone), elle m’a gentiment répondu en souriant qu’il s’agissait d’une chouette initiative de la mairie. Un peuple qui donne gratuitement des pianos à disposition et dont les policières sont urbaines ne peut pas être foncièrement mauvais. Depuis, j’ai constaté en gare de Toulouse Matabiau une initiative similaire proposée par la SNCF. Bizarrement, ça n’a pas la même saveur.

Mais surtout, en ce qui concerne l’atmosphère culturelle de Montréal, voici un rapide résumé de ma dernière soirée en ville, après mon retour de La Malbaie. Comme un fou, je décide d’aller la passer dans le quartier des spectacles, là où, comme son nom le laisse supposé à l’esprit vif et logique qui caractérise mon lectorat, se concentrent la majorité des théâtres et salles de spectacles de la ville. Peu avant 20h, le long de la rue Sainte-Catherine à l’ouest de Berry-UQAM, se presse une quantité de gens recouvrant tout le spectre d’élégance, sortant des restaurants ou minables fast-foods servant d’atroces poutines hypo-lipidiques, pour aller se divertir d’une des nombreuses pièces, films, concerts, comédies-musicales ou boites de nuit des environs. En ce qui me concerne, j’hésite à tenter un bar lounge.

En remontant la rue encore plus à l’ouest, on arrive au cœur de ce quartier bordé au nord par la rue Sherbrooke et au sud par le boulevard René-Lévesque. La Place des Arts centralise en un lieu extérieur et couvert plusieurs salles de spectacles. Ici la foule est encore plus concentrée. Une envie subite me prend d’aller voir une pièce de théâtre et sans trop y croire, je commence à faire la queue à la billetterie dans le brouhaha du hall. Je feuillette rapidement le programme du soir et mon tour arrivé, demande d’un air goguenard s’il reste encore des places pour des spectacles. En sous-titre je tente de faire passer le message corporel que je ne suis pas né de la dernière pluie et que je sais qu’il est totalement illusoire (voir emprunt d’une grande et touchante naïveté) d’espérer (ne serait-ce que) avoir une place une demi-heure avant le début de la représentation alors qu’à Paris, ville lumière et phare culturel pour l’élite de l’humanité, il faut être provincial mongoloïde pour oser le penser.

« Oui, il nous en reste, me répond la guichetière avec un sourire.

  • Ah ?

<silence>

  • Ben euh, et pour la « Venus à la Fourrure », c’est combien ?
  • 35$.
  • Euh ben, d’accord, j’en prend une.

Si c’est pas un signe évident de dynamisme culturel, ça ? Parce qu’attention, là. Je ne vous parle pas d’un obscur spectacle de chant atonal d’une peuplade oublié de Sibérie oriental, mais d’une très ambitieuse et divertissante adaptation en français d’une pièce de l’auteur new-yorkais David Ives, elle même inspirée de l’oeuvre sulfureuse de Leopold Sacher-Masoch, qui fut à l’origine du terme « masochiste », que Roman Polanski, pour vous dire si ce n’est pas de l’étron faisandé, a lui même adapté au cinéma pas plus tard qu’il y a quelques mois !

Je me retrouve donc assis au cinquième rang de l’allée centrale, dans une salle quasiment comble, a suivre pendant deux heures un huis-clos entre deux excellents acteurs au doux accent québecois. C’est autre chose que le monologue ampoulé et emmerdant de ma dernière tentative théâtrale à Lyon, spectacle que j’avais du réserver trois mois à l’avance. Je ne vous raconte pas le sujet de la pièce, de peur de vous « spoiler » le film de Polanski mais sachez que c’était frais, amusant et pétillant, alternant entre des passages contemporains et des ambiances 19ème siècle où les acteurs basculaient sur l’accent français hexagonale pour se donner un genre aristocratique. Je ne sais pas s’il faut se vexer.

Donc, je ne sais pas si vous êtes d’accord avec moi mais une ville où l’on peut se payer une place de théâtre de bonne qualité, à un prix raisonnable, à la dernière minute ne peut pas être totalement provinciale. C’est même le contraire.

La Poutine

Bon assez esquivé, parlons bouffe. Il est grand temps que je vous raconte mes aventures culinaires dans la Nouvelle-France. Commençons par le petit-déjeuner.

Mon premier matin à Montréal, je me suis fait une joie d’expérimenter un copieux petit-déjeuner de pancakes dans un des nombreux petits cafés-restaurants de la rue Mont-Royal. Là, il n’y a pas à tergiverser, c’était impeccable. Généreux, varié, le tout accompagné d’un pichet de sirop d’érable à volonté que l’on peut utiliser pour gonfler les pancakes de sirop sucré jusqu’à ce qu’on ne puisse plus ouvrir la bouche sans produire d’épais filaments de salive caramélisée. Le plaisir ici est dans l’excès surtout que j’avais choisi l’assiette accompagné de petits beignets de pomme de terres. Par -20°C c’est indispensable. Ça commençait bien.

Mon premier midi, j’ai voulu goûter à ma première poutine, plat national québecois. Je me suis donc posé dans un petit restaurant fast-foodesque du centre ville de Montréal, légèrement après le rush de midi, pour être bien tranquille. J’ai pu donc commander en toute tranquillité une poutine « de base » auprès de la dame d’âge mur derrière le comptoir. Soyons clair, la poutine ne sera jamais au panthéon des mets fins et délicats. En cela elle est rejointe par la raclette, la tartiflette ou les patates au lard (et à vrai dire tous les plats basés exclusivement sur du cochon mort et des féculents). Laissez moi vous en expliciter la recette :

  • Faites des frites.
  • Coupez du fromage en petits dés (de la taille d’apéricubes).
  • Couvrez les frites des petits dés de fromage sus-coupés.
  • Nappez l’ensemble d’une épaisse sauce à la viande.
  • Baffrez.

Je vous avez prévenu, il n’y aucun raffinement là dedans. C’est donc non sans une certaine déception que j’attaqua ma première poutine car s’il y a bien une chose facile à rater c’est bien ce plat. Utilisez des frites industrielles congelées, des dés d’ersatz de mozzarella et une sauce à la viande bon marché à base de viandox, le tout servi tiède et vous passerez un quart d’heure douloureux à tenter de combattre vos réflexes vomitifs. Moi, comme je suis poli, je fini mes plats. Ça m’en coûte, mais là, je représentait la France est la commerçante était fort sympathique. C’est bien simple, ça n’a aucun goût hormis un vague goût salé porté par la sauce à la viande bien grasse. Encore une fois, ce plat doit se déguster sans doute exclusivement sous -20°C. Echaudé par cette expérience, je me suis fait un soir suivant un pho (fa) dans un restaurant asiatique du petit chinatown montréalais, histoire de retrouver le plaisir du goût.

Comme je ne suis pas de ceux qui se forgent un avis sur une unique expérience (il m’en faut au moins trois), j’ai retenté le coup à trois nouvelles occasions. C’est presque de l’entêtement. Expérience numéro 2, un midi aux chutes de Montmorency dans une sorte de dinner sans âme. Nouvel échec. Expérience numéro 3, le midi de mon arrivée à La Malbaie dans le bar-billard-restaurant familial du centre ville, au Veilleux, institution du coin. Mention spéciale pour le lieux, situé en sous-sol dans une quasi-ambiance de bar miteux du middle-west américain. Des employés désabusés y servent des burgers et poutines à une clientèle peu gastronome. La qualité de la poutine est ici jugé au monticule de frites noyés sous une cascade de « gravy » quasiment aussi sirupeuse que du sirop d’érable, le sucre en moins. Pour m’éviter une catastrophe digestive j’y commande une petite mini-poutine comme accompagnement d’un cheeseburger. Troisième échec heureusement limité par la taille restreinte du plat. Comme je suis un peu con, je redonne une dernière chance au Québec en commandant, mon dernier soir avant de partir pour New-York, une ultime poutine dans les quartier des théâtres de Montréal. Certes, à chaque fois, je commande le plat dans des petits troquets bas de gammes. Peut-être que les vrais poutines se dégustent chez l’équivalent québecois de Fauchon. En tout cas, la dernière poutine a failli me faire vomir, frites tièdes sous fromage caoutchouteux froid et sauce tiède. L’infarctus me guette. Détrompez-vous si vous pensez que le plat est une vaste joke pour touriste parisien. A vrai dire, c’est plutôt l’inverse. J’avais même l’impression d’être le seul touriste à en commander contrairement aux autres consommateurs de la chose, québecois. Je serai donc clair, en ce qui me concerne, la poutine, c’est dégueulasse. D’ailleurs, un ami de Maxime, lors d’une soirée à déjeuner en comptoir d’une tartine bien grasse m’a fait découvrir le terme qui correspond parfaitement à cette cuisine : sale. Après une poutine, on se sent répugnant, collant de l’intérieur, les artères souillées de gras. Et en plus, ça n’a aucun goût.

Bon, fort heureusement, tout n’était pas aussi peu à mon goût. Je peux par exemple citer de mémoire le « Cochon Dingue » à Québec Ville, un des forts appréciables restaurants de la basse-ville, sans parler que son nom est en lui même une vaste blague. Ce n’est pas non plus un restaurant hyper bon marché mais comme partout en Amérique du nord, j’ai l’impression, les restaurants sont plus chers qu’en France. Tout ça mis bout à bout, je suis bien navré de devoir décerner à mon expérience québecoise la palme du pire séjour gastronomique. Pour des francophones, ça me coûte, mais qui aime bien, châtie bien.

Fort heureusement, si côté bouffe nos cousins ne m’ont pas laissé estomaqué de stupeur admirative, il en est autrement côté boisson. Je vais être d’ailleurs encore plus spécifique : côté bière, ils sont fortiches. C’est très simple, on dirait des belges. Il y a un très grand nombre de micro-brasseries dans la belle province, chacune produisant deux ou trois bières de personnalité différente, ambrée, blonde ou brune. Du coup, on leur pardonne cet immonde plat national.

Plateau

Il y a un quartier à Montréal furieusement à la mode auprès des français. Enfin je dis ça, je viens de l’apprendre en lisant des choses sur internet. Doit-on croire les choses sur internet ? Je ne sais pas mais si je réponds « non », vous allez vous désintéresser de ce blog. Partons du principe que la réponse est « oui » et alors je suis obligé de me justifier. Ce quartier s’appelle « Le Plateau Mont-Royal » ou plus familièrement « Le Plateau ».

Situé à l’est du Mont-Royal, dans une zone plate légèrement en hauteur (d’ou le nom), il fut jusqu’aux années 80 un quartier ouvrier. J’ai du mal à y croire. Aujourd’hui, c’est truffé de jolies petits immeubles / maisons, avec des arbres partout DSC_8606_DxOet de petits commerces de proximités sur les grands axes que sont l’avenue du Mont-Royal ou la rue Saint-Denis. L’ensemble est une agréable alternance de calmes rues résidentielles (sans d’égoïstes et bourgeoises villas claquemurées) et de dynamiques avenues où l’on trouve des petits cafés, restaurants et dépanneurs.

Là, je me permet de faire une pause, car le « dépanneur » au Québec n’a aucun lien avec le garagisme (qui lui non plus n’a aucun lien avec un mot de la langue française puisque je viens de l’inventer). Il s’agit de petits magasins combinant épicerie et quincaillerie ouverts quasiment 24h/24 et 7j/7, d’où la référence au « dépannage ». C’est particulièrement pratique pour aller s’acheter quelques bières un dimanche après-midi en catastrophe, comme je l’ai découvert avec Maxime, habitant du Plateau.

Hors donc il s’avèrerai qu’un grand nombre de français expatriés s’installent sur le Plateau ce que l’on peut tout à fait comprendre au vue du quartier. Néanmoins, les prix de l’immobilier à Montréal étant déjà plutôt dans la moyenne haute, sur le Plateau ils sont particulièrement respectables. On peut donc en conclure très hâtivement que le français expatrié habitant le Plateau est relativement aisé. Néanmoins, en me baladant dans les rues parallèles à l’avenue du Mont-Royal, je dois dire que je n’ai pas été choqué par une quelconque ghettoïsation. A vrai dire, j’ai même plutôt l’impression d’une belle mixité.

La chose qui m’a particulièrement marqué, c’est l’abondance de restaurants portugais. Je pensais sincèrement que la diaspora lusitanienne (tel le journaliste sportif, j’abhore les répétitions) était particulièrement présente en région parisienne mais je dois dire que ce n’est rien par rapport à Montréal. Ou alors pour une raison que j’ignore, aucune personne d’origine portugaise installée en France n’a songé à créer de restaurants. En tout cas, je n’en ai jamais vu bien que j’ai fréquenté longuement une grosse communauté portugaise dans mes années collèges et habité quelques années à Lyon dans un quartier où vivotait, planquée, une petite épicerie portugaise à côté d’un bar portugais. De restaurant, par contre, point. Et surtout pas tout les cinquante mètres comme c’est le cas sur l’avenue Mont-Royal. J’en ai donc profité pour tester un plat de saucisses dans le petit fast-food portugais où j’ai pu enregistré la conversation entre footeux. J’ai même arraché un sourire de contentement à la patronne en lui balançant par surprise un « obrigado » empoussiéré. Résultat, elle m’a servi un deuxième morceau de cochon avec un sourire complice.

DSC_8689_DxOComme souvent, la délimitation d’un quartier est souvent floue. Dans mon esprit le Plateau est beaucoup plus vaste que la zone décrite sur Wikipédia, notamment. Au nord, en remontant la rue Saint-Denis, on tombe sur le quartier de Rosemont, fief de la communauté italienne. A ce propos, j’ai appris que la mafia fut assez bien implantée à Montréal. De nombreux hommes politiques ont été convaincus de corruption, notamment.

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Au sud, se trouve le Quartier Latin, à l’aspect assez similaire si ce n’est la présence de l’université du Québec, l’UQAM et de la rue Sainte-Catherine. La présence des étudiants ajoute une petite pointe de folie, folie dont n’a absolument pas besoin la rue Sainte-Catherine car celle-ci concentre pas mal de bars excentriques, peep-shows et vendeurs de combinaisons cuir / latex. C’est également l’artère principale du quartier gay de Montréal. Le tout donne un joyeux mélange culturo-trasho-fètard plutôt sympathique.

De plus, l’endroit est desservi par un arrêt de métro (station Berry-UQAM) et la gare routière. Je vous dis ça car ce sera le sujet du prochain billet.

Bord du Saint Laurent

Depuis mon départ de Saïgon (Ho Chi Minh Ville pour les adhérents au parti communiste), je suis légèrement à la diète pour ce qui est de quartiers anciens. Bon, certes, le quartier des Rocks à Sydney date légèrement du 19ème siècle par endroit et en plissant les yeux, de même que certains bâtiments oubliés par mégarde à San Francisco. Hormis cela, côté culture historique, ce n’est pas du niveau européen. Arrivé à Montréal, je me fais donc une joie d’aller me plonger dans la vieille ville histoire de retrouver un terrain familier.

DSC_8627_DxOJe ne me crois pas si bien dire. Le vieux Montréal se situe sur les rives du Saint-Laurent, en face de l’île Notre-Dame où se coure bêtement le grand prix de formule 1, je vous le rappel. En commençant par la place devant la cathédrale jusqu’au grand bâtiment du marché Bonsecours (au magnifique dôme en fer blanc), on emprunte des petites ruelles pavées bordées de bâtiments en pierres grises qui nous téléportent instantanément en Bretagne ou en Normandie. Je me sens quasiment à la maison. C’est bien entendu le quartier des bars et restaurants touristiques. Le marché Bonsecours est également le lieu pour s’acheter des produits d’artisanat ou de design, manger dans des restaurants semi-chic ou assister à des expositions bien que l’attrait principal du lieu, à mon avis, réside dans son architecture extérieure. Mais je ne veux rien imposer.

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Côté choses à faire, hormis flâner le nez en l’air en retenant des larmes d’émotions, il y a l’ancienne maison du gouverneur de la Nouvelle-France à visiter. Ce n’est pas non plus la visite du siècle mais c’est toujours intéressant de se plonger dans l’ambiance du Québec de cette époque. En plus on n’est jamais à l’abri d’y repartir avec une étonnante idée de tournebroche automatique.

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La vieille ville arpentée, vous pouvez revenir dans l’autre sens vers le canal Lachine (toujours pas de contre-pétrie) en longeant les rives du Saint-Laurent. C’est calme et c’est arboré. Au canal, à moins d’être aveugle, il est impossible de ne pas remarquer l’immense bâtiment industriel abandonné qui devait contenir à l’époque les matières premières déversés par les cargos venant de l’Atlantique. Moi, j’adore les bâtiments industriels abandonnés.

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