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Bilan gastronomique

Je crois qu’il est grand temps de reparler nourriture. En plus ça tombe bien, à l’heure où je vous écris, j’ai l’estomac plombé par une pizza vraiment pas exceptionnelle. Si je me permet un petit saut temporel complètement révélateur de la vitesse à laquelle je rempli ce blog, ce n’est pas la peine d’aller se déplacer jusqu’à Rotorua en Nouvelle Zélande pour manger une pizza au poulet. Mais oubliez vite ce que je viens de dire. Ne vous laissez pas distraire.

Hors donc, la cuisine de rue étant toujours mon alimentation de base (et ma digestion s’en porte très bien, c’est vous dire) j’ai néanmoins décidé en quelques occasions de tenter un véritable restaurant avec des tables à l’intérieur et de serviles employés chargés de prévenir mes moindres désirs, du moment qu’ils sont à la carte.

Pour commencer, à Hué (et hop, flashback), j’ai réussi à extraire de mon Lonely Planet version électronique, après un gros effort de manipulation, l’adresse d’un restaurant de cuisine vietnamienne de grande classe nommé Anh Binh. Les rédacteurs du guide sont dithyrambiques : explosion de papilles, syncope gustative, tout le vocabulaire permettant de décrire des chocs émotionnels y passe. En plus, c’est vraiment un signe d’une quelconque déité Hindou, il se trouve dans une ruelle parallèle à mon hôtel. Je m’habille donc sur mon 31 en fouillant dans ma garde robe. Que vais-je bien mettre. Rhaaa, j’hésite. Après deux secondes d’hésitation je met mon polo blanc « made in Pondichéry » et mon pantalon de randonnée le moins sale. Avec les claquettes pour faire couleur locale, j’espère bien ne pas me faire jeter.

Je me retrouve devant un bâtiment standard tout en hauteur avec le restaurant sur trois étages. Une charmante serveuse en habit traditionnel vert (ce magnifique habit qui dévoile deux triangles de peau, un sur chaque hanche) me guide au premier étage. L’ambiance est un peu plus guindée que dans mes gargotes de rue mais ça reste acceptable. Je commande une soupe en entrée et un plat principal. Ma mémoire me fait défaut quand à la nature exacte de ces plats. Ce dont je me souviens c’est d’avoir été un peu déçu. Attention, ne nous trompons pas, c’était bon mais je dois dire que la qualité ne m’a pas estomaqué par rapport à ce que l’on peut commander dans des petites échoppes. Le prix lui, est assez différent puisque un repas coûte environ le double, mais rien d’étonnant vu le service.

Je retente donc l’expérience à Hoi An car c’est manifestement le lieu. De nombreux chefs étrangers se sont installés dans la ville, profitant de l’affluence, et proposent des cuisines d’influence vietnamienne. Je note donc un restaurant, son adresse, et part à l’aventure dans la vieille ville. Après une grosse demi-heure de déambulation, j’arrive devant un restaurant dans une grande maison ancienne, comme de nombreux autres d’ailleurs, mais fait rapidement demi-tour lorsqu’on m’annonce qu’il n’y a plus de places avant deux heures. En plus, un rapide coup d’œil à la carte m’apprend qu’ils ont sérieusement gonflés les prix depuis la publication de mon guide.

Je repart donc et tente ma chance au hasard dans un restaurant / bar à vin. La carte à l’air sympathique et originale. Le prix est raisonnable pour un repas de qualité. On me propose donc une table à l’étage dans cet étroit restaurant à la décoration classe situé lui aussi dans une maison ancienne. Les fenêtres grandes ouvertes permettent de profiter de l’ambiance nocturne de la rue et une petite musique branchouillette nous transporte presque dans un quelconque lieu un peu trendy d’une grande ville internationale. Je repère un superbe menu dégustation à cinq plats pour un prix raisonnable (genre 300 Kdongs, soit environ 15€). Manque de bol ou complot à tendance socio-politique, on ne le sert qu’à partir de deux personnes. Je me rabats donc vers trois plats, car le choix est vraiment trop tentant : une salade et un plat principal. Pour arroser le tout, une bonne vielle bia fraîche.

Je vais être clair, ça a commencé très très fort. Une petite salade servie dans trois petits ramequins où sont posés trois morceaux de porcs grillés et relevés. On a donc quasiment cinq bouchées d’un délicieux cocktail de saveurs entre la salade faite d’un mélange croquant de légumes râpés (je crois reconnaître d’ailleurs un cœur d’ananas râpé complètement génial en salade) plutôt doux et la viande superbement relevée et presque croustillante. J’ai pris mon temps tellement c’était bon. Ou alors j’étais sérieusement bourré avec la bière.

Arrive ensuite le plat principal, de nouveau du porc servi avec un légume exotique que je n’ai jamais mangé. Pour vous dire à quel point ma mémoire est défaillante, je ne me souviens plus du nom de ce légume. J’en ai comme un morceau sur le bout de la langue, pourtant. Comme souvent, du riz cuit à la vapeur accompagne le plat. Je me prends donc un premier morceaux de ce fameux légume. Malgré la cuisson, cela reste relativement croquant et frais. Je goutte donc à la viande. Et merdeuuuuh. C’est piquant. Quel est le sagouin qui s’est senti obligé de mettre du piment là dedans? Il se croit en Inde, peut être ? Résultat, même si ce plat n’était absolument pas mauvais, il m’a été gâché par le piquant qui tranchait avec la subtilité du premier plats. Il faut dire aussi que j’avais été un peu ambitieux côté appétit et la fin du repas s’est terminé au ralenti. La facture bien que somptueuse à l’échelle vietnamienne reste complètement raisonnable en euros, de l’ordre de 14-15.

A Da Lat, sous la pluie, j’avais besoin de réconfort. Je me suis donc dirigé vers un autre restaurant, dont je ne me souviens plus du nom, mais si vous voulez, je peux vous indiquer où c’était. Je me rends compte à quel point c’est pathétique cette façon de raconter mes aventures en oubliant les trois quarts de noms. En tout cas, j’y choisi un plat au hasard : du bœuf La Lot. On me l’apporte : du bœuf cuit dans des feuilles d’une plante dont je ne me souviens pas du nom, pour changer. De la même manière que précédemment, six exemplaires sont disposés en cercle. Les feuilles enrobent la viande à la manière de petits nems aplatis et sont cuites ensembles. Je me saisis du premier avec mes baguettes et y goutte. C’est encore une fois positivement agréable. La viande à l’intérieure est tendre et surtout juteuse avec un nouvel assaisonnement subtile mais délicieux. Il faut toute ma concentration pour ralentir ma dégustation et ne pas me jeter sur les cinq autres morceaux. Pour vous dire, j’en ressent encore le goût dans ma bouche.

Un midi à Ho Chi Minh Ville, complètement à l’intuition et au hasard (ce qui est parfois la même chose), je rentre dans un petit restaurant inconnu, un endroit tout en longueur propret mais sans chichi tenu par une bande de jeunes souriants. D’autres clients déjà présents mangent des choses posées sur de grandes feuilles de bananiers dans un plat métallique circulaire. Je commande la même chose et on m’apporte mon plat rempli de feuilles aromatiques ainsi que des mets : des petites tranches de porcs cuites, des boulettes de noddles, des morceaux d’omelette et des petits cubes de ce qui est avéré être du soja fumé. Bien entendu, le tout est accompagné d’une portion de riz cuit à la vapeur et disposé sur les susmentionnées feuilles de bananiers. C’était extraordinairement surprenant et délicieux. Chaque plante, légèrement anisée, mentholée ou citronnée mélangée avec un met produisait des sensations différentes. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, je suis tombé fou dingue de ces petits cubes de soja fumé à la consistance d’un flanc crémeux et au goût puissant.

Pour finir, et pendant que vous salivez salement en pensant à un gros cube de soja fumé bien mou (mais si, ça vous fait saliver, laissez vous aller), voici une petite ambiance sonore que vous pourrez vous passer en boucle la prochaine fois que vous mangerez un plat de nouilles instantanées. Dites vous que c’est du pho (fa) et imaginez vous assis sur une minuscule chaise de plastique bleue. Mieux, achetez en une (se trouve communément au rayon jouets pour enfants). Munissez vous de quelques accessoires indispensables tel qu’une bouteille de bière et des baguettes. Fermez les yeux. Vous êtes au Vietnam.

L’arrivée à Hoi An

Entre Hué et Hoi An, deux villes sur la côte, se trouve un très joli relief montagneux et notamment un col, le « col des Nuages », qui marque une frontière aussi bien culturelle que météorologique entre le nord et le sud du Vietnam. Au sud on dit Viet congs et il fait beau alors qu’au nord on dit Viet cons et il pleut. Il fallait bien la faire un jour ou l’autre, celle là, et il me semble que c’était le parfait moment.

M. Tranh de Saint Cloud, Hauts-de-Seine, mon référent pour tout ce qui a trait au Vietnam (car il était particulièrement peu loquace sur l’Inde), m’avait décrit la route comme « valant le détour » avec cet enthousiasme qui caractérise tout les habitants du petit bassin Parisien. Non, là je suis mauvaise langue. On sortait d’un déjeuner de pho (fa) à Toulouse. Il était donc de très bonne humeur et il avait les yeux qui brillaient à l’évocation de cette route malgré une absence, à ma connaissance, d’alcool dans son système sanguin.

J’avais donc décidé de faire le chemin entre Hué et Hoi An par la route, initialement par le bus, pour profiter de ce magnifique spectacle naturel. A l’accueil de l’hôtel Valentine, le réceptionniste m’avait presque convaincu de louer une moto pour le faire mais c’était un malheureux quiproquo. En vérité la proposition consistait à faire le trajet en moto, mais avec moi comme passager. Absolument ridicule. Faire 100 km à deux roues avec un pilote tenant mon gros sac à dos de 45 litres entre ses genoux et moi accroché à l’arrière avec dix kilos de matériel photo au dos, c’était parfaitement impensable.

Vint donc le moment de prendre le bus à Hué pour quitter la ville impériale, un matin vers neuf heures. Je vous évite la narration de l’indispensable transfert en xe om jusqu’au point de récupération du bus mais avec mon gros sac à dos, c’était une nouvelle première. Surtout que je l’avais gardé sur le dos et donné le petit au pilote. C’est une terrible erreur car j’avais du coup les abdominaux terriblement contractés pour éviter de ne pas basculer vers l’arrière. Je me retrouve donc déposé devant une agence de voyage en compagnie d’une grosse poignée d’autres routards.

DSC_5885_DxOAssez rapidement le bus arrive et en montant je constate qu’il s’agit d’un bus couchettes malgré le trajet entièrement diurne. On nous ordonne d’enlever nos chaussures et je progresse dans une des étroites allées nu pied jusqu’à une couchette supérieure qui me semble idéalement placée. Je m’installe comme je peux car, encore une fois, les dimensions ne sont pas idéales pour un européen, aussi moyen soit-il, surtout avec un petit sac à dos à caser quelque part. A part ça c’est assez confortable.

Nous récupérons un peu plus loin un nouveau paquet de gens vietnamiens ou touristes dont une bande de jeunes français du sud-ouest assez vocaux qui ont manifestement la gueule de bois et les intestins en purée. Ça promet. Des fois, on regrette de comprendre la conversation de nos voisins.

Le bus entame le trajet qui devrait durer quelques heures et je commence à observer le paysage, à l’affût dés que la route s’élève. Pour le moment on se contente de traverser les faubourgs de Hué donc ça ne s’élève pas des masses. Je transfert donc mon attention au bout d’une petite heure sur la suite des aventures de Dick Bolitho, maintenant capitaine d’un deux ponts (c’est qu’il n’arrête pas d’être promu le garçon). Encore une fois, la climatisation est mon ennemie. La température de la cabine chute et nombreux sont mes voisins qui comme moi tentent de se protéger du froid. Ça devient vraiment n’importe quoi surtout que je commence à avoir sérieusement mal aux fesses à cause de ma position un peu raccourcie. Bref, pour le confort, on repassera. Pour que l’ambiance soit encore plus parfaite, une de mes voisines écoute de la pop sirupeuse avec son téléphone portable.

Environ deux heures plus tard, où je tente de soulager mes fessiers, j’aperçois des reliefs côté terre et commence à recentrer mon attention sur le paysage. Je sens que ça va être de toute beauté d’autant plus que nous ne sommes pas très loin de la mer que nous apercevons par moment de l’autre côté. Je note avec un peu d’appréhension de gros nuages au dessus des montagnes et malheureusement assez rapidement le temps devient gris. La route s’élève mais le plafond est un peu bas. Néanmoins après un virage à droite, on aperçoit la ville de Da Nang en contrebas, sous les nuages et un petit crachin. C’est déjà pas mal surtout qu’elle est adossée aux montagnes, coupées en deux par les nuages bas, mais je sens que ce n’est pas les conditions idéales.

Nous redescendons donc dans la ville, un des ports principaux du Vietnam, et effectuons un arrêt pour déposer des gens. La pluie s’installe pour de bon. On repart et alors que nous sommes encore dans les faubourgs de la ville, les précipitations s’intensifient pour atteindre un régime tropical. Avec la climatisation à la température arctique, j’ai l’impression d’être un couillon en short et claquettes/ tongues / schlappe / slache / gougoune en plein automne écossais.

La dernière heure de trajet se fait dans les mêmes conditions météorologiques et je commence à me dire que ça ne va pas être simple d’effectuer les deux kilomètres de marche prévu entre l’arrêt de bus et mon hôtel. Ceci dit, ce sera l’occasion idéale de tester la fiabilité de mes sacs étanches. J’hésite.

Finalement, le bus pénètre dans Hoi An et nous lâche sur un terrain vague. Les conducteurs se précipitent dehors sous le déluge pour sortir les bagages de la soute pendant que chacun sort en remettant ses chaussures. Je récupère mon gros sac à dos maintenant plein de boue vu qu’il a été négligemment jeté à même le terrain vague et me le jette sur le dos. Ma décision est prise et je sens que je prend un risque vital.

Je me dirige hâtivement vers un groupe de xe oms sous le relatif abris d’un arbre. L’un des deux s’avance vers moi : « Motobaïque ? ».
– Yes, yes. How much for this hotel ?, lui demande-je en montrant l’adresse.
– 40.
– What ?!
– Yes, rain, dangerous.
– Ok, ok. Go.

Oui, je me sens pas trop de négocier car chaque minute d’attente ajoute environ un kilo d’eau à mon barda. Je lui donne donc mon gros sac à dos de 45 litres pour qu’il puisse se le mettre où il veut et m’éviter une deuxième session de crunchs abdominaux. Je m’installe rapidement à l’arrière, met le casque fourni et lui lance le « Go ! » pour lui signifier qu’il peut envoyer les gaz quand il veut.

Franchement, je crois qu’il y a rien de tel qu’un danger mortel pour se sentir incroyablement vivant. Zigzaguer dans le trafic, certes réduit, mais présent de Hoi An sous un déluge de pluie qui vous gifle le visage, en s’agrippant à une petite poignée métallique, ça a quelque chose de vraiment intense. A vrai dire je n’ai pas remarqué de différence notable entre la conduite de xe om sur la pluie ou sur le sec. En plus je crois bien que j’ai rigolé à un moment donné quand une autre mobylette était à notre hauteur, le pilote également crispé et penché en avant pour s’éviter un maximum de pluie. On s’est regardé tout les deux et on s’est bien marré. Qui plus est, j’ai atteint mon hôtel vivant, mais trempé jusqu’à l’os.

Pour le col des Nuages s’est un peu raté mais je ne regrette absolument pas de ne pas l’avoir fait en moto. Et je vous laisse avec cette superbe double négation.

Premières expériences en Xe Om

Parce qu’il faut toujours tenter de repousser ses limites et essayer (j’ai bien dit essayer) de se confronter à ses angoisses, je me suis dit qu’il était temps de tenter le transport en xe om. Petit rappel pour les moins assidus, un xe om, prononcé certainement pas comme cela s’écrit, est un moto taxi. La plupart du temps ce sont d’ailleurs des mobylettes taxis ou plus précisément des 125cm3 à embrayage automatique, pour les puristes. Et j’imagine que ceux qui aiment faire mal aux mouches par derrière sont nombreux. Si vous tapez « xe om » sur internet, ce que j’ai fait donc épargnez vous cette peine, c’était uniquement un effet de style, vous découvrirez que cela se traduit littéralement par « embrasser le conducteur » ou plutôt « faire un câlin au conducteur ». Le terme vient sans doute de la position qu’on est tenté d’adopter une fois assis à l’arrière consistant à agripper la personne de devant.

Maintenant il est temps de vous avouer que je vous ai menti sans trembler, tout ça pour une phrase d’introduction que je voulais accrocheuse. En vérité je ne me suis absolument pas de moi même confronté à ma peur du xe om. On m’a traîtreusement et sans me prévenir mit devant le fait accompli. Je vous explique.

Pour pouvoir aller visiter les fameux tombeaux hyper-classieux des empereurs Nguyen, je me suis inscrit à un tour guidé à mon hôtel. C’est d’ailleurs drôlement pratique et les indiens devraient en prendre de la graine plutôt que de dépenser des millions dans des publicités télévisées bourrées de mensonges par omission, diffusées dans les chambres d’hôtels d’Heathrow à des touristes candides. Et avec toute cette digression je ne vous ai toujours pas dit ce qui était pratique, en l’occurrence le fait que chaque hôtel vous propose un choix d’excursions que l’on peut réserver et payer directement à l’accueil. Certes c’est un peu un truc de fainéant et on ne maîtrise pas forcément la qualité du tour. Mais peu importe, dans ce cas présent ce qui m’intéressait était un moyen de transport (fluvial et routier) pour visiter les principales tombes dans la journée. Je demande donc à la fille (souriante) de l’accueil où se situe le point de départ de l’excursion, ce à quoi elle me répond quelque chose de l’ordre de : « non, ne vous inquiétez pas, le bus vient vous chercher ». Parfait, un soucis et de la marche en moins.

Le matin de l’excursion, j’attends donc l’arrivée du bus dans la petite ruelle abritant l’hôtel (je vous avoue qu’il me tardait de voir un bus se frayer un chemin dans ce passage étroit mais je savais les vietnamiens plein de ressources pour ce qui est de conduire des véhicules), tout en digérant ma délicieuse pancake à la banane qui constituait l’essentiel de mon petit déjeuner. A l’heure prévue un motard s’arrête devant l’hôtel et l’hôtesse d’accueil me sort de ma torpeur matinale pour m’indiquer que le transport prévu est arrivé. Comment, euh ? Faut que je monte là dessus ? Oui, oui. Ah bon.

Telle une vache menée à l’abattoir et sous le regard de l’hôtesse qui me fait au-revoir et bonne journée avec un grand sourire, je me dirige en déglutissant vers le motard qui fait redémarrer son véhicule. Je m’assoies derrière le conducteur et pose mes schlappes / slache / gougoune / claquettes / tongs sur deux excroissances métalliques que je prie ne faisant pas parti du circuit d’échappement. Mon pilote a un casque mais il ne songe pas une milliseconde à m’en proposer un. Comme nous ne sommes pas encore très intimes je décide que c’est un peu tôt pour lui agripper ses poignées d’amour et saisi donc plutôt la métallique située derrière moi.

« Ok ? », me demande-t-il ?

  • Euh… yes, yes. Glups.

Brrrrraaaaaawwww. Rha le salaud. Il aurait pu compter jusqu’à trois avant de démarrer. Fort heureusement, j’avais déjà eu l’expérience d’être passager sur une moto donc très rapidement j’ai déconnecté la zone du cerveau généralement associé à l’instinct de survie. Il valait vraiment mieux car mon pilote avait décidé de prendre mon sac à dos et de le mettre sur ses genoux tout en parlant dans son téléphone portable, le tout en roulant.

Nous remontons donc la ruelle sur 200m à un petit 40km/h largement suffisant pour se faire quelques émotions sur la moindre bosse et irrégularité du bitume. Arrivée à l’intersection sur la rue principale, je serre la poignée à m’en faire blanchir les jointures et me repositionne un peu mieux en profitant de l’arrêt.

« Ok, you go down, me dit alors mon chauffeur.

  • What, here ?
  • Yes, bus comes over there, me réponds-t-il en me montrant le trottoir opposé.

Ah ben d’accord. C’était donc la course en xe om la plus courte de l’histoire. C’était bien la peine. Je reprends donc mon sac à dos et remercie mon chauffeur.

Le lendemain, je récidive en décidant de faire une excursion sur des sites associés à la guerre du Vietnam (je vous en parlerai bientôt d’ailleurs). Pareil, l’hôtesse me précise que l’on viendra me chercher mais cette fois-ci, je suis préparé psychologiquement. C’est donc sans surprise que je vois arriver à l’heure dite un nouveau motard qui se dirige vers moi et m’invite à le suivre.

Je prends mon sac à dos, et légèrement plus assuré, le lui tends. Cette fois-ci il extrait un deuxième casque de sous la selle et me le donne. Il ne s’agit bien entendu pas d’un casque intégrale mais bon, c’est toujours mieux que hier. Il enfourche sa bécane et je fais de même derrière lui en tentant de bien me positionner.

« Ok ? »

  • Ye….

Braaawwwwwww. Salaud. Nous remontons une nouvelle fois la ruelle, toujours avec mon sac à dos sur ses genoux mais lui, au moins, ne téléphone pas. Par contre, arrivé à l’intersection, il s’engage à droite dans la rue principale et nous plongeons dans le trafic matinal. Sa conduite et vive mais globalement assez dosée pour éviter les gros freinages et brutales accélérations. J’arrive donc à me tenir mais je dois dire qu’il y a parfois quelques petites décharges d’adrénalines aux intersections quand nous nous faufilons entre le trafic venant de la voie opposée ou quand il zigzag pour essayer de doubler les autres deux roues. Le trajet dure bien cinq minutes et je crois que c’est largement suffisant pour une deuxième session. Il s’arrête sur un quai de la rivière des Parfums, je descends et il m’ordonne avec fermeté d’attendre là. Pendant la demi-heure qui suit, j’assiste à un va et vient matinal de xe-oms déposant des touristes tétanisés ou le sourire aux lèvres à côté de moi.

C’est sur que ça réveille.

Soirée à Hué

Richard Bohringer l’a si bien dit de nombreuses fois : « c’est beau une ville la nuit ». Souvent les ambiances sont carrément différentes du jour. A Hué, c’est pareil. A la nuit tombée, les bords sud de la rivière des Parfums, côté ville « nouvelle », s’animent et se peuplent de marchands et de passants. L’ambiance est festive et tout le monde déambule ou reprend vie après la chaleur de la journée.

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En me balladant, je tombe sur un attroupement. Un groupe de jeunes gens chantent accompagnés par trois guitareux autour de quelques bougies posées à même le sol. Trois épaisseurs de DSC_5841_DxOspectateurs les regardent, les écoutent et les accompagnent. J’ai beau ne pas connaître les chansons, je suis quand même impressionné par l’ambiance sereine, paisible et presque innocente de la scène. Belle jeunesse, tiens. C’était donc comme ça les années hippies ? La seule différence c’est que tout le monde a une coiffure propre sur lui et possède un téléphone portable. Sans doute aussi qu’ils rêvent d’avoir un smartphone et un plus gros scooter. Il faut croire qu’on ne peut pas tout avoir de nos jours, l’innocence et les idéaux. Mais en tout cas, en cet instant, je trouve ça chouette et j’ai encore cette sensation que les vietnamiens ont l’espoir d’un lendemain qui chante.

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Ambiances Hué

Parce que je suis incroyablement distrait, voici quelques autres ambiances de Hué dont j’ai oublié de vous faire profiter. Enfin, si quelqu’un me lit… Ça se trouve ça fait deux mois que j’écrit dans le vide. Allo? C’est toi, Postérité?

Pour commencer, imaginez vous au milieu de la Cité Impériale de Hué, au sein de l’enceinte interdite de la résidence de l’empereur. Vous êtes quasiment seul dans un petit coin sous une petite pagode.

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Ensuite, transportez vous dans un des tombeaux d’un quelconque empereur Nguyen (je ne suis pas difficile, vous pouvez choisir le 1 ou le 2) et dirigez vous vers le temple dédié à son souvenir.

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Bonne nuit.