Moi, quand j’ai planifié mon voyage (ce qui est un grand mot, quand on voit comment j’improvise les choses une fois arrivé dans chaque pays), j’avais coché deux choses primordiales à voir en Australie: Uluru et la Grande Route Océanique, libre traduction personnelle de « The Great Ocean Road ». Si vous êtes un tantinet anglophone, et même un tantinet francophone vu que je vous l’ai traduit (pour les autres, je vous dis merde parce que de toute façon vous êtes même pas capable de comprendre ce que j’écris), vous comprendrai qu’il y a quelque part dans ce vaste pays une route qui soit traverse un océan, soit y passe à proximité, le tout d’une façon qui claque violemment sa mère, pardonnez-moi l’expression.
Cette grande route océanique (je laisse tomber les majuscules pour ne pas trop vous impressionner) ce situe sur la côte entre Adélaïde et Melbourne, plutôt dans sa portion orientale. A vrai dire c’est plus un ensemble de routes bien qu’une portion bien spécifique porte ce nom. Cette portion là a d’ailleurs été construite après la seconde guerre mondiale par des soldats revenus du front, histoire de les occuper et de leur réapprendre à utiliser leurs mains pour autre chose que de tuer son prochain.
Sur cette route qui est grande, il y a notamment une série de douze aiguilles calcaires au large de la côté bordée de falaises qui sont tellement sublimes, d’après mon guide et moult documentaires que j’ai eu la joie de contempler, qu’on leur a donné le nom des Douze Apôtres. Pour le coup, je remet quelques majuscules pour l’effet théâtrale mais je me dis que ça aurait encore plus claqué sa mère si on les avait nommés les Douze Fucking Salopards. Bref, tout ça pour introduire le fait que je me dirige présentement vers le sud d’Adélaïde, en direction de la côte.
Avant de reprendre ma narration je souhaiterai évoquer avec vous quelque chose que je trouve toujours amusant. Lorsque je prépare un voyage, je passe un peu de temps à contempler des cartes. La plupart du temps je me contente d’une vue administrative ou du réseau routier. J’ai donc beaucoup de mal à m’imaginer la nature du terrain dans toutes ces vastes régions. En ce qui concerne l’Australie, j’avais une bonne idée de la nature des paysages autour de Sydney ainsi qu’au centre que je voyais plutôt désert, rouge avec un gros cailloux au milieu. Je me suis d’ailleurs fortement trompé car mon guide, Bob (pas l’éponge), m’a vite repris pour me dire d’un ton docte qu’il s’agissait d’une région SEMI-désertique. C’est donc une région semi-arrosée par la pluie.
Hors donc, bien que fantasmant à mort sur cette Great Ocean Road, je n’avais aucune idée d’à quoi pouvait bien ressembler les paysages du sud de l’Australie. Première surprise déjà en arrivant à Adélaïde : c’est très vert, mais on est en hiver. La rime, c’est gratuit.
Je quitte donc Adélaïde par le sud et pénètre dans la péninsule de Fleurieu, au nom bien français (il doit avoir une histoire d’explorateur héxagonal là dedans mais je vous laisse la charge de vous renseigner par vous même). Le paysage est émouvant surtout sous cette lumière de début de journée. Il m’arracherait presque une larme de nostalgie en me rappelant mes ballades dans la côte Chalonnaise ou de Beaune. Ici le relief est doux, couvert de vignes dans les vallées alors que les sommets sont réservés aux pâturages où viennent paitre quelques vaches et moutons. Les plus alcooliques d’entre vous sauront que la région d’Adélaïde est réputée pour ses terroirs viticoles, notamment la Barossa Valley qui se situe, elle, au nord-est.
En quittant la péninsule au sud-est, le relief s’aplani progressivement puis cède la place à un terrain plat. L’océan n’est pas loin et la terre n’est protégé de ces assauts que par une bande côtière de dunes constituant le parc national de Coorong. Cette zone humide et sauvage abrite sans doute des oiseaux rares et protégés. Côté terre, le terrain plat en cette saison est inondé en de nombreux endroits et pour le coup, je pense à la Vendée. C’est incroyable comme on est sans cesse ramené à ce que l’on connait.
Des forêts d’eucalyptus rabougris et tordus par le vent poussent à la lisière de l’eau. La route traverse pendant quelques kilomètres de vastes forêts sur un terrain ondulant.
Un plus tard, je roule de nouveau parmi un paysage plat aux rares arbres, uniquement peuplé de moutons. Au loin, l’orage menace et une petite pluie commence à retomber.
Le ciel s’obscurcit et il est déjà plus de 16h. Je décide donc de m’arrêter dans la ville de Mount Gambier. Tiens, tiens. Y aurait-il une montagne dans le coin ?