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La sieste

Je commence à me répéter mais je trouve vraiment la plupart des vietnamiens sympathiques. J’économise d’ailleurs pour payer la tournée générale de bia hoi à mon départ de Saigon. Les raisons de cette sympathie surnaturelle vous ont déjà été énoncées : ils sourient voir ils rigolent et en plus ils ne s’embarrassent pas de manières et sont assez directs. Je viens de découvrir un troisième point positif : ils aiment faire la sieste.

Comme il fait chaud (si, si, ne faites pas semblant, il fait chaud) au Vietnam, entre midi et deux, la vie tourne au ralenti. C’est, pour être honnête, surtout vrai en dehors des grandes villes telles que Hanoi ou HCMV (soit Ho Chi Minh Ville, pour faire court). Il n’est pas rare lorsqu’on se promène comme un con de touriste pendant le pic de chaleur (qui je vous rassure, et beaucoup plus supportable, en ce qui me concerne, que le pic de chaleur indien. Peut être est-ce une question d’habitude) de découvrir des dames vendant des mets dans la rue, comateuses, la tête en arrière sur leur chaise pliante, les yeux clos et la respiration régulière. Si on jette un rapide coup d’œil dans les salles de séjour des maisons ouvertes sur la rue (comme la plupart des maisons vietnamiennes, encore une fois) on aperçoit fréquemment un ou deux corps allongés en chien de fusil sur une natte. Ou encore, au détour des allées d’un marché couvert, le même con de touriste ne manquera pas de faire attention à ne point piétiner une femme nonchalamment allongée le long de son stand et méditant profondément sur le sens de la vie. Autre exemple, dans ce même marché, à l’extérieur cette fois-ci, alors que vous prenez discrètement des photos d’ambiance vous apercevez une vieille dame assise en tailleur le buste en arrière et le menton en avant, visiblement en train de rêver d’une égale profondeur. Alors, une voisine taquine viendra discrètement vous proposer de photographier la grand-mère, en rigolant. Ceci aura pour effet de réveiller l’ancêtre en sursaut qui instinctivement, les paupières encore alourdies, vous lancera un : « Achetez mes fruits ! ».

Oui, car quand le vietnamien fait la sieste il faut croire qu’il n’oublie pas le sens des réalités. Je précise encore une fois qu’il ne faut pas imaginer une seconde que ce sont tous des fainéants qui roupillent tout le temps car la plupart commencent la journée extrêmement tôt. La quasi totalité des magasins sont ouverts à 8h et il est très commun de se réveiller à 6h du matin. Alors, la sieste, je vous prie de croire qu’elle n’est pas superflue.

Pour finir, je vous laisse avec ce monsieur, confortablement installé dans un hamac public auprès d’un petit lac de Hanoi. Et n’oubliez pas de faire la sieste. C’est bon pour la santé.

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Dàn Klongput

C’est complètement fou ce qu’on peut apprendre comme trucs quand on voyage et qu’on est un brin curieux. En plus avec internet à disposition, on peut colmater les brèches et donner l’illusion d’une érudition encyclopédique. Lors de la visite au Temple de la Littérature à Hanoi, j’ai pu assister à un mini concert de musique traditionnelle vietnamienne. On n’était pas nombreux mais j’ai fait quelques découvertes étonnantes du côté des instruments.

En premier lieu, le célèbre dàn bau, cette sorte d’instrument mono corde aperçu lors du spectacle de marionnette aquatique. Je viens de lire un article dessus sur Wikipédia et je comprends mieux maintenant ma désagréable sensation de play-back. Cela viens de la façon dont l’instrument est joué. Ce serait trop long à expliquer mais disons que contrairement à ce que je pensais une note n’est pas « grattée » comme une guitare mais l’instrumentiste frotte régulièrement la corde pour qu’elle se mette à vibrer puis module la note avec le manche vertical. Comme la corde est extrêmement fine et tendue, et qu’en plus le mouvement de main sur la corde n’est pas en rythme avec les notes (forcément, ce n’est pas nécessaire) on a cette désagréable sensation lorsqu’on n’est pas initié, que le musicien nous pipeaute un peu.

Mais la grande découverte fut un instrument totalement novateur pour moi qui m’a littéralement scotché, moi et un autre américain, percussionniste de son état. A la fin du concert on s’est tout les deux dirigés vers l’instrument pour l’observer de plus prêt. J’ai même demandé son nom à une musicienne qui m’a répondu « colapou ». C’était totalement nul comme réponse car d’après internet le nom est plutôt « dàn kongput ». Rien à voir. Ou alors la prononciation du vietnamien écrit est vraiment particulièrement traître (ce qui est fort probable vu que c’est une langue tonale comme le chinois). Bref, laissez moi vous décrire l’instrument. Imaginez une flûte de pan géante (genre 1m50 de long), en bambou, placée horizontalement sur un support à hauteur de hanche. N’importe quel musicien non vietnamien tenterait de souffler dedans mais à moins d’avoir la bouche de Mick Jagger, l’échec sera cuisant ou résultera en un désespérant « pffffffffffffrrrrrrrrrrr ». Les joueurs de digeridoo auront sans doute l’idée de cracher dedans, les dégueulasses, mais je doute que l’effet soit concluant. Le secret pour animer cette instrument et de claquer des mains devant l’embouchure d’un des tubes, suivant la note que l’on souhaite jouer. Ce claquement de main complètement funky provoque une brusque injection d’air dans le tube et entraîne la vibration de la colonne d’air prisonnière du tube. C’est cette vibration que nous percevons alors comme un superbe contre ut : « clapffiouuuu ». Avouez que c’est complètement génial : le premier instrument hybride à vent – percussion.

Forcément, l’américain, l’esprit bricoleur, émit l’idée d’en fabriquer un chez lui avec des tubes de PVC. Moi j’étais déjà en train d’imaginer comment exciter l’engin autrement qu’avec un vulgaire claquement de main, dans l’ordre : un pétard, une caisse claire, une explosion de ballon de baudruche (pas très pratique pour des morceaux un peu long) ou des moyens corporels plus ou moins avouables. On est ainsi fait.

Les marionnettes sur l’eau

Il y a quelques mois je suis aller voir un documentaire au cinéma au sujet des vietnamiens envoyés en France pendant la seconde guerre mondiale pour remplacer la main d’œuvre française qui pendant ce temps là attendait les allemands sur la ligne Maginot. Très rapidement ils furent utilisé comme main d’œuvre bon marché par le régime de Vichy. La bonne blague bien douteuse, c’est qu’ils sont restés jusque dans les années 60 / 70 avant que la bureaucratie française se rappelle que ces gens existaient, pour être ensuite emmerdés par le régime Vietnamien qui les prenait pour des traîtres. Mais tel n’est pas le sujet de ce billet et je digresse une nouvelle fois. Il se trouve que dans cet excellent documentaire, la narration est parfois entre coupée de séquences de marionnettes racontant le supplice de ces gars dont la grande poésie est rehaussée par le fait que ces marionnettes se meuvent sur l’eau, actionnée en sous marin (ou presque) par des marionnettistes hydrophiles. Art ancestrale au Vietnam, d’après ce que j’ai lu, les séquences du documentaire étaient en plus magnifiquement filmées au ras de l’eau.

Je suis ressorti de ce film en ayant oublié dans la demi-heure les trois quarts des données géopolitiques et sociologiques mais en conservant une image très précise de ces séquences de marionnettes. A la première occasion, j’en parle donc de manière enthousiaste à mon référent vietnamien, m’sieur K.N. Tran de Saint Cloud, Hauts de Seine, qui, tout parisien qu’il est, me lâche un : « meuh c’est un truc pour touristes tes marionnettes sur l’eau ». Pfff, ce garçon n’a décidément pas conservé une âme d’enfant, là quelque part entre son aorte et son poumon gauche. Surtout qu’il y a une très jolie explication à la naissance de cette forme de théâtre puisqu’elle est apparue dans les villages pendant la saison des pluies où la plupart des endroits du village étaient inondés. Il n’y avait du coup plus d’autres possibilités pour se divertir avec les marionnettes que de tirer partie de cette abondance d’eau. Et là vous me dites : et pourquoi qu’y zont pas fait du water polo, plutôt ?

Je vous ignore.

Loin de me laisser déstabiliser par la remarque toute parisienne de mon référent, lors de mon deuxième après midi à Hanoi, je vais donc m’acheter un billet pour la représentation de 20h au théâtre Thang Long, juste en face du lac Hoan Kiem où une tortue magique sorti une épée dans l’eau, à moins que ce soit l’épée qui était magique. Je vous balance les anecdotes légendaires en vrac. Vous serez bien capable de les ranger. Un peu avant l’heure dite, j’arrive au théâtre en grande tenue de soirée : polo blanc de Mission Street, Pondichéry, pantalon « baroudeur » non repassé et chaussures de marche « poussière d’Inde » . C’est que ce soir on va au théâââtre. S’agit pas de venir habillé comme un plouc. Enfin, ceci dit, au vu des trois cars de touristes en short, T-Shirt, claquettes qui faisaient la queue, j’étais bien le seul à avoir des prétentions vestimentaires. Ça, c’est bien les touristes. On leur fout de l’art ancestrale dans le groin et ils te bouffent ça comme s’ils étaient au KFC.

A l’heure dite, nous entrons dans la salle où chacun est fermement enjoint à rejoindre sa place numérotée dans un petit théâtre en pente devant un petit plan d’eau en contrebas. A gauche du plan d’eau, en hauteur, des sièges, sans doute réservé aux musiciens. Car c’est également un spectacle musical et ça je ne le savions point. Réjouis toi, ô amateur d’art ancestral car tu pourras z’également festoyer de musique à la tradition millénaire.
Après quelques minutes d’attentes histoire de remplir la salle aux trois quarts, la lumière baisse soudainement, sans prévenir, sans même trois coups de cannes. Une poursuite s’allume sur l’espace des musiciens et cinq dames habillées en tenues traditionnelles (deux instrumentistes et trois choristes) s’assoient devant des instruments du même acabit. Je perçoit derrière elles, dans l’obscurité, le reste de la troupe de musiciens mais qui sont fâcheusement cachés à la vue de la grande majorité des spectateurs. Une des musiciennes se lève et nous présente en vietnamien le spectacle et la première fresque. Puis, une voix off en anglais fait de même.

Silence.

Musique et chant : «  Dziing goiiiin euh, maaaa teuuuh ééééé, kaaam iiii ngggheuuu, vaaa heuuu léé.»

Enfin un truc comme ça car je ne suis malheureusement pas encore fluent en vietnamien, mais en tout cas ça rimait rudement bien. A dire vrai, j’étais surtout concentré sur les deux instrumentistes de sexe féminin car passablement intrigué par une vague sensation global de décalage du son à l’image, sensation renforcé par la sonorisation électrique des instruments. Moi quand on joue de la musique, j’aime bien regarder ce que fait l’instrumentiste pour juger de sa maestria. Ça me permet de crier « olé » à point nommé. Là, je ne voudrais pas trop critiquer, mais une des instrumentistes joue d’un très joli instrument muni d’une unique corde avec un sorte de baguette à vibrato à un bout (grâce à Wikipedia, je peux vous annoncer que ça s’appelle un dan bau). Je ne remet pas en cause la qualité musicale de l’instrument mais son faible impact scénique car apercevoir une unique corde à vingt mètres dans un environnement faiblement éclairé comme un théâtre, il faut être bionique. On a alors une sensation très particulière d’assister à un spectacle de « air guitar ». Et surtout, j’ai drôlement l’impression qu’elle n’est pas du tout en rythme l’instrumentiste. Et même, si je puis me permettre d’être encore plus critique, je trouve l’arrangement diffusé dans les hauts parleurs diablement complexe pour deux instrumentistes en avant plan et trois autres en arrière plan dans l’obscurité, dont un ou deux qui se grattent le nez quand ils croient qu’on ne les voit pas. Donc bon, je ne jurerai de rien, mais la sensation étrange d’assister à un play-back persistera tout le spectacle.

Mais foin de la musique. Nous sommes venus ici pour s’éclabousser la rétine d’un sublime spectacle ancestrale de marionnettes sur l’eau. Sous de très jolis effets de lumière, de petites marionnettes de quarante centimètres de haut représentant des pêcheurs émergent du liquide et entament leur chorégraphie. Enfin, plus exactement, c’est ce que j’entraperçois entre la forêt de bras qui se s’est levé devant moi alors que deux cars de touristes décident au même moment que c’est une joyeuse bonne idée de mitrailler la scène au flash de leur appareil photos pourris, ruinant par la même occasion les subtiles effets d’éclairage. On ne peut pas leur en vouloir vu que le théâtre autorise, moyennant 20 kilo-dongs, l’usage des appareils photos et caméras et qu’en vacances les gens laissent leur dignité en garde chez leur voisin, avec le chat. Je me retrouve donc rapidement dans une ambiance de spectacle de fin d’année de maternelle où chaque parent tente de filmer son rejeton en levant bien haut son portable merdique, pourrissant par un effet concomitant le spectacle pour les autres de derrière. Il faudra un jour que quelqu’un décide d’envoyer tout ces touristes en camp de redressement pour leur expliquer que premièrement le flash, à vingt mètres, ça ne sert STRICTEMENT à rien hormis provoquer des crises d’épilepsie et que deuxièmement dans un théâtre il fait à peu près aussi sombre que dans ma narine gauche un soir de grippe (pour rester poli parce que sinon j’ai d’autres images mais ce rapportant plus à la partie terminale de mon tube digestif) ce qui augure très mal de la qualité de la photo malgré les 100 milliards de pixels de son iSamsung GTX Turbo.

Fort heureusement, au bout d’un certain temps, les crampes aidant, la forêt de bras retombe et je peux enfin me concentrer pleinement sur le travail de chorégraphie et la virtuosité des marionnettistes. J’en vient presque à regretter les bras levé car il faut bien avouer que la virtuosité n’est pas particulièrement au rendez vous. Marionnettes qui manquent de se rentrer dedans, alignement et synchronisation plus qu’approximatif, je suis loin d’être impressionné. Disons que c’est aussi attendrissant que de voir des enfants de trois ans d’âge essayer de réaliser une chorégraphie sans se percuter et si possible, ensemble. Seul un très joli tableau avec des marionnettes de jeune fille aux parasols roses m’arrache un petit « aaah, que c’est mignon ». Au passage, la forêt de bras repousse instantanément. Je ne suis pas le seul à trouver ça mignon.

Je surprend les musiciens et les choristes à se sourire entre eux. Au moins, ils s’amusent et cela fait plaisir à voir. On entend parfois même les marionnettistes s’interpeller derrière le rideau et je me retiens de chuchoter très fort « On vous entend les gars !!! ». Ils doivent être sourd à force d’être dans l’eau. Bref, au bout du quatrième tableau je commence sérieusement à me dire que le temps est long. J’ai donc tout loisir pour repenser à la sarcastique remarque de monsieur Tran, de Saint Cloud. Il m’énerve quand il a raison.

J’en étais là de mes réflexions (autant vous dire que j’avais pas mal décroché du spectacle) quand, entre deux tableaux, je vois deux spectateurs se lever et quitter la salle. Tout de suite, je jette un œil aux choristes, en première ligne, car je sais qu’il est toujours cruel de faire ça à un artiste. Manifestement, ça ne les atteint pas plus que ça et le spectacle enchaîne sur une nouvelle séquence toujours aussi touchante d’approximations. Je me reconcentre dessus pour montrer que je me désolidarise totalement de ces goujats qui ne respectent pas le travail d’artistes renommés (oui, car plusieurs des marionnettistes ont le titre de « maître marionnettiste ». Ça en impose) lorsqu’au milieu du tableau, trois touristes chinois se lèvent et quittent la salle sans effort particulier de discrétion. Là, c’est vraiment insultant et je note qu’une des choristes est un peu meurtrie. Quelle bande de connards ! Bon certes, le spectacle est pas génial mais pour 100 kilo-dongs, ce n’est pas non plus la ruine. Et en plus c’est loin d’être « Le Soulier de Satin » car au bout de quarante cinq minutes on en était déjà au tableau final avec présentation des marionnettistes dans un joyeux refrain digne de Broadway et sous les applaudissements mécaniques et tièdes des spectateurs.

Au moins, les artistes avaient l’air d’être satisfaits d’eux même et se lançaient des sourires voir des rires. Quand je vous disais que les vietnamiens sont tout le temps souriant. Bon ceci dit, les gars, s’agirait pas non plus de se fendre la poire en permanence, hein ? Il y a des moments pour tout. Des fois il faut être sérieux quand on est devant cent personnes venu des quatre coins du monde pour assister à un spectacle ancestrale.

En ressortant, déçu, je me suis souvenu qu’ils en étaient à leur quatrième représentation de la journée. La prochaine fois, s’il y a, j’essaierai d’aller les voir à la première représentation matinale en espérant qu’ils seront bien reposés pour voir s’il y a du progrès. Mais je veux surtout croire qu’il ne s’agit pas d’une troupe et d’un spectacle d’élite mais un aimable spectacle à la chaîne pour touristes. Sinon, il faudra sérieusement remettre en question l’intérêt de l’eau dans tout ça. Ou alors surenchérir et proposer un spectacle de marionnettes sur boue.

Ni oui ou ni non

Il y a des choses qu’on sait. Il y a des choses qu’on oublie. Il y a des choses qu’on sait mais dont on a oublié le contexte. Il y a des choses dont on ne sait pas que l’on sait car les choses rentrent par une oreille et s’échappent de l’autre. Ça c’est les plus nombreuses.

Dans un contexte dont j’ai totalement oublié la nature, j’avais appris que les deux gestes universels pour signifier « oui » et « non » n’étaient en vérité, pas si universels que ça. A l’époque j’avais du répondre « C’est dingue, ça ! » puis depuis ai promptement oublié les pays pour lesquels « oui » et « non » ne se traduisaient pas par respectivement, un hochement de la tête de gauche à droite autour d’un axe vertical et un hochement de la tête d’avant en arrière autour d’un axe horizontal, ainsi que les gestes équivalents dans ces contrées exotiques.

Lors de mes multiples interactions avec des indiens, à une question fermée (dont je rappel aux plus distraits qu’elle n’autorise que trois réponses : oui, non ou bien merde) parfois je les voie me répondre en faisant un geste que tout bon français interpréterait par « mouuaih, j’sais pas trop. j’hésite ». Ceci est particulièrement déstabilisant lorsqu’au restaurant, par exemple, on demande la disponibilité d’un met que l’on sait raffiné :

– Namasté, vous auriez du Coca-Cola, s’il vous plait ?
– <Geste indiquant un mmmmouaih, j’sais pas trop>
– Euh… Vous en avez… ou pas ?
– Yes <j’sais pas trop j’hésite>

Quel manque de confiance en soit, parbleu ! Do you have ou do you not have ?! Or shit ? Voici encore ce qui me traverse l’esprit mais dont j’évite d’exprimer.

Fort heureusement, au détour d’une lecture un peu aléatoire du Lonely Planet, je tombe sur un paragraphe évoquant justement ce bizarre déficit d’affirmation chez les indiens. En réalité, comme vous l’auriez deviner, il ne s’agit absolument pas de ça mais de ci, ce dont je vous parlais au deuxième paragraphe : le geste utilisé en Inde pour exprimer « oui » est tout simplement totalement différent de celui utilisé dans nos contrées tempérées.

Décomposons le mouvement : autour d’un axe horizontal passant à travers la glotte, le sujet imprime un mouvement oscillant de sa tête de gauche à droite tout en imprimant un autre mouvement oscillant de son cou de droite à gauche donnant l’illusion parfaite que sa tête oscille autour d’un axe passant par le nez (quand c’est bien réalisé). Si vous voulez, c’est un mouvement presque similaire que font les danseuses indiennes mais en plus rapide. Les plus pressés gardent le cou immobile et ne bougent que la tête. Mais c’est beaucoup moins joli. Moi je ne pourrai pas le faire. J’aurai trop peur de me briser une vertèbre supérieure et de finir tétraplégique.

Maintenant que je le sais, je comprends mieux ce qu’on me dit, bien qu’il m’est toujours difficile de réagir dans l’instant. Mon cerveau, tellement habitué à son langage corporel doit faire un effort conscient pour contredire ce que lui dit mon subconscient. Ce qui donne maintenant ceci :

– Namasté, vous auriez du Coca-Cola, s’il vous plait
– <Geste du oui>
<silence de quelques secondes>
– Ah, ok, super. Donc je vais en prendre un (index en l’air, toujours).
– <Autre geste de oui>. Ok.
<silence de quelques secondes>
– Ssank you (je fais plus d’effort de prononciation, je vous dit)

Ils doivent me prendre pour un débile.