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The Coromandels

Le lendemain matin, je me réveille sous un temps magnifique. Ciel bleu, grand soleil, temps légèrement frais, voilà qui donne envie de partir à la découverte des environs. Pour tout vous dire, je n’ai aucune idée de ce que je vais voir. Je suis arrivé en Nouvelle Zélande les mains dans les poches, en ayant rien planifié. J’ai du réserver l’hôtel dans ces environs il y a deux jours en ayant vu vaguement quelque chose sous Trip Advisor. D’ailleurs, pour être totalement exhaustif, je n’avais pas non plus prévu initialement de m’arrêter en Nouvelle Zélande. Il y a trois semaines, un peu frustré par les paysages australiens, j’ai rogné une semaine sur mon séjour aussie pour insérer une semaine kiwi, malgré une fin d’hiver austral plus intense ici. Ce ne sera qu’un aperçu de la Nouvelle Zélande.

DSC_7844_DxOAutour de Tairua, les paysages sont montagneux. Je comprend mieux la raison de la route sinueuse que j’ai emprunté hier soir. Le village (ou alors petite ville si on est tolérant) est située au bord d’une très jolie baie quasiment fermée. Cette partie de la côte néo-zélandaise forme un grand arc, délimitant une gigantesque baie appelée « Bay of Plenty », que je traduirais par « Baie d’Abondance ». Le nom est pompeux mais, si je ne dis pas de bêtises fut le lieu d’atterrissage du capitaine Cook lors de sa « découverte » de l’île du Nord. La péninsule de Coromandel se situe à la pointe nord-ouest de cette baie.

En ce qui concerne ces montagnes, elles dessinent des reliefs abruptes couverts d’une dense végétation qui rappel des îles volcaniques telles Hawaï ou Tahiti. La végétation n’étant pas DSC_7842_DxOtropicale, je suis un peu dépaysé. Sur les hauteurs des bords de baie, des villas percent de la forêt. En ce matin très tôt, je croise quelques joggers ou promeneurs de canidés. Un bras de terre ferme la baie au nord, bras terminé à son extrémité par une colline conique également mitée par des villas. Je part donc dans cette direction, espérant prendre de la hauteur et avoir une vue glorieuse sur l’ensemble. Je suis comme ça. J’aime que mes matins soient glorieux.

DSC_7845_DxOFinalement, conquis par la vue de la baie, je m’arrête prendre des photos au pied de la colline et emprunte plutôt un chemin sablonneux de l’autre côté de la route menant à la plage face au Pacifique. A peine plus au large se trouvent quelques îles. Le sable est clair, le temps parfait et je me dit qu’il y a vraiment des salopards de chanceux ou débrouillards qui ont eu la bonne idée d’habiter dans une maison face à l’océan dans un endroit plutôt agréable. A vrai dire, ils sont plusieurs à avoir eu la même idée ce qui n’augure pas bien du prix de l’immobilier par ici. J’imagine très bien quelques riches habitants d’Auckland venir ici pour leurs week-ends faire du surf ou de la voile. En cette période, c’est plutôt calme.

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Quelque temps plus tard, je roule sur la route côtière en direction du nord. Encore une fois, je n’ai pas vraiment de plan hormis de profiter du paysage sous ce temps exceptionnel et de rejoindre DSC_7854_DxOpour l’après midi la bourgade de Matamata, plus au sud en allant vers le centre de l’île. Assez rapidement, des panneaux touristiques indiquent des sources géothermiques. Une fois garé dans un petit parking désert, je reste une grosse demi-heure sur une magnifique plage adossée au relief végétalisé, longeant l’eau vers le point d’intérêt, des sources géothermiques sous marines, immergées à marée haute. Ça tombe mal, c’est justement le cas. A cinquante mètre du ressac, des zodiacs emportant des touristes oranges tournent autour DSC_7859_DxOd’un point où affleure au rythme des vagues quelques rochers aiguisés. Ce doit être ça mais là d’où je suis, ce n’est pas très spectaculaire. En tout cas, la plage est sympathique, l’eau cristalline et la végétation toujours un brin dépaysante. Des rouleaux translucides et éclatants de lumière, éclairés par derrière par un soleil bas de fin d’hiver, viennent s’abattre en rythme sur la plage. Quelques gros blocs à l’allure basaltique sont posés dans le sable et témoignent du caractère volcanique de la région. On pourrait y passer sa journée ici.

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Un peu plus tard sur la route, je croise un nouveau panneau indiquant « Cathedral Cove », un des DSC_7874_DxOsites touristiques majeur de la région. Je traverse une petit ville, la route s’élève et rapidement, mène à un parking nettement plus occupé. Je sort vite de la voiture avec mon sac à dos et mon appareil photo. Au sud, on aperçoit la bourgade de Hahei et sa plage. Au nord-est, face au soleil (je sais, c’est toujours aussi étrange lorsqu’on n’a pas l’habitude), la vue est aussi jolie, avec deux îles au milieu d’un grand arc de côtes accidentées, l’une en longueur DSC_7878_DxOcouverte d’une tignasse de végétation et l’autre toute petite, dans le prolongement, avec sa propre touffe de verdure. Non, il n’y a rien à ajouter hormis que je commence à croire les deux néo-zélandais Jack et Jane croisés à Kakadu lorsqu’ils m’affirmèrent que leur pays était magnifique et varié.

DSC_7889_DxOUn chemin de marche mène à plusieurs petites anses dont Cathedral Cove. En chemin, on peut faire un petit détour pour apercevoir un bosquet d’arbres endémiques, maintenant rares dans cette nature profondément modifiée depuis l’arrivée de colons maoris et européens. La marche est franchement agréable avec un panorama permanent sur le Pacifique et ces petites îles. La roche est calcaire et les falaises blanches tranchent admirablement avec le glacis vert et bouclé de la végétation. Pour ne rien gâcher, l’eau est d’un calme plat et de cette couleur turquoise de carte postale lorsqu’elle borde la terre.

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Après une petite demi-heure de marche tranquille, des escaliers aboutissent à une plage au creux de petites falaises blanches au-dessus duquel s’accrochent des arbres. Un tout petit îlot rongé par la mer se situe à quelque mètres dans l’eau. Une dizaine de personnes profitent sereinement de l’endroit, assis dans le sable ou marchant tranquillement vers le clou du spectacle, un haut passage triangulaire dans la falaise menant vers une autre plage. A cette heure-ci le passage est légèrement bloqué par le ressac de l’océan. Il fait beau, il fait doux mais je doute que l’eau le soit. Voici Cathedral Cove, l’un des endroits emblématiques de l’île du Nord. Je ne vais pas faire mon difficile, c’est charmant.

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Après quelques moments sur place à profiter du calme, je remonte le chemin sous le soleil. Tranquillement, je rejoins ma voiture de location et, avec des derniers regards réguliers vers les paysages maritimes, prend la direction du sud.

First night in kiwi land

Je commence ce tout premier billet Néo-Zélandais par un coup de gueule. Rhhaaaaaa !!!! Merde !!!! Con !!! Chié !!! Voilà. Il est destiné aux hôtesses et hôtes de l’air d’Air New Zealand qui ne font que me déranger dans mon vol. Encore un problème de riche me diriez vous. Certes. Je paye pour un vol d’avion qui, en l’occurrence, dure trois heures. Oui, il faut trois heures pour rallier Auckland de Sydney en jet. Là n’est pas le problème. Dans ce laps de temps, j’ai environ 2h30 pour profiter un maximum de l’ « on-board entertainment », que je traduirais en français par « divertissement à bord » qui depuis quelques années est individuel sur les longs courriers. On a un petit écran en face de nous dans le dossier de notre voisin de devant avec un petit joypad tout pourri qui nous permet de naviguer péniblement dans une arborescence de films, émissions de télévision et musiques. Donc pendant ces 2h30, j’ai de quoi caser un film et une poignée de « Big Bang Theory ».

Et bien on est constamment dérangé dans son film par des annonces ridicules du personnel naviguant. Turbulences, vente d’alcool, consignes de sécurité, annonce de l’approche d’Auckland, température et météo à destination, tout y passe. Ce sont de véritables pipelettes. C’est pire que les publicités car parfois ça survient en plein milieu d’un dialogue clé. Tout à coup l’image se fige, un « dong » en La 4 retentit et une voix inconnue du scénario nous fait alors remarquer que des rafraichissements seront bientôt servis avec un choix de poulet ou de bœuf pour les classes économiques. Quelques secondes plus tard, la vidéo reprend ainsi que le son mais non sans avoir oublié les deux derniers mots : « Luke, je suis ton… Nous voudrions vous rappelez qu’il est interdit de fumer dans les toilettes. Merci… Noon, nnooon, ce n’est pas vrai. C’est impossible. Noooooonn !!!! ». Ben pourquoi il gueule, l’autre blondinet ?

Voilà, c’est dit. C’est dommage parce qu’à part cela, ils sont extrêmement sympathiques chez Air New Zealand. Tenez, pour les consignes de sécurité ils nous diffusent une vidéo extrêmement drolatique avec dans le premier rôle, le héros de « Man vs. Wild ». Ils ne sont pas à leur coup d’essai dans leur domaine car ils avaient précédemment utilisé une autre vidéo ayant pour thème le Hobbit ou encore celle-ci, beaucoup plus disco . Bref, tout ça donne un bon à priori des habitants de la Nouvelle Zélande.

La bonne nouvelle, c’est que cela s’est confirmé une fois arrivé à Auckland. Pour une fois, à l’immigration, l’officier m’a souris en me souhaitant la bienvenue. Il va se calmer cet hystérique, dis donc. Ensuite, j’ai loué une voiture pour ma semaine de séjour. C’est court donc je veux être mobile même si je trouve ça finalement assez dommage d’être tout seul dans son véhicule. On ne peut pas tout avoir. A l’aéroport, donc, après quelque instants de surprise, ne voyant pas de guichet au nom de mon agence de location, je suis aimablement dirigé vers un téléphone interne où une personne me rassure en m’annonçant que quelqu’un vient me chercher en mini-bus pour m’amener au dépôt. Quelques minutes plus tard, un monsieur d’une soixantaine d’année se gare devant moi et me fait monter à l’arrière. Immédiatement il entame la conversation en me demandant se que je viens faire ici et où je compte aller. Dans les cinq minutes du trajet il m’explique gentiment comment rejoindre la route vers la péninsule de Coromandel, où je compte passer ma première nuit. Comme c’est agréable.

C’est finalement peu avant 17h que je quitte la zone aéroportuaire aux commandes d’une petite coréenne blanche à boite manuelle. Je me surprend moi même à m’adapter extrêmement rapidement aux nouvelles conditions de trafic. Ceci dit, j’ai beau avoir changé de pays, les indications et le code de la route est similaire voir identique à l’Australie. Ce ne sera pas la première chose que trouverai identique des deux côtés de la mer de Tasmanie.

La monnaie, par exemple, hormis le nom, dollar, même les pièces sont quasiment identiques en taille et colorie. La seule différence, et je me permet d’affirmer que c’est particulièrement agaçant, est que la pièce de 2$ néo-z est plus grosse que la pièce de 1$ alors qu’en Australie, c’est l’inverse, ce qui est totalement illogique.

Je m’engage donc sur la highway 1 qui, bien qu’autoroute aux abords d’Auckland se transforme très rapidement en route. Une demi-heure plus tard, je prend l’embranchement pour la 2, direction Coromandels. Le soleil est déjà très bas sur l’horizon mais je constate des changements rapides de paysage dont j’avais perdu l’habitude en Australie. Globalement, tout est vert et ondoyant. Je poursuit toujours dans la direction Coromandel (c’est vraiment très bien indiqué, bien que j’ai acheté une carte de l’île du nord). Une heure plus tard, je suis déjà à l’entrée de la péninsule et ses paysages de petites montagnes escarpées. C’est fou comme tout va plus vite ! J’ai l’impression que le monde s’est reconstruit à l’échelle 1/10ème.

Le soleil se couche et je m’engage de nuit dans une petite route de montagne. Pendant une petite heure ce n’est que méandres, virages et montées dans le noir. Dommage pour le paysage. Je bascule finalement à un sommet et redescend de la même façon à la lumière des phares. Un embranchement à gauche direction Tairua puis quelques derniers kilomètres de routes et j’arrive à destination, le Blue Motel de Tairua, petite bourgade au bord de l’eau. Il est environ 20h et suis rejoint à l’accueil désert par la patronne, souriante, qui me souhaite la bienvenue. Je range mes affaires dans ma chambre puis part à pied à la recherche du pub restaurant recommandé par mon hôte.

Déjà, il fait un peu frisquet ici et je traverse d’un pas vif un pont afin de rejoindre le coin des commerces, ne croisant personne en chemin. Je devine juste en vague silhouette le paysage d’une baie à demi entourée de reliefs. Sans difficulté je trouve le lieu dit et rentre dans un pub, croisement entre un saloon et un bar PMU. On est très loin de la chaleur d’un bar irlandais. Des gars à l’aspect rude jouent au billard, trois autres personnes sont au bar et deux femmes s’affairent devant le jukebox placé sous un écran plat de télévision diffusant un match de rugby. Aaaah, la voilà la vrai Nouvelle Zélande ! Grâces aux préposées au jukebox, un enchainement de classiques du rock donne une touche finale à l’ambiance. Fait notable, l’une des deux femmes à des traits d’allures maori. Par rapport à la discrétion aborigène constatée en Australie, cela mérite d’être relevé. Attendons la fin de notre séjour pour conclure.

Je m’approche tranquillement du bar et note un panneau marqué « Tonight’s special – Beef Strogonoff ». Voilà qui est tentant. Le barman se penche vers moi avec un air de concentration et, d’une voix que je veux pleine d’assurance, je commande le plat du jour avec une bière. Sans un sourire il prend note et je me pose à une table haute face au jukebox et au match. Pendant quelques secondes je ne reconnais pas les règles avant de comprendre qu’il s’agit de rugby à 13. Déjà, il n’y a aucune mêlée ni ruck. C’est d’un triste.

Une femme vient m’amener ma bière et quelques minutes plus tard, mon bœuf strogonoff qui n’a de strogonoff que le nom. Des émincés de bœuf, du riz et une vague sauce à la crème, voilà en quoi il consiste. Vu le décor, je ne suis pas non plus particulièrement surpris. Je me contente donc de manger tranquillement, siroter avec calme la bière en tentant de me passionner pour un match entre deux équipes inconnues ou de saisir les conversations bruyantes de certains habitués.

Pendant ce temps, la musique rock persiste. Et dire que hier j’étais à Sydney. C’est vraiment marrant ces changements brutaux d’ambiances.