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Tadoussac

Les propriétaires de leurs maison d’hôte où je suis hébergé à La Malbaie sont sympathiques. Mais, ça, il me semble bien vous l’avoir déjà dit. En plus du parc national des Hautes-Gorges de la Malbaie (majuscules placées de manière non contractuelle), à mon arrivé, on me demanda si je souhaitais aller voir les baleines. Des baleines ? Quelles baleines ? Après une courte réflexion (un peu comme les éléphants, les baleines, c’est pas tout les jours que l’on croise ça en France), je répond que, oui, je veux voir les baleines mais que voyez-vous, je ne suis toujours pas motorisé.

Quel rapport y a t’il entre des baleines et une voiture me demanderiez-vous ? Le centre touristique de tout ce qui touche aux baleines se trouve plus haut, en aval du Saint-Laurent, au village de Tadoussac. Le village se situe à l’embouchure du fjord de la Saguenay où les eaux douces de la Saguenay et du Saint-Laurent rencontrent les eaux salées de l’Atlantique, formant un environnement attrayant pour toutes sortes de cétacés qui viennent ici pour se reproduire.

Toujours aussi sympathique, on me propose de réserver une place sur un bateau et me promet de m’emmener à voiture le jour dit. Pour voir ces fameuses baleines (à bosse, blanche ou bleue, tout est encore mystérieux), j’ai le choix entre emprunter un zodiac ou un petit yacht. Parce qu’on est ici pour s’en prendre plein la chôle (pour toi, public jurassien), j’opte pour le zodiac. Avec un peu de chance, on pourra jouer aux Moby Dicks avec des harpons émoussés.

Deux jours plus tard, après un copieux petit-déjeuner (mais je détaillerai tout cela dans un billet qui immine drôlement, à force), je monte dans le 4×4 familial conduit par la propriétaire et nous empruntons la route côtière ver l’aval du fleuve. A vrai dire la route est mi-côtière, mi-forestière DSC_8902_DxOmais en cette fraîche matinée, toujours aussi ensoleillée, la journée commence bien. Une heure de route plus tard (pour vous dire à quelle point elle est bien sympathique cette propriétaire), à la faveur d’un virage à gauche en descente, nous atteignons les rives sud de l’embouchure du fjord de la Saguenay.

La route, en cul de sac, mène au quai du traversier (en français de France, un traversier est un ferry-barge, note du traducteur). La propriétaire me quitte alors, avec comme convenu une récupération vers les 18h au même endroit. Je me retrouve alors avec trois autres piétons à DSC_8912_DxOembarquer après qu’une poignée de voitures et de gros trucks nord-américains aient vidé le pont. Ceux-ci sont rapidement remplacés par un nombre approximativement équivalent de leurs congénères. Manifestement, il n’y a aucun pont sur la Saguenay sur de nombreux kilomètres. Dans des claquements métalliques et des vrombissements de gros diesels, nous entamons la traversée, alors que je me poste sur le toit. Tenez, mettez vous dans l’ambiance, ça ne fait jamais de mal.

DSC_8906_DxOLe fjord de la Saguenay n’est pas aussi impressionnant que ses cousins norvégiens. Ne le dites pas à un québecois, ça risquerait de le vexer. Il m’est avis qu’il a obtenu sa dénomination de fjord par la présence d’eaux salées de l’Atlantique et non pas pour de vertigineuses montagnes encadrant son cour. Ceci étant dit, le spectacle est néanmoins très joli (largement au dessus des rives de la Loire par exemple, histoire d’être provocant), surtout dans DSC_8911_DxOcette matinale lumière automnale et le relief des rives légèrement plus prononcé qu’à La Malbaie. Nous nous dirigeons sur la rive d’en face où on aperçoit quelques bâtiments et petites maisons constituant les avant-postes de Tadoussac. Je trouve d’ailleurs ces rives vraiment charmantes avec de grandes dalles de granit roux polies plongeant dans l’eau alors que la forêt timidement multicolore couvre tout les reliefs.

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Après une petite traversée de cinq minutes le traversier accoste sur le quai dans les remous de l’inversion des hélices. Piétons, je suis libéré de suite et remonte la route pour atteindre le cœur du village. La route quand à elle continue encore plus au nord-est et les semi-remorques, pâles cousins des road-trains australiens, poursuivent leur chemin. 

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DSC_8915_DxOJe vais être bref, pour une fois. Tadoussac, c’est chouette. C’est vraiment très chouette. Je vous rappel qu’il fait toujours ce temps paradisiaque et celui-ci n’est certainement pas étranger à ce sentiment. Hormis cela, ne soyons pas fine bouche, ces petites maisons en bois colorés ont un cachet indéniable. On sent néanmoins une présence touristique accrue dans un périmètre beaucoup plus restreint qu’à La Malbaie, le premier étant vraiment DSC_8914_DxOminuscule. Je dis ça mais n’allez pas imaginer une situation hystérique à la Saint-Raphaël au mois d’août. C’est calme, avec une grosse proportion de retraités. Un grand hôtel du début du 20ème siècle et une petite église en bois blanc font face à l’anse qui abrite le petit port sur le Saint-Laurent. La plage invite à la sieste. Je résiste.

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Mon embarcation au sein du zodiac n’étant pas avant 13h30, j’ai largement le temps de déambuler et de visiter rapidement le petit musée dédié aux cétacés tenu bénévolement par les chercheurs du centre de recherche local. C’est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les espèces fréquentant les environs, notamment les belugas, ces petites baleines blanches au visage souriant. En sortant, j’aperçois un zodiac rempli de touristes harnachés dans de gros cirés et pantalons oranges accoster. Voilà ce qui m’attend.

A l’heure prévu, je rejoint les bureaux de la compagnie en charge de ma « croisière » et après avoir signé une décharge (super, l’angoisse) je m’habille de ces pantalons et cirés imperméables DSC_8955_DxOet chauds pour rejoindre une poignée d’autres touristes sur notre zodiac attitré. Chacun est assis serré les uns en face des autres, de part et d’autre de l’embarcation. Seule notre capitaine, est debout dans sa cabine de pilotage, à l’abri du vent derrière un parse brise. Et oui, notre capitaine est une capitaine, de son prénom Janice, rigolote et sportive jeune québécoise qui exceptionnellement reprend du service aujourd’hui. Elle son truc, d’habitude, c’est plutôt les chiens de traineaux sous deux mètres de neige. Il y a des femmes précieuses, fragiles ou capricieuses et il y en a d’autres comme Janice, sures d’elles, drôles et charmantes. A notre retour, elle c’est même amusée à balancer une vanne aux quatre sauveteurs en mer en train d’effectuer un exercice de chavirage dans le port. En même temps, nous vous ai-je pas dit que les femmes québécoises été libérées ?

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En ce qui concerne cette sortie en mer proprement dite, je pourrait vous la narrer en quasi temps-réel, mais ça n’aura que peu d’intérêt. En résumé, sachez que ce fut un mélange de vent, d’embrun, de mouvement oscillant du puissant zodiac sur un fleuve d’huile, d’arrêts ou ralentis à la DSC_8971_DxOrecherche d’un fanal qui dépasse, de touristes indisciplinés qui se lèvent à la moindre queue d’un cétacé pour un espoir de photo raté (et bouchant par la même occasion la vue à leurs congénères de l’autre bord), le tout agrémenté de l’humour moqueur de Janice. A vrai dire, j’étais surtout à admirer le paysage et notre capitaine. Les baleines, c’était juste un prétexte. D’ailleurs, permettez moi d’écarter de suite ce sujet.

DSC_8968_DxOOui, j’ai vu des bouts de baleines, surtout des dos et quelques queues. C’était d’ailleurs des baleines bleues, mastodontes des mers, notamment la baleine Blanche Neige nommée ainsi par la tâche d’une couleur qui devrait être évidente au bout de sa queue. La plupart des baleines revenant régulièrement en ces lieux, les chercheurs ont eu le loisir de les identifier et de les nommer. Après, il faut quand même dire que ces baleines passent la grande majorité de leur temps sous le niveau de l’eau ce qui pose d’énorme soucis pour les observer lorsqu’on est de l’autre côté, au dessus. Pour rendre la chose encore DSC_8958_DxOplus difficile, interdiction est faite, en toute logique, aux bateaux touristiques de s’approcher à moins de 50m des animaux. Reste quand même l’excitation du repérage, légèrement facilité par la présence de deux autres bateaux de compagnies concurrentes faisant des ronds dans l’eau sur le fleuve. Il m’est avis que les vrais, les purs, vont à la quête de la baleine en kayak des mers.

DSC_8957_DxOHors donc, moi, mon plaisir c’est de me brûler les yeux sur le vaste dôme de ciel pur parsemé de quelques grands nuages blancs qui surplombe les eaux incroyablement calmes et lisses du Saint-Laurent, immense comme une mer. Janice elle même m’avoue que ce temps est vraiment incroyable. Parce qu’elle est particulièrement taquine, alors que je cherche à la piéger en lui demandant le nom du village dont on voit très au loin dans la brume sur la rive sud le clocher qui dépasse, elle me reprend : « J’sais pas, c’est un sous-marin allemand ». Mais là où elle me fait vraiment sourire, c’est quand elle se met à parler anglais. On critique les français qui n’ont aucun talent de prononciation, mais je dois avouer qu’une québécoise manifestement peu motivéDSC_8954_DxOe, c’est encore plus terrible. Non seulement elle ne fait aucun effort mais en plus ses connaissances de la langue sont de manière surprenante, très approximatives. Résultat, j’ai la joie incroyable de pouvoir assister à quelques savoureux passages dignes d’un sketch des « Têtes à Claque », façon vol « ouane seurti tou ».

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Avec tout ça, une bonne journée sous le soleil, en mer et en bonne compagnie, ça fait une journée bien remplie. Accessoirement, ça donne envie d’aller s’installer à Tadoussac en compagnie de québécoises à l’humour fin et caustique.

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Quoi, « et les baleines » ?

Embarcadero

Si vous êtes un minimum attentif ou avec un minimum de culture, vous savez que San Francisco est un port. Si ce n’est pas le cas, vous venez de l’apprendre. Je m’abstiendrai pour une fois de vous assommer de statistiques divers, surtout parce que je n’en connais aucune, hormis qu’il connu son DSC_8244_DxOessor à l’époque de la ruée vers l’or, logiquement, puis ensuite pendant la Seconde Guerre Mondiale (tiens, je met des majuscules pour marquer le coup). C’est par un matin ensoleillé que je part à la découverte des quais. Oui, bizarrement, je constate que le touriste est attiré par les ports et beaucoup moins par les aéroports.

Le port de San Francisco n’est plus un port industriel. Ne prenez pas cet air désolé, l’activité portuaire principale se trouve de l’autre côté de la baie à l’est, à Oakland. A San Francisco, les quais sont encore utilisés pour les ferries qui desservent les autres villes de la baie mais surtout pour le tourisme. L’ancien terminal a notamment été transformé en halles alimentaires où on peut trouver des produits bio locaux (ou « organiques » comme on dit aux Etats-Unis).

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En remontant ces quais d’est en ouest (et donc légèrement du sud au nord), en allant vers l’embouchure vers le Pacifique et le Golden Gate Bridge, on s’approche de plus en plus des zones touristiques. La rue longeant la baie porte le joli nom hispanique de « The Embarcadero ». A San DSC_8247_DxOFrancisco, il subsiste encore plein de références à cette lointaine époque quand la Californie faisait partie du grand Mexique. The Embarcadero tourne autour d’une colline du nom de « Telegraph Hill » reconnaissable par la tour cylindrique à son sommet. Le nom de cette tour est extrêmement facile à mémoriser puisqu’elle s’appelle la « Coït Tower ». Voilà, je ne crois pas qu’il soit nécessaire de faire un commentaire si ce n’est qu’elle a été érigée par un monsieur Coit pour célébrer les pompiers de la ville. Vous aviez l’esprit mal tourné.DSC_8251_DxO

DSC_8277_DxOLe sommet de l’activité touristique se concentre autour de Firsherman’s Wharf, l’autre nom du pier (quai) 39, où un grand ponton en bois supporte une ribambelle de magasins, restaurants et échoppes à touristes. Tout ceci est assez joyeux et au bout on peut parfois avoir la chance d’assister à diverses représentations tel que le magicien que j’ai pu voir. Si vous cherchez un souvenir un peu kitsch de la ville, c’est ici qu’il faut aller.

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DSC_8265_DxOSi au bout du pier 39 on tourne à gauche pour le longer de l’autre côté, face au Golden Gate Bridge au loin, il est impossible de ne pas s’arrêter à une des attractions majeurs de l’endroit. Enfin, je dis ça mais je suppose que ceux qui ne voient aucun intérêt dans les animaux sauvages passeront leur chemin. Peu après le grand tremblement de terre de 1989, des lions de mer de Californie (et non pas des otaries) se sont installés sur des pontons à côté du pier 39. Au fil des années, ils furent de plus en plus nombreux à venir ici régulièrement. C’est donc de façon totalement détendue qu’ils restent ici, au soleil, protégés par la loi, pendant qu’une horde DSC_8304_DxOde touristes les prend en photo. La vérité, c’est qu’ils sont incroyablement divertissants à regarder. Déjà, ils font un bruit du tonnerre avec leurs aboiements mais surtout, il y en a toujours un ou deux pour se chamailler. Généralement cela se traduit par un des lions courant partout sur SON ponton (de manière très maladroite, il faut bien l’avouer) pour empêcher qu’un de ses congénère (souvent têtu) se propulse dessus afin de pouvoir, lui aussi, profiter d’une petite sieste.

DSC_8296_DxODe Fisherman’s Wharf, on peut également faire une petite croisière d’une heure autour de la baie voir passer un peu de temps sur l’île d’Alcatraz, juste au large. Alcatraz, je suis sur que vous le savez, est l’ancien pénitencier fédéral, aujourd’hui devenu un musée. Je me suis contenté d’un petit tour en bateau jusqu’au Golden Gate puis autour de l’île ce qui est amplement suffisant pour revenir décoiffé. D’ailleurs, je vous glisse un petit conseil. Si vous souhaitez entendre les commentaires du guide, ne vous mettez pas dehors, le bruit du vent empêchant toute écoute. Voir ou entendre, il faut choisir. En tout cas c’est l’occasion d’une vue sur la ville.

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DSC_8315_DxODe retour à terre, je poursuit ma ballade toujours plus à l’ouest vers le quai 45 qui abrite trois attractions d’ordre historique potentiellement intéressantes. Tout d’abord, amarré au quai on peut visiter un véritable sous-marin de la Seconde Guerre Mondiale. Je confirme, ce n’est pas très grand à l’intérieur. Comme je vous sais friands de petites anecdotes inutiles, un sous-marinier n’avait le droit qu’à une douche par semaine. A la découverte de cette information, une adolescente américaine aux allures de lolita fait la moue dégoutée en crachant un « Groossssss » écoeuré. En voilà encore une qui a le sens des réalités.

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Un peu plus loin, on peut également admirer un Liberty Ship en parfait état. Ces bateaux sont des transporteurs construits à la chaîne pendant la Seconde Guerre Mondiale et vendus en masse aux alliés (notamment les Grands-Bretons) pour compenser les immenses pertes des convois transatlantiques. Finalement, côté à côté on trouve le chasseur, le sous-marin, et le chassé, le transporteur.

DSC_8306_DxOSi tout ce qui touche à cette période de l’histoire vous ennui profondément, ne partez pas tout de suite. Quasiment à l’entrée du quai, je vous invite à visiter le Musée Mécanique (en français dans le texte) dont l’entrée est gratuite. Il contient dans un joyeux fourbi de nombreuses machines à sous en tout genre et de toutes époques, des bandits-manchots jusqu’aux jeux vidéo des salles d’arcade des années 90. Toutes ces machines sont parfaitement fonctionnelles et on peut, une fois avoir fait le plein de « quarters » (les pièces de 25 cents), y jouer comme on veut. Ceci explique la gratuité du lieu. Avec joie, on peut donc admirer des bornes d’arcade mythiques tel que « Pole Position » ou « Donkey Kong » ou verser dans le voyage temporel en glissant une pièce pour admirer des scènes polissonnes (selon les critères de la belle époque) en relief. Si vous êtes plutôt morbide (Marylin Manson, c’est toi?), faites vous plaisir avec une exécution à la guillotine.

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Bon et puis comme toute cette marche, ça creuse, vous pouvez continuer encore plus à l’ouest le long de Jefferson Street. L’endroit concentre un nombre impressionnant de restaurants, notamment de fruit de mer. Si le temps est un peu grisonnant est frisquet, c’est l’occasion de manger un peu de « clam chowder » (chaudrée de palourdes en français, d’après Wikipédia), une sorte de potage de crustacés. Si vous êtes encore plus aventureux, vous pouvez même la manger sur le pouce farcie dans un gros pain. Moi, je me suis contenté de craquer pour un plat de crabe à l’ail et un verre de vin blanc. Ensuite, si la queue ne vous fait pas peur, vous pourrez tranquillement repartir vers downtown en vous accrochant à un cable-car. Moi, elle m’a fait peur. Je suis donc rentré à pied.

En somme, une bonne petite journée le long d’Embarcadero. En plus, je vous ai gardé quelque chose en réserve pour un prochain billet.

Des chiens marins

Intérieur nuit, salon d’une maison familiale. Feu qui crépite dans une cheminée. Par la fenêtre, de la neige qui tombe (vérifier avec le chef décorateur si c’est possible). Décorations de Noël un peu partout.

Un vieux monsieur est assis dans un fauteuil confortable face au feu. Devant, trois bambins assis en tailleur l’écoutent, leurs grand yeux fascinés (voir avec la directrice casting pour des Bambins Aux Grands Yeux Fascinés).

« Alors les enfants, vous ai-je déjà raconter l’histoire de Splish et Splash, les deux chiens marins ?

<Réponse en choeur et enthousiaste des trois Bambins Aux Grands Yeux Fascinés (BAGYF)>

BAGYF : Noooooooon, papi. Raconte nous l’histoire de Splish et de Splash les deux chiens pêcheurs !

PAPI : Marins, pas pêcheurs. Soyez attentifs. Il était une fois, dans une contrée lointaine de l’autre côté de la Terre, pas très loin du Tropique du Capricorne et légèrement à l’est de la Nouvelle-Zélande, deux chiens nommés Splish et Splash.

BAGYF #1: C’est quoi le tropique du capre et corne, papi ?

PAPI : C’est un endroit de la Terre où il fait tout le temps 27°C, mon enfant.

BAGYF : Aaaaaaah.

PAPI : Oui, comme vous dites. Splish et Splash habitaient sur l’île magique et paradisiaque de Rarotonga où les patates sont roses et les poissons multicolores. Pour leurs petites pattes, l’île étaient bien assez grande alors ils passaient le plus clair de leur temps aux alentours du lagon magique de Muri. Mais, bien que l’île fut paradisiaque et magique (dans le désordre), Splish et Splash étaient pauvres.

BAGYF : Ooooooh.

BAGYF #2 : Pôvre Slishlip et Slshap.

PAPI : Absolument. Mais surtout, ils étaient sans maitres, sans personne pour prendre soin d’eux. Ils étaient des chiens errants.

BAGYF : Ooooooh non !

PAPI : Tout à fait, je ne vous contredirai pas sur ce point là. Tout les jours, Splish et Splash devaient chercher leur nourriture subsistant quoi d’une patate douce à la chair rose, quoi d’un reste de mouton grillé importé par bateau de la Nouvelle-Zélande au prix du caviar russe de contrebande. Fort heureusement, sur l’île magique de Rarotonga, les gens n’étaient pas méchants.

BAGYF #3 : Il n’y a pas de méchants dans ton histoire, papi ?

PAPI (interloqué, bien préciser à la dir cast que l’on cherche un acteur maitre de l’interloquation) : Euh… soit patient mon petit. Je ne fait que planter le décor. Hors donc, les gens de cette île n’étaient pas méchants et Splish et Splash cohabitaient sans problème avec les humains ainsi qu’avec d’autres congénères de leur espèce.

BAGYF #1 (rigolant bêtement): T’as dit un gros mot papi.

PAPI : Congénères ce n’est pas un gros mot, mon petit. Ça veut dire d’autres chiens errants. Interrompt moi encore une fois avec des bêtises et je te fout au lit, petit inculte incontinent.

<Silence uniquement meublé du crépitement du feu>

PAPI : Splish et Splash étaient des amis de longues dates. Splish était un magnifique bâtard à poil beige et court alors que Splash lui était un splendide bâtard à poil court et sombre.

BAGYF #2 : Oooooh qu’ils sont mignons.

PAPI : Indéniablement. Ils étaient inséparables. Un beau jour, alors que la faim se faisait plus criante, Splish eu une idée géniale. En se tournant vers Splash il lui dit : « Woof ». Splash lui répondit par un geignement dubitatif (prévoir sous-titrages). Mais, n’écoutant que sa faim et son audace, Splish couru vers la plage et d’un bond gracieux plongea d’un magnifique plat dans les eaux turquoises et translucides du lagon magique de Muri.

BAGYF : Spppplllaaaaash !

PAPI : Hahaha, public, comme tu es bon. Justement, malgré les geignements incessants de Splash, resté au bord de l’eau, Splish entama une longue traversée à la nage vers la petite île du lagon.

BAGYF #3 : Mais tu as dit qu’ils étaient inséparables, papi ?

PAPI : Indubitablement, je l’ai dit. Ni tenant plus, Splash s’avança dans l’eau turquoise et translucide du sus-mentionné lagon et d’une nage hésitante suivi son compagnon la truffe péniblement maintenue au dessus de l’eau.

BAGYF : Oh non, il va se noyer !

PAPI : Ne brûlons pas les étapes, voulez-vous ? Fort heureusement, à cet endroit, le lagon était peu profond, à peine un mètre, et l’île peu éloignée, 100m à tout casser. Splish arriva donc le premier sur la grève et s’ébroua très très fort. Vous savez ce que ça veut dire « s’ébrouer » les enfants ?

BAGYF : Oooooouuuuuiii ! C’est comme ça !

<Les enfants se secouent violemment la tête en rigolant>

<Deux enfants vomissent>

PAPI : C’est tout à fait cela, hormis la fin. Splish commença alors à explorer la plage en cherchant de la nourriture avec son flair surpuissant.

BAGYF #2 : Et Splash, il est où Splassesheuh ?

PAPI : Tiens ben justement, au moment où je vous parle, il arriva sur la plage et s’ébroua lui aussi mais encore plus fort que Splish !

<D’autres vomissements>

PAPI : Non décidément, Splash il n’aimait pas l’eau. Splish renifla partout tout autour de la petite plage. Il renifla au bord de l’eau, il renifla dans les rochers, il renifla dans le derrière de Splash. Malheureusement, il n’y avait pas plus de nourriture ici que d’humanité chez un commercial.

BAGYF : Pôvres Schlipéschlapeuh !

PAPI : Il va sans dire. Splish, le plus courageux, leva le museau et inspira pas une, pas deux, mais trois fois. Levant sa patte au niveau des yeux tel l’indien scrutant l’horizon, il aperçu quelque chose et ni une, ni deux, se tourna vers Splash en lui lançant un « Woof » autoritaire. Sans tenir compte du geignement plaintif de son ami, il plongea de nouveau dans les eaux toujours aussi translucides et turquoises du lagon. D’une nage puissante et athlétique, le museau levé en l’air tel un snorkel, il prenait la direction des terribles récifs de coraux.

BAGYF : Aaaaaaargh nan ! Pas les récifs de coraux !

PAPI : Si si, l’histoire est formelle sur ce point. Heureusement, c’était marée basse et les récifs émergeaient de l’eau, uniquement attaqués par des vagues océaniques incessantes venant se briser sur les dents acérées des coraux morts.

BAGYF #3 : Ça fait peur, papi, les coraux morts.

PAPI : Ne t’inquiète pas, petit, je suis là. Splish traça tout droit, là où l’eau était la plus profonde, deux mètres, au bas mot et parvint sans encombre sur les premiers coraux. Il s’ébroua de nouveau et tourna la tête vers son ami, Splash.

BAGYF #1 : Qu’est ce qu’il fait Splash ?

PAPI : Il nage, Splash, mon enfant. Il nage. Il nage vers son ami mais à mi-chemin, essoufflé, il tente désespérément de trouver un raccourci en obliquant à droite. Malheureusement, les lois de la géométrie euclidienne sont très pointilleuses sur ce point, le plus court chemin est la ligne droite. Il souffle du museau, il pédale avec ses petites pattes. C’est dur pour Splash.

<En larmes>

BAGYF : Noooooon, meurt pas Splasheusheuh.

<Se penchant au plus près des enfants, le papi reprend>

PAPI : N’y croyant plus, mais encouragé par son ami Splish qui lui intime par des « Woof » puissant de continuer, Splash parvient miraculeusement sur un banc de sable. Il a pied. Il prend de grandes goulées d’airs et s’ébroue.

BAGYF : Ouuuuuaaaaihh, vive Splasheuh !

PAPI : Epuisé mais soulagé, le petit chien noir se dirige alors vers son ami qui l’accueil de vigoureux mouvements de queue.

BAGYF : Ouuuuuaaaaihh, vive Splasheuh !

PAPI : Vous l’avez déjà dit, les enfants. Les deux amis partirent donc à l’aventure sur le récif à la recherche de petits crustacés et autres poissons enfermés jusqu’à la prochaine marée haute. Le tout sous 27°C, il va sans dire.

BAGYF : Mmmmmmmmh.

PAPI : Qui suis-je pour vous contredire sur ce point ? Allez, les enfants, c’est l’heure d’aller au lit.

Bien entendu, cette histoire est totalement véridique puisque je l’ai observé de mon kayak. Puisque je vous le dit. Allez, bonne nuit à vous aussi.

La Faune, La Flore

Faisons une pause dans le voyage car cela fait bien longtemps que je n’ai point parler d’animaux et végétaux, hormis une rapide évocation du weta, cet insecte géant dont a horreur sir Peter Jackson. C’est fort dommage car il y a plein de choses à dire à ce sujet en Nouvelle-Zélande, le pays ayant une richesse et une originalité dans ce domaine que seul dépasse l’Australie. Malheureusement, contrairement à celle-ci, sa biodiversité d’origine a été méchamment entamée depuis l’arrivée des colons maoris puis anglais.

Par exemple, prenons le kauri. Cet arbre géant, endémique du pays et apparu pendant le jurassique, a été presque entièrement déforesté au siècle dernier. Ce gros conifère pousse tout droit et possède un tronc extrêmement large et cylindrique, avantage magnifique pour la construction maritime qui lui valu sa quasi perte. Aujourd’hui seulement 4% de la surface des forêts d’origine perdure.

Si l’on reste sur les végétaux, l’emblème de l’équipe de rugby national à 15 est la fougère argentée que l’on ne trouve qu’ici. A priori, elle n’est pas en danger, rassurez-vous. Non c’est juste que je trouve cela fort dommage qu’ils ne songent pas à refaire leur drapeau totalement quelconque et que tout le monde confond avec le drapeau australien, pour le remplacer par une bannière noire arborant la sus-dite fougère, autrement plus parlante.

En ce qui concerne les animaux, on compte également pas mal de disparus au champ d’honneur. Alors figurez-vous que j’étais persuadé que le kiwi, ce charmant petit oiseau sans ailes symbole du pays, était éteint. Et bien pas du tout, bien qu’il soit protégé. On en trouve encore dans des réserves et des parcs nationaux. Autre nouveauté en ce qui me concerne : sa taille. Je le voyais gros comme un poulet alors qu’il a à peu près la taille d’un gros moineau. C’est très mignon même si c’est très ridicule comme animal. Déjà, comme je viens de vous le dire, c’est un oiseau sans ailes (comme le dit si bien la chanson) mais c’est également un oiseau sans bec doté d’un long nez avec deux petites narines au bout. Maintenant que j’y réfléchi, je crois même que c’est un oiseau sans plumes. A me lire, on dirait le descriptif d’un rat à deux pattes. Surtout, on devrait arrêter d’appeler ça un oiseau.

Non le bestiau disparu, entre autres, c’est le moa, cousin très éloigné et géant de l’autruche et de l’émeu, également dépourvu d’ailes. Imaginez une autruche d’un mètre quatre vingt de haut au garrot, avec des pattes épaisses comme des bûches et au cri terrifiant de l’équivalent Barry White du canard. Pour ce dernier, je témoigne, c’est flippant, surtout le soir au fond des bois. Moi je me suis contenté de l’écouter dans un enregistrement au musée Te Papa. J’étais tout retourné. En tout cas, pour les plus sensibles d’entre vous, l’espèce est éteinte. Vous pouvez donc vous balader la nuit dans les bois sans craindre l’arrêt cardiaque, bien que la créature soit parfaitement pacifique.

La raison de la chute brutale de la population des ces sympathiques oiseaux sans ailes est encore et toujours étonnamment évidente une fois qu’on vous le dit, à s’en taper la main sur le front. Ils étaient d’une naïveté de bisounours. Ils menaient une vie paisible et routinière sans la moindre menace de prédateurs. Le jour où la première banque commerciale s’installa dans le pays, l’effet fut désastreux. A moins que ce soient les chiens et chats domestiques. Je confond et les causes sont difficiles à démêler. Déjà, à l’époque, le capitaine Cook avait noté dans son carnet de bord que son chat s’était fait une orgie de meurtres gratuits à s’en dégoûter la vie lors de son bref passage sur terre. Pour que lui même l’ai noté, c’est que la lutte devait être particulièrement déséquilibrée. On imagine d’ici la scène, un petit kiwi tout pelucheux remuant son petit museau d’anticipation à la charmante petite reniflade amicale avec ce sympathique mais inconnu quadrupède aux longues griffes acérées, tapis, prêt à bondir. En ce qui concerne le moa, remplacez le chat par l’homme.

Fort heureusement, tout les oiseaux néo-zélandais ne sont pas aussi naïfs. Les hautes montagnes de l’île du sud abritent même une des espèces les plus intelligentes de perroquets, les kéas. Non seulement ils ont l’intelligence et le bon goût d’aller vivre au bon air des montagnes, là où la vue est magnifique, contrairement à leurs cousins tropicaux qui sont plutôt assis bêtement dans des jungles touffues, moites et obscures, mais en plus ils sont extrêmement malins. Comme quoi, l’air pur, ça fait du bien à la tête. L’anecdote typique pour démontrer leur extrême intelligence, je l’ai lu encore une fois au musée Te Papa de Wellington. La plupart des pic-niqueurs néo-zélandais connaissent bien ces petites pestes et font tout pour les chasser à grand mouvements de bras. Les oiseaux se sont donc mis à réfléchir un peu plus à leur tactique, le soir, contemplatifs face au soleil couchant.

Dorénavant, certains s’attaquent aux joints en caoutchouc autour des vitres de voitures. Le propriétaire, en colère, se précipite alors vers son véhicule (l’effet étant encore plus efficace s’il s’agit d’un 4×4 hors de prix) pour chasser les petits vandales. A ce moment là, l’équipe B de perroquets déclenche l’attaque principale, profitant de la diversion pour attraper le maximum de nourriture avant que l’équipe A ne rebrousse chemin. C’est bien simple, d’après le descriptif lu au musée, un kéa moyen a une intelligence équivalente à un enfant de 5 ans.

Dit autrement, et de manière moins politiquement correcte, un enfant de 5 ans moyen est aussi intelligent qu’un perroquet de haute montagne. Fort heureusement pour les parents, il ne sait pas voler.

Wilsons Promontory

Ce matin, frais, dispo et reposé par une nuit dans un lit double king size, je reprend la route vers le sud pour aller visiter le Wilsons Promontory National Park (notez l’utilisation massive de majuscules témoignant du caractère officielle de la dénomination. Vous pouvez donc être confiant si vous souhaitez en parler demain à la pause café). Manque de pot ou contrariété divine, le temps est gris.

J’arrive donc après une heure de route devant l’entrée du parc et m’arrête au niveau d’un panneau d’information. Dans l’enceinte du parc, il n’y a pas d’essence, pas de camping, pas de logement. Rien. Quand je voit la taille de celui-ci sur ma carte, je vérifie mon niveau d’essence. Ce devrait être bon. Je vais déjà essayer d’aller voir ce qu’il y a à visiter et on verra ensuite pour le logement ce soir. De toute façon, je peux très bien dormir dans la voiture. Mon seul doute concerne la météo car de lourds nuages semblent couvrir toute la zone de la péninsule.

DSC_7345_DxOJe repart sur la route et après quelques minutes, la pluie commence à tomber. Un vent violent et des nuages gris et bas rendent le paysage encore plus tourmenté. C’est vraiment frustrant, car la côte est effectivement très sauvage et l’intérieur des terres également montagneux. En plissant un peu les yeux et un brin d’imagination (ce qui est mon cas), on se croirait en Ecosse. Après un rapide arrêt au centre d’information où je tente d’avoir des DSC_7350_DxOinformations sur la météo, malheureusement pessimistes, je rejoint le point de départ d’une ballade, grâce aux conseils d’une employée. Le circuit se fait sous les arbres et permet donc un abri relatif.

Je mange rapidement un sandwich, espérant toujours que la météo se calme. Finalement, je décide de sortir et attaque le chemin sous une pluie battante. Au court de cette ballade, fort agréable et sans véritable difficulté, la pluie s’interrompt puis reprend. Le clou du circuit est une DSC_7340_DxOpetit zone de forêt primaire ancienne encore préservée. Ca ne vaut pas une joli vue, mais on fera avec. De retour à la voiture, je tente un dernier va tout et part en direction d’un col pour tenter d’apercevoir le panorama. Peine perdu, arrivé au sommet, balayé par les vents je pénètre dans le nuage. Un peu dégouté, j’abandonne ici tout espoir de profiter du parc national. Demain en fin de matinée, je dois être à Melbourne pour rendre la voiture.

Je repart donc en rebroussant chemin, toujours sous une météo maussade et déprimante. Je me retrouve vite seul sur des routes sauvages, en route vers la sortie du parc. Sur le bord de la route, de temps en temps, je repère une carcasse d’animal mort. Fort heureusement, avant de quitter le Wilsons Promontory, j’aurai quand même l’occasion de croiser quelques spécimens vivants de kangourous, émeus et même un wombat qui ont décidé de quitter les taillis pour jeter un œil à la route. La plupart fuient à mon approche, sauf un marsupial particulièrement concentré sur son déjeuner. Je m’approche tout doucement au ralenti avec la voiture, comme un psychopathe à l’affut et le mitraille à travers le pare-brise.

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A défaut de paysages, j’aurai au moins vu quelques animaux.