Je crois qu’il y a quelque chose de biaisé dans le constat que je m’apprête à faire. Attention, c’est d’une grande généralité mais, avec toutes les pincettes dont je peux me fournir, je trouve, moyennant les précautions d’usages, que le centre ville de Sydney, soit le fameux CBD (Central Business District selon la terminologie australienne, je vous rappelle), est bien… il est drôlement inintéressant.
Attention, attention. Si vous n’avez jamais vu de ville avec de grands gratte-ciels en verre à l’américaine, allez-y, régalez vous. A part cela, c’est certes photogénique lorsqu’on lève le nez en l’air, surtout si vous aimez l’architecture moderne (moi, par exemple, je suis un grand amateur de ciels bleus nuageux se reflétant dans les immeubles en verre) mais force est de constater qu’au niveau du sol, on y trouve essentiellement des banques, des assurances ou des magasins de luxes. Je caricature énormément. En tout cas, je trouve le CBD de Sydney froid, distant et, sans être anarcho-communiste à tendance bolchévique dur pourfendeur du grand capitalisme, fort distant de certaines de mes valeurs qui fluctuent un peu en fonction de mon humeur autour d’un point vaguement central. J’m’y sent pas chez moi, quoi.
Pour faire encore plus simple et totalement dans l’émotionnel au premier degré, ça a le goût et l’odeur de Wall Street sans en avoir l’attrait sulfureux. Si on exclu les banques, j’ai toujours un certain sentiment d’écoeurement en voyant tous ces mégas magasins ultra lisses et clinquants dédiés à des marques d’ultra luxe ou ces voitures haut de gammes d’où sortent des messieurs aux costumes trois pièces dénués d’imagination (en tout cas, à première vue, vestimentaire). Ça fait parti de mes paradoxes d’admirer le travail sans concession nécessaire à la création de ces admirables produits alors que je suis rempli de réprobation quasi méprisante pour les gens qui les achètent. En vous disant tout cela, je sais que je ne suis pas du tout objectif. Bien que le CBD de Melbourne héberge également des grandes corporations financières et des magasins de grand luxe, il y a un côté arty culturo-trash que je trouve sympathique. Au CBD de Sydney, je ne l’ai point vu.
Car, si je suis honnête intellectuellement, j’admet que la comparaison est injuste, n’ayant pas vraiment visité ce centre ville de Sydney de la même manière qu’à Melbourne. Ici, point de pub crawl ou de visite guidée gratuite par un passionné de sa ville. Un schéma se dessine : la comparaison est impossible tant qu’on ne reproduit pas à l’identique un mode de visite. Au final, je peut donc dire que je n’ai pas aimé mon expérience dans le CBD de Sydney alors que j’ai été enthousiaste par celle vécu dans celui de Melbourne. Je ne peut pas être plus honnête intellectuellement que cela.
Maintenant que j’ai déversé mon fiel et mon dégoût, place à des images et quelques trucs plus positifs. Tout d’abord, j’ai le souvenir de mon précédent passage ici d’une petite place dans le CBD où avait lieu régulièrement des concerts gratuits. Je ne l’ai pas retrouvé. Mes souvenirs doivent être flous sur ce point. Il y a bien quelques endroits qui ont fait tilt mais, par exemple, je n’ai aucun souvenir de l’hôtel de ville, qui est pourtant imposant. Quand on est gamin, on ne s’intéresse pas à ces choses là. Autre souvenir du CBD, l’Alliance Française où on allait régulièrement emprunter des livres ou des bandes dessinées. Bon, certes, je n’ai pas passé la journée à la chercher. N’empêche que j’aurai eu les yeux embrumés de tomber dessus par hasard. On n’est pas fait de bois, tout de même.
Tiens d’ailleurs, maintenant que j’en parle de mes souvenirs, j’en avais un vague d’un train mono-rail en construction dans le centre ville (Je viens de vérifier sur internet, sa construction a été terminé en 1988. C’est donc fort possible que je ne divague pas). Effectivement, les voies sont toujours là, suspendues au dessus de la route et pénétrant parfois directement dans les immeubles. C’est d’ailleurs en les voyant que j’ai eu un flash (Ahaaaaa!). Par contre, malchance ultime, il a fermé en juin de cette année. ‘Tain, à deux mois près. Non, parce que c’est pas tout les jours qu’on peut faire un tour de train monorail, je suis désolé.
Dans le registre de choses vues dont je n’ai aucun souvenir, dans une rue piétonne, j’ai eu la chance de tomber sur un jeune homme, doué, en train de réaliser une performance musicale, lui, sa guitare, sa bouche et un enregistreur en boucle. Il y a peu de chance que je m’en souvienne vu qu’il était pas né en 1980. En tout cas, sur le cul j’étais (notez cette terrible inversion sujet verbe des plus classieuse). Je trouve ça toujours impressionnant de voir des gens avec un talent incroyable (qui n’est que du travail motivé par la passion, d’après moi et d’après Jacques Brel qui disait si justement « le talent, c’est l’envie ») être en représentation, là, juste en bas de chez moi (façon de parler). A Toulouse, je n’en croise pas des masses des gens comme ça ou alors l’occasionnel joueur de flûte de pan ou d’accordéon qu’on a envie de payer pour qu’il se taille. Mon Jack, lui, je lui ai filé des dollars, parce qu’il est trop fort. En plus il a pris le temps de me remercier, devant tout le monde alors que je n’étais pas le seul. Et brave garçon avec ça.