Et bien raté. Je vous ai menti. Ce billet ne parlera pas de métro et de gare routière si ce n’est très rapidement pour vous apprendre qu’après un rapide trajet en bus, me voici dorénavant à Québec, la ville. Fini Montréal et les anglo-saxons. Ici, c’est le cœur de la Nouvelle France.
Soyons clairs, pour un français, Québec, c’est rassurant. Sans vouloir faire dans le cliché facile, la vieille ville a des airs de Saint-Malo, de Bretagne ou du Cotentin avec ses pierres grises. L’arrivée par le bus permet déjà d’admirer l’architecture de la gare dans le style du château de Frontenac, le célèbre bâtiment emblématique de la ville. Une rapide montée à pied plus tard, je me retrouve à prendre possession de mon lit dans une chambrée surchauffée de six aux fenêtres doubles (oui, oui. Ici on ne fait pas de double vitrage. On met deux fenêtres, une qui ouvre vers l’intérieur et l’autre vers l’extérieur). L’auberge de jeunesse est en plein cœur du centre ville historique, rue Sainte-Ursule (il y a vraiment beaucoup de saints, ici).
Par où commencer en ce qui concerne la ville ? Et bien déjà en vous disant que ce fameux Château de Frontenac n’en est pas un. C’est une belle supercherie. Il s’agit en réalité d’un hôtel de luxe construit par une compagnie de chemin de fer. Du coup, il ne se visite pas vraiment, à moins de s’offrir une nuit sur place. C’est bien dommage car son architecture est vraiment exceptionnelle, ainsi que son emplacement dominant le Saint-Laurent et la vieille ville. Parmi ses prestigieux hôtes, on peu citer Winston Churchill, venu ici pour rencontrer Franklin Roosevelt pendant la seconde guerre mondiale.
Tout ceci, je l’ai appris en effectuant une visite guidée en compagnie de Jacques, guide à l’office de tourisme, accompagné de quatre autres français de Mont-de-Marsan et de Lourdes (le sud ouest en force) pour trois québécois. Je m’empresse d’ailleurs de vous déverser d’autres informations toutes aussi utiles et cocasses concernant l’histoire de ce pays, telle qu’elle m’a été narré par Jacques (nom de famille oublié).
Tout d’abord, et en vrac, sachez qu’un des premiers colons de la Nouvelle-France portait le noble nom de famille de Couillard. S’il y a un handicap majeur dans la vie, c’est bien de porter un nom qui fini en « ard », Gérard Couillard étant un summum dans le genre. On peut pas dire que ce soit particulièrement classe. Un rapide tour sur internet (c’est vraiment très très bien ce truc) me précise que ce nom de famille provient essentiellement de Bretagne et du Cotentin, justement, ce qui est parfait car cela corrobore mes impressions architecturales mais également les dires de notre guide. Il nous apprend que la majorité des colons venaient de Normandie, Bretagne et Vendée.
Autre anecdote fort intéressante, sachez que Jacques Cartier était un fumiste incompétent. On nous bassine dans nos cours d’histoire qu’il a découvert le Canada et fondé la Nouvelle-France. En réalité, il a redécouvert le Canada vu que les pêcheurs européens connaissaient déjà certaind des abords du coin. En suite pour ce qui est de la fondation de la Nouvelle-France, il ferait mieux de se taire. L’histoire raconte qu’après trois voyages en provenance de Saint-Malo (tiens, tiens) il avait toujours pas vraiment réussi à maintenir une colonie sur place avec les hivers rigoureux et le scorbut. Il a d’ailleurs fallu que les indiens les aide pour qu’ils ne crèvent pas tous comme des gueux. Et bien on peut dire qu’ils ont été bien récompensé, les indiens.
Non, les québecois, qui sont étonnamment plus au fait de l’histoire de leur pays, célèbrent plutôt Samuel Champlain comme le véritable fondateur de la Nouvelle-France. Né à Brouage (ce qui connaissent lèverons un sourcil d’étonnement, les autres regarderons une carte et noterons que ça se situe non loin de La Rochelle) il fut envoyé par Louis XIII pour rattraper les incompétences de ce fumier de malouin, Jack Cartier. Inutile de préciser qu’il fut beaucoup plus entreprenant, organisé et diplomate. Ce fut lui, notamment, qui noua des premiers liens amicaux durables avec les nations indiennes du coin, iroquois ou micmacs. Résultat, à Québec, c’est Sam Champlain qui trône statufié sur l’esplanade alors que Jack Cartier n’a même pas droit à une plaque commémorative.
Sinon, à Québec, dans la vieille ville, il y a quelques églises et bâtiments religieux notamment un ancien séminaire de toute beauté, blanchi à la chaux et aux toits en fer blanc. D’ailleurs de nombreux toits de la ville sont en métal (notamment le Château de Frontenac), seul moyen à l’époque de construire des toits capable de résister au poids de la neige en hiver. Moi, je trouve ça superbe, surtout en plein soleil.
Si vous êtes féru de la chose militaire, vous pouvez visiter la caserne du 2ème bataillon du 22ème régiment royal, basé à Québec dans l’ancienne forteresse. Bon. Voilà. Si vous aimez la parade et les beaux uniformes, pourquoi pas. Moi j’avoue que j’ai trouvé ça décevant. Pour vos soirées cocktails, sachez que les coiffes des uniformes de parade du « vandoos » (22 en français prononcé à l’anglaise) sont exactement identiques à celles de la garde royale de Buckingham (c’est d’ailleurs un emprunt canadien) hormis qu’ils sont toujours fabriqué avec de véritables poils de grizzly. Les anglais ont depuis basculé sur des poils synthétiques. Si c’est pas de l’anecdote de soirée, ça.
Non, en ce qui me concerne, le véritable point d’orgue de ma visite à Québec, c’est le Musée des Civilisations situé dans la vieille ville en contrebas, le long du Saint-Laurent. Voici un des meilleurs musées que j’ai jamais vu. Il n’est pas énorme mais il s’attache à exposer sur des sujets contemporains, le tout de manière superbement didactique et intéressant. J’ai pu découvrir une exposition sur l’identité québecoise, avec notamment la profonde révolution des mœurs ainsi qu’économique qu’a connu la région dans les années soixante. C’est bien simple, les québecois et sont maintenant beaucoup plus libérés que la moyenne, notamment les québecoises. Ça confirme ce que me disais Maxime à Montréal à propos de l’aplomb des femmes canadiennes.
Autre exposition fort sympathique, les jeux vidéos. A coup de subventions et autres déductions fiscales, le Québec a depuis dix ans su attirer des studios majeurs du domaine, surtout vers Montréal et Québec Ville. Le musée propose donc une déambulation chronologique à travers l’histoire du jeu vidéo, le tout grâce à des bornes jouables. Rien de tel pour jauger les parcours accomplis et surtout de s’amuser sur les petits jeux sans prétentions des années 80.
Finalement, la pièce maitresse du musée consistait en une superbe exposition temporaire sur le Paris de la Belle Epoque (entre 1890-1914, à peu près). Plongé dans une lumière tamisée et muni d’un audio guide, on se ballade à travers un dédale de petits clips, maquettes, affiches et modèles. Tout les dix mètres, l’audio guide diffuse une nouvelle ambiance sonore en relation avec la thématique : music hall, rue, cirque, atelier de peintre, etc. J’en suis ressorti totalement immergé avec un grand sourire au visage.
Avec ça, je me rends compte que je n’ai quasiment pas mis les pieds dans la ville moderne. En même temps, cette vieille ville a tellement de charme. Allez, je vous laisse y déambuler à la nuit tombée.