Comme certains le savent, je suis parti en Inde en ayant réservé que les trois premières nuit à Bombay (ou Mumbai pour les puristes). Une de mes premières tâches consistait donc à réfléchir à ce que je voulais visiter puis à aller acheter des billets d’un quelconque moyen de transport, le choix initial étant le train pour son côté écolo-authentico-économique. Mes premières lectures de mon Lonely Planet à l’hôtel d’Heathrow avait jeté un petit froid: d’après eux les trains sont tout le temps bondés en Inde et il vaut mieux réserver à l’avance avant son départ. Ah. Ben merde. Trop tard.
Je me suis donc mis en tête le premier jour de me lancer sur internet et de voir si je pouvais réserver des billets sur un des sites cité sur le Lonely Planet (que j’appellerai dorénavant LP pour la concision). Ce plan tellement 21ème siècle a magnifiquement capoté quand mon hôtel s’est retrouvé en panne du sus mentionné internet et que l’option de faire ça dans un cybercafé en temps limité me plaisait pas trop. Et aussi parce qu’entre temps je me suis souvenu que commander un billet par internet c’est bien, mais l’imprimer c’est mieux, enfin en supposant que ça marche comme sur « voyages-sncf.com », ce que je sentais pas trop. J’avais pas d’imprimante et j’étais pas trop sur pour le cybercafé. Donc plan B : je décidai de me déplacer directement en gare pour y commander les billets pour mon trajet et utiliser le téléphone pour réserver les hôtels. En plus je me disais que ce serai plus sympa de communiquer avec un être humain pour une fois.
Avant de partir pour cette aventure, je demande aux charmants responsables de l’accueil de mon hôtel s’il est possible d’acheter des billets de train dans n’importe quelle gare où s’il faut absolument se déplacer à la majestueuse gare principale de Mumbai, l’incroyable Chahatrapati Shivaji Terminus (précédemment connu sous le nom de Victoria Terminus) qui se trouve beaucoup plus loin de mon hôtel. Le premier lecteur qui rigole de cette question typiquement occidentalo-condescendant se prend un blâme. Fort heureusement, mon hôte me confirme que c’est tout à fait possible d’acheter des billets à la gare voisine de Santa Cruz. Et ceci avec son magnifique accent indien qui m’oblige à lui faire répéter deux fois et me fait douter des mes capacités cognitive. D’ailleurs considérez dorénavant que toutes les questions posées à un indien, sauf indication contraire, se fait en deux voir trois exemplaires souvent entrecoupé d’un rictus supplémentaire de concentration à la deuxième réponse.
Je sort donc de l’hôtel tout ragaillardi de cette information – ça fera des tracas en moins – me prend la grosse claque de chaleur dés que je m’éloigne de un mètre du hall climatisé et part faire un crochet au cybercafé du coin pour faire mon ultime déclaration Pôle Emploi – mais ceci est une autre histoire. Toujours est-il qu’en route vers le cybercafé, je me rends compte de la difficulté de la tâche d’aller en gare demander des billets pour un trajet composé de trois parties, chacune avec des dates espacées et avec le wagon climatisé en seconde classe s’il vous plaît, le tout avec mes capacités de compréhension de l’anglais qui ont manifestement dramatiquement chutées sous 36°C de température et 90% d’humidité. Je prends donc la lâche décision de passer par une agence de voyage. Car le matin j’avais justement croisé une agence en allant vers la plage.
Après une petite marche sous haute transpiration, je retrouve l’agence et sa rassurante pancarte « IATA ». Voilà qui fait sérieux, contrairement à l’aspect décrépi de la devanture, néanmoins dans les normes de Mumbai. Dans l’agence, j’aperçois quatre personnes assises derrière un long comptoir, un vieux monsieur dans un bureau en verre et un autre type plus bedonnant plus loin. Je choisi le personnage derrière le comptoir le plus proche comme mon interlocuteur, en sachant que tout le monde me regarde comme si j’étais le premier client depuis dix ans. Je me doute bien que c’est mon type « occidental » qui interpelle et c’est confirmé devant l’évidente gêne de mon interlocuteur et les regards attristés de ses collègues, façon « aïe, le pauvre. Il a pas de chance ». J’étale donc devant lui mon vaste projet ferroviaire dans un anglais parfait (657 au TOEFL faites moi pas chier). Je le re-étale une deuxième fois vu que je comprends pas ou il ne comprends pas ce que je dis puis finalement il se tourne vers le monsieur bedonnant que je comprends être son supérieur par la différence d’âge et de tour de taille. Ce monsieur me fait signe de venir à son petit bureau, me propose de l’eau (vision d’horreur d’un verre d’eau du robinet remplis de microbes vivants) et du thé (vision rassurante des microbes se faisant bouillir la gueule dans l’eau), que j’accepte. Sympa mais servi d’office avec beaucoup de sucre et un nuage de lait. Je ré-explique mon désir d’effectuer un trajet Mumbai – Hampi puis ensuite Hampi – Pondichéry et pour finir un Pondichéry – Chennai. Il me précise tout de suite qu’il n’y a pas de gare à Hampi et qu’il faut descendre à Bangalore et prendre le bus (Alors là j’avoue ne plus trop me souvenir mais il me semble bien que c’est lui qui m’a parlé de ce bus à Bangalore. C’est important pour la suite). Ravi d’avoir cette information je le laisse continuer. Il me propose également de réserver les hôtels, ce que j’accepte avec un moment d’hésitation car j’étais franchement en mode « arrêtons de se prendre la tête » et en plus il m’avait offert du thé. Je me sentais donc redevable. Il se met à tapoter sur son ordinateur pendant quelques minutes ce qui lui donne une certain contenance pour finalement m’annoncer qu’il ne pourra pas réserver le train, c’est pas possible, il peut pas faire, par contre les hôtels, yes. Ah, mais c’est surtout pour le train que je suis venu, lui dis-je avec un petit rire pour faire passer la pilule. Je me prépare donc psychologiquement à reprendre le plan A, c’est à dire se déplacer en gare. Gloups. Au passage il m’apprend qu’il ne peut pas réserver d’hôtel pour une des destinations (Pondichéry en l’occurence) pour une raison que je n’ai pas comprise. Soit, admettons, je me démerderai. Il ajoute ensuite qu’il ne peut pas me donner de prix tout de suite mais qu’il me contactera à mon hôtel demain quand il les aura. Je lui fourni donc mes coordonnées (non sans une certaine méfiance) et repart dans la chaleur vers la gare de Santa Cruz. Drôlement efficace cette agence. Je vais toute de suite assassiner le suspens en annonçant que je n’ai toujours pas eu de nouvelles de l’agence, plus de 72h plus tard. Va comprendre.
La gare de Santa Cruz, vous pouvez l’imaginer comme une gare RER avec trois voies et trois passerelles piétonnes suspendues au-dessus permettant de traverser les voies. Chaque passerelle grouille de vendeurs mais je parviens néanmoins après quelques tours à repérer une sorte de bâtiment crasseux attenant à une passerelle où pourrait se situer un guichet de la compagnie de train. Bingo. Je fais donc la queue derrière un guichet (au nombre de quatre pour les plus avides de détails d’entre vous) puis, mon tour venu, aspire un grand coup et ré-exprime mon vaste projet de déplacement à travers l’Inde en trois temps. Le monsieur me coupe toute de suite et me précise avec le sourire (je le dis quand c’est le cas, vous inquiétez pas, car c’est suffisamment rare pour être signalé) que ce n’est pas ici mais au bureau des réservations qu’il faut aller, là bas en descendant les escaliers de l’autre passerelle. Ah diantre. Merci, mon brave (ça je ne l’ai pas dis mais le cœur y était).
Après une retraversée de l’autre passerelle avec mon regard dur de membre du Delta Force qui me permet d’éviter toute sollicitation des vendeurs (ou alors c’est qu’ils s’en foutent), j’aperçois effectivement le sus mentionné bâtiment, également crasseux. Je vous dis ça pour la description car en réalité je m’en fous qu’il soit crasseux pourvu qu’on puisse y acheter des billets de train en toute fluidité. En rentrant, je me dirige vers un guichet qui se libère (une sorte d’instinct) où je répète ma tirade. Le préposé me fait signe que ce n’est point ici mais au guichet de l’autre bout (en sachant qu’il n’y en a que quatre, également), justement là où la queue est la plus longue. Tiens donc. Etant patient dans les queues et sentant le dénouement, je me déplace volontiers. Après quelques minutes où je patiente en tentant de déchiffrer les monstrueux tableaux des horaires de trains peints à la main en rouge sur fond blanc, je note que mes compagnons d’attente sont tous munis de formulaires remplis au stylo. Saisi d’un affreux doute, je me tourne vers mon compagnon arrière, et je lui demande en anglo-gestuelle si ce document est important et s’il m’est permis de le consulter. Gentiment, il me le montre et je prends connaissance pour la première fois du formulaire T 524 F de demande de réservation de train sur lequel il faut mentionné le nombre de voyageurs, leurs noms, leurs âges, leurs sexes, l’adresse du demandeur, son numéro de téléphone, si on est médecin, la date de départ, la gare d’embarquement, la gare de débarquement et surtout… le numéro du train. Hein ? Un regard vers les panneaux des horaires me confirme que c’est hors de portée de mes capacités présentes. Je tente donc le tout pour le tout en restant dans la file, confiant en mes capacités de raisonner la préposée.
Mon tour arrivé, je récite mon laïus… deux fois, mais je sens rapidement que le message ne passe pas très bien. Finalement, sans que je me sois crispé, la préposée me fait comprendre avec autorité mais gentillesse mais autorité que ce n’est pas possible ici et qu’il faut que je fasse cette demande à Churchgate ou Viti. Je dois bien avouer que ma géographie de Mumbai est assez limité mais mes lectures du LP me permettent d’avoir une idée concernant ces deux endroits. Viti, ou VT doit être le diminutif de Victoria Terminus, maintenant nommée Chahatrapati Shivaji Terminus, la gare principale de Mumbai que je voulais initialement éviter. Churchgate devait donc être une autre gare. De retour à mon hôtel un peu abattu, les clercs à l’accueil me confirment la nature de « Churchgate » et m’indiquent gentiment le numéro de plate forme à la gare de Santa Cruz où je peux prendre le train pour rejoindre Churchgate et en m’enjoignant trèèèès chaudement de prendre un billet « First Class » pour éviter d’être dans un wagon bondé. Heureusement le prix est classique pour un occidental : 180 roupies A/R, soit environ 2-3 €.
Je retourne donc à la gare de Santa Cruz, du pas résolu du familier, limite en tapant dans les mains des vendeurs de jus de citron et sandales qui ont du me voir faire cinq fois l’aller retour dans la journée. Le voyage dans le train – qui pourrait être décrit sommairement comme un RER sans portes extérieures et dont les différentes classes (1 et 2) sont séparés par des grilles (ce qui laisse une drôle d’impression quand on voit nos voisins de la seconde bondée nous regarder avec un regard envieux) – se passe sans encombre mais en prenant tout de même une bonne demi heure. Donc au final j’ai l’impression d’être un habitant de Saint Germain en Laye a qui on demande d’aller à Gare de Lyon acheter des billets (remplacez Saint Germain / Gare de Lyon par Montauban / Matabiau ou Villefranche / Part Dieu en fonction de votre lieu d’habitation).
Fort heureusement, Churchgate se trouve être le terminus se qui m’évite la peine de me tordre le cou à chaque arrêt pour tenter d’apercevoir le panneau sur quatre avec le nom de la station écrit en anglais et non pas en hindi. Churchgate est une gare terminus couverte façon Gare du Nord ou Gare de Lyon, mais avec uniquement six voies et je ne sais pas pourquoi je vous précise ça, sans doute pour vous noyer sous un luxe de détails. Je me dirige donc vers le hall en passant un portail de sécurité (je parlerai de la sécurité une autre fois) cherchant un guichet ou bureau avec une indication « réservation » ou quelque chose d’approchant. A bout d’inspiration je me poste devant un des seuls guichets trouvés avec un panneau indiquant « All tickets » au dessus. Mon tour arrivant (finalement assez rapidement), je répète mon texte mais le préposé m’indique qu’il ne s’agit pas du bon guichet et qu’il faut aller au bureau des réservations de l’autre côté de la rue. Et j’avoue que ça ne me fait ni chaud ni froid, commençant a prendre un certain plaisir à ce petit jeu de piste. Pervers que je suis.
Je traverse donc la rue (je suis devenu super bon là dedans maintenant), et aperçoit effectivement un grand bâtiment un peu gothique avec notamment dans un coin en bas un grand panneau peint à la main (j’adore ça de voir que c’est bricolé) blanc sur fond bleu (me dites pas après que je suis pas assez précis) marqué « Reservation center » en anglais ainsi que « Ministry of Tourism, India » suivi de plein de trucs en hindi que je ne comprends pas encore dans le texte. J’avoue être passablement surpris de me diriger carrément au ministère du tourisme, mais admettons. Après un passage dans un petit portail, un léger rebrousse chemin devant un panneau marqué grosso modo « Non le bureau des réservation n’est pas là, c’est à côté à droite », puis une légère montée au premier étage, je pénètre dans une grand pièce climatisée (haaaaaaaa, rien que ça c’est bon) avec huit guichets, chacun muni d’une indication (peinte à la main, toujours). Je commence donc à scruter certaines pour tenter de faire mouche sur le bon guichet du premier coup. Je me décide sur l’un deux (dont j’avoue ne pas trop me souvenir de l’intitulé mais je crois qu’il y avait un Visa / Mastercard accepté dedans) muni d’une préposée. Elle me fait rapidement comprendre après mon début d’introduction que ce n’est toujours pas le bon guichet et qu’il faut aller au dernier au fond. Effectivement sur celui-ci est indiqué « Tourist reservation » (peint à la main). Je patiente un moment que mon prédécesseur ai fini et finalement m’avance avec un sourire confiant.
Je vous la fait courte car ce n’est pas la partie la plus intéressante (il y a plein de questions doublées et triplées, de sourires complices ou pas et d’attente) mais je suis reparti avec mes deux billets (oui car pour Pondichéry – Chennai, il n’y avait qu’un seul train possible par semaine à cause de la mousson donc elle m’a conseillé de faire plutôt 4h de bus. Ca l’air de ne pas plaisanter la mousson) après avoir diligemment rempli mes trois formulaires T 524 F, fourni mon passeport ainsi que 41$ (oui car je n’avais pas assez de roupies et elle n’acceptait pas la CB Visa à son guichet, contrairement à l’autre, va comprendre). Vous me dites si je fais beaucoup trop d’apartés, hein ?
Un peu plus tard dans la soirée, après une fin d’après midi à flâner dans le quartier et son bord de mer (luxe de détail pour toi, lecteur), je discute avec un indien (se sera le sujet d’une autre histoire) qui m’apprend, un peu surpris, qu’il y a une gare beaucoup plus proche pour aller à Hampi que Bangalore. Ah, tiens. C’est bête ça. Enfin c’est pas très grave, ça prendra un peu plus de temps. A mon retour à l’hôtel, saisi d’un doute, je compulse le LP sur la Kobo et je découvre qu’effectivement la gare recommandée pour aller à Hampi s’appelle Hospet et que ce n’est qu’à une demi heure de Hampi. Voilà qui m’apprendra à faire confiance à un agent de voyage estampillé IATA plutôt qu’au Lonely Planet. Il faut dire à ma décharge que le plan de l’Inde que j’ai se trouve dans une page du LP et que sur la Kobo elle est carrément illisible, donc il m’était difficile de déterminer la distance entre Hampi et Bangalore. Je décide donc (non sans soupirer intérieurement) de retourner le lendemain matin à Churchgate pour tenter de changer l’arrêt.
Le lendemain, après un crochet au cybercafé pour réserver des hôtels à Pondichéry et Hampi (oui car entre temps j’avais décidé d’assurer mes arrières vis à vis de l’agence de voyage), je reprends un ticket « first class » pour Churchgate et après l’habituel trajet de trente minutes, me dirige d’un pas déterminé vers le bureau des réservations. Je m’assois un peu afin de patienter car le guichet est pris (j’ai appris de profiter de chaque moment permettant de rabaisser ma température corporelle). Après quelques grosses minutes la personne s’en va et je me lève pour me poster devant le guichet juste au moment ou un autre homme qui traînait par là me passe devant et commence à parler au préposé. Je commence à être assez habitué (voir le petit billet sur la politesse) donc je ne dis rien et attends de nouveau en me rasseyant. A ce moment là, je vois arriver un couple, manifestement occidental cherchant un guichet. Mon cœur s’accélère. Je ne suis plus le seul touriste à Mumbai (voir billet là dessus). Après un petit « Hi » timide, ils viennent s’asseoir à côté de moi et rapidement, on engage la conversation. Ce jeune couple allemand venaient de l’office de tourisme indien en bas qui leur a donné une carte photocopiée de l’Inde sans réseau ferré dessus pour qu’ils puissent planifier leur trajet en train. On papote un peu et je leur apprend l’existence du formulaire T 524 F ainsi que de la nécessité d’avoir son passeport. A cette nouvelle, ils se regardent visiblement surpris et déçus car ils ne l’ont pas sur eux. Aaaah ces bleue-bites, j’vous jure. Comme quoi, 24h d’avance feront toujours la différence ! Je leur demande ensuite s’ils n’avaient pas eu envie de réserver par avance par internet et ils me répondent qu’ils préfèrent garder de la flexibilité en décidant au dernier moment. Non mais je vous jure. Il y en a qui se croit où ?
J’interromps notre conversation car le guichet se libère. Je me transporte donc devant le préposé (malheureusement différent de la veille) et lui explique que je souhaiterai remplacer Bangalore par Hospet dans mon trajet réservé hier. Je lui ré-explique que je souhaiterai remplacer Bangalore par Hospet dans mes billets acheté hier. Je crois apercevoir un acquiescement de compréhension et il se met à tapoter sur son ordinateur. Après quelques manipulations dignes du système Amadeus (pour ceux qui connaissent) il m’apprend que Bangalore – Hospet c’est neuf heures de train. Euh. Comment ça, Bangalore ? Je lui demande alors si Hospet ne serai pas sur la même ligne de train que celui qui va de Mumbai à Bangalore et il me répond que non.
A ce moment là nous voyons (moi et les deux allemands) arriver trois jeunes femmes en sari mais manifestement de type européen s’approcher vers le guichet touristique. Je dis manifestement européen car il y en avait une blonde. Moi étant à mon guichet je vois ça d’un œil mais entend rapidement qu’elles se mettent à parler français aux allemands. Déjà c’est complètement incroyable de croiser autant d’étrangers ici mais en plus tout le monde parle français ! Aaah, Europe ! De fil et en aiguille on papote également et l’une d’elles (la chef blonde que je détecte à son assurance naturelle) m’apprend qu’il y a des quotas touristiques dans chaque train mais qu’il faut les demander explicitement. Ah ben d’accord. Elle aurait pas pu me le dire la préposée de hier ? Bon en même temps j’en sais trop rien si j’ai un quota touristique ou pas à vrai dire mais je sais que j’ai du reculer mon départ d’un jour car il n’y avait plus de place. Bref, je leur explique que je tente de modifier un billet pendant qu’elles se battent avec un autre préposé pour acheter trois billets de train en sachant qu’elles n’ont que deux passeports mais que la troisième connaît son numéro par cœur. Elles ont du batailler au moins cinq minutes pour qu’ils acceptent en échange d’un retour lundi au guichet pour fournir l’original.
Revenant à mon mouton (le préposé), je suis passablement surpris qu’il faille enchaîner neuf heures de train pour aller à Hospet après les 14 heures pour faire Mumbai – Bangalore. Je me retourne alors vers mes nouveaux amis Allemands et leur demande s’ils n’auraient pas l’obligeance de me montrer leur carte d’Inde. Ils me sortent une carte dépliante grand format (qu’ils avaient donc déjà avant d’aller à l’office de tourisme, les traitres) et on se met alors tout les trois à la recherche de Hampi, Hospet et Bangalore. Là, il faut imaginer la caméra faisant un travelling arrière suivi d’un zoom avant pour comprendre la sensation de chute libre qui m’a pris quand on a découvert que Hospet se trouvait grosso modo à mi chemin de Mumbai et Bangalore. Le préposé me proposait carrément de faire un retour en arrière. Ou alors c’est qu’il ne m’avait pas compris. J’emprunte la carte au couple Allemand et je me dirige vers le guichet ou le préposé vient me rejoindre. Je lui fait comprendre par force signes en m’aidant de la carte doublé d’un sous titrage en anglais que Bangalore, caca, pouuuh, j’en veux pas, Hospet, mmmmh, good, this is where I want to go. Je caricature un peu mais finalement il avait effectivement mal compris. Le TOEFL c’est de la merde, en fait.
Il retourne à son clavier d’ordinateur ou après moult tapoti-tapota il me dit que Hospet c’est pas génial et qu’il me prends plutôt Hubli Junction comme gare. Soupir. « Vous êtes sur ? Parce qu’il n’y a pas de gare à Hospet ? ». D’après lui, il y a une gare mais c’est pas sur la grande ligne. Il vaut mieux s’arréter à Hubli et ensuite prendre le car qui amène à Hospet en trente minutes. Je fais un rapide calcul mental et me dit qu’une heure de car au total pour aller à Hampi, ça me va. Il me donne la liste des trains et malheureusement, faute de disponibilité, je suis obligé de décaler une nouvelle fois mon départ. Je vais donc rester deux jours de plus à Mumbai, ce qui n’est pas très grave (sauf éventuellement pour mon portefeuille) dans la mesure ou ça me permettra d’avoir plus de temps pour réserver le logement. Je donne donc le top et il se met à faire sa magie sur son ordinateur, me demande de remplir un nouveau formulaire T 524 F (trop facile) pour finalement me montrer l’ancien billet Mumbai – Bangalore en me demandant bien clairement si je veux l’annuler. Un frisson me parcours l’échine en imaginant qu’il ne m’a pas encore compris mais après un moment je me doute que c’est pour être bien sur. Je redonne le top plein d’assurance pour que le doute ne s’immisce surtout pas dans son cerveau et quelques instants plus tard il me rends tout un tas de roupies en remboursement. Et il me sourit. Euh. Mais t’as fait la moitié du boulot mon gars ! Je veux faire pareil pour Bangalore – Puducherry moi ! Pourriez vous remplacer ce billet Bangalore – Puducherry par un Hospet… euh… Hubli Junction Puducherry ? Là je sens qu’il est rodé car un T 524 F et un nouvel échange de roupies plus tard, mais cette fois ci, dans l’autre sens, je me retrouve avec mes deux nouveaux billets. Victoire.
Entre temps, le couple d’allemands a décidé de fuir et de revenir un autre jour avec leurs passeports. Rhaa, ces bleue-bites.