Amis sensibles et raffinés, ne fuyaient pas encore Nha Trang. Inutile de tourner autour du pot, ce n’est pas Paris ou Rome. Ne vous attendez pas à y découvrir des splendeurs architecturales à chaque coin de rue. Ou alors il faut être un sacré maniaque de l’architecture hôtelière de la deuxième moitié du vingtième siècle. Après avoir fait trempette une poignée de fois, il y a une ou deux possibilités de ballade pas complètement inintéressante, histoire d’éviter la desquamation totale.
Tout d’abord, lorsqu’on s’éloigne un peu de cette fameuse plage, par exemple de trois ou quatre rues, on retrouve une ambiance totalement vietnamienne sans la moindre échoppe touristique. Les rues ne sont pas encombrées comme à Hanoi et l’atmosphère se rapproche un peu de Hué, pour sa partie moderne. Si vous voulez retrouver votre vendeuse de pho (fa) habituelle ou manger un com (caume, je crois), vous aurez de plus grande chance d’en trouver par là à des tarifs habituels.
En continuant ensuite vers le sud, en bordure de ville et de rivière, on découvre un quartier un peu plus populaire. De la même manière, au nord, au bord de l’embouchure d’une seconde rivière, l’ambiance devient plus humble et l’air se remplit progressivement de l’odeur forte de la mer et du poisson péché. Des bateaux bleus et rouges aux grand yeux peints se balancent mollement sur l’eau. A ce propos, la plupart des bateaux vietnamiens arborent ces grands yeux. J’apprendrai plus tard qu’il s’agit d’effrayer les crocodiles. J’avoue rester dubitatif.
En tout cas, cette zone de pêcheurs est sans doute le meilleur endroit pour manger des produit de la mer. Le long de cette rivière au nord, ainsi qu’en redescendant vers la plage, de multiples restaurants se pressent pour vous offrir toutes sortes de coquillages, crustacés et poissons, la plupart du temps très frais, car exposés encore vivants dans des bassines alimentés en continu par une eau courante en provenance d’un tuyau d’arrosage ou par des jeunes partis prélever de l’eau de mer dans des bidons en plastique. J’avoue avoir été extrêmement tenté de manger un homard à l’heure du goûté.
Si vous continuez vers le nord, sur une petite colline surplombant la rivière se dressent deux bâtiments anciens faits de briques rouges. Il s’agit de ruines d’un vieux temple de la civilisation Champa. Je vous rappel, car je vous sait distraits, qu’il s’agit d’une civilisation d’influence indienne, de religion hindouiste, qui existait sur la plupart du territoire vietnamien, avant l’arrivée de l’influence chinoise, il y a bien cinq ou six siècles de cela. J’adore être précis lorsqu’il s’agit de dates, comme vous pouvez le constater. L’endroit est très touristique, y compris pour les vietnamiens, mais le site est relativement restreint. On profite malgré tout d’une jolie petite vue sur la ville et notamment sur la rivière et le quartier de pécheurs.
Pour les plus fanatiques, il doit bien y avoir une ou deux pagodes à voir. Moi j’avoue commencer légèrement à saturer de ce côté-ci. Que le premier qui n’a pas saturé après la troisième église romane de la journée me jette la première pierre. Aïe.