Avertissement : Le billet qui va suivre peut causer de graves troubles auprès d’un public enclin à la jalousie.
Petit rappel des évènements précédents. Alors que j’avais réservé une chambre avec kitchenette dans un hôtel proche du centre bourg d’Avarua, je me retrouve trimbalé sur un autre hôtel un quart de tour dans le sens horaire plus loin, le tout pour le même prix mais sans le troupeau de sympathiques apprentis instituteurs australiens fourni avec le premier hébergement. Y ai-je gagné au change ? Fondu au noir, fin du générique.
Oui. Et non.
Commençons par de bêtes considérations de confort matériel. Ayant réservé juste deux semaines à l’avance, le choix était mince et j’avais opté pour un endroit moyenne gamme. Avec tout ça, j’ai explosé le budget par rapport aux auberges de jeunesse, environ 75€ par nuit. Ceci dit, j’ai connu un motel à 90€ la nuit non loin de Melbourne qui était beaucoup moins sympathique.
C’est bien simple, et pour abréger le suspense envieux, ma chambre est un appartement. Pour tout vous avouer, il est même plus grand que mon F2 à Toulouse, qui lui, n’est pas situé à 50m d’un lagon bleu turquoise par temps ensoleillé et bleu gris clair par temps gris. Chambre agréable avec lit double, salle de bain également plus grande que la mienne avec douche ET bain / jacuzzi (que je n’ai pas utilisé, ne sachant pas trop quelle est ma température de cuisson), un grand salon / salle à manger muni de sa table ronde en verre et d’un canapé, télévision écran plat avec 4 chaînes (oui, bon, ça à la limite) et la sus-mentionnée kitchenette équipée de plaques vitro-céramiques, réfrigérateur et micro-onde. Devant, sous le patio, deux chaises longues et une autre table d’extérieur permettent de se prélasser au vue des voisins.
Oui, car mon bungalow / appartement se situe à proximité de la piscine centrale (quasiment à jet de crachat) et du restaurant / bar (à un jet de pierre d’enfant). Si je part tout droit de ce qui est dorénavant mon nouveau chez moi pendant 8 jours et traverse une rase pelouse, je trébuche sur trois marches en rondins de bois et m’affale sur la plage de sable blanc sale. On a beau être sur une île paradisiaque, la marée, elle ramène toujours des saloperies, lagon ou pas. En définitif, je peut donc conclure que j’y ai gagné au change. Pourtant, je n’ai pas l’impression que ce soit du grand luxe. Ah, si. Pardon. Je viens de regarder les tarifs sur internet. C’est plus du double. Elle est drôlement sympathique, la gérante du Paradise Inn, finalement.
Ce n’est pas tout, dans la cuisine je trouve quelques aliments de survie comme du café en poudre, du sucre et de l’huile de cuisson. Les placards sont remplis de vaisselle. Parfait. Il y a même un grille-pain ainsi qu’une bouilloire électrique . C’est donc ça le confort moderne ?
Côté activités, l’hôtel met à disposition gratuitement des palmes, tubas et chaussons de récifs pour faire du snorkeling (plus de détails là dessus dans un autre billet) et, encore plus sympathique, des kayaks de mer avec leur pagaies. Ça, c’est la classe. Le Muri Beach Resort, mon nouvel hôtel, est situé le long du lagon de Muri, l’endroit le plus large du lagon entourant toute l’île. Directement en face de l’hôtel, deux petites îles à l’intérieur du lagon apportent un peu de variété et des pistes d’exploration pour le kayak. Un ton en dessous, trois vélos tout terrains en fin de vie et piquetés de rouilles, sont fournis à titre indicatif. L’île est truffé de loueurs de vélos (électriques ou pas), scooters ou voitures mais ça peut toujours dépanner.
Si on remonte l’allée centrale menant à la route principale, on tombe sur une supérette / station essence, idéale pour les petites courses (à un tarif toute de même assez élevé), comme on en trouve régulièrement le long de cette route circulaire. En la suivant à pied sur cent mètres dans le sens anti-horaire, après avoir passé un ou deux autres petits complexes hôteliers similaires au Muri Beach Resort, on trouve de part et d’autre de la route deux bars / snacks. L’un d’eux, hébergé dans une maison basse à l’aspect colonial propose des pâtisseries de bonne qualité et fait également office d’épicerie fine plutôt de luxe, le tout à des prix légèrement au dessus de la moyenne rarotongaise, déjà légèrement au dessus de la moyenne néo-zélandaise. Vu son nom, Le Bon Vivant, ça n’a rien de surprenant. Idéal, pour un goûté après une bonne séance de pagayage.
Pour résumé, question confort matériel et embourgeoisement, il n’y a rien à redire. J’y gagne drôlement au change. Seul point noir, il n’y a pas d’internet gratuit. Mais ça, j’en parlerai une autre fois.
Question ambiance, par contre, c’est un autre style. Mes voisins sont beaucoup moins dynamiques et ouverts qu’au Paradise Inn. Couples retraités, avec enfants ou simplement en amoureux, chacun reste un peu chez soi ou autour de la piscine. Sans parler que je passe la plupart de mon de temps à bosser dans mon salon ou à me balader sur le lagon en kayak. Seules exceptions mineures à la règle, la soirée « buffet » au restaurant et la retransmission du match de rugby Nouvelle-Zélande vs. Tonga.
Pour la première, c’est encore une fois l’occasion pour moi de constater qu’en ce qui concerne la nourriture, les réflexes naturelles et la peur du lendemain reprennent le dessus. Le buffet s’est retrouvé passablement dévalisé au moment de mon entrée en action tout ça par la faute de la serveuse qui avait carrément oublié de me servir mon cocktail. J’attendais patiemment son arrivée avant d’attaquer, ne voulant pas ruiné le goût subtil de fruits par des bouchés de crevettes épicées. Encore un véritable problème de riche, je le concède.
A l’occasion d’un test match entre les All Blacks et les Tongas, je suis allé au bar rejoindre les sept autres personnes présentes, pour l’essentiel des retraités, afin de bénéficier de l’écran géant. Tiens, si nous avions été dans une auberge de jeunesse, le public aurait été bien plus important et enthousiaste, j’en suis sur. Voilà ce que c’est que de proposer trop de confort. Les gens restent chez eux. Ou alors c’est qu’ils n’aiment pas le rugby, ce que j’ai du mal à croire vu la forte proportion de kiwis chez les clients de l’hôtel. En tout cas, l’ambiance pendant le match est polie mais distante, bien que crispée lorsque les tongiens aplatissent un premier essai après un quart de jeu. Finalement, les seules à vraiment s’emballer sont les deux serveuses du bar.
En vérité, je croise beaucoup plus de monde que cela au Muri Beach Resort. Je crois qu’en plus du tourisme, une des activités économiques principale de l’île est le mariage. En tout cas, ça a bien l’air d’être le cas pour mon hôtel qui accueille quasiment tout les deux jours une nouvelle cérémonie. Les conséquences ne sont pas bien désastreuses, fort heureusement. Hormis la privatisation du bar / restaurant et une ambiance légèrement plus festive que la moyenne le soir, elle se limite la plupart du temps qu’à des séances photos en costume sur la plage. Ça m’oblige à faire un détour pour accoster avec mon kayak et le trainer sur vingt mètres jusqu’à son emplacement de stockage tout en essayant de ne pas apparaître dans le cadre. Rien de bien méchant.
J’étaient à deux de doigts de m’énerver sur l’industrie du mariage sur carte postale (et sur une nouvelle marque du manque d’imagination des mes contemporains) lorsque je constate que les mariages auquel j’assiste de loin ont lieu entre rarotongiens. Je ne suis pas particulièrement physionomiste mais quand le marié ressemble à Jonah Lomu et la marié à une vahiné légèrement empâtée (oui, elles ne sont pas toutes comme sur les photos), ainsi que la majorité de l’assemblée, quelque chose me dit que ce sont des locaux. D’ailleurs, je vous parlerai plus tard de l’importance de la religion sur l’île, histoire d’ajouter du poids à mes dires.
Du coup, côté ambiance, il faut bien avouer que ce n’est pas aussi folichon qu’au Paradise Inn. Ceci dit, il ne tient qu’à moi d’aller sympathiser en bord de piscine. En même temps, j’avoue que ça fait du bien pendant quelques jours de juste vivre une petite routine, faite de courses, de préparation de repas, de pagayage, de snorkeling et de travail entre tout ça.
Le tout sous 27°C ? Oui. Même si, comme l’indique le titre de ce billet, il arrive parfois de pleuvoir. Au prix qu’on paye, tout de même, ils pourraient…