Au Vietnam j’ai pu constater que l’on sert très souvent de la bière. Je ne vous apprend rien en vous écrivant cela. On peut également trouver ce qu’ils appellent en anglais du « rice wine » que je traduirait directement par « alcool de riz » vu le degré d’alcoolémie de ce breuvage, plus proche de la vodka que du vin. Ces deux alcools sont également produits localement. Mais quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’un soir à Nha Trang (encore un flashback), après avoir bu une petite bière fraîche en soirée, j’aperçois une bouteille marqué « Da Lat Wine » contenant un liquide rouge sombre à l’aspect rappelant du vin. Je commande donc un verre de ce breuvage, curieux, et le goutte. Bon tout ça pour vous dire que je viens d’apprendre qu’ils font du vin à Da Lat. Incroyable, non ? Quoi ? Le goût ?… Disons qu’ils font du vin à Da Lat et c’est déjà énorme comme nouvelle.
Arrivé dans là dite vile de Da Lat, je me suis donc arrêté chez un marchand de vin afin d’offrir une bouteille à une personne de ma connaissance (un certain Michel D. de Vendée ou de Nantes, suivant la météo), grand amateur et spécialiste de ce breuvage. J’étais quasiment persuadé qu’il ne savait pas qu’on faisait du vin au Vietnam, et donc par conséquent, qu’il n’en connaissait pas le goût. Contrairement à moi. Les blagues les meilleures étant celles qui respectent la santé de leur victime, je choisi une bouteille de rouge cuvée « Excellence », en espérant que ce sera d’un meilleur niveau que celui échantillonné quelques jours plus tôt. Je ne me souviens plus du prix, mais il était loin d’être excessif, aux alentours de 100 kDongs, je dirais, pour une bouteille de 75ml.
Pour l’anecdote, cette culture du vin au Vietnam fut introduite par des viticulteurs languedociens. Je ne sais pas s’il faut s’en féliciter. En tout cas, j’étais un petit peu interloqué lors de mon choix par la non inscription de l’année de la cuvée sur les bouteilles. Ceci dit, j’imagine très bien que le consommateur vietnamien, n’ayant pas vraiment l’habitude d’en consommer, se fiche pas mal de savoir l’âge qu’il a. Je prends donc un bouteille « Excellence » et en arrivant au comptoir pour payer, demande à la vieille dame âgée, en anglais, l’année du vin. L’échec est total vu qu’elle ne parle pas anglais. Heureusement, elle se tourne vers un jeune homme à côté et je lui répète la question. L’échec est de nouveau total vu qu’il n’en comprends pas le sens. Je me demande même s’il ne me confirme pas qu’il n’est pas périmé. Je me rétracte donc en leur assurant que ça n’a pas d’importance et repart avec ma bouteille en les remerciant.
Le lendemain, je pénètre dans la poste centrale de Da Lat pour tenter d’envoyer cette bouteille par avion, en France. Au guichet, je présente donc l’objet et demande à la préposée le tarif pour poster cela à l’étranger. « Ce n’est pas possible. On ne peut pas l’envoyer par la poste », me dit-elle dans un petit anglais.
- Comment-ça, on ne peut pas ? De toutes les postes, même à Ho Chi Minh City ?; lui demande-je en retour.
- Oui, oui.
- Mais pourquoi ?
- On ne peut pas.
On étais arrivé à un point où la poursuite de la conversation aurait exigé un niveau d’anglais supérieur de la part de mon interlocutrice. Je repart donc avec ma bouteille sous le bras.
Quelques jours plus tard, à Ho Chi Minh Ville, je pénètre dans la poste centrale de la ville, au passage, fort belle et immense. Avec un peu de chance, ils ont plus l’habitude de traiter avec des touristes qui veulent envoyer des chapeaux coniques ou des tuniques de soies par la poste. Je me met donc dans la queue et mon tour arrivé, pose ma bouteille sur le guichet et demande s’il est possible d’envoyer cette chose à une adresse en France. Malheureusement, la réponse est encore négative. Franchement, je ne comprends pas ce qui pose problème mais je sens bien qu’il est inutile d’insister.
Le lendemain, après un idée lumineuse, je me mets en marche vers un magasin dépôt UPS pour envoyer ma bouteille par une société renommée internationalement et qui a sans doute l’habitude d’envoyer des trucs autrement plus compliqués qu’une bouteille. Fichtre, je suis quasiment sur qu’ils sont partenaires des Jeux Olympiques ou d’un truc planétaire de cette démesure. Devant le magasin, je constate que la grille est fermée. Pourtant, les horaires semblent indiquer que ce ne devrait pas être le cas.
Un peu plus loin dans la rue (qui donne sur l’arrière de la poste centrale, en plus), j’aperçois un panneau FedEx. Même topo, la grille est tombée. Il doit avoir un truc que j’ai du mal comprendre par rapport aux horaires d’ouverture. De plus, je trouve que ça devient un peu compliqué pour une blague. Je me demande si je vais pas me l’enfiler moi même cette bouteille ? Heureusement, encore plus loin se trouve un dernier panneau indiquant cette fois-ci « DHL ». Je me dirige devant la porte et constate avec joie qu’il y a de la lumière à l’intérieur.
Je rentre donc dans la petite office et souhaite le bonjour à la jeune dame au comptoir. La bouteille posée dessus (sur le comptoir, pas sur la jeune dame), je lui demande s’il serait possible d’envoyer ce magnifique objet contenant un liquide non périssable, en France, par ses services. Oh surprise, sans hésitation elle réponds par l’affirmative. Je pousse un soupir de soulagement et lui explique, en rigolant, qu’à la poste ils refusent de l’envoyer. Je crois même que je sous-entends « ces nazes ». Après un moment d’hésitation, elle me demande ce qu’il y a dans la bouteille. « Du vin de Da Lat » lui dis-je avec un petit sourire pour lui montrer comme elle peut être fière que j’exporte un produit de son pays. « Du vin, mais ce n’est pas possible ». Hein ? Après un soupir de désespoir, un sursaut de volonté m’impose de lui demander des explications pour ce refus. Son anglais n’ayant pas l’air trop mauvais, je me dis que c’est jouable.
Pendant cinq minutes, on échange difficilement. Pugnace, j’insiste et je parviens plus ou moins à comprendre qu’il s’agit d’un problème de droit de douane et de taxe. Les détails sont encore complètement flous dans ma tête mais, finalement, je lui demande de faire une simulation tarifaire avec le coût de l’envoi additionné du coût des droits de douane payés à la douane française. Elle tapote sur son clavier pendant quelques minutes puis finalement, commence à m’inscrire le tarif sur un petit bout de papier. Je pousse un cri d’exclamation : plus de deux méga-dongs. Soit plus de 100€. Pour une bouteille. D’un probable mauvais vin. Inutile de dire que je suis reparti avec ma bouteille complètement abasourdi par le prix.
Quelques jours plus tard, alors que je m’apprêtai à quitter définitivement Ho Chi Minh Ville et le Vietnam, j’offre la bouteille aux employés de l’hôtel. « Qu’est-ce que c’est ? » me demande un des jeunes hommes d’un air suspicieux. Je leur explique que c’est du vin, de Da Lat, attention, c’est pas n’importe quoi. En plus il vaut quasiment 100€. « Moi je préfère la bière. Le vin je trouve ça trop alcoolisé », me dit-il alors. Oui, ben c’est un cadeau et même si c’est de la piquette, tu vas pas faire ta fine gueule, petit con.