Un jour, un anglais m’a ouvert les yeux sur un truc complètement dingue en rapport aux accents. Je ne suis pas sur que ça fonctionne avec toutes les langues mais, avec l’anglais, c’est du 99,99%. Il s’agit tout simplement de décaler les voyelles. Mettez vous le fameux « a-e-i-o-u-i grecque » dans la tête et décalez tout d’un cran. Par exemple, admettons que le « aaah » devienne « eeeeuuuh », le « euuuuh » devienne « iiiiih » et ainsi de suite. La charmante phrase « ci gît la grosse patate grise » devient, sauf erreur, prononcée avec ce nouvel accent que je vient d’inventer devant vos yeux écarquillés et qui se situerai à la louche entre Moscou et Kiev, « ço geo le grusse peteti grose ». Dingue, non ?! Encore une fois, je ne suis pas certain que cela fonctionne terriblement en français car on perd une grande quantité d’information dans l’opération.
En tout cas, si vous souhaitez attraper sans trop de difficultés l’accent néo-zélandais, pour une soirée rugby dans un pub ou bien pour vous démarquer de l’américain ambiant (et puis après tout, qui suis-je pour me soucier de vos motivations profondes mais ésotériques), la règle s’applique. Tenez, à New York on dit « cool ». A Auckland on dit un vague truc ressemblant à « kéul » ou « kewl ». Amusez vous également à remplacer tout les « e » par des « i » ainsi que les « i » par des « é » et la sympathique et fort récurrente phrase « it’s a fresh weather, no ? » devient « ét’s a frish weathir, no ? » dans toutes les contrées de Terre du Milieu. Moi, ça m’amuse à chaque fois.
Notez que, contrairement à la même démarche effectuée en français en préambule, cela n’ôte absolument rien au sens. J’veux dire, sans vouloir frimer, je comprend tout ce qu’on me dit, ici. Pour les plus curieux, cette technique marche également avec l’accent écossais ou irlandais bien que la « matrice de décalage de voyelles », comme il me plait à l’appeler, ne me vient pas spontanément, là, maintenant, présentement. D’après un spécialiste, il semblerait que l’accent néo-zélandais se rapproche d’ailleurs du celui d’Afrique du Sud.
La seule exception que je connaisse pour le moment touche à l’accent indien qui consiste bêtement et dans un soucis excessif de simplification à remplacer toutes les voyelles par des « i », des « ing » ou, par défaut, quelque chose d’aléatoire. A ce niveau là, ce n’est plus du décalage de voyelles, c’est du cryptage de données.