La vie dans une île

Mon idéal de voyage consiste à vivre un mois dans un endroit en s’occupant, une partie du temps, de choses quotidiennes. Je trouve que c’est le meilleur moyen pour découvrir toutes ces petites choses légèrement différentes de chez nous qui, misent bout à bout, donnent une image plus précise de la vie dans un nouveau lieu. On croit souvent que ces petites choses sont les mêmes partout. En réalité, la normalité est souvent loin d’être évidente.

La vie dans une île isolée comme Rarotonga a ses particularités. Vous allez voir, je ne vais dire que des choses banales dans ce billet, ou en tout cas d’une limpide logique. Prenons, un par un les choses que l’on prend pour acquis chez nous. Par exemple, pour commencer, parlons de la nourriture.

J’ai déjà évoqué quelques informations à ce sujet glanées auprès de la gérante du Paradise Inn. Bien que l’île possède une petite agriculture, elle est loin de suffir aux besoins touristiques. C’est notamment le cas car la plupart des produits de cette agriculture sont directement produits et consommés par les familles ou à une échelle somme toute artisanale. Il faut donc en importer le reste par bateau, souvent, de Nouvelle-Zélande, typiquement. Comme il n’y a pas de mystère en économie, les prix de certaines denrées sont donc sensiblement plus chères dans les supermarchés, notamment les produits manufacturés.

La source évidente de protéine ici vient de la mer, notamment avec le poisson, fort réputé. J’ai donc décidé, un jour, d’aller m’en procurer. Et bien figurez-vous que ce n’était pas si évident que ça, la faute à mon heure tardive, j’imagine. Au marché, ils étaient à court. Je me suis donc déplacé un kilomètre plus loin, non loin de l’aéroport chez un poissonnier. Arrivé là bas vers 10h30, le choix fut très restreint. Comme quoi la pêche reste très artisanale ici et le seul moyen d’avoir un large choix de poisson doit être d’arriver très tôt ou de se rabattre sur du congelé dans les supermarchés.

Notre civilisation ne serait rien sans énergie et, si on est un brin curieux, on se pose naturellement la question de l’origine de celle-ci sur Rarontonga. Il y a bien des ruisseaux qui coulent des montagnes mais seul un projet de petite centrale hydroélectrique est en court. La totalité de l’électricité de l’île est actuellement produite par une unique centrale fonctionnant aux hydrocarbures importés. Ce n’est pas franchement glop. En tout cas, au Muri Beach Resort, de grands panneaux solaires sur les bungalows apportent un peu de renouvelable dans tout ça. J’avoue ne pas avoir bien vu s’il s’agissait de panneaux photo-voltaïques ou de chauffe-eaux.

Fort heureusement, l’île ne subit pas un trafic routier insensé voir incroyable voir important. C’est même carrément modeste. Le parc de véhicules à l’air de se partager à 50 / 50 entre les automobiles et les scooters. De ce point de vue là, la consommation d’hydrocarbures pour le transport individuel doit être raisonnable. Je viens de vérifier sur internet, à l’heure actuelle le prix du pétrole y est d’environ 1,40 € le litre, ce qui est à peine plus élevé qu’en Nouvelle-Zélande.

Finalement, nous sommes au 21ème siècle et il est dorénavant quasiment inenvisageable de ne pas parler d’accès internet. En tout cas, pour moi c’est un besoin quasi-indispensable puisque je profite de mon séjour sédentaire sur Rarontonga pour me remettre au niveau côté boulot. Pour ça, j’ai besoin d’une connexion. Jusqu’ici, quand ce n’était pas gratuit (mais de qualité variable en Inde et au Vietnam), une journée d’internet me coutait environ 3-5$ (AUS ou NZ). Au Muri Beach Resort, l’internet se négocie non pas en accès illimité dans le temps mais à la quantité de données utilisé. Finalement, on est facturé de la même façon que les très grands opérateurs nationaux qui payent l’utilisation des grands backbones de l’internet à la quantité de donnée transitée. Le prix à l’hôtel fait d’ailleurs frémir puisque pour 25$ NZD, j’ai le privilège de pouvoir accéder à 150 Mo de données. Pour ceux qui ne sont pas très au fait de ces choses là, en utilisation normale du Web, le quota est facilement atteint en une journée. C’est incomparablement plus cher que le moindre forfait internet européen, australien ou américain. Devant mon air abasourdi, l’employée de l’hôtel m’a affirmé que c’était les prix communs partout sur l’île. Les pauvres. En tout cas, c’est un bon moyen pour limiter les téléchargements illégaux.

Je pourrais également vous parler de forfaits téléphoniques mais, d’une part, je n’ai pas eu l’occasion de m’en servir dans mes voyages (hormis une carte pré-payée Telstra en Australie), mais surtout ça ne me passionne absolument pas. Tout ce que je sais, c’est qu’à chaque fois que j’utilise mon portable, une alerte sonne chez mon banquier.

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