Permettez moi de faire un petit saut dans le temps et d’éluder totalement un nouveau transport ferroviaire entre Hospet et Pondichéry (avec changement à Hubli Junction, bien entendu, car je sais qu’il doit avoir quelque part dans le monde des coupeurs de cheveux en quatre qui sont friands de ce genre de détail). Je suis de moins en moins quiche maintenant donc tout c’est passé sans encombre. En tout cas pas moins que d’habitude. Pour anecdote, mes deux compagnons de voyages étaient des sortes de VRP qui discutaient entre eux en anglais. Ou en hindi. C’était pas très clair pour moi. Le sujet de conversation semblait être la comparaison entre les différents modes de transports en Inde : avion, train, taxi, bus. La conclusion que j’en tire, c’est que prendre le bus de nuit, c’est prendre un risque mortel. Mais je digresse, je digresse. Le sujet d’aujourd’hui c’est Pondichéry ou selon sa nouvelle dénomination officielle, Puducherry, voir Pondy si vous êtes habitués, et Pondy chérie si vous êtes intimes. C’est le matin, je m’échauffe. Comme je ne laisserai passer aucune occasion de faire accroire que je possède une culture sans fond, permettez moi de vous esquisser en quelques lignes d’Arial corps 12, l’histoire de Pondichéry, ou Puducherry ou Pondy, mes chéries.
L’histoire commence quelque part entre l’an 1600 et l’an 1800. Je prends une sacré marge. La France via sa Compagnie des Indes, cherche un comptoir commercial sur la route de la soie et des épices réunis, afin de pouvoir faire concurrence à la Compagnie des Indes Orientales (version Royaume-Unie) ainsi qu’à la Compagnie des Indes (version Hollandaise). Ça ne va pas être simple de s’y retrouver avec tous ces noms similaires. Je ne rentre pas dans tous les détails de basse politique et de négociation d’épiciers (d’autant plus que je ne les ait pas, les détails), mais un français parvient à acheter un bout de terrain relativement pourri, car marécageux, à un seigneur local, à une centaine de kilomètres au sud de Madras (actuelle Chennaï), tenu par les anglais. L’emplacement est face au golfe du Bengale, proche plage, exposé est-sud-est, plat avec possibilité aménagement ville coloniale. Sur le moment, ça semblait être un plan foireux comme une location Pierre & Vacances, mais au final, cela se révéla être une plate-forme idéale et la ville commença tout doucement à prospérer.
Au 18ème siècle (quelque part au milieu, j’ai envi de dire), le roi de France (Louis XV selon toute probabilité), y nomma un nouveau gouverneur du nom de Goubert, Edouard (Eddy Goobert pour les américains). C’est sous sa direction que Pondichéry pris véritablement son essor et se développa pour devenir une véritable ville. Entre temps on s’occupa en allant titiller les anglais à Madras et cela donna quelques occasions pour certains, de mourir, et pour d’autres d’amasser quelques bonnes anecdotes à partager autour d’une boisson face au golfe (qui est du Bengale, je vous le rappel).
Autour du comptoir français ne manqua pas de s’agglutiner une ville tamoule (car Pondy, comme Madras, se trouve dans la partie tamoule de l’Inde), en commençant très certainement par des rickshaws (pas encore motorisés) et des vendeurs de produits en tout genre. Le commerce, le commerce. Mais après tout, c’est pour cela qu’on avait créé la ville. Faut assumer ensuite.
On vivait bien à Pondy, surtout les français, dans une torpeur et langueur coloniale. Mais tout cela pris fin en 1952, l’année ou la France céda le territoire à l’Inde, récemment indépendante. Malgré tout, la ville et son territoire proche conserve un statut de Territoire de l’Union qui lui octroie quelques avantages fiscaux. En plus de cette région attenante à la ville, le Territoire de Pondichéry regroupe la ville de Mahé, côté ouest de l’Inde (ça ne doit pas être simple côté administratif) ainsi que deux autres villes dont je ne me souviens plus du nom. Chacune est un ancien comptoir français. Mais comme le français est un petit filou, on laissa à Pondichéry un lycée français pour torturer les jeunes indiens ainsi qu’une Alliance Française pour diffuser une rétrospective Cédric Klapish sous titré en hindi tout les dimanches à 18h. On sait manier le bâton et la carotte.
Je ne résiste pas à l’envie de conclure par cette petite phrase de mon cru qui devrait vous faire parvenir des parfums d’aventures épicés : Pondichéry situé sur la côte de Coromandel et Mahé, sur la côte de Malabar, furent des comptoirs sur la route des épices. Alors ? Vous ne les sentez pas les odeurs de mer, de chanvre et de goudrons, de traversées houleuses, de cocotiers, de gentilshommes et dames suant sous des costumes inadaptés, des bruits de canons et de mousquets, et des visions de tumulus d’épices colorés attendant d’être chargés en cale de grands voiliers aux ailes blanches par de puissants tamouls torses nus et enturbannés (attention aux liaisons)? Mince, voilà que ça me reprend.