Le lendemain de cette sympathique dernière soirée au Phong Nha Farm Stay, je reprend le train en début d’après midi pour un court trajet vers Hué, l’ancienne capitale impériale de la dynastie Nguyen. Pour la première fois depuis plus d’un mois, je ne suis pas dans un train couchette. Ça me fait très bizarre. Du coup, il se passe beaucoup moins de choses et j’arrive en début de soirée à Gâ Hué sans la moindre anecdote digne d’intérêt. Après deux kilomètres de marche en claquettes / schlappe / tongues / slache / gougoune, ce qui est une grossière erreur, j’arrive à l’hôtel Valentine où je dois y passer quatre nuits. Ah si. Maintenant que j’y pense, il s’est passé quelque chose pendant ces deux kilomètres qui me turlupine. Il ne s’agit pas des xe oms qui m’interpellent mais une dame dont j’ai aidé à monter son gros vélo porteur sur le trottoir. Sans rien lui avoir dit hormis un « haaa » lors de l’effort de poussée et un « haaann » lors de la traction (la poussée avait été un échec), elle m’a dit « Merci », en français dans le texte. Comment a t-elle su que j’étais de là bas ? Je portais pourtant mon T-Shirt « Tiger Beer » de camouflage ! Enfin, ça restera un mystère. Il faut que je cesse de me tracasser pour ça. Passons au sujet du jour.
Il y a deux choses d’importance à Hué. Tout d’abord, et je me répète, ce qui devient agaçant pour tout le monde, ce fut l’ancienne capitale impériale de la dynastie Nguyen, au 19ème et début du 20ème siècle. Conséquence direct, la vieille ville est remarquable car entourée de fortifications délimitant un espace parfaitement carré. A l’intérieur de cette première enceinte se trouve une seconde entourant la cité interdite, un peu calquée sur le modèle chinois, où résidait l’empereur, sa famille et ses fonctionnaires.
Malheureusement, et j’en viens à la deuxième chose d’importance à Hué, la ville fut copieusement abîmée voir détruite en certains endroits, dont notamment une partie de la cité impériale, lors de la terrible bataille dont elle fut le théâtre en 1968 lors de la grande offensive du Têt lancée par les troupes nord vietnamiennes (les rouges) contre les américains et les sud vietnamiens (les bleus). Mais je vous en parlerai plus en détail dans un autre billet. Je ne vous sens pas d’humeur à parler guerre et cette longue phrase a du vous épuiser.
Pour que tout ceci ai encore plus de charme (je parle de la cité impériale et pas forcément de l’épisode guerrier), la ville est traversée par la rivière des Parfums qui sépare grosso-modo la vieille ville au nord de la nouvelle au sud. Ce nom de rivière des Parfums a comme origine les collines et montagnes boisées en amont, où se situe sa source, notamment abondantes en bois de santal et cannelle. Ce sont donc ces senteurs charriées par la rivière qui donnèrent l’idée de nommer ainsi le court d’eau. Premièrement, je n’ai rien senti mais j’ai un odorat peu développé. Deuxièmement, on aurait tout aussi bien pu appeler le Rhône à partir de Feyzin – Pierre Bénite de ce nom là pour les douces odeurs de benzène et de gasoil qu’il charrie. Mais les Lyonnais sont beaucoup moins poétiques. La rivière est le lieu d’une activité autour de longues barques en bois motorisés qui transportent pour la plupart des matériaux de construction tels que du sable ou du gravier. Encore un autre signe de dynamisme économique, tiens.
Mais assez causé, places aux images, notamment de la cité impériale. Attention, pour les âmes les plus fragiles, voici la séance diapo :
Puis, voici quelques clichés qui j’espère vous donneront une petite fragrance de l’atmosphère provinciale, je trouve, qui règne à Hué.
Non loin de la ville, en suivant la rivière vers l’amont se trouvent trois grandes tombes de trois grands empereurs Nguyen. Je ne vous mentirez pas, je ne me souviens d’aucun des noms. Nguyen machin chose, Nguyen bidule et Nugyen untel, sans aucun doute, mais ça ne nous avance pas à grand chose. Je crois bien que le deuxième était le fils du premier et que le troisième avait un lien de parenté avec les deux autres. Non, non, ne comptez pas sur moi pour vous ramener des informations de premier ordre sur la généalogie impériale. Les plus curieux taperont bestialement sur leur ordinateur.
En tout cas, je dois dire qu’ils avaient le sens de la magnificence et de la pompe. Prenez en de la graine. Encore une fois, il y a de rudement bonnes idées de décoration à picorer à droite et à gauche de ces tombes. Personnellement, mon fantôme ne sera pas satisfait tant que je ne serai pas enterré dans une tombe similaire au deuxième empereur, c’est à dire dans un parc de dix hectares aux essences rares et parsemé d’étangs à carpes, traversé de part en part d’une longue allée pavée reliant trois pagodes de taille croissante (aux dorures extravagantes, cela va sans dire) évoquant les trois grandes étapes de ma vie : ma naissance, mon baccalauréat et ma mort. Le reste pourra être évoqué à votre convenance sur une plaque commémorative. Il est par contre parfaitement inutile de me représenter statufié. Je trouve ça assez guindé. Ou alors montrant ses fesses aux passants.
Cela fera plaisir à monsieur Pinto.