Enfin ! Ça fait quasiment un mois que j’attends ce moment là ! Tout ces déplacements et anecdotes depuis mon départ de Pondichéry n’était que passe temps et manœuvres de diversion pour enfin arriver à Da Lat, ancienne station climatique créée par les notables français de Saigon à 1400m d’altitude. Je ne vais pas tourner autour du pot, je comptais énormément y trouver une température inférieure aux 30°C minimum que je subit depuis mon séjour à Mumbai, il y a plus d’un mois. Même si je commence à m’y habituer drôlement bien (je n’ai plus peur de sortir entre midi et 16h, contrairement à Pondy, par exemple), j’avoue qu’un peu de fraîcheur serait la bienvenue. A part ça, Da Lat, il paraît que c’est coquet, si j’en croit mon Lonely Planet. Ch’sais pas trop, mais j’envisage une sorte de Luchon ou La Bourboule à la mode tonkinoise. Je sais, c’est difficile d’imaginer ce que ça peut donner.
Je part donc de Nha Trang le lendemain de mon périple en deux roues, un peu raide, voir beaucoup, mon pansement refait à neuf avec le contenu de ma trousse de secours. Le mode de transport est désormais classique puisque j’emprunte à nouveau un bus couchettes pour les quatre heures et quelques du trajet. Je passe donc sous silence le désormais classique descriptif : mal de fesses, température frigorifique et projection d’une émission de variété sur les deux écrans du bus. Si vous y glissez une proportion de sieste, une lampée de lecture de notre ami Dick Bolitho et un zeste de contemplation du paysage, le trajet se passe sans encombres notables.
Après la montée d’un col interminable puis la traversée d’un plateau ponctué de petites collines entièrement dédié à la culture, notamment de café et de thé, ainsi que des serres couvrant parfois tout le paysage nous pénétrons dans Da Lat. Le seul soucis, c’est qu’il s’est mis à pleuvoir depuis le franchissement du col. Le temps est donc bas, gris et maussade. Avec la température frigorifique du bus, j’ai encore l’impression d’être un aoûtien téléporté à Knokke-Le-Zout, une journée de novembre. Heureusement que je suis prévoyant car cette fois-ci, je me suis habillé en conséquence : pantalon randonnée et chaussures randonnée légère cuir de chez Quechua et chandail mi-saison gris griffé Divided. Ça faisait un peu trop longtemps qu’il n’y avait pas eu de rubrique mode dans ce blog. Voilà qui y remédie.
Je sort donc du bus sous une petite pluie fine. Effectivement, pour ce qui est des 30°C, ils ne sont bien plus là. A vue de bras, il doit plutôt faire dans les 15°C. Rectification, donc : je me retrouve téléporté en Bretagne en octobre. Pourtant, j’aime la Bretagne, je suis Nantais. Le premier qui me réponds que, non, Nantes n’est pas en Bretagne… Mais la colère m’égare. Enfin, plutôt le froid, à vrai dire, car après un mois de chaleurs tropicales, en dessous de 20°C, le temps est glacial.
Après quelques tentatives, je parvient à retrouver mon hôtel. Comme c’est étrange de découvrir un lit muni d’une couette. Il me semble même qu’il n’y a aucune climatisation dans la chambre. Peut de temps après, je profite de ces premiers instants à Da Lat pour aller faire un tour chez un pharmacien. Sans être médecin, à vue de nez, j’étais dubitatif sur le pouvoir antiseptique du liquide utilisé par mes sauveurs vietnamiens mais également de mon spray de premier secours. Chez l’apothicaire, j’effectue une première tentative en anglais qui échoue. Je bascule en gestuelle et lève ma jambe gauche en montrant mon pansement et le léger filet de sang coagulé qui en émerge. Ce blog sera sans fard ou ne sera pas. Instantanément, elle hoche la tête en signe de compréhension et part fouiller dans ses tiroirs pour revenir avec un sachet de compresses de gaze, un rouleau de sparadrap et une bonne vieille bouteille de Bétadine. Avec ça, je dois pouvoir stériliser l’ensemble de ma salle de bain, ce qui ne manque pas d’arriver quand je tente de me faire un nouveau pansement, la jambe en l’air, appuyée sur la cuvette des toilettes, en tentant d’éviter de maculer le carrelage de ce produit extrêmement colorant. Heureusement que je suis relativement souple.
En tout cas, pour ne rien vous cacher, ce temps pourri sera ainsi pendant quasiment les trois jours où j’y serais. Il empirera même par moment pour se transformer un pluie diluvienne, sous des températures identiques. Peut-être est-ce à cause de cette triste météo, mais je dois dire que Da Lat m’a laissé froid. Certes, elle se répand sur un paysage de petites collines, d’accord, mais aucun bâtiment véritablement sympathique ne ressort. Il y a juste un lac artificiel, non loin du marché couvert, où se dandinent des pédalos en formes de cygnes, mus par des touristes goguenards et, en tout état de cause, vaccinés contre le ridicule. Mais peut-être suis-je trop cruel.
Voilà ce que c’est de trop se monter le bourrichon en imaginant un Luchon-en-Tonkin.