Avertissement : ce billet sera plein de fiel, de rage et de crachats. Si vous êtes sensibles du gros mot, passez votre chemin.
Connasse de banque. Imbécile de banquier. Saleté d’écureuil rhône-alpin.
A l’ère d’internet, j’imaginais que ma vie de nomade voyageur serait simplifié en de nombreux points par la présence quasi-généralisée du WiFi et du fait que je me trimballe environ 3 kg d’ordinateur portable depuis la fin mai. Cela s’est avéré vrai pour la réservation des hôtels, des tours, pour la location de voitures et pour savoir ce qu’il y avait à voir autour de moi. Par contre, ce fut également l’occasion d’un crash test avec ma banque qui n’a pas trop survécu à l’exercice. Heureusement, personne n’est mort et ce que je vais vous narrer peut aisément se classer dans la catégorie « problème de riche ». De toute façon, tout a été dit sur les banques modernes. Je ne fais que pisser dans l’océan d’urine déjà déversé, à juste titre, sur elles.
J’ai régulièrement depuis mon départ de Toulouse quelques soucis avec ma carte bleue. Déjà, en France, il arrive que certaines transactions soient refusées pour d’obscures raisons. Je ne vais pas donc en faire un fromage à l’étranger. Je passe même sous silence les grasses commissions que l’on nous facture en cas de retrait ou d’opération. Tout travail mérite salaire et les commissions des agents de change ne sont pas forcément plus avantageux.
De plus, j’ai fait renouveler ma carte bleue il y a environ deux ans et ma gentille banque (en l’occurrence l’écureuil Rhône-Alpin, qui comme une horrible poupée de film d’horreur s’est mué depuis sa création de sympathique animal en peluche en rongeur écumant au regard dément) m’a proposée, en la personne de mon conseiller personnel (le personnel devant être compris dans le sens « ce joueur de foot est vraiment trop personnel »), une nouvelle carte top moumoute munie de son propre crédit renouvelable au taux exceptionnellement usurié de deux chiffres. Devant ma moue dubitative (celle que j’adopte à la plupart de mes rendez vous avec mon banquier, que je trouve aussi passionnants qu’une vidéo d’entreprise) il m’a finalement convaincu en m’expliquant qu’elle était également munie d’un second pouvoir me permettant de bénéficier d’une extension de garantie sur tout les achats de matériel effectué avec. Bon, soit. Je comptais acheter du matériel. Admettons. Voilà encore une preuve que je suis un peu trop lâche avec mon banquier ou bien qu’il est particulièrement versé dans l’acte commercial. Déjà, à l’époque, je subodorait fortement que mon banquier était en réalité un vendeur de tapis et mauvais acteur avec ça, surtout lorsque je lui ai demandé combien il touchait en commission pour chaque carte à crédit renouvelable vendue. En me regardant droit dans les yeux, il a protesté.
Tout ça pour dire qu’arrivé en Australie, subitement, j’ai été confronté à un dilemme terrible au moment d’utiliser ma carte bleue dans les bornes de retrait mais également dans les commerces. Sachez que là bas (mais également en Nouvelle-Zélande et, présentement , aux Etats-Unis) on vous demande sur quel compte vous souhaitez effectuer l’opération, questions aux trois invariables réponses possibles : « courant, chèque ou crédit ». Je sais d’expérience que dans ces pays le terme carte de crédit est utilisé pour une carte au crédit renouvelable alors que notre carte bleue de chez nous correspond à une carte de débit. Cette confusion, je sais m’en prémunir dorénavant. Par contre, pour moi, le compte courant et le compte chèque, c’est du pareil au même. Ne parlons même pas de l’option « crédit » que je fuit comme la peste de peur que l’opération soit effectuée sur mon nouveau crédit revolving à 25000%.
C’est donc un peu au hasard et en fonction de mon humeur que je choisi « courant » ou « chèque » pour un résultat également aléatoire. De plus, à mon arrivée en Australie, j’ai quasiment fondu ma carte en procédant à de monstrueuses opérations en vue de réserver mes différents tours Kakadu-Litchfield et Ulura-Kata Tjuta-King’s Canyon, sans oublier la location de la camping-voiture pour dix jours. Résultat prévisible, j’ai littéralement démoli mon plafond d’opération et un peu plus tard l’autre plafond, celui de retrait. Là, je plaide coupable. J’aurai du prévenir ma banque au préalable. J’ai donc essuyé quelques jours un peu chaotiques côté paiement.
Jé décide donc de prévenir ma banque par un moyen drôlement efficace que j’ai découvert il y a quelques années et qui s’appelle l’e-mail. C’est génial ce truc. Vous envoyez un message à votre correspondant sous forme de texte, correspondant qui n’est même pas obligé d’être là au moment où vous l’écrivez puisque celui-ci s’entasse gentiment dans un équivalent électronique de boite aux lettres. Il peut donc tranquillement dépiler ses messages le lendemain matin, sa tasse de café à la main. Mon conseiller personnel, avec un regard complice, m’avait fort gentiment glissé sa carte de visite munie de tout les canaux de communication permettant de le joindre. Ces informations sont également répétées sur la page web qui me permet de consulter mes comptes en ligne. Certes, je suis informaticien et donc légèrement en avance technologiquement sur vous, les autres, mais manifestement mon banquier ne sait pas se servir d’une boite mail, malgré son âge tournant autour de la petite trentaine.
J’ai attendu cinq jours qu’il daigne me répondre et prendre des actions pour relever temporairement mon plafond d’opérations. Finalement, j’ai craqué et ai décidé d’appeler directement sur sa ligne directe (car nous sommes très intimement liés par les liens de l’argent) ce qui, j’en suis sur, me coûtera un organe mineur. Une fois appris par cœur son message m’indiquant qu’il n’était pas disponible (sans doute parti choisir sa nouvelle BMW), je me résous à appeler le numéro de mon agence, vaste fumisterie puisqu’en réalité ce numéro me permet d’atteindre un plateau téléphonique une fois traversé le labyrinthe de menus patiemment dictés par un robot lymphatique (lorsqu’on appelle d’Australie, c’est particulièrement énervant). Finalement, j’arrive à expliquer le problème, à faire remonter le plafond et à demander à la conseillère d’engueuler mon conseiller qui n’en branle pas une.
Les jours passent et le problème persiste. Jé décide donc d’envoyer un mail dont voici le contenu :
Bonjour,
Je suis actuellement en déplacement à l’étranger pour plusieurs mois. J’ai depuis quelques semaines des soucis avec ma carte bleue. Vous étiez absent en vacances. J’ai donc tenté de joindre M. XXX, comme spécifié dans votre mail d’absence, mais sans résultat. Je lui ai laissé un message téléphonique, sans réponse de sa part. Je lui ai envoyé un mail, également sans réponse. J’ai appelé le numéro d’appel en 0800 pour exposer mon soucis. La personne m’a dit qu’elle allait contacter quelqu’un à l’agence qui allait me recontacter. Je n’ai pas eu de nouvelles. C’était il y a un peu plus d’une semaine. J’ai rappelé ce même numéro hier soir qui m’a dit qu’elle allait prendre contact avec vous. Je n’ai toujours pas de nouvelles.
Voici mes soucis. Premièrement en Australie et Nouvelle Zélande l’utilisation de ma Carte Bleue Visa dans un magasin implique un choix entre trois options « check », « savings » et « credit » qui peut se traduire par « chèque », « compte courant », « crédit ». Lorsque j’utilise les deux premières options, l’achat est refusé une fois sur deux ou sur trois. Initialement, je pensais qu’il s’agissait d’un plafond de dépense atteint et c’est donc pour cela que j’ai appelé la première fois. Je ne sais toujours pas si c’est le cas mais le problème persiste.
Deuxièmement, récemment, une personne m’a dit d’utiliser l’option « crédit ». Effectivement, les deux achats effectués avec cette option sont passés. Malheureusement, je ne souhaite absolument pas utiliser la réserve d’argent associée avec ma CB Visa avec un taux de crédit très élevé. J’aimerai donc savoir si les deux achats effectués le 29/08/2013 effectués via cette option tape dans cette réserve ou dans mon compte courant. C’était le sujet de mon appel de hier soir. La personne m’a dit qu’elle n’avait aucun moyen d’avoir l’historique d’utilisation dans la réserve d’argent. Je trouve cela inconcevable. J’ai consulté la synthèse de mes comptes ce matin (soit le 29 au soir pour vous) et je ne trouve toujours pas trace de ces deux opérations. Qu’en est-il alors?
Troisièmement, dans la synthèse de mon débit différé, je vois apparaitre deux cartes de crédit dont une que je ne reconnais pas dont le numéro fini par 237511. Dans ce débit différé je vois une opération pour le 05/08/2013 intitulé « Avangate » d’un montant de 49.95€ avec comme détail « Paris ». Qu’est ce donc sachant que je n’ai pas mis les pieds à Paris depuis quelques années et que cela fait trois mois que je suis à l’étranger?
Je vous serai donc très reconnaissant de prendre le temps de répondre à toutes mes interrogations, de préférence par mail, si vous recevez celui-ci, afin de démontrer que vous prenez en compte les petits soucis de vos clients, quand ils sont urgents. J’ose espérer que vous n’êtes pas là que pour des actions commerciales.
Le lendemain, oh surprise, je reçois une réponse de mon conseiller drôlement personnel, pas particulièrement pertinente, avec notamment cette fabuleuse phrase à l’intérieur, également fort peu utile :
Le plafond de paiement est de 2400 euros / 30 jours consécutifs. Ce plafond a été augmenté à 7500 euros (du 14/08 au 14/11 par Mr XXX ?).
Il n’est pas possible d’utiliser le paiement ou retrait à crédit à l’étranger (cette fonction est uniquement disponible en France). Les traductions check (interrogation de compte), savings (épargne) et credit (credit card est la traduction de CB à l’étranger).
Pour commencer, on sent qu’il a bien lu mon mail, certes fort long et ennuyeux, mais tout de même. PUISQUE JE TE DIS QUE TON COLLEGUE XXX NE M’A PAS REPONDU, TU PENSES BIEN QU’IL N’A RIEN FOUTU!!! Ensuite, grâce à mon conseiller bancaire, j’apprend des mots anglais que je connais déjà et que surtout, je lui ai parfaitement traduit dans mon mail. C’est vraiment parfait. Ça c’est du conseil. De plus, si je comprend bien, ce magnifique crédit renouvelable ne m’est d’aucune utilité dans mes voyages, là où pourtant, j’en aurait vu une possible utilité de secours. Soit. C’est ma faute. J’aurais du lire plus attentivement les petites lignes en bas.
Je vous épargne quelques autres mails de relance, car comme d’habitude, il a la fâcheuse tendance de lire ses messages environ une fois toutes les deux semaines. Je crois qu’il a bien saisi le caractère presque d’urgence de la situation. Entre temps, j’ai réussi à me démerder en utilisant tout le temps l’option « crédit ». Tant pis si je crève sous d’affreuses dettes. Aux dernières nouvelles, tout va bien.
C’est finalement, quelques semaines plus tard, alors que je suis confortablement installé dans un grand lit gonflable au rez-de-chaussé du sympathique loft des mes frenchies san franciscains, que mon téléphone portable sonne. Dehors il fait nuit, je me réveille. Il est minuit trente. Quel est le con qui… ?
«Mallooooooo?
- Bonjour, monsieur Prat ?
- Mmmoouuaaaih ?
- Bonjour c’est monsieur B., votre conseiller à la Caisse d’Epargne. Je vous dérange ?
- Mmmh, il est minuit trente.
- Ah. Euh… vous êtes toujours à l’étranger ?
- Mmoooui.
- Ah. Vous voulez que je vous rappelle ?
- Noooon, par mail.
- Ok. Désolé.
Clac.