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Hampi, de jour

Pour ceux qui ont perdu le fil de l’histoire à cause de mon précédent billet, je suis à Hampi, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, situé dans l’état du Karnataka (plus ou moins au sud-est de Mumbai).

Le site classé englobe Hampi Bazaar (le village) ainsi que plusieurs autres villages dont les noms m’échappent comme la plupart des noms de villes indiennes de plus de deux syllabes. J’en suis navré mais je n’ai absolument pas la mémoire des noms. Je pourrai regarder sur une carte, mais, à l’instant où je vous écrit, vous avez sans doute plus d’internet que moi. DSC_5185_DxOCar ce qui est réellement important, c’est que le site englobe dans une vaste surface de 26km2 un nombre élevé de temples, en divers états de conservation, ainsi que des ruines d’un palais royal. Plus important encore, cette ancienne cité (maintenant réduit à quelques villages) est cité dans le Ramayana. Ce qui est d’au… Hein ? Comment ça vous ne connaissez pas le Ramayana ? Ramayana, enfin ? The Story of Rama, quoi ! Je disais donc que c’est d’autant plus incr… Quoi en-core ? Vous connaissez pas Rama ? Dis donc lecteur ignare va falloir songer à se renseigner un peu ! Sans rentrer dans les détails car j’ai prévu d’écrire un billet tout en profondeur abyssal là dessus, Rama c’est une des incarnations de Vishnu sur terre. Voilà. Ok ? C’est bon ? On peut continuer ?

DSC_5111_DxODonc, Hampi est, d’après les spécialistes, l’antique cité de Vijayanâgara où habitait Hanuaman, le dieu singe, que Rama est venu rencontrer pour demander son aide afin de pouvoir récupérer sa femme, Sita, lâchement kidnappée par Ravana. Un incroyable imbroglio vaudevillesque avec un dieu à la tête de singe dedans. En clair Hampi, ça doit résonner comme Bethléem pour les Juifs ou les Chrétiens, un truc qu’on a lu dans un vieux bouquin et qui remonte à des millénaires. Fort heureusement, il n’y a pas à Hampi de ferveur religieuse particulière. Ni plus, ni moins. Ah si. L’alcool y est interdit.

DSC_5155_DxOMais Hampi, c’était aussi la capitale d’une dynastie de rois dravidiens (attention, mot nouveau tout à fait apte à impressionner le quidam à ta prochaine soirée. Note, note) dont le grand Krishnadeva Raya. Si tu ne le connais pas c’est que ton inculture est au moins aussi grande que la méconnaissance du sujet par l’auteur de ces lignes. Et il n’y a vraiment pas de quoi être fier.

En clair, Hampi c’est du concentré de grands H : Histoire et Hindouisme.

Et pour faire bonne mesure, le cadre géographique est assez sympathique aussi. Au milieu coule une rivière, classique, et tout autour se trouve des petites collines de gros blocs granitiques rose beige. Entre tout cela, on trouve des plantations de bananiers et une végétation relativement importante. DSC_5217_DxOQuelques un des temples sont posés DSC_5226_DxOsur de grandes dalles de granite et des petites tours d’observations sont posées de temps en temps au sommet d’un gros bloc. Le site est donc un curieux mélange de minéral et de végétal. Pour les géologues, je précise que la région fut le siège d’une intense activité en la présence d’un gigantesque volcan. D’où les blocs granitiques.

Après ce rappel factuel, il doit vous cuire de savoir ce que j’en ai pensé de ce site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO (au même titre que le Vieux Lyon, pour situer ce classement un peu bizarre). En tant que français ayant le compliment mesuré, je dirai : « ouaih, c’est pas mal. C’est même pas mal du tout ». Mais laissez moi vous narrer les deux étapes de ma découverte de Hampi, patrimoine de l’humanité tout entière tel que l’a frappé l’UNESCO de son auguste sceau.

DSC_5113_DxOPremière phase, une première journée découverte patrimoniale en compagnie d’un guide officiel permettant d’avoir un aperçu des principaux sites avec le « background » historique et théologique adéquat. Accessoirement pour se la péter en société à mon retour à condition d’avoir pris des notes. Ce que je n’ai pas fait. Mais qu’ai-je vu, qu’ai-je entendu, qu’ai-je senti lors de cette journée ? J’ai pas mal senti le genou droit de mon guide, Veeresh, dans l’auto-rickshaw qui nous trimbalait de site en site. J’ai pas mal entendu le doux vent dans les arbres à côté des écuries d’éléphants (ça fait rêver ça, hein?). DSC_5140_DxOJ’ai pas mal vu de temples aux colonnes sculptées représentant des passages du Ramayana, le petit palais de la reine ou encore sa baignoire de la taille d’une piscine. Côté site archéologique c’était assez plaisant et varié, d’autant plus qu’ils étaient agrémentés des commentaires et explications de Veeresh, malheureusement dans un anglais légèrement approximatif. C’est d’ailleurs grâce à lui que j’ai appris que l’Inde allait rencontrer le Pakistan dans un match de cricket décisif lors de l’International Cricket Competition le 15 juin. On était en plein dans la thématique Ramayana.

DSC_5143_DxOLe moment le plus plaisant de la journée fut l’ascension d’une immense plate-forme surplombant les ruines du palais du roi. Quelques instants auparavant, le guide m’expliquait qu’ici le roi recevez la visite et les doléances de ses sujets sous une immense toile tendue. Il ne m’en fallait pas plus pour, une fois arriver en haut, laissez mon imagination s’envoler. J’imaginai une vaste foule de sujets à mes pieds, aux drapés blancs, safrans ou à moitié nus et, les dominant, assis sur un fauteuil en rotin aux motifs intriqués direct de chez Pier-Import, un maharadja à l’allure noble et altière, à la fine barbe ciselée, vêtu d’un habit couleur perle souligné d’or se reposant à l’ombre tamisée d’une vaste toile de lin qu’une chaude brise des terres viendrait faire onduler. C’est beau et c’est long comme du Le Clezio. Et c’est pas fini. Des serviteurs pieds nus aux torses musclés et aux moustaches en guidon de Harley viendraient éventer leur seigneur et maître avec d’amples feuilles de bananiers achetés 30 roupies à la vieille en sari sale (et donc non souriante) au coin du bazaar, au son hypnotisant de ragas envoûtants joués par un ensemble tablas, sitars et flûtes pendant qu’une troupe de vingt danseuses à la divine souplesse et aux articulations non-contraintes s’emploieraient à distraire leur roi de ses tracas du boulot.DSC_5145_DxO Autour du royal personnage, des éléphants, lascivement assis sur leurs vastes popotins et répondant aux noms de Lakshmi, Lakshmi et Lakshmi viendraient parfaire ce somptueux tableau exotique pendant que les reines en saris multicolores et aux délicates chevilles parées de bijoux d’or sertis de pierres précieuses de lointaines contrées du nord, tenteraient vainement d’apercevoir la scène au travers des corpulents corps sacrés des pachydermes en effectuant de curieux mouvements oscillants de tête d’avec leur cou gracile. Et ensuite j’ai eu trop chaud donc je suis redescendu de la plate-forme. Comme quoi quelques Indiana Jones et films de Bollywood suffisent à se construire un imaginaire. Le voyage est sublime quand la réalité se mélange à la fiction, voilà ce que je dis.

DSC_5218_DxODonc, la deuxième phase de ma découverte de Hampi a eu lieu le lendemain. Je décide de ne pas prendre de guide et surtout pas d’auto-rickshaw mais plutôt de partir à pied randonner autour de Hampi Bazaar. Je supporte pas trop mal la chaleur maintenant (c’est à dire que j’arrive à marcher plus d’une heure sans que cela ne provoque une abrasion de l’intérieur des cuisses). C’est donc parfaitement jouable avec trois litres d’eau. Magnifique idée que j’ai eu. J’ai commencé la ballade par une montée sur Mathunga Hill, une des collines de blocs granitiques surplombant le village. Arrivé là haut je découvre un temple en ruine isolé, un petit vent frais et délicieux ainsi qu’une vue panoramique sur tout le site de Hampi. Il n’y a rien de mieux pour appréhender un endroit. En contrebas j’aperçois le vieux bazaar tout en ligne menant au temple encore en activité qui est le cœur du village de Hampi Bazaar. De l’autre côté je vois DSC_5223_DxOle temple de Vitthalya, en ruine mais dont la structure est pleinement visible de cette hauteur. J’en profite pour rester quelque temps à profiter de l’air frais, du calme et de la splendide vue. Je ne suis interrompu que par deux femmes en sari qui viennent de grimper la colline en claquettes. Encore plus amusant, je les voie redescendre les marches de l’autre côté les fesses par terre. Ça n’a pas l’air d’être très pratique le sari pour ce genre d’activité. Je fini la journée par un circuit longeant la rivière et revenant vers le village, le tout en croisant quelques autres temples en ruine et en lâchant quelques litrons de sueur.

DSC_5200_DxOVoilà, c’est tout pour aujourd’hui. Hari Krishna. Même si je ne sais pas ce que ça veut dire.

En prime, un frêle indien sympathique devant une grosse statue du gros Ganesh (dont je vous narrerai l’histoire bientôt). Le contraste est saisissant, comme le veut le cliché.

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Ni oui ou ni non

Il y a des choses qu’on sait. Il y a des choses qu’on oublie. Il y a des choses qu’on sait mais dont on a oublié le contexte. Il y a des choses dont on ne sait pas que l’on sait car les choses rentrent par une oreille et s’échappent de l’autre. Ça c’est les plus nombreuses.

Dans un contexte dont j’ai totalement oublié la nature, j’avais appris que les deux gestes universels pour signifier « oui » et « non » n’étaient en vérité, pas si universels que ça. A l’époque j’avais du répondre « C’est dingue, ça ! » puis depuis ai promptement oublié les pays pour lesquels « oui » et « non » ne se traduisaient pas par respectivement, un hochement de la tête de gauche à droite autour d’un axe vertical et un hochement de la tête d’avant en arrière autour d’un axe horizontal, ainsi que les gestes équivalents dans ces contrées exotiques.

Lors de mes multiples interactions avec des indiens, à une question fermée (dont je rappel aux plus distraits qu’elle n’autorise que trois réponses : oui, non ou bien merde) parfois je les voie me répondre en faisant un geste que tout bon français interpréterait par « mouuaih, j’sais pas trop. j’hésite ». Ceci est particulièrement déstabilisant lorsqu’au restaurant, par exemple, on demande la disponibilité d’un met que l’on sait raffiné :

– Namasté, vous auriez du Coca-Cola, s’il vous plait ?
– <Geste indiquant un mmmmouaih, j’sais pas trop>
– Euh… Vous en avez… ou pas ?
– Yes <j’sais pas trop j’hésite>

Quel manque de confiance en soit, parbleu ! Do you have ou do you not have ?! Or shit ? Voici encore ce qui me traverse l’esprit mais dont j’évite d’exprimer.

Fort heureusement, au détour d’une lecture un peu aléatoire du Lonely Planet, je tombe sur un paragraphe évoquant justement ce bizarre déficit d’affirmation chez les indiens. En réalité, comme vous l’auriez deviner, il ne s’agit absolument pas de ça mais de ci, ce dont je vous parlais au deuxième paragraphe : le geste utilisé en Inde pour exprimer « oui » est tout simplement totalement différent de celui utilisé dans nos contrées tempérées.

Décomposons le mouvement : autour d’un axe horizontal passant à travers la glotte, le sujet imprime un mouvement oscillant de sa tête de gauche à droite tout en imprimant un autre mouvement oscillant de son cou de droite à gauche donnant l’illusion parfaite que sa tête oscille autour d’un axe passant par le nez (quand c’est bien réalisé). Si vous voulez, c’est un mouvement presque similaire que font les danseuses indiennes mais en plus rapide. Les plus pressés gardent le cou immobile et ne bougent que la tête. Mais c’est beaucoup moins joli. Moi je ne pourrai pas le faire. J’aurai trop peur de me briser une vertèbre supérieure et de finir tétraplégique.

Maintenant que je le sais, je comprends mieux ce qu’on me dit, bien qu’il m’est toujours difficile de réagir dans l’instant. Mon cerveau, tellement habitué à son langage corporel doit faire un effort conscient pour contredire ce que lui dit mon subconscient. Ce qui donne maintenant ceci :

– Namasté, vous auriez du Coca-Cola, s’il vous plait
– <Geste du oui>
<silence de quelques secondes>
– Ah, ok, super. Donc je vais en prendre un (index en l’air, toujours).
– <Autre geste de oui>. Ok.
<silence de quelques secondes>
– Ssank you (je fais plus d’effort de prononciation, je vous dit)

Ils doivent me prendre pour un débile.

L’arrivée à Hampi

Dans le précédent épisode notre héros volontaire affronte le froid sibérien des wagons 2AC-Tiers ainsi que les affres de la non-signalisation évidente des quais de départ de trains. Nous le retrouvons quelques heures plus tard, à la descente de son train, en gare d’Hospet, petite bourgade de 200 000 habitants de l’état du Karnataka. Car quand y a pas, ta cas aller en car. Vous verrez, c’est pas juste pour l’effet de style. Mais chut, trois coups de canne, rideaux…

Je me retrouve donc vers 19h32 sur le quai de la gare d’Hospet, mon dernier arrêt avant Hampi. Plus précisément mon dernier arrêt en train car comme convenu par mail, la dernière portion de route me séparant de Hampi (à peine une grosse dizaine de kilomètres) devrait être effectué en voiture grâce à une personne de la guest house venu me chercher. Ils sont bien sympa de proposer alors moi je saute sur l’occasion. A 19h30 le soleil s’est couché depuis une bonne demi heure et je sort donc du hall de la gare dans la touffeur habituelle de fin de journée. Une petite activité standard à base de pétaradement de deux roues et de vrombissements graves et gras de bus me confirme que je suis toujours en Inde. Je jette un œil aux alentours à la recherche d’un indien, frêle ou pas, moustachu ou pas, mais équipé d’un carton avec écrit «M. OLEEVER PRATH » ou quelque chose d’approchant. Rien de visible dans un rayon de 100m. Je repart sur le quai et effectue la même recherche. Même résultat. Je décide d’attendre un petit quart d’heure. Soupir.

C’est là que je me rends compte de l’incroyable chemin mental parcouru depuis une petite semaine. Hormis ce petit soupir de lassitude saupoudré de philosophie qui m’a échappé, je ne constate aucune hausse de tension artérielle ou de rythme cardiaque. Tout ceci est à peine surprenant et je me met à trouver des explications : le train est en retard d’une demi-heure et je n’avais fournis que l’horaire du train, pas son numéro. Allez, admettons. Bref, je me tourne vers les deux bus hors d’âge garés cinquante mètres plus loin, chacun déjà occupé par des passagers et apostrophe poliment le plus vieux des préposés que j’identifie grâce à leur uniforme caca d’oie maronnasse : « Bus to Hampi ? » Je pose la question une deuxième fois car je suis insatisfait de la qualité d’interprétation de la première réponse par mon cerveau . « Bus to bus station, 3 roupies. After bus to Hampi 15 roupies ». Il faut que je prenne un premier bus vers une station et ensuite un autre pour Hampi. Bon, ben allez, quand il faut… Je monte donc dans le bus en essayant de ne pas assommer des gens avec mon gros sac et paie diligemment mes trois roupies (une misère).

Après quelques courts instants, un des préposés monte dans le bus et pousse un coup de sifflet. Le chauffeur, dans un craquement inquiétant enclenche la première et démarre. Fenêtres ouvertes et moteur quasiment dans l’habitacle font qu’on est encore une fois submergé par le bruit du trafic, le rauque vrombissement du bus ainsi que le craquement de la boite de vitesse. Nous profitons tous également de la moindre subtilité du revêtement (ou de son absence) routier dans un couinement de suspension. Bref, tout ceci commence comme un joli tour de manège ou de temps en temps, profitant d’un ralentissement ou d’un signe de la main adressé au chauffeur, un passant vient s’accrocher à la barre extérieur pour sauter de manière experte dans le véhicule.

Le trajet jusqu’au terminus des bus est extrêmement rapide et me permet à peine d’entre-apercevoir Hospet de nuit. Ca ressemble à Santa Cruz (East) avec moins de grands immeubles et des bas côtés en terre. Rien de bien excitant donc. Au terminus, je repasse en mode recherche de mon nouveau bus en les passant un à un à l’inspection parmi les cris et klaxons des chauffeurs et préposés aux tickets, les bruits de diesels affolés (on le serait à moins) et les appels des passagers. La tâche s’annonce compliquée car hormis des numéros et des indications en hindi, il n’y a rien à quoi me raccrocher. Je repère un panneau marqué « Bureau of Enquiries » avec juste devant, quatre gars en uniforme caca d’oie marronnasse autour d’une petite table, occupés à consulter leurs machine enregistreuses portatives. Après quelques moments d’attente en espérant qu’un des préposés s’enquiert auprès de moi de mon éventuel besoin de m’enquérir, je me rends à l’évidence : c’est à moi de m’imposer. Je jette donc un «Excuse-me» sonore et demande en anglishe où je peux trouver le bus pour Hampi. Le plus vieux de la bande (celui qui est assis à la table, vous pensez bien) me réponds un truc que j’approxime plus ou moins comme « F600 ». D’acccoooord. « Thank yyyou », réponds-je à cette cryptique réponse et je refais le tour des bus en cherchant un F600. Que dalle. Putain, ils y mettent pas du leur, franchement.

A ce moment là, je repère un groupe de quatre jeunes touristes occidentaux (oui, ça se voit comme le nez au milieu de la figure à la présence de deux blonds). Je m’avance vers eux et leur demande dans un anglais châtié où je peux trouver le bus pour Hampi. Une des fille me réponds qu’il y en a régulièrement par là bas, pendant qu’une autre explique que si j’entends un « Hampi, hampi », c’est le bon bus. Cette dernière remarque aux allures de « private joke » fait sourire ses collègues. Super, bande de nazes. Je me dirige donc « là bas » en décidant d’aller faire chier tous les chauffeurs de bus un par un en leur demandant s’ils vont à Hampi. Coup de bol ou intuition venu de Vishnu, le premier me dit « Yes, yes » de manière passablement agacé puis se retourne pour répondre à la question de quelqu’un d’autre. Etant toujours en perpetuel doute quand à la réelle compréhension de mes interlocuteurs, je m’apprête à monter dans le bus en me soumettant au destin. Si je me retrouve de nuit, paumé au fin fond du Karnataka, c’est que Vishnu trois yeux veut que j’y soit. C’est à cet instant précis que, comme filmé au ralenti (c’est pour que vous vous sentiez captivé par le recit que je met des éléments de mise en scène), je lit la plaque d’immatriculation du bus. Elle se termine par « F600 ». Soupir. Oui. Certes. Une fois qu’on le sait c’est pas plus bête qu’autre chose comme moyen d’identification. Il n’avait qu’à me donner le numéro de sécurité social du chauffeur tant qu’il y était. Un peu dans le doute malgré tout (Non… ça peut pas être ça quand même ? Il aurait pas osé?), je me pose avec mes sacs.

Le bus part, toujours dans un mélange sonore de diesel agricole et autres craquements ou couinements mécaniques. Mes co-passagers me jettent des regards curieux (j’allais dire des petits regards, mais ce serait mentir) pendant que je jette un œil au paysage nocturne qui défile : petites échoppes sur terre battue, quelques vaches, des mobylettes, des saris puis un peu de campagne, un village de petites maisons en parpaings sur terre battue, une vache, des scooters qui klaxonnent (ah ok, c’est pas qu’à Mumbaï donc), le tout pendant vingt minutes. Et surtout, régulièrement, lorsque le bus s’arrête pour récupérer des passagers, le préposé au billets lance un « Hampi, Hampi » sonore. C’était donc ça la petite blague. Quelle bande de pourris. Aucune solidarité.

Puis soudainement, après avoir emprunté une route à gauche, j’aperçois un petit temple en ruine. Quelques instants plus tard, un gros bloc rocheux et un autre petit temple. Tout ceci est rassurant. Le bus s’engage au ralenti dans un virage à angle droit et j’ai le temps de découvrir à la lumière de ses phares un autre temple en ruine avec colonnades aux bas reliefs étranges sous cette lumière mouvante. Dans un nouveau craquement de boite de vitesse, le bus plonge alors dans une descente cerné de blocs rocheux et je devine en bas un vaste terre-plein bordé de quelques échoppes éclairées ainsi qu’un groupe de maison à étages à l’aspect carré.

Le bus vient se garer sur le terre-plein et je descends finalement à Hampi Bazaar. Assez rapidement, des gens qui me veulent du bien m’interpellent pour me proposer de m’héberger dans leur guest house. Je leur explique avec le sourire que j’ai déjà réservé à la Padma Guest House et après une mimique de déception ils m’indiquent le chemin. Un peu dans le doute (j’ai du mal à croire quelqu’un qui quelques secondes avant souhaitait me proposer une chambre dans son hôtel), je remonte une petite ruelle éclairée (la seule ruelle, en fait) et aperçoit au fond un petit panneau. J’étais arrivé et il était prêt de 21h.

Mumbai – Hampi par train et par bus : vingt quatre heures de trajet. Ça a intérêt à envoyer du lourd le patrimoine mondial de l’UNESCO.

Le voyage en train

Le grand jour enfin arriva, le jour ou je devais quitter la bruyante cacophonie de Mumbai pour me lancer dans la grande aventure du voyage ferroviaire.

Mon train, le prénommé « Dadar – Tirunelveli Express » (oui, tout les trains ont un nom genre l’Orient Express ou le Mumbai Mail. C’est la classe), part à 21h30 de la gare de Dadar à Mumbai. Malheureusement, je dois rendre les clés de l’hôtel à midi dernier délai. J’ai donc neuf heures à glander dans Mumbai avec mes deux sacs à dos (photo et autres). La bonne nouvelle c’est que la gare de Dadar est sur la ligne de train express que je prends tous les jours, notamment pour aller à Churchgate. Après un faux départ, où je me rends compte que l’employé de l’hôtel ne m’a pas rendu ma carte bleue après avoir réglé les quatre nuits, je me dirige une dernière fois vers ma petite gare de quartier dans l’indifférence générale du brouhaha quotidien. Ingrats. Ceci dit, quel plaisir de constater que certaines choses deviennent familière comme aller directement à la plateforme 2 de la gare de Santa Cruz avec son billet 1st classe acheté avec le compte juste au guichet tel un véritable commuter indien, pour attraper le « Slow train » pour Dadar. Le tout le plus naturellement du monde.

Bref, après quelques heures longues et poisseuses à se promener entre la gare et le front de mer, à se restaurer dans un petit restaurant, à faire des petites courses dans un supermarché pour éviter de mourir de faim (pour la soif, considérez que j’ai en permanence au moins un litre d’eau dans mon sac) dans le trajet qui va durer 14h, je rentre dans la gare pour me mettre au pseudo-frais dans un grand hall de réservation. Ça me permet de lire un peu avec la Kobo (c’est vraiment très bien pour lire un roman, je l’avoue) et observer quelques moments incongrues de la vie indienne (notamment ma petite vieille balayeuse qui m’engueule pour que je bouge).

Finalement, vers 20h30, j’embarque mes affaires et me décide à aller repérer la plate-forme du train. Je fais deux fois l’allée retour dans la passerelle qui dessert les voies à la recherche de son numéro mais ne repère que des trains locaux (oui car maintenant j’arrive plus ou moins à déchiffrer le symbole A01F128 comme étant le « fast train » qui part de Churchgate et s’arrête à Andheri, à ne pas confondre avec le B02S101 qui est le « slow train » mais qui lui s’arrête à Bolivari). Pourquoi est-ce que tout ceci ne me surprend pas ni ne m’agace ? Ce doit être la spiritualité indienne qui me gagne. Je retourne donc au hall où je venais de poireauter pour regarder les grands panneaux imprimés (donc pas peints à la main, ceux là, c’est moins joli) listant tous les trains en partance de Dadar (avec des noms exotiques comme le Gujarat Express ou l’Hyderabad Mail). Il y a trois panneaux, mais aucune trace de mon train. Aaah nonn. Pas comme à Heathrow !

Très légèrement angoissé, je me met dans une file avec mon billet et mon tour arrivant, je demande en anglais de plus en plus simplifié (maintenant je fais encore moins d’efforts de syntaxe ou de style, de toute façon ça change rien) où je peux trouver mon train. L’employé, avec une absence de grâce et de chaleur, me réponds : « plate-forme 7 ou 8 ». Mmmmh, voilà qui est précis, dites moi. Pour mettre toutes mes chances de mon côté en s’assurant qu’il m’a bien compris, je lui demande pourquoi mon train n’est pas marqué sur les panneaux. Il me réponds avec une légère pointe d’agacement : « c’est parce qu’il est nouveau celui là ». Oui. Ca ce tiens. C’est pas très pratique alors leurs panneaux. Mais bon. Je commence à m’habituer au flou. Si ça avait été à la Part Dieu j’aurai gueulé comme un putois en traitant les employés de la SNCF de sales fonctionnaires parasites. Non, je plaisante, même pas vrai. J’ai d’ailleurs de plus en plus d’admiration et de respect pour la SNCF depuis mon passage en Inde.

Je part donc à la recherche des plate-formes 7 ou 8 et les découvrent, l’une ou l’autre, légèrement à l’écart en compagnie de leur copine, la plate-forme 9. A tous les coups mon train part de la plate-forme 7, 8 ou 9. Encore légèrement sous influence de la SNCF, je parcours le petit hall commun à ces trois quais à la recherche d’un panneau d’affichage « Départ » pour trouver mon train. J’abandonne assez rapidement la quête et me remet à fouiller autour des quais à deux doigts de redemander à quelqu’un (mais ça, c’est tricher). Mon œil, ou mon cerveau, accroche de manière subliminal le numéro de mon train sur un panneau tout en longueur. Le temps que je tourne la tête pour me concentrer dessus, j’y lis une indication en hindi (avec l’alphabet idoine). Mince, aurai-je rêvé ? Je patiente en petit peu puis après quelques minutes, effectivement, je vois réapparaître mon numéro de train avec son joli nom et un numéro de plate-forme. Ce sera la 8. Aha, les choses se précisent !

Une fois sur le quai, je suis rapidement rassuré sur l’identité de mon train grâce à son nom inscrit sur tous les wagons. Il est déjà à quai mais les portes sont encore fermées. En face de chaque wagon sont placé des afficheurs électronique indiquant : S7, S6, S5, B2, B1. Mon wagon étant le A1, j’en déduis que ce sont la position des wagons et remonte le train à sa recherche. J’en profite pour découvrir les wagons à best… euh… non climatisés de troisième et de seconde classe. Il n’y aucune fenêtre, mais juste des ouvertures avec des barreaux et c’est tant mieux me dis-je. Passer quatorze heures dans un wagon fermé avec une foule de gens, ce doit être un enfer. Ils ont été un peu chiche quand à la taille des ouvertures quand même, mais bon. Quand à moi, j’ai réservé une place dans un wagon de deuxième classe climatisé donc j’espère secrètement qu’il ne s’agit pas de ceux-là, surtout qu’une foule compacte de gens avec leurs bagages et enfants se masse déjà sur le quai.

Après un moment de marche (mais c’est qu’il est sacrément long ce train, dites moi), je repère un wagon marqué « 2AC-Tiers » avec un discret indicateur « A1 ». Ce pourrait bien être lui, mon wagon. Juste à côté se trouve un groupe de gens massés devant le wagon « S1 » de seconde classe non climatisé. Je demande quand même confirmation du wagon auprès d’une famille (d’une part parce qu’il y avait une contradiction entre l’afficheur électronique qui indiquait S2 et le panneau sur le wagon qui indiquait A1, mais également parce qu’en cas d’erreur, je me voyais mal devoir remonter trois wagons surpeuplés avec mon sac à dos de montagne dans le dos et mon sac photo en ventral). C’était bien lui. Je me pose donc gentiment et attends l’ouverture des portes.

Quelques minutes plus tard, un coup de sifflet retentit à ma gauche. Instantanément, la foule précédemment d’humeur badine se transforme en foule excité digne des pires pillages de magasin Virgin : les portes viennent de s’ouvrir. Chacun se met à la queue leu leu sous l’encadrement d’employés de chemin de fer. Je reste en retrait, digne, en comprenant que ce va être du chacun pour soi, et m’apprête à sortir mon couteau Leatherman (courtesy, S. Bernard). Après analyse de la situation, je comprends que la queue ne se forme que devant les wagons « S » non climatisés. Soit il n’y a aucune place réservée et chacun lutte pour se mettre du côté des fenêtres, soit ils sont surexcités à l’idée de prendre le train. Devant mon regard ahuri, un homme dans la queue me fait un sourire amusé. Je lui demande par signe si la queue est pour le wagon S1 et il acquiesce. Ouf. Un peu gêné, je prends mes sacs et contourne la tête de queue pour entrer dans le wagon A1. Une esclandre me fait tourner la tête. Une femme est en train de s’engueuler avec deux personnes devant. Je me doute qu’il s’agit d’une histoire de place dans la file et me glisse dans le wagon. Prochaine étape, trouver la place 46.

DSC_5239_DxOJe suis tout d’abord surpris en constatant que c’est un wagon couchettes. Bon, admettons. Tout est relativement sombre, d’une fade couleur kaki et un peu vieillot. Un peu de lumière entre par les petites fenêtres et le reste est à la charge de petits néons au plafond. La disposition des couchettes est comme suit : à gauche, quatre couchettes en largeur sur deux niveau, se faisant face. De l’autre côté de l’allée une autre paire de couchettes en longueur cette fois-ci. Des rideaux permettent « d’isoler » les quatre couchettes du couloir alors que les deux couchettes en longueur ont chacun leur rideau. Tout ceci forme une joli ambiance de dortoir.

Je repère rapidement ma place et fait la moue en constatant qu’il s’agit d’une des couchettes du dessus parmi les quatre à gauche. Philosophe, je pose mes sacs dessus en attendant que chacun se pose pour voir si je pourrai m’asseoir sur la banquette du dessous avant de dormir. Rapidement, je constate que je gêne un peu tout le monde dans l’étroit passage et donc grimpe sur ma couchette, en me courbant pour ne pas m’exploser le sommet du crâne au plafond. Au moins la température est agréable. Après quelques instants, je repère la famille à qui j’avais demandé confirmation du wagon, entrer et s’installer dans les trois places à côté de la mienne. Les enfants et le père me font des sourires alors que la mère me tire une tronche de digne austérité (A ce propos, je suis à deux doigts d’établir un principe qui affirme que femme mûre en sari, jamais ne sourit). Moi je sourit aussi. J’ai l’impression qu’on va bien s’amuser quand chacun aura un coussin. J’hésite à consulter le Kobo pour traduire « bataille de polochon » en hindi.

Après un court moment, la jeune fille de la famille, arrive et me demande dans un anglais touchant de quasi compréhension si cela me dérangerai d’échanger ma place car ils sont quatre (ça je le savais) mais une des places est quelques « blocs » plus loin. Bon prince, j’accepte, et descend de ma couchette. Un autre homme arrive et me demande également si je voyage seul et si ça dérangerai d’échanger ma place avec quelqu’un pour qu’il soit ensemble avec sa famille. Non mais je suis une star ultra demandée !! J’hésite à faire monter les enchères histoire de me venger des vendeurs de bouteilles d’eau de Mumbai, mais mon éducation distinguée me force à refuser la deuxième proposition. Premier arrivé, premier servi. Question de principe, monsieur. Ceci dit, cette joyeuse discussion souriante avec tout ce petit monde là créer un petit lien de complicité. Je sens qu’on va vraiment se poiler quand les lumières seront éteintes. Concours de pets et rires garanti ! Wouhou !

J’effectue donc mon transfert vers une autre couchette (également en hauteur, donc pas de jaloux) et regrimpe à l’étage, en essuyant les remerciements chaleureux de la famille. Enfin, en tout cas du père et des enfants parce que la mère continue à tirer une tronche. Je l’allume en premier à la bataille de polochon, celle-là. Non, ne me remerciez pas. C’est la France qui vous remercie. Serviteur ! Sauf toi, la vioque. Bref, je me ré-installe pendant qu’à l’étage d’en dessous ils continuent de discuter au sujet des places à échanger et suis interrompu dans ma contemplation par mes nouveaux compagnons de chambrée, une mère et sa petite fille, qui de leur banquette du dessous me demande si je peux enlever mes chaussures car ça fait tomber de la poussière. Le tout sans un sourire. Mais c’est pas vrai ! Tiens, elle est en sari, la mère. J’obtempère en me jurant de les bombarder de bouts de pain humides dans leur sommeil. Là haut sur mon perchoir, je m’installe plus ou moins avec mes deux sacs et me pose pour lire (les passionnantes aventures au 18ème siècle de l’officier de marine, Richard Bolitho, pour les curieux). Pendant que tout le monde s’installe, un préposé vient nous distribuer couvertures, draps et coussin. Sympa.

Finalement, le train s’ébranle. J’espérai en profiter pour apercevoir la campagne aux alentours de Mumbai. Peine perdu car d’une part il fait nuit et d’autre part d’où je suis, je n’aperçoit que le bout des traverses qui défilent à travers la petite fenêtre. Du coup, j’ai la sensation d’être dans un avion en vol, avec une bande son légèrement différente et sans « on board entertainment ». Tout doucement les gens se posent et sortent leur casse croûtes, de magnifiques petites cantines remplis de riz et de sauces qu’ils attaquent à l’indienne, avec les doigts. Moi, je me bricole mes sandwichs en essayant de ne pas saupoudrer mes voisins du dessous de miettes. Pas tout de suite en tout cas. Je reprend ma lecture.

Je suis interrompu quelques minutes plus tard par un homme en costume sombre et cravate, muni d’une sorte de listing. Après les salutations d’usages il me demande mon ticket et mon passeport, traitement que je suis le seul à avoir droit. Je lui explique rapidement l’échange de place en compagnie du père de famille qui s’était déplacé, le sympathique bonhomme. Visiblement satisfait, l’officiel coche quelque chose sur sa liste et me rend mon passeport. Je reprend ma lecture.

Régulièrement de jeunes employés des chemins de fer passent le long du couloir avec des timbales en fer et un stock de gobelets en plastique tout en psalmodiant d’une voix monotone: « tchaï, tchaï, abilambilabalbilambalimbalaba, tchaaaïÏ, tchaaaÏÏ ». Sans trop de difficulté (je commence à les connaitre mes amis indiens) je comprend qu’il vend du thé au lait sucré (ou si vous avez tendance à  boire votre thé non sucré, du sucre au lait théié) et un autre truc dont je ne comprends pas la signification. Le bon sens commerçant voudrait que ce soit quelque chose de solide à ingérer pour compléter la boisson. Je reprend ma lecture.

Au bout d’un moment je me rend compte qu’il fait diablement froid dans ce wagon. Un souffle glacé m’arrive sur les cuisses et je constate que je suis à moins d’un mètre de la bouche de climatisation au plafond. Je me couvre avec les draps et la couverture sous le regard abasourdi de mes voisines du dessous. M’en fout, je me les caille. Ils ne savent pas régler une climatisation ou quoi ? Ou alors c’est pour qu’on consomme du tchaï fumant pour se réchauffer. Je reprend ma lecture.

Rapidement, tout le monde se met en position nuit puis vient l’extinction des néons. Plongé dans mon livre, je prolonge un peu la lecture à la faible lueur de la veilleuse. Finalement, je tente de trouver le sommeil en bricolant quelque chose avec mon gros sac à dos et le coussin. Ça devrait le faire, comme on dit.

Je me réveille dans la nuit en me disant qu’il fait quand même drôlement froid ici. C’est pas possible. Je me rendors.

Je m’éveille à la lueur du jour naissant (que c’est beau) et reprend ma lecture. Oui, le temps passe tranquillement mais j’attends que mes voisines du dessous manifestent un signe de vie pour descendre. Je suis trop respectueux des autres, je le sais. Je résiste à la vision fugitive d’un puissant jet de coussin en pleine face de la voisine en sari. Je reprend ma lecture.

Finalement, la vie reprend doucement dans le wagon et chacun se réveille en se grattant l’un le ventre l’autre la nuque, mais les siens. Je décide de ranger mes affaires et de quitter le wagon frigorifique pour la plate-forme entre les deux wagons. Là au moins, on ne risque pas d’attraper une pneumonie en juin, au pire une maladie tropicale, mais j’ai promis d’en ramener une. DSC_5110_DxOJ’en profite pour enfin apercevoir la morne campagne défiler tranquillement (oui, ce n’est pas un TGV). Cette position stratégique entre le cœur du wagon et les toilettes me permet d’échanger des sourires avec mes collègues de chambrées venu se soulager mais également d’engager un peu la conversation avec les deux jeunes de la sympathique (sauf la mère) famille. On parle vacances, trajets en Inde, d’où je viens, … J’ai la nette impression qu’ils prennent plaisir à exercer leur anglais hésitant mais c’est bien agréable de papoter. Le père s’y met à un moment lorsque je lui demande s’il connaît le nom de la gare juste avant Hubli Junction, celle où je dois descendre. On est rejoint par l’autre père de famille qui voulait échanger nos places et, alors que le premier retourne à sa couchette (tout ceci ressemble à une pièce de vaudeville avec ces entrées et sorties), on discute de nouveau de mon voyage en Inde. Bref, c’est le moment du papotage et me dit que décidément, les toilettes, c’est un chouette endroit pour engager la conversation.

Finalement, avec tout ça, le train ralenti une nouvelle fois (oui car toute la nuit il n’a en vérité pas cesser de s’arrêter à quasiment toutes les gares) et le sympathique père de famille sort la tête du couloir et me fait signe que c’est ici pour Hubli. Merci beaucoup. Finalement je descends du train sous les au revoir réciproques des enfants et des deux pères. J’espère que vous avez suivi le casting ?

Sur le quai d’Hubli Junction, je reprends ma chasse au infos pour trouver ma correspondance pour Hospet. Mais je crois que vous avez saisi le principe maintenant.

La sécurité à Mumbai

En novembre 2008, l’Inde à connu son 11 septembre. Plusieurs attentats coordonnés à plusieurs endroits du cœur de la ville touristique ont fait plus d’une centaine de morts, de toutes les nationalités. Je vous renvoi vers l’article Wikipedia pour plus de précisions. Depuis, le gouvernement a décidé de serrer la vis de la sécurité intérieure.

Il semblerait (d’après mon ami sans nom qui me voulait du fric) que la complexité de réservation des trains se soit accru depuis, avec notamment ce fameux besoin de fournir son passeport lorsqu’on est étranger. En même temps, peut on lui faire confiance.

Mais le plus notable c’est la présence de portiques de sécurité à quelques endroits stratégiques de la ville, notamment les endroits précédemment touchées par les attentats avec, entre autres, les gares (Victoria Terminal et Churchgate) et le Gateway of India. J’ai quand même l’impression qu’il y a eu un certain relâchement depuis quelque temps. Bien que ces portiques soient toujours installés ainsi que branchés (deux petites LED verte et rouge en témoignent), ils sont d’une rare inefficacité puisqu’il existe la plupart du temps un autre chemin permettant de rejoindre l’endroit désiré mais ne passant par aucun portique. J’en déduis donc que ce sont des portiques anti-poules et que promis, la prochaine fois, je lancerai un gallinacé à travers pour voir si l’alarme se déclenche. A ma première arrivée à Churchgate, pour quitter les quais, je suis resté un peu interloqué devant la rangée de portiques électroniques en m’interrogeant sérieusement sur un éventuel piège (ou caméra) caché. Garçon bien élevé, je suis passé à travers le dispositif de sécurité malgré la présence à ma gauche d’une voûte menant très clairement vers la rue (comme l’attestait ma vision et mon ouïe). Rien ne s’est passé. Ce qui confirme que je ne suis pas une poule.