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Bondi

Si vous êtes un peu versé dans le surf, ou tout simplement doté d’une flatteuse connaissance géographique, vous n’êtes pas sans savoir qu’à Sydney, on trouve de nombreuses plages. Ceux qui répondent à l’un des deux critères précédents doivent me voir venir à des kilomètres, surtout au vue du titre de ce billet. L’une des plus célèbres, si ce n’est LA plus célèbre, voir la SEULE connue (j’arrête les majuscules, ça me donne mal à la tête de les lire) est Bondi beach.

Petite précision, on prononce pas cela à la française « bondi » comme dans « petit » mais à la je ne sais pas quoi en y rajoutant un peu d’ail au bout pour que ça donne « bondaï ». Pour être tout à fait précis, la formulation correcte selon les critères autochtones serait plus particulièrement « bond » comme dans « James Bond » suivi de « aïe ». Tout ceci est extrêmement important. Je suis là pour vous faire voyager. Faudrait pas prendre ça à la légère car vous seriez capable de vous ridiculiser lundi matin à la pause café en parlant de « bondih bitch ».

DSC_7680_DxOBondi beach donne sur l’océan Pacifique ce qui est, encore une fois, une façon anthropocentriste de dire que le Pacifique lèche Bondi beach. Hors, ce n’est pas la seule à Sydney. Tout le côté orientale de la ville est ponctué de plages, des grandes et des petites, en arc de cercles voir au fond de petites criques charmantes. Il se trouve que Bondi est une des plus grande, notamment du côté sud de la baie (là où tout ce qui vaut d’être vu ce trouve, je dirai, en m’avançant un peu vu que je n’ai pas foutu les pieds au nord depuis 30 ans) mais elle est surtout connu car c’est un bon spot de surf et parce qu’on y trouve les historiques « lifeguards » avec leur ridicule bonnet de bain. C’est bien d’ailleurs la seule chose ridicule chez eux, car hormis cela, ils sont dotés de physiques et d’aptitudes sélectionnés de manière drastique. Un jour plus tôt, un jeune de 17 ans est mort en se préparant aux épreuves de sélection. Et dire qu’on trouve que l’entrée à l’ENA est sélectif.

Ces « lifeguards » sont là pour protéger les gentils baigneurs et surfeurs de moult dangers, notamment du requin au regard vide et morne mais également à la lippe molle car il a toujours la bouche entrouverte. Je dis ça mais en me relisant je me rend compte que c’est complètement débile. Ce n’est pas un « lifeguard » qui va protéger qui que se soit d’un requin. Au mieux, il ramène votre tronc amputé des deux jambes dare-dare à la plage. Non, il est surtout là pour sauver des noyades et siffler au soupçon de présence de squale en tout genre mais tout ceci, depuis 1913, excusez du peu. Je ne précise même pas que ce ne sont pas les mêmes depuis 1913 sinon ce serait extrêmement condescendant.

Mais Bondi, c’est également le quartier autour et derrière la plage. Ce dimanche, deuxième jour à Sydney, nous avons décidé avec Romain (que j’avais finalement vu la veille au soir avec Veronika, sa femme, mais je vous en narrerai les détails plus tard) de passer la matinée à longer la côte en partant de la célèbre plage. Nous nous retrouvons tout les deux à Bondi Junction, un nœud de transport mais également un grand centre commercial (je sais qu’il y en a que ça intéresse de savoir cela), pour ensuite prendre le bus vers Bondi beach.

Faire cette balade un dimanche, c’est l’assurance d’avoir un petit bain de foule. Fort heureusement, c’est loin d’être la cohue et c’est même particulièrement vivant. De plus, la météo a décidé de nous faire plaisir : 25°C et franc soleil sous un ciel bleu profond. Ici, c’est déjà l’été. On comprend ensuite pourquoi l’Australie souffre d’un nombre important de cancers de la peau.

DSC_7681_DxODans le rayon « lieux dont je me souviens », Bondi beach tient le haut du pavé. A ceci, une raison très simple : mon école se trouvait un peu plus loin sur les hauteurs. Nous y allions donc de temps en temps et notamment dans une pizzeria qui faisait une pizza aux fruits de mers à tomber. Les souvenirs d’enfant ne sont absolument pas hiérarchisés. Je ne suis pas allé vérifier si elle existait encore. En tout cas, je me souviens parfaitement de ce croissant de sable entouré de hauteurs couverts de maisons et habitations qu’une rue sépare de magasins et restaurants. Autre souvenir très précis, la piscine à un bout de la plage alimentée en eau de mer, toujours présente et même rénovée.

DSC_7682_DxOEn ce magnifique dimanche de fin d’hiver, des gens se baignent et des surfeurs attrapent les quelques vagues en combinaisons néoprène. Mais Bondi, c’est également le lieu à Sydney dédié au culte du corps. Toute proportion gardé, ça n’a rien à voir avec Venice beach, à Los Angeles. Non, ici c’est moins extravagant même si c’est un endroit pour voir et être vu, surtout si on est jeune, beau et musclé. A Melbourne la culture et l’art, à Sydney les biceps, le surf et la plage. Je caricature, bien entendu.

Une foule de badauds se promène le long du front de plage ou du front de mer en empruntant le fameux chemin que nous allons suivre. La côte ici est plutôt rocailleuse et de petites falaises dominent l’océan. Les plages sont situés dans de vastes anses comme Bondi ou dans de plus petites criques. L’eau y est d’ailleurs magnifique.

DSC_7685_DxOOn peut comme cela marcher sur plusieurs kilomètres au dessus de l’océan pour ensuite redescendre vers une nouvelle plage, successivement Tamarama, Bronte, la minuscule Clovely puis Coogee, la cousine par la taille de Bondi, au sud. Encore un peu plus loin, on peut rejoindre la grande Maroubra. Tout ceci est bordé de maisons et petits appartements, les environs étant extrêmement courus, bien évidemment. D’après Romain, l’immobilier est hors de prix par ici et j’ai une pensé pour Adam, mon guide à Kakadu, ainsi que Nick et Jane, les deux néo-z rencontré là bas, qui ont tous les trois une maison par ici.

DSC_7683_DxONous continuons notre très agréable promenade en papotant, Romain ayant maintenant un très bon aperçu de la vie australienne. Ça fait déjà cinq ans qu’il y est, même si côté accent, c’est encore un peu frenchie (Romain, ne prend pas ça personnellement). Arrivé à un nouveau promontoire où se trouve un petit monument, j’aperçois un grand gaillard appuyé sur un bloc rocheux, prenant le soleil, les yeux mi-clos. Intrigué, je m’approche. Pas de doute, je reconnais Samjin, l’anglais d’origine bosniaque de Stoke-on-Trent, rencontré à Melbourne pendant ce fameux pub crawl. Hey ! Je lui sert chaleureusement la main et lui présente Romain. Il est arrivé à Sydney hier soir et est hébergé à Bondi par des amis à sa sœur. C’est sa première sortie dans la ville et je lui propose donc de se joindre à nous pour poursuivre la ballade.

DSC_7684_DxOC’est donc maintenant en trio que nous bavardons, notamment de politique australienne, la campagne pour l’élection du premier ministre étant toujours en cours, tout en suivant le chemin. Pour changer, nous longeons un club de lawn bowling, où de vieux messieurs (et des moins jeunes personnes des deux sexes) s’amusent à ce jeu proche de la pétanque. Parce que cela a été inventé par les anglais qui ne sont pas les derniers pour inventer des règles tordues, le lawn bowling (littéralement le bowling sur pelouse) se joue avec une grosse boule non sphérique à la trajectoire hasardeuse. Avec la mer et le soleil, c’est tout un parfum colonialiste anglais qui se dégage.

Finalement, nous redescendons de nouveau vers une grande plage semblable à Bondi, en plus modeste néanmoins, mais également longée par une rue où se massent des restaurants et des cafés. Voici Coogee beach. Il est juste midi et je suggère d’aller manger une pizza, histoire de profiter un peu de cette ambiance estivale. On se décide sur un restaurant italien et, dans un soudain changement d’humeur, je commande des spaghettis bolognaises (et non pas gabonaises comme me le suggère idiotement mon correcteur orthographique). Ça faisait très longtemps que je n’avais pas parlé de nourriture, tiens. Vous allez finir par croire que je ne me sustentait plus. En tout cas, tout ceci est un cul de sac narratif car les spaghettis n’ont absolument aucune espèce d’importance dans ce qui va suivre.

Une fois rassasié en cette bonne compagnie, nous repartons en sens inverse, toujours le long du chemin côtier. C’est une fois revenu à Bondi beach que nos chemins se séparent. Romain s’en retourne chez lui, non sans m’avoir invité à passer mes quelques nuits restantes chez Veronika et lui, alors que Samjin poursuit plus au nord. Quand à moi, j’ai un but, retrouver mon ancienne école et clore ainsi le chapitre Bondi par un brin de nostalgie. Ou pas, finalement.

Je tente de me repérer et de rassembler mes souvenirs pendant quelques secondes. Ma mémoire me souffle qu’il faut que je monte sur les hauteurs, l’école dominant la mer à bonne distance de la plage. J’ai une vision d’une rue qui descend vers la plage au sud. Je regarde autour de moi et aperçoit deux candidates, dont une qui monte plus fort que l’autre mais surtout qui se nomme « Bondi road ». Ça me paraît pas mal. Je l’emprunte.

DSC_7695_DxOAprès une montée un peu raide, la rue se poursuit en ligne droite dans un long faux plat montant. Des commerces de chaque côté ne m’évoquent rien. En même temps, en trente ans, il peut se passer beaucoup de choses. Je continue à suivre la rue même si j’avais souvenir que l’école était vraiment proche. Je me raisonne en me disant que je faisais le trajet à l’arrière d’une voiture. Aujourd’hui, je suis à pied.

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DSC_7690_DxOFinalement, un panneau indicateur accroche mon regard : « Bondi Public School ». Je suis la direction dans une rue perpendiculaire et quelques dizaines de mètres plus loin, m’arrête. Damn, je reconnais ce bâtiment derrière cette grille. Même s’il est plus petit que dans mes souvenirs. Je ne nierai pas qu’une certaine émotion s’est emparé de moi, même si elle n’était pas d’une violence extrême. Je poursuit en longeant la grille pour finalement atteindre l’entrée principale. Deux jeunes adultes jouent au basket à l’intérieur et une jeune mère accompagné de son petit garçon discute avec une autre femme plus loin. Dommage pour la discrétion. Je vais passer pour un pervers à roder autour d’une école primaire.

C’est toujours assez étrange de voir des bâtiments de longues années après. Dans l’ensemble rien ne s’est transformé alors que des détails ont changés. On est presque vexé que les choses DSC_7693_DxOchangent en notre absence. Ou alors, pour faire une phrase facile et creuse, c’est nous qui changeons. Certes, tout paraît plus petit mais indéniablement, certains bâtiments ont été restaurés, d’autres construits ou les panneaux de baskets posés. Ce n’est pas que moi. Finalement, je suis un peu déçu quelque part. Ça me paraissait plus grandiose, plus inquiétant. Quel est l’intérêt de revenir, finalement, hormis de remettre les choses en proportion, de combler des trous, d’affiner les souvenirs ou de se retourner pour replacer tout ceci dans un contexte plus large. Comme dans un film, j’ai des flashs de moi dans la cour, là bas, DSC_7694_DxOjouant à chat perché ou sortant d’un atelier de menuiserie de ce bâtiment au fond, ou encore de la voiture de ma mère, une Mazda 323 grise, m’attendant sur le trottoir.

Au final, je n’ai aucune nostalgie. Ce qu’il y a à faire m’intéresse plus. Je prend quelques photos discrètes pour la famille et repart vers Bondi Junction, sans me retourner. En chemin, je repense quand même aux institutrices et camarades de cette époque. Et dire que j’étais en uniforme gris, là bas. Pfff.

Sydney CBD

DSC_7660_DxOJe crois qu’il y a quelque chose de biaisé dans le constat que je m’apprête à faire. Attention, c’est d’une grande généralité mais, avec toutes les pincettes dont je peux me fournir, je trouve, moyennant les précautions d’usages, que le centre ville de Sydney, soit le fameux CBD (Central Business District selon la terminologie australienne, je vous rappelle), est bien… il est drôlement inintéressant.

DSC_7821_DxOAttention, attention. Si vous n’avez jamais vu de ville avec de grands gratte-ciels en verre à l’américaine, allez-y, régalez vous. A part cela, c’est certes photogénique lorsqu’on lève le nez en l’air, surtout si vous aimez l’architecture moderne (moi, par exemple, je suis un grand amateur de ciels bleus nuageux se reflétant dans les immeubles en verre) mais force est de constater qu’au niveau du sol, on y trouve essentiellement des banques, des assurances ou des magasins de luxes. Je caricature énormément. En tout cas, je trouve le CBD de Sydney froid, distant et, sans être anarcho-communiste à tendance bolchévique dur pourfendeur du grand capitalisme, fort distant de certaines de mes valeurs qui fluctuent un peu en fonction de mon humeur autour d’un point vaguement central. J’m’y sent pas chez moi, quoi.

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DSC_7668_DxOPour faire encore plus simple et totalement dans l’émotionnel au premier degré, ça a le goût et l’odeur de Wall Street sans en avoir l’attrait sulfureux. Si on exclu les banques, j’ai toujours un certain sentiment d’écoeurement en voyant tous ces mégas magasins ultra lisses et clinquants dédiés à des marques d’ultra luxe ou ces voitures haut de gammes d’où sortent des messieurs aux costumes trois pièces dénués d’imagination (en tout cas, à première vue, vestimentaire). Ça fait parti de mes paradoxes d’admirer le travail sans concession DSC_7675_DxOnécessaire à la création de ces admirables produits alors que je suis rempli de réprobation quasi méprisante pour les gens qui les achètent. En vous disant tout cela, je sais que je ne suis pas du tout objectif. Bien que le CBD de Melbourne héberge également des grandes corporations financières et des magasins de grand luxe, il y a un côté arty culturo-trash que je trouve sympathique. Au CBD de Sydney, je ne l’ai point vu.

Car, si je suis honnête intellectuellement, j’admet que la comparaison est injuste, n’ayant pas vraiment visité ce centre ville de Sydney de la même manière qu’à Melbourne. Ici, point de pub crawl ou de visite guidée gratuite par un passionné de sa ville. Un schéma se dessine : la comparaison est impossible tant qu’on ne reproduit pas à l’identique un mode de visite. Au final, je peut donc dire que je n’ai pas aimé mon expérience dans le CBD de Sydney alors que j’ai été enthousiaste par celle vécu dans celui de Melbourne. Je ne peut pas être plus honnête DSC_7665_DxOintellectuellement que cela.

Maintenant que j’ai déversé mon fiel et mon dégoût, place à des images et quelques trucs plus positifs. Tout d’abord, j’ai le souvenir de mon précédent passage ici d’une petite place dans le CBD où avait lieu régulièrement des concerts gratuits. Je ne l’ai pas retrouvé. Mes souvenirs doivent être flous sur ce point. Il y a bien quelques endroits qui ont fait tilt mais, par exemple, je n’ai aucun souvenir de l’hôtel de ville, qui est pourtant imposant. Quand on est gamin, on ne s’intéresse pas à ces choses là. Autre souvenir du CBD, l’Alliance Française où on allait régulièrement emprunter des livres ou des bandes dessinées. Bon, certes, je n’ai pas passé la journée à la chercher. N’empêche que j’aurai eu les yeux embrumés de tomber dessus par hasard. On n’est pas fait de bois, tout de même.

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Tiens d’ailleurs, maintenant que j’en parle de mes souvenirs, j’en avais un vague d’un train mono-rail en construction dans le centre ville (Je viens de vérifier sur internet, sa construction a été terminé en 1988. C’est donc fort possible que je ne divague pas). Effectivement, les voies sont toujours là, suspendues au dessus de la route et pénétrant parfois directement dans les immeubles. C’est d’ailleurs en les voyant que j’ai eu un flash (Ahaaaaa!). Par contre, malchance ultime, il a fermé en juin de cette année. ‘Tain, à deux mois près. Non, parce que c’est pas tout les jours qu’on peut faire un tour de train monorail, je suis désolé.

DSC_7673_DxODans le registre de choses vues dont je n’ai aucun souvenir, dans une rue piétonne, j’ai eu la chance de tomber sur un jeune homme, doué, en train de réaliser une performance musicale, lui, sa guitare, sa bouche et un enregistreur en boucle. Il y a peu de chance que je m’en souvienne vu qu’il était pas né en 1980. En tout cas, sur le cul j’étais (notez cette terrible inversion sujet verbe des plus classieuse). Je trouve ça toujours impressionnant de voir des gens avec un talent incroyable (qui n’est que du travail motivé par la passion, d’après moi et d’après Jacques Brel qui disait si justement « le talent, c’est l’envie ») être en représentation, là, juste en bas de chez moi (façon de parler). A Toulouse, je n’en croise pas des masses des gens comme ça ou alors l’occasionnel joueur de flûte de pan ou d’accordéon qu’on a envie de payer pour qu’il se taille. Mon Jack, lui, je lui ai filé des dollars, parce qu’il est trop fort. En plus il a pris le temps de me remercier, devant tout le monde alors que je n’étais pas le seul. Et brave garçon avec ça.

Harbour Bridge et the Rocks

Vous allez encore me traiter de menteur et de manipulateur mais je vais de nouveau déroger à la chronologie. Pire, je vais fondre deux expériences en une seule, en vous faisant croire que les deux ont eu lieu le même jour. N’en croyez rien. Tout ça pour vous dire que ce Sydney Cove, j’y suis revenu un autre jour pour visiter le pont d’un peu plus près.

DSC_7641_DxOSi on continu sa promenade en provenance de l’Opéra vers le CBD, on parvient à Circular Quay, le nom des quais abritant les terminaux de ferries, au bout du CBD et au creux de Sydney Cove. C’est un lieu assez vivant (notamment car c’est une des stations de métros principales), qui doit l’être encore plus aux heures de pointe, d’où des ferries font de fréquentes rotations vers les différents endroits de la baie. C’est également ici que l’on peut s’acheter un billet pour une visite guidée sur bateau ou encore payer la somme astronomique de 200 à 300$, suivant la période de la journée, pour grimper au sommet du Harbour Bridge. C’est drôlement tentant mais c’est également drôlement astronomique. Tenez, je viens d’apprendre sur le web que des gens de la trempe de Matt Damon et Kylie Minogue l’on fait. Le jour où je serai connu, je veux bien y revenir. Peut être qu’on me le paiera.

Chose assez incongrue, une voie rapide et une ligne de métro chapeautent les terminaux. Fort heureusement, elle sont plutôt discrètes dans l’ensemble et un ascenseur ou un escalier permet DSC_7614_DxOde rejoindre le trottoir piéton qui la longe la voie routière. C’est en suivant ce trottoir que vous pouvez atteindre plus loin un autre escalier permettant de monter au Harbour Bridge. Mais ça, je ne le sais pas encore.

Moi, je continu au niveau de la mer à contourner Sydney Cove pour me retrouver en face de l’Opéra. Le Harbour Bridge (littéralement le pont du port) part également d’une péninsule (la baie de Sydney est essentiellement une répétition de péninsules encadrant de petites baies) abritant le quartier historique nommé les Rocks. Du côté de Sydney Cove, des vieux bâtiments et des entrepots de brique ont été restaurés pour héberger des restaurants, bars ou magasins. C’est également ici qu’accostent les bateaux de croisière et justement, aujourd’hui, un énorme spécimen blanc s’y trouve, histoire d’ajouter une nouvelle touche d’exotisme à un tableau déjà bien rempli.

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DSC_7780_DxOUn peu plus loin, au pied du vénérable pont, votre hôtel. Je dis le vôtre parce que moi je ne pourrait pas me le permettre financièrement. Le Park Hyatt vous propose un hébergement avec vue sur l’Opéra, quasiment au pied de l’eau. Carrément classe même si je constate qu’en fin d’après midi, il se retrouve à l’ombre des immenses piliers du pont. A ce prix là, je trouve ça lamentable.

Bien évidemment, je n’ai pas pu résister au plaisir de passer sous le pont, expérience facilitée par la présence d’une promenade piétonne, continue depuis Botany Park. Bon, c’est gigantesque. Il y a beaucoup de rivets, beaucoup de métal et ça fait mal au cou, à DSC_7786_DxOla longue, de regarder en l’air. Mais quelle perspective, quelles fuyantes, les amis. Regardez-moi ça ! Moi, je ne m’en lasse pas. Il a été construit dans les années 30 et relie le nord et le sud de la baie. Je me demande bien ce qu’il y a au nord pour que ça mérite qu’on le relie au CBD. Pour les collectionneurs de chiffres, c’est le pont métallique à arche le plus large du monde avec 49m de large. C’est totalement inutile de savoir ça, donc je vous le livre. Il n’y DSC_7788_DxOa pas de quoi.

Un truc marquant, je trouve, est de voir à quel point cette baie est active. Il y a bien entendu les ferries mais également des voiliers, petits bateaux à moteurs et même des tankers qui vont et viennent sous ce pont. Allez, je craque. Il y a 49m de dégagement entre la mer et la base de la voie. Oui, je trouve ça également fou que ce chiffre 49 revienne une nouvelle fois en sachant que c’est 7 fois 7 (une enclume sur la tête de ceux qui ne le savait pas). C’est mystique au carré.

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DSC_7790_DxOBon allez, c’est pas le tout mais faut continuer. On passe donc de l’autre côté du pont pour pénétrer dans un quartier de pontons et entrepôts restaurés et transformés, encore une fois, en hôtel. Ceci dit, un peu plus loin, on pénètre dans une zone de veilles maisons pleines de charmes, tout à fait au calme. En tournant le dos au pont, je remonte une rue tranquille.

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Je tombe finalement sur un panneau indiquant un accès piéton au pont. C’est complètement irrésistible. Je monte donc des escaliers, passe dans un petit tunnel puis emprunte un nouvel DSC_7802_DxOescalier de l’autre côté (celui de Sydney Cove) pour me retrouver enfin sur un passage réservé. Rapidement, le vent se fait sentir. Au niveau du pilier, des ascenseurs payants permettent de monter encore un peu plus en hauteur. C’est déjà pas mal d’ici. De manière amusante, on marche quasiment au niveau du sommet de certains immeubles que l’on peut observer de près. En tout cas, la vue est vraiment superbe.

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Quelque part, le pont et la voie rapide qui le traverse coupent les Rocks en deux. Côté Circular Quay et Sydney Cove on y trouve notamment beaucoup de bars ou théâtres, contrairement à l’autre partie, nettement plus résidentielle. Si vous vous demandez pourquoi ce quartier s’appelle « the Rocks », n’allez pas chercher bien loin. Cette petite péninsule est assez rocheuse.

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Une fois revenu à Circular Quay, il ne nous reste plus qu’à plonger dans le CBD.

La maison à Opéra

Non, sans déconner, c’est vrai. Ben si, ça l’est, et même drôlement. Et puis, ne faites pas semblant d’être d’une inculture crasse, enfin. Ça va finir par être crédible. Il est indéniable que l’Opéra de Sydney est un des monuments modernes les plus reconnaissables au monde. Elle est complètement dans le top 10 avec la Tour Eiffel, la Statue de la Liberté et Big Ben. Lorsqu’on la voit, admettez que l’on est de suite convaincu de ne pas être à Strasbourg, Dunkerque ou Montastruc-la-Conseillère. Si en plus, dans la perspective, vous apercevez un grand pont métallique à l’allure de demi-cercle, les indices sont forts et convergents pour que vous soyez à Sydney.

DSC_7607_DxOPour mes retrouvailles avec la dame en forme de coquilles blanches, j’ai de la chance, il fait un grand soleil, plutôt bas sur l’horizon, et de plus, on est samedi. Il y a donc un peu de monde, mais rien de déraisonnable, sur la promenade. Bien évidemment, je me souviens très bien du lieu, même trois décennies plus tard.

Allez, hop ! Un peu d’anecdotes que, vous pensez bien, je n’ai pas sorti de ma mémoire. Ce bâtiment que je trouve, personnellement, fort joli, c’est construit dans la douleur. Dans les années 50, après un appel d’offre, on choisit le projet d’un architecte suédois, porteur du projet actuel. Pour le moment, ce n’est pas une cause de douleur, rassurez-vous. On avait choisi le lieu, situé au bout d’une petite péninsule comme il y en a de nombreuses dans la baie, entre Sydney Cove où se situe les terminaux de ferry et Farm Cove qui borde Botany Park. Il est important que vous vous représentiez les lieux. Bon, en fait, non. On s’en tape. La douleur fut la facture. A l’origine prévu à 7 millions de dollars australiens, la douloureuse s’éleva à plus de 100. Ça refroidit.

Je n’ai pas les détails du pourquoi et du comment de cette crevaison de budget, mais sachez que l’architecte d’origine (suédois, rappelez vous) quitta le projet avant la fin, suite à un différent avec le gouverneur de la Nouvelle Galle du Sud. Ça n’a pas du aider. Un groupe d’architectes locaux finit donc la construction qui dura plus de 10 ans. A sa complétion, le résultat fut décrié, mais franchement, malgré tout ces déboires, je pense que personne ne regrette. Rien de tel qu’un monument à la forme unique pour mettre une ville sur la carte. Ah, j’oubliai. Accessoirement, il y a des concerts et des opéras dedans. Ce n’est pas qu’une coquille vide pour faire joli.

Ce qui a de plaisant lorsqu’on se ballade autour de l’opéra, c’est cette vue exceptionnelle sur la baie, le pont et le CBD. Rien de tel qu’un grand espace dégagé rempli d’eau pour donner du cachet. Un peu de verticalité à un bout avec une masse de gratte ciel, un treillis métallique se découpant en ombre chinoise face au soleil sous la forme d’un pont et le cri des mouettes. Vous y êtes. Parce que, ce qui est vraiment classe avec cette opéra, c’est son intégration dans le décor. Je ne suis pas sur qu’elle aurait eu le même impact si elle avait été construite en pleine ville. La même chose peut être dite du pont, le Harbour Bridge, d’ailleurs, maintenant que j’y réfléchi. Bref, ce qui est magnifique c’est l’alliance de ces éléments : la mer, l’Opéra, le pont, les gratte ciels du CBD. Pris séparément, ils sont certes jolis mais pas exceptionnels. D’ailleurs, on passe plus de temps à tourner le dos au bâtiment en profitant du panorama.

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Moi, c’est bien simple, j’ai envie d’acheter un appartement au 8ème étage d’un immeuble donnant sur Sydney Cove, au pied de l’Opéra avec vue sur le pont, le CBD et le terminal de ferries. En DSC_7619_DxOplus, étant plutôt attentif à ce genre de détail, lorsqu’on contourne l’Opéra (je persiste à mettre une majuscule) on note plusieurs bars branchouilles au pied de l’eau, avec DJ ou groupe musical le samedi ainsi qu’un cinéma plutôt art et essais à l’excitante programmation mais également un glacier. En somme, la base de la vie. Mais comme je ne suis pas foutu d’avoir des goûts différents des autres, il y a environ un million d’autres péquins qui ont la même envie que moi et qui font sottement grimper les prix jusqu’à rendre mon légitime souhait totalement inabordable.

Notez tout de même qu’il y a des villes, comme ça, je n’en citerai pas pour ne point vexer, qui ne DSC_7631_DxOprovoquent en moi aucun fantasme comme décrit juste au-dessus. Bon allez, si, je cite. Prenons Vierzon, par exemple et pour changer de Chalon-sur-Saône. J’y suis pourtant passé de nombreuses fois, notamment autour de la gare, chaque weekend pendant mon service militaire. Pendant tout ce temps, jamais je ne me suis dit « Té ! J’aimerai bien vivre là, dans cette magnifique maison de ville donnant sur l’église ». Pendant que j’y suis, Adélaïde non plus ne m’a pas inspiré de telles pensées, même si je confirme qu’elle est agréable et sympathique. Il faut autre chose du domaine du déraisonnable pour qu’une ville me fasse rêver, comme exploser un budget sur un opéra aux tuiles auto-nettoyantes posée comme une proue dans une baie.

Je peut donc vous le dire, si jamais vous avez de l’argent à perdre : passer quelques mois de l’année sur Sydney Cove, je ne dis pas non.

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Retour à Sydney

Le temps file, finalement. J’arrive dans un pays et j’ai un mois devant moi. Je peine à trouver des idées pour occuper ces jours, hésitant entre maximiser les choses à découvrir et prendre son temps, et puis tout à coup, un matin on se retrouve avec plus qu’une petite semaine de jours dans le pays. C’est assez écoeurant de dire ça lorsque la plupart des gens n’ont, justement, qu’une seule petite semaine de vacances en un endroit mais je suis dans un autre rythme.

Pour ma dernière étape australienne, j’ai gardé quelque chose de spécial pour la fin. Je retourne à Sydney, plus de trente ans après. Oui, car pour ceux qui ne connaissent pas mon background, j’ai eu la chance d’habiter deux ans et demi, petit enfant, dans la capitale de la Nouvelle Galle du Sud au tout début des années 80. Autant dire que je vais redécouvrir la ville, re-parcourir des lieux déjà vu mais dont je ne me souviendrai pas ou bien retrouver (ou pas) des sensations oubliées.

Autre particularité de mon séjour à Sydney, je vais également revoir l’ami Romain, un ancien étudiant que j’ai eu à Chalon-sur-Saône, immigré ici depuis quelques années. Ce sera parfait pour faire un point comparatif avec lui de ce que j’ai ressenti dans le pays.

Je quitte donc Melbourne un samedi matin très tôt et, par voie aérienne parce que, parfois, il y en a marre d’être terrien, atterri de nouveau à Sydney. Pour le moment, aucun déjà vu. Un aéroport est un aéroport. Après avoir récupéré mon gros sac à dos, je prend le train pour le centre ville. A travers la vitre, rien de spécial ne déclenche un souvenir. Heureusement, il fait beau et doux.

DSC_7777_DxOJe descend à la gare centrale et me met en route le long d’Elizabeth street à la recherche de mon auberge de jeunesse. Je suis devenu complètement accroc à ce mode d’hébergement. Enfin, disons que moi et mon portefeuille on s’est mis d’accord pour trouver ça chouette. Au loin, à quelques centaines de mètres, de grands immeubles en verre signalent le CBD. Toujours rien de familier. Je récupère les clés de la chambre, pénètre dans un dortoir sombre de trois lits superposés où un type est encore en train de dormir en fin de matinée.

Je prend cinq minutes pour appeler Romain au téléphone et on se met d’accord pour se rappeler plus tard afin de se synchroniser pour se retrouver ce soir en ville boire un coup et manger. Depuis le téléphone portable, on note un pic de procrastination en ce qui concerne la prise de rendez vous. Je repart aussitôt à la recherche d’un coiffeur recommandé par la fille de l’accueil. Quelques rues plus loin je repère la petite échoppe de barbier tenu par deux types d’origine moyen oriental. Je suis le seul client et l’un d’eux pose son magasine pour s’occuper de moi. En dix minutes, il règle mon affaire et pour 15$, je repart avec la nuque fraiche. Ca tombe bien, le temps est printanier. Ceci dit, je n’ai toujours pas reconnu quelque chose de familier.

Je part ensuite faire quelques courses de base (brosse à dent et dentifrice, preuve que je me soucis encore de mon hygiène) et après avoir passé sous les voies de chemin de fer, me retrouve aux portes de Chinatown. L’endroit est vivant et riche en magasins mais je n’ai toujours aucun souvenir de l’endroit. Pourtant, Chinatown, ça devrait DSC_7566_DxOmarquer. Le truc c’est que j’ai des images précises de choses mais tant que je ne tomberai pas dessus, il n’y a aucune chance que je sache où elles sont.

Je revient à l’auberge déposer mes achats puis repart faire une première véritable ballade touristique en direction du CBD. En remontant Elizabeth street, assez rapidement les immeubles deviennent plus imposant et je me retrouve soudain au pied de grands bâtiments en verre.

Je longe un parc avec un monument en son centre. Je m’approche pour voir si ça ne déclencherai pas un flash. Rien. Par contre, j’aperçois plus loin,DSC_7570_DxO longeant le parc, un grand bâtiment à l’allure néo-classique. Première émotion. Ce pourrait-il que ce soit ce musée où, enfant, j’avais effectué une sortie scolaire pour y voir une exposition géologique et surtout un gigantesque squelette de baleine suspendu en l’air ? C’est bien lui, l’Australian Museum, sauf qu’il a sérieusement rapetissé par rapport à mes souvenirs. Me voilà rassuré. Je ne me suis pas trompé de ville.

Je poursuit mon chemin jusqu’à la cathédrale qui ne m’inspire rien. C’est une cathédrale vaguement gothique comme il en existe de nombreuses. Deux ou trois couples en habits de mariés et à la face bienheureuse se font mitrailler par des photographes accompagnés de leur assistants luttant contre l’ennui en tenant d’un air détaché un DSC_7578_DxOréflecteur dans la main. Les gens n’ont donc aucune imagination. C’est d’un triste de faire un demi tour de la planète pour constater les mêmes clichés.

Sur le parvis, j’aperçois de l’autre côté du parc deux immeubles qui me disent vaguement quelque chose. L’un d’eux ressemble à une tour radio gigantesque et l’autre possède une forme octogonale. J’ai un souvenir de diner pris dans un restaurant panoramique rotatif, au sommet d’une tour comme celle-ci. Rassurez-vous, ce n’est pas moi qui payait.

Je continu en passant derrière la cathédrale et rejoint le coin d’un nouveau parc. Un bâtiment à l’aspect curieux titille quelque chose en moi. C’est le conservatoire de musique. Allez savoir, peut être y suis-je déjà DSC_7594_DxOaller. Par contre, si je ne suis pas complètement abruti, je ne devrai pas être loin de Botany Park, le parc jouxtant le CBD et l’Opéra (avec un « o » majuscule car il s’agit de l’Opéra de Sydney, pas n’importe quelle vulgaire salle d’opérette) et abritant un jardin botanique. Ça, je m’en souviens car il faisait parti du circuit touristique classique lors de la venue de membres de la famille venu d’Europe. Aucune chance que je me souvienne du nom des arbres et des essences qui s’y trouvent, par contre.

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J’emprunte les sentiers du parc et observe les nombreuses personnes posées sur les pelouses, profitant de ce chaud et agréable soleil de fin d’hiver. La température doit avoisiner les 22°C. Irrésistiblement, je suis attiré vers l’eau. S’il y a bien quelque chose qui m’a marqué à Sydney, c’est l’omniprésence de la baie. Elle était partout, à chaque coin de rue, pleine de recoins et d’activité, de ferrys et de voiliers, obstacle coupant la ville en deux mais également voie de transport. Je m’approche du muret et profite quelques instants de ces retrouvailles. Moi, l’eau, je crois que ça m’apaise.

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Je suis le chemin qui longe la rive, sachant pertinemment que chaque pas me rapproche de la reine des lieux, le co-emblème de la ville et un des monuments mondiaux les plus reconnaissables entre tous. De l’Opéra et du Pont, je garde un souvenir très vif. Et puis d’abord, c’est simple, tout le monde s’y dirige.

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