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J’aime ma banque

Avertissement : ce billet sera plein de fiel, de rage et de crachats. Si vous êtes sensibles du gros mot, passez votre chemin.

Connasse de banque. Imbécile de banquier. Saleté d’écureuil rhône-alpin.

A l’ère d’internet, j’imaginais que ma vie de nomade voyageur serait simplifié en de nombreux points par la présence quasi-généralisée du WiFi et du fait que je me trimballe environ 3 kg d’ordinateur portable depuis la fin mai. Cela s’est avéré vrai pour la réservation des hôtels, des tours, pour la location de voitures et pour savoir ce qu’il y avait à voir autour de moi. Par contre, ce fut également l’occasion d’un crash test avec ma banque qui n’a pas trop survécu à l’exercice. Heureusement, personne n’est mort et ce que je vais vous narrer peut aisément se classer dans la catégorie « problème de riche ». De toute façon, tout a été dit sur les banques modernes. Je ne fais que pisser dans l’océan d’urine déjà déversé, à juste titre, sur elles.

J’ai régulièrement depuis mon départ de Toulouse quelques soucis avec ma carte bleue. Déjà, en France, il arrive que certaines transactions soient refusées pour d’obscures raisons. Je ne vais pas donc en faire un fromage à l’étranger. Je passe même sous silence les grasses commissions que l’on nous facture en cas de retrait ou d’opération. Tout travail mérite salaire et les commissions des agents de change ne sont pas forcément plus avantageux.

De plus, j’ai fait renouveler ma carte bleue il y a environ deux ans et ma gentille banque (en l’occurrence l’écureuil Rhône-Alpin, qui comme une horrible poupée de film d’horreur s’est mué depuis sa création de sympathique animal en peluche en rongeur écumant au regard dément) m’a proposée, en la personne de mon conseiller personnel (le personnel devant être compris dans le sens « ce joueur de foot est vraiment trop personnel »), une nouvelle carte top moumoute munie de son propre crédit renouvelable au taux exceptionnellement usurié de deux chiffres. Devant ma moue dubitative (celle que j’adopte à la plupart de mes rendez vous avec mon banquier, que je trouve aussi passionnants qu’une vidéo d’entreprise) il m’a finalement convaincu en m’expliquant qu’elle était également munie d’un second pouvoir me permettant de bénéficier d’une extension de garantie sur tout les achats de matériel effectué avec. Bon, soit. Je comptais acheter du matériel. Admettons. Voilà encore une preuve que je suis un peu trop lâche avec mon banquier ou bien qu’il est particulièrement versé dans l’acte commercial. Déjà, à l’époque, je subodorait fortement que mon banquier était en réalité un vendeur de tapis et mauvais acteur avec ça, surtout lorsque je lui ai demandé combien il touchait en commission pour chaque carte à crédit renouvelable vendue. En me regardant droit dans les yeux, il a protesté.

Tout ça pour dire qu’arrivé en Australie, subitement, j’ai été confronté à un dilemme terrible au moment d’utiliser ma carte bleue dans les bornes de retrait mais également dans les commerces. Sachez que là bas (mais également en Nouvelle-Zélande et, présentement , aux Etats-Unis) on vous demande sur quel compte vous souhaitez effectuer l’opération, questions aux trois invariables réponses possibles : « courant, chèque ou crédit ». Je sais d’expérience que dans ces pays le terme carte de crédit est utilisé pour une carte au crédit renouvelable alors que notre carte bleue de chez nous correspond à une carte de débit. Cette confusion, je sais m’en prémunir dorénavant. Par contre, pour moi, le compte courant et le compte chèque, c’est du pareil au même. Ne parlons même pas de l’option « crédit » que je fuit comme la peste de peur que l’opération soit effectuée sur mon nouveau crédit revolving à 25000%.

C’est donc un peu au hasard et en fonction de mon humeur que je choisi « courant » ou « chèque » pour un résultat également aléatoire. De plus, à mon arrivée en Australie, j’ai quasiment fondu ma carte en procédant à de monstrueuses opérations en vue de réserver mes différents tours Kakadu-Litchfield et Ulura-Kata Tjuta-King’s Canyon, sans oublier la location de la camping-voiture pour dix jours. Résultat prévisible, j’ai littéralement démoli mon plafond d’opération et un peu plus tard l’autre plafond, celui de retrait. Là, je plaide coupable. J’aurai du prévenir ma banque au préalable. J’ai donc essuyé quelques jours un peu chaotiques côté paiement.

Jé décide donc de prévenir ma banque par un moyen drôlement efficace que j’ai découvert il y a quelques années et qui s’appelle l’e-mail. C’est génial ce truc. Vous envoyez un message à votre correspondant sous forme de texte, correspondant qui n’est même pas obligé d’être là au moment où vous l’écrivez puisque celui-ci s’entasse gentiment dans un équivalent électronique de boite aux lettres. Il peut donc tranquillement dépiler ses messages le lendemain matin, sa tasse de café à la main. Mon conseiller personnel, avec un regard complice, m’avait fort gentiment glissé sa carte de visite munie de tout les canaux de communication permettant de le joindre. Ces informations sont également répétées sur la page web qui me permet de consulter mes comptes en ligne. Certes, je suis informaticien et donc légèrement en avance technologiquement sur vous, les autres, mais manifestement mon banquier ne sait pas se servir d’une boite mail, malgré son âge tournant autour de la petite trentaine.

J’ai attendu cinq jours qu’il daigne me répondre et prendre des actions pour relever temporairement mon plafond d’opérations. Finalement, j’ai craqué et ai décidé d’appeler directement sur sa ligne directe (car nous sommes très intimement liés par les liens de l’argent) ce qui, j’en suis sur, me coûtera un organe mineur. Une fois appris par cœur son message m’indiquant qu’il n’était pas disponible (sans doute parti choisir sa nouvelle BMW), je me résous à appeler le numéro de mon agence, vaste fumisterie puisqu’en réalité ce numéro me permet d’atteindre un plateau téléphonique une fois traversé le labyrinthe de menus patiemment dictés par un robot lymphatique (lorsqu’on appelle d’Australie, c’est particulièrement énervant). Finalement, j’arrive à expliquer le problème, à faire remonter le plafond et à demander à la conseillère d’engueuler mon conseiller qui n’en branle pas une.

Les jours passent et le problème persiste. Jé décide donc d’envoyer un mail dont voici le contenu :

Bonjour,

Je suis actuellement en déplacement à l’étranger pour plusieurs mois. J’ai depuis quelques semaines des soucis avec ma carte bleue. Vous étiez absent en vacances. J’ai donc tenté de joindre M. XXX, comme spécifié dans votre mail d’absence, mais sans résultat. Je lui ai laissé un message téléphonique, sans réponse de sa part. Je lui ai envoyé un mail, également sans réponse. J’ai appelé le numéro d’appel en 0800 pour exposer mon soucis. La personne m’a dit qu’elle allait contacter quelqu’un à l’agence qui allait me recontacter. Je n’ai pas eu de nouvelles. C’était il y a un peu plus d’une semaine. J’ai rappelé ce même numéro hier soir qui m’a dit qu’elle allait prendre contact avec vous. Je n’ai toujours pas de nouvelles.

Voici mes soucis. Premièrement en Australie et Nouvelle Zélande l’utilisation de ma Carte Bleue Visa dans un magasin implique un choix entre trois options « check », « savings » et « credit » qui peut se traduire par « chèque », « compte courant », « crédit ». Lorsque j’utilise les deux premières options, l’achat est refusé une fois sur deux ou sur trois. Initialement, je pensais qu’il s’agissait d’un plafond de dépense atteint et c’est donc pour cela que j’ai appelé la première fois. Je ne sais toujours pas si c’est le cas mais le problème persiste.

Deuxièmement, récemment, une personne m’a dit d’utiliser l’option « crédit ». Effectivement, les deux achats effectués avec cette option sont passés. Malheureusement, je ne souhaite absolument pas utiliser la réserve d’argent associée avec ma CB Visa avec un taux de crédit très élevé. J’aimerai donc savoir si les deux achats effectués le 29/08/2013 effectués via cette option tape dans cette réserve ou dans mon compte courant. C’était le sujet de mon appel de hier soir. La personne m’a dit qu’elle n’avait aucun moyen d’avoir l’historique d’utilisation dans la réserve d’argent. Je trouve cela inconcevable. J’ai consulté la synthèse de mes comptes ce matin (soit le 29 au soir pour vous) et je ne trouve toujours pas trace de ces deux opérations. Qu’en est-il alors?

Troisièmement, dans la synthèse de mon débit différé, je vois apparaitre deux cartes de crédit dont une que je ne reconnais pas dont le numéro fini par 237511. Dans ce débit différé je vois une opération pour le 05/08/2013 intitulé « Avangate » d’un montant de 49.95€ avec comme détail « Paris ». Qu’est ce donc sachant que je n’ai pas mis les pieds à Paris depuis quelques années et que cela fait trois mois que je suis à l’étranger?

Je vous serai donc très reconnaissant de prendre le temps de répondre à toutes mes interrogations, de préférence par mail, si vous recevez celui-ci, afin de démontrer que vous prenez en compte les petits soucis de vos clients, quand ils sont urgents. J’ose espérer que vous n’êtes pas là que pour des actions commerciales.

Le lendemain, oh surprise, je reçois une réponse de mon conseiller drôlement personnel, pas particulièrement pertinente, avec notamment cette fabuleuse phrase à l’intérieur, également fort peu utile :

Le plafond de paiement est de 2400 euros / 30 jours consécutifs. Ce plafond a été augmenté à 7500 euros (du 14/08 au 14/11 par Mr XXX ?).

Il n’est pas possible d’utiliser le paiement ou retrait à crédit à l’étranger (cette fonction est uniquement disponible en France). Les traductions check (interrogation de compte), savings (épargne) et credit (credit card est la traduction de CB à l’étranger).

Pour commencer, on sent qu’il a bien lu mon mail, certes fort long et ennuyeux, mais tout de même. PUISQUE JE TE DIS QUE TON COLLEGUE XXX NE M’A PAS REPONDU, TU PENSES BIEN QU’IL N’A RIEN FOUTU!!! Ensuite, grâce à mon conseiller bancaire, j’apprend des mots anglais que je connais déjà et que surtout, je lui ai parfaitement traduit dans mon mail. C’est vraiment parfait. Ça c’est du conseil. De plus, si je comprend bien, ce magnifique crédit renouvelable ne m’est d’aucune utilité dans mes voyages, là où pourtant, j’en aurait vu une possible utilité de secours. Soit. C’est ma faute. J’aurais du lire plus attentivement les petites lignes en bas.

Je vous épargne quelques autres mails de relance, car comme d’habitude, il a la fâcheuse tendance de lire ses messages environ une fois toutes les deux semaines. Je crois qu’il a bien saisi le caractère presque d’urgence de la situation. Entre temps, j’ai réussi à me démerder en utilisant tout le temps l’option « crédit ». Tant pis si je crève sous d’affreuses dettes. Aux dernières nouvelles, tout va bien.

C’est finalement, quelques semaines plus tard, alors que je suis confortablement installé dans un grand lit gonflable au rez-de-chaussé du sympathique loft des mes frenchies san franciscains, que mon téléphone portable sonne. Dehors il fait nuit, je me réveille. Il est minuit trente. Quel est le con qui… ?

«Mallooooooo?

  • Bonjour, monsieur Prat ?
  • Mmmoouuaaaih ?
  • Bonjour c’est monsieur B., votre conseiller à la Caisse d’Epargne. Je vous dérange ?
  • Mmmh, il est minuit trente.
  • Ah. Euh… vous êtes toujours à l’étranger ?
  • Mmoooui.
  • Ah. Vous voulez que je vous rappelle ?
  • Noooon, par mail.
  • Ok. Désolé.

Clac.

Le petit écran

Ça fait quelque temps que je souhaite vous parler de ce curieux phénomène constaté depuis l’Inde. Aussi bien en Inde, au Vietnam, en Australie et en Nouvelle-Zélande je constate que les émissions de télévision se ressemblent toutes. Pour les deux derniers pays, cela n’a rien d’étonnant du fait de leur proximité mais pour les deux autres, je ne m’attendait pas à cela.

Je ne passe pas mon temps à regarder le petit écran, c’est même d’ailleurs exceptionnel, mais à chaque fois que j’effectue un petit zapping, je remarque les mêmes similitudes. Tout d’abord, je ne sais pas pour vous, mais j’ai les yeux qui pleurent à force d’être hyper stimulé par les éclairages violents et plats des plateaux de journal télévisé ou talk-shows, à croire qu’il n’y a qu’une seule façon d’éclairer ces émissions, sans subtilité de préférence. J’ai l’impression que c’est la chasse à l’ombre. Ah non de dieu, Robert, il y a une petite ombre sous le menton de Jennifer ! Attends, bouge pas, je lui rajoute un quinzième projecteur par en dessous. C’est d’un triste. Pour ne rien arranger, le chefs décorateurs sont tous portés sur les couleurs vives ce qui n’arrange rien sous les éclairage massifs des plateaux. Bon sang, mais qui a lancé cette mode et surtout pourquoi a t-elle était reprise partout dans le monde ?

Je ne vous parle même pas du standard qu’est devenu la pose raide comme un piquet du présentateur de journal. Ils sont d’ailleurs tous recruté chez Elite, surtout les femmes, à voir leur plastique étrangement haut dessus de la moyenne, y compris en Inde. Mince, où est passé le sympathique moustachu bedonnant ? N’y a t’il plus de place nul part pour le ou la présentatrice au strabisme divergent ?

Bon, ça encore, je m’énerve juste pour m’énerver car le plus triste dans toute cette histoire d’uniformisation et que l’on retrouve quasiment les mêmes émissions partout, la faute à Endemol, la titanesque société de production hollandaise. J’ai l’impression que l’émission de télévision calibrée est devenu le premier produit d’exportation des Pays-Bas (même si je vient de découvrir grâce à Wikipédia que l’entreprise a été racheté par Telefonica, société espagnole). Que ce soit « Qui Veut Gagner des Millions » (moi, pour commencer), « Star Academy », « Big Brother » ou d’autres, chaque émission est produite dans tout ces pays avec absolument tout similaire que ce soit la musique, les décors, l’éclairage et le concept. Tu parles d’un dépaysement.

Lorsque l’on va sur le site d’Endemol France, on découvre d’ailleurs ce magnifique slogan sans fard et d’une touchante sincérité : « Endemol, producteur de flux ». Tout est dit. On n’est pas là pour faire des émissions les gars, on est là pour remplir les tuyaux.

Aussie conclusions

DSC_7823_DxOIl est temps de faire une petite pause photo et de prendre un peu de recul intellectuel sur ce mois passé en Australie, ne pensez vous pas ? Même si vous ne le pensez pas, je ne vais pas m’arrêter maintenant alors que je viens à peine de commencer ce nouveau billet (et peut être même que ce sera le dernier sur l’Australie, tiens, je vous livre un scoop). Non, c’est le moment de la réflexion, de la synthèse et du bilan. Puisque je vous le dis.

Parlons tout d’abord géographie. Je n’ai pas arrêté de le ressasser (je crois même avoir écrit une partie de billet à ce sujet) mais ce pays est vaste. Finalement, j’ai la sensation d’en avoir vu une fine tranche pas bien épaisse, contrairement au Vietnam voir, dans une moindre mesure, l’Inde, la faute au temps mais aussi à la faible densité de ce pays. Le paradoxe c’est que malgré ces étendues gigantesque, pendant très peu de moments ai-je eu une sensation d’espace. Mon explication à ce phénomène tiens à l’extrême platitude du terrain dans les zones immenses que j’ai traversé. On est toujours le nez au ras du sol. Pour avoir une sensation d’immensité, il faut que le regard porte loin. La seule fois où j’ai vaguement ressenti cela était au sommet d’un pont routier enjambant la Great Khan Railway au milieu de nul part. J’étais à tout péter à cinq mètres au dessus du sol.

DSC_7426_DxOSuis-je déçu par les paysages ? Honnêtement, un peu. Je m’attendais à plus grandiose mais peut être suis-je devenu difficile. Hormis Uluru et Kata Tjuta qui resteront gravés dans ma mémoire comme les lieux les plus uniques que j’ai jamais eu la chance d’approcher, les autres sites étaient fort jolis mais pas au niveau que je m’étais préparé. Parfois, il vaut mieux ne s’attendre à rien, finalement.

Il me reste également une grande frustration côté culture aborigène que je n’ai quasiment pas approché. La faute m’incombe sans doute. J’aurai pu après tout faire des efforts supplémentaires dans le domaine. Les cartes postales nous vendent un pays rouge à la culture millénaire où kangourous, didgeridoos, boomerangs et bushs entourent un sympathique aborigène à la barbe touffue. En vérité, la quasi-totalité de l’Australie que j’ai croisé était à mille lieux de ça, moderne, occidentale et avec une population venant des quatre coins du monde extérieur. C’est d’ailleurs plutôt cela qui m’a surpris. Je ne m’attendais pas à un pays aussi multiculturel que cela, surtout dans les grandes villes.

DSC_7075_DxOC’est encore plus marquant à Melbourne et encore plus à Sydney où une très grande partie de la population que l’on croise dans la rue est d’origine asiatique. En conséquence, j’ai pris conscience de l’ancrage profondément asiatique de l’Australie. Ce n’est pas qu’un partenaire économique, c’est également en train de devenir un berceau culturel comme l’Angleterre l’a été. Toutes les cuisines asiatiques se trouvent dans la moindre petite ville : thaï, vietnamienne, chinoise, indonésienne, philippine, malaysienne.

DSC_6888_DxOD’ailleurs, puisque je parle de bouffe, je peux vous affirmer que pendant ce mois ici, je n’ai pas eu à me plaindre d’elle. Hormis, un prix parfois un peu exagéré à Darwin et Alice Springs, je n’ai eu que des bonnes expériences avec des mentions spéciales pour cet incroyable potage aux châtaignes d’Apollo Bay et les plats du jour de Fitzroy à Melbourne. Non, la seule véritable faute que j’ai commise a été de commander ce fish’n’chips au MCG avant le match d’aussie footbal. Rien que d’y penser, j’ai les doigts gras.

Pour revenir à des sujets plus profonds, l’économie, ce lien asiatique, notamment vis à vis de la Chine, est à double tranchant. Comme je l’ai dit dans un précédent billet, le pays a bénéficié longuement du boom économique chinois en tant qu’important fournisseur de matière première. Lorsque l’économie chinoise ralentie, l’Australie en ressent immédiatement les conséquences. Encore une fois, en pleine campagne électorale pour le nouveau premier ministre, le sujet est brûlant, le citoyen australien étant maintenant obligé de se serrer un peu la ceinture, ce qui n’était pas arrivé depuis une bonne dizaine d’années.

DSC_7749_DxOL’autre sujet politique brûlant, concerne l’immigration illégale. Je n’en avais pas conscience mais il y a encore une très forte immigration clandestine arrivant en Australie par bateau, comme à l’époque des boat-peoples vietnamiens, notamment vers Darwin car c’est la ville la plus proche du Timor. Sans surprise, le sujet est aussi épineux et polémique qu’en France ou plutôt comme en Italie qui voit arriver des bateaux directement sur les plages de Lampedusa. En Australie, la grande proportion des immigrants échouent sur les îles Christmas, petit territoire australien 400km au sud de la pointe ouest de Java.

De ces deux sujets, j’ai longuement discuté avec Romain, Veronika mais également Adam, mon guide à Kakadu ou les deux petits vieux croisés à Mount Gambier. Paradoxalement, Veronika était la plus extrême dans ces jugements. Pour Adam, l’immigration fait parti, comme aux Etats-Unis, des gênes australiens, lui même étant d’origine écossaise (son nom de famille est McRae, comme Colin). Je n’ai pas eu l’impression qu’Adam était raciste mais il a quand même dit quelque chose que je trouve assez intéressant et qui mérite réflexion. Même si on n’est pas d’accord, il est toujours rafraîchissant de sortir de la pensée unique portée par les médias, chacun dans son propre pays.

DSC_6342_DxOCette curieuse réflexion portait sur le multiculturalisme australien qui est effectivement incroyable, notamment avec un énorme apport des différentes nations asiatiques et européennes. Bien que ce soit formidable de pouvoir, par exemple, goûter à toutes les nourritures du monde, du fait d’une culture australienne native faible (en sachant que la culture aborigène est vraiment à part), on se retrouve là bas avec une sorte de mélange ou d’une panoplie de cultures à poids plus ou moins équivalent que l’on peut choisir « à la carte » avec la conséquence inattendu que ce n’est plus, du coup, de la culture. Si je reprends les mots d’Adam, cela donne : « quand il y a trop de cultures, il n’y a plus de culture ». Vous avez quatre heures pour développer sur ce sujet. Pendant ce temps là, je poursuis.

DSC_7259_DxOPendant les trois semaines suivantes, ce qu’il a dit a trotté dans ma tête et c’est avéré exactement ce que j’ai ressenti, une sorte de vide culturel (bien que beaucoup moins que dans certains endroits de Californie que j’ai eu la chance de visiter il y a quelques années) dans un pays pourtant riche en diversité. La culture, tel qu’on l’entend en France et tel qu’Adam l’entendait, n’est elle pas finalement un sous-produit d’une homogénéité de comportement ? Il ne s’agit pas ici de conclure à un côté négatif ou positif du multiculturalisme, mais juste de lever un sourcil d’étonnement aux possibles conséquences.

Ça me paraît opportun d’introduire maintenant un paradoxe que je me suis amusé à constater en tant que touriste occidental. Lorsqu’on voyage, on aime d’autant plus un pays qu’il a une culture et une tradition marqué alors que lorsqu’on est chez soi, on ne souhaite qu’une chose, avoir le choix et ne pas être enfermé dans le traditionnel. Finalement, le multiculturalisme, il faudrait l’interdire aux autres.

DSC_7813_DxOSinon, l’Australie, ben j’aurai plein de trucs à dire mais en rapport à mon séjour en enfance car ces derniers jours à Sydney ont réveillé plein de souvenirs. Pensez, c’est le pays où j’ai découvert McDonald’s, les muffins, les crumpets, les kiwis (le fruit), les fruits de la passion, les ornithorynques et le duo Marmite et Vegemite, le tout bien avant que cela n’arrive en France (d’ailleurs dans cette énumération, deux de ces choses ne se mangent pas. Allez, jouez). Ça marque.

Allez, pour finir, de la musique (je vous épargne un zapping sans intérêt). La première, c’est l’hymne national officieux du pays, Waltzing Matilda et parce qu’on aurait tort de ne pas s’offrir de la qualité, voici une version rocailleuse interprétée par Tom Waits, qui lui, est américain (je brouille les cartes):

Et bien entendu, un grand classique de Men at Work :

G’day à vous !

 

PS : Si vous êtes particulièrement d’humeur badine, diverses photos (polluent) agrémentent ce billet. Saurez-vous retrouver dans quel lieu d’Australie elles ont été prises?

Romain et Veronika

J’étais arrivé à Sydney un samedi après midi. Le samedi soir je retrouvais Romain et sa femme, Veronika, que je ne connais pas, à l’intersection d’Oxford street et de Crown street. Depuis mon départ, ce sera la première fois que je croise quelqu’un que je connais.

Pour bien situer le personnage, j’ai croisé Romain lors de ma période chalonesque. J’étais ingénieur de recherche et vaguement donneur de cours. Il était étudiant en stage puis au mastère. Après plusieurs années à Paris et Marseille à se faire licencier par des boites d’effets spéciaux en difficultés financières, il accepte un poste à Sydney dans une grande société du domaine. Ça doit faire maintenant plus de cinq ans qu’il y est. Pour vous dire à quel point c’est parti pour être du temporaire qui dure, il s’y est marié.

C’est donc à la nuit tombée, assis au coin de la rue, que je vois arriver le Romain, toujours portant bouc, et orné d’une superbe casquette et veste en cuir digne des pionniers de l’automobile. A ses côtés, souriante, Veronika, petit bout de femme indonésienne d’origine chinoise. On se serre la main et se fait la bise, chaleureusement. Ça fait bien plaisir de le revoir après toutes ces années d’expérience hors de France. Après quelques minutes de marche, on se pose dans un bar pour boire un verre et entamer sérieusement les retrouvailles.

C’est toujours amusant de voir comment de jeunes étudiants innocents, quelques années plus tard, se retrouvent plein d’assurance, les idées un peu plus arrêtés sur certains points voir un poil plus cynique. C’est d’autant plus le cas que Romain avait à l’époque de son passage à Chalon-sur-Saône un enthousiasme et une certaine naïveté qui faisait plaisir à voir.

Nous poursuivons dans un restaurant thaïlandais et c’est l’occasion de faire un peu plus connaissance avec Veronika. J’apprend notamment que la population indonésienne est constituée d’une minorité d’origine chinoise, souvent propriétaire d’entreprises ou de commerces. Régulièrement, des vagues de xénophobie à leur encontre provoquent des tensions voir escaladent en de véritables pogroms. C’est à l’occasion d’un de ces pics de violence que les parents de Veronika décidèrent d’envoyer leur deux filles et leur fils poursuivre leurs scolarités en internat à Hong-Kong, puis plus tard, leurs études à Sydney alors qu’eux restent en Indonésie. Du coup, Veronika parle un anglais parfait mais également le cantonais et, pour être encore plus polyglotte, c’est mis au français, avec un résultat étonnant. Elle insiste d’ailleurs pour que nous discutions en français pour la faire travailler. Résultat, nous mélangeons allègrement la langue de Shakespeare et de Molière.

Ce qui est très intéressant c’est de confronter les points de vues de Romain et Veronika sur la situation particulière en Indonésie. Alors que Veronika a une vision très négative des indonésiens, les considérants presque dans leur majorité comme fainéants, Romain a une attitude très classique pour un français qui consiste à tempérer et à chercher des excuses / explications sur la situation. Quand à moi, je m’abstiens de tout jugement, ne connaissant absolument pas le dossier. Néanmoins, sans surprise j’apprend que l’Indonésie est gangrénée par la corruption.

A la fin de la soirée, nous nous quittons en nous donnant rendez vous pour le lendemain, pour ce qui est de Romain. Rappelez-vous, c’est le dimanche à Bondi. Le lundi, je dois retrouver le couple chez eux pour y être gentiment hébergé jusqu’à mon départ le vendredi. Bien qu’il faisait plutôt doux et chaud dans la journée, la nuit, il fait presque frais. J’en profite donc pour commencer tout doucement à attraper froid.

Le lundi, alors que je me ballade du côté de Rose bay, je m’arrête à un marchand de vins, histoire de venir avec quelque chose à partager chez mes hôtes du soir. Je profite de la présence d’un vendeur pour demander un Gewurtztraminer. D’une part, j’aime bien mon Gewurtz, mais en plus, Romain étant alsacien, je prévois de lui arracher une larme de nostalgie. Contrairement à ce que j’imaginais, le vendeur ne se démonte pas et, ouvrant une armoire climatisée, me tend une bouteille. Allons bon, c’est quoi ces histoires ? Il est australien votre gewurtz, monsieur ! Oui, oui, on en fait ici, également. Je ne suis pas un grand spécialiste mais je suis tout même bien étonné qu’ils emploient la même dénomination. Curieux, j’accepte la bouteille et l’amène avec moi pour le soir.

DSC_7836_DxOAprès un trajet en bus de la gare centrale, je descends à Maroubra Junction, non loin de l’appartement de mes hôtes. Le quartier est assez excentré du centre ville mais possède néanmoins une grande quantité de commerces. Ici, les immeubles sont plutôt bas, pas plus de trois ou quatre étages. Un bon deux kilomètres vers l’est se trouve Maroubra beach, une grande plage nettement moins couru que Bondi surtout DSC_7834_DxOlorsqu’on y va au milieu de la semaine.

Après quelques hésitations, je trouve l’adresse et est accueilli par Veronika. J’avais été prévenu, l’appartement est encombré de cartons, . D’ici quelques semaines, ils déménageront dans leur maison qu’ils ont acheté il y a quelque temps plus à l’ouest. D’ailleurs, histoire de rester en famille, l’appartement qu’ils louent appartient au frère de Veronika. Un peu plus tard Romain rentre et je sort la bouteille. On rigole et Romain part à la recherche d’un tire-bouchon. On se verse des verres. On goutte.

Bon. Moi j’ai une idée très précise de ce que doit être un Gewurtztraminer que je conçois plutôt comme un vin demi-sec penchant vers le doux qui se boit en traitre comme du jus de fruit. Ici, nous avons plutôt affaire à un vin sec, tendance bourgogne aligoté. Rien à voir. Après, ce n’est pas mauvais non plus. Ce n’est pas aujourd’hui que j’arracherai une larme de nostalgie à mon alsacien.

Je resterai donc quatre nuits chez Veronika et Romain, partageant le soir leur repas souvent concoctés par la première qui prend un grand plaisir à découvrir la cuisine française. Pour faire bonne mesure, l’avant dernier soir, je me colle aux fourneaux et leur bricole un seau de lasagne de mon cru. Pour finir, la veille de mon départ, ils m’amènent à un petit restaurant populaire indonésien, histoire de me faire découvrir cette cuisine. Pas mal.

Au rayon culinaire, c’est d’ailleurs chez Veronika et Romain que je goute pour la première fois au fruit à la plus effroyable réputation, le durian. Pour ceux qui ne connaissent pas la-dite réputation de ce met, sachet qu’il est autant haï qu’il est adoré. Certains ne jurent que par lui, sa saveur et son odeur unique alors que les autres ne ressentent que répugnance et dégoût pour le fruit. Soyons franc, c’est extrêmement difficile d’en décrire le goût si ce n’est que c’est justement, indescriptiblement, à la limite du dégueulasse. On s’attend à quelque chose de doux et sucré. Ce n’est certainement pas sucré mais en ne peut pas nier qu’il y ait une certaine douceur, à la manière d’une « vache qui rit » pourrissante. Si vous vous ôtez de la tête que c’est un fruit, que vous parvenez à faire le vide au prix d’un effort mental de bonze tibétain, l’expérience passe nettement mieux. Sinon, attendez vous à des réflexes nauséeux. Etant particulièrement doué pour faire le vide dans ma tête, je suis parvenu à en manger deux morceaux tout en y prenant un certain intérêt la deuxième fois. La troisième par contre eu été de trop. Bien entendu, Veronika gobait cela comme si c’était des moitiés d’abricot avec de grands « mmmmh » alors que Romain soutenait que c’était super bon, tout en avouant, l’hypocrite, que, certes, l’apprentissage est difficile. Pour vous dire à quel point ce fruit est étrange, il est interdit d’en amener dans certains lieux publics en Asie, de peur d’indisposer certaines personnes.

En tout cas mon séjour chez ces deux exilés fut fort intéressant notamment grâce aux discussions que nous avons eu avec Veronika. Indéniablement, sa culture chinoise amène à des façons d’envisager certaines choses de manière notablement différente. Voilà qui est bien vague, vous dites-vous. Je le conçois. Pour avoir discuter du rôle et de la place de la famille avec elle, par exemple, je retrouve certains points communs avec la culture vietnamienne. Je retrouve également cette importance et ce respect fondamental pour les études, non pas comme un moyen d’épanouissement intellectuel ou comme voie menant vers un métier qui nous passionne mais comme un moyen pragmatique d’ascension social et de confort financier. En cela, c’est sans doute moi qui me fait des illusions, étant habitué à travailler dans des milieux de passionnés. D’ailleurs, ces frères et sœurs ont tous fait des études supérieures pragmatiques, elle étant experte comptable. Ce n’est pas dans ces familles d’origine chinoise ou vietnamienne qu’on verra des musiciens ou des poètes, ça j’vous l’dit ! Tas de fainéants, prenez exemple !

Pour changer de sujet, avec ces rafraichissements le soir, je crois bien que j’ai attrapé un mal de gorge carabiné.

A la recherche du temps perdu

Un peu plus tard dans la semaine, je décide d’aller faire une nouvelle excursion dans le passé. Après avoir revu mon ancienne école, je vais faire le tour des anciens lieux où nous avons habité. Bien qu’ayant passé que deux ans et demi à Sydney, nous avons emménagé trois fois. Les raisons en sont sans doute bassement techniques mais ce qui est fou c’est que de nombreux adultes crieraient comme des porcs qu’on égorgent à l’idée de déménager aussi souvent alors que moi, enfant, ça ne m’a pas du tout dérangé. Relativisons néanmoins. Je suis à peu près convaincu que les déménagement ont été réalisés par des professionnels, pouvoir d’achat d’expatrié oblige. C’est tout de suite beaucoup moins traumatisant. Moi, à six ans, je ne devais pas beaucoup participer non plus.

Lorsque j’ai évoqué auprès de Romain la liste des quartiers où nous avions séjourné, il m’a tout de suite gratifié d’un « ben mon salaud, vous vous faisiez pas chier », ou quelque chose d’approchant. On ne se logeaient pas dans des HLMs, pour sur. Enumérer les quartiers de Rose Bay, Elizabeth Bay et Woollahra à un habitant de Sydney doit ressembler au triptyque Neuilly – Auteil – Passy des habitants de Paris. Expatrié pour un grand groupe industriel français, à cette époque, c’était la belle vie. Malheureusement, nous n’avions pas de domestiques et croyez bien que je le regrette.

Au niveau géographique, ces quartiers haut de gamme sont tous situés en bord de baie, entre Sydney Cove et Bondi, côté sud de la baie. De toute façon au nord, je ne sais pas ce qu’il y a. Comme le relief est très vallonné de ce côté là, vous imaginez bien que le top du top consiste à posséder une maison avec piscine légèrement en hauteur mais néanmoins proche de l’eau afin de bénéficier d’un accès commode à son bateau. Avoir un bateau, c’est la base ici, enfin. D’ailleurs, mes parents, en avait un. Vous sachant jaloux, le but du jeu de ce billet et de vous écoeurer par un débordement indécent de richesses, vous l’aurez compris. Bon néanmoins, mon honnêteté intellectuelle m’oblige à préciser que ce bateau était en co-propriété avec deux autres couples d’amis et qu’il ressemblait à un jouet en plastique blanc et vert à moteur (mais avec une mini cabine) d’environ cinq mètres de long. N’empêche qu’avec ça, on peut aller explorer toute la baie et même attraper le mal de mer.

DSC_7699_DxOC’est donc un matin que je part à pied à la découverte de tout ces lieux, en commençant par le quartier de King’s Cross. King’s Cross c’est une sorte de mélange entre Pigalle pour les sex shops et Castro pour les revendications LGBT (Lesbienne, gay, bisexuel et transsexuel) saupoudré de junkies le soir. En journée, c’est plutôt tranquille et coloré avec un mélange de magasins, bars et d’habitations. Je remonte une rue en direction de la baie et redécouvre une DSC_7700_DxOfontaine en forme d’aigrette de pissenlit. Encore un souvenir qui se concrétise. Je regarde autour de la fontaine pour tenter de retrouver un petit musée de cire dont j’ai le souvenir pour y avoir été traumatisé par des scènes d’attaques de requins. Peine perdu, je dois me tromper. En tout cas cette fontaine est pour moi emblématique du Sydney de mes six ans. Grâce à Wikipédia, trente ans plus tard, je découvre que c’est un mémorial de la bataille d’El Alamein pendant la Seconde Guerre Mondiale.

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Je continue plus loin et retrouve la rue de notre première demeure, Elizabeth Bay road. Après un peu de marche je m’arrête devant le numéro. Sans soucis, je reconnais le parking de l’immeuble, situé sur le toit. En effet, l’immeuble est à flanc de colline et la rue au sommet. Autour, les habitations sont plutôt jolies même si ça n’évoque pas forcément le luxe. On est plutôt à Saint Cloud qu’à Auteil. Non, le véritable intérêt de cet appartement réside dans le parc et la baie juste en dessous. J’emprunte donc un escalier et me retrouve au pied de l’immeuble face à Rushcutters Bay. Comme dans toutes les petites baies qui constellent ce coin de Sydney, elle abrite une foultitude de bateaux. Des cours de tennis agrémentent le tout, précisément comme je m’y attendais.

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DSC_7741_DxOFinalement, je quitte ce charmant parc et reprend de l’altitude. Prochaine étape, les hauteurs de Woolhara. Sur ces rues à proximité du nœud de transport de Bondi Junction, les habitations sont plus hétéroclites. Je croise à la fois des immeubles en briques et des petites maisons aux ferronneries si typiques de l’Australie. Par contre, les commerces sont rares hormis un petit centre commercial. DSC_7746_DxOJ’emprunte finalement Edgecliff road et le décor devient plus cossue et boisé. Les eucalyptus et les arbres exotiques (ce qui est une façon discrète d’indiquer que je ne connais pas la marque) bordent la rue. Au numéro prévu, je reconnais sans soucis notre troisième et dernière habitation, une très jolie town house, c’est à dire un immeuble en pente, blanche à flanc de colline. Avec culot, je rentre dans la résidence, non fermée, histoire d’entre-apercevoir l’appartement et le jardin que je sais être en contrebas. Pour l’appartement, c’est peine perdue mais j’atteins sans être héler le jardin et l’accès à la piscine commune derrière une porte vitrée. De nouveau, hormis les proportions, tout semble identique. Tiens, non, maintenant que j’y pense. Je n’ai toujours pas entendu un seul kookaburra depuis que je suis ici alors qu’on en avait régulièrement dans ce jardin.

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Dans le doute, mais sans vouloir vous sous estimer, je précise que les kookaburras sont des oiseaux typiquement australiens (et sans doute unique à l’Australie comme quasiment toute la faune) dont le chant ressemble à un rire. Comme le dit la chanson, « laugh, kookaburra laugh under the old gum tree ». Là, c’est une bonne pleine tranche de culture australienne populaire que je vous donne. Tenez, pour une playlist typique, vous pouvez vous enchainer the Kookaburra Song, G’Day et Waltzing Mathilda le tout en plaçant un nuage de mouches autour de votre tête histoire de vous croire dans le bush.

DSC_7753_DxOMais revenons à mes moutons. Après quelques instants de méditation, je quitte la résidence et reprend ma route pour mon troisième arrêt, Rose bay. Je précise que je fais tout ceci à pied. D’ailleurs, ça commence à se ressentir. Quelques temps plus tard, je suis redescendu au niveau de la mer et longe un grand terrain de golfe. Tout de suite, ça pose le standing du quartier. Au bout, j’atteins une nouvelle baie, Rose bay.

DSC_7754_DxOCette fois-ci, une rue longe le front de mer mais surtout, les maisons ici sont hyper luxueuses. Grandes baies vitrées sur design épuré. Je traverse la rue et me dirige vers la marina où nous ancrions notre bateau. Ici se concentrent des souvenirs de départs pour des dimanches ou samedis entre amis, glacières remplies de salades et sandwichs, en t-shirt et maillot de bain pour une anse ou plage encore inexplorée de la baie. DSC_7752_DxOEn tout cas, pour un enfant de six-huit ans, ça avait un petit parfum d’aventure. De plus, l’endroit abrite quelques pélicans, ce qui n’est pas commun dans nos contrées. Ça change des canards et des mouettes.

Pour le coup, j’ai du mal à reconnaître les lieux. Globalement, je me repère mais les bâtiments on changé. Surtout, comme pour les deux autres lieux, je me rend compte que ma mémoire est très sélective. Chaque souvenir est isolé et j’ai du mal à replacer les choses relativement les unes aux autres. Tenez, par exemple, je suis infoutu de retrouver la direction de la rue où nous habitions, Beresford road. Je suis obligé de m’abaisser à demander ma direction à une dame qui doit s’en remettre à son smart phone pour m’aider.

Je rebrousse donc chemin et m’engage dans la rue. Il doit y avoir une erreur. Les maisons ici sont d’un standing inatteignable. Je poursuit en m’éloignant de la baie et deux cent mètres plus loin, DSC_7758_DxOreconnais notre ancienne maison. Tout autour ne sont garés que de gros SUV et 4×4. Ben merde alors. Si j’avais su j’aurais demandé une augmentation de mon argent de poche. La rue est extrêmement boisée et trois rues plus loin, j’aperçois le terrain de golfe. Pas mal. Derrière la maison, une colline domine la baie. Je monte un escalier pour tenter d’apercevoir le jardin d’en haut, sans grand résultat. Finalement, je repart en continuant mon ascension.

DSC_7773_DxOPlus haut, ça devient l’orgie immobilière. Je croise des résidences incroyables, notamment de certains consuls. Rien d’étonnant lorsqu’on voit la vue. Un peu plus loin je remonte le long d’une école privée réservée aux garçons, chacun en uniforme identique quelque soit l’âge. Il y en a même habillés en treillis militaire assemblés sur le terrain de sport. Ça sent l’école privée sélective à plein nez.

A la vue de toutes ces riches maisons, jai d’autres souvenirs qui remontent de goûtés d’anniversaire chez le consul libanais, un drapeau orné du cèdre vert au fond d’un couloir alors que je cherchait les toilettes (c’est fou parce que depuis, j’ai une affection toute particulière pour le Liban. Oui, bon. Ça mais également car j’étais pris d’affection pour la fille du consul). Je vous rassure, j’ai également des souvenirs de fêtes d’anniversaire beaucoup moins glamours mais tout aussi amusants chez McDonald’s. Mais j’en mettrais ma main au feu, je crois bien que mon empreinte libanaise a eu lieu dans ce quartier.

En tout cas, à l’époque, indéniablement, on savait vivre. Je ne vous parle même pas des gens de qualité que nous fréquentions.