Comme ce titre de billet sonne ringard, vous ne trouvez pas ? Mais si. Si. Mais si, vous dis-je. C’est complètement ringard de se référer à San Francisco par son surnom « Frisco », tellement années 70-80. Maintenant, si vous voulez être totalement accordé au hype du moment, dites nonchalamment « San Fran ». Enfin, je dis ça, c’est ce que j’ai noté en écoutant parler Phil et Max, les deux américains rencontrés lors de mon tour Kakadu – Litchfield (en Australie pour ceux qui n’ont pas suivi).
Tout ça pour dire que je suis à San Fran. Yeah dude. Après un atterrissage sans soucis (c’est vrai que je ne prend pas vraiment la peine de vous narrer mes atterrissages et décollages qui sont pourtant des phases critiques) à SFO (oui, on ne dit pas San Francisco International Airport lorsqu’on est un minimum à la page), un petit tour sur la blue line du tram interne de l’aéroport pour rejoindre la station du BART (non pas Simpson mais le Bay Area Regional Transport, l’espèce de RER du coin), une descente à Powell Street en plein downtown (il serait ridicule de se référer au centre ville autrement si on est vraiment branché) puis environ une heure de marche pour trouver mon @#?*! d’auberge de jeunesse (car je m’étais gravement fourvoyé dans ma tête quand aux indications) avant de consulter mon portable arrivé au terminal du Caltrain (une autre sorte de RER mais qui dessert les villes de la Silicon Valley vers le sud) afin de noter la bonne adresse puis d’arriver à bon port à l’intersection de Minna et de la 7ème (rue, il va sans dire si vous êtes comme moi au fait des dernières tendances), quartier des junkies dans SoMa (pour ne pas faire plouc on se réfère au quartier « South of Market Street » par son diminutif « SoMa »).
Sinon, tout c’est bien passé, merci. La chambre est petite, sommaire et pour une fois, individuelle, n’ayant pu trouver de place en dortoir, pour le prix d’une chambre d’hôtel classique dans n’importe quel autre ville raisonnable du monde. Bienvenu à San Francisco et son immobilier galopant.
A peine avais-je posé les pieds en dehors de l’avion que je reçu un message d’un certain Samuel Gateau m’invitant à le contacter pour manger ce soir une pizza sur la colline aux chèvres. Il faut savoir que ce monsieur ne m’est pas inconnu et que même que c’est moi qui lui avait notifié de ma présence prochaine dans sa bonne ville. Quand à la colline aux chèvres (ou « Goat Hill » quand on a une attitude moderne et anglophone), je ne la connaissais pas.
C’est donc une petite demi-heure après avoir posé mes bagages dans la chambre, le temps de prendre une douche (je ne parle pas assez souvent de mon hygiène) dans l’espace commun, que le sieur Gateau se gare devant mon hôtel dans un énôôôrme pickup avec un sourire d’enfant gâté sur son visage. Ah ben bravo. On voit qu’on s’y fait à l’Amérique !
On se retrouve donc quelque temps plus tard attablé dans une petite pizzeria de la franchise « Goat Hill Pizza » (c’était donc ça), elle même accrochée à une pente d’une des nombreuses collines de la ville. Ce soir, c’est soirée « all you can eat » (ou « à volonté », si vous ne parlez pas la langue du cru) avec le sus-mentionné Samuel Gateau, sa compagne Claire, leur p’tit Isaac ainsi que le frère de Claire et sa copine, en visite. Une petite bande de franchies aux « staïtesseuh ». Un serveur passe régulièrement entre les tables avec une pizza en annonçant la couleur. Chaque personne qui se sent encore d’attaque peut alors le héler pour avoir une nouvelle part. Aux Etats-Unis, la culture de l’abondance et de l’éclatage de bide est encore très présente. Comme les français loin de chez eux sont un peu extrêmes, Samuel et Claire implorent le serveur pour que le chef prépare la pizza spéciale à l’ail. Elle est effectivement très très aillée.
D’ailleurs, si je reste sur le sujet de la nourriture, le surlendemain, le même Samuel m’amène dans un restaurant asiatico-fusion-branchouillisant à la décoration sombre tout en éclairages indirectes. On s’attable au bar et commandons. La serveuse arrive avec une grande assiette blanche carrée occupée uniquement en son centre par une magnifique petite pyramide d’un tartare de saumon et d’avocat, disposé en étages. Superbe. Mais avant que je puisse m’en approcher pour la contempler de plus près la serveuse se saisie d’une fourchette et se jetant sur la pyramide s’emploi à la bousiller méticuleusement. Avec un grand sourire sadique elle malaxe le tout et s’en va non sans nous avoir lancé un « Enjoy », un éclat pervers dans les yeux. Manifestement, ça fait parti de la recette. Comme c’est bon, j’en reste là, d’autant qu’on enchaine par deux morceaux de porc gras fris à point, croustillants et fondants à la fois. De plus, la serveuse cette fois-ci nous les laisse indemnes.
Je parle, je parle, mais tout ça pour vous dire que je suis de retour à San Francisco et que c’est drôlement chouette. Avec tout ça je vais me remettre à la page, découvrir les dernières nouveautés technologiques et me gaver de nouveaux acronymes. Dude.