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Zapping indien

Allez hop! Vite! Allez chercher de quoi grignoter et posez vous dans un bon siège. Ce soir, on regarde la télé. Au programme, un zapping (quasiment) aléatoire.

N’oubliez pas d’éteindre la télé avant de partir.

Chennai

Est-ce que je peux vraiment dire que j’ai vu Chennai? Sans doute pas. J’y suis resté deux nuits et environ une journée et demi avec déjà la tête ailleurs, impatient de changer de pays. Je me suis donc contenté de visiter le musée du Gouvernement, le vieux fort anglais (pour ce qu’on peut en visiter) et me balader dans les rues. La ville m’a laissé une impression légèrement différente de Mumbai, sans doute par la présence de vieux bâtiments à l’architecture originale autour du quartier de mon hôtel mais aussi par l’absence de grattes ciels.

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Malheureusement, c’est aussi à Chennai que j’ai vu la plus grande misère, crasseuse et dans un apparent abandon total de dignité. Un bidonville de tôles et de planches de bois longeant la rivière (qui comme toutes les rivières urbaines que j’ai croisé en Inde ressemble plus à un cloaque pollué, puant et stagnant qu’à un fier cours d’eau pressé de rejoindre l’océan) est quasiment mitoyen du quartier général de l’armée Indienne pour la région. De magnifiques panneaux 4 par 3 clament haut et fort sur des photos de soldats d’élite : « Pride of a Nation », fierté de la nation. Tu parles. Sur le pont menant à la base militaire, sous lequel commence le bidonville, des étrons humains jonchent le trottoir.

Mais pour ça, je vous épargne les photos.

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Aller à Chennai

Vous allez finir par croire que je suis obsédé par le transport en Inde, mais il faut avouer qu’une grande partie de l’amusement (oui car maintenant cela me diverti) consiste à se débrouiller pour rejoindre un point A d’un point B. Aujourd’hui, le point A c’est Chennai et le point B, Pondichéry. Après dix jours passé dans l’ancien comptoir français, il était temps de partir, non sans une certaine nostalgie, pour rejoindre une autre des quatre grandes mégalopoles indiennes, l’ancienne Madras.

Les deux villes étant relativement proches (une grosse centaine de kilomètres), il est plus simple de prendre un bus pour rallier la capitale de l’état du Tamil Nadu. Le trajet prend environ trois heures. Je me retrouve donc un matin au New Bus Stand de Pondy (après un nouveau trajet en rickshaw qui me déleste de 90 roupies, l’inflation sans doute) où je trouve un bus pour Chennai avec l’aisance d’un véritable tamoul. Parce que je suis un pro et parce que je ne réfléchi pas, je prend un ticket pour la compagnie de l’état à bord d’un bus standard, similaire à celui emprunté pour aller à Gingee. Dix mètres plus loin, je vois des bus climatisés à peine en meilleur état. Je suis là pour en chier.

P6210001Comme d’habitude nous mettons une plombe juste pour quitter Pondichéry et je commence à m’assoupir malgré le gigotement permanent. Fort heureusement, le bus est loin d’être bondé et je peux prendre un peu mes aises avec mes deux sacs. Une heure plus tard nous faisons un arrêt dans une ville où je dois me serrer pour laisser la place à tout le monde, y compris les trois vendeurs à la sauvette qui, malgré la foule compacte du bus, insistent pour traverser toute sa longueur en proposant des pochettes d’eau, des bananes et des samosas. Nous repartons finalement avec nos nouveaux compagnons de voyage et je regarde le paysage morne et plat de la région. Je ne peux pas dire que je me sois vraiment régalé côté paysages jusqu’ici en Inde, hormis les formations de Hampi et de Gingee.

Régulièrement, des travaux sur la route provoquent des ralentissements et des cahots encore plus importants, malgré l’emprunt de la deux fois deux voies principale qui mène à Chennai. Un grand panneau sur la voie de gauche enjoint les conducteurs à passer de l’autre côté du terre-plein, sans doute pour laisser le trafic libre pour une équipe d’entretien. Nous traversons donc le terre-plein central et partageons ce nouveau côté de la route avec les véhicules venant à contre sens, sur la voie de droite. Rien de plus banal.

Assez rapidement le trafic ralenti et nous sommes pris dans un embouteillage. Placide, tel une vache, je prend note et continu d’observer le paysage au delà du terre-plein central. Des klaxons réguliers ajoutent une touche mélodique à la bande son déjà passablement occupée par le bruit des moteurs. Ce comportement universel qui consiste à croire qu’un coup de klaxon peut débloquer tout embouteillage est toujours aussi désespérant.

Tout à coup je vois passer une voiture de l’autre côté du terre-plein, sur notre ancienne portion de la route. Ah, tiens. Sans doute un véhicule officiel, me dis-je. Quelques minutes plus tard, des passagers plus énervés (et donc non bovins) élèvent la voix et font des signes au conducteur. Il devrait voyager en Inde, ceux-là. Ils relativiseraient, moi je vous le dit. D’autres passagers rejoignent la discussion, qui prend un ton de légère engueulade. Lâchement, je détourne le regard et poursuit ma contemplation par delà le terre-plein central (superbe titre de roman, ça, je le note pour plus tard). Je vois passer un bus. Ah ben c’est bizarre ça quand même ? Je me retourne vers l’arrière et j’aperçois une tripotée de bus et de voiture venant dans notre direction, mais de l’autre côté. Mais ce sont de sacrés rebelles ces indiens ! J’imagine déjà l’embouteillage monstre que cela va créer une fois qu’ils auront rejoint les travaux. Les cons.

P6210005Soudainement, notre conducteur de bus se lance dans une manœuvre culottée : il décide de faire demi-tour dans un embouteillage. Avouez que ce n’est pas donné à tout le monde d’avoir les nerfs de faire ça ? Ma curiosité attisé je lâche la contemplation du trafic dorénavant presque normal de l’autre côté du terre-plein pour observer la manœuvre du bus (chauffeur, si t’es champion, appui, appui!). Après un superbe créneau, le bus se retrouve perpendiculaire au deux voies et je constate avec horreur la situation : nous étions en réalité complètement en contre-sens. Les deux voies de ce côté-ci du terre-plein roulent vers Pondichéry alors que notre bus et tous les autres véhicules derrière sur la voie de gauche veulent aller vers Chennai. Oh le bordel. Superbe. Clap, clap, clap. P6210004Incredible India ! Vous me convoquerez le fonctionnaire responsable de la signalisation, s’il vous plaît. C’est donc sous un tonnerre encore plus furieux que d’habitude de klaxons que notre bus fini son demi tour et repart dans la direction opposée, retraverse le terre-plein cent mètres plus loin (on n’avait vraiment pas du tout avancé) pour reprendre le côté normal pour Chennai. Résultat des courses : une bonne heure de perdu.

C’est donc en milieu d’après midi que je descends à la Central Bus Station de Chennai, un peu fourbu mais riche d’une nouvelle anecdote. Bien entendu, je suis assailli instantanément par deux conducteurs de rickshaws qui me proposent leur service. Pour une fois, ça tombe bien. J’ai besoin d’eux. Je demande donc leur tarif en leur mettant l’adresse de l’hôtel sous le nez : 400 roupies. Et ben mon cochon. Je leur réponds que je vais réfléchir et que ce n’est pas pressé. C’était vrai car j’avais grandement besoin d’un Pepsi bien frais. Je me dirige donc vers le hall central de la gare routière (gigantesque à propos) avec le conducteur de rickshaw me précédant de « come, come ». Il devait penser que j’étais sa chose. Au niveau du hall, traîtreusement, j’oblique à droite pour pénétrer à l’intérieur, sans le prévenir. Ma stratégie est de le lâcher pour pouvoir négocier le prix avec d’autres conducteurs, sans l’avoir sur le dos. Ensembles, ils négocient entre eux en tamoul et je suis foutu. Je le largue et me trouve un vendeur de boisson pour boire tranquillement. Malheureusement, deux minutes plus tard, il me retrouve. Rhaa le lourd. « Come, come ». WOOOH !!! Ouane minute ! On n’est pas aux pièces ! Je m’énerve un peu en lui faisant signe qu’il faut rester cool. Il patiente donc à côté de moi pendant que je savoure un Pepsi glacé à vingt degrés ainsi que l’attente sadique que je lui inflige. Finalement, je repart et il me suit comme un petit chien. « Come, come ». Ta gueule.

Nous sortons du hall et je jette un regard périphérique pour trouver un échappatoire. Avec ma vision bionique dopé au sucre du Pepsi, je vois à cinquante mètres un panneau marqué « Pre-paid taxi ». Un plan machiavélique germe dans mon esprit. Un pre-paid taxi est un taxi dont le prix de la course est déterminé à l’avance justement pour éviter les arnaques. Généralement se sont des tarifs réglementés et la démarche est justement destinée aux touristes. J’effectue un crochet brutal en direction du guichet avec le conducteur qui réagit avec un temps de retard. « This way, come », me dit-il en pointant dans l’autre direction. Je sens l’odeur de sa peur.

Devant le guichet, je demande au préposé le prix d’une course d’auto-rickshaw pour l’adresse de mon hôtel. Il tapote sur son clavier et me réponds : 200 roupies, plus 3 roupies de commission. Lentement je me tourne avec un sourire carnassier vers mon arnaqueur qui arbore une mimique mi surprise mi innocente genre « Ah bon ? Si peu. Dis donc, c’est fou ». Je valide le billet pré-payé et mon ex futur conducteur s’en va en sifflotant. Je tends donc le billet à un autre conducteur et nous partons joyeusement, le cœur léger, dans le trafic où nous manquons de mourir trois fois.

Trente minutes plus tard, nous tournons toujours autour du quartier de mon hôtel à sa recherche. Régulièrement, le conducteur, s’arrête, cours vers un groupe pour demander son chemin puis repart. Décidément, il n’est pas doué. Il faut dire que côté adresse, l’Inde adopte une démarche holistique. Il faut voir ça dans son ensemble. Je veux dire, est-ce que c’est vraiment important que CHAQUE bâtiment ai son numéro et que chaque ruelle, un nom ? Hein ? Finalement, nous apercevons un panneau avec le nom de mon hôtel à l’entrée d’une ruelle. Bingo. Un peu énervé le conducteur m’explique que la course a duré plus longtemps que prévu, qu’il a du courir plusieurs fois et qu’en plus sa mère et malade et sa femme tétraplégique. Ok, ok. De toute façon je commençais également à compatir et lui propose donc 250 roupies au lieu des 200, ce qui provoque un sourire de contentement chez lui. Je regarde donc dans mon porte feuille et catastrophe, n’ai pas la monnaie. Je lui tends donc mon seul billet de 500 roupies qui me reste. Forcément, il n’a pas la monnaie non plus. A ce propos voici une règle de base quand vous empruntez un auto-rickshaw : toujours avoir la monnaie EXACTE. Sinon il vous fait le coup et arrondi au supérieur. Je lui fait signe que je vais aller à l’hôtel pour faire le change et il acquiesce. Je cours donc au lobby de l’hôtel et, après quelques secondes d’attente, leur explique la situation. Un frêle garçon s’en va donc avec mes 500 roupies faire la monnaie. Il revient cinq minutes plus tard avec cinq billets de 100. Je repart donc en joggant (sous 34°C) vers le rickshaw et lui file trois billets de 100. P***** ! Il n’a toujours pas la monnaie. Un peu agacé voir excédé par ce manège éculé je lui fait un signe que c’est ok. Mais casses-toi tout de suite avant que je t’étrangle.

J’avais cru tenir ma victoire sur les auto-rickshaws mais en réalité, je crois que c’est encore eux qui ont gagné.

Ces choses mystérieuses

Indubitablement, l’importance du rituel et du religieux en Inde n’est pas surfait. A la Kailash Guest House où je réside à Pondichéry, les occasions sont nombreuses pour le constater. Hormis les multiples tableaux et affiches représentant tout le panthéon, dans la petite pièce au rez de chaussée qui sert de bureau, on peut entendre et apercevoir une petit boite à prière électronique. Provenant certainement en Chine de la même usine qui fabrique des poupées qui parlent, son principe est relativement simple : une petite boite en plastique de la taille d’un demi carton de lait, décorée sur sa face avant d’une représentation de votre déité hindou préférée (ici, Shiva ne dansant pas, je crois) diffuse en permanence des mantras d’une voix nasillarde et robotique. Tout ceux qui ont déjà joué à la « Dictée Magique » dans leur enfance auront une idée assez précise de la qualité sonore. A propos de la représentation des déités hindous multicolores, je me dit régulièrement que ce ne doit pas être facile pour les musulmans, pour qui la représentation de dieu est interdit, de cohabiter avec tout ces idolâtres. Mais loin de moi l’idée de vouloir attiser un conflit religieux. Moi, ce que j’en dit…

En ce qui concerne le patron à l’aspect noble (physique bien proportionné, traits fins, cheveux, barbe et moustache blanche parfaitement entretenue, nez droit et peau sombre. Toujours habillé en chemise et pantalon. La classe indienne. Son fils est encore plus impressionnant car il fait facilement 1m80, des épaules de nageur et arbore en plus un léger catogan ce qui lui donne un air de pirate quand il est en short long. Doublement la classe indienne), chaque matin il effectue son petit parcours habituel consistant à rallumer les bâtons d’encens (notamment devant un autel dédié à Ganesh, le dieu qui barri) et les petites bougies à chaque étage, puis à redescendre au rez de chaussé pour effectuer une courte prière devant la photo d’un homme âgé et souriant à la barbe blanche (qui n’est PAS le père Noël), pour finalement toucher le portrait avec une rapide courbette. Seulement à ce moment là est-il disponible pour me donner une explication valable à la disparition d’une de mes paires de chaussettes et son remplacement par une autre plus pourrie à la dernière lessive.

Si vous sortez de la guest house vers ces heures vous noterez juste devant l’escalier sur la rue un joli motif symétrique tracé avec ce qui ressemble à de la craie. Vous pensez bien que j’évite soigneusement de marcher dessus, premièrement, pour ne pas abîmer cette très jolie œuvre dont l’aspect change tous les jours, mais également de peur que ce soit un puissant talisman anti-con qui me vaporiserai instantanément dans les limbes. Assez rapidement, on constate que cette lubie artistique n’est pas l’apanage de la Kailash Guest House mais est partagée par de nombreux habitants de Pondichéry. En voici notamment un petit aperçu.

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J’ai donc demandé un soir au propriétaire ce que tout cela signifiait. L’origine provient d’une tradition hindou qui consiste à partager sa nourriture avec tous les êtres vivants de la création en déposant un petit tas de poudre de riz ou d’autres nourritures devant sa maison. Au fur et à mesure les gens se mirent à tracer des formes alambiquées, histoire de foutre la grosse tehon à son voisin, pour finalement laisser tomber le fond et ne garder que la forme. De nous jours, tout le monde utilise de la craie. Au moins, ça n’attire pas les fourmis. Cela fait lever les yeux au ciel sur la véritable profondeur spirituelle des gens « religieux ». Mais bref, le cynisme sur la religion, je le réserve pour un peu plus tard.

A ce propos, si vous vous baladez le soir vers 19h30 du côté du temple Manakula Vinayagar (ne croyez surtout pas une seule seconde que j’ai mémorisé ce nom), là où opère l’éléphant Lakshmi, vous ne manquerez pas d’observer plusieurs scènes amusantes. Tout d’abord, notre pote l’éléphant est occupé à bénir les passants en leur donnant une petite tape de sa trompe, ce qui provoque quelques commotions cérébrales. Puis ensuite, vous noterez un curieux attroupement de gens en deux roues à la sortie du temple. Une fois l’éléphant parti, des prêtres torses nus en dhoti safrans (un habit traditionnel consistant en un long tissus que l’on noue autour de la taille et qu’on repli au niveau de l’entre jambe, porté notamment par les pêcheurs et les gens pauvres) entament une séance de bénédiction des deux roues avec une lampe à la fumée grasse. Autant vous dire que, vu le monde, le processus prend du temps. C’est sans doute moins cher que de prendre une assurance tout risques mais je ne jurerai pas de son efficacité.

Finalement, chacun se représente les indiens avec une tâche sur le front et ils ont bien raison. Ce n’est pas forcément systématique mais c’est très très fréquent. Il peut également s’agir d’un ou plusieurs traits horizontaux ou verticaux, de couleur blanche ou jaune, qui pourraient aussi bien, pour ce que j’en sais, être des traces préalables à une future lobotomie. Ce qui est amusant c’est de constater les degrés de fraîcheur de ses marques en fonction des fêtes religieuses. Avant, elles ressemblent à une croûte dé-séchée et effritée mais après elles resplendissent de leur couleur vive. En tout cas, du fait de leur banalité, j’ai complètement oublié de demander leur signification. Assez surprenant pour moi, j’ai pu apercevoir également de nombreux enfants et femmes le crâne rasé. Il me semble que pour les enfants il s’agit d’une sorte de rite de passage mais pour les femmes je n’en ai strictement aucune idée.

Pour conclure, je me dois de partager avec vous cette remarque glanée au détour d’un musée à Mumbai concernant l’apport de l’Inde au monde moderne. Selon l’auteur de cette remarque, l’Inde nous apporte une vision holistique du monde par opposition à une vision rationnelle de l’occident. Voilà. Donc je ne connaissait pas vraiment la signification de ce mot « holistique » mais si ça n’implique pas « rationnel », je ne peux être que d’accord. Hors, je viens d’en lire la définition. Une démarche holistique est une démarche qui tend à comprendre les phénomènes dans leur ensemble. Donc pour comprendre l’Inde il ne faut surtout pas essayer de comprendre chaque petit fait et geste mais la prendre dans son ensemble. Ce qui est doit être considérablement épuisant vu la taille et le nombre. Ça ressemble aussi un peu à une excuse facile, si vous voulez mon avis :

« Mais dis moi, pourquoi le monsieur fait caca sur le trottoir ?

  • Non mais cherche pas. Tu es trop rationnel. Adopte une démarche holistique et voit plutôt ça dans son ensemble en te mettant à une échelle cosmique.
  • Ah. N’empêche que cosmiquement parlant, il fait caca sur le trottoir.

Non, décidément, cette Inde est vraiment mystérieuse.

J’aime les pâtisseries indiennes

Côté nourriture, s’il y a une chose que je garderai en Inde, ce sont les pâtisseries. Toutes ces histoires de plats en sauce épicé, moi je trouve qu’ils en font trop. De toute façon on ne sent plus rien avec tout ce goût piquant. Non, non, la véritable perle culinaire de l’Inde, c’est les incroyables petites pâtisseries d’une finesse exquise et notamment celles confectionnées par la chaîne de magasin Sri Krishna Sweets, dont une succursale se trouve en bas de ma guest house en traversant la rue. Si vous y allez le matin, commandez quelques sonpapdi natures et une poignée de burfis à la mangue, le tout avec un petit café. Mazette, ça claque sa reum.

Je vais tenter de vous décrire l’expérience culinaire qui consiste à déguster un sonpapdi (nature ou au chocolat, bien que je préfère le nature). Imaginez un petit cube de 5cm de long, 5cm de large et 2cm de haut de couleur beige. Vous le prenez délicatement entre votre pouce et votre index. Vous percevez une douce sensation légèrement sablée. Vous humez son parfum qui exhale très légèrement la cardamone et le ghee. Vous portez sans plus tarder le sonpapdi directement à la bouche car il est huit heures du matin et vous n’êtes plus qu’un ventre. Sur la langue, vous sentez la matière sucrée commencer à fondre tout doucement. Vous croquez dans le cube et vous poussez un petit cri de surprise. La texture est fibreuse mais sablée à la fois. Chaque petit fibre du biscuit vient fondre sur votre langue tel un Immodium lingual, laissant un agréable goût sucré. Vous refrénez un rire de plaisir et mordez une nouvelle fois dans la pâtisserie. De nouveau vous poussez un cri, plus long cette fois ci et lâchez un éclat de rire hystérique. Finalement vous attrapez les deux autres cubes en vous les fourrant à pleine main dans la bouche, mâchez comme une bête décérébré, émerveillé par la sensation fibreuse à chaque mastication et poussant des hurlements de loups tout en dardant des regards possessifs aux gens alentours.

Respirez.

Faites passer le tout avec un petit café. N’oubliez pas de vous brosser les dents.