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Nha Trang, off

Amis sensibles et raffinés, ne fuyaient pas encore Nha Trang. Inutile de tourner autour du pot, ce n’est pas Paris ou Rome. Ne vous attendez pas à y découvrir des splendeurs architecturales à chaque coin de rue. Ou alors il faut être un sacré maniaque de l’architecture hôtelière de la deuxième moitié du vingtième siècle. Après avoir fait trempette une poignée de fois, il y a une ou deux possibilités de ballade pas complètement inintéressante, histoire d’éviter la desquamation totale.

DSC_6028_DxOTout d’abord, lorsqu’on s’éloigne un peu de cette fameuse plage, par exemple de trois ou quatre rues, on retrouve une ambiance totalement vietnamienne sans la moindre échoppe touristique. Les rues ne sont pas encombrées comme à Hanoi et l’atmosphère se rapproche un peu de Hué, pour sa partie moderne. Si vous voulez retrouver votre vendeuse de pho (fa) habituelle ou manger un com (caume, je crois), vous aurez de plus grande chance d’en trouver par là à des tarifs habituels.

DSC_6036_DxOEn continuant ensuite vers le sud, en bordure de ville et de rivière, on découvre un quartier un peu plus populaire. De la même manière, au nord, au bord de l’embouchure d’une seconde rivière, l’ambiance devient plus humble et l’air se remplit progressivement de l’odeur forte de la mer et du poisson péché. Des bateaux bleus et rouges aux grand yeux peints se balancent mollement sur l’eau. A ce propos, la plupart des bateaux vietnamiens arborent ces grands yeux. J’apprendrai plus tard qu’il s’agit d’effrayer les crocodiles. J’avoue rester dubitatif.

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En tout cas, cette zone de pêcheurs est sans doute le meilleur endroit pour manger des produit de la mer. Le long de cette rivière au nord, ainsi qu’en redescendant vers la plage, de multiples restaurants se pressent pour vous offrir toutes sortes de coquillages, crustacés et poissons, la plupart du temps très frais, car exposés encore vivants dans des bassines alimentés en continu par une eau courante en provenance d’un tuyau d’arrosage ou par des jeunes partis prélever de l’eau de mer dans des bidons en plastique. J’avoue avoir été extrêmement tenté de manger un homard à l’heure du goûté.

DSC_6032_DxOSi vous continuez vers le nord, sur une petite colline surplombant la rivière se dressent deux bâtiments anciens faits de briques rouges. Il s’agit de ruines d’un vieux temple de la civilisation Champa. Je vous rappel, car je vous sait distraits, qu’il s’agit d’une civilisation d’influence indienne, de religion hindouiste, qui existait sur la plupart du territoire vietnamien, avant l’arrivée de l’influence chinoise, il y a bien cinq ou six siècles de cela. J’adore être précis lorsqu’il s’agit de dates, comme vous pouvez le constater. L’endroit est très touristique, y compris pour les vietnamiens, mais le site est relativement restreint. On profite malgré tout d’une jolie petite vue sur la ville et notamment sur la rivière et le quartier de pécheurs.

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Pour les plus fanatiques, il doit bien y avoir une ou deux pagodes à voir. Moi j’avoue commencer légèrement à saturer de ce côté-ci. Que le premier qui n’a pas saturé après la troisième église romane de la journée me jette la première pierre. Aïe.

Nha Trang

Ah Nha Trang (Tchang) ! Que dire dessus qui n’a pas déjà été dis. Que puis-je décrire que des milliers de poètes et artistes n’aient déjà évoqués dans leurs œuvres désormais classiques. Sa beauté romanesque ? Le charme intemporel de son architecture? Ses matins embrumés que ne viennent troubler que les clapotis des canots le long… Ah, pardon. Je crois que je confond avec Venise.

DSC_6040_DxONon, parce qu’en ce qui concerne Nha Trang, il faut bien avouer qu’elle n’a d’autre intérêt que la plage, qu’elle a fort belle. Décrivant un très joli arc de cercle entourant la baie, elle se fini au sud par un relief montagneux rejoint par le biais d’un téléphérique, une île. Pourquoi donc, se demande-t-on ? Tout simplement car sur cette île, également légèrement montagneuse comme tout les alentours maintenant que je m’y penche sérieusement, se trouve le parc d’attraction « Vineland ». Nha Trang, c’est la station balnéaire vue par les Vietnamiens : tout est fait pour divertir le touriste. J’aurais pu aller voir ce fameux parc d’attraction, mais des circonstances en ont décidés autrement, notamment mon peu de goût pour les choses estampillées « spécialement pour TOI, touriste ».

DSC_6022_DxOMais revenons à cette foutue plage, car telle est le centre d’attraction de cette ville, soit disant. Une grande avenue la parcourt de haut en bas, d’une manière qui ne manque pas d’évoquer la Promenade des Anglais à Nice. Puis derrière, sur une à deux rues parallèles, se rangent une panoplie d’hôtels, restaurants, bars, karaokés et salons de massages. Le plus fou, c’est que ça continue à construire.

DSC_6025_DxOOn retrouve cette hiérarchie naturelle entre les grands hôtels grand luxe (type Sheraton, Hilton, Sofitel) donnant sur le front de mer (avec leurs chaises pliantes et leurs bars en plein air derrière la plage) et les hôtels un peu moins réputés deux à trois rues plus loin. Il n’y a aucune surprise de ce côté là et je peux vous annoncer que je suis logé deux rues parallèles mais dans un hôtel tout en hauteur avec piscine et bar au sommet. Je peux quasiment agresser les hôtes du Sheraton au lance-pierre avec un peu de détermination et quelques calculs de ballistique. Pis d’abord, la plage, j’m’en fout.

L’autre particularité de cette ville, et je la trouve de taille, c’est l’incroyable présence russe qu’on y trouve. Ça fait longtemps que je n’ai pas mis les pieds sur la véritable Promenade des Anglais et il est fort possible qu’on y trouve de nos jours la même proportion de sujets de monsieur Poutine. Néanmoins, j’ai comme l’impression que la catégorie socioprofessionnelle de ces touristes n’est pas la même. A Nha Trang, point de milliardaires oligarques gavés de pétro ou gazo-dollars mais de simples touristes de classe moyenne se déplaçant sobrement en classe économique.

C’est dans ces moments là qu’on est bien content d’avoir pris russe seconde langue au lycée (avant de se faire prier d’arrêter, deux ans plus tard, pour mieux me concentrer sur mon allemand. Peine perdue) car je peux, avec un peu de concentration, lire les panneaux écris en cyrillique qui peuplent les échoppes de la ville. J’avoue que je trouve ça extrêmement amusant et parfois ai même l’impression de me trouver dans un monde parallèle où l’Union Soviétique aurait remporté la guerre froide.

Là où je suis moins amusé, c’est quand je croise ces fameux touristes russes dans la rue ou au détour du lobby de mon hôtel. Je vais encore me mettre à généraliser, et dieu (s’il existe, mais je crois que ce n’est pas le moment d’entamer une digression théologique) sait que je n’aime pas ça. Je suis révulsé à l’avance de ce que je vais écrire. Pouah. Je suis donc pas très rassuré car je dois bien l’avouer, j’ai l’impression de croiser soit de gros gaillards massifs à la voix de baryton et à la mine rougeâtre que j’assimile automatiquement à une surconsommation d’alcool frelaté (et non pas à leur non adaptation à cet ensoleillement peu usuel dans leur contrées), soit à des sous-officiers des forces spéciales en permission après une intervention en force dans un théâtre tchétchène au physique sec et dur que mon esprit apeuré imagine partageant le même goût pour l’humour froid et sophistiqué que leur compatriote premier ministre Vladimir P. Je ne m’aventure pas à leur lancer un grand sourire innocent comme je le fait avec ces sympathiques vietnamiens. J’ai peur. Il faut dire qu’ils sont aussi grands que des américains. Mais je généralise, bien entendu. C’est juste que je trouve ça toujours un peu flippant de croiser un jeune blond à la coupe réglementaire arborant un t-shirt aux couleurs du drapeau russe. Le fait qu’ils portent t-shirt, marcels, shorts et tongues / schlappe / slache / gougoune / claquettes ne fait rien pour atténuer cette sensation. Au contraire. Imaginez Vladimir P, de Moscou, habillé de cette manière, tiens. Même dans les toilettes, il vient vous chercher, je vous le rappelle.

L’autre grand groupe de touristes qu’on y croise semble être la bande d’étudiants américains / australiens / anglais, brefs anglo-saxons, venus ici pour faire de la plongée le jour et la fête le soir. Ce n’est pas forcément plus fin, mais au moins, ils me font moins peur. Malgré tout, je dois dire que certains américains ou australiens élevés aux hormones et à la fonte détonnent parmi la population locale par leur carrure. J’avais perdu l’habitude avec tous ces frêles indiens et vietnamiens, un peu moins frêles.

DSC_6060_DxOQuand le soleil se couche, les néons s’allument. En partant de cette phrase d’introduction, écrivez un roman de mille pages. Vous ferez ça plus tard car il faut que je vous parle de l’ambiance pittoresque et légèrement sulfureuse du Nha Trang by night. Comme souvent, au crépuscule, on a l’impression que les vietnamiens prennent possession du front de mer. On peut avoir la chance d’assister à un concert gratuit de musique traditionnelle (avec le fameux dan bau dont je ne vous ferez pas l’injure de re-décrire) mais la plupart des activités se borne au classique jeunes en rollers, vendeurs ambulants de jouets inutiles mais amusants, vendeurs de glaces, pique-nique sur la plage ou tout simplement la bonne vieille promenade.

DSC_6052_DxOEn parlant de pique-nique, au crépuscule, la plage, notamment au nord, c’est à dire un peu plus loin des grands hôtels, se peuple de grandes nappes où viennent s’asseoir des familles et leurs amis pour partager un repas. Contrairement aux habitudes occidentales, ici point de glacières remplies de salades et sandwichs. La plupart des groupes sont munis d’un petit réchaud pour faire cuire le riz et les différents plats et, à la mode asiatique, chacun vient partager les différents mets posés au centre de la nappe. Je ne voudrais pas être la personne organisant le pique-nique mais je crois qu’un certain Christophe M., de Lyon, s’y sentirai parfaitement à son aise. Oui, parfois je lance des petits messages personnels.

Si vous êtes un peu isolé (et sans aucun doute mâle) entre deux groupes de promeneurs, justement, vous pouvez avoir l’occasion de vous faire proposer des drogues illicites ou des jolies filles, dans cet ordre. D’ailleurs si nous nous déplaçons maintenant dans une des rues parallèles à ce front de mer, là où l’on trouve le plus de restaurants et bars, on note à plusieurs endroits une petite atmosphère de fête à base d’alcool et de jolies filles. Ce n’est généralement pas très classe (même si on est loin du bar PMU ou du routier) mais ce n’est pas sans m’évoquer l’atmosphère que j’imagine régner dans des grandes villes de permissionnaires, comme le Da Nang des années 60-70. Il fait chaud, c’est criard, c’est lumineux et, en l’occurrence, ça parle slave ou anglais.

Dasvidagna.

En route pour Nha Trang

Il est temps de quitter Hoi An. Je sais, c’est un peu triste car cette petite ville est bien agréable. Mais avec le vol de vélo, il vaut mieux qu’on prenne le large avant que l’hôtel ne se rende compte qu’il lui en manque un. Ma prochaine destination, Nha Trang, plus au sud, une ville réputée pour sa grande plage et ses hordes de touristes russes. Je ne sais pas pourquoi. Sans doute des restes de l’époque soviétique.

Tout d’abord nous allons jouer à un petit jeu, celui de la prononciation. J’ai bien tenté de faire comprendre à certaines personnes que j’allai à Nha Trang mais sans grand succès jusqu’à ce que je me rende compte que le nom de la ville ne se prononçait absolument pas comme cela se lit en français. Oubliez « na trangue », ça ne fonctionne pas. La véritable prononciation s’approche plus d’un « na tchangue ». A partir de là, la conversation avec les autochtones peut reprendre. Ils comprennent mieux. Les vietnamiens sont certes sympathiques mais leur langue est plutôt hostile.

Pour descendre jusqu’à ma prochaine destination, il me reste un dernier tronçon de train à effectuer. Le départ s’effectue de Da Nang (qui se prononce bien « da nangue », merci) ce qui impose un premier transfert en bus local de Hoi An (Hoï anne, puisqu’on y est) vers sa grande ville voisine. Je prends donc un nouveau xe om vers la gare de bus sans la moindre angoisse. Je crois même que je commence à aimer ça.

Je monte dans un bus très simplement estampillé « Da Nang » ce qui laisse peu de doute sur sa destination. Je me trouve une place avec mes deux sacs et une femme au chapeau conique arrive pour les billets. Après m’être enquéri du prix pour aller à Gâ Da Nang, 20 kDongs, je lui tends un billet de cinquante. Elle fait mine de ne pas me rendre la monnaie puis me la tends avec un sourire. Hahaha. Elle m’a fait peur. « Il n’y a pas de tickets ? », lui demande-je, constatant qu’elle se tourne vers quelqu’un d’autre. « Non, non. Pas de tickets ici ». Il faut vraiment que je me débarrasse de mes réflexes d’occidentaux.

Nous partons dans le bruit habituel de vieux diesel et rejoignons Da Nang en milieu de journée sans grand soucis après une grosse demi-heure de trajet. Après quelques minutes dans la ville, la vendeuse de ticket m’interpelle gentiment et me fait signe de descendre ici pour la gare. Le bus s’arrête juste pour moi et je descends en la remerciant. Voilà une affaire rondement menée.

Comme j’ai pris beaucoup de marge (je ne sais pas, une sorte de mélange d’expérience et d’angoisse), j’ai le temps de commander un café vietnamien (assez épais et parfois servi avec du lait concentré sucré) et même de manger un bout dans un petit restaurant à côté de la gare. Si tout ce passe bien, je devrais arriver à Nha Trang en soirée vers 23h. L’estomac devrait couiner mais je devrais survivre.

L’heure du départ approche et je trouve mon wagon sans trop de soucis, selon un scénario relativement proche de mon départ de Hanoi, le retard en moins. Je me retrouve donc de nouveau dans une cabine couchette mais cette fois-ci je n’y dormirai pas. J’ai d’ailleurs du réserver une chambre à la dernière minute à Nha Trang, pensant que j’allais passer la nuit dans le train. Encore une fois, j’arrive alors que des personnes sont déjà dans le compartiment : une dame et sa fille. Nous échangeons donc des « sin tchao » polis et souriants alors que je pose mes affaires. Vous allez finir par croire que j’aime détailler tout les voyages que je fais. Je vais donc accélérer.

Un peu plus tard, le train roule vers le sud et alors que je suis en train de lire les aventures de Richard Bolitho (il n’est toujours pas mort alors que tout le monde crève autour de lui), la dame sort une boite en plastique, l’ouvre et sort des petits fruits verts de la taille d’une grosse balle de ping pong. Elle en prend un et en donne à sa fille. Manifestement, ça a l’air croquant. Voyant que je jette un œil discret à ce qu’ils mangent, la dame me tends la boite avec un sourire et me fait un signe m’invitant à en prendre. Quel con. Je vais encore me retrouver avec un truc répugnant dans la bouche.

Ma curiosité l’emporte sur mon instinct de survie et je tends la main pour me saisir d’un fruit, avec un grand « kam eune » pour la remercier. Avec un sourire elle arrache un nouveau morceau croquant de son fruit après avoir saupoudré des petits granulés marrons dessus. Elle me fait d’ailleurs signe d’en prendre un peu, également. Je m’exécute. Effectivement, le fruit est croquant et a un très léger goût de pomme. Je dirait même qu’il a un goût qui évoque la pomme, quelque part là bas au fond. J’apprendrai plus tard, en d’autres occasions qu’il s’agit d’une pomme chinoise. On va finir par croire que les chinois ne sont pas très bons pour les imitations. Par contre, pour ce qui est des granulés marrons, je ne sens pas trop l’effet ou alors un vague goût salé. Mais la bonne nouvelle, c’est que ça ne provoque aucun réflexe vomitif chez moi. Je fini donc mon fruit en croquant joyeusement dedans tout en continuant mon Bolitho.

Plus tard dans la journée (vous pouvez donc sereinement estimer qu’il ne sait pas passé grand chose depuis), les employés du train commencent à faire des aller-retours dans les allées pour proposer de la nourriture. Ma voisine commande un plat pour sa fille. Moi stoïque et ne sachant pas trop ce que c’est, je continue ma lecture. La fille commence à attaquer son repas dans un plat en polystyrène : du riz, du porc, un gros œufs dur avec une sauce. Le supplice commence. Ça a l’air pas mauvais son truc et j’ai du mal à empêcher mon estomac de grogner.

La mère finalement décide elle aussi qu’elle mangerait bien un bout et arrête l’employé des trains alors qu’il repasse. Il prend note et revient quelques dizaines de minutes plus tard avec un nouveau plat pour la mère. Entre temps, je crois que je commence à baver et finalement, craque. Je fait donc un signe à l’employé pour avoir la même chose que la fille, là, celle qui bafre de manière provocante. Celui-ci me réponds par la négative légèrement agacé. Manifestement, je m’y prend un peu tard et il est déjà revenu spécialement pour la mère. Crotte. Il repart.

Ceci dit, ma voisine de compartiment décide de prendre les choses en main et avec des gestes et quelques mots d’anglais simplistes me demande si je veux un plat. Ben, euh, oui, je veux bien. Avec un sourire elle me donne le prix et part dans l’allée avec mon argent. Mince, je m’attendais pas à ce qu’elle parte chercher le plat. Finalement, quelques minutes plus tard elle revient avec une nouvelle boite en polystyrène fermé et je la remercie avec un nouveau « kam eune », mais alors kam eune beaucoup. Qu’est-ce qu’ils sont sympas, c’est pas dieu possible.

Au bord de l’hypoglycémie, j’ouvre l’emballage et découvre une grosse cuisse de poulet sur un lit de riz. Bon, c’est pas exactement ce qu’elles ont eu mais c’est pas mal quand même. J’y goutte. Aïe. C’est un peu trop salé. Et le riz et un peu trop cuit et sec. Ce n’est pas le moment de faire mon difficile et je fini mon plat. Au moins, ça cale. Mais c’est peut être le pire repas que j’ai eu au Vietnam. Ma bienfaitrice me demande même si j’aime. Après une petite hésitation je fait une moue genre « couci-couça ».

Finalement, nous entrons en gare approximativement à l’heure prévu pour l’arriver à Nha Trang. Je demande confirmation à mes voisines qui me répondent par l’affirmative. Je les quitte donc avec de nouveaux remerciements et des « bye, bye » pour me retrouver rapidement devant la gare, où, sans hésiter, je hèle un nouveau xe om. Cette fois-ci, ce sera mon premier trajet nocturne. Nous convenons donc d’un prix (heureusement, j’ai entre temps trouvé sur un internet un vague barème pour les courses de xe om en fonction du kilométrage) et ppppppppprrrrrrèèèèèèttttte, c’est parti. Je dois avouer que de nuit, les sensations sont plus fortes même si la conduite reste quand même assez douce.

Nous roulons un peu le long de grandes avenues un peu désertes à cette heure-ci (quasiment minuit) bordées de hauts immeubles. Mon chauffeur s’arrête, cherche, puis repart. Il s’engage dans une ruelle, regarde à droite et à gauche, s’arrête au niveau d’une terrasse, interroge le serveur, puis repart. J’ai bien l’impression qu’il ne sait pas où se trouve mon hôtel. Il recommence le cirque une nouvelle fois puis finalement, avec quasiment un soupir de soulagement, on aperçoit l’enseigne du petit hôtel au fond d’une petite allée.

Je descends de mon xe om en le payant puis le remercie et il me quitte avec une tape amicale dans mon dos et un grand sourire. Il a du sentir que j’étais complètement serein et zen, à l’arrière. Je rentre dans le petit hôtel où je dois rester qu’une nuit mais le réceptionniste me fait signe de ressortir puis me précède pour m’amener à une autre adresse une vingtaine de mètres plus loin. Mmmh, voilà qui sent la combine. Je suis un homme dans un escalier qui mène à ce qui semble être une salle de séjour d’une maison et m’ouvre la porte d’une chambre au fond. Un autre escalier mène aux étages supérieurs. Effectivement, je me retrouve plutôt dans une chambre d’hôte, j’ai l’impression. Mais au moins la chambre est malgré tout fort convenable.

Le lendemain matin (je ne vous cache pas que pendant la nuit j’avais fermé ma porte à clé), je descends pour payer et sans surprise le propriétaire me demande du liquide. Heureusement le tarif est celui prévu.

Bienvenu à Nha Trang.

Green tea

Dans le genre « qu’est ce qu’on boit quand il fait chaud ? » la plupart du temps on répondrait « d’la bière » d’une part parce que c’est rafraîchissant et d’autre part pour faire genre. Sauf qu’il y a des fois où la bière on en veut pas parce que quand il fait chaud, elle monte vite à la tête.

J’ai donc testé pour vous une boisson qu’on trouve partout au Vietnam, le thé vert au citron légèrement sucré vendu en bouteille sous la marque « Khong Do », je crois, ou alors c’est le nom du produit, allez savoir. En tout cas voici à quoi ça ressemble :

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Plutôt sympa je trouve. Une très jolie harmonie de verts et de jaunes qui inspire le dynamisme et rappel plutôt pas subtilement le côté vert du thé. Mais vous devez vous moquer complètement de l’aspect visuel et vous demander ce qu’il en est en bouche. Et bien moi, j’aime. J’aime même beaucoup. C’est frais (enfin, surtout si c’est un peu mis au réfrigérateur avant, bien entendu), c’est très légèrement sucré, à peine citronné, et il doit avoir un additif dedans car quand j’en fini un, j’ai tout de suite envie d’un deuxième. Le seul problème c’est que je ne sais toujours pas comment ça se prononce et j’ai un mal de chien à le commander dans les restaurants ou les échoppes. Quand j’ai de la chance, il y a une bouteille quelque part en vitrine et il me suffit de la pointer du doigt. Sinon je galère comme pas possible et parfois, frustré, je me repli sur du Pepsi.

La sieste

Je commence à me répéter mais je trouve vraiment la plupart des vietnamiens sympathiques. J’économise d’ailleurs pour payer la tournée générale de bia hoi à mon départ de Saigon. Les raisons de cette sympathie surnaturelle vous ont déjà été énoncées : ils sourient voir ils rigolent et en plus ils ne s’embarrassent pas de manières et sont assez directs. Je viens de découvrir un troisième point positif : ils aiment faire la sieste.

Comme il fait chaud (si, si, ne faites pas semblant, il fait chaud) au Vietnam, entre midi et deux, la vie tourne au ralenti. C’est, pour être honnête, surtout vrai en dehors des grandes villes telles que Hanoi ou HCMV (soit Ho Chi Minh Ville, pour faire court). Il n’est pas rare lorsqu’on se promène comme un con de touriste pendant le pic de chaleur (qui je vous rassure, et beaucoup plus supportable, en ce qui me concerne, que le pic de chaleur indien. Peut être est-ce une question d’habitude) de découvrir des dames vendant des mets dans la rue, comateuses, la tête en arrière sur leur chaise pliante, les yeux clos et la respiration régulière. Si on jette un rapide coup d’œil dans les salles de séjour des maisons ouvertes sur la rue (comme la plupart des maisons vietnamiennes, encore une fois) on aperçoit fréquemment un ou deux corps allongés en chien de fusil sur une natte. Ou encore, au détour des allées d’un marché couvert, le même con de touriste ne manquera pas de faire attention à ne point piétiner une femme nonchalamment allongée le long de son stand et méditant profondément sur le sens de la vie. Autre exemple, dans ce même marché, à l’extérieur cette fois-ci, alors que vous prenez discrètement des photos d’ambiance vous apercevez une vieille dame assise en tailleur le buste en arrière et le menton en avant, visiblement en train de rêver d’une égale profondeur. Alors, une voisine taquine viendra discrètement vous proposer de photographier la grand-mère, en rigolant. Ceci aura pour effet de réveiller l’ancêtre en sursaut qui instinctivement, les paupières encore alourdies, vous lancera un : « Achetez mes fruits ! ».

Oui, car quand le vietnamien fait la sieste il faut croire qu’il n’oublie pas le sens des réalités. Je précise encore une fois qu’il ne faut pas imaginer une seconde que ce sont tous des fainéants qui roupillent tout le temps car la plupart commencent la journée extrêmement tôt. La quasi totalité des magasins sont ouverts à 8h et il est très commun de se réveiller à 6h du matin. Alors, la sieste, je vous prie de croire qu’elle n’est pas superflue.

Pour finir, je vous laisse avec ce monsieur, confortablement installé dans un hamac public auprès d’un petit lac de Hanoi. Et n’oubliez pas de faire la sieste. C’est bon pour la santé.

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