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Australian Football

Melbourne c’est une capitale culturelle. Ca va bien finir par rentrer à force que je vous le répète. Ceci dit, pour beaucoup d’australiens, les sorties en soirée sont plutôt l’occasion d’aller se divertir au stade. De ce côté ci, ils sont plutôt vernis, ayant le choix entre le cricket (pour les plus léthargiques), le rugby (à 13 ou à 15) mais surtout, le football australien, également surnommé « footy ». C’est d’ailleurs extrêmement perturbant au début car les gens vous parlent de « football » en se référant à sa version locale, l’AFL (Australian Football League) mais comme le football européen est encore un peu timide ici, pour eux, il n’y a pas d’ambiguité.

Hors donc, pour mon dernier soir à Melbourne, je me suis inscrit pour aller assister au match du vendredi soir pour un prix complètement dérisoire de 15$ (soit environ 10-11€). La sortie est organisée par le Greenhouse Backpacker et, oh surprise, notre chef de bande est Molly, notre guide pour le Pub Crawl. C’est d’ailleurs elle l’instigatrice de cette sortie. Elle est fan de footy. En plus, ce soir, ça tombe bien, son équipe, Collingwood, joue et pour que la soirée soit encore plus dingue, c’est un derby de Melbourne, Hawthorne vs. Collingwood, deux quartiers de la ville.

A ça, il n’y a rien d’étonnant. En discutant un peu avec Molly, mais aussi grâce à mes papotages avec les trois Brisbanais de hier soir, j’apprend que ce sport est joué majoritairement au sud du pays, avec une forte concentration d’équipes à Melbourne. La ligue compte 18 équipes, dont 9 sont basées dans la capitale du Victoria, voir 10 si on rajoute Geelong, une ville mitoyenne. C’est d’ailleurs à Melbourne que le sport a été créé. Molly nous a d’ailleurs raconté qu’historiquement, il s’agissait d’un sport d’entrainement hors saison pour les joueurs de cricket. Je suis drôlement sceptique à ce sujet car je ne voit pas bien en quoi le fait d’être hors de forme impacte en quoi que ce soit la performance d’un joueur de cricket. Si c’était un sport physique, ça se saurait. Je crois que je vais lancer la rumeur que le rugby a été inventé par des joueurs de pétanque pour maintenir leur condition physique pendant l’hiver.

Du coup, la saison est hivernale est courte. Comme un grand nombre d’équipes est de Melbourne, aux alentours des weekends il y a des matches quasiment tout les soirs. Il y a d’ailleurs deux stades dédiés, des plus modernes, l’Etihad Stadium à l’ouest du CBD et le MCG (Melbourne Cricket Ground) à l’est mais les deux sont en centre ville et facilement accessibles à pied de Federation Square.

Je me retrouve donc de nouveau à l’accueil de l’hostel, attendant que tout le monde se rassemble. Un groupe de trois anglaises sont déjà là, à moitié peinturlurées en noir et jaune, les couleurs de Hawthorne. Agréable surprise, je retrouve Samjin, également intrigué par ce sport. Sous le chaperonnage pressant de Molly, nous prenons la route à pied. Manifestement, elle est pressée d’arriver un peu tôt malgré des places numérotées.

C’est d’ailleurs franchement agréable de pouvoir tout faire à pied lorsqu’on est en centre ville. Le stade est à peine à dix minutes de marche le long de la Yarra River. Hormis deux rues traversées, le reste du parcourt se fait sur un chemin piéton et sur une très jolie passerelle en bois. Nous profitons de ce moment de ballade pour discuter de nouveau football avec Samjin. A l’approche du stade, nous croisons de plus en plus de personnes aux couleurs des deux équipes. La foule est extrêmement variée, familiale et calme.

Le MCG, également stade de cricket, comme son nom l’indique, est vraiment immense et moderne. Après s’être fait refoulé à une entrée pour une confuse raison (je crois que Molly avait ses habitudes et que pour ce match, ce virage n’était pas autorisé pour les non abonnés), nous refaisons un demi tour de l’enceinte pour finalement pénétrer au rez de chaussé. Tout est nickel et propre avec une ribambelle de vendeurs de nourritures et de boissons. Nous grimpons des marches et j’ai pour la première fois une vue de l’intérieur du stade.

C’est immense. Ce stade peut contenir jusqu’à 100000 spectateurs et pour vous donner une idée, c’est plus que le Stade de France qui est le plus grand stade français. Il est parfaitement oval de forme, à l’image du terrain de cricket qu’il contient. De plus les tribunes sont très inclinées ce qui assure à tout le monde une vue superbe sur l’action.

On poursuit donc notre ascension et nous nous retrouvons quasiment aux deux-tiers en haut, dans un des coins du terrain. Enfin, comme il est oval, on ne peut pas vraiment parler de coin. En tout cas, on est super bien situés. Le stade est déjà bien rempli alors que le match ne commence que dans trente minutes.

C’est le moment dont profite Molly pour nous expliquer un peu les règles de ce sport. En espérant ne pas me tromper, disons que c’est une sorte de mélange entre le rugby et le football. Je pourrait vous renvoyer vers la page Wikipédia, mais je préfère quand même vous balancer moi même quelques généralités. Tout d’abord, le sport se joue sur un terrain de 185m de long sur 100 de large. C’est gigantesque. Si, si. C’est beaucoup plus qu’un terrain de football ou de rugby. On y met, à des endroits stratégiques, bien entendu, deux fois 18 joueurs. Ca fait du monde. Vous habillez ces joueurs de petits shorts courts façon Michel Platini, années 70, ainsi que de marcels laissant saillir les muscles des épaules.

Les joueurs peuvent se passer la balle soit à la main, soit au pied. S’ils choisissent la première option, ils doivent impérativement la taper par en dessous, à la manière d’un service de volleyball lorsqu’on ne sait pas servir au volleyball. Contrairement au rugby, d’ailleurs, on peut très bien effectuer une passe en avant. Au pied, c’est beaucoup moins restrictif et on peut faire ce que l’on veut. Là où ça devient franchement divertissant, c’est que le joueur portant le ballon peut se faire plaquer, y compris lorsqu’il est en l’air. Finalement, pour que tout ceci prenne encore plus l’allure d’un sport inventé par une romancière au chômage, vous pouvez porter le ballon mais sur pas plus de 15m. Ensuite vous pouvez dribbler pour repartir pour 15 nouveaux mètres. Oui, vous avez bien lu : on peut dribbler avec un ballon oval. Je l’ai vu faire.

Pour donner un sens autre que de se foutre sur la gueule, on a placé quatre poteaux de chaque côté du terrain. Pourquoi quatre, me demandez-vous (je vous entends d’ici) ? Tout simplement car les deux du milieu rapportent un maximum de point si vous parvenez à passer du pied (et non pas de la main) la balle entre, alors que si vous la passez entre un des poteaux extrêmes et ceux du milieu, ça ne rapporte qu’un point. Si vous la shootez n’importe où, c’est encore plus drôle car cela donne une touche. Mais contrairement à tout les autres sports de la planète où la balle revient à l’équipe adverse qui la remet en jeu, dans ce sport c’est l’un des arbitres qui s’en charge. Pour garantir l’équité de la remise en jeu, il se place alors sur la ligne, se retourne dos aux joueurs, face au public, et d’un grand jet par dessus sa tête qui n’est pas sans rappeler la gestuelle du lanceur de tronc d’arbre, l’envoi valdinguer à l’aveugle très loin dans le terrain. Je crois bien que c’était mon moment préféré du match.

Il y a encore plein de subtilités que je vais passer sous silence, principalement car je ne les ai pas comprises. Heureusement, Molly était là pour répondre à la majorité de nos interrogations. Tout ceci se déroule sur quatre quart temps de 20mn, avec des pauses au milieu ce qui fait qu’on passe quasiment deux heures au stade. Ceci dit, au vu de la taille du terrain et les distances parcourus par les joueurs (sans parler des placages), c’est un des sports les plus physiques que je connaisse. Il n’y a pas à mégoter, ces joueurs sont de sacrés athlètes.

Mais revenons à notre match. Pour faire couleur locale, je redescend me prendre de quoi manger et opte pour un fish’n’chips. Je crois bien que je rend perplexe Samjin devant ce choix, lui qui est habitué à fréquenter les stades de football anglais. Ce doit lui paraître aussi peu dépaysant que de commander un jambon beurre. J’apprend d’ailleurs qu’il a joué à un très bon niveau et qu’il y a encore un an, jouait en amateur dans l’équipe de sa ville. Un peu plus et il m’avouait avoir participé à la Ligue des Champions ou connaître personnellement Wayne Rooney.

Enfin, le match commence après un petit cérémonial. Le stade est quasiment plein et les supporters de Hawthorne et Collingwood, plutôt mélangés. D’ailleurs, on repère très peu de véritables groupes organisés et globalement l’ambiance est incroyablement calme et retenue. Par rapport à un stade de football, c’est incomparablement plus silencieux, et c’est peu dire. L’avantage est qu’on peut se concentrer sur le match sans être sans cesse dérangé par une ola. Par contre, il faut bien l’avouer, c’est assez terne. Samjin, en habitué, tente de se mettre dans l’ambiance en lançant des « Come on, magpies ! » mais la sauce ne prend pas. Les couleurs de Collingwood sont le noir et le blanc, d’ou le surnom donné à l’équipe de « magpie », la pie commune. Sinon, vous pensez bien que ça n’aurait aucun sens ce qu’il dit.

Comme Molly supporte Collingwood, nombreux sont les gens qu’elle a rallié à sa cause. Moi j’attends de voir qui va gagner. D’après notre guide, Hawthorne, banlieue plus fortunée, est favorite mais l’enjeu du match est essentiellement pour Collingwood qui peut, en cas de victoire, se qualifier pour la phase finale du championnat. Quelle tension. J’espère bien que vous vibrez avec cette mise dans le contexte.

En tout cas, le jeu est franchement divertissant, toujours en mouvement et avec très peu de temps morts. Je dois dire que les impacts me semblent beaucoup moins violents qu’au rugby sans doute car les joueurs ont moins de vitesse. De toute façon, la plupart des mouvements de ballons se font par des passes au pied, avec très peu de courses.

Pendant la moitié du match les équipes sont au coude à coude. J’en profite d’ailleurs pour repérer un joueur de Collingwood, répondant au joli nom de Harry O’Brien qui, comme son nom pourrait laisser croire, n’est pas un grand roux à tâche de rousseur originaire de Limerick ou de Galway, mais un grand black à rasta originaire de Rio de Janeiro. Comme c’est le seul black des 36 joueurs sur le terrain, c’est relativement facile de le reconnaitre. De plus, il marque un superbe but, histoire de se faire remarquer. Finalement, à partir du troisième quart temps, les choses se gâtent pour Collingwood. Les espaces sont font en même temps que se fait sentir la fatigue (parce que ça cavale, croyez moi) et la défense prend l’eau. Je me retourne et Molly semble de plus en plus déçu par la tournure des évènements.

Au coup de sifflet final, c’est un score proche de la fessée qui s’affiche au panneau principal, en faveur de Hawthorne. Nous repartons dans le calme, toujours dans une ambiance tranquille et conviviale. C’est un sport intense mais on ne peut pas dire que les supporters soient déchaînés ici.

Pub Crawl

Pour le besoin de la narration, une bande son adaptée vous est proposée. Pour une meilleure immersion, montez le son. Pour une meilleur empathie, servez vous un verre.

Jeudi soir. Soirée pub crawl. Je m’attend à tout. Dix dollars, une boisson gratuite et quatre pubs. Voici le topo.

Il est 20h. Rendez vous à l’étage de l’accueil.

Enter Molly. C’est notre hôte pour la soirée. Accessoirement, c’est une employée du Greenhouse Backpacker. C’est aussi l’organisatrice de la soirée bingo.

Molly, elle est sympa. Elle est brune. Elle a un grand sourire et un écart entre les dents du devant comme Yannick Noah. Mais surtout, elle nous offre gratuitement une bouteille de bière.

Les gens commencent à se masser devant le comptoir. On commence à se découvrir. Il y a un peu de tout. J’aurai tout le temps pour discuter.

Le groupe est au complet. Molly nous donne cinq minutes pour finir nos bières. Il m’en reste un quart. Elle est dingue, je vais marcher de travers avant même d’avoir posé un pied dans la rue !

Chacun descend par son moyen de prédilection, l’escalier ou l’ascenseur. Je prend l’escalier. Anecdote hyper intéressante. Le groupe se reforme au rez de chaussée, à côté de l’agence de police. This way !

En route, Molly, elle veut qu’on commence à se côtoyer et qu’on se cause. Hi ! Juste à ce moment là, mon voisin est un grand brun svelte. Enter Samjin.

Samjin, il est anglais de Stoke-on-Trent, pas l’endroit le plus glamour d’Angleterre. N’empêche qu’il est ici de manière imprévue. Sa sœur a eu un accident à Darwin. Il est venu ici pour la rapatrier. Maintenant, il profite un peu pour visiter.

On cause football. Je commence à avoir de la conversation sur le sujet à force de lire l’Equipe et de regarder Lyon en Ligue des Champions. Rectification. Regardait Lyon en Ligue des Champions.

Samjin, il est bosniaque d’origine. Il est également étudiant en médecine ou plutôt médecin généraliste novice vu qu’il a fini ses études. J’apprend des trucs. En Angleterre, il ne faut faire que cinq ans d’études pour devenir généraliste. Dingue.

Molly nous demande de nous mélanger un peu plus. Non mais, oh ! Je commençais à peine à l’apprécier le gars ! On change donc de partenaire, toujours en route vers notre premier pub.

Un gars, taille moyenne (la mienne), à la moustache de Freddy Mercury me sert la main chaleureusement, un grand sourire sous sa pilosité. Il est australien de Brisbane. Moi je suis français de Toulouse. Lui ne le savait pas encore.

Melbourne, il y est pour le weekend. Pourquoi ? Pour assister à un match de football australien, un match au sommet avec trois de ses potes. Plutôt sympa le gars. Je lui pose plein de questions sur le championnat. Le sport, c’est le grand unificateur. La culture sportive, ça sert, finalement.

Nous descendons dans le premier pub. Salle moyenne, bar, canapés et tables basses. Musique forte. C’est ici et maintenant pour la boisson gratuite. Je me pose dans un canapé au coin, entre Samjin et le moustachu. Il me sert un verre de bière d’un des pichets amené par Molly. Sympathique, le gars. Sympa, Molly.

On continu à bavasser. Il est d’origine italienne et fier de l’être. Je pensais qu’il avait un boulot. En fait il est étudiant. Je pensais qu’il avait 35 ans. En se marrant il me répond qu’il en a 22. Foutu pilosité. Ca te vieillit n’importe qui.

Je zappe sur Samjin qui discute avec un grand blond grand-breton à la molle charpente. Il porte des lunettes et son prénom, c’est Lochlian. Je le lui redemande. Je lui demande d’épeler. Original. On discute, lui et Samjin, mais je ne sais plus de quoi. Ca dure au moins une heure.

Molly se lève. Elle nous invite à changer d’endroit. Tout le monde sourit. On ressort dehors. La musique s’assourdit. On reprend la marche.

Nouveau changement de partenaire sous la demande de Molly. Elle est marrante Molly. Elle nous demande ça avec de grands sourires comme si on était des enfants. Cette fois-ci mon voisin est un jeune gars à l’allure sportive et musclé. Hi. Grand sourires.

Mince. C’est un copain au moustachu de Brisbane. Du coup, j’ai la moitié des réponses à mes questions sur le football australien. On papote quand même, mais je ne sais plus de quoi.

Arrivé au pied du deuxième pub, le Sahara. On passe un physionomiste. On monte sur le toit. A l’air libre, décoration marocaine, petits canapés et table basses rondes ouvragées. De nouveau, commande de pichets de bière.

Je continue à papoter avec le moustachu italien et sa bande de potes. Je crois qu’ils ont bien retenu mon prénom. Oliveeeeuuuur ! Yeeeaaah ! Je renverse un verre. Olivveeeeur !

Je part récupérer de quoi essuyer est un nouveau verre. Plein. Cette fois-ci je m’assois à côté de Molly. Ca change des amateurs de football australien.

Molly, elle est marrante. Elle adore sa ville. On parle de Melbourne. On parle des banlieues résidentielles. Elle habite dans le CBD. Pas folle.

C’est une apprentie institutrice. Le tourisme c’est un petit boulot pour financer ses études. Je crois qu’on parle voyages. Pour changer. Je lui parle de ce que j’ai vu en Australie. Pour changer. Je m’éclipse pour aller aux toilettes. Foutue bière.

A mon retour, un groupe s’agglutine autour d’un narghile. Le moustachu sympathique me fait signe de les joindre. Oliveuuurh ! Non merci. J’aime pas la fumée. Mais c’est sympa.

Je papote de nouveau avec Samjin et Molly. Il est bien ce bar. On voit les immeubles illuminés tout autour. Ambiance New York rooftop.

On va voir ailleurs, propose Molly ? Yeah ! Tout le monde suit diligemment. Descente dans la rue. La musique s’assourdit. Oliveuuur ! Ils sont sympas ces australiens.

Je commence à reconnaître l’endroit. Merci la visite guidée gratuite. On rentre dans une allée sombre couverte de graffitis. Molly se retourne avec un sourire d’intrigue. On va au Croft Institute.

Musique assourdit et discrète enseigne lumineuse. Molly frappe à la petite porte. Un physionomiste nous ouvre. Le groupe défile devant lui. A l’intérieur c’est plutôt petit. Longue pièce, plafonds hauts, ambiance sombre. Musique forte.

Des paillasses de chimistes attirent le regard. Carrelage blanc, éviers et robinets. Lumières glauques changeantes illuminant par en dessous. Il y a foule mais l’endroit est étriqué. Tout le monde est debout.

Au fond, c’est le bar. Carrelage blanc. Derrière, c’est des étagères de verres et de bouteilles. Trois barmen à l’aspect déments bougent au rythme de la musique. Ils ont l’air cadavériques et maigres. Un éclairage par en dessous renforce leur air maladif.

Ils sourient beaucoup et se marrent en discutant avec les clients. Ils bougent avec la musique, préparent les cocktails à cent à l’heure en jonglant avec les bouteilles. Cool.

Regard sur la carte. Des cocktails. La spécialité du coin : des cocktails servis en seringue. On en prend quasiment tous. Mon barman est petit, squelettique, quasi-barbu et porte un bonnet. Il a l’air fou.

Heureusement, les seringues ne portent pas d’aiguilles. Je m’injecte du cocktail dans la bouche. C’est franchement pas mal. Me souviens pas du nom.

Je me glisse vers les trois asiatiques du groupes. Hi ! Hi ! Une taïwanaise et deux japonaises. Elles ont l’air hilares. Vous êtes d’où ? Question classique, réponse originale : Okinawa.

On papote et je suis surpris. Ou alors les temps ont changé. Ou je suis bourré de clichés. Deux japonaises en vacances longues. Plus d’un mois. Envie de s’amuser et d’échapper au train-train.

On papote toujours en se dandinant légèrement, calés sur 120 BPM. Injection de cocktail en parallèle. Un australien qui n’est pas du Greenhouse s’incruste. Au moins, il est sympa.

Je crois bien que je reprend la discussion avec Lochlian. Me souvient plus. Les japonaises ont un anglais limité. La musique est forte. C’est haché.

Encore une envie d’uriner. Un étroit escalier monte aux toilettes. Ambiance clinique de fou. Carrelage blanc partout. Je redescend dans la pénombre de la salle principale.

Molly s’approche de nous. On bouge ? Yeah ! J’suis curieux de découvrir la suite. On ressort dehors. Le Croft Institute, c’est classe. Musique assourdit et odeur d’urine dans l’allée.

Tout le monde a la banane. Molly, elle est sympa. Le Croft Institute, c’est cool. Le monde est flou et élastique. Oliveeeeur !

On marche encore. Pas très loin. On entre dans un immeuble. Une galerie marchande quasiment déserte. Au centre, un grand patio couvert sous une verrière, très haute. Au milieu, une haute tour de brique de 50m. La Shot tower.

On monte un escalator. A l’étage, où les magasins sont fermés, on rentre dans un pub billard. Musique dance tout venant. Fun radio en pire. Petite piste de danse. Décevant. Je fixe Molly avec un air de déception. Musique forte.

Tant pis, je reprend une pinte de bière. Pendant que tout le monde commence à se poser devant la piste de danse, je déambule vers les tables de billard. Lochlian me rejoint. Un couple joue à une table. Bizarre, je ne reconnais pas le jeu.

Curieux. Je m’approche et leur demande les règles. Ils m’expliquent. On se présente. Ils ont l’air un peu éméchés. Moi, je ne sais pas. Enfin, un peu. Enter Patrick. Enter Cathy.

Patrick est australien d’origine irlandaise. Il est habillé en costume cravate. Il a laissé tombé le costume et la cravate.

Cathy est mauricienne d’origine mauricienne. Elle est toute petite et parle français avec un accent créole.

Ils ont tout les deux la trentaine et sont super sympas. Je me tape l’incruste et on discute. Pendant ce temps, ils jouent. Mais pas trop. Ou pas bien.

Cathy est super contente de pouvoir parler français. Du coup je me force. Son vocabulaire est hésitant. Elle est ici pour le boulot.

Quand elle joue, je discute avec Patrick. Il est cool. Je crois qu’on discute de l’Australie. Pour changer. Je crois bien que je reste quasiment deux heures avec eux. On discute de plein de trucs et on rigole.

Un type s’incruste. Il est un peu lourd. Il drague la copine de Patrick et je crois que ça le fait un peu chier. C’est pas très clair. Ou c’est moi qui ne suit pas très clair.

On continu à parler français avec Cathy. Patrick le comprend un peu. Il ne le parle pas. Malgré la musique et l’alcool, on a de vrais conversations. Ils sont bien sympas.

Finalement, je les remercie. Je leur dit au revoir. Eux aussi. On se fait de grands sourires. Je vais jeter un œil à mon groupe. Ils ne sont plus là. Tout le monde s’est barré. Il est prêt de 2h du matin.

Je quitte le pub, redescend au pied de la tour intérieure, ressort dehors. Mon sens de l’orientation, je ne l’ai pas perdu. J’emprunte les trottoirs beaucoup plus déserts du CBD.

A un coin de rue, Oliveeeeuuur ! Je retrouve les trois australiens de Brisbane. Oui, tout le monde s’est barré. Je ne sais pas quand. Je ne sais pas où. En tout cas, c’était chouette. Ciao !

Je rejoint l’auberge, monte à mon étage et me glisse discrètement dans mon dortoir. Noir.

C’est chouette Melbourne.

Le CBD

Jeudi matin à 10h, c’est la visite guidée gratuite du CBD de Melbourne et il me semble bien vous en avoir parlé alors, s’il vous plait, ne faites pas les surpris. J’ai coché mon nom sur ma liste et à l’heure dite, on se retrouve une bonne dizaine autour de notre guide, un jeune sympathique joufflu à la barbe rase, employé du Greenhouse Backpackers. Pour ne rien changer à mes habitudes, je ne me souviens absolument pas de son nom. Parfois je prend des notes, mais souvent, j’oubli.

Pour que ce soit encore plus sympathique et coller à l’éthique écolo de l’hostel, ce petit tour se fait à pied. Nous partons donc en bande et plutôt que de vous narrer la chose chronologiquement, ce qui serait extrêmement difficile car tout ceci est un peu flou, nous allons aborder ça de manière thématique.

Pour commencer, plantons le décor culturel. Melbourne et l’état du Victoria encouragent beaucoup les arts. On croise donc en ville quelques statues ou « oeuvres » posées sur les trottoirs, DSC_7534_DxOdirectement accessibles par les passants. Au nombre de celles-ci, non loin de l’auberge de jeunesse, se trouve trois statues de bronzes d’hommes aux yeux exorbités tenant des valises, façon voyageur de commerce, posées au coin d’un des trottoirs les plus passants. Preuve que l’art n’est absolument pas guindé dans cette ville, de nombreux passants prennent un malin plaisir à insérer des cigarettes allumées dans la bouche notablement ronde des statues. Pour vous éviter une recherche pénible, j’ai déniché le nom de l’oeuvre, « Three Businessmen Who Brought Their Own Lunch », et d’après ce que j’ai compris ils représentent les trois fondateurs de la ville, revenus au temps présent, figés dans une posture de surprise alors qu’ils la redécouvrent dans son état actuel. L’un des fondateurs s’appelle d’ailleurs John Batman, aucun lien de parenté avec Bruce Wayne.

Une autre œuvre que nous a montré notre guide est une fontaine d’un aspect original. En vérité il s’agit plus d’un mur sur lequel un film d’eau coule. Le mur étant creusé de petites rigoles horizontales et irrégulières, ce film d’eau coule en créant de petites vaguelettes. Mais le plus fascinant dans cette fontaine est qu’encore une fois, les gens se la sont appropriée, peut être d’une façon non prévue par l’artiste. Si l’on place une feuille morte sur le mur, du fait de ce film d’eau et de la surface du mur irrégulière, celle-ci reste collée tout bloquant l’eau qui coule autour, dégageant une forme en dessous. En plaçant plusieurs feuilles à divers endroits, on parvient a créer des formes plus complexes. C’est complètement indescriptible mais c’est extrêmement amusant. Ne me demandez pas ce que cela doit représenter.

Mais une des œuvres d’art les plus connus de Melbourne, et soit disant la plus photographiée (autant dire que de nombreuses personnes de mon groupe se sont senties obligé de le faire), est un gros portefeuille de femme en granite et acier poli de la taille d’un petit canapé, posé par terre sur le flanc, fermé. Du nom de « The Purse », cette œuvre sert également de banc public. Si vous cherchez à faire une photo « cliché » de Melbourne, faites vous photographier en train d’essayer de l’ouvrir. Sinon, contentez vous d’observer les autres le faire, un sourire narquois aux lèvres.

DSC_7514_DxOToujours dans le domaine de l’art, la ville encourage les grafitis. Enfin, disons qu’elle le fait, à condition que l’artiste fasse une demande de permission, ce qui trahi quelque peu la démarche d’origine de la discipline. Plutôt situées dans les allées obscures et ruelles cradingues, la plupart sont vraiment magnifiques voir grandioses. On en trouve également pas mal du côté de Fitzroy, à ce propos. Fait cocasse (vous allez voir, vous allez vous tordre), alors que notre groupe se baladait au font d’une ruelle obscure aux odeurs d’urines, DSC_7533_DxOnous vîmes arriver un groupe de collégiens en uniforme accompagné d’un grand barbu hirsutes aux avant bras tatoués coiffé d’un bonnet. Ils eurent droit à un cours particulier de graffiti avec explication de texte de leur guide, celui-ci s’attardant particulièrement sur l’oeuvre d’un graffeur français (cocorico), dont j’ai oublié le nom, à la finesse d’exécution totalement « mind blowing ». Je le cite. Le graf est totalement rentré dans la norme.

Puisque nous sommes dans les allées obscures et odorantes, parlons de boisson et de bars. De l’avis même de notre guide, citoyen de cette ville depuis dix ans, connaître les lieux sympathiques demande un peu d’effort de bouche à oreille. La plupart n’ont pas pignon sur les rues les plus passantes mais dans des allées ou ruelles glauques. C’est parfait, nous y sommes. On trouve notamment dans celle où nous sommes présentement le Croft Institute. Ce bar de nuit accessible par une porte anodine en métal au fond d’une longue allée biscornue, après les poubelles, situé dans un ancien labo pharmaceutique, en a conservé son décor. Je ne vous en dis pas plus, car il se trouve que j’y suis passé lors du pub crawl.

DSC_7540_DxODans une autre ruelle au nom tout indiqué se trouve le Cherry Rock Bar, institution à Melbourne pour tout ce qui touche à la scène rock. L’anecdote voudrait, d’après notre guide, que Lady Gaga (cette sorte de Madonna version 2), après son concert et lors de sa tournée australienne, aurait téléphoné au propriétaire pour réserver sa soirée privée. Celui-ci, puriste ayant dédié son lieu au lancement de jeunes groupes locaux, aurait tout simplement refusé. A ce propos, la ruelle où se trouve ce bar se nomme AC/DC Lane, comme de bien entendu.

Pour finir sur le chapitre des bars, un autre exemple de concept original concerne le Section 8 Bar. Il a été construit en 24h sur l’emplacement d’un parking à l’aide de palettes de bois. Un container abrite le bar alors que les palettes entassées servent à s’assoir. Ce bar d’extérieur se spécialise, d’après notre guide, dans la musique hip hop. A l’heure où nous y étions, il était désert.

DSC_7532_DxOL’alcool c’est bien, mais le café c’est pas mal non plus. Melbourne se targue d’avoir une certaine culture du café. Notre guide, par exemple, en est particulièrement fier et nous a demandé de poser devant l’unique Starbucks croisé afin de nous prendre en photo en train de pointer le pouce vers le bas. D’ailleurs, si vous êtes motivés, cette photo est visible sur la page Facebook du Greenhouse Backpacker autour du 15 aout. Vous pourrez m’y voir avec mon chapeau, depuis disparu. En contrepoint, il nous a amené au plus petit café de la ville, à peine plus grand qu’un gros placard. Il se situe dans un couloir donnant sur le hall d’un très joli immeuble art déco. A l’origine, l’endroit contenait le central téléphonique de l’immeuble, d’ou son nom, le Switchboard Café. Le comble, c’est que leur expresso est également très bon et peu cher, un dollar (mais sans doute est-ce parce que nous y sommes allé avec un groupe). Encore une fois, vous pourrez nous y voir en photo (un peu plus serrés) en train de lever le pouce en l’air.

Maintenant que l’on a bu, il est temps de manger. Fort heureusement, le tour gratuit comprend un repas à prix réduit dans un restaurant chinois de Chinatown. De manière assez surprenante, notre guide nous affirme que celui de Melbourne est le plus grand du monde, y compris devant celui de San Francisco. J’avoue être encore dubitatif. Nous montant donc à l’étage et piochons dans des plats amenés au fur et à mesure. C’est effectivement très peu cher (il me semble bien que c’état quelque chose comme 7$) même si cela était peu copieux.

DSC_7535_DxOLe reste du trajet se passe à explorer des galeries marchandes couvertes de l’époque victorienne aux superbes vitraux. De petits magasins originaux s’y pressent, aussi bien que des artisans de toutes sortes, y compris la plus célèbre chocolaterie de Melbourne, Haigh’s. Nous y attaquons la parade des magasins, où chacun à la possibilité d’acheter des biens. Le tour est gratuit, c’est donc de bonne guerre, j’imagine. Heureusement, on sent malgré tout que notre guide a plaisir à nous montrer certains artisans particuliers notamment un fabricant de bonbons qui nous offre à chacun de gouter gratuitement ou bien des diseuses de bonne aventure qui, chacun notre tour, nous font tirer un billet prémonitoire d’une machine. Je peux vous dire qu’il avait complètement faux puisqu’il m’annonçait de grandes choses pour ce jour là. Ou alors je suis difficile.

Nous finissons ensuite par une galerie d’art spécialisé dans le pop art et l’art populaire, extrêmement sympathique. Si je croisais plus d’art de ce type, je crois que j’en achèterai régulièrement. Notre guide m’annonce que c’est sa galerie préférée car ils sont légèrement anti-conformistes et un peu outranciers. Je lève la tête à la devanture pour noter le nom de la galerie et suis surpris d’y lire un mot en français : « outré ». Le plus amusant, c’est que notre guide ne connaissais pas sa signification.

Ainsi s’achève ce tour gratuit hyper intéressant, agréable et sympathique. Fort heureusement, en plus des lieux visités et des anecdotes notés, c’est également l’occasion de papoter avec les autres guidés. Comme je collectionne toutes les nationalités, je discute avec un italien de Bologne, encore une canadienne, deux anglais ainsi qu’un pauvre indien démoralisé. Après avoir immigré de Bangalore, il a trouvé du travail en informatique à Adélaïde. Malheureusement pour lui, les villes australiennes sont loin d’avoir le tumulte indien, Adélaïde n’étant pas la plus tumultueuse des villes australiennes. Résultat, il déprime totalement, seul, loin de la foule grouillante dont il est habitué. Quelque part, je le comprend.

Sur ce, je vais me reposer un peu car ce soir, c’est Pub Crawl.

Les hostels

Cela fait maintenant plus de trois semaines que je suis en Australie et, pendant ce laps de temps, j’ai pu tester trois hostels différents. Pour vous resituer le débat, un hostel, parfois appelé « backpacker’s », est l’équivalent des auberges de jeunesse en France. Enfin, c’est ce que je suppose, n’ayant jamais dormi en auberge de jeunesse dans notre pays. Ma seule autre expérience se limite à Dublin et Londres mais pour des durées plus limitées et sans le statut de voyageur solo.

Sachez déjà, que ces hostels ont en commun de proposer des logements en dortoir, de 2 à 4 lits superposés (soit pour 4 à 8 personnes), suivant l’endroit, mixtes ou pas, parfois des chambres simples ou pour deux, mais surtout des espaces partagés comme les salles de bains, toilettes, douches, buanderie, cuisine et salle de télévision. L’accès internet étant maintenant une denrée de base pour le voyageur, il est fourni soit sous forme d’ordinateurs en libre accès, soit, luxe suprême via un réseau WiFi accessible de partout. Le plus commun, malheureusement, est de proposer un accès internet sans fil payant (de l’ordre de quelques dollars pour 24h), parfois seulement accessible dans les espaces partagés.

Le terme « auberge de jeunesse » est d’ailleurs vraiment très inapproprié pour traduire « hostel », ici en Australie. On y trouve également des gens d’âge « non jeune » (soit plus de 25 ans, suivant la classification SNCF) voir plus vieux (plus de 40 ans), qui sont soit des voyageurs à la recherche d’une compression de budget (Hey ! C’est moi ça!), soit à la recherche de plus de convivialité (ouaih, c’est moi aussi, à un degré moindre), soit des travailleurs saisonniers à la recherche du premier voir du deuxième. Par exemple, à Alice Springs, un ou deux guides de ces fameux trois jours et deux nuits Kakadu – Litchfield (mais pas le mien, Adam, qui dormait dans son 4×4) avaient leur piaule au Haven’s Backpacker où je logeait.

Du fait du succès du visa touriste-travail (ou l’inverse), de nombreuses personnes de moins de 35 ans de tout les coins du globe circulent dans ces hostels. Souvent, l’arrivée dans une nouvelle chambrée s’accompagne d’une rapide présentation des pays d’origine. Encore une fois, l’Allemagne arrive en tête. Pour vous dire, j’ai commencé par un dortoir de trois lits à Darwin que j’ai partagé avec trois types (ça a tourné par mal car de nombreuses personnes ne restent qu’une nuit ou deux) de 45-50 ans que j’ai à peine vu. Ensuite à Alice Springs, j’ai fait un premier séjour dans un grand dortoir de 4 où j’étais seul pour ensuite me retrouver avec deux autres allemands, dont Timo rencontré lors de la visite Uluru – Kata Tjuta – Kings Canyon. Enfin isolé du reste de sa bande de germains, j’ai pu un peu mieux faire connaissance. Ce grand gaillard de 30-35 ans à la queue de cheval et barbichette était en plein voyage de 8 mois. Salopard. J’ai horreur de croiser des gens qui voyagent plus longtemps que moi. Ca me fait passer pour un petit joueur. Ceci dit, lorsqu’il m’a appris que son employeur avait accepté qu’il parte si longtemps car ça faisait cinq ans qu’il n’avait pas pris de vacances de son boulot d’informaticien, ma jalousie s’est brutalement dissipée.

C’est d’ailleurs également au backpackers d’Alice Springs que j’ai commencé réellement à faire des rencontres. A peine mes sacs posés dans mon dortoir vide, une jeune femme blonde est arrivée avec des draps pour préparer les lits. Elle me demande d’où je viens et nous entamons la discussion. C’est grâce à cette jeune hollandaise que je découvre un autre aspect du logement en hostel assez commun, la possibilité de travailler pour payer ses nuitées. La grande majorité des fois, cela consiste à préparer les lits le matin pour l’arrivée des suivants l’après midi. Moi, je ne l’ai pas fait, j’étais trop occupé. Dans le même thème, elle m’apprend que le travail au black est assez commun en Australie ce que l’on m’a infirmé plus tard. C’est sans doute plus facile pour une jolie jeune blonde de faire sa naïve en demandant un travail au black sans se faire dénoncer au service de l’immigration. Un temps intéressé (je rêve de faire barman un jour), j’ai depuis abandonné l’idée.

On peut très facilement passer son temps libre dans son dortoir, sur son lit, mais le plus intéressant et convivial est de se fourrer dans les espaces communs. A l’heure des repas, notamment, prendre son petit déjeuner à la cuisine commune est toujours amusant. On repère assez facilement les gens résidents qui ont des réserves de nourriture étiquetés dans le frigidaire ou les étagères, en train de se préparer des plats compliqués impliquant autre chose que de faire bouillir de l’eau pour les pâtes. A ce petit jeu là, les asiatiques sont les plus forts, notamment les rares indiens que j’ai croisé. Eux, ils ne savent pas se contenter d’un sandwich fromage et tomate. Le matin, chacun prépare ses affaires dans un silence respectueux, quand ce n’est pas l’hostel qui fournit gratuitement café, thé, tartines, beurre, confiture et beurre de cacahuètes. Dans tout les cas, les couverts et la vaisselle étant fournis, un peu de nettoyage et de vaisselle s’impose si l’on souhaite respecter l’étiquette de ce genre de lieu.

C’est en trainant un après midi sur le balcon commun du Haven Backpacker, à Alice Springs, que je fit connaissance avec Judith, une allemande (décidément) en vacance. Comme elle était en train de se plaindre de son guide et que je venais de passer trois jours mitigés autour d’Uluru, j’étais curieux de connaître le nom de l’entreprise qu’elle avait utilisé. Finalement, nous sommes allé passer la soirée accompagnée d’une jeune française, Fanny, au lieu le plus sympa d’Alice Springs, qui plus est recommandé par Bob, Monte’s, une sorte de restaurant bar musical en grande partie à l’extérieur. Comme je m’intéresse toujours à ce que font les gens, je peux vous informer que Judith s’occupait d’organiser des festivals et que Fanny venait de finir sa thèse en biologie avec dans l’idée de quitter le monde de la recherche. On a ensuite passé le reste de la soirée à manger des saucisses et du fromage, à boire des bières et à parler de tout.

Sinon, parlons quand même du Greenhouse Backpacker de Melbourne, car c’est le dernier en date. Situé dans un immeuble de l’hyper CBD (il est quasiment à 200m de la gare de Flinders Street et de Federation Square), il occupe les quatre derniers étages de l’immeuble. Les espaces communs (hors salles de bains, situé à tout les étages) et l’accueil occupent le dernier. Le toit est accessible et on peut s’y prélasser sur des chaises et des tables. Les chambres sont regroupées ensuite à chaque étage au dessous. Bien que je vous sais curieux, je me doute que la configuration de l’auberge de jeunesse ne vous intéresse pas plus que ça. J’essai de planter un décor, voyez vous.

Le côté franchement agréable du Greenhouse et ses activités proposées par l’équipe de l’auberge. Chaque soir de la semaine, une différente activité est proposée et contrairement au Club Med, ne vous est absolument pas imposée. La première journée où j’y étais, c’était la soirée « pasta ». Un grand plat de pâtes bolognaises ou végétarienne nous étaient proposées gratuitement. J’en ai pris. La deuxième soirée, c’était soirée loto avec comme prix des packs de bière. Le jeudi matin on vous propose une visite guidée et légèrement hors des sentiers battus du centre ville, gratuite. La soirée suivante, c’était le Pub Crawl, autrement dit une fois traduit, la tournée des bars. Puis lors de mon dernier soir on avait la possibilité d’assister au stade à un match de football australien à un prix sympathique. Ce genre de démarche, bien que non systématique n’est pas unique et je l’ai retrouvé dans d’autres auberges. Le côté agréable est que ce n’est pas du tout invasif. Si vous souhaitez participer, il suffit de s’inscrire le matin. En plus, j’ai vraiment eu la sensation que chaque personne de l’auberge responsable d’une de ces activités le faisait car il était passionné par sa ville, ce qui ajoute une touche d’authenticité.

Dans tout ce fatras d’activités, j’ai testé pour vous la visite guidée, le pub crawl et le match de foot australien. Je vous parlerai donc prochainement de Molly et de Sanjin.

Fitzroy

DSC_7530_DxOA Melbourne, non loin du CBD se trouve une longue rue du nom de Fitzroy Street. Cette rue, ainsi que quelques rues parallèles, notamment l’artère centrale de Brunswick Street, forment le quartier de Fitzroy. Si vous êtes hébergés dans le CBD, comme c’est le cas pour moi, y aller est d’une simplicité extrême. Soit vous marchez, soit vous empruntez le tramway gratuit qui fait tout le tour du CBD. Quelle sympathique petite ville, dites moi, de proposer un transport gratuit vers les principaux sites touristiques. Vous descendez au coin nord-est du parcours et il vous reste ensuite une petite marche de DSC_7519_DxOquelques minutes vers le haut de Brunswick Street. Au passage vous pouvez admirer quelles vieilles maisons au style légèrement colonial avec ces ferronneries que je vois partout depuis Port Augusta.

Maintenant que vous y êtes, il serait temps de se demander l’intérêt qu’il y a à y aller. Et bien, tout dépend. Si vous aimez les quartiers vivants, un peu bohèmes, légèrement arty (voir farty pour les plus récalcitrants) à forte tendance hipster, le tout parmi des bâtiments en cours de rénovation mais où le cradingue et le décrépi tiennent encore leur rang, vous allez aimer.

DSC_7511_DxOLe haut de la rue est encore un peu dans son état d’origine. On y trouve des immeubles de type HLM et des bâtiments défraichis. Plus on descend la rue, plus on croise des galeries d’arts, magasins de vêtements vintage ou de designers locaux ainsi que des petits bistrots / cafés / restaurants chaleureux occupé par une poignée de clients sirotant un café ou un thé le nez dans leurs écrans de portable, ou lisant un bouquin. Le tout est parfois agrémenté de quelques graffitis, certains carrément magnifiques sur des bâtiments de pas plus de 4-5 étages, souvent moins.

Moi j’aime bien cette ambiance où DSC_7509_DxOtout le monde est dans la recherche du nouveau et de l’original, sans trop de prétention mais beaucoup d’ambition, où chaque magasin est une tentative individuelle de proposer une nouvelle approche ou vision. Bien entendu, si vous êtes allergiques aux vélos sans dérailleurs ni roues libres (les fameux fixies), aux grands gaillards barbus bien coiffés aux chemises à carreau de bucheron portant pantalons courts et étroits, où tout le monde semble vouloir faire de l’art et manger de la nourriture « organique », je vous le dit sans ambages, vous aurez envie d’y foutre le feu à ce quartier.

N’empêche que c’est toujours agréable de pouvoir se planquer à l’abri d’un temps gris et maussade dans un café appartenant à de jeunes gens dynamiques qui proposent de bonnes pâtisseries bio et de grands cafés americano que l’on peut siroter pendant des heures tout en lisant des aventures maritimes. Ensuite, quel plaisir de descendre la rue un midi et de s’arrêter tout les vingt mètres devant un restaurant DSC_7517_DxOou petit bistrot proposant un plat du jour original à 10$ (soit à peu prêt 7€ hors service, ce qui ne se fait quasiment plus en France), ne sachant lequel choisir. Personnellement, j’ai craqué sur un restaurant à la cuisine vietnamienne moderne, tenu par de jeunes vietnamiens, qui proposait un plat délicieux à 10€ avec le café.

Il ne faut pas s’étonner avec ça que Melbourne a la réputation de plaire beaucoup aux européens. Forcément, on y retrouve beaucoup du mode de vie du vieux continent. Et puis moi, j’aime bien les trucs arty pas prise de tête fais sérieusement mais avec humour.

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