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The Coromandels

Le lendemain matin, je me réveille sous un temps magnifique. Ciel bleu, grand soleil, temps légèrement frais, voilà qui donne envie de partir à la découverte des environs. Pour tout vous dire, je n’ai aucune idée de ce que je vais voir. Je suis arrivé en Nouvelle Zélande les mains dans les poches, en ayant rien planifié. J’ai du réserver l’hôtel dans ces environs il y a deux jours en ayant vu vaguement quelque chose sous Trip Advisor. D’ailleurs, pour être totalement exhaustif, je n’avais pas non plus prévu initialement de m’arrêter en Nouvelle Zélande. Il y a trois semaines, un peu frustré par les paysages australiens, j’ai rogné une semaine sur mon séjour aussie pour insérer une semaine kiwi, malgré une fin d’hiver austral plus intense ici. Ce ne sera qu’un aperçu de la Nouvelle Zélande.

DSC_7844_DxOAutour de Tairua, les paysages sont montagneux. Je comprend mieux la raison de la route sinueuse que j’ai emprunté hier soir. Le village (ou alors petite ville si on est tolérant) est située au bord d’une très jolie baie quasiment fermée. Cette partie de la côte néo-zélandaise forme un grand arc, délimitant une gigantesque baie appelée « Bay of Plenty », que je traduirais par « Baie d’Abondance ». Le nom est pompeux mais, si je ne dis pas de bêtises fut le lieu d’atterrissage du capitaine Cook lors de sa « découverte » de l’île du Nord. La péninsule de Coromandel se situe à la pointe nord-ouest de cette baie.

En ce qui concerne ces montagnes, elles dessinent des reliefs abruptes couverts d’une dense végétation qui rappel des îles volcaniques telles Hawaï ou Tahiti. La végétation n’étant pas DSC_7842_DxOtropicale, je suis un peu dépaysé. Sur les hauteurs des bords de baie, des villas percent de la forêt. En ce matin très tôt, je croise quelques joggers ou promeneurs de canidés. Un bras de terre ferme la baie au nord, bras terminé à son extrémité par une colline conique également mitée par des villas. Je part donc dans cette direction, espérant prendre de la hauteur et avoir une vue glorieuse sur l’ensemble. Je suis comme ça. J’aime que mes matins soient glorieux.

DSC_7845_DxOFinalement, conquis par la vue de la baie, je m’arrête prendre des photos au pied de la colline et emprunte plutôt un chemin sablonneux de l’autre côté de la route menant à la plage face au Pacifique. A peine plus au large se trouvent quelques îles. Le sable est clair, le temps parfait et je me dit qu’il y a vraiment des salopards de chanceux ou débrouillards qui ont eu la bonne idée d’habiter dans une maison face à l’océan dans un endroit plutôt agréable. A vrai dire, ils sont plusieurs à avoir eu la même idée ce qui n’augure pas bien du prix de l’immobilier par ici. J’imagine très bien quelques riches habitants d’Auckland venir ici pour leurs week-ends faire du surf ou de la voile. En cette période, c’est plutôt calme.

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Quelque temps plus tard, je roule sur la route côtière en direction du nord. Encore une fois, je n’ai pas vraiment de plan hormis de profiter du paysage sous ce temps exceptionnel et de rejoindre DSC_7854_DxOpour l’après midi la bourgade de Matamata, plus au sud en allant vers le centre de l’île. Assez rapidement, des panneaux touristiques indiquent des sources géothermiques. Une fois garé dans un petit parking désert, je reste une grosse demi-heure sur une magnifique plage adossée au relief végétalisé, longeant l’eau vers le point d’intérêt, des sources géothermiques sous marines, immergées à marée haute. Ça tombe mal, c’est justement le cas. A cinquante mètre du ressac, des zodiacs emportant des touristes oranges tournent autour DSC_7859_DxOd’un point où affleure au rythme des vagues quelques rochers aiguisés. Ce doit être ça mais là d’où je suis, ce n’est pas très spectaculaire. En tout cas, la plage est sympathique, l’eau cristalline et la végétation toujours un brin dépaysante. Des rouleaux translucides et éclatants de lumière, éclairés par derrière par un soleil bas de fin d’hiver, viennent s’abattre en rythme sur la plage. Quelques gros blocs à l’allure basaltique sont posés dans le sable et témoignent du caractère volcanique de la région. On pourrait y passer sa journée ici.

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Un peu plus tard sur la route, je croise un nouveau panneau indiquant « Cathedral Cove », un des DSC_7874_DxOsites touristiques majeur de la région. Je traverse une petit ville, la route s’élève et rapidement, mène à un parking nettement plus occupé. Je sort vite de la voiture avec mon sac à dos et mon appareil photo. Au sud, on aperçoit la bourgade de Hahei et sa plage. Au nord-est, face au soleil (je sais, c’est toujours aussi étrange lorsqu’on n’a pas l’habitude), la vue est aussi jolie, avec deux îles au milieu d’un grand arc de côtes accidentées, l’une en longueur DSC_7878_DxOcouverte d’une tignasse de végétation et l’autre toute petite, dans le prolongement, avec sa propre touffe de verdure. Non, il n’y a rien à ajouter hormis que je commence à croire les deux néo-zélandais Jack et Jane croisés à Kakadu lorsqu’ils m’affirmèrent que leur pays était magnifique et varié.

DSC_7889_DxOUn chemin de marche mène à plusieurs petites anses dont Cathedral Cove. En chemin, on peut faire un petit détour pour apercevoir un bosquet d’arbres endémiques, maintenant rares dans cette nature profondément modifiée depuis l’arrivée de colons maoris et européens. La marche est franchement agréable avec un panorama permanent sur le Pacifique et ces petites îles. La roche est calcaire et les falaises blanches tranchent admirablement avec le glacis vert et bouclé de la végétation. Pour ne rien gâcher, l’eau est d’un calme plat et de cette couleur turquoise de carte postale lorsqu’elle borde la terre.

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Après une petite demi-heure de marche tranquille, des escaliers aboutissent à une plage au creux de petites falaises blanches au-dessus duquel s’accrochent des arbres. Un tout petit îlot rongé par la mer se situe à quelque mètres dans l’eau. Une dizaine de personnes profitent sereinement de l’endroit, assis dans le sable ou marchant tranquillement vers le clou du spectacle, un haut passage triangulaire dans la falaise menant vers une autre plage. A cette heure-ci le passage est légèrement bloqué par le ressac de l’océan. Il fait beau, il fait doux mais je doute que l’eau le soit. Voici Cathedral Cove, l’un des endroits emblématiques de l’île du Nord. Je ne vais pas faire mon difficile, c’est charmant.

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Après quelques moments sur place à profiter du calme, je remonte le chemin sous le soleil. Tranquillement, je rejoins ma voiture de location et, avec des derniers regards réguliers vers les paysages maritimes, prend la direction du sud.

First night in kiwi land

Je commence ce tout premier billet Néo-Zélandais par un coup de gueule. Rhhaaaaaa !!!! Merde !!!! Con !!! Chié !!! Voilà. Il est destiné aux hôtesses et hôtes de l’air d’Air New Zealand qui ne font que me déranger dans mon vol. Encore un problème de riche me diriez vous. Certes. Je paye pour un vol d’avion qui, en l’occurrence, dure trois heures. Oui, il faut trois heures pour rallier Auckland de Sydney en jet. Là n’est pas le problème. Dans ce laps de temps, j’ai environ 2h30 pour profiter un maximum de l’ « on-board entertainment », que je traduirais en français par « divertissement à bord » qui depuis quelques années est individuel sur les longs courriers. On a un petit écran en face de nous dans le dossier de notre voisin de devant avec un petit joypad tout pourri qui nous permet de naviguer péniblement dans une arborescence de films, émissions de télévision et musiques. Donc pendant ces 2h30, j’ai de quoi caser un film et une poignée de « Big Bang Theory ».

Et bien on est constamment dérangé dans son film par des annonces ridicules du personnel naviguant. Turbulences, vente d’alcool, consignes de sécurité, annonce de l’approche d’Auckland, température et météo à destination, tout y passe. Ce sont de véritables pipelettes. C’est pire que les publicités car parfois ça survient en plein milieu d’un dialogue clé. Tout à coup l’image se fige, un « dong » en La 4 retentit et une voix inconnue du scénario nous fait alors remarquer que des rafraichissements seront bientôt servis avec un choix de poulet ou de bœuf pour les classes économiques. Quelques secondes plus tard, la vidéo reprend ainsi que le son mais non sans avoir oublié les deux derniers mots : « Luke, je suis ton… Nous voudrions vous rappelez qu’il est interdit de fumer dans les toilettes. Merci… Noon, nnooon, ce n’est pas vrai. C’est impossible. Noooooonn !!!! ». Ben pourquoi il gueule, l’autre blondinet ?

Voilà, c’est dit. C’est dommage parce qu’à part cela, ils sont extrêmement sympathiques chez Air New Zealand. Tenez, pour les consignes de sécurité ils nous diffusent une vidéo extrêmement drolatique avec dans le premier rôle, le héros de « Man vs. Wild ». Ils ne sont pas à leur coup d’essai dans leur domaine car ils avaient précédemment utilisé une autre vidéo ayant pour thème le Hobbit ou encore celle-ci, beaucoup plus disco . Bref, tout ça donne un bon à priori des habitants de la Nouvelle Zélande.

La bonne nouvelle, c’est que cela s’est confirmé une fois arrivé à Auckland. Pour une fois, à l’immigration, l’officier m’a souris en me souhaitant la bienvenue. Il va se calmer cet hystérique, dis donc. Ensuite, j’ai loué une voiture pour ma semaine de séjour. C’est court donc je veux être mobile même si je trouve ça finalement assez dommage d’être tout seul dans son véhicule. On ne peut pas tout avoir. A l’aéroport, donc, après quelque instants de surprise, ne voyant pas de guichet au nom de mon agence de location, je suis aimablement dirigé vers un téléphone interne où une personne me rassure en m’annonçant que quelqu’un vient me chercher en mini-bus pour m’amener au dépôt. Quelques minutes plus tard, un monsieur d’une soixantaine d’année se gare devant moi et me fait monter à l’arrière. Immédiatement il entame la conversation en me demandant se que je viens faire ici et où je compte aller. Dans les cinq minutes du trajet il m’explique gentiment comment rejoindre la route vers la péninsule de Coromandel, où je compte passer ma première nuit. Comme c’est agréable.

C’est finalement peu avant 17h que je quitte la zone aéroportuaire aux commandes d’une petite coréenne blanche à boite manuelle. Je me surprend moi même à m’adapter extrêmement rapidement aux nouvelles conditions de trafic. Ceci dit, j’ai beau avoir changé de pays, les indications et le code de la route est similaire voir identique à l’Australie. Ce ne sera pas la première chose que trouverai identique des deux côtés de la mer de Tasmanie.

La monnaie, par exemple, hormis le nom, dollar, même les pièces sont quasiment identiques en taille et colorie. La seule différence, et je me permet d’affirmer que c’est particulièrement agaçant, est que la pièce de 2$ néo-z est plus grosse que la pièce de 1$ alors qu’en Australie, c’est l’inverse, ce qui est totalement illogique.

Je m’engage donc sur la highway 1 qui, bien qu’autoroute aux abords d’Auckland se transforme très rapidement en route. Une demi-heure plus tard, je prend l’embranchement pour la 2, direction Coromandels. Le soleil est déjà très bas sur l’horizon mais je constate des changements rapides de paysage dont j’avais perdu l’habitude en Australie. Globalement, tout est vert et ondoyant. Je poursuit toujours dans la direction Coromandel (c’est vraiment très bien indiqué, bien que j’ai acheté une carte de l’île du nord). Une heure plus tard, je suis déjà à l’entrée de la péninsule et ses paysages de petites montagnes escarpées. C’est fou comme tout va plus vite ! J’ai l’impression que le monde s’est reconstruit à l’échelle 1/10ème.

Le soleil se couche et je m’engage de nuit dans une petite route de montagne. Pendant une petite heure ce n’est que méandres, virages et montées dans le noir. Dommage pour le paysage. Je bascule finalement à un sommet et redescend de la même façon à la lumière des phares. Un embranchement à gauche direction Tairua puis quelques derniers kilomètres de routes et j’arrive à destination, le Blue Motel de Tairua, petite bourgade au bord de l’eau. Il est environ 20h et suis rejoint à l’accueil désert par la patronne, souriante, qui me souhaite la bienvenue. Je range mes affaires dans ma chambre puis part à pied à la recherche du pub restaurant recommandé par mon hôte.

Déjà, il fait un peu frisquet ici et je traverse d’un pas vif un pont afin de rejoindre le coin des commerces, ne croisant personne en chemin. Je devine juste en vague silhouette le paysage d’une baie à demi entourée de reliefs. Sans difficulté je trouve le lieu dit et rentre dans un pub, croisement entre un saloon et un bar PMU. On est très loin de la chaleur d’un bar irlandais. Des gars à l’aspect rude jouent au billard, trois autres personnes sont au bar et deux femmes s’affairent devant le jukebox placé sous un écran plat de télévision diffusant un match de rugby. Aaaah, la voilà la vrai Nouvelle Zélande ! Grâces aux préposées au jukebox, un enchainement de classiques du rock donne une touche finale à l’ambiance. Fait notable, l’une des deux femmes à des traits d’allures maori. Par rapport à la discrétion aborigène constatée en Australie, cela mérite d’être relevé. Attendons la fin de notre séjour pour conclure.

Je m’approche tranquillement du bar et note un panneau marqué « Tonight’s special – Beef Strogonoff ». Voilà qui est tentant. Le barman se penche vers moi avec un air de concentration et, d’une voix que je veux pleine d’assurance, je commande le plat du jour avec une bière. Sans un sourire il prend note et je me pose à une table haute face au jukebox et au match. Pendant quelques secondes je ne reconnais pas les règles avant de comprendre qu’il s’agit de rugby à 13. Déjà, il n’y a aucune mêlée ni ruck. C’est d’un triste.

Une femme vient m’amener ma bière et quelques minutes plus tard, mon bœuf strogonoff qui n’a de strogonoff que le nom. Des émincés de bœuf, du riz et une vague sauce à la crème, voilà en quoi il consiste. Vu le décor, je ne suis pas non plus particulièrement surpris. Je me contente donc de manger tranquillement, siroter avec calme la bière en tentant de me passionner pour un match entre deux équipes inconnues ou de saisir les conversations bruyantes de certains habitués.

Pendant ce temps, la musique rock persiste. Et dire que hier j’étais à Sydney. C’est vraiment marrant ces changements brutaux d’ambiances.

Aussie conclusions

DSC_7823_DxOIl est temps de faire une petite pause photo et de prendre un peu de recul intellectuel sur ce mois passé en Australie, ne pensez vous pas ? Même si vous ne le pensez pas, je ne vais pas m’arrêter maintenant alors que je viens à peine de commencer ce nouveau billet (et peut être même que ce sera le dernier sur l’Australie, tiens, je vous livre un scoop). Non, c’est le moment de la réflexion, de la synthèse et du bilan. Puisque je vous le dis.

Parlons tout d’abord géographie. Je n’ai pas arrêté de le ressasser (je crois même avoir écrit une partie de billet à ce sujet) mais ce pays est vaste. Finalement, j’ai la sensation d’en avoir vu une fine tranche pas bien épaisse, contrairement au Vietnam voir, dans une moindre mesure, l’Inde, la faute au temps mais aussi à la faible densité de ce pays. Le paradoxe c’est que malgré ces étendues gigantesque, pendant très peu de moments ai-je eu une sensation d’espace. Mon explication à ce phénomène tiens à l’extrême platitude du terrain dans les zones immenses que j’ai traversé. On est toujours le nez au ras du sol. Pour avoir une sensation d’immensité, il faut que le regard porte loin. La seule fois où j’ai vaguement ressenti cela était au sommet d’un pont routier enjambant la Great Khan Railway au milieu de nul part. J’étais à tout péter à cinq mètres au dessus du sol.

DSC_7426_DxOSuis-je déçu par les paysages ? Honnêtement, un peu. Je m’attendais à plus grandiose mais peut être suis-je devenu difficile. Hormis Uluru et Kata Tjuta qui resteront gravés dans ma mémoire comme les lieux les plus uniques que j’ai jamais eu la chance d’approcher, les autres sites étaient fort jolis mais pas au niveau que je m’étais préparé. Parfois, il vaut mieux ne s’attendre à rien, finalement.

Il me reste également une grande frustration côté culture aborigène que je n’ai quasiment pas approché. La faute m’incombe sans doute. J’aurai pu après tout faire des efforts supplémentaires dans le domaine. Les cartes postales nous vendent un pays rouge à la culture millénaire où kangourous, didgeridoos, boomerangs et bushs entourent un sympathique aborigène à la barbe touffue. En vérité, la quasi-totalité de l’Australie que j’ai croisé était à mille lieux de ça, moderne, occidentale et avec une population venant des quatre coins du monde extérieur. C’est d’ailleurs plutôt cela qui m’a surpris. Je ne m’attendais pas à un pays aussi multiculturel que cela, surtout dans les grandes villes.

DSC_7075_DxOC’est encore plus marquant à Melbourne et encore plus à Sydney où une très grande partie de la population que l’on croise dans la rue est d’origine asiatique. En conséquence, j’ai pris conscience de l’ancrage profondément asiatique de l’Australie. Ce n’est pas qu’un partenaire économique, c’est également en train de devenir un berceau culturel comme l’Angleterre l’a été. Toutes les cuisines asiatiques se trouvent dans la moindre petite ville : thaï, vietnamienne, chinoise, indonésienne, philippine, malaysienne.

DSC_6888_DxOD’ailleurs, puisque je parle de bouffe, je peux vous affirmer que pendant ce mois ici, je n’ai pas eu à me plaindre d’elle. Hormis, un prix parfois un peu exagéré à Darwin et Alice Springs, je n’ai eu que des bonnes expériences avec des mentions spéciales pour cet incroyable potage aux châtaignes d’Apollo Bay et les plats du jour de Fitzroy à Melbourne. Non, la seule véritable faute que j’ai commise a été de commander ce fish’n’chips au MCG avant le match d’aussie footbal. Rien que d’y penser, j’ai les doigts gras.

Pour revenir à des sujets plus profonds, l’économie, ce lien asiatique, notamment vis à vis de la Chine, est à double tranchant. Comme je l’ai dit dans un précédent billet, le pays a bénéficié longuement du boom économique chinois en tant qu’important fournisseur de matière première. Lorsque l’économie chinoise ralentie, l’Australie en ressent immédiatement les conséquences. Encore une fois, en pleine campagne électorale pour le nouveau premier ministre, le sujet est brûlant, le citoyen australien étant maintenant obligé de se serrer un peu la ceinture, ce qui n’était pas arrivé depuis une bonne dizaine d’années.

DSC_7749_DxOL’autre sujet politique brûlant, concerne l’immigration illégale. Je n’en avais pas conscience mais il y a encore une très forte immigration clandestine arrivant en Australie par bateau, comme à l’époque des boat-peoples vietnamiens, notamment vers Darwin car c’est la ville la plus proche du Timor. Sans surprise, le sujet est aussi épineux et polémique qu’en France ou plutôt comme en Italie qui voit arriver des bateaux directement sur les plages de Lampedusa. En Australie, la grande proportion des immigrants échouent sur les îles Christmas, petit territoire australien 400km au sud de la pointe ouest de Java.

De ces deux sujets, j’ai longuement discuté avec Romain, Veronika mais également Adam, mon guide à Kakadu ou les deux petits vieux croisés à Mount Gambier. Paradoxalement, Veronika était la plus extrême dans ces jugements. Pour Adam, l’immigration fait parti, comme aux Etats-Unis, des gênes australiens, lui même étant d’origine écossaise (son nom de famille est McRae, comme Colin). Je n’ai pas eu l’impression qu’Adam était raciste mais il a quand même dit quelque chose que je trouve assez intéressant et qui mérite réflexion. Même si on n’est pas d’accord, il est toujours rafraîchissant de sortir de la pensée unique portée par les médias, chacun dans son propre pays.

DSC_6342_DxOCette curieuse réflexion portait sur le multiculturalisme australien qui est effectivement incroyable, notamment avec un énorme apport des différentes nations asiatiques et européennes. Bien que ce soit formidable de pouvoir, par exemple, goûter à toutes les nourritures du monde, du fait d’une culture australienne native faible (en sachant que la culture aborigène est vraiment à part), on se retrouve là bas avec une sorte de mélange ou d’une panoplie de cultures à poids plus ou moins équivalent que l’on peut choisir « à la carte » avec la conséquence inattendu que ce n’est plus, du coup, de la culture. Si je reprends les mots d’Adam, cela donne : « quand il y a trop de cultures, il n’y a plus de culture ». Vous avez quatre heures pour développer sur ce sujet. Pendant ce temps là, je poursuis.

DSC_7259_DxOPendant les trois semaines suivantes, ce qu’il a dit a trotté dans ma tête et c’est avéré exactement ce que j’ai ressenti, une sorte de vide culturel (bien que beaucoup moins que dans certains endroits de Californie que j’ai eu la chance de visiter il y a quelques années) dans un pays pourtant riche en diversité. La culture, tel qu’on l’entend en France et tel qu’Adam l’entendait, n’est elle pas finalement un sous-produit d’une homogénéité de comportement ? Il ne s’agit pas ici de conclure à un côté négatif ou positif du multiculturalisme, mais juste de lever un sourcil d’étonnement aux possibles conséquences.

Ça me paraît opportun d’introduire maintenant un paradoxe que je me suis amusé à constater en tant que touriste occidental. Lorsqu’on voyage, on aime d’autant plus un pays qu’il a une culture et une tradition marqué alors que lorsqu’on est chez soi, on ne souhaite qu’une chose, avoir le choix et ne pas être enfermé dans le traditionnel. Finalement, le multiculturalisme, il faudrait l’interdire aux autres.

DSC_7813_DxOSinon, l’Australie, ben j’aurai plein de trucs à dire mais en rapport à mon séjour en enfance car ces derniers jours à Sydney ont réveillé plein de souvenirs. Pensez, c’est le pays où j’ai découvert McDonald’s, les muffins, les crumpets, les kiwis (le fruit), les fruits de la passion, les ornithorynques et le duo Marmite et Vegemite, le tout bien avant que cela n’arrive en France (d’ailleurs dans cette énumération, deux de ces choses ne se mangent pas. Allez, jouez). Ça marque.

Allez, pour finir, de la musique (je vous épargne un zapping sans intérêt). La première, c’est l’hymne national officieux du pays, Waltzing Matilda et parce qu’on aurait tort de ne pas s’offrir de la qualité, voici une version rocailleuse interprétée par Tom Waits, qui lui, est américain (je brouille les cartes):

Et bien entendu, un grand classique de Men at Work :

G’day à vous !

 

PS : Si vous êtes particulièrement d’humeur badine, diverses photos (polluent) agrémentent ce billet. Saurez-vous retrouver dans quel lieu d’Australie elles ont été prises?

Romain et Veronika

J’étais arrivé à Sydney un samedi après midi. Le samedi soir je retrouvais Romain et sa femme, Veronika, que je ne connais pas, à l’intersection d’Oxford street et de Crown street. Depuis mon départ, ce sera la première fois que je croise quelqu’un que je connais.

Pour bien situer le personnage, j’ai croisé Romain lors de ma période chalonesque. J’étais ingénieur de recherche et vaguement donneur de cours. Il était étudiant en stage puis au mastère. Après plusieurs années à Paris et Marseille à se faire licencier par des boites d’effets spéciaux en difficultés financières, il accepte un poste à Sydney dans une grande société du domaine. Ça doit faire maintenant plus de cinq ans qu’il y est. Pour vous dire à quel point c’est parti pour être du temporaire qui dure, il s’y est marié.

C’est donc à la nuit tombée, assis au coin de la rue, que je vois arriver le Romain, toujours portant bouc, et orné d’une superbe casquette et veste en cuir digne des pionniers de l’automobile. A ses côtés, souriante, Veronika, petit bout de femme indonésienne d’origine chinoise. On se serre la main et se fait la bise, chaleureusement. Ça fait bien plaisir de le revoir après toutes ces années d’expérience hors de France. Après quelques minutes de marche, on se pose dans un bar pour boire un verre et entamer sérieusement les retrouvailles.

C’est toujours amusant de voir comment de jeunes étudiants innocents, quelques années plus tard, se retrouvent plein d’assurance, les idées un peu plus arrêtés sur certains points voir un poil plus cynique. C’est d’autant plus le cas que Romain avait à l’époque de son passage à Chalon-sur-Saône un enthousiasme et une certaine naïveté qui faisait plaisir à voir.

Nous poursuivons dans un restaurant thaïlandais et c’est l’occasion de faire un peu plus connaissance avec Veronika. J’apprend notamment que la population indonésienne est constituée d’une minorité d’origine chinoise, souvent propriétaire d’entreprises ou de commerces. Régulièrement, des vagues de xénophobie à leur encontre provoquent des tensions voir escaladent en de véritables pogroms. C’est à l’occasion d’un de ces pics de violence que les parents de Veronika décidèrent d’envoyer leur deux filles et leur fils poursuivre leurs scolarités en internat à Hong-Kong, puis plus tard, leurs études à Sydney alors qu’eux restent en Indonésie. Du coup, Veronika parle un anglais parfait mais également le cantonais et, pour être encore plus polyglotte, c’est mis au français, avec un résultat étonnant. Elle insiste d’ailleurs pour que nous discutions en français pour la faire travailler. Résultat, nous mélangeons allègrement la langue de Shakespeare et de Molière.

Ce qui est très intéressant c’est de confronter les points de vues de Romain et Veronika sur la situation particulière en Indonésie. Alors que Veronika a une vision très négative des indonésiens, les considérants presque dans leur majorité comme fainéants, Romain a une attitude très classique pour un français qui consiste à tempérer et à chercher des excuses / explications sur la situation. Quand à moi, je m’abstiens de tout jugement, ne connaissant absolument pas le dossier. Néanmoins, sans surprise j’apprend que l’Indonésie est gangrénée par la corruption.

A la fin de la soirée, nous nous quittons en nous donnant rendez vous pour le lendemain, pour ce qui est de Romain. Rappelez-vous, c’est le dimanche à Bondi. Le lundi, je dois retrouver le couple chez eux pour y être gentiment hébergé jusqu’à mon départ le vendredi. Bien qu’il faisait plutôt doux et chaud dans la journée, la nuit, il fait presque frais. J’en profite donc pour commencer tout doucement à attraper froid.

Le lundi, alors que je me ballade du côté de Rose bay, je m’arrête à un marchand de vins, histoire de venir avec quelque chose à partager chez mes hôtes du soir. Je profite de la présence d’un vendeur pour demander un Gewurtztraminer. D’une part, j’aime bien mon Gewurtz, mais en plus, Romain étant alsacien, je prévois de lui arracher une larme de nostalgie. Contrairement à ce que j’imaginais, le vendeur ne se démonte pas et, ouvrant une armoire climatisée, me tend une bouteille. Allons bon, c’est quoi ces histoires ? Il est australien votre gewurtz, monsieur ! Oui, oui, on en fait ici, également. Je ne suis pas un grand spécialiste mais je suis tout même bien étonné qu’ils emploient la même dénomination. Curieux, j’accepte la bouteille et l’amène avec moi pour le soir.

DSC_7836_DxOAprès un trajet en bus de la gare centrale, je descends à Maroubra Junction, non loin de l’appartement de mes hôtes. Le quartier est assez excentré du centre ville mais possède néanmoins une grande quantité de commerces. Ici, les immeubles sont plutôt bas, pas plus de trois ou quatre étages. Un bon deux kilomètres vers l’est se trouve Maroubra beach, une grande plage nettement moins couru que Bondi surtout DSC_7834_DxOlorsqu’on y va au milieu de la semaine.

Après quelques hésitations, je trouve l’adresse et est accueilli par Veronika. J’avais été prévenu, l’appartement est encombré de cartons, . D’ici quelques semaines, ils déménageront dans leur maison qu’ils ont acheté il y a quelque temps plus à l’ouest. D’ailleurs, histoire de rester en famille, l’appartement qu’ils louent appartient au frère de Veronika. Un peu plus tard Romain rentre et je sort la bouteille. On rigole et Romain part à la recherche d’un tire-bouchon. On se verse des verres. On goutte.

Bon. Moi j’ai une idée très précise de ce que doit être un Gewurtztraminer que je conçois plutôt comme un vin demi-sec penchant vers le doux qui se boit en traitre comme du jus de fruit. Ici, nous avons plutôt affaire à un vin sec, tendance bourgogne aligoté. Rien à voir. Après, ce n’est pas mauvais non plus. Ce n’est pas aujourd’hui que j’arracherai une larme de nostalgie à mon alsacien.

Je resterai donc quatre nuits chez Veronika et Romain, partageant le soir leur repas souvent concoctés par la première qui prend un grand plaisir à découvrir la cuisine française. Pour faire bonne mesure, l’avant dernier soir, je me colle aux fourneaux et leur bricole un seau de lasagne de mon cru. Pour finir, la veille de mon départ, ils m’amènent à un petit restaurant populaire indonésien, histoire de me faire découvrir cette cuisine. Pas mal.

Au rayon culinaire, c’est d’ailleurs chez Veronika et Romain que je goute pour la première fois au fruit à la plus effroyable réputation, le durian. Pour ceux qui ne connaissent pas la-dite réputation de ce met, sachet qu’il est autant haï qu’il est adoré. Certains ne jurent que par lui, sa saveur et son odeur unique alors que les autres ne ressentent que répugnance et dégoût pour le fruit. Soyons franc, c’est extrêmement difficile d’en décrire le goût si ce n’est que c’est justement, indescriptiblement, à la limite du dégueulasse. On s’attend à quelque chose de doux et sucré. Ce n’est certainement pas sucré mais en ne peut pas nier qu’il y ait une certaine douceur, à la manière d’une « vache qui rit » pourrissante. Si vous vous ôtez de la tête que c’est un fruit, que vous parvenez à faire le vide au prix d’un effort mental de bonze tibétain, l’expérience passe nettement mieux. Sinon, attendez vous à des réflexes nauséeux. Etant particulièrement doué pour faire le vide dans ma tête, je suis parvenu à en manger deux morceaux tout en y prenant un certain intérêt la deuxième fois. La troisième par contre eu été de trop. Bien entendu, Veronika gobait cela comme si c’était des moitiés d’abricot avec de grands « mmmmh » alors que Romain soutenait que c’était super bon, tout en avouant, l’hypocrite, que, certes, l’apprentissage est difficile. Pour vous dire à quel point ce fruit est étrange, il est interdit d’en amener dans certains lieux publics en Asie, de peur d’indisposer certaines personnes.

En tout cas mon séjour chez ces deux exilés fut fort intéressant notamment grâce aux discussions que nous avons eu avec Veronika. Indéniablement, sa culture chinoise amène à des façons d’envisager certaines choses de manière notablement différente. Voilà qui est bien vague, vous dites-vous. Je le conçois. Pour avoir discuter du rôle et de la place de la famille avec elle, par exemple, je retrouve certains points communs avec la culture vietnamienne. Je retrouve également cette importance et ce respect fondamental pour les études, non pas comme un moyen d’épanouissement intellectuel ou comme voie menant vers un métier qui nous passionne mais comme un moyen pragmatique d’ascension social et de confort financier. En cela, c’est sans doute moi qui me fait des illusions, étant habitué à travailler dans des milieux de passionnés. D’ailleurs, ces frères et sœurs ont tous fait des études supérieures pragmatiques, elle étant experte comptable. Ce n’est pas dans ces familles d’origine chinoise ou vietnamienne qu’on verra des musiciens ou des poètes, ça j’vous l’dit ! Tas de fainéants, prenez exemple !

Pour changer de sujet, avec ces rafraichissements le soir, je crois bien que j’ai attrapé un mal de gorge carabiné.

A la recherche du temps perdu

Un peu plus tard dans la semaine, je décide d’aller faire une nouvelle excursion dans le passé. Après avoir revu mon ancienne école, je vais faire le tour des anciens lieux où nous avons habité. Bien qu’ayant passé que deux ans et demi à Sydney, nous avons emménagé trois fois. Les raisons en sont sans doute bassement techniques mais ce qui est fou c’est que de nombreux adultes crieraient comme des porcs qu’on égorgent à l’idée de déménager aussi souvent alors que moi, enfant, ça ne m’a pas du tout dérangé. Relativisons néanmoins. Je suis à peu près convaincu que les déménagement ont été réalisés par des professionnels, pouvoir d’achat d’expatrié oblige. C’est tout de suite beaucoup moins traumatisant. Moi, à six ans, je ne devais pas beaucoup participer non plus.

Lorsque j’ai évoqué auprès de Romain la liste des quartiers où nous avions séjourné, il m’a tout de suite gratifié d’un « ben mon salaud, vous vous faisiez pas chier », ou quelque chose d’approchant. On ne se logeaient pas dans des HLMs, pour sur. Enumérer les quartiers de Rose Bay, Elizabeth Bay et Woollahra à un habitant de Sydney doit ressembler au triptyque Neuilly – Auteil – Passy des habitants de Paris. Expatrié pour un grand groupe industriel français, à cette époque, c’était la belle vie. Malheureusement, nous n’avions pas de domestiques et croyez bien que je le regrette.

Au niveau géographique, ces quartiers haut de gamme sont tous situés en bord de baie, entre Sydney Cove et Bondi, côté sud de la baie. De toute façon au nord, je ne sais pas ce qu’il y a. Comme le relief est très vallonné de ce côté là, vous imaginez bien que le top du top consiste à posséder une maison avec piscine légèrement en hauteur mais néanmoins proche de l’eau afin de bénéficier d’un accès commode à son bateau. Avoir un bateau, c’est la base ici, enfin. D’ailleurs, mes parents, en avait un. Vous sachant jaloux, le but du jeu de ce billet et de vous écoeurer par un débordement indécent de richesses, vous l’aurez compris. Bon néanmoins, mon honnêteté intellectuelle m’oblige à préciser que ce bateau était en co-propriété avec deux autres couples d’amis et qu’il ressemblait à un jouet en plastique blanc et vert à moteur (mais avec une mini cabine) d’environ cinq mètres de long. N’empêche qu’avec ça, on peut aller explorer toute la baie et même attraper le mal de mer.

DSC_7699_DxOC’est donc un matin que je part à pied à la découverte de tout ces lieux, en commençant par le quartier de King’s Cross. King’s Cross c’est une sorte de mélange entre Pigalle pour les sex shops et Castro pour les revendications LGBT (Lesbienne, gay, bisexuel et transsexuel) saupoudré de junkies le soir. En journée, c’est plutôt tranquille et coloré avec un mélange de magasins, bars et d’habitations. Je remonte une rue en direction de la baie et redécouvre une DSC_7700_DxOfontaine en forme d’aigrette de pissenlit. Encore un souvenir qui se concrétise. Je regarde autour de la fontaine pour tenter de retrouver un petit musée de cire dont j’ai le souvenir pour y avoir été traumatisé par des scènes d’attaques de requins. Peine perdu, je dois me tromper. En tout cas cette fontaine est pour moi emblématique du Sydney de mes six ans. Grâce à Wikipédia, trente ans plus tard, je découvre que c’est un mémorial de la bataille d’El Alamein pendant la Seconde Guerre Mondiale.

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Je continue plus loin et retrouve la rue de notre première demeure, Elizabeth Bay road. Après un peu de marche je m’arrête devant le numéro. Sans soucis, je reconnais le parking de l’immeuble, situé sur le toit. En effet, l’immeuble est à flanc de colline et la rue au sommet. Autour, les habitations sont plutôt jolies même si ça n’évoque pas forcément le luxe. On est plutôt à Saint Cloud qu’à Auteil. Non, le véritable intérêt de cet appartement réside dans le parc et la baie juste en dessous. J’emprunte donc un escalier et me retrouve au pied de l’immeuble face à Rushcutters Bay. Comme dans toutes les petites baies qui constellent ce coin de Sydney, elle abrite une foultitude de bateaux. Des cours de tennis agrémentent le tout, précisément comme je m’y attendais.

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DSC_7741_DxOFinalement, je quitte ce charmant parc et reprend de l’altitude. Prochaine étape, les hauteurs de Woolhara. Sur ces rues à proximité du nœud de transport de Bondi Junction, les habitations sont plus hétéroclites. Je croise à la fois des immeubles en briques et des petites maisons aux ferronneries si typiques de l’Australie. Par contre, les commerces sont rares hormis un petit centre commercial. DSC_7746_DxOJ’emprunte finalement Edgecliff road et le décor devient plus cossue et boisé. Les eucalyptus et les arbres exotiques (ce qui est une façon discrète d’indiquer que je ne connais pas la marque) bordent la rue. Au numéro prévu, je reconnais sans soucis notre troisième et dernière habitation, une très jolie town house, c’est à dire un immeuble en pente, blanche à flanc de colline. Avec culot, je rentre dans la résidence, non fermée, histoire d’entre-apercevoir l’appartement et le jardin que je sais être en contrebas. Pour l’appartement, c’est peine perdue mais j’atteins sans être héler le jardin et l’accès à la piscine commune derrière une porte vitrée. De nouveau, hormis les proportions, tout semble identique. Tiens, non, maintenant que j’y pense. Je n’ai toujours pas entendu un seul kookaburra depuis que je suis ici alors qu’on en avait régulièrement dans ce jardin.

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Dans le doute, mais sans vouloir vous sous estimer, je précise que les kookaburras sont des oiseaux typiquement australiens (et sans doute unique à l’Australie comme quasiment toute la faune) dont le chant ressemble à un rire. Comme le dit la chanson, « laugh, kookaburra laugh under the old gum tree ». Là, c’est une bonne pleine tranche de culture australienne populaire que je vous donne. Tenez, pour une playlist typique, vous pouvez vous enchainer the Kookaburra Song, G’Day et Waltzing Mathilda le tout en plaçant un nuage de mouches autour de votre tête histoire de vous croire dans le bush.

DSC_7753_DxOMais revenons à mes moutons. Après quelques instants de méditation, je quitte la résidence et reprend ma route pour mon troisième arrêt, Rose bay. Je précise que je fais tout ceci à pied. D’ailleurs, ça commence à se ressentir. Quelques temps plus tard, je suis redescendu au niveau de la mer et longe un grand terrain de golfe. Tout de suite, ça pose le standing du quartier. Au bout, j’atteins une nouvelle baie, Rose bay.

DSC_7754_DxOCette fois-ci, une rue longe le front de mer mais surtout, les maisons ici sont hyper luxueuses. Grandes baies vitrées sur design épuré. Je traverse la rue et me dirige vers la marina où nous ancrions notre bateau. Ici se concentrent des souvenirs de départs pour des dimanches ou samedis entre amis, glacières remplies de salades et sandwichs, en t-shirt et maillot de bain pour une anse ou plage encore inexplorée de la baie. DSC_7752_DxOEn tout cas, pour un enfant de six-huit ans, ça avait un petit parfum d’aventure. De plus, l’endroit abrite quelques pélicans, ce qui n’est pas commun dans nos contrées. Ça change des canards et des mouettes.

Pour le coup, j’ai du mal à reconnaître les lieux. Globalement, je me repère mais les bâtiments on changé. Surtout, comme pour les deux autres lieux, je me rend compte que ma mémoire est très sélective. Chaque souvenir est isolé et j’ai du mal à replacer les choses relativement les unes aux autres. Tenez, par exemple, je suis infoutu de retrouver la direction de la rue où nous habitions, Beresford road. Je suis obligé de m’abaisser à demander ma direction à une dame qui doit s’en remettre à son smart phone pour m’aider.

Je rebrousse donc chemin et m’engage dans la rue. Il doit y avoir une erreur. Les maisons ici sont d’un standing inatteignable. Je poursuit en m’éloignant de la baie et deux cent mètres plus loin, DSC_7758_DxOreconnais notre ancienne maison. Tout autour ne sont garés que de gros SUV et 4×4. Ben merde alors. Si j’avais su j’aurais demandé une augmentation de mon argent de poche. La rue est extrêmement boisée et trois rues plus loin, j’aperçois le terrain de golfe. Pas mal. Derrière la maison, une colline domine la baie. Je monte un escalier pour tenter d’apercevoir le jardin d’en haut, sans grand résultat. Finalement, je repart en continuant mon ascension.

DSC_7773_DxOPlus haut, ça devient l’orgie immobilière. Je croise des résidences incroyables, notamment de certains consuls. Rien d’étonnant lorsqu’on voit la vue. Un peu plus loin je remonte le long d’une école privée réservée aux garçons, chacun en uniforme identique quelque soit l’âge. Il y en a même habillés en treillis militaire assemblés sur le terrain de sport. Ça sent l’école privée sélective à plein nez.

A la vue de toutes ces riches maisons, jai d’autres souvenirs qui remontent de goûtés d’anniversaire chez le consul libanais, un drapeau orné du cèdre vert au fond d’un couloir alors que je cherchait les toilettes (c’est fou parce que depuis, j’ai une affection toute particulière pour le Liban. Oui, bon. Ça mais également car j’étais pris d’affection pour la fille du consul). Je vous rassure, j’ai également des souvenirs de fêtes d’anniversaire beaucoup moins glamours mais tout aussi amusants chez McDonald’s. Mais j’en mettrais ma main au feu, je crois bien que mon empreinte libanaise a eu lieu dans ce quartier.

En tout cas, à l’époque, indéniablement, on savait vivre. Je ne vous parle même pas des gens de qualité que nous fréquentions.