Alice Springs

Aaaah, Alice Springs, Alice Springs. J’imaginais ça comme une ville miteuse du far west avec des buissons roulant dans la rue au gré du vent, des tornades de sables recouvrant des bâtiments préfabriqués usés d’une poussière rouge, habité par des rustauds portant stetsons constellés de bouchons en liège et des femmes aux biceps de catcheuses tatouées jusqu’à l’os. Ici, c’est le cœur de l’outback. Le peu de gens avec qui j’en ai parlé me l’avait décrite comme dangereuse la nuit, hanté par des aborigènes sous crack prêts à te crever la peau à coup de didgeridoos non stérilisés pour un coup à boire. En plus, on ne comprend pas ce qu’ils disent vu qu’ils sont toujours en train de rêver. Celle-ci, c’est pour tester votre culture. Surtout, je voyais ça perdu au milieu d’une extrême platitude.

DSC_6562_DxOLa vérité, c’est que ce n’est pas ça du tout. Démolissons ces moches préjugés un par un. Premièrement (eeet merdeuh, encore une énumération. Ce tic de comptable refoulé devient pesant), elle n’est absolument pas miteuse cette ville. Elle est même extrêmement propre sur elle. De pimpantes avenues de bitume lisse quadrillent l’espace à angle droit. C’est bien simple, on se croirait à Darwin, avec une température légèrement plus fraîche la nuit. Les gens sont tout à fait dans la norme d’une société occidentale à tendance américaine même si la proportion de pickups et de 4×4 est peut-être, mais du bout des lèvres, supérieur à Darwin. Certes, on croise des aborigènes aux habits dépareillés, mais à peine plus que dans le nord. La nuit, je n’ai pas peur contrairement à Chalon où j’étais parfois à la limite d’une crise d’agoraphopie. Finalement, ce n’est absolument pas plat autour. Il y a même de jolis escarpements que l’on a nommé MacDonnell (à ne pas confondre avec l’enseigne de quasi-restauration) range d’un côté et des collines de l’autre. C’est assez pratique pour repérer la ville de loin.

DSC_6584_DxOD’ailleurs, contrairement à ce qu’on pourrait penser à lire le nom de la ville, il n’y a pas de source d’eau ici. Juste une rivière qui se remplit ou pas en fonction des précipitations. Parfois elle se remplit d’ailleurs trop et les gens montent placidement sur leurs toits en attendant que ça passe. Pourquoi a t’on eu l’idée saugrenue de placer une ville ici ? Surtout quand on sait que la grande attraction touristique du coin est à 400 km de là. Déjà, à l’époque, l’occidental n’avait pas encore découvert Uluru (si vous ne savez pas ce que c’est, suspens). La raison est simple et si vous êtes un tantinet attentif à se que vous lisez similaire à l’origine de la ville de Darwin : le télégraphe. Alice Springs était à l’origine un simple lieu relais pour le télégraphe liant les grandes villes du sud, Adélaïde et Melbourne, à Londres. On imagine l’affectation punitive que cela a du être pour les employés du télégraphe de l’époque. Néanmoins, et c’est également une bonne surprise, pendant l’hiver, l’endroit est relativement vert.

DSC_6573_DxOQu’est-ce qu’on peut dire sur cette ville, à part ces menus faits historiques ? Je trouve, soit dit en passant, que je pose beaucoup de questions alors que c’est vous qui devriez être curieux. Mais assez maugréé. Non, soyons honnêtes, la ville passerait totalement inaperçu des guides touristiques si elle était située quelques 1200 km plus au sud. Malgré tout, elle reste agréable et de manière assez surprenante relativement dynamique d’un point de vue culturel. Diable, il y a même plusieurs festivaux, poil aux dos ! Ou « als », poil au galbe. Je ne sais plus à force d’être dans des pays étrangers. Mais en tout cas, il y en a dans ce trou perdu down under.

DSC_6570_DxOPour rassurer les plus dubitatifs, on trouve ici les grandes enseignes du fast food mais également une panoplie de restaurants des quatre coins de l’Asie. Après, il ne faut pas s’attendre à une architecture foisonnante et inspirée mais il y a néanmoins quelques sympathiques espaces verts. Vous pouvez visiter un musée dédié au « Royal Flying Doctor Service », un service bénévole de sauvetage médical en avion, où que vous soyez dans l’outback, pour peu que vous ayez une radio ou un téléphone satellitaire pour que vous puissiez narrer votre situation. Une fois sauvé, on vous envoi la facture.

Du côté historique, ce n’est pas non plus l’orgie. Hormis le télégraphe, vous pouvez peut-être dénicher une ou deux histoires à base de mineurs saouls et d’incendie accidentel. Quoique. DSC_6560_DxOMaintenant que j’y pense, il y a bien cet épisode fort amusant à propos de chameliers afghans. Figurez-vous que certaines personnes à l’esprit affûté, se sont rendu compte que les chevaux n’étaient pas particulièrement adaptés à ce climat semi-désertique. Ils avaient tendance à mourir de déshydratation, ces pauvres bêtes, alors qu’ils n’avaient pas demandé à être ici. Les mêmes esprits affûtés on donc eu l’idée d’importer des chameaux. Manque de pot, les bestiaux n’étaient pas livrés avec des modes d’emploi et on eu un moment de ridicule lorsqu’on tenta de les monter comme des chevaux. Toujours aussi affûtés, les personnes en question partirent à la recherche de personnes capables de manipuler ces engins à bosse et on proposa le job à une bande d’afghans. Le plus fou, c’est qu’ils acceptèrent. Ainsi furent introduit des chameaux en Australie. C’est bien décevant, mais on en croise plus beaucoup dans Alice Springs.

Note pour plus tard: c’est par cette brèche pour rejoindre Uluru.DSC_6575_DxO

 

Laisser un commentaire