Jour de marché

Pour ceux qui auraient raté un épisode, je me trouve actuellement au 21° parallèle sud (soit quasiment directement sur le tropique du Capricorne) et au 159° longitude ouest (soit pas très très loin de la ligne de changement de date). Il est bon parfois de rappeler que la Terre est une sphère et que je ne suis pas loin de me retrouver à l’opposé de mon point de départ.

Ce matin, je me lève frais, dispo et bien loin de ces considérations astronomiques dans ma grande chambre temporaire. J’ai la matinée de libre avant que la gérante du Paradise Inn vienne de nouveau me récupérer pour me transporter vers l’hôtel où je resterai définitivement. Enfin, jusqu’à mon nouveau départ en avion, malheureusement.

Aujourd’hui, c’est exceptionnel car c’est le jour du marché à Avarua, la bourgade principale de l’île. En tout cas, c’est ce que me vante Trip Advisor et la gérante du Paradise Inn. Je reprend donc le bus, cette fois ci dans le sens anti-horaire, et descend vingt minutes plus tard en compagnie d’une petite douzaines d’autres touristes à l’arrêt du marché. Cette fois-ci je tombe sur un chauffeur beaucoup plus taciturne.

Le marché d’Avarua, c’est un grand terrain vague entre la route et la mer occupé par des cahutes permanentes en bois. Imaginez un marché de Noël en plein été, tout en longueur, aux cabanes beaucoup plus aérées et vous aurez une bonne idée de la nature du lieu. On y croise en majorité des touristes reconnaissables à leur peau cramoisie bien qu’il attire également des gens du coin pour le côté « fête au village ». En sortant du bus, je parcourt en premier une série d’étals de fruits et légumes, certains m’étant totalement inconnus. Plus loin, un grand nombre de commerçants proposent des paréos ou des babioles pseudo-artisanales. Au centre, une estrade couverte abrite une petite animation musicale autour de jeunes filles dansantes. Autour, quelques autres personnes proposent de quoi manger sous la forme de hot-dogs, fish’n’chips et brochettes de bœuf ou poulet. Je craque pour les derniers. L’ambiance est plutôt souriante et carrément détendu.

Je suis toujours autant estomaqué par la quantité de vendeurs d’habits, ici surtout représentés par des paréos et des t-shirts aux couleurs saturées. J’ai la désagréable sensation d’un marché très orienté vers le touriste de base. C’est bien dommage car je suis à la recherche d’un étal de poissonnerie. La gérante du Paradise Inn m’a vanté le poisson local, frais et peu cher, notamment du thon de la meilleure qualité (manifestement pas en voie d’extinction, ici) et le mahi-mahi, un gros poisson tropical. De ce côté-ci, c’est choux blanc.

Après avoir atteint l’autre extrémité du marché, je retourne aux vendeurs de fruits et légumes. Il est certes sympathique ce marché, mais on ne peut pas dire qu’il soit extrêmement varié. Finalement, j’achète quelques petites oranges mais surtout des patates douces locales, les fameuses kumaras emportées par les premiers colons maoris. Longues et un peu tordues, elles ont la chaire rosée. Ce sera une première expérience culinaire.

DSC_8190_DxOJe repart à pied vers le Paradise Inn en traversant Avarua, le long de la mer. C’est vraiment tout petit et le centre ville se résume à quelques magasins, restaurants ou bars ainsi que deux ou trois bâtiments officiels. L’agglomération est tout en longueur, comme partout sur l’île, les reliefs étant très montagneux et couverts d’une dense végétation.

Je rejoint de nouveau ce qui aurait du être mon hôtel et retrouve la gérante à l’accueil. Elle est marrante car elle est totalement dans le rythme insulaire tout en donnant l’impression d’être stressée. J’attends donc quelques minutes qu’elle finisse ses occupations en cours avant que l’on monte, de nouveau avec son chien, dans sa petite voiture japonaise.

« Ça vous dérange, Oliver, si je passe acheter du poulet pour midi ?

  • Euh, non. Pas du tout.

Décidément, il n’y a pas de formalités ici. On repart donc en direction du centre d’Avarua pour se garer deux ou trois minutes plus tard devant le CITC Shopping Center, le petit supermarché du centre ville. Je l’accompagne à l’intérieur et la suit jusqu’au rayon rôtisserie. Elle finit par me convaincre et je prend également un volaille rôtie. Tant que j’y suis, je fait également quelques autres petites courses pour la semaine, sel, poivre, etc. C’est l’occasion de constater que la majorité des produits proviennent de Nouvelle-Zélande, notamment la viande congelée et même certains fruits et légumes.

Après avoir payé à la caisse, je retrouve la gérante et, alors que nous repartons en voiture, je l’interroge sur le peu de produits locaux. D’après elle, la majorité des fruits, légumes et viandes locales sont produits directement par les familles sur leurs terres. Ils sont donc destinés à la consommation des ménages et non pas à la vente. Seule une petite proportion se retrouve en vente sur le marché. La plupart des familles élèvent des poules et possèdent quelques porcs. Dans la foulée, elle me déconseille le poulet local, à la chaire trop ferme. D’ailleurs, nos poulets rôtis son néo-zélandais.

En continuant de discuter autour de l’argent, elle m’apprend également que les îles Cook bénéficient du niveau de vie le plus élevé des îles polynésienne. Voilà, qui me surprend. En même temps, il est vrai que les locaux que je croise m’ont l’air heureux et sains. Ce n’est pas non plus Dubaï mais j’ai la première impression d’une île paisible et humblement prospère. Nous en venons à parler de Tahiti, la plus grande île polynésienne (après la Nouvelle-Zélande). Une de ses amies tahitienne, installée à Rarotonga depuis quelques années, est repartie dans son île natale, le coût de la vie y ayant sérieusement chuté. J’étais resté sur l’image d’une île hors de prix, notamment à Papeete. Il semblerait que ce ne soit plus le cas. Ça mériterait d’être approfondi.

Enfin, après un nouveau quart de tour de l’île, nous nous arrêtons au Muri Beach Resort. A l’accueil, elle me présente à l’employée qui me confirme que tout est arrangé. Je sert la main à mon ancienne gérante qui s’excuse une nouvelle fois de son erreur. Non, non, ce n’est rien.

C’est vrai. Ce n’est rien, surtout lorsque je vois sur quoi je suis tombé. C’est carrément beaucoup plus sympa.

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