La vallée volcanique de Waimangu

Je ne voudrais pas que vous croyiez que je suis tout le temps négatif alors je vais tout de suite énumérer les choses à faire autour de Rotorua. Si vous êtes venu pour visiter uniquement la ville, vous vous êtes planté. Non, ici, tout est une question de nature.

Autour de la ville, vous pouvez visiter un petit village Maori recréé au milieu de la forêt et y assister à des cérémonies traditionnelles, faire une ballade en bateau sur le lac, emprunter les circuits VTT des environs ou quelques chemins de randonnée notamment l’ascension des quelques petits volcans autour du lac, sauter à l’élastique (et puis quoi encore?) et bien entendu, visiter quelques sources géothermiques. Lorsqu’il fait un temps pourri digne d’un mois de novembre en Bourgogne, les options se resserrent, surtout que maintenant, je tente désespérément de retrouver 100% de mes capacités respiratoires donc il est hors de question, par exemple, de rester assis une demi-heure dans le froid et la pluie à se faire terroriser par de grands polynésiens aux yeux exhorbités effectuant un haka à l’allure belliqueuse (même si on me certifie que c’est une cérémonie de bienvenue et qu’il ne faut pas prendre toute décapitation au pied de la lettre).

A quelques kilomètres au sud de Rotorua se trouve la vallée volcanique de Waimangu. Comme son nom l’indique, même si parfois les choses peuvent être trompeuses, il s’agit d’une vallée riche en activité volcanique de toutes sortes, explosion violente et coulée de lave destructrice exclus. C’est tout de même un site pour touristes et bien qu’ils fassent payer à l’entrée, il s’agit que le flot de clients ne se tarisse pas. Je part donc un après midi pour y aller faire une petite randonnée.

La pluie fine qui tombait sur la ville s’est transformée en trombes d’eau et après m’être jeté dans le centre des visiteurs à l’entrée de la vallée, je désespère. A l’accueil, une dame me conseille un peu penaude de tenter malgré tout le chemin principal qui mène au lac et qui relie les principales curiosités. D’autres personnes viennent de partir tenter l’excursion et elle peut même me fournir gratuitement un parapluie. C’est ça ou rentrer à l’auberge de jeunesse me remettre à travailler.

Quelques minutes plus tard, plus léger de quelques dollars, je marche à l’abri de mon parapluie multicolore géant le long d’un chemin légèrement descendant. La végétation est luxuriante, ce qui n’a rien d’étonnant, même si je me doute qu’elle n’a pas poussée dans la journée grâce à cette satanée pluie. Ce n’est pas une végétation tropicale mais on dirait une sorte de forêt primaire. Rapidement, je me réchauffe en marchant et je ne tarde pas à arriver au premier point de vue au dessus d’un petit lac au fond d’un creux de terrain, d’un bleu vif éclatant. Des minces volutes de vapeur remontent à sens inverse des gouttes d’eau.

Un peu plus loin et un peu plus tard, je longe un petit ruisseau bouillonnant surgit d’une crevasse à flanc de terrain. De la même façon, des volutes de vapeur en émergent, donnant une idée approximative de sa température, entre un thé bien chaud et une douche brûlante. Bien que l’idée de me baigner dans ses eaux fumantes m’est venu, je me la suit instinctivement déconseillée à la vue des dépôts colorées vert, bleu et orange aux aspects de pollution industrielle que l’on trouve le long du ruisseau.

A un autre endroit, ce sont des petites sources d’eau à la température létale qui bouillonnent alors que les gouttes de pluie viennent s’exploser dans un bruit de friture à leurs contact. Autour de ces sources, des croutes de silicates aux trainées multicolores éloignent la végétation à distance respectueuse. N’empêche que certaines plantes n’ont pas l’air d’être particulièrement dérangées d’être irriguée par cette eau chaude et chargée de minéraux que je soupçonne de ne pas être essentiels. D’ailleurs, maintenant que j’y pense, les maoris du coin, non plus, n’avaient pas l’air d’être dérangés par cette eau. Ils se servaient de ces sources comme de fours en y plongeant des paniers fait d’une herbe très dure endémique (flax). Bien entendu, les paniers étaient remplis de mets à cuire, comme du poisson ou une pizza surgelée, sinon ça n’a pas de sens. Mes sources (encore un autre jeu de mot, tient) ne m’indiquent pas s’ils ressortaient couverts d’une appétissante croute bleue de sulfate de cuivre ou assaisonnés au souffre.

Cette activité se concentre au fond d’un vallon où coule le fameux ruisseau bouillonnant, que je suit à pied alors que la pluie commence progressivement à s’adoucir. De temps en temps, indiqué par des panneaux, des trous ou des crevasses dans les flancs du terrain laissent s’échapper de la vapeur. Au dessus, les collines sont couvertes d’une riche et dense végétation se perdant dans les nuages bas.

Finalement, je rejoint après une petite heure de marche une famille, quasiment au bout du chemin qui se termine sur les rives d’un lac où se jette le ruisseau, maintenant à température suffisante pour y plonger un doigt sans hurler de douleur. Ce que je ne fais pas. Le plafond bas et la fine pluie empêche toute visibilité. Fort heureusement, un bus faisant la navette nous récupère et nous remonte vers le centre d’accueil, rebroussant chemin plus ou moins le long du vallon.

Mais de tout cela, vous êtes obligé de me croire sur parole. Vous ne pensez pas que j’allai embarquer mon appareil photo alors qu’il tombait des cordes ?

Laisser un commentaire