Le seul problème lorsqu’on traverse un pays en voiture personnelle est que l’on ne croise pas grand monde. C’est d’autant plus rare car j’y suis également légèrement hors saison. Ici, c’est la fin de l’hiver austral, je vous le rappel. Néanmoins j’ai eu l’occasion de papoter avec un petit nombre de personnes pendant ce périple automobile. Rien d’extravagant mais c’est toujours amusant de constater que le fait de dire que l’on vient d’un pays étranger éveille la curiosité. Il est vrai également que la plupart des gens rencontré sont plutôt sociables.
Tenez, par exemple, puisqu’on parle d’australien, j’ai été abordé lors de ma soirée de camping au sud de Port Augusta (ce qui remonte déjà à deux ou trois jours) par un néo-zélandais d’âge moyen. C’est fou, quelle idée de venir passer ses vacances ici alors qu’on habite en Terre du Milieu ? Encore plus dingue, il se déplaçait ici en moto avec sa femme. Pour encore plus de folie, je précise qu’ils n’en avait qu’une seule, de moto. Ce n’était d’ailleurs pas leur première expérience du genre puisqu’ils avaient déjà parcouru la côte ouest. C’est des fanas d’Australie mais à moto, ça ne doit pas rigoler tout les jours.
Si ça vous tente, je vais partager avec vous quelques aspects pratique que j’ai pu glaner avec lui. Non, parce que moi aussi, ça m’intéresse. Surtout, d’où sort cette moto ? Ils l’ont amené en bateau ? Point du tout, ils l’ont acheté sur place, d’occasion. C’est d’ailleurs une solution retenue par de nombreuses personnes, comme je vous le démontrerai de manière empirique par un second exemple relaté plus loin. Comme nous vivons dans un monde de profit, l’idée est bien entendu de la revendre en repartant, de préférence sans décote.
Quelques jours plus tard, à Mount Gambier, j’ai donc l’occasion de papoter longuement avec mes deux vieux australiens à 4×4, originaire de Nouvelle Galle du Sud. D’ailleurs, maintenant que j’y pense, j’ai surtout papoté avec l’un deux, le deuxième étant beaucoup plus taiseux. Nous avons donc mené une discussion sur tout, passant de douces transitions en douces transitions vers des sujets divers, particulièrement au sujet de l’Australie. C’est d’ailleurs eux qui m’ont parlé de la mission des Royal Flying Doctors notamment car ils se déplacent dans un gros 4×4 suréquipé pour la survie en milieu hostile avec téléphone satellite, jerrican d’essence et tout le bazar. Ils étaient actuellement en vadrouille et avec eux, ça ne plaisante pas côté logistique.
En parlant de la situation économique du pays (ce qui est un de mes lancements favoris lorsqu’il y a un blanc), ils ont enchainé spontanément vers la fin du boom minier et de l’immigration illégale par voie maritime. Ce sont des sujets qui reviendront assez souvent dans les discussions que j’aurai avec des australiens, peut être parce que nous sommes en pleine campagne pour l’élection du premier ministre.
Le lendemain matin, alors que je redescendais de ma petite ballade sur la crête du cratère de Mount Schank, j’ai repéré un vieux break bleu appartenant à un jeune couple. Après nous avoir salué poliment, je suis reparti pour poursuivre mon chemin. Toute la journée, de look out point en look out point, je n’arrêterai pas de les repérer de loin et eux de même. Le soir arrivé au camping de Peterborough, je pénètre dans le bâtiment commun abritant la cuisine et, devinez quoi, je rencontre de nouveau le jeune couple. Nous étions destinés à nous parler. A vrai dire, étant peu physionomiste, ce sont plutôt eux qui m’ont reconnu. Seuls pensionnaires du camping, nous avons donc devisé tranquillement pendant qu’ils finissaient leur maigre repas et que je confectionnait le miens, également maigre. Ce soir là, c’était des pâtes, postérité.
Ils sont allemands ce qui est d’une vulgaire banalité. Je n’arrête pas d’en croiser en Australie. Rappelez-vous, ce sont eux qui se font le plus bouffer par les crocodiles et malgré cela, on en croise partout. Si mes souvenirs sont bons, ils étaient également sous visa touriste-travail mais, manque de chance ou retournement économique, ils n’avaient pas réussi à trouver de boulot. Ayant mis cela en second plan, ils se consacrent donc au voyage, au volant de leur vieux break aménagé, acheté également d’occasion. D’ailleurs, ils m’ont proposé de le racheter car ils sont très proche de la fin de leur séjour. J’ai bien entendu décliné. Moi, propriétaire d’un break, et puis quoi encore ?