La Faune, La Flore

Faisons une pause dans le voyage car cela fait bien longtemps que je n’ai point parler d’animaux et végétaux, hormis une rapide évocation du weta, cet insecte géant dont a horreur sir Peter Jackson. C’est fort dommage car il y a plein de choses à dire à ce sujet en Nouvelle-Zélande, le pays ayant une richesse et une originalité dans ce domaine que seul dépasse l’Australie. Malheureusement, contrairement à celle-ci, sa biodiversité d’origine a été méchamment entamée depuis l’arrivée des colons maoris puis anglais.

Par exemple, prenons le kauri. Cet arbre géant, endémique du pays et apparu pendant le jurassique, a été presque entièrement déforesté au siècle dernier. Ce gros conifère pousse tout droit et possède un tronc extrêmement large et cylindrique, avantage magnifique pour la construction maritime qui lui valu sa quasi perte. Aujourd’hui seulement 4% de la surface des forêts d’origine perdure.

Si l’on reste sur les végétaux, l’emblème de l’équipe de rugby national à 15 est la fougère argentée que l’on ne trouve qu’ici. A priori, elle n’est pas en danger, rassurez-vous. Non c’est juste que je trouve cela fort dommage qu’ils ne songent pas à refaire leur drapeau totalement quelconque et que tout le monde confond avec le drapeau australien, pour le remplacer par une bannière noire arborant la sus-dite fougère, autrement plus parlante.

En ce qui concerne les animaux, on compte également pas mal de disparus au champ d’honneur. Alors figurez-vous que j’étais persuadé que le kiwi, ce charmant petit oiseau sans ailes symbole du pays, était éteint. Et bien pas du tout, bien qu’il soit protégé. On en trouve encore dans des réserves et des parcs nationaux. Autre nouveauté en ce qui me concerne : sa taille. Je le voyais gros comme un poulet alors qu’il a à peu près la taille d’un gros moineau. C’est très mignon même si c’est très ridicule comme animal. Déjà, comme je viens de vous le dire, c’est un oiseau sans ailes (comme le dit si bien la chanson) mais c’est également un oiseau sans bec doté d’un long nez avec deux petites narines au bout. Maintenant que j’y réfléchi, je crois même que c’est un oiseau sans plumes. A me lire, on dirait le descriptif d’un rat à deux pattes. Surtout, on devrait arrêter d’appeler ça un oiseau.

Non le bestiau disparu, entre autres, c’est le moa, cousin très éloigné et géant de l’autruche et de l’émeu, également dépourvu d’ailes. Imaginez une autruche d’un mètre quatre vingt de haut au garrot, avec des pattes épaisses comme des bûches et au cri terrifiant de l’équivalent Barry White du canard. Pour ce dernier, je témoigne, c’est flippant, surtout le soir au fond des bois. Moi je me suis contenté de l’écouter dans un enregistrement au musée Te Papa. J’étais tout retourné. En tout cas, pour les plus sensibles d’entre vous, l’espèce est éteinte. Vous pouvez donc vous balader la nuit dans les bois sans craindre l’arrêt cardiaque, bien que la créature soit parfaitement pacifique.

La raison de la chute brutale de la population des ces sympathiques oiseaux sans ailes est encore et toujours étonnamment évidente une fois qu’on vous le dit, à s’en taper la main sur le front. Ils étaient d’une naïveté de bisounours. Ils menaient une vie paisible et routinière sans la moindre menace de prédateurs. Le jour où la première banque commerciale s’installa dans le pays, l’effet fut désastreux. A moins que ce soient les chiens et chats domestiques. Je confond et les causes sont difficiles à démêler. Déjà, à l’époque, le capitaine Cook avait noté dans son carnet de bord que son chat s’était fait une orgie de meurtres gratuits à s’en dégoûter la vie lors de son bref passage sur terre. Pour que lui même l’ai noté, c’est que la lutte devait être particulièrement déséquilibrée. On imagine d’ici la scène, un petit kiwi tout pelucheux remuant son petit museau d’anticipation à la charmante petite reniflade amicale avec ce sympathique mais inconnu quadrupède aux longues griffes acérées, tapis, prêt à bondir. En ce qui concerne le moa, remplacez le chat par l’homme.

Fort heureusement, tout les oiseaux néo-zélandais ne sont pas aussi naïfs. Les hautes montagnes de l’île du sud abritent même une des espèces les plus intelligentes de perroquets, les kéas. Non seulement ils ont l’intelligence et le bon goût d’aller vivre au bon air des montagnes, là où la vue est magnifique, contrairement à leurs cousins tropicaux qui sont plutôt assis bêtement dans des jungles touffues, moites et obscures, mais en plus ils sont extrêmement malins. Comme quoi, l’air pur, ça fait du bien à la tête. L’anecdote typique pour démontrer leur extrême intelligence, je l’ai lu encore une fois au musée Te Papa de Wellington. La plupart des pic-niqueurs néo-zélandais connaissent bien ces petites pestes et font tout pour les chasser à grand mouvements de bras. Les oiseaux se sont donc mis à réfléchir un peu plus à leur tactique, le soir, contemplatifs face au soleil couchant.

Dorénavant, certains s’attaquent aux joints en caoutchouc autour des vitres de voitures. Le propriétaire, en colère, se précipite alors vers son véhicule (l’effet étant encore plus efficace s’il s’agit d’un 4×4 hors de prix) pour chasser les petits vandales. A ce moment là, l’équipe B de perroquets déclenche l’attaque principale, profitant de la diversion pour attraper le maximum de nourriture avant que l’équipe A ne rebrousse chemin. C’est bien simple, d’après le descriptif lu au musée, un kéa moyen a une intelligence équivalente à un enfant de 5 ans.

Dit autrement, et de manière moins politiquement correcte, un enfant de 5 ans moyen est aussi intelligent qu’un perroquet de haute montagne. Fort heureusement pour les parents, il ne sait pas voler.

En remontant vers le nord

En remontant vers le nord vers Auckland, je décide de faire une étape à Taupo, sur les bords du grand lac au centre de l’île. Je donne une seconde chance à la météo locale pour me dégager les nuages autour des grands volcans du parc national Tongariro. Pendant ce petit périple, le paysage change trois fois.

DSC_8078_DxOAu nord de Wellington, on traverse la région de moyenne montage aperçue du haut du Mont Victoria. La route numéro 1 qui relie les deux villes majeures de l’île longe la mer de Tasmanie. En ce matin, le ciel est de nouveau bas sur les terres mais dégagé sur l’océan.

Encore plus au nord, on s’éloigne des côtes et la route emprunte les lignes de crêtes et les vallons d’un massif volcanique. Les sommets sont quasiment tous dénudés et remplacés par des pentes herbeuses occupées par des moutons. Seuls quelques lambeaux de forêts persistent, malgré les siècles de déforestation.

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DSC_8096_DxOUn peu plus tard, on retrouve le haut plateau de Tongariro, couvert d’une austère végétation brune. Cette fois-ci je le remonte côté ouest. De nouveau, la météo est pluvieuse mais je tente malgré tout ma chance en empruntant la route vers le sommet du volcan Ruapehu. Au pied, le Château Tongariro, un hôtel du début du vingtième siècle marque le début de la montée. Dans les nuages, je découvre les flancs du volcan, noir et rocailleux avec ces fameuses plantes brunes, de plus en plus clairsemées au fur et à mesure de l’ascension. Tout doucement, la DSC_8099_DxOvégétation disparaît et des plaques de neiges apparaissent. Une dizaine de kilomètres plus loin, je rejoint la station de ski, entièrement noyée dans la brume. Des voitures garées en épi le long de la montée, quelques personnes en chaussures rigides portant des skis, il n’y a ici rien d’exceptionnel. Tant pis, je rebrousse chemin.

DSC_8101_DxOFinalement, je rejoint les rives du lac sur le côté opposé à l’aller mais toujours sur un temps maussade et gris. Aux alentours de la ville quelques buttes bien coniques trahissent la nature volcanique du terrain. Pour ce qui est de la ville de Taupo, il n’y vraiment rien à dire. Des rues perpendiculaires légèrement en pentes, plongeant vers le lac, des bâtiments bas sans charme. Classique. Contrairement à l’Australie, les petites villes d’ici n’ont vraiment aucun intérêt.

DSC_8102_DxOJe pose mes affaires dans une austère chambre individuelle d’auberge et part à la recherche d’un endroit où manger, n’importe quoi. L’endroit est quasi désert et, sous une fine bruine, je me réfugie dans un Hell’s Pizza, sorte de Pizza Hut kiwi à la thématique infernale où les pizzas sont affublées du nom des sept péchés capitaux. J’en prend une à emporter (sans doute la Gloutonnerie) et la mange sur le chemin du retour. Pour la gastronomie, ce sera pour une autre fois.

Je crois bien que c’est à se moment là qu’il me tarde de quitter ce pays pour la suite de mon périple.