Ce que j’ai retenu des Maoris

Je vous fixe dans les yeux les yeux grand ouverts.

Je suis presque accroupi en me frappant les cuisses avec les mains.

J’alterne en frappant alternativement mon coude droit avec ma main gauche suivi de mon coude gauche avec ma main droite. Je ne ferme toujours pas les yeux. Ca pique.

Je suis toujours presque accroupi et je vous tire la langue. D’ailleurs, j’ai mal aux cuisses à tenir cette posture.

Je me relève, non sans mal, en vous jetant un regard de défi.

Je viens de réaliser un haka et j’ai grand besoin d’une giclée de collyre dans les yeux doublé d’un massage énergique des quadriceps.

Cette scène, c’est un peu le cliché de la culture Maori, véhiculé avec grande efficacité par l’équipe de rugby à 15 nationale, les All Blacks. Rassurez-vous, c’est tout à fait authentique. Mais à part cela, qu’ai-je donc appris de la culture de ce pays ? Hein ?

C’est sans doute le pays où j’ai le plus découvert de choses côté culture. Autant j’avais quelques notions de la culture indienne, vietnamienne et australienne, autant pour les néo-z, que dalle. Je pensais que c’était une sorte d’Australie en beaucoup plus vert et petit avec les Maoris à la place des Aborigènes. Hormis la taille et la couleur, j’étais totalement dans le faux.

Remontons un peu le temps. <Bruit de cassette que l’on rembobine, la régie n’ayant aucune imagination pour ce qui est des effets sonores>. Mais pas de beaucoup <Bruit de pneus qui dérapent>. Arrêtons nous dans les années 1400, qui contrairement aux années 1970, étaient nettement en retrait du côté des tapisseries à motifs oranges et marrons. Pendant qu’en Europe, en pleine Renaissance naissante, on redécouvre les savoirs antiques dans une croissante effervescence artistique qui culminera quelques 550 années plus tard aux sus-mentionnés décorations murales aux tons chauds et rapidement démodés, de l’autre côté de la Terre, on pagaie. On pagaie même drôlement fort sur un océan sans pitié, très loin de considérations artistiques qui ne sont que l’apanage des fiottes et autres petites natures.

Ce « on » ce sont une grosse pelletée de polynésiens à bord de sept gros canots de mer, ayant quitté l’île de Rarotonga, dans l’archipel des îles Cook (mais ça on ne le saura que plus tard lorsque le capitaine du même nom y passera), en partance pour une terre prêt à accueillir une population excédentaire. Depuis des centaines d’années, la culture polynésienne procède ainsi, colonisant par petits bonds hasardeux l’ensemble des archipels du grand Pacifique. L’histoire ne raconte pas (ou je ne m’en souviens pas) s’ils avaient la moindre idée de ce qu’ils cherchaient mais ils touchèrent le gros lot en atterrissant sur les rives de la future Baie d’Abondance dans l’île du Nord.

Ce pays, ils le nommèrent Aotearoa, parce que ce doit signifier quelque chose de drôlement pertinent en polynésien comme « Arrêt Pipi » ou « Lieu où On Peut Enfin Bouffer Autre Chose Que Du Poisson Séché Qu’On En A Plein Le Cul». C’était de sacré navigateurs même si je serai curieux de connaître le nombre d’échecs et de bateaux perdus en mer pour chaque terre trouvée. Est-ce qu’on ne serait pas en train de les juger sur le nombre de leurs succès en omettant leurs échecs ? Ceci dit, de l’autre côté de la Terre, là ou on s’amuse à redécouvrir l’eau tiède en relisant des textes en langues mortes, on en est encore à croire que la Terre est plate alors que les polynésiens savaient se repérer avec les étoiles. On note également qu’en ce qui concerne l’immigration clandestine par bateaux, nous, contemporains, n’avons rien inventé.

Cette terre totalement vierge d’humains étant très riche et plein de potentiel (je parlerai plus tard de la faune endémique), on s’installa, se développa et la population locale cru en se propageant à travers, principalement, l’île du Nord puis celle du Sud (qui ne demande pas des compétences extraordinaire hormis une absence de myopie pour la découvrir). Cette culture locale polynésienne devint culture Maori, gardant de nombreux traits communs, notamment la langue, avec ses racines d’origine. De manière amusante, la croyance maori associe la mort à un retour vers une île mythique ancestrale, terre d’origine (bien que je ne crois pas qu’il s’agisse de Rarotonga. Ils ont quand même un peu de mémoire), comme tous les peuples polynésiens, même si le nom change d’archipel en archipel. Vous allez voir que, dans quelques années, les scientifiques découvriront qu’il s’agit de l’île de Ré, déjà incités à fuir par le prix galopant de l’immobilier. Quel enfer ce serait, obligé de vivre pour le restant de l’éternité sur une île plate, tourmenté par un ennui sur-mortel l’hiver et des embouteillages automobiles l’été.

Comme ils étaient un peu prévoyant, ces premiers colons avaient eu la bonne idée d’emporter, en plus de femmes et enfants, quelques cochons (vivants) ainsi que la patate douce locale des îles future Cook, la kumara. C’était chouette pour eux parce qu’ils purent, enfin, se taper des côtes de porc aux frites, base de l’alimentation en absence de steak, mais pour cette terre, cela marqua le début de l’invasion. Car, en l’absence de discours politiquement correct, il faut bien avouer qu’il n’a pas fallu attendre l’arrivée des premiers colons anglais pour que l’homme façonne en partie la terre selon ses désirs. Bien entendu, l’échelle n’est pas la même et en comparaison, les maoris sont des écologistes radicaux. N’empêche que ce furent les premiers à entamer la déforestation et la culture de plants endogènes.

Lorsque la population augmenta, il se forma des clans regroupés géographiquement et avec, de façon concomitante, des guerres. Les peuples polynésiens sont des peuples avec une forte composante guerrière et pour ce qui est de foutre sur la gueule de son voisin, ils ne sont pas les derniers. A ce propos, il doit être intéressant de visionner le film « Once we were warriors » dont le sujet est la population pauvre maori dans les quartiers défavorisés d’Auckland, ce que je n’ai toujours pas fait. Non, côté guerre, ils étaient même plutôt sanglants, mais c’était l’époque. Par exemple, il n’était pas exceptionnel de trucider tout les guerriers adverses en cas de victoire ou d’autres choses assez sanglantes.

Cet entraînement régulier à la baston leur fut d’un grand secours à l’arrivée des colons britanniques. La culture maori, comme toutes les cultures polynésiennes, encore une fois, est une culture sédentaire dont le village est le cœur, pratiquant l’agriculture et l’élevage. Il y eu donc rapidement des affrontements territoriaux avec les britanniques puis de grandes batailles. Les maoris se battant férocement (certains même diraient avec cruauté, mais ce n’est peut être qu’un manque de culture esthétique, comme ne pas apprécier le vin la première fois) et tenant tête avec les soldats de sa majesté Victoria (ce qui valu leur respect par les soldats adverse), un traité fut signé entre les maoris et le gouvernement des Royaumes-Unis, traité selon lequel ils (que l’on ne peut traiter de peuple autochtone, finalement) se fondaient dans la nation néo-zélandaise tout en conservant des pouvoirs politiques quasiment à égalité avec l’envahisseur. C’était sans compter sur les clauses écrites en corps 6 en bas de page. En réalité ils se sont fait un peu bananés mais, fait notable, à ma connaissance, de tout les peuples « conquis » par le colonialiste britannique, c’est sans doute celui qui s’en ai sorti le mieux.

Détail intéressant de l’histoire, je trouve, lors du premier contact entre les maoris et l’équipée du capitaine Cook, ils ont pu très rapidement communiquer. La raison est d’une simplicité enfantine pour peu que vous ayez en tête le parcours du capitaine à travers le Pacifique. Avant la Nouvelle-Zélande, il était passé par Tahiti et y avait embarqué un prince autochtone. Ce fut celui-ci qui, dans son tahitien natale, parvint à communiquer approximativement avec les maoris, leur langues étant très proches.

N’ayant pas vécu assez longtemps là bas pour en tirer une véritable conclusion, j’ai néanmoins constaté une présence non négligeable de personnes d’origines maoris aussi bien dans les médias, le politique et bien évidemment, le sportif. Finalement, j’ai l’impression que le mélange s’est bien fait, y compris dans l’autre sens. Lorsqu’on se ballade dans le pays, on est surpris par la prévalence de la culture maori en tant que socle sur lequel vient se poser une couche occidentale. C’est même particulièrement mis en avant par les institutions touristiques. Ça m’a laissé une impression vraiment positive même si je suis certain que ça n’a pas forcément été tout le temps le cas. Par rapport à la culture aborigène en Australie, c’est vraiment frappant et je n’ai pas eu l’impression de domination comme on peut l’avoir dans d’autres pays vis à vis des cultures « indigènes ». Finalement se sont sans doutes des cultures « compatibles », les deux, maoris et occidentales, étant sédentaires et colonialistes.

DSC_8070_DxODans l’excellent musée Te Papa, à Wellington, ou le plus modeste musée de Rotorua, on peut contempler de plus près des maisons ancestrales ou des totems arborant ces figures si typiques de la Nouvelle Zélande. On reconnaît facilement les mimiques des hakas, un visage les yeux grand ouverts et tirant la langue. Ce doit être une grande insulte là bas. L’autre trait particulier de l’esthétique maori sont bien entendu ces motifs aux volutes complexes que l’on retrouve aussi bien sur les tatouages que sur les armes, maisons ou totems. Grâce au rugby des All Blacks, ces deux choses se sont maintenant propagées dans les deux hémisphères et à Toulouse, il n’est pas rare de croiser des personnes arborant ces motifs sur leur corps, même si, comme moi, ils doivent en ignorer la signification.

Non, en dehors de ces deux choses fort connus, j’ai appris (mais surtout retenu) certaines choses concernant la culture maori. D’après eux, tout élément vivant ou minéral est empli d’une force magique ou spirituelle, le mana. Je suis quasiment certain que c’est un concept partagé par toutes les cultures polynésiennes, même si je ne suis pas ethnologue. C’est un concept un peu plus complexe qu’un simple « potentiel magique ou spirituel » car il peut également inclure le charisme. Par exemple, un chef très influent possède un grand mana même s’il ne possède pas de « pouvoir magique ». En perdant une bataille, il va en perdre. Il s’agit donc d’une notion un peu flou sans équivalent dans le vocabulaire français qui regroupe pouvoir, influence, spiritualité, charisme et vertu. Moi par exemple, j’ai pas mal de mana (ben si, ne faites pas semblant, vous le sentez, non?), sauf saisi par une gastro-entérite, ce qui m’arrive, fort heureusement, quasiment jamais.

L’autre concept fondamental maori (même si encore une fois, il est fort possible qu’il soit présent à Tahiti ou Hawaï) décrit un état antinomique à « sacré » que je pourrais qualifier (du bout des lèvres et sous contrôle d’un huissier) de similaire au « haram » dans l’islam. Quelque chose de « tapu » est un peu vil, maudit ou interdit même si ces qualificatifs sont peut être un peu fort lorsque l’on sait qu’une femme qui a ses règles devient tapu. C’est un peu rude, tout de même. Encore une fois, le concept est flou et difficile à cerner en l’absence d’équivalent français. En tout cas au sein de la culture maori, de la même manière que certains actes apportent du mana (donner aux Restos du Coeur ou payer ses impôts sans défiscalisation), d’autres peuvent vous rendre tapu. Des lieux ou des objets peuvent l’être, bien entendu, même si je suis incapable de vous en décrire les circonstances.

Pour finir, si vous avez des enfants, ouvrez les à la culture maori en employant ces deux termes. Une bonne note et gratifiez les d’une hausse de mana. Les matins, charmez votre compagnon en lâchant un « Dis donc, t’as un joli mana, ce matin, je me trompe ? ». Inversement, si votre petit dernier veut jouer avec ses excréments, proférez doctement un « non, le caca, c’est tapu !! ». La même chose s’applique si vous passez devant votre banque, lieu tapu par excellence. Le voyage n’est pas uniquement physique, finalement.

Wellington

Je vous ai déjà dit que la façon dont on juge un endroit dépend de la façon dont on le visite, n’est-ce pas ? Et bien, en ce qui concerne Wellington, je crois bien être passé légèrement à côté. A vrai dire, je crois avoir littéralement omis de visiter le centre ville, ce qui est généralement rédhibitoire lorsqu’il s’agit de se faire un avis. Faut-il vraiment que je sois aveugle pour passer à côté ? Et bien, plusieurs facteurs peuvent expliquer cela.

Tout d’abord, j’ai totalement omis d’acheter un guide touristique genre Lonely Planet pour la Nouvelle Zélande. Je m’appuie uniquement sur des sites web du genre de Trip Advisor. Sans vouloir être dans le dénigrement perpétuel et les jugements hâtifs (bien que je sois imprégné de culture française, tout de même), c’est un peu de la crotte ce site pour avoir une vue d’ensemble d’un lieu. En tout cas ça ne remplace pas un bon guide touristique. Si on cherche des trucs à faire, ça va à peu près mais ensuite, c’est assez limité et foutraque. Ou alors, autre hypothèse que je me dois d’envisager même si cela me coûte, je suis une grosse buse et je ne sais pas m’en servir. Allez, mettons que les torts sont partagés.

Ensuite, deuxième facteur pouvant expliquer mon rendez-vous manqué avec la capitale, la météo. Quand il fait frisquet et gris, ça ne motive pas d’aller se balader toute la journée, surtout lorsqu’en sortant de son hostel, on croit être en centre ville et qu’on trouve ça moche et inintéressant alors DSC_8030_DxOque le cœur est véritablement un kilomètre plus loin. Si seulement j’avais eu un peu plus la motivation, je serai tombé dessus par hasard. En même temps, sans vouloir rejeter la faute sur l’équipe municipale, quand je visite un quartier avec des immeubles un peu hauts (mais pas trop, on n’est pas à Manhattan non plus), des bars, des théâtres, des cinémas, des maisons closes (oui, car c’est légal en Nouvelle Zélande) ainsi qu’un joli front de baie avec des marinas et le musée national, je me dis que c’est ici que ça se passe et je ne vais pas chercher plus loin. Et puis faut pas déconner, Wellington, c’est pas non plus une mégalopole. A tout casser, c’est grand comme Saint Étienne ou Grenoble.

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Le dernier facteur que je vois est purement physique. Je me suis fait mal aux pieds le jour où je suis allé visiter les studios Weta. Le quartier Miramar est à un bout de la ville et pour revenir au centre, il y a un peu de marche dans le vent et la fraîcheur, pour finir par un franchissement de colline. J’étais moyennement motivé le jour suivant pour enchaîner sur un nouveau marathon, même si, à posteriori, il suffisait que je marche dix minutes pour tomber sur des quartiers un peu plus commerçants et de grands bâtiments gouvernementaux à l’aspect néo-classiques. Mais qu’est-ce que j’en sait qu’ils sont néo-classiques ces bâtiments si je ne suis pas allé en centre ville, alors, devriez-vous vous interroger ? J’ai traversé le quartier en quittant Wellington au volant de ma voiture de location. Quelle ne fut pas ma surprise. Bon, attention, ce n’est pas non plus Florence et la ville ne se résume pas qu’à son (petit) centre ville. Je n’ai pas un regret infini d’avoir raté ça. Mais bon, c’est injuste envers les Wellingtonien et Wellingtoniennes (et inversement).

Mais alors, qu’est-ce qu’il y a à voir ici, hormis un magasin bien achalandé en épées et armures médiévales fantastiques à l’autre bout de la ville, même s’il est gardé par deux trolls aussi stoïques que des queen’s guards britanniques ? Aaaaah, la, la, mais plein de choses mes amis ! Plein de choses, bien sur, enfin, j’veux dire, c’est quand même la capitale administrative du pays, non ? Vous pensez bien. Lalalala, qu’ils sont bêtes.

Voilà.

Maintenant que j’ai gagné du temps avec des phrases creuses qui m’ont permis de réfléchir, il y a au moins quatre choses que j’ai noté. C’est reparti pour une énumération. Ce blog ressemble à une liste de courses.

Déjà, à Wellington, et c’est d’ailleurs quelque chose que les habitants ne cachent pas, il vente. Il vente même très souvent. J’y étais deux jours et il a venté fortement au moins une journée, soit DSC_8018_DxO50% de jours venteux. C’est assez amusant car sur une petite colline à l’entrée du fameux quartier de Miramar, de grandes lettres proclamant « Wellington » à la façon du symbole « Hollywood » se terminent avec les lettres O et N de travers, comme emportées par le vent. Au moins, les habitants ont le sens de l’auto-dérision. Entre cette colline et le Mont Victoria, grande colline qui borde l’est du centre ville, une bande de terre abrite l’aéroport. La route qui longe cette bande arbore une série d’œuvres d’arts ayant toutes pour thème le vent. Si même les artistes l’ont remarqué…

DSC_8038_DxOCe qui m’amène à la deuxième chose que j’ai jugé d’intérêt dans cette ville, je veux parler du Mont Victoria. La région de Wellington est assez montagneuse. Il s’agit de très jolies moyennes montagnes, penchant vers des collines, se jetant dans l’eau. Ils ont tout compris, chose dont devrait s’inspirer certaines municipalités qui persistent à vouloir rester plates et dans les terres. Tristes. Pour comprendre la géographie de la ville, vous pouvez consulter une carte, une image valant mille discours. Néanmoins, pour la beauté de l’exercice je vais tenter de vous la décrire avec des mots. Imaginez une baie tournée vers le sud et entourée de moyennes montagnes. Une baie, c’est semi-circulaire. Imaginez ensuite une bande de terre fermant quasiment cette baie au sud. C’est Wellington. Sur cette bande de terre, pour faire joli, placez une grosse colline au milieu et des petites collines au bout. Mettez l’aéroport entre ceux-ci, Miramar tout au bout et le centre ville de l’autre-côté de tout cela. La grosse colline adroitement placée au centre, c’est le fameux Mont Victoria. Autant vous dire qu’il est stratégiquement placé pour avoir une vue magnifique sur tout les environs et comme je vous l’ai déjà avoué dans un précédent billet, j’aime les villes qui se laissent admirer d’en haut.

C’est donc un soir que je suis monté tout en faut avec ma petite voiture. Parfois, je suis fainéant, surtout lorsqu’il fait aux alentours de 12°C la nuit ce qui est beaucoup trop froid. Le côté de cette DSC_8016_DxOcolline faisant face au centre ville est d’ailleurs, sans doute, le quartier le plus huppé de Wellington, même si, tel Sydney, la ville abonde en petites baies et collines où les gens fortunés, qui ont souvent du goût ou des gens payés pour l’avoir, peuvent s’installer. Au moins, dans ce quartier-ci, sont-ils proches des maisons closes et autres commerces de première nécessité, ce qui est loin d’être le cas ailleurs. Les photographies parleront d’elles-même, je l’espère, mais la vue là haut est magnifique, encore plus au couché de soleil, cela va sans dire. On peut dire que la région n’est pas répugnante, encore plus qu’à San Francisco, pourtant fort bien doté de ce côté-ci.

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La colline est également une sorte de poumon vert pour Wellington et de nombreux fous sur-entraînés s’amusent à la gravir en courant ou en pédalant malgré des pentes qui se grimpent en seconde avec ma petite voiture coréenne. Détail amusant glané sur l’internet, quelques scènes du Seigneur des Anneaux ont été tournés sur les flancs de la colline, parmi les arbres, sans doutes à quelques centaines de mètres d’une rue congestionné de voitures.

DSC_8064_DxOAu sommet on profite d’une plate-forme d’observation panoramique ouvert à tous les vents, qui sont nombreux, je vous le rappel. En soirée, c’est le rendez-vous des esthètes ou des touristes (le « ou » n’étant pas exclusif, bien entendu) interrompus épisodiquement par des femmes et des hommes athlétiques qui montent, font demi-tour DSC_8072_DxOpuis redescendent en soufflant comme des locomotives. Il va sans dire que je parle de locomotives à vapeur sinon l’image n’a absolument aucune pertinence. La configuration de la ville est limpide. Un tout petit centre ville d’un côté et des quartiers résidentiels essentiellement au dessus et à l’est. Après avoir traversé ceux-ci, cela ne m’a franchement pas emballé. Ils sont mornes, tristes et sans vie, d’où mon enthousiasme très tempéré pour cette ville.

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La dernière chose notable à visiter à Wellington est le quartier des marinas situé entre le Mont Victoria et le centre ville, côté baie, donc au nord. C’était le quartier le plus proche de mon hostel. Un bord d’eau, c’est toujours sympathique, d’autant plus quand ils sont piétons ou cyclistes comme c’est le cas présentement. De plus on y trouve le magnifique et passionnant (je pèse mes mots) musée DSC_8024_DxOnational, Te Papa. Ce nom n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait croire, d’origine créole mais Maori et, d’après ce que j’ai noté, se traduit par « Notre Trésor » (rien à voir avec la « Folie des Grandeurs »). Dans un bâtiment tout en angle à l’architecture moderne, sur cinq niveaux, ont trouve des expositions temporaires et permanentes notamment sur l’histoire du pays, sa faune ainsi que la culture Maori. C’est extrêmement intéressant et c’est sans doute l’endroit où j’ai le plus saisi certains aspects du pays, notamment sa culture et son ancrage profondément polynésien. Mais de tout ceci, j’en parlerai dans un prochain billet.

Pour conclure sur Wellington, je pourrai ajouté qu’il y a une chouette salle de cinéma, à l’ancienne à l’aspect de théâtre avec un des plus beaux écrans que j’ai jamais vu. Ou alors je venais de laver mes lunettes, ce que je ne peux exclure. En plus, pour faire dans la culture local, j’y ai vu Elysium, film à gros budget avec Matt Damon, dont les effets spéciaux ont été réalisés quelques kilomètres plus loin, dans des studios gardés par des trolls paralytiques.

Weta

Pour ceux qui ne sont pas très au fait des choses cinématographiques, un certain Peter Jackson, réalisateur de films de son état, a travaillé, lui et environ 1000 autres personnes que je ne pourrais pas citer de mémoire, sur une trilogie de films basée sur l’oeuvre de Tolkien. Comme je vous l’ai expliqué dans un billet précédent, par volonté, la quasi totalité de la production et post-production des films ont eu lieu en Nouvelle Zélande. N’allez pas croire qu’il n’y avait rien du tout côté cinématographique là bas avant. C’est juste que c’était essentiellement pour des projets de moindre ampleur, notamment Xena la Guerrière, série télévisée fantastique de série…euh… B.

Le sieur Peter Jackson a créé des studios de post-production (et de production d’ailleurs puisqu’il y a également des plateaux de tournage) à Wellington au milieu des années 80 (d’après Wikipédia). Il se trouve que depuis le Seigneur des Anneaux c’est devenu un des très grand complexe du monde par la compétence. Moi, je suis féru de cinéma et d’effets spéciaux. J’ai donc coché cela en premier dans ma liste des choses à voir à Wellington. A vrai dire, c’est même pour cela que j’y suis descendu. J’ai même envie d’aller voir à quoi ça ressemble, histoire de potentiellement y postuler pour un job.

Un matin, je part donc prendre le bus de ligne la 2, qui passe non loin de mon auberge. La veille j’ai réservé sur le site internet de Weta pour une visite guidé accompagnée du Workshop à 12h00 mais il y a également une partie publique à visiter. Mais c’est-ce quoi ce Weta, hein, vous demandez-vous ? Et bien, toujours d’après Wikipédia, c’est le plus gros insecte au monde, de la taille d’une souris et que l’on trouve uniquement en Nouvelle Zélande. Ça c’est pour votre culture générale car ce qui nous intéresse aujourd’hui c’est que c’est également le nom choisi par Peter Jackson pour ses studios. Wikipédia a une très joli anecdote à ce sujet. Si on en croit le site, c’est un insecte dont le réalisateur a en horreur. On le comprend. La taille du bestiau ! Accessoirement, WETA est également un acronyme pour Wingnut Entertainment Technical Allusions, Wingnut Films étant la société de production de film de sir Peter. Tout cela se tient. C’est quasi mystique.

Il y a d’ailleurs deux entreprises WETA : Weta Workshops et Weta Digital. La première regroupe toutes les compétences de fabrication de maquettes, costumes et armes alors que la seconde est la boite d’effets spéciaux numériques avec plein d’ordinateurs dedans et une armée d’infographistes à l’aspect pâle et mal nourris parqués dans des petits blocs de 2m sur 2m remplissant un open-space de 500 mètres carré éclairés par de grands néons clignotants. Enfin, c’est l’idée que je m’en fais. Quand je ne suis pas écoeuré par avoir passé 8h assis devant un écran d’ordinateur, j’imagine cela de façon un peu plus joyeuse et primesautière.

Je me trouve donc actuellement à l’arrêt du bus et, ça tombe bien pour la narration, voilà t’y pas qu’il arrive. Je monte à l’avant et demande un ticket, un billet, un abonnement, une carte, enfin n’importe quel système utilisé dans ces contrées, ayant maintenant perdu la conviction que le ticket de bus est toujours la norme mondiale. Le chauffeur me répond quelque chose que je ne comprends pas. La vache. Ça ne m’était plus arrivé depuis l’Inde. Il faut dire qu’il a un énorme accent indéterminé dont je ne saisi pas la matrice de décalage des voyelles et qui n’est certainement pas néo-zélandais. Il répète et je parvient au prix d’un effort conséquent de concentration (et aussi en recoupant toutes les possibilités de questions classiques lorsqu’on monte à bord d’un bus) à comprendre qu’il me demande ma destination. « Camperdown Road », lui dis-je, répétant les indications mémorisées du site web. Il me regarde bizarrement et marmonne un truc. Au final, j’arrive à payer miraculeusement la somme du et m’en vais m’asseoir.

A ce propos, je constate une nouvelle fois un comportement nouveau pour moi en ce qui concerne les chauffeurs de bus, chose que j’avais déjà constaté à Melbourne et Sydney. Ils attendent que vous soyez complètement assis avant de repartir. Moi, habitué aux chauffeurs français qui accélèrent et freinent quasiment sans considération particulière pour les passagers (je ne leur en veut pas du tout, je ferai pareil à leur place), je prend mon temps et range mon portefeuille en restant debout. J’aperçois son regard agacé et m’assois rapidement avec un sourir d’excuse. Il m’a l’air drôlement chaleureux, lui.

Le complexe cinématographique se trouve dans le quartier de Miramar, situé à l’est du centre ville sur une presqu’île après l’aéroport. Je vous ferai un topo plus complet sur Wellington dans le billet suivant mais sachez qu’en quittant le centre ville, on passe tout de suite par dessus une haute colline. De l’autre côté, la ville devient extrêmement résidentielle, quasiment uniquement couverte de maisons ou de petits bâtiments avec très peu de commerces. C’est tout à fait ce que je déteste.

Je lève la tête pour trouver un plan de la ligne avec le nom des arrêts, histoire de savoir lorsqu’il faut appuyer pour signaler sa volonté de descendre. Bizarrement, je ne trouve pas le nom de mon arrêt « Camperdown Road ». Mince, me serais-je gourré ? Je repère quand même quelques arrêts portant le nom « Miramar » pour me repérer. Arrivé à ces arrêts je me rapproche un peu du chauffeur et je lui demande s’il pourrait m’avertir lorsqu’on arrive à Camperdown Road. « Grrruuumpf », me répond-il. Je reste interloqué quelques secondes.

  • Euh, c’est un oui ou c’est un nom, lui demande-je avec le sourire.

Silence.

Et bien en voilà un bon connard ou bien il est en train de vivre une journée particulièrement difficile.

Quelques minutes plus tard, le bus s’arrête à un croisement, le chauffeur ouvre les portes et me fait signe de descendre. Je sort sans le remercier et lâche même un discret « fucking driver » alors que le bus repart. Un bien beau spécimen celui-là. Le jeune homme barbu sorti devant moi se retourne et, un peu surpris, me lance un « Pardon ? ».

  • Non, pardon, c’est le chauffeur qui était particulièrement désagréable.
  • Oui, ça arrive parfois. Vous êtes ici pour visiter les studios Weta ?
  • Oui.
  • Ah et bien suivez-moi, c’est par là.

La vie est amusante, tout de même, pleine de chaud et froid, de sucré et de salé ou de connards et de sympathiques jeunes hommes près à aider leurs prochains, le tout dans la même minute. Je marche donc à côté de lui et lui demande s’il est venu ici également pour la visite.

  • Non, non. J’y travaille.

Ah ben ça c’est dingue, super, même. Du coup je ne résiste pas à la curiosité de lui demander ce qu’il y fait. Et bien figurer vous qu’il est sculpteur là bas depuis quelques années. En voilà un bien beau métier. A part ça, il faut bien avouer que le quartier n’est pas particulièrement intéressant. DSC_8014_DxOC’est essentiellement des maisons de plein pied en bois avec jardins et quelques entrepôts, le tout désert et sans personne dans les rues. Ce n’est pas un cadre de travail qui fait particulièrement envie. C’est d’ailleurs vers l’un de ces bâtiments à l’aspect d’entrepôt qu’on se dirige et je ne tarde pas à apercevoir un grand logo « Weta Cave » au dessus d’une entrée. Moins commun, à côté se tient un immense troll.

DSC_8011_DxOMon bon samaritain me quitte alors en m’ayant indiqué l’entrée et je le remercie chaleureusement. Effectivement, deux grandes « statues » de trolls sont posées dans le petit jardinet jouxtant l’entrée. Ils sont saisissants de réalismes et même légèrement poilus par endroit. Un petit signe à côté de l’un d’eux porte l’inscription « Please, do not climb on the trolls ». Amusant.

A l’intérieur, je découvre une atmosphère de magasins de souvenirs. Quelques autres personnes déjà présentes observent les objets en vitrines. Je me dirige vers la caisse et me présente. Ça tombe bien, il est 10h30 et on me propose de me greffer à la visite guidée qui va bientôt commencer plutôt que d’attendre celle de midi. En attendant je flâne et jette un œil à l’exposition.

La Weta Cave est finalement la boutique pour geek de tout ce qui touche aux films tournés ici. On trouve énormément d’objets liés au Seigneur des Anneaux et au Hobbit comme des livres, des cartes postales, posters, peintures ou parchemins mais également des choses plus originales telles que des répliques d’épées et de cotte de mailles à des tarifs plus élevés. Si vous êtes vraiment fans (facile) mais également dotés d’une grosse valise et d’un fort pouvoir de persuasion sur les officiers de douane et de sécurité (moins facile), vous pouvez acheter une réplique à la lame effilée des épées Orcrist et Sting, la dernière étant celle utilisée par Frodo. Pour le prix, comptez environ 300$ néo-zélandais. Bien entendu, vous pouvez également vous offrir un petit anneau doré, dont je doute qu’il soit unique. En dehors de la thématique Tolkien, on peut également observer des éléments tirés des films District 9 ou Elysium, beaucoup plus dans une veine science-fiction.

Finalement, on m’appelle et je me retrouve avec cinq autres personnes guidé par un jeune homme de taille moyenne vers l’extérieur. Nous pénétrons par une petite porte dans une sorte d’antichambre couverte de dessins, plans et illustrations en rapport aux films tournés ici. Notre guide se présente, Paul, sud-africain venu ici il y a deux ans au début du tournage du Hobbit pour travailler dans le département sculpture de Weta Workshop. Voilà qui est plutôt chouette de se faire guider par un employé. Il nous fait un rapide topo des consignes à l’intérieur consistant surtout en des interdits de photographier ou filmer et de s’éloigner avec quelque chose qui s’y trouve. D’après lui, nous aurons l’occasion d’observer quelques employés au travail sur un projet en cours. Yeeessss !!

Il est plutôt doué pour ça le Paul et ça se voit rapidement. Plein d’humour pince sans rire, il nous met tout de suite à l’aise en se saisissant d’une épée de samouraï sous prétexte de se défendre contre une attaque de zombies mais accessoirement, pour s’en servir comme outil de pointage. On pénètre finalement dans le lieu dit qui ressemble à un atelier blanc couvert de dessins, statues, moules, armures et armes. Un ordinateur est allumé à côté avec un logiciel de 3D qui tourne. Ça, je connais. C’est Maya. Pas l’abeille, c’est le nom du logiciel. J’ai quasiment le même à la maison.

Il nous fait donc une rapide introduction sur le processus de création d’un accessoire, partant de la modélisation 3D sur ordinateur, de la création d’un moule, de l’ajout de détails, de la peinture, etc. C’est vraiment passionnant de voir à quel point les choses sont à la fois extrêmement minutieuses mais également sommaires, le but étant de trouver l’équilibre entre le détail nécessaire à ce que l’objet rende parfaitement à l’écran aussi bien d’un point de vue visuel que mécanique (il faut par exemple qu’une épée ou un fusil paraisse « lourd » sous peine de trahir sa nature fausse) mais sans pour autant y passer des mois et des milliers de dollars à le fabriquer. Certains objets sont fabriqués à la main et d’autres, utilisés en masse (on pense aux scène de combats massifs qui nécessitent une grande quantité d’épées), moulés ou usinés.

On poursuit la visite et on discute des armes utilisées dans le Seigneur des Anneaux. Chaque arme des héros principaux ont été réalisées en plusieurs exemplaires (l’usure, l’usure) en métal et en plastique. D’ailleurs la plupart des éléments sont réalisés en polyuréthane, facile à travailler et léger. Les armes en métal ont été forgés par l’un des derniers armuriers existant qui se trouve avoir été honoré du titre officiel de « Master Swordsman » par la reine d’Angleterre. Il faut dire qu’en dehors des armes honorifiques et l’industrie cinématographique, la demande d’épées doit être faible. Les armes en plastique ont été utilisées pour les scènes de combat car plus légères et donc moins fatigantes pour les acteurs. Le seul ayant refusé cet artifice fut Vigo Mortensen, Aragorn dans les films, afin d’être au plus juste dans son jeu. Paul lui voue depuis une vénération sans borne.

Nous poursuivons un peu plus loin en passant devant la haute stature de Sauron, dans son armure noire. Impressionnant. De nuit avec deux petites diodes dans les yeux, je part en courant. Quelques coups sur son torse nous prouvent que tout est en plastique. D’ici, c’est pourtant criant de vérité. Paul nous explique la technique utilisé pour fabriqué les multiples cottes de mailles nécessaires au tournage. Travail extrêmement fastidieux, ils ont quand même réussi à accélérer le processus en fabriquant les anneaux à la chaine dans des moules en plastique. Initialement, ils les découpaient à la main dans des sections de tubes. Ensuite, il n’y a plus que les assembler en tricotant patiemment la maille. D’après lui, un peu entrainé on peut en faire deux ou trois par jour. En y perdant la santé mentale, oui ! Pour les plans serrés, ils ont été obligé d’en faire quelques une en métal véritable. Encore une fois, pour Vigo, se serra une vraie, s’iouplait.

Dans un coin trône une maquette de deux mètres de haut de Minas Tirith, utilisée pour les plans larges. Encore une magnifique idée de décoration intérieure.

Un peu plus loin, il nous montre des masques moulés de visages et nous invite à les toucher. Chacun a été réalisé dans une substance différente représentant les différentes étapes et recherches menant au prototype final. J’avoue que c’est extrêmement perturbant de triturer le nez d’un homme dont la peau est si réaliste au touché. C’est comme s’amuser sur un cadavre. Bizarre. D’ailleurs il nous parle des différentes prothèses portées par les acteurs et notamment celles conçus pour l’acteur interprétant le grand chef des Uruk-hai, ces grands balaises aux cheveux filasses croisés dans le deuxième et troisième volet de la trilogie. Pour lui donner cet aspect incroyablement musclé et laid, l’interprète a du endurer dix heures de maquillage et de collage minutieux à chaque fois qu’il fallait tourner une scène. Je crois que ces gens sont fous.

En continuant nous apercevons une petite réplique de King Kong au réalisme frappant, hormis la taille. Paul nous apprend que tout ces poils sont du poil de yak, plantés un par un. Faut-il en avoir de la patience. En face, en se retournant, deux personnes, vivantes je précise, sont en train de travailler sur une sorte de petite estrade. Paul nous les présente et chacun s’envoie des « Hi » timides. Il s’agit de deux sculpteurs qui travaillent sur des petites marionnettes qui seront utilisées pour un petit film pour enfants. On papote avec eux pendant cinq minutes chacun posant des questions plus ou moins banales. La question de la formation nécessaire à ces métiers arrive forcément sur la table. Finalement il n’y a pas de chemin unique, seul compte son envie, son talent (mais encore une fois, c’est souvent lié) et sa créativité. Paul nous parle, par exemple, d’une collègue dyslexique, rejeté par le système éducatif mais au talent et au génie hors-norme qui a trouvé ici un métier qui l’épanouie.

Sur ce, notre guide clôt la visite et nous raccompagne à l’accueil alors que nous le remercions. Voilà une visite vraiment passionnante et amusante, même si beaucoup de choses ne m’était pas inconnues. Par contre, je ne suis pas certain que l’on ai vraiment visité le Workshop, juste un petit espace réservé pour les visites avec quelques employés désignés pour aller l’animer. On ne peut pas tout avoir et si plus d’entreprises faisaient la même chose et aussi bien, se serait peut-être pas mal. J’imagine déjà la visite guidé d’une usine de cassoulet en boite. Non. En fait, je crois que je vais vomir. Certaines choses doivent rester dans l’ombre.

Après avoir acheté une petite carte postale en cotte de maille, je claque la bise aux trolls qui ont été bien gentils et patients, et repart à pied vers le centre ville. Tiens, j’aurais du m’offrir une épée pour me faire respecter des chauffeurs de bus.

En route vers Wellington

Il faut vraiment que vous compreniez quelque chose d’essentielle à propos de la Nouvelle Zélande. Ce pays est petit. Je dirais même minuscule et surtout l’île du Nord (que je persiste à honorer d’un N majuscule). C’est bien simple, on peut la traverser d’Auckland à Wellington en une bonne journée de route. C’est ridicule, hahaha, j’en ris tellement ça l’est, riquiqui. En plus, lors de cette traversée, on est perturbé par des changements de paysages complètement incongrus et malvenus, à mon sens, car chacun sait qu’un vrai paysage, il est homogène sur 500km ou ça devient de l’hystérie géologique.

Non, l’Australie, en voilà un pays à la bonne échelle. On prend une photo par jour et on a résumé son trajet. Pas besoin de s’arrêter toutes les dix minutes dans le froid et le vent pour tenter de croquer un ressenti. C’est un coup à choper une maladie grave où un ennui mécanique.

Hors donc, je décide de descendre au sud du nord pour aller visiter la capitale du pays, Wellington, posée dans une baie juste en face de l’autre île, séparée par un mince détroit d’une quinzaine de kilomètres de large. Présentement, je suis en train de regarder une carte des environs et, faut-il vraiment manquer d’imagination, je constate que ce détroit s’appelle le détroit de Cook. Cook par ci, Cook par là, ça devient de la vénération à force. Mais je m’égare.

Cette traversée de Rotorua à Wellington en voiture permet de traverser le cœur de l’île où se trouve l’immense lac Taupo, la ville du même nom sur sa rive nord mais beaucoup moins immense mais également l’immense pour de vrai plateau volcanique du parc national de Tongariro, au sud du lac, où dominent quatre grands volcans, en plein milieu du Mordor, pour ceux qui cherchent à se débarrasser de leurs bijoux. Je vous en parlerai une autre fois car aujourd’hui, je file vers Wellington. Je visiterai un peu plus longuement au retour.

DSC_7959_DxOIl n’y a pas à dire, l’hiver c’est nul. Même si on est vers la fin. Il fait un petit temps frisquet et gris. Je quitte donc Rotorua le matin très tôt après une petite séance photo devant le lac couvert de brume. Au sud, je traverse un paysage de collines vertes et quasiment dénudées où paissent des moutons blancs (pour changer) et rejoint assez rapidement Taupo. La route longe l’immense lac, mais avec ce temps, tout est gris est morne.

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DSC_7998_DxOLa route s’élève tout doucement pour rejoindre le plateau de Tongariro. La température prend le chemin inverse. Un vent frais souffle là haut et la végétation change d’aspect. On quitte les prairies vertes et ondulantes pour un paysage plus plat couvert de plantes brunes ou beiges à l’aspect rustique. Au loin, des collines marrons rappellent l’Ecosse. Alors que je roule, je tente désespérément d’apercevoir ces satanés volcans à droite qui s’obstinent à se cacher dans les nuages. Peine perdu, la météo n’est pas avec moi. Peut être au retour aurai-je plus de chance.

DSC_8002_DxOEn tout cas, le paysage est un peu désolé et hormis une base militaire je ne croise aucune ville ou village. C’est finalement alors que je m’apprête à redescendre du plateau et que le paysage redevient un peu plus vert que j’aperçois la base du Mont Ruapehu, le plus méridionale des quatre volcans. Fichtre qu’il fait froid. J’ai définitivement perdu mes capacités d’acclimatation sous 20°C. Quelques kilomètres plus loin, je m’arrête dans la petite ville de Taihape pour quelques courses de survie : de la nourriture et un petit bonnet bleu élastique en laine mérinos 100% néo-zélandaise made in China. On s’étonne après qu’ils aient des problèmes économiques. En tout cas, les vendeuses sont sympas. Par contre, ces petites villes n’ont décidément aucun charme.

Finalement, la route longe plus ou moins la mer pendant plusieurs kilomètres sous un temps légèrement pluvieux. La prochaine fois, je vient en été. C’est bien la peine de visiter un pays réputé pour ses paysages sous ce temps. Ou alors autant aller en Ecosse. A l’approche de Wellington, l’urbanisation se densifie, la route s’agrandit d’une voie et le trafic augmente notablement. Surtout, sans prévenir, ce qui était une autoroute se transforme en rue et je me retrouve projeté dans le centre ville de Wellington avant de comprendre ce qui m’arrive. En même temps, ça tombe bien, mon hostel s’y trouve. Au passage, je retrouve avec joie et délectation la joie masochiste qui consiste à trouver son hôtel en automobile et se garer dans une ville moderne. Au moins, l’auberge est bien située.

Première impression de Wellington ? Mmmmh, c’est pas très joli et un brin endormi.

L’accent néo-z

Un jour, un anglais m’a ouvert les yeux sur un truc complètement dingue en rapport aux accents. Je ne suis pas sur que ça fonctionne avec toutes les langues mais, avec l’anglais, c’est du 99,99%. Il s’agit tout simplement de décaler les voyelles. Mettez vous le fameux « a-e-i-o-u-i grecque » dans la tête et décalez tout d’un cran. Par exemple, admettons que le « aaah » devienne « eeeeuuuh », le « euuuuh » devienne « iiiiih » et ainsi de suite. La charmante phrase « ci gît la grosse patate grise » devient, sauf erreur, prononcée avec ce nouvel accent que je vient d’inventer devant vos yeux écarquillés et qui se situerai à la louche entre Moscou et Kiev, « ço geo le grusse peteti grose ». Dingue, non ?! Encore une fois, je ne suis pas certain que cela fonctionne terriblement en français car on perd une grande quantité d’information dans l’opération.

En tout cas, si vous souhaitez attraper sans trop de difficultés l’accent néo-zélandais, pour une soirée rugby dans un pub ou bien pour vous démarquer de l’américain ambiant (et puis après tout, qui suis-je pour me soucier de vos motivations profondes mais ésotériques), la règle s’applique. Tenez, à New York on dit « cool ». A Auckland on dit un vague truc ressemblant à « kéul » ou « kewl ». Amusez vous également à remplacer tout les « e » par des « i » ainsi que les « i » par des « é » et la sympathique et fort récurrente phrase « it’s a fresh weather, no ? » devient « ét’s a frish weathir, no ? » dans toutes les contrées de Terre du Milieu. Moi, ça m’amuse à chaque fois.

Notez que, contrairement à la même démarche effectuée en français en préambule, cela n’ôte absolument rien au sens. J’veux dire, sans vouloir frimer, je comprend tout ce qu’on me dit, ici. Pour les plus curieux, cette technique marche également avec l’accent écossais ou irlandais bien que la « matrice de décalage de voyelles », comme il me plait à l’appeler, ne me vient pas spontanément, là, maintenant, présentement. D’après un spécialiste, il semblerait que l’accent néo-zélandais se rapproche d’ailleurs du celui d’Afrique du Sud.

La seule exception que je connaisse pour le moment touche à l’accent indien qui consiste bêtement et dans un soucis excessif de simplification à remplacer toutes les voyelles par des « i », des « ing » ou, par défaut, quelque chose d’aléatoire. A ce niveau là, ce n’est plus du décalage de voyelles, c’est du cryptage de données.