Ce pays est grand. Ce pays est vaste. Ce pays est gigantesque. C’est un continent. Franchement, le français est une langue ambigu. Si vous relisez cette dernière phrase avec les bonnes liaisons « c’est un continent », vous constaterez qu’il est impossible de la différencier de « cet incontinent ». Ceci dit, il faut que j’arrête de me faire distraire par ma propre rédaction. Hors donc, l’Australie, c’est vachement grand. Non, il faut franchement que vous vous mettiez ça dans la tête car cela va avoir son importance dans quasiment tout les billets qui vont suivre. Multipliez les distances par un chiffre entre 5 et 10 et vous aurez un équivalent européen. Voici d’ailleurs une carte toujours fort instructive et metteuses d’idées en place :
C’est bon ? Vous avez l’échelle en tête ? Menteurs. C’est tout simplement impossible de se représenter les choses. Moi d’ailleurs, je l’oublie constamment. Par exemple, moi qui suit actuellement à Darwin (comme je vous manipule, c’est fou), j’ai plusieurs options pour aller visiter le parc national de Kakadu, soit disant très réputé pour ses paysages somptueux : louer un véhicule, me raccrocher à des gens ayant un véhicule ou bien m’inscrire pour un tour organisé. Ces trois options implique un bon gros paquets de kilomètres à parcourir. On a beau me dire que Darwin est la porte d’entrée pour les parcs nationaux de Kakadu et Litchfield, gna gna gna, elle est loin, la porte. Il faut se taper 100km pour pénétrer dans le plus proche au sud, et 250 pour celui à l’est. Franchement, atterrir à Toulouse pour aller visiter les vignobles du Médoc, ça me ferait mal. Sans parler que ces parcs nationaux sont eux-mêmes relativement vastes. Kakadu, c’est aussi grand que le Limousin (enfin, d’après Wikipedia).
Je crois que le plus extrême est le célèbre « Ayer’s Rock » (Uluru pour les aborigènes), ce gigantesque caillou rouge au milieu de nul part. Toutes les brochures vous explique que c’est à côté de la ville d’Alice Springs, en plein centre du continent. Mensongeries ! Le rocher est à 400 bornes de là! L’agent de voyage qui me fait atterrir à Paris pour aller visiter Lyon, je lui arrache sa certification. Bon certes, il n’y a pas d’autre ville aux alentours, mais quand même, on pourrait nous prévenir.
Résultat des courses, la plupart des touristes en Australie louent un véhicule, de préférence un gros 4×4 bien rustique avec tout ce qu’il faut pour survivre à trois jours d’autonomie totale. Parce qu’il faut également bien comprendre que là bas, dans ce continent rouge, le réseau routier se résume aux plus vitales liaisons inter-villes. Pour être plus précis, je devrais parler du réseau routier asphalté. Dans les Territoires du Nord, notamment, les trois quarts des routes sont en terre battue, légèrement gravillonneuse. Il est donc inutile espérer pouvoir les emprunter plus d’une demi-heure en véhicule de tourisme sans piquer une crise de frustration ou risquer une casse mécanique. Vous constaterez d’ailleurs la clause d’interdiction formel de les emprunter stipulé dans votre contrat de location.
Malheureusement, lorsqu’on jette un œil à la carte des parcs nationaux de Kakadu et Litchfield, on constate amèrement le très faible kilométrage de routes asphaltés. On s’interroge donc rapidement sur l’intérêt de louer une voiture si cela implique de ne pouvoir accéder qu’à la porte d’entrée du parc. Quand à louer un 4×4, le prix explose, le risque augmente, l’excitation et l’amusement aussi, certes, sans parler de la fatigue et de l’essence. Bref, j’en arrive vite à la conclusion qu’il n’y a pas d’autre options raisonnables pour entre-apercevoir ces paysages que de passer par un tour organisé.
Le seul soucis, et il est de taille, c’est que le tarif est darwinien, environ 650€ par personne pour trois jours / deux nuits. A ce rythme là, l’Australie va me ruiner. Bon pour être parfaitement honnête, à ce prix là, le transport, le guide, la nourriture et le logement en tente ou sac de couchage est compris. Il faut également que j’arrive à me convaincre que trois jours et deux nuits avec un groupe d’une quinzaine de personnes ne finira pas nécessairement en bain de sang.
Car ceci est également un point d’interrogation. L’Australie délivre des visas particuliers tout à la fois touristique et travail. D’une durée d’un an maximum, il est limité en âge, 35 ans si je ne dis pas de bêtises. Il y a donc un grand nombre de voyageurs étrangers d’une moyenne d’âge relativement jeune (autour de 23 ans) circulant à travers le pays en mode routard. Mon soucis est que je souhaite à tout prix éviter des tours organisés ambiance « spring break » principalement accès sur la fête et la picole avec une grosse quinzaine de jeunes en mode délire. Il y a un temps pour tout. Et surtout pas pendant trois jours de suite. Mon inquiétude s’est trouvé renforcé à la vu des brochures vantant ces tours, la plupart du temps arborant de superbes photos au grand angle de bandes de djeunes hilares pointant leurs mains vers l’objectif, l’index et l’auriculaire en l’air pour montrer au photographe à quel point tout ceci est vraiment trop cool. Accessoirement on aperçoit un peu de bush en arrière plan. Ça se trouve la photo a été prise sur fond vert et est vendu pour les tours opérateurs à Ibiza, Acapulco et Darwin.
C’est donc en marchant dans les rues du CBD en train de me triturer le cerveau pour trouver un moyen de visiter l’Australie sans me ruiner (il faut dire que je conserve encore de malheureux réflexes indo-vietnamiens qui consistent à manger tout les midis et soirs au restaurant, aussi petits soit-ils), que j’aperçois par hasard un panneau vantant une promotion sur un tour Kakadu-Litchfield. Pour 440€ les deux, voilà qui est potentiellement intéressant. Je rentre donc dans l’agence (car le panneau avait été fort astucieusement placé devant une agence de voyage) et m’enquiers des détails.
Une heure plus tard je ressort avec un billet pour la susmentionnée promotion. La jeune fille de l’agence m’avait certifié qu’il n’y avait pas que des jeunes défoncés et débauchés (pouaahh, l’infâme jeunesse décadente!) dans ces tours et qu’elle même l’avait particulièrement adoooorée. Oui, mais elle a à peine 30 ans, elle. Et en plus elle était particulièrement hyperactive et écoutait sa musique à fond en se trémoussant légèrement (au point ou, bien qu’étant assis en face d’elle à son bureau, je n’entendais pas ce qu’elle disait), en tétant continuellement un bidon de soda (sans doute du whisky-coca, la dépravée). Mais bon, à un moment, il faut faire confiance aux gens. J’ai tellement fait confiance que j’ai également acheté un autre tour pour « Ayer’s Rock » départ d’Alice Springs, également trois jours / deux nuits et une location de voiture pour rallier Melbourne d’Alice Springs. C’est pour vous dire comme je suis bon client.
Je crois bien que c’est à partir de ce moment là que ma carte bleue a commencé à déconner.
Darwin n’est pas une ville typique d’Australie bien que Darwin soit une ville typiquement Australienne. Je manie la contradiction comme Zidane un ballon de foot. Je me permet d’affirmer tout et son contraire car Darwin est les deux à la fois, mais également pour trouver encore et toujours une façon originale de commencer un billet, ce qui est toujours le plus dur. Petite astuce d’ailleurs, si vous vous retrouvez en face d’une page blanche sans inspiration, écrivez n’importe quoi genre « prout, caca boudin, pouet » et enchaînez. Grâce aux outils modernes de l’informatique, il sera toujours temps d’y revenir et de trouver un début adéquat et seyant. Là, par exemple, vous n’en savez rien mais j’ai commencé par « foutus ricains de merde », ce qui a un sens pour moi présentement mais aucun dans le contexte de ce billet. Fin de la digression.
Darwin est un peu à part en Australie pour plusieurs raison. Tout d’abord, géographiquement, c’est la ville la plus isolée du pays, et c’est beaucoup dire. En vérité, l’agglomération la plus proche doit se trouver quelque part dans l’île du Timor, au nord, de l’autre côté du détroit, c’est à dire en pays étranger. Ensuite, c’est la seule agglomération Australienne ayant subit des bombardements lors de la seconde guerre mondiale. Voilà ce que c’est que d’aller s’isoler tout seul dans un coin. On se fait taper dessus par des plus forts que soit. Troisièmement, c’est la seule ville Australienne à avoir été frappé par un typhon et quasiment entièrement détruite dans le processus. Pour votre culture générale, cela a eu lieu en 1974. Quatrièmement, c’est la seule capitale d’un des états australien qui n’en ai pas vraiment une. Mais là, je tire un peu sur vos cheveux car en réalité, bien qu’hébergeant le parlement des Territoires du Nord, elle n’est pas techniquement une capitale d’état dans la mesure ou les Territoires du Nord ne sont pas un état. Si vous étiez attentifs vous comprendrez que ce sont des territoires. C’est marqué dessus, bon sang. Ils dépendent administrativement de l’état fédéral à Canberra. Autant dire que, là haut, c’est le far west.
Avec tout ces malheurs et contre-indications on se demande ce qui a bien pu pousser les anglais à créer une ville là haut, toute seule au milieu de nulle part. La raison en est fort pragmatique car il s’agit du point d’arrivé de la ligne de télégraphe reliant l’Australie à la Grande-Bretagne. Oui, à un moment donné de l’histoire, le gouvernement britannique en a eu assez d’attendre six mois pour avoir des nouvelles de là bas. Déjà qu’on trouve cela pénible d’avoir des discussions sur internet avec un retard de plus d’une seconde, imaginez quand il faut attendre six mois après chaque question :
« Salut Robert, comment ça se passe là bas depuis la dernière fois ?
Salut Victoria, ici ça se passe plutôt bien mais pourriez-vous nous envoyer du boeuf, STP ?
Salut Robert, désolé mais Victoria vient de nous quitter. Maintenant c’est George qui te parle.
Ah bonjour George, ici c’est James. Robert a été bouffé par un requin. C’est gentil d’avoir pensé au bœuf mais on s’est mis à bouffer du kangourou entre-temps.
Depuis, malgré les deux destructions successives du vingtième siècle, la ville a légèrement grossi. On ne peut pas vraiment dire que ce soit une cité car la population est certainement de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers de personnes, légèrement plus pendant la saison touristique. Par contre, les australiens étant un peu comme tout le monde, ils se sont un peu étalés. Faut dire qu’ils ont de la place, là bas, et le relief inexistant réduit considérablement les prises de têtes pour ce qui est de l’aménagement du territoire. C’est donc essentiellement un joli quadrillage de grandes rues avec un centre dédié à la restauration, au divertissement et au tertiaire. Tout autour se trouve des quartiers résidentiels de maisons individuelles. Bien entendu, il y a quelques exceptions et on peut tomber de temps en temps sur des immeubles d’habitations luxueux en dehors du CBD ainsi que quelques magasins. Néanmoins, ne comptez pas trop sur une quelconque vie de quartier.
La ville vit essentiellement du tourisme du fait de sa situation très au nord du pays qui lui octroi une météo tropicale quasiment toute l’année. En réalité, l’année se divise en deux saisons, une sèche et une humide. La sèche, pendant l’hiver australe, bénéficie de températures clémentes autour de 30°C la journée et 22°C le soir ainsi qu’une absence totale d’humidité. C’est la pleine saison touristique. Pendant la saison humide, les températures montent à 40°C le jour et 30°C la nuit avec une humidité et des précipitations extrêmes. C’est la saison morte.
L’autre activité économique de la ville provient de son port, point d’exportation des produits miniers de l’intérieur du pays. Tout ce petit monde est relié au reste du pays par un va et vient de road-trains, les fameux camions tirant plusieurs remorques.
Trois facteurs expliquent un niveau de prix relativement élevé à Darwin. Tout d’abord, j’y suis pendant la haute saison touristique. Ensuite, elle est isolé donc la majorité des biens sont « importés » par road-train. Et finalement, de nombreux habitants travaillent pour les industries minières, très généreuses en salaire. Voilà, avec tout ça, vous en savez autant que moi sur cette ville, et ça me permet de cesser ce désagréable ton doctoral.
Fatalement, vous devez vous demander quel est l’intérêt d’y foutre les pieds. Tout d’abord, moi je ne vois pas pourquoi lorsqu’on visite un pays on devrait forcément se cantonner aux belles architectures et au musée. Si la majorité du pays est moche, il faut s’y plonger. En plus, moi je trouve ça amusant de débarquer dans une petite ville plutôt que d’aller vers la facilité en atterrissant à Sydney, comme n’importe quel lambda. Troisièmement, c’est le point d’accès aux parcs nationaux de Litchfield, au sud, et Kakadu (nom ridicule, je le concède), à l’est. Finalement (ce billet sera décidément truffé d’énumérations), si vous n’êtes toujours pas convaincu, c’est aussi l’occasion de prendre un peu le soleil et la chaleur en plein hiver australe et profiter de la plage. Car plage il y a, chers amis, cocotiers et eucalyptus compris.
A Darwin, une fois avoir déambulé dans le CBD, pris un café à 3€ en terrasse et profité du petit parc surplombant une mer turquoise, qu’est ce qu’on peut bien voir ? Vous pouvez visiter l’unique bâtiment administratif survivant du typhon, un magnifique petit bâtiment du 19ème siècle de plein pied aux briquettes peintes en blanc. Pardon, je m’emballe : un petit bâtiment de plein pied aux briquettes peintes en blanc. Il semble chéri ici comme si c’était le château de Chambord.
Bon, ensuite, qu’est ce que je peux vous proposer de bien ? Ah oui, vous pouvez aller faire un tour au musée de la ville, fort sympathique (et je suis sincère). Au passage, y aller suppose une longue marche à pied le long de la baie extrêmement agréable (quand je vous dit qu’ils se sont étalés, ces cochons). Le musée propose des expositions sur la faune locale, notamment un crocodile de 4m de long empaillé, une collection de bateaux, y compris un véritable vaisseau emprunté par des boat-peoples (le lien avec le Vietnam) et aussi une section aborigène.
Ensuite, ensuite. Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire ? On peut se baigner. Oui, oui, oui. Voilà. C’est sur, il y a la mer. Ensuite. Bennnn, on peut regarder un ponton de la deuxième guerre mondiale. Ça, c’est fait. Après, euh, on peut se jeter une bière à 6€ (¾ de pinte). Si on est vraiment hyperactif, on peut aller admirer le bâtiment moderne abritant le parlement. Oooh, c’est bô. Okaaaay. Comme on est des fous de culture locale, on peut également aller faire un petit tour aux supermarchés Coles ou Woolworth admirer les prix. Accessoirement, ça permet de profiter d’une petite climatisation fort agréable. Si le cœur vous en dit, vous pouvez aller faire une petite marche dans les quartiers résidentiels pour faire semblant d’être dans un épisode des « Desperate Housewives », version Aussie. Ensuite, bon, ben, ensuite, j’veux dire, heuu, on peut aller se manger un petit steak frite à 20€, ma foi. Pfffiouu, belle journée, dites donc.
Ouaih, ouaih, ouaih.
La journée commence à décliner (sous les tropiques, la nuit tombe sans prévenir) et un sourire de joie se dresse sur nos visages. Maintenant, enfin, il y a un truc vraiment différent à faire. Le petit bijoux de Darwin, cette petite bulle de culture grand public parmi un océan de consumérisme, se trouve au bord de la baie, au pied des falaises bordant le CBD. Je vais être franc, j’y suis allé deux fois de suite. Tous les soirs à 19h, le Deckchair Cinema, cinéma en plein air, vous propose une séance à un prix raisonnable (12€, c’est donné) dans un environnement original avec une programmation à l’éclectisme digne de l’Utopia (référence Toulousaine).
Parmi les eucalyptus et quelques cocotiers, vous vous asseyez dans une chaise longue face à l’écran. Des coussins sont disponibles gratuitement pour vous ajuster au mieux et si vous avez faim, un plat du jour peut même être consommé sur place. Lors de ce début de soirée fraîchissant (se munir à ce propos d’une petite laine et d’un répulsif anti-moustique), en attendant la projection et pendant que les chaises se remplissent tranquillement, observez l’écran se détachant sur un ciel crépusculaire. Une petite brise fait onduler les feuilles au-dessus et de temps en temps, une chauve souris traverse votre champs de vision. Dans les arbres, quelques cacatoès blancs à crêtes jaunes attestent votre présence hors d’Europe. Puis soudainement, un possum entame la périlleuse traversée de l’écran en s’agrippant au sommet. Les insectes grésillent. Lorsque la nuit est parfaitement tombée et que la Croix du Sud apparaît au dessus de vous, la séance peut commencer.
Il y a des choses qu’il ne faut absolument pas enchaîner car elles sont potentiellement dangereuses dans cet ordre. Notamment, il est fortement déconseillé de tremper ses dents dans un potage brûlant après avoir fait la même chose dans un soda glacé. Ou encore, plonger dans une rivière de montagne après avoir avalé un plantureux repas. Mais surtout, passer quelques jours à Darwin, Territoire du Nord, Australie, après avoir séjourné les deux précédents mois dans des pays surpeuplés peut provoquer des crises d’angoisses et une dépression aigu. Le même risque existe si vous enchaînez directement par Chalon-sur-Saône après Mumbaï, Chennaï ou Ho Chi Minh City. Prenez vos précautions. Dans le cas de Chalon, vous êtes plutôt tranquille tant qu’il n’y aura pas d’aéroport international en Bresse.
Je suis arrivé sur le sol australien un soir vers minuit après une rapide escale au 22ème siècle à Singapour. Instantanément je suis frappé par la taille de mes compagnons de voyages en train de faire la queue aux trois guichets de l’immigration. Me voici de nouveau de taille moyenne. Mince. Je ne suis plus, non plus, entouré par un brouhaha incompréhensible, finalement incroyablement reposant pour mes facultés cognitives. Tout le monde parle anglais et je comprends ce qu’ils disent. Ça fait donc quasiment deux mois que ça ne m’était pas arrivé. Pour le moment, tout le monde tire une tronche d’usager de métro, mais vu l’heure, ça n’a rien d’étonnant.
Finalement, je récupère mon gros sac à dos et me dirige vers la sortie pour emprunter une navette collective que j’avais habilement réservé par internet, vu l’heure tardive : il est quasiment deux heures du matin. Il fait un petit peu frisquet dehors, dites moi ! Un vieux monsieur en short, chemise et grosses godasses de chantier descend du véhicule et m’ouvre la petite remorque pour le bagage. Au passage, je lui donne mon nom et celui de l’hôtel. Pas de problème, il connaît et m’invite à monter avec un sourire et une politesse bien anglo-saxonne. Quelques autres personnes montent à bord et nous partons dans la nuit.
Dans le silence du véhicule, les faubourgs de Darwin défilent. Je devine vaguement de grandes avenues et quelques bâtiments commerciaux en tôle ondulée. Après un bon quart d’heure de route, la navette s’arrête et je repère mon hôtel. C’est en réalité une auberge de jeunesse, ou plutôt un « hostel » comme ils disent ici. J’ai réservé une nuit dans une chambre simple et les trois autres nuits dans un dortoir de 3 lits. Ici, à Darwin, c’est la pleine saison touristique et le moindre hébergement est pris d’assaut à des tarifs qui font frémir, même lorsqu’on ne débarque pas d’un pays en voie de développement comme moi : une chambre dans un hôtel est à 100€ minimum et un lit dans un dortoir avec salle de bain collective autour de 25€ par nuit.
La navette s’en va et je me retrouve seul sur le trottoir, dans un silence nocturne peuplé d’insectes. En face on dirait un parc, mais sinon, je suis surpris pour la faible densité d’habitations. A cette heure-ci tout le monde dort, même à l’accueil. Je me dirige donc, comme convenu par mail, à la porte numéro 6, ouverte, où m’attend ma chambre : une petite pièce de trois mètres sur 1.5m aux murs de parpaings peint en blanc avec un lit simple et un petit lavabo. Côté décoration c’est inexistant. Je paye 50€ pour ça et cela fait drôlement mal à l’arrière train. Surtout qu’à ce prix là, il n’y a pas d’internet. Vaut mieux se coucher ou repartir en Asie du sud-est.
Le lendemain matin, je prépare mes affaires pour me transférer à l’autre hostel pour mes prochaines nuits. C’est aussi l’occasion de marcher un peu à travers Darwin et de tâter le pouls de la ville. Je suit donc la rue suivant l’itinéraire noté. Pas un chat. Ah si, tiens. Ne serait-ce pas une joggeuse là au loin dans le parc ? La bonne nouvelle c’est qu’il fait un grand ciel bleu, un magnifique soleil et la température est parfaite.
Après quelques centaines de mètres je retrouve un urbanisme à l’américaine faite de larges rues perpendiculaires. Quelques voitures les empruntent. J’entends les oiseaux et le vent en pleine ville. C’est complètement flippant. Un ou deux passants suivent les trottoirs. Des petits immeubles d’habitation et des locaux commerciaux, voilà en quoi consiste les constructions. Non, c’est vraiment très étrange. J’ai l’impression d’être dans une ville fantôme.
Finalement, je tombe sur mon hostel. Il est encore tôt mais la jeune à l’accueil accepte de garder mes affaires dans un local en attendant l’heure d’enregistrement, le fameux « check in time ». J’en profite pour aller dans la direction du « centre ville » pour un petit déjeuner.
A l’approche du CBD, comme ils disent ici (j’ai enfin appris quelques jours plus tard que cela voulait dire Central Business District), les magasins deviennent plus rapprochés. Rapidement, je croise un choix plus important de restaurants ou cafés proposant de quoi se restaurer. Les prix me font pleurer. J’ai complètement perdu l’habitude de payer 10€ pour deux tartines, de la confiture et un café. Sinon, côté foule, ce n’est toujours pas ça. Mais bon sang, ils sont où les gens ?
Restauré, je décide de continuer mon petit tour. Je parvient enfin à mettre un doigt sur une gêne ressenti depuis ce matin : tout est trop propre, trop organisé, déshumanisé presque. Pour vous dire, les gens attendent que le petit bonhomme passe au vert avant de traverser les rues. Ils sont décérébrés ou quoi? Il n’y a aucun véhicule, ou presque! C’en est presque angoissant, artificiel, comme une impression d’avoir débarqué dans un quartier de riches retraités bourgeois. Il faut dire que les rares personnes aperçues sont nettement moins souriantes. Sans parler des hommes hyper-baraqués que l’on croise et ces femmes qui font du sport!
Ils sont bien loins mes frêles indiens et l’hyper activité asiatique. Mais pour tout vous avouer, je suis pris d’une terrible nostalgie et, bizarrement, d’un malaise.
A la télé ce soir, une série avec un passage qui fait peur, une dame qui chante avec les dents de Yannick Noah, une autre série avec des jeunes qui campent dans la jungle, au mépris des sous munitions non explosées, un talk show avec une présentatrice qui fait semblant de s’intéresser et une vieille série noir et blanc de quand les vietnamiens n’avait pas le confort moderne. Have fun (je vous prépare pour l’Australie)!
Elle est arrivée. Elle est arrivée cette dernière nuit tonkinoise. Il fallait bien que cela arrive, la flèche du temps ne laissant que peu d’espoirs. J’aurai pu prolonger mon séjour, certes, mais les sirènes de l’aventure sonnaient déjà par delà la mer du Timor, là bas, de l’autre côté, en Australie. Que faire pour célébrer cela ? Une soirée en boîte de nuit hyper-sélecte en compagnie de quelques célébrités des médias ? Je n’en connais pas et en plus, je n’ai pas le dress code adéquate. La tournée des bars avec verticales d’alcools de riz pour tout le monde ? C’est risqué. Il y a moyen de rater l’avion le lendemain. Faisons simple : explosons nous la panse dans un des meilleurs restaurants de la ville.
Je sort donc mon Lonely Planet (électronique) et extrait deux restaurants potentiels. L’un semble plus gastronomique que l’autre. Je choisit donc celui-ci. Je mémorise le trajet à pied qui m’amènera de l’autre côté d’un canal dans le district 4. Ça ne paraît pas très compliqué sur le plan restreint fourni par l’hôtel bien que la dernière portion du trajet se situe en dehors des limites. Ce sera également la soirée photographie de nuit et j’amène mon appareil photo ainsi que mon trépied.
L’itinéraire commence tranquillement par la fameuse traversée du canal où je quitte le district 1. De l’autre côté l’ambiance est un poil plus populaire. Après avoir suivi une grande rue, je continue tout droit dans une voie un peu plus petite. L’animation y devient également un peu plus importante ce que je trouve toujours aussi vivant. Malheureusement, ce n’est pas exactement ce à quoi je m’attendais ayant choisi un itinéraire empruntant les grandes rues pour minimiser les risques de se tromper. Je continue malgré tout et après un moment emprunte une rue à gauche suivant mes prévisions. Un peu rassuré, je débouche un peu plus tard dans une large avenue qui continue vers le sud. Il n’y a, maintenant, plus qu’à la suivre pour tomber sur ce restaurant incroyable qui finira mon séjour en feu d’artifice.
Une demi-heure plus tard, je décide de faire demi-tour. Soit ce n’est pas la bonne avenue, soit je n’ai pas noté le bon numéro. Je rentre dans un petit hôtel pour demander mon chemin. Un peu gêné j’aperçois l’équipe attablée au grand complet pour le repas du soir. Une fille se lève précipitamment et se place derrière le comptoir avec un grand sourire.
« Sin tchao, je cherche cette rue ?, lui dis-je en anglais tout en pointant du doigt l’adresse hâtivement notée sur le dos de mon plan.
Ah non, ce n’est pas ici. Ici hôtel <mettez ce que vous voulez comme nom, ça n’a pas d’importance>.
Euh oui, hahaha, je me doute bien que ce n’est pas ici, elle est mignonne, pense-je très fort. Je voudrais aller à cette adresse.
Euh, non, pardon. Désolé.
Selon toute probabilité, son anglais est atroce. Je la quitte donc en la remerciant et ressort dans la rue. J’ai faim. Je poursuit un peu plus haut mes recherches en remontant l’avenue vers le canal mais il faut bien que je me rende à l’évidence, je me suis trompé quelque part. Il me reste encore l’autre restaurant comme solution de repli mais celui-ci est dans le district 1, de l’autre côté de l’hôtel. Je soupire un bon coup et me remet donc en marche.
Après quelques zig zags, je retombe sur les berges du canal et le longe pour rejoindre le pont. La nuit est tombé depuis bien longtemps et les lumières de la ville se reflètent dessus. Des couples s’enlacent et se bécotent à intervalles régulières, profitant d’un éclairage discret. Bien entendu, chacun d’entre eux sont assis sur leurs mobylettes, accessoire indispensable pour la drague. A proximité d’un canal, on pourrait même dire que c’est un jeu de mot. Toujours est-il qu’un des couples m’interpelle avec un signe de la main : « Hello ! ». Je fait de même avec le sourire mais continue mon chemin jusqu’au pont où je m’arrête pour prendre des photos.
Le trépied sortie, je commence à mitrailler les buildings éclairées et les reflets sur l’eau. Quelques minutes plus tard, alors que je commence à replier le trépied, une mobylette s’arrête à côté. « Hello ! », me font à nouveau le même couple m’ayant interpellé. De plus près, sous un éclairage plus conséquent, je vois qu’ils sont relativement jeunes. Comme de bien entendu, le gars pilote et la fille est assise derrière dans une robe légère.
Hello, leur réponds-je, souriant
Vous faites quoi ?, me demande le garçon
Je photographie les lumières dans l’eau.
Aaaaaah. Vous aimez ?
Oui, c’est très joli la nuit.
Aaaaah, font-ils tout les deux ensemble.
A cet instant il me faut basculer en version originale pour être le plus impartial possible. Le garçon se tourne vers sa copine et me dit : « She says you are very handsome ! ». Ma modéstie m’oblige à vous le traduire en français approximatif en : « Elle dit que vous êtes très élégant ».
Yes, confirme-t-elle avec le sourire.
Moi franchement, je n’avais rien fait de particulier pourtant qu’enfiler un t-shirt noir et un pantalon de randonnée. Il faut croire que j’ai un charme incroyable de nuit. Pas sur que ce soit très rassurant. Mais cette fois-ci, la fille me paraît être un peu plus âgée que la lycéenne de Gingee et surtout, accompagnée. Un peu confus je leur lance alors : « Et vous, vous êtes un très joli couple ». Là dessus, ils partent dans un pétaradement en me faisant un dernier au revoir de la main. Ils sont vraiment pas croyables ces vietnamiens. Je vous ai dit qu’ils étaient très francs, au fait ?
Complètement regonflé à bloc et ayant limite les larmes aux yeux par tant de franchise et de sens de l’esthétisme, je traverse le pont de toute mon élégance naturelle. Dans un soucis de prévoyance, j’avais fort heureusement choisi de noter l’adresse du deuxième restaurant.
Un peu plus tard, je me retrouve donc de l’autre côté de l’hôtel dans le parc encadré par les rue Le Lai et Pham Ngu Lao, en plein cœur du district 1. Le restaurant n’est pas très loin mais je décide de ne pas me hâter en observant les jeunes pratiquer le roller ou ce curieux mélange de football et de badminton. Une dame, accompagnée d’un jeune garçon et d’une fillette, m’interpelle en anglais : « Bonjour, est-ce que vous auriez du temps pour parler anglais avec le garçon ?
Euh… oui, pourquoi pas mais pas trop longtemps
Ah c’est très gentil à vous. Il apprend l’anglais à l’école mais il n’est pas très bon.
Le pauvre garçon se tient timidement à côté d’elle, à peine onze ans, rondouillard avec de grosses lunettes sur le nez. Inversement, la fillette de sept-huit ans est le modèle type de l’extravertie. Le contraste ne peut être plus complet. Nous nous asseyons donc sur un banc, moi à côté du jeune garçon avec mon plus chaleureux sourire pour le détendre.
Allez ! Vas-y ! Parle anglais au monsieur, fait la dame en le secouant légèrement par l’épaule.
Euh… Comment vous appelle ?, essaie-t-il
Non !!! Appellez-vous ! Comment vous appellez vous !, le corrige la dame.
On ne peut pas dire qu’elle le mette vraiment en confiance le pauvre bonhomme. Je décide donc de répondre comme si j’avais compris.
Je m’appelle Olivier.
On hiva ?
Euh, non. O-li-vi-é
Je n’insiste pas. En rentrant je changerai mon prénom pour « Tom », ce sera plus simple pour tout le monde. Pendant un quart d’heure j’essaie de lui faire la conversation malgré sa timidité et la pression incroyable que lui met sa tante. Car malgré la barrière linguistique, j’apprends que la dame est sa tante et la petite fille sa cousine. Au rayon des sujets de discussion nous avons mon origine française, les chats et mon plat vietnamien préféré. Nous conversons un petit peu sur ses goûts et il parvient à me faire comprendre qu’il voudrait devenir ingénieur en génie civil. C’est y pas meugnon ! Il voudrait construire des ponts et des routes pour aider au développement de son pays ! Bon, ça c’est moi qui le rajoute. Ça se trouve il veut faire ce métier pour toucher des pots-de-vins plus important, le salopiot. Entre les interventions hésitantes du neveu, sa tante m’explique qu’il parle très mal anglais car ils ne font pas du tout d’oral à l’école. Voilà qui est donc confirmé après ma discussion avec le jeune homme à Quan Lanh mais la petite cousine s’en sort malgré tout presque mieux que lui. En tout cas il est très touchant ce petit gars et même si sa tante est fort sympathique et dynamique, je le plaint un peu de subir tout ce harcèlement alors qu’il est manifestement d’un tempérament plus doux. Finalement, je les quitte après un gros quart d’heure sous les remerciements et les au revoir réciproques pour reprendre mon chemin vers mon restaurant.
Je me retrouve donc dans une petite ruelle non loin du marché Ben Thanh, en plein cœur du district 1. Ce restaurant, nommé « Cyclo Resto » (ce qui, il faut bien l’avouer, est complètement nul comme nom), est d’après le guide un peu particulier. Il se situe dans une pièce au décor inexistant au premier étage d’un immeuble quelconque. En clair, tout l’intérêt se porte sur le contenu des assiettes. Pour y entrer, je repère un petit panneau et monte un escalier. Il doit maintenant être près de neuf heures et je prie pour qu’il y ait de la place. Une grande pièce tout en longueur aux murs blancs abrite une immense tablée d’une quinzaine de convives, visiblement un groupe de touristes occidentaux. Sur le petit balcon s’ouvrant sur la pièce et surplombant la ruelle, deux petites tables aux chaises vides me laissent un espoir. Un jeune homme se dirige vers moi avec un sourire alors que d’autres sont affairés dans la cuisine ou au service du groupe.
« Vous êtes seul ?
Oui.
Vous nous avez trouvé par Trip Advisor ?
Non, par Lonely Planet.
Aah. Ici il n’y a qu’un seul menu de cinq plats. Ça vous va ?
Mais complètement !
Au moins, je n’aurai pas à m’embêter à choisir des plats dont je n’ai aucune idée de leur contenu. Je commande une bière, et attend le début des festivités. Mais pour ne pas vous faire attendre plus longtemps voici le menu en question, dans cet ordre :
Spring rolls (rouleaux de printemps)
French bean stir fry with lean pork (haricots sautés et porc maigre)
Green melon soup with shrimps (soupe de melon vert et crevettes)
Fried chicken with lemon grass (poulet frit à la citronnelle)
Stewed snakehead fish in clay pot (un poisson cuit dans un pot en terre cuite)
Pourquoi est-ce que je vous donne les plats en anglais et comment se fait-il que je m’en souvienne si bien, d’abord, me demanderiez-vous ? Et bien tout simplement car il se trouve que le serveur, à l’issu du repas, m’a donné les recettes en anglais, sur une feuille A4 que je transporte précieusement depuis. Il n’y a rien d’étonnant à cela car une partie de l’activité du restaurant consiste en des cours de cuisine (Je peux transmettre les recettes à la demande). Pour tout vous dire, j’ai beaucoup apprécié ce repas. Chaque plat était complètement différent du précédent et souvent surprenant. Je pense notamment à la soupe de melon vert qui était d’une extrême subtilité. Je ne serai pas surpris que certaines personnes estiment qu’elle n’a aucun goût. Mais si vous avez les papilles un peu fines, c’est d’une finesse et d’une fraîcheur assez étonnante.
Je quitte donc ce petit restaurant par le lieu mais grand par la qualité (et pour un prix totalement abordable, en plus) et commence une lente déambulation dans la chaleur et la clameur de la ville. J’ai encore envie de prolonger ces derniers instants vietnamiens surtout après qu’on m’ait complimenté sur ma tenu et nourri de si belle façon. Assez rapidement, je me retrouve une nouvelle fois dans le parc encadré par les rues Le Lai et Pham Ngu Lai.
Des chants attirent mon oreille et j’infléchi ma trajectoire pour m’en approcher. Trois jeunes gars assis sur un banc, l’un à la guitare et les deux autres au chant, interprètent une chanson en anglais. Aucun spectateur ne traîne autour d’eux. Ils sont manifestement là uniquement pour se faire plaisir. Je m’approche et les écoute un petit peu, encore une fois surpris comme à Hué par le caractère spontané de la chose. Entre chaque morceau ils se parlent entre eux comme pour décider de la prochaine chanson. Je me permet alors de les interrompre et leur demande en anglais : « Vous permettez que je vous enregistre ?
Mais avec plaisir ! Ce sera même un grand honneur !, me répondent-ils avec de grands sourires et des manières un peu efféminées.
Je vous le dit tout de suite, je ne suis pas producteur donc il n’y aura aucun espoir de disque.
Ce n’est pas grave. On chante pour le plaisir, avec notre cœur.
Mais qu’est ce qu’ils sont gentiiiiiiiills. C’est pas croyable, j’vous jure. Ils vont se faire bouffer tout cru. J’enclenche donc mon enregistreur numérique pendant qu’ils entament une nouvelle chanson de Roland Kittin, Kitting euh Keatin. Enfin bref.
Pas mal ! En tout cas ils y mettent effectivement du cœur et du vibrato. On discute un petit peu d’où je viens et spontanément avec de grands sourires me souhaitent la bienvenue au Vietnam. Forcément ils enchaînent avec des références musicales françaises à milles lieux de mes goûts : Lara Fabian, Céline Dion et d’autres trucs de variété que je connais sans connaître. Moi curieux, je les interroge sur leur style musical malheureusement plutôt orienté Maria Carey, Céline Dion et toutes ces hurleuses à gros poumons et vibratos chevrotants. Mince. On ne peut pas tout avoir. A mon tour je leur avoue que j’écoute plutôt de la musique électronique ou de la soul. « J’adore la musique soul et noire américaine », me fait un des chanteurs, l’un des plus bavards. Une image amusante d’un jeune vietnamien efféminé à l’accent imparfait chantant du Barry White ou du Marvin Gaye me vient à l’esprit.
Toujours curieux des goûts musicaux au Vietnam je les interroge sur ce qui a du succès chez eux. Sans surprise ils me parlent de pop vietnamienne et de K-pop coréenne. Donc sans plus tarder, sous mon insistance, voici un petit morceau de pop locale chantée par notre duo de Saigon. Les gars, c’est à vous :
J’espère que vous avez applaudi bande d’insatisfaits ? V’la un trio de jeunes gars spontanés et innocents alors respectez cela ! Vous n’en feriez pas le quart, en plus.
En tout cas, on peut dire que les vietnamiens m’ont encore une fois démontré toute leur gentillesse et leur spontanéité ce soir. Haaa lala, ça va pas être facile des les quitter. Ces p’tits bichons.
Des sentiments, des sensations, des visions et de la soif au milieu