Hoi An

DSC_5930_DxOHoi An est une ville particulière au Vietnam. Elle fut créée par des marchands japonais venu s’installer sur la côte indochinoise pour favoriser les échanges commerciaux et qui restèrent sur place s’installer. Ce devint ensuite un des principaux ports de la région avant que les alluvions apportés par la rivière ne viennent progressivement le boucher et repousser la mer plus loin, au profit de Da Nang, plus au nord. Hoi An a donc un charme particulier du à ses maisons basses aux couleurs ocres, à son ambiance de petit port de pêche, à ses petites ruelles ombragées et à son dynamisme provincial. Pour vous dire à quelle point cette petite ville est charmante, il fut décidé par les deux parties de la préserver lors de la guerre Américaine. Maintenant, c’est pour la plupart des touristes occidentaux, la petite préférée d’entre toutes les villes de la côte.

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En contrepartie, les petites maisons japonaises du centre historique sont occupées par de nombreux magasins de souvenirs, de galeries d’art, de photographes ou de restaurants et cafés cosmopolites à la carte recherchée. C’est en quelque sorte un Saint Martin de Ré ou Gordes indochinois, si j’ose employer cette comparaison, le snobisme en moins. Nous sommes au Vietnam, après tout, et il y persiste un petit parfum populaire tout à fait agréable.

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Le marché central en est un des cœurs et bien qu’on puisse y voir quelques touristes dans la journée, cela reste un endroit vivant et authentique où trouver des légumes et des poissons frais.

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La véritable magie du lieu s’opère à la nuit tombée quand de multiples lampions s’illuminent dans le coeur de la ville. Autour de la rivière s’anime la foule qui déambule de café en café. C’est le moment de se poser à un restaurant fusion et de goûter à une cuisine vietnamienne aux influences renouvelées ou encore de profiter de cocktails aux fruits frais dans une vieille demeure restaurée attablé face à la rue. De vieilles dames vous proposent d’acheter un petit lampion flottant qu’elles viendront délicatement poser sur la surface de l’eau pendant que de l’autre côté le vieux pont japonais s’illumine progressivement de couleurs jaunes et rouges.

DSC_5939_DxODSC_5952_DxODSC_5956_DxODSC_5959_DxOAllez, j’y retourne.

L’arrivée à Hoi An

Entre Hué et Hoi An, deux villes sur la côte, se trouve un très joli relief montagneux et notamment un col, le « col des Nuages », qui marque une frontière aussi bien culturelle que météorologique entre le nord et le sud du Vietnam. Au sud on dit Viet congs et il fait beau alors qu’au nord on dit Viet cons et il pleut. Il fallait bien la faire un jour ou l’autre, celle là, et il me semble que c’était le parfait moment.

M. Tranh de Saint Cloud, Hauts-de-Seine, mon référent pour tout ce qui a trait au Vietnam (car il était particulièrement peu loquace sur l’Inde), m’avait décrit la route comme « valant le détour » avec cet enthousiasme qui caractérise tout les habitants du petit bassin Parisien. Non, là je suis mauvaise langue. On sortait d’un déjeuner de pho (fa) à Toulouse. Il était donc de très bonne humeur et il avait les yeux qui brillaient à l’évocation de cette route malgré une absence, à ma connaissance, d’alcool dans son système sanguin.

J’avais donc décidé de faire le chemin entre Hué et Hoi An par la route, initialement par le bus, pour profiter de ce magnifique spectacle naturel. A l’accueil de l’hôtel Valentine, le réceptionniste m’avait presque convaincu de louer une moto pour le faire mais c’était un malheureux quiproquo. En vérité la proposition consistait à faire le trajet en moto, mais avec moi comme passager. Absolument ridicule. Faire 100 km à deux roues avec un pilote tenant mon gros sac à dos de 45 litres entre ses genoux et moi accroché à l’arrière avec dix kilos de matériel photo au dos, c’était parfaitement impensable.

Vint donc le moment de prendre le bus à Hué pour quitter la ville impériale, un matin vers neuf heures. Je vous évite la narration de l’indispensable transfert en xe om jusqu’au point de récupération du bus mais avec mon gros sac à dos, c’était une nouvelle première. Surtout que je l’avais gardé sur le dos et donné le petit au pilote. C’est une terrible erreur car j’avais du coup les abdominaux terriblement contractés pour éviter de ne pas basculer vers l’arrière. Je me retrouve donc déposé devant une agence de voyage en compagnie d’une grosse poignée d’autres routards.

DSC_5885_DxOAssez rapidement le bus arrive et en montant je constate qu’il s’agit d’un bus couchettes malgré le trajet entièrement diurne. On nous ordonne d’enlever nos chaussures et je progresse dans une des étroites allées nu pied jusqu’à une couchette supérieure qui me semble idéalement placée. Je m’installe comme je peux car, encore une fois, les dimensions ne sont pas idéales pour un européen, aussi moyen soit-il, surtout avec un petit sac à dos à caser quelque part. A part ça c’est assez confortable.

Nous récupérons un peu plus loin un nouveau paquet de gens vietnamiens ou touristes dont une bande de jeunes français du sud-ouest assez vocaux qui ont manifestement la gueule de bois et les intestins en purée. Ça promet. Des fois, on regrette de comprendre la conversation de nos voisins.

Le bus entame le trajet qui devrait durer quelques heures et je commence à observer le paysage, à l’affût dés que la route s’élève. Pour le moment on se contente de traverser les faubourgs de Hué donc ça ne s’élève pas des masses. Je transfert donc mon attention au bout d’une petite heure sur la suite des aventures de Dick Bolitho, maintenant capitaine d’un deux ponts (c’est qu’il n’arrête pas d’être promu le garçon). Encore une fois, la climatisation est mon ennemie. La température de la cabine chute et nombreux sont mes voisins qui comme moi tentent de se protéger du froid. Ça devient vraiment n’importe quoi surtout que je commence à avoir sérieusement mal aux fesses à cause de ma position un peu raccourcie. Bref, pour le confort, on repassera. Pour que l’ambiance soit encore plus parfaite, une de mes voisines écoute de la pop sirupeuse avec son téléphone portable.

Environ deux heures plus tard, où je tente de soulager mes fessiers, j’aperçois des reliefs côté terre et commence à recentrer mon attention sur le paysage. Je sens que ça va être de toute beauté d’autant plus que nous ne sommes pas très loin de la mer que nous apercevons par moment de l’autre côté. Je note avec un peu d’appréhension de gros nuages au dessus des montagnes et malheureusement assez rapidement le temps devient gris. La route s’élève mais le plafond est un peu bas. Néanmoins après un virage à droite, on aperçoit la ville de Da Nang en contrebas, sous les nuages et un petit crachin. C’est déjà pas mal surtout qu’elle est adossée aux montagnes, coupées en deux par les nuages bas, mais je sens que ce n’est pas les conditions idéales.

Nous redescendons donc dans la ville, un des ports principaux du Vietnam, et effectuons un arrêt pour déposer des gens. La pluie s’installe pour de bon. On repart et alors que nous sommes encore dans les faubourgs de la ville, les précipitations s’intensifient pour atteindre un régime tropical. Avec la climatisation à la température arctique, j’ai l’impression d’être un couillon en short et claquettes/ tongues / schlappe / slache / gougoune en plein automne écossais.

La dernière heure de trajet se fait dans les mêmes conditions météorologiques et je commence à me dire que ça ne va pas être simple d’effectuer les deux kilomètres de marche prévu entre l’arrêt de bus et mon hôtel. Ceci dit, ce sera l’occasion idéale de tester la fiabilité de mes sacs étanches. J’hésite.

Finalement, le bus pénètre dans Hoi An et nous lâche sur un terrain vague. Les conducteurs se précipitent dehors sous le déluge pour sortir les bagages de la soute pendant que chacun sort en remettant ses chaussures. Je récupère mon gros sac à dos maintenant plein de boue vu qu’il a été négligemment jeté à même le terrain vague et me le jette sur le dos. Ma décision est prise et je sens que je prend un risque vital.

Je me dirige hâtivement vers un groupe de xe oms sous le relatif abris d’un arbre. L’un des deux s’avance vers moi : « Motobaïque ? ».
– Yes, yes. How much for this hotel ?, lui demande-je en montrant l’adresse.
– 40.
– What ?!
– Yes, rain, dangerous.
– Ok, ok. Go.

Oui, je me sens pas trop de négocier car chaque minute d’attente ajoute environ un kilo d’eau à mon barda. Je lui donne donc mon gros sac à dos de 45 litres pour qu’il puisse se le mettre où il veut et m’éviter une deuxième session de crunchs abdominaux. Je m’installe rapidement à l’arrière, met le casque fourni et lui lance le « Go ! » pour lui signifier qu’il peut envoyer les gaz quand il veut.

Franchement, je crois qu’il y a rien de tel qu’un danger mortel pour se sentir incroyablement vivant. Zigzaguer dans le trafic, certes réduit, mais présent de Hoi An sous un déluge de pluie qui vous gifle le visage, en s’agrippant à une petite poignée métallique, ça a quelque chose de vraiment intense. A vrai dire je n’ai pas remarqué de différence notable entre la conduite de xe om sur la pluie ou sur le sec. En plus je crois bien que j’ai rigolé à un moment donné quand une autre mobylette était à notre hauteur, le pilote également crispé et penché en avant pour s’éviter un maximum de pluie. On s’est regardé tout les deux et on s’est bien marré. Qui plus est, j’ai atteint mon hôtel vivant, mais trempé jusqu’à l’os.

Pour le col des Nuages s’est un peu raté mais je ne regrette absolument pas de ne pas l’avoir fait en moto. Et je vous laisse avec cette superbe double négation.

Encore la guerre

Et si on parlait encore un peu de guerre, tueries et autres massacres de masse ? Ouaih, je me doutais bien que vous aimiez ça, petits pervers.

Au nord de la ville de Dong Ha, elle même au nord de la ville de Hué, elle même au nord de la ville de Da Nang (elle même au nord de la ville de Hoi An, mais je sens que vous commencez à vous lasser), se situe la DMZ. Mais que veut dire cet acronyme. Non, non, interdit de regarder sur Wikipédia, vous êtes à moi. Voilà. Regardez moi dans les yeux. Bien. DMZ veut dire « demilitarized zone », autrement dit en français, zone démilitarisée, ce qui est une façon plus jolie de dire « ligne de démarcation ». En vérité c’est plus qu’une ligne car c’est une bande de terre courant de la mer à la frontière du Laos séparant le Vietnam du nord du Vietnam du sud. D’où la zone. Vous l’avez compris, de nos jours cette DMZ n’existe plus mais c’est néanmoins un lieu majeur de la guerre américaine car un nombre important de batailles y eu lieu pendant cette fameuse « Offensive du Têt » (A ne pas confondre avec un coup de boule : wah vaz’y, comment qu’j’vais t’mettre une offensive d’la tête, la vie d’ma mère !).

Côté mer, on trouve un grand nombre de réseaux de tunnels creusés à main d’homme (et de femmes, bien entendu, les nord vietnamiens étant particulièrement peu sexistes dans ce domaine) qui permettait de s’abriter des bombardements quotidiens. Cela ne protégeait pas d’un coup au but mais augmentait drôlement le taux de survie. Ce qui est assez amusant, maintenant que les bombardements ont cessés (en tout cas, quand j’y étais. C’était sans doute un dimanche), c’est de constater l’étroitesse et la hauteur sous plafond de ces tunnels, clairement construits à l’échelle du vietnamien moyen de l’époque. Au passage, cela permet de goûter à la touffeur qui y règne et à l’angoissant manque de lumière. Pendant un bombardement, ça ne devait pas rigoler.

Si on sort dehors et qu’on s’élève un peu dans les airs, ont peu constater dans le paysage aux alentours, plutôt plat à cet endroit, un nombre très importants de cratères dans les rizières. C’est bien simple, cela ressemble à la surface lunaire. Fort heureusement, la végétation recouvre partiellement tout cela, et au sol, c’est plutôt imperceptible. Il n’y a que les buffles d’eau qui s’en réjouissent en profitant des multiples mares circulaires. Ça, pour se vautrer dans de la flotte boueuse, ils savent y faire. En plus, s’il y a un cratère, c’est que la bombe a explosée. Il n’y a donc aucun risque pour l’animal.

Contrairement à la Corée où un savant technocrate choisit de couper le pays en deux selon une jolie ligne droite le long d’une latitude, au Vietnam on se dit que c’était quand même drôlement plus pratique de prendre un élément naturel que l’on ne risque pas de ne pas voir comme séparation. C’est vrai, le 40° parallèle nord, j’ai beau me fatiguer les yeux, je n’en voit pas la trace au sol. On choisit donc de prendre la rivière Ben Hai comme ligne de démarcation, ce qui n’était pas bête vu qu’elle coure à peu près d’ouest en est.

Un seul pont permettait de traverser la rivière proche de son embouchure mais comme il était en plein dans la DMZ, il était très peu utilisé. La DMZ était également une « no man’s land » ce qui implique que toute personne y pénétrant était potentiellement considérée comme un assaillant. Autant vous dire que le tourisme y était peu fréquent. Néanmoins, et c’est toujours aussi fascinant de voir à quel point l’humanité peut être absurde parfois, le nord Vietnam décida de placer des haut parleurs de leur côté du pont pour diffuser des messages défaitistes : « Rendez-vous, sales impérialistes, en plus votre pho (fa) est dégueulasse de votre côté ! ». Quand il s’agit de jouer au con, il y a toujours des volontaires donc le sud Vietnam installa sa batterie de hauts parleurs avec un supplément de wattage pour diffuser des contre-messages également défaitistes : «Non, vous, rendez-vous, sales rouges mangeurs de chiens ! ». Cela dura quelque temps où chacun installa un nouveau surplus de puissance: « C’est à babord, qu’on gueuleuh, qu’on gueullleeeeuh ! C’est à babord, qu’on gueule les plus forts ». « C’EST A TRIBORD QU’ON GUEULE, QU’ON GUEUU-LEUH !! C’EST A TRIBORD, QU’ON GUEULE LES PLUS FORTS !! ». Et cetera. Fascinante humanité. Les vendeurs de matériel audio devaient se frotter les mains. Accessoirement, je vous invite à relire la BD « Le Grand Fossé », aventure d’Astérix pour se rendre compte, encore une fois, comment la réalité peut dépasser la fiction.

Mais malheureusement, le plus triste dans tout cela, c’est que ce n’est pas drôle. Car hormis ces moments de sympathique absurdité, la guerre Américaine, comme toutes ses cousines, recela un bon gros paquet de saloperies. Je vous rappel cette célèbre phrase tirée d’Apocalypse Now : « I love the smell of Napalm in the morning ». Oui, car pour rendre la vie plus difficile aux Viet Congs, les américains firent tout ce qui était en leur pouvoir pour déforester un maximum de territoire, notamment autour des lignes d’approvisionnement. Vous connaissez tous la célèbre photo de Nick Ut d’une petite fille brûlée au napalm courant nue vers le photographe qui fit basculer, entre autres, l’opinion public américain (et lui octroya le prix Pulitzer en 1972). Je n’en dirais donc pas plus sur le sujet.

Ce fut également l’occasion de tester à grande échelle de nouveaux types de défoliants à base de dioxine. On sait maintenant que la dioxine est une des substances les plus cancérigène au monde et ayant une durée de vie particulièrement longue. Il y a donc dans la campagne vietnamienne de longue bande de végétation à l’aspect neuf voir de longues bandes de prairies dans les montagnes, traces de ces défoliants. La star d’entre toutes les stars de ces produits porte un doux nom semblant directement issu d’un épisode de « X-Files » : l’agent orange. Si vous avez le cœur à ça et surtout bien accroché, je vous invite à chercher des photos d’enfants mal-formés de parents ayant été exposés à l’agent orange. C’est particulièrement indicible et l’exposition sur le sujet au musée de la guerre à Ho Chi Minh City laisse un sale goût en bouche et une sensation désagréable à l’estomac. Pensez « Elephant Man », membres en plus ou en moins, problèmes mentaux et déformations du squelette. Bien entendu, ça, c’est dans le pire des cas, quand l’enfant est viable. On imagine sans peine l’incroyable charge financière que cela représente pour un pays, sachant que cela peu courir sur plusieurs générations.

Sans vouloir faire dans l’accusation simpliste, car la chaîne de responsabilité est bien évidemment un peu plus complexe que cela, ce magnifique produit (trèèès efficace pour ce qui est de défolier, il est vrai) a été conçu et produit par l’extrêmement sympathique et humaniste compagnie Monsanto. Oui, celle des brevets sur les OGM, entre autres. D’ailleurs une « class action » intentée contre elle a été remportée par une association d’anciens combattants américains exposés à l’agent orange. Malheureusement, le gouvernement vietnamien a été débouté lorsqu’il a tenté de se raccrocher à cette action en justice. Encore une fois gardons nous d’une stigmatisation trop abrupte mais je ne résiste pas à l’envie de conclure par cette nouvelle très fraîche à propos de cette honorable entreprise. Elle aurait très récemment fait acquisition de la société « Blackwater » qui se trouve être une entreprise privée para-militaire notamment utilisée en Irak par l’armée américaine.

Bonne nuit les petits.

Ce que j’ai retenu de les guerres du Vietnam

Allez, hop. Que chacun prenne un cahier et un crayon. Tracez une ligne verticale 3 cm à droite de la marge de gauche et inscrivez votre nom, prénom ainsi que la date d’aujourd’hui. Notez le sujet de la leçon du jour : « Les guerres de le Vietnam ». Soulignez au stylo vert.

Nous sommes en 1940 et la France est en train de se faire botter les fesses par son voisin germanique. Cinq années plus tard, après une lutte acharnée mais finalement brève à l’échelle des guerres, les forces de l’Axe (rien à voir avec le déodorant) sont défaites et les grandes puissances vainqueuses (c’est bizarre, ça sonne pas bien) que sont le Royaume-Unie, les Etats-Unis et l’URSS, après avoir libéré la France, lui rétrocèdent ses anciennes colonies parce que franchement l’oppression c’est moche, l’occupation c’est vraiment méchant et que le droit d’autodétermination des peuples c’est presque nous qu’on l’a inventé (même si je crois que ce sont les américains) et que, ouaih, pfff, c’est vachement pas super d’être gouverné par des gens qui parlent même pas la même langue que nous. Bref, la France avait pris une leçon et en avait encore les fesses toutes rouges de s’être fait défaites aussi vites et les joues de la même couleur d’avoir eu un gouvernement de collaboration relativement zélé pendant cette triste période. Heureusement, les fiers idéaux de la / les résistances furent brandis bien hauts et on se réconforta en affirmant que ah mais oui en fait la vrai France c’était ça et pas les autres du gouvernement au nom de pastille.

Pendant ce temps là, quasiment de l’autre côté de la terre, dans les colonies que l’on appelle encore Indochine gentiment rendues par nos amis après que les Japonais nous les ai piqué, certaines personnes à la naïveté parfaitement écœurante et qui frise la bêtise, décidèrent que, puisque c’était le camps des gentils qui avait gagné et que résonnait partout des cris de « liberté, liberté », ils avaient le droit de se déclarer indépendant. C’était en 1948, la France était encore sous tickets de rationnement, et les gens de l’hexagone n’étaient vraiment pas d’humeur à rire. Non mais, ha ha, liberté, j’entends bien, ha ha, ils sont mignons, mais c’est à dire qu’en fait, comment vous dire… non ?

En plus, et là franchement faut vraiment chercher la merde, il se trouve que la majorité des gens souhaitant cette indépendance étaient d’obédience légèrement communisante, ce qui était drôlement la mode à cette époque, il faut bien le dire. Malheureusement, les pays occidentaux s’étaient légèrement crispés avec le camarade Staline qui n’avait pas vraiment joué le jeu en ne rendant pas leur autonomie et indépendance aux pays européens « libérés » pendant la reconquête. Du coup tout ce qui avait un vague lien avec le socialisme et le communisme était encore plus mal vu. C’est bien connu, le rouge, ça énerve. Demandez aux taureaux.

La France décide donc de reprendre les choses en main en Indochine pour bien signaler que, hé, la fête est fini et de toute façon, à la libération on était tous bourrés tellement on avait picolé pour fêter ça et c’est bien connu, les amis de beuveries, ce sont des amis d’une nuit. Et pis on s’en souvient pas qu’on avait vraiment dit « liberté, liberté ». On était bourré on vous dit. Accessoirement, une de ces personnes un peu trop candide qui souhaitait l’indépendance de son pays, un certain monsieur Hô Chi Minh, avait été supérieurement éduqué en France quelques années plus tôt. Oui, non, mais on vous dit des trucs à l’université mais faut pas prendre ça au pied de la lettre. Il est con lui, ha ha ha.

On décida donc d’envoyer des soldats au Vietnam pour calmer tout le monde. En plus les militaires français étaient encore chauds vu que la seconde guerre mondiale venait à peine de se finir. C’était donc un bon moyen de les occuper. Le seul problème, et il était de taille maintenant qu’on y pense, c’est qu’on avait pas vraiment les moyens de la faire, cette guerre, vu qu’on venait juste d’en finir une bien velue. Bon euh, comment dire, vous auriez pas deux, trois avions et un peu de bouffe pour qu’on puisse aller botter les fesses de ces p’tits jaunes, demanda-t-on aux américains ? Euh pardon, en fait on s’est trompé. Ils ne sont pas jaunes. Ils sont drôlement rouges, oulala, qu’est-ce qu’ils sont rouges.

Entendant cela – quoi, rouges vous dites ? Vous êtes sur ? Pas fuschia ou mauve ou orange, hein ? – les américains nous firent cadeau d’un support logistique et financèrent notre guerre de reconquête de l’Indochine. Ce fut donc la première guerre du Vietnam, autrement appelée la guerre Française par les vietnamiens.

Ça dura quelques années pendant lesquels les choses n’avancèrent guère. On s’entraîna à torturer dans les prisons de Hanoi ce qui fut drôlement pratique quelques années plus tard en Algérie. Puis un beau jour, on décida d’aller confronter directement l’armée de libération Vietnamienne dans une grande bataille dans les montagnes à l’ouest de Hanoi, histoire d’en finir une bonne fois pour toute. Alors là, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais on a sérieusement cafouillé du ciboulot. Je ne suis pas un expert dans l’art de la guerre et je n’ai pas lu Sun Tsu mais je me dis qu’il y a quand même des choses qui sont un peu évidentes, toute de même. Le grand général français (dont je ne me souviens pas du nom, pour changer) commandant les troupes expéditionnaires, décida d’établir son camps dans une vallée entourée de hautes montagnes de toutes part, formant une cuvette naturelle, reliée à Hanoi par une unique route serpentant à travers un relief difficile. Bon. Moi je veut bien que ce soit superbe et que la proximité de l’eau courante présente certains avantages indéniable mais n’est ce pas un peu bébête d’un point de vue défensif ? Je veux dire, sans avoir beaucoup d’imagination, je vois bien des gens nous jetant des pierres par au-dessus.

Le général vietnamien, apprenant cela, dégrada son officier de renseignement sous prétexte qu’il fallait qu’il arrête de raconter des conneries car aucun général adverse digne de ce nom ne se mettrait dans une situation aussi débile. Bien entendu, il du bien admettre que si, il y en avait au moins un qui l’avait fait et sans trop se casser la tête sur de vastes réflexions stratégiques plaça de l’artillerie sur les crêtes surplombant la vallée. Ce général, du nom de Vô Nguyen Giap, était historien d’origine donc totalement autodidacte pour ce qui touchait à la stratégie militaire. Mais là, il faut bien avouer que c’était un peu facile.

Wah l’autre, ils tricheuh. Ils nous tirent par au-dessus ! firent, les français. Au bout d’un certain temps, ils se rendirent compte qu’il était également très facile pour l’adversaire de bloquer toute progression le long de la seule route d’approvisionnement et on se retrouva rapidement bloqué dans notre camps, bientôt à court de saucisson et de pastis.

« Allo, monsieur Oncle Sam ? Oui, euh, bonjour. Comment dire ? On est bloqué et on est bientôt à court de munitions pour l’apéro. Comment qu’on fait ? ». Notre gentil sponsor mis alors en place un pont aérien qui permit, pendant un certain temps, au camps français de tenir, malgré les bombardements quotidiens.

Ça ne dura qu’un temps car, de leur côté, les forces vietnamiennes allèrent demander à leurs amis Chinois (rouges également, avec une jolie étoile jaune) s’ils n’auraient pas quelques canons antiaériens dont ils n’auraient pas l’usage présentement. Donc assez rapidement, les avions américains furent incapables de soutenir l’armée française et le généralissime responsable du corps expéditionnaire fut bien obligé de se rendre, l’année 1952. Cela sonna donc la fin de l’intervention française au Vietnam, la signature d’un cessé le feu et la séparation du Vietnam en deux pays indépendants, le nord et le sud (c’est sur que si on avait voulu le découper dans le sens de la longueur, ça aurait été beaucoup plus pénible) approximativement au milieu. Pour les plus lettrés d’entre vous, la vallée, ou cuvette, en question où on alla s’enterrer s’appelle Dien Bien Phu. Je me demande ce qui est advenu du général français, tiens ?

Pour la partie sud, sous influence franco-américaine, on décida quelques temps plus tard de favoriser le coup d’état d’un président malléable histoire d’éviter que cette partie du pays ne bascule également sous régime communiste. Malgré le cessé le feu, des mouvements de libération du sud Vietnam (affectueusement appelés Viet Congs) commencèrent à effectuer des actions de déstabilisation. Le président Ngo Dinh Diem pris donc le pouvoir avec la bénédiction de Washington. Wikipédia me précise que son nom complet est d’ailleurs Jean-Baptiste Ngo Dinh Diem ce qui est parfaitement ridicule. « Jean-Baptiste, range ta chambre ! »

  • Je peux pas maman, je suis occupé à opprimer le sud Vietnam !

Car Jean-Bap’ s’avéra être un parfait salaud zélé et réussi à se rendre totalement impopulaire auprès de sa population. D’ailleurs, quelques années plus tard il fut assassiné au cour d’un autre coup d’état pendant que Kennedy regardait ostensiblement de l’autre côté, en poussant un grand « ouf » de soulagement lorsqu’il apprit la nouvelle.

Tout ça pour dire que les américains débarquèrent au Vietnam pendant que les français le quittait. Ça devait drôlement charrier côté US :« Vous avez refermé la cuvette avant de partir, j’espère ? Hahaha ». Ce fut donc le début de la deuxième guerre du Vietnam, appelé guerre Américaine. Il y a d’ailleurs une anecdote assez amusante concernant l’intervention US au Vietnam. Tout déploiement de troupes américaines en territoire étranger doit être approuvé par le congrès, à Washington. La bataille allait être rude pour convaincre la chambre, mais le gouvernement de Lyndon Johnson profita d’un coup de chance pour l’emporter. Suivant la source, il s’agit d’ailleurs soit d’un coup de chance, soit d’un coup machiavélique organisé par les USA pour trouver un prétexte à l’intervention. En 1964 un navire américain fut attaqué dans le golfe du Tonkin. Le gouvernement US accusa le Nord Vietnam, ce que celui-ci dénonça instantanément. L’anecdote amusante, que vous pourrez toujours ressortir à votre prochaine soirée raclette, est que l’amiral en charge de cette petite flotte du Tonkin et qui rapporta donc cette attaque fut l’amiral George Morrisson, père du chanteur / compositeur décédé au Père Lachaise, Jim Morrisson. Le fils haïssait son père, il suffit d’écouter « The End » des Doors pour s’en rendre compte.

Pendant quelques années ce fut uniquement une guerre de guérilla visant à tenter d’étouffer les mouvements communistes sud-vietnamiens et qui n’avait lieu que dans la partie sud, sous la ligne de démarcation. Rapidement, il devint néanmoins clair, malgré ses dénégations, que le Nord Vietnam soutenait ces mouvements via des lignes d’approvisionnement passant par le Laos (rappellez-vous Phong Nha et la route 12). La tension était à son comble sans parler que ça commençait à chouiner dans les chaumières yankee parce que des soldats mourraient. Genre.

On m’a d’ailleurs appris une anecdote fort intéressante sur cette période (par Hannah, en l’occurence), qui reste à valider bien entendu, mais qui en dit long sur la fourberie d’une certaine personne. A cette époque Richard Nixon (futur président des USA) était vice-président d’Eisenhower. Eisenhower était proche de la fin de son second mandat et Nixon était sur les starting blocks pour être le futur candidat républicain face au jeune sénateur démocrate, John F. Kennedy. A cette époque, Eisenhower souhaitait retirer les troupes du Vietnam et arrêter cette guerre mais Nixon ne l’entendait pas de cette oreille. D’après mes sources, il souhaitait maintenir la guerre pour favoriser ses desseins électoraux. Au cours d’une réunion entre Eisenhower et les dirigeants vietnamiens, il aurait tout fait pour écarter Eisenhower des ses interlocuteurs provoquant l’échec des négociations et la poursuite pour quinze années supplémentaires du conflit. Sympathique garçon, si cela est vrai.

Pour soutenir leur effort de tarissement (pas peu fier d’avoir utilisé ce verbe) des sources d’approvisionnement sud-vietnamiens, le général Westmoreland, commandant suprême des forces d’interventions US au Vietnam, décida de créer une base de Marines au plus prêt du Laos. Donc là, pareil, on se demande ce qui a bien pu lui passer par la tête à ce moment là mais je me dis que l’on n’apprend rien de l’histoire. On décida de placer cette base en hauteur, parce que Dien Bien Phu, ça va bien, mais les meilleurs blagues sont les plus courtes. On choisi donc un magnifique plateau entouré de profondes vallées situé à environ 600m d’altitude, à Khe San. C’était grand et plat ce qui était vraiment très pratique pour faire atterrir les B-52 et surtout les C-130 bourrés de burgers et de frites. En plus il y avait une route pour atteindre le plateau qu’on s’était embêté à construire.

« Aaaaah, on est bien là. Hein ?

  • Euh, chef ?
  • Oui ?
  • C’est quoi toutes ces montagnes autour qui ont l’air d’être plus hautes que la base ?<silence>
  • Et merdeuuuuh.

Pendant quelques temps, il ne se passa rien de spécial. Les B-52 effectuaient leurs ballets quotidiens pendant que les radios de la base beuglaient une bande son rock’n’roll, soul et folk encore inégalée aujourd’hui. Il faisait bon être un marine à Khe San.

Plus au nord, le généralissime Vo Nguyen Giap, en accord avec son gouvernement, préparait un vaste plan d’attaque qui allait officiellement amener le Nord Vietnam en conflit avec les américains. Le point de l’offensive avait été validé. Il restait maintenant à effectuer une diversion pour fixer les troupes adverses le plus longtemps possible éloigné du front principal.

Au Vietnam, tout les ans a lieu la fête la plus importante du pays, le Têt. D’après ce qu’on m’a dit, c’est un peu comme un Noël / Jour de l’An / anniversaire mélangé. C’est grand. C’est très grand. Et c’est le moment de l’année ou le Vietnam s’arrête pour fêter ça. Tout les ans, c’est également l’occasion d’une trêve guerrière et on en profite pour envoyer les soldats épuisés se reposer quelques jours à Da Nang, Saigon ou Sydney pour revenir plus tard avec toute la panoplie des MST de l’époque.

Quelques mois avant la fête du Têt, en 1968 (et là on se dit que franchement, c’est pas possible, mais qu’est ce qu’il s’est passé comme trucs dingues et historiques dans tout les domaines cette année là, sans doute une des années les plus denses de la civilisation occidentale au 20ème siècle), les troupes Nord Vietnamiennes attaquèrent la base de Khe San, située à quelques kilomètres de la frontière Laotienne. Coup de tonnerre. L’état major américain lève le sourcil gauche. Une forte concentration d’artillerie positionnée sur les montagnes avoisinantes (soupir et yeux au ciel) se met à pilonner le plateau, pistes d’atterrissage, avions et terrains de baskets compris. Pendant plusieurs semaines, la base va subir ce régime et le général Westmoreland avec l’accord de son gouvernement décide d’envoyer de plus en plus de marines en soutien, prévoyant une grande offensive dans la région. De base tranquille, Khe San devient un enfer. Au passage voici une photo du plateau tel qu’il est maintenant histoire que vous ne puissiez pas pouvoir imaginer comment c’était. Notez au passage la très jolie montagne en arrière plan à gauche.

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Puis, soudainement, au mépris de toutes les règles du jeu, le premier jour de la fête du Têt, alors que la moitié de la garnison américaine est en train de tranquillement siroter des mau taï et autres mojitos sous les cocotiers (sauf à Khe San où on est toujours en train de déféquer dans son pantalon sous la pluie d’obus qui tombe en permanence), le nord Vietnam déclenche une deuxième et féroce offensive terrestre 100 km plus loin, le long de la côte en direction de la ville de Hué, avec artillerie, char, infanterie et tout le bazar. En catastrophe, les USA sonnent le rappel et des milliers de verres de mau taï et mojitos sont lâchement abandonnés au même moment. On imagine également des hordes de marines arrivant en courant à Hué, la chemise à moitié rentré dans leur pantalon et la braguette ouverte.

Pendant plusieurs semaines, la ville est le théâtre d’une sanglante bataille urbaine et sera grandement endommagée. Néanmoins la soudaineté de l’offensive et l’effet de surprise fera basculer la guerre. Cette campagne sera dorénavant appelée « L’Offensive du Têt » et fut un des grands chefs d’œuvres militaires de Vô Nguyen Giap. Pendant encore sept années, les américains enverrons de plus en plus de troupes pour tenter de renverser le court de l’histoire mais finalement fuiront en catastrophe en 1975, abandonnant leur matériel, quand Saigon sera prise par les forces nord Vietnamiennes. On a tous vu ces photos de bottes, de fusils et de chars abandonnés en parfait état ainsi que d’hélicoptères AH-1 décollant en catastrophe pour évacuer des populations terrorisées. Le rouge, ça fait peur à tout le monde.

On signa donc la paix et le temps passa pendant que le Vietnam de nouveau unifié se remettait tout doucement en place à coup de petits règlements de compte. De l’autre côté de la frontière, le camarade Pol Pot virait tranquillement au despote sanguinaire et le Cambodge sombrait dans l’autodestruction. Purges sur purges la population civile du Cambodge disparaissaient, assassinées dans des camps. Personne n’osait intervenir, ressassant avec angoisse ce terrible conseil prodigué par les français et les américains : ne jamais s’engager dans une guerre terrestre en Asie du sud-est.

Au bout d’un certain temps, le gouvernement Vietnamien, lui même écœuré (c’est pour vous dire à quel point ce devait être particulièrement atroce) décida qu’il était temps que quelqu’un aille retenir le bras de ce fou sanguinaire. Le Vietnam parti donc en guerre contre le Cambodge et Vô Nguyen Giap pris les commandes des forces d’interventions. Une grande armée Vietnamienne pénétra sur le territoire voisin.

Peu de temps après, voyant que ses deux voisins du sud était occupés à se taper dessus, la Chine décida qu’il y avait une sympathique petite opportunité dont elle aurait tort de ne pas en profiter. Elle attaqua donc le Vietnam au nord et déclencha la troisième guerre du Vietnam, autrement appelée guerre Chinoise. Rhaaa, soupir, fit Vo Nguyen Giap quand son gouvernement hurla de rappliquer fissa au secour. Ils commencent à me faire braire tout ces cons qui se sentent permis de venir chez nous sans prévenir.

L’armée de Giap, commença donc sa lente remontée vers le nord. Mais, car ce n’était pas la moitié d’un con (même s’il profita pas mal de la connerie des autres, il faut bien l’avouer), il décida de remonter discrètement par le Laos, avec qui ils étaient resté en bon terme, pour obliquer tout aussi discrètement vers la droite arrivé à hauteur de la Chine. Le mouvement fut opéré à la perfection et les Chinois se retrouvèrent avec une horde de vietnamiens en pyjama noir et chapeaux pointus dans leur dos. Après deux claques et un coup de genou dans les gonades, ils rentrèrent chez eux la larme à l’œil. Bon, bon, ça va. C’était juste pour voir si vous ne dormiez pas. Fin de la guerre, pour de bon, et jusqu’à nouvel ordre.

Il se trouve que le général Vo Nguyen Giap, et je ne sais plus si je vous l’ai déjà dit, avec toutes ces péripéties, est le seul général à avoir vaincu trois super puissances. Ce qui en fait une figure guerrière parmi les plus grandes. Quand au Vietnam, après trois guerres sur une durée totale de vingt ans, il était temps de souffler un peu.

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Vous pouvez poser vos stylos et rendre vos copies.

Premières expériences en Xe Om

Parce qu’il faut toujours tenter de repousser ses limites et essayer (j’ai bien dit essayer) de se confronter à ses angoisses, je me suis dit qu’il était temps de tenter le transport en xe om. Petit rappel pour les moins assidus, un xe om, prononcé certainement pas comme cela s’écrit, est un moto taxi. La plupart du temps ce sont d’ailleurs des mobylettes taxis ou plus précisément des 125cm3 à embrayage automatique, pour les puristes. Et j’imagine que ceux qui aiment faire mal aux mouches par derrière sont nombreux. Si vous tapez « xe om » sur internet, ce que j’ai fait donc épargnez vous cette peine, c’était uniquement un effet de style, vous découvrirez que cela se traduit littéralement par « embrasser le conducteur » ou plutôt « faire un câlin au conducteur ». Le terme vient sans doute de la position qu’on est tenté d’adopter une fois assis à l’arrière consistant à agripper la personne de devant.

Maintenant il est temps de vous avouer que je vous ai menti sans trembler, tout ça pour une phrase d’introduction que je voulais accrocheuse. En vérité je ne me suis absolument pas de moi même confronté à ma peur du xe om. On m’a traîtreusement et sans me prévenir mit devant le fait accompli. Je vous explique.

Pour pouvoir aller visiter les fameux tombeaux hyper-classieux des empereurs Nguyen, je me suis inscrit à un tour guidé à mon hôtel. C’est d’ailleurs drôlement pratique et les indiens devraient en prendre de la graine plutôt que de dépenser des millions dans des publicités télévisées bourrées de mensonges par omission, diffusées dans les chambres d’hôtels d’Heathrow à des touristes candides. Et avec toute cette digression je ne vous ai toujours pas dit ce qui était pratique, en l’occurrence le fait que chaque hôtel vous propose un choix d’excursions que l’on peut réserver et payer directement à l’accueil. Certes c’est un peu un truc de fainéant et on ne maîtrise pas forcément la qualité du tour. Mais peu importe, dans ce cas présent ce qui m’intéressait était un moyen de transport (fluvial et routier) pour visiter les principales tombes dans la journée. Je demande donc à la fille (souriante) de l’accueil où se situe le point de départ de l’excursion, ce à quoi elle me répond quelque chose de l’ordre de : « non, ne vous inquiétez pas, le bus vient vous chercher ». Parfait, un soucis et de la marche en moins.

Le matin de l’excursion, j’attends donc l’arrivée du bus dans la petite ruelle abritant l’hôtel (je vous avoue qu’il me tardait de voir un bus se frayer un chemin dans ce passage étroit mais je savais les vietnamiens plein de ressources pour ce qui est de conduire des véhicules), tout en digérant ma délicieuse pancake à la banane qui constituait l’essentiel de mon petit déjeuner. A l’heure prévue un motard s’arrête devant l’hôtel et l’hôtesse d’accueil me sort de ma torpeur matinale pour m’indiquer que le transport prévu est arrivé. Comment, euh ? Faut que je monte là dessus ? Oui, oui. Ah bon.

Telle une vache menée à l’abattoir et sous le regard de l’hôtesse qui me fait au-revoir et bonne journée avec un grand sourire, je me dirige en déglutissant vers le motard qui fait redémarrer son véhicule. Je m’assoies derrière le conducteur et pose mes schlappes / slache / gougoune / claquettes / tongs sur deux excroissances métalliques que je prie ne faisant pas parti du circuit d’échappement. Mon pilote a un casque mais il ne songe pas une milliseconde à m’en proposer un. Comme nous ne sommes pas encore très intimes je décide que c’est un peu tôt pour lui agripper ses poignées d’amour et saisi donc plutôt la métallique située derrière moi.

« Ok ? », me demande-t-il ?

  • Euh… yes, yes. Glups.

Brrrrraaaaaawwww. Rha le salaud. Il aurait pu compter jusqu’à trois avant de démarrer. Fort heureusement, j’avais déjà eu l’expérience d’être passager sur une moto donc très rapidement j’ai déconnecté la zone du cerveau généralement associé à l’instinct de survie. Il valait vraiment mieux car mon pilote avait décidé de prendre mon sac à dos et de le mettre sur ses genoux tout en parlant dans son téléphone portable, le tout en roulant.

Nous remontons donc la ruelle sur 200m à un petit 40km/h largement suffisant pour se faire quelques émotions sur la moindre bosse et irrégularité du bitume. Arrivée à l’intersection sur la rue principale, je serre la poignée à m’en faire blanchir les jointures et me repositionne un peu mieux en profitant de l’arrêt.

« Ok, you go down, me dit alors mon chauffeur.

  • What, here ?
  • Yes, bus comes over there, me réponds-t-il en me montrant le trottoir opposé.

Ah ben d’accord. C’était donc la course en xe om la plus courte de l’histoire. C’était bien la peine. Je reprends donc mon sac à dos et remercie mon chauffeur.

Le lendemain, je récidive en décidant de faire une excursion sur des sites associés à la guerre du Vietnam (je vous en parlerai bientôt d’ailleurs). Pareil, l’hôtesse me précise que l’on viendra me chercher mais cette fois-ci, je suis préparé psychologiquement. C’est donc sans surprise que je vois arriver à l’heure dite un nouveau motard qui se dirige vers moi et m’invite à le suivre.

Je prends mon sac à dos, et légèrement plus assuré, le lui tends. Cette fois-ci il extrait un deuxième casque de sous la selle et me le donne. Il ne s’agit bien entendu pas d’un casque intégrale mais bon, c’est toujours mieux que hier. Il enfourche sa bécane et je fais de même derrière lui en tentant de bien me positionner.

« Ok ? »

  • Ye….

Braaawwwwwww. Salaud. Nous remontons une nouvelle fois la ruelle, toujours avec mon sac à dos sur ses genoux mais lui, au moins, ne téléphone pas. Par contre, arrivé à l’intersection, il s’engage à droite dans la rue principale et nous plongeons dans le trafic matinal. Sa conduite et vive mais globalement assez dosée pour éviter les gros freinages et brutales accélérations. J’arrive donc à me tenir mais je dois dire qu’il y a parfois quelques petites décharges d’adrénalines aux intersections quand nous nous faufilons entre le trafic venant de la voie opposée ou quand il zigzag pour essayer de doubler les autres deux roues. Le trajet dure bien cinq minutes et je crois que c’est largement suffisant pour une deuxième session. Il s’arrête sur un quai de la rivière des Parfums, je descends et il m’ordonne avec fermeté d’attendre là. Pendant la demi-heure qui suit, j’assiste à un va et vient matinal de xe-oms déposant des touristes tétanisés ou le sourire aux lèvres à côté de moi.

C’est sur que ça réveille.