Réjouissez-vous amoureux de la nature, voici venu le moment du billet animaux spécial Hampi, spécial Hampo (mais pas Hampa, c’est malsain).
Mon court séjour (mais au combien intense) me permit quelques rencontres intéressantes de ce côté-ci. Bien entendu, j’ai croisé moult vaches, toujours aussi placides et fourrageant dans les ordures à la recherche de restes végétaux. Les restes animaux sont quand à eux plutôt du domaine des chiens errants, toujours aussi présents et également toujours aussi sympathiques qu’à Mumbai. En Afrique, les animaux se retrouvent le matin autour d’un plan d’eau pour boire. En Inde, on se retrouve autour d’un tas d’ordure pour manger. Que bella la nature. Mais assez de ces animaux domestiques, exigeriez-vous. Soit. Parlons donc des animaux sauvages. Ceux qui ont planqué leurs enfants suite à l’épisode « Hampa » peuvent maintenant les ramener. Ça va être très mignon. En tout cas, pas pire qu’un documentaire animalier sur France 5.
En premier lieu je vous présente, les seigneurs de Hampi, les maîtres des rochers, les cousins à la face expressive… les singes. Il y en a parait-il deux sortes l’un à face rouge (plutôt rose d’ailleurs) et l’autre à face noir. En ce qui me concerne, j’ai surtout côtoyé ceux à face rouge qui sont également pas très farouches. A vrai dire, la tenancière de ma guest house avait l’air de les considérer comme des nuisibles chapardeurs. J’ai pu sans problème m’approcher à moins d’un mètre de certains, suivant que c’était des femelles avec un petit, ou pas. Mais surtout ils peuvent très facilement passer en bande à côté de soi, à les toucher, juste en levant des yeux curieux vers vous. Ils ne sont pas bien gros (environ 50cm assis) quoique ceux à face noire me semble un poil plus costauds. Généralement, on les trouve sur les gros rochers autour du village, dans les grandes tours du temple ou bien dans les arbres avoisinant. Au bout d’un certain temps cependant, j’ai appris à ne pas les regarder trop longuement. Ils me fixent alors de leurs yeux expressifs et j’y lit une profonde et millénaire tristesse. Ce doit être l’équivalent en singe de « 100 roupies, please? ».
Plus joyeux, je vais vous présenter l’extraordinaire acrobate du lieu : l’écureuil. Tout de suite, je sens comme une vague de déception chez vous. Il est où l’exotisme, il est où le dépaysement ? Un vulgaire écureuil, qui ressemble étrangement à ceux que l’on a chez nous, il faut bien l’avouer. J’étais comme vous, je ne lui prêtait pas beaucoup d’attention. Mais je crois bien qu’ils cachent leur jeu. Je ne jurerai de rien, mais, pendant un moment d’observation plus attentif, j’en ai vu un effectuer un saut très étrange vers un arbre voisin. Je ne vous cacherai pas que j’ai fait quelques études de physique donc les corps en chute libre, ça me parle. Il est possible que j’ai mal vu, mais suite à ce saut, j’ai poussé un cri d’étonnement (heureusement, j’étais une nouvelle fois seul) : l’écureuil venait de contredire les lois de monsieur Newton (et non, ce n’était pas un saut relativiste. Blague de physicien). En clair, il avait sauté en ligne droite, sans aucune chute. J’ai donc la quasi conviction que ces petites bêtes déguisées en écureuils français sont dotées du pouvoir de vol. Ou alors ils sont drôlement doués pour planer.
En parlant de rochers (si, si, j’en ai parlé plus haut. Faut suivre), l’autre habitant des lieux avec le singe est le lézard. En catalogue, il y a le noir à bande rouge sur le dos, le noir à bande jaune et le gris marron standard. Je n’ai absolument aucune idée de ce que c’était mais j’ai comme dans l’idée que les deux colorés n’ont pas très bien observé leur environnement car leur camouflage est particulièrement raté. Joli, certes, mais peu efficace. Il me semble qu’ils seraient beaucoup plus adaptés à un match de foot.
Enfin, pour l’exotisme, j’ai en stock du serpent. Oui, j’ai vu un serpent de taille respectable que j’évaluerai à plus d’un mètre de long. Fort heureusement, il était très très pris à cet instant donc je n’étais pas son soucis principal (même s’il était le mien). Il essayait de se défendre contre une attaque aérienne menée par deux oiseaux de la taille de gros moineaux complètement fous-dingues qui pratiquaient l’attaque en piqué, façon Stuka. Il est parti à l’abri dans un fourré pendant que les deux volailles complètement remontés à bloc repartaient en direction de l’arbre le plus proche en piaillant comme des hystériques :
« Chef, chef, on l’a bien niqué ce salopard, hein ?
- Et comment. On lui a bien foutu sa branlée.
- Chef, chef, vous avez vu comment je lui ai bien défoncé sa tête à coup de bec, là ?
- C’est bien, c’est bien petit. Tu es enfin prêt. Demain on attaque un crocodile. »
Mais pour les crocodiles je suis navré de vous décevoir. Je crois bien que c’était une blague pour touristes.